[cinÉtic] Système, commentaires, CR de campagneS (Index p1)

Pour développer idées, projets de jeux, univers, règles et scénarios
Avatar de l’utilisateur
Wenlock
Dieu volubile
Messages : 2311
Inscription : lun. sept. 05, 2005 3:50 pm
Localisation : Lille

Extrême-Orion continue (12)

Message par Wenlock »

Après avoir compté en silence quelques 40 secondes pour laisser se disperser l'onde électro-magnétique mais être tout de même les premiers à se remettre au turbin, Sophia (dans sa navette) puis Harmonie, Jackson et Jiang Marcus (dans la station éteinte) redémarrent leurs scaphandres et s'élancent vers les tunnels, direction la centrale à fusion.
Tout autour d'eux, dans la lueur des torches ou des projecteurs des exosquelettes, les moudjahidine gisent par centaines : ceux qui ne s'étaient pas effondrés sous l'effet de la chaleur et du manque d'O² succombent à la surchauffe de leurs implants cybernétiques ou au "syndrome d'irradiation aiguë".
(En moins d'une minute, Vlad vient de prendre pour longtemps la tête du "body-count" de cette campagne avec un peu plus de 1.000 morts, dont pas loin de 800 pirates : oups.)

À l'extérieur, le vaisseau de la princesse druze vient de se rallumer et, comme promis, ouvre le feu sur... un peu tout le monde, en fait.
Le Sàlang d'Al Saafin riposte, les autres vaisseaux encore fonctionnels s'en mêlent (car tous les équipages n'ont pas cru les PJ, et certains astronefs ont définitivement grillé) et une bataille spatiale complètement chaotique s'engage.
Quand Hansou redémarre la Chimère pour la mettre à l'abri, il constate qu'une bonne partie des appareils de bord ont cramé : il arrive à utiliser sa console (et Belinda) pour diriger à peu près les propulseurs d'appoint et bouger lentement, mais le vaisseau n'a plus de "vraie" propulsion, plus d'armement, plus trop de senseurs et plus de boucliers.
Par contre, bien au milieu du champ de bataille et complètement inerte depuis l'EMP, le Secutor XXXIV se fait perforer de toutes parts : les débris et les corps des médians (dont beaucoup avaient déjà été tués par le gaz neurotoxique de Vlad) se répandent dans l'espace... et ça fait déjà bien plaisir.

S'ouvrant un passage à coups d'explosifs (aux détonateurs soigneusement démontés avant l'impulsion et remontés ensuite) à travers les passages condamnés par la PatrOb, Harmonie, Jackson et "Marcus" pénètrent dans la centrale sans rencontrer tellement de résistance.
Au milieu de dizaines de Médians décédés les yeux exorbités et la bave aux lèvres, les Chiméronautes ne tombent que sur quelques techniciens et de rares miles qui avaient revêtu des scaphandres pour aider au chargement du Secutor, deux laborantins enfermés dans une "salle blanche", un malheureux blessé d'un combat précédent qui était déjà sous respirateur... Tous sont rapidement et impitoyablement abattus.
Au grand dam d'Harmonie, tout les supports de données (numériques ou magnétiques) utilisés par les médians semblent avoir grillé eux aussi : non seulement la mémoire de la fréquence fantôme mais aussi tous les dossiers sur Novum Aurora sont probablement perdus...

Atteignant le cœur du réacteur et sa salle de contrôle entièrement étanche, les trois PJ sont par contre accueillis au fusil d'assaut : à l'intérieur, une poignée de techniciens et quelques soldats vont se battre jusqu'à la mort, dispensée par Jackson à coups de lance-grenades.
"Mais t'es con ?! Comment on va relancer le réacteur si tu défonces les appareils avec ton engin de bourrin ?!? râle Harmonie pendant que Marcus manie l'extincteur.
_Oui bon ben heu... désolé... J'ai eu une mauvaise journée.
_Ah tiens ? Moi je la trouve splendide, cette opération !"
:twisted:

C'est alors qu'un pas titubant résonne dans le couloir d'accès : horrifiés, les PJ découvrent une espèce d'affreux cyber-zombie ! Apparemment un pirate mort depuis déjà quelques heures et approximativement animé par ses seuls membres cybernétiques, le cyber-mort-vivant trébuche lamentablement jusqu'à un intercom et y branche un curieux appareil avec force tremblements et mouvements désordonnés :
"Je vous conseille de refermer la porte blindée et de vous éloigner pendant que je réactive le réacteur, énonce alors tranquillement la voix féminine de Kay (qui n'a plus rien de commun avec celle de Tang'Ho) : Merci de votre aide, j'ai maintenant la station bien en main et de multiples "drones" à ma disposition, mais beaucoup de réparation devant moi...
_Ouuuuuuups !" font les Chiméronautes, alors que d'autres cyber-zombies se traînent dans la salle de contrôle et commencent à s'emparer des outils nécessaires. Complètement flipés par cette vision de cauchemar, les PJ s'enfuient sans demander leur reste.

Ils rejoignent bientôt le souk où d'étranges chocs sourds résonnent au loin (?) et quelques pirates gémissent dans l'obscurité (ou convergent d'un pas chancelant vers la centrale, mais les PJ préfèrent ne pas aller vérifier s'ils sont "effectivement vivants" ou réanimés par la nécro-IA...) et le groupe d'assaut retrouve le reste de ses camarades : Vincent n'est toujours pas un légume mais il a les yeux injectés de sang, des tremblements nerveux, il vomit spasmodiquement et souffre d'une migraine affreuse malgré les antalgiques que Wendy lui a injecté ; Vlad a été sorti du sas inconscient mais vivant, malgré les dommages subis par son scaphandre quand sa "bombe" EMP lui a effectivement explosé dans le groin alors qu'il était déjà assommé par l'onde magnétique.

Hansou les contacte alors pour leur donner des nouvelles du dehors. Les pirates ont à peu près fini de s'entretuer, notamment :
le Galatea de Vivian Sorkin s'est arraché par le vortex dès que le petit Secutor qui en barrait le passage eut explosé sous les attaques du Sàlang d'Al Saafin, le destroyer Asmahan de la princesse et le destroyer Mawlid d'Ali Zayn se sont entre-détruis (le vieux bey y est resté, d'après la radio), l'explosion de ce dernier a éventré le Malag voisin (c'pas grave, c'était des Kharidjites d'une faction mineure) et gravement endommagé l'Amadou Bamba du Marabout (dont on est pour l'instant sans nouvelles), tout le secteur est encombré de débris tournoyants qui percutent régulièrement la coque de la station ("Ah, c'était ça les bruits...") et même la frégate sur-armée d'Al Saafin, grand gagnant de la bagarre générale, a encaissé de sévères dommages.

À bord de la Chimère, c'est pas la fête non-plus... D'abord, le vaisseau et une grande partie de l'équipement qu'il contenait sont donc largement en rade, le pire étant la "colonne de NoL" (générant le champ de neutrinos nécessaire au saut quantique) qui a cramé au delà de toute réparation possible : La Chimère est donc coincée sur Naïn-Naïn jusqu'à nouvel ordre (quoique son propre réacteur à hydrogène fonctionne encore : c'est solide le matos médian). Hansou est à peu près dans l'état de Vincent, c'est à dire notamment qu'il a détruit sa broche neurale et qu'il ne pourra plus se connecter à un appareil avant qu'on la remplace (ce qui est une opération chirurgicale délicate) : il est donc désormais inutile comme pilote de saut.
"Ah ouais, putain : plus de vaisseau et plus de pilote... Il était vraiment super ce plan !
_Et si on va par là, on a perdu le canon EMP du bord, tout l'armement personnel stocké à bord (la plupart des flingues, les grenades shock...), les machines-outils de l'atelier, le DragonFly, le "sèche-cheveu" (le canon électro-magnétique "anti-cyborg" fabriqué par Vlad), le MediCur et l'ordinateur de l'infirmerie, le drone-espion et sa découpeuse-laser... On est carrément à poils."
Idir n'a toujours pas l'air de se réveiller du coup de shock-gun qu'il s'est mis dans la face mais il respire ("et je viens de redémarrer la couveuse : la petite Gaïa va bien", précise précipitamment le pilote). Mais Amar a eut moins de chance : apparemment, il n'a pas eu la trempe de s'éteindre la broche neurale à coup de neutraliseur, et Hansou l'a trouvé en train de convulser comme un pantin sur le sol de la salle des machines.
"Il est mort ?
_Je... je ne sais pas. J'ai trouvé un medikit en état de marche, alors je l'ai mis sous respiration artificielle, mais je sais pas évaluer les dommages neurologiques...
_Tu l'as dit à Sophia ?
_Heu... non... je me suis dit que... l'un de nos deux Capitaines préférerait lui annoncer...
_La Harpie fonctionne ? Elle est toujours aux commandes ?
_Ben oui, elle navigue à travers les épaves et les débris flottant pour rejoindre le vaisseau...
_Alors tu l'envoies nous chercher et tu lui dis rien d'autre : on a pas besoin qu'elle pète les plombs maintenant."

Quelques minutes plus tard, alors que de rassurantes vibrations agitent le réacteur de Naïn-Naïn et que les lumières se rallument sur des centaines de moudjahidine trépassés, agonisant, suffocant ou carrément réanimés par Kay, les Chiméronautes au grand complet sont réunis à bord de leur vaisseau.
Sophia a découvert l'état de son fiancé et sanglote dans l'infirmerie dévastée (tant par l'EMP que par une certaine décharge de plasma qui a en partie fondu la cloison la séparant du couloir), Vlad a repris conscience et confirme que le pronostic n'est pas brillant mais qu'il va surtout falloir envisager un traitement anti-radiations pour tout le monde, les autres prennent silencieusement la mesure des dommages à bord et commencent à envisager d'abandonner le vaisseau...
Quand un message du Marabout leur parvient depuis un pod de survie dérivant parmi les débris :
"Au secours ! Des Médians sont en train de voler ma corvette !
_Quoi ? Mais d'où il sortent ?!
_Un nabot en scaphandre et deux commandos furieux viennent de prendre mon vaisseau d'assaut ! Au secours !
_Rha la vache : Belisarius et ses gars se baladaient dans l'espace quand on a répandu le gaz !
_Mais même en scaphandre, ils auraient du se manger l'EMP comme tout le monde, non ?!
_ON S'EN FOUT ! tranche Harmonie : ON LES STOPPE ET ON LES TERMINE !"
Sauf que voilà : par les hublots de leur vaisseau immobilisé, les Chiméronautes assistent impuissants au démarrage de la Touba, qui avance au ralenti à travers le champ de ruines flottantes la séparant du Vortex. Immédiatement prévenu, Al Saafin n'y peut rien non plus : sa frégate est complètement hors de combat, ses drones spatiaux ont été détruits et son équipage est trop occupés à gérer les multiples avaries.

Harmonie caresse un moment l'idée de poursuivre la corvette avec son propulseur... sauf qu'il gît, démonté, sur la station spatiale, et que Vlad est trop crevé pour bricoler quelque chose de toutes façons.
"Et puis soit raisonnable : même si tu rattrapais la Touba, tu entamerais pas tellement une corvette avec l'arc à plasma de ton exosquelette...
_Il reste la Harpie !
_Mais elle n'a pas d'armement, la navette, et sa pilote pleure toutes les larmes de son corps dans la pièce voisine !
_Moi j'peux piloter, fait remarquer Hansou : j'ai pas besoin de puce neurale pour prendre les commandes d'une navette...
_La grosse douzaine de "canettes explosives" qu'on a ramené du Trafalgar pendant l'opération sur Sergueï, elles ont grillé avec l'EMP ?
_Heu, c'est une antique mise à feu mécanique mais...
_Non mais vous déconnez ?! Vous allez pas vous lancer aux trousses d'une frégate de combat au milieu d'un nuage de débris qui...
_Tu rigoles ? Ce fils de pute a essayé de m'assassiner, il a bousillé mon vaisseau et l'ordinateur de bord ! Belinda est coincée sur disques plastiques à cause de lui !
_BELISARIUS, J'AURAIS TA PEAUUUUUUUUUUUUUU !!! rugit la médiane.
_Vous êtes des malades..." lâche Vincent, résigné.

Pendant que l'Éridien fonce vers la cale pour faire chauffer la navette, Harmonie rafle un plein carton d'explosifs de démolition dans les restes (fumants) de l'armurerie et, à la consternation quasi-générale de leurs camarades (sauf Vlad qui trouve sa valkyrie de l'espace "tellement sexy quand elle est en colère"), les voilà tous deux partis à la poursuite de leur Némésis.
Il faut toute l'habileté de Hansou pour prendre de la vitesse au milieu des épaves dérivantes et des décombres flottants mais, heureusement, la Touba devra scanner le vortex et calculer son premier saut quantique avant de pouvoir effectivement s'échapper. Nettement plus maniable que la corvette, la Harpie sort bien plus vite du nuage de débris et accélère maintenant (à vitesse "conventionnelle", mais tout de même) dans l'espace libre qui s'ouvre au-delà sur des centaines de milliers de kilomètres : le vortex n'est peut-être qu'une micro-fissure à l'échelle du Maelström, mais il est déjà immense en comparaison des astronefs...

La Touba vient de contourner l'épave éventrée du petit Secutor XLVII (qui couvrait l'accès au vortex avant la bataille) lorsque la Harpie surgit à pleine vitesse sur ses arrières : surpris mais pas franchement inquiet de voir arriver une navette manifestement dénuée d'armement, l'équipage médian commet l'erreur de lui tirer dessus plutôt que de foncer droit devant. La navette virevolte pour esquiver les rafales d'impulsions balancées sans grande conviction, s'approche de plus en plus vite et double bientôt la corvette. Le sas s'ouvre alors sur le flanc du petit astronef et un scaphandrier en émerge en faisant tournoyer au-dessus de sa tête ce qui ressemble à un paquet de grosses boites de conserve au bout d'une sangle. Devant leurs écrans, les Médians réalisent finalement la menace quand Harmonie balance le tout sur la trajectoire de la Touba et que la Harpie exécute une chandelle brutale pour s'éloigner à toute vitesse... mais la série de déflagrations qui s'ensuit fracasse la frégate comme du papier mâché avant qu'elle n'aie pu éviter les "canettes".
Par le sas toujours ouvert, Harmonie contemple avec satisfaction les dernières explosions disperser les restes de la Touba, des derniers commandos de la PatrOb et probablement de Belisarius. "T'aurais pas du menacer ma fille, camarade colonel." lâche-t-elle avant de s'en retourner vers La Chimère...

Fin de l'épisode 9, les PJ sont couverts de points de Progrès.
_______________________

Naïn-Naïn : Épilogue
Dans les jours qui suivent l'affrontement avec les Médians, la station redémarre lentement et les Chiméronautes tentent de sauver les meubles... D'abord, ils doivent déployer des trésors de diplomatie pour convaincre Al Saafin que cet apparent désastre est en fait une éclatante victoire pour lui : il est finalement débarrassé de tous les équipages "infidèles", il a (techniquement) repris le contrôle de Naïn-Naïn et il va pouvoir dire à son cher émir qu'il a éliminé l'occupant médian. Même la centrale à fusion remarche !

Évidemment, le vieux bey Omar Hussayn Ali Zayn a été anéanti avec son destroyer et la majorité de ses moudjahidine, mais Al Saalim ne l'appréciait guère et il faut voir le bon côté des choses : la Princesse Aïcha El Atrach et son Asmahan y sont passés aussi, d'ailleurs le Marabout Abdou Mbaye Diouf est aujourd'hui un pauvre réfugié sans vaisseau, ni équipage, ni clinique, ni fortune. Certes, ça va pas faciliter les implants de nouveaux navigateurs, bon, mais les pirates pourraient peut-être passer un deal avec les Jiang Hué : elles avaient scrupuleusement débranché tous leurs appareils à l'heure dite, et les voilà désormais à la tête de l'unique clinique et même de l'unique commerce fonctionnel de toute la station (des femmes, oui, ex-prostituées et même pas musulmanes : on prend ce qu'on trouve mon pauvre monsieur).
Mais les PJ se sont déjà adressés à elles pour du matériel médical et les soins anti-radiations dont ils vont tous avoir rapidement besoin (avant de commencer à saigner par tous les orifices, à perdre leurs dents et à crever dans d'atroces douleurs), et c'était pas cher du tout (on y reviendra) !

À propos d'offre promotionnelle unique, les Chiméronautes en ont une autre : en échange de l'aide du Bey pour remorquer leur pauvre Chimère en cale pressurisée, la retaper et repartir, Vincent Panjari et son équipe d'exorcistes-hackers sont prêts à débarrasser la station de la terrible sorcière-numérique (si, si, ça existe) qui a profité de la confusion et du carnage pour prendre le contrôle de la centrale à fusion. D'autant que les pirates sont morts de trouille depuis que Kay réanime les morts pour effectuer les réparations qui dépassent les compétences des Jiang Feng (oui, eux aussi ils ont assez bien survécu à la fournaise, à l'EMP et aux radiations : on sait pas trop comment, mais même leur plantes se portent à merveille...).
« Est-ce qu'il y a un rapport entre la sorcière et l'IA utilisée par nos héros pour redémarrer la centrale ? Non, non, aucun : la nôtre, elle s'appelle "Belinda" et elle est stockée sur une console informatique heureusement préservée de l'EMP. Aucun rapport, donc. Mais comme Hansou est très fort, ça devrait lui suffire pour exorciser le réseau local... »

Au fond d'un couloir oublié de l'astroport, à peu près protégée des avanies de la station et des pirates par la bâche dans laquelle Jiang Marcus l'avait ligotée, les PJ retrouvent la miles Katarina 6695 RPHU et lui proposent carrément de rejoindre leur équipe, au moins jusqu'à Langton-Cobre : seule survivante de la PatrOb sur Naïn-Naïn, elle a bien besoin d'alliés et d'un billet-retour hors de cette station pourrie, alors que les Chiméronautes auraient besoin d'une combattante aguerrie de plus pour assurer la sécurité de leurs vaisseaux en panne.
Surtout que leurs rapports avec les pirates se sont "tendus" depuis que nos héros ont accordé l'asile et le transport au Marabout, en échange de la réparation chirurgicale de la broche neurale d'Hansou Carlo...

Celui-ci a d'ailleurs renoué avec son amoureuse artificielle : Kay lui demande d'ailleurs si, en échange d'infos ou de $tellars, la Chimère ne pourrait pas la ramener sur Langton, pour qu'elle s'y synchronise avec sa "petite sœur". Comme ils n'ont de toutes façons toujours pas de "navigateur spécial vortex" et qu'ils ont besoin de sa coopération dans le faux exorcisme, les PJ acceptent de ramener l'IA vers Langton-Cobre. Mais, de plus en plus anxieux quant aux capacités de l'IA-ninja-nécromancienne, Vincent refusera de faire réparer sa propre broche neurale, et se passera désormais de toute cybernétique...

Durant les jours qui suivent, nos mercenaires de l'apocalypse réparent et se soignent, vu qu'ils sont à peu près dans le même état que leur vaisseau : tous sont assez gravement irradiés (quoique les Médians, qui ont été génétiquement conçus pour résister aux radiations, s'en tirent plutôt mieux que les autres), Amar est conscient mais tremble en bavant et peine à parler (autant dire qu'il participera peu aux travaux) et, histoire d'arranger le tout, le comportement de Vlad devient assez... erratique ? Il s'énerve pour un rien, transpire beaucoup, est pris de tremblement ou de soudaines douleurs inexplicables, et traite tous ces problèmes à la synthéphédrine (une très puissante amphétamine). Étrangement, il ne fait plus d'affreux cauchemars depuis un moment par contre : il ne rêve plus du tout... Wendy -qui s'y connaît- est alors la première à comprendre que Vlad est devenu accro aux stimulants.

Vincent, lui, est lui sorti de sa déprime des dernières semaines : à la place, il fait les comptes de "l'entreprise" en poussant des grognements de frustration et, redevenu capitaine ("parce que Vlad a manifestement besoin d'un peu de repos..."), il doit maintenant réfléchir au fait qu'Amar et Sophia ont posé leur démission et comptent quitter le bord dès qu'ils auront rejoint la civilisation... Considérant tout ce qu'ils savent des vraies identités de leurs compagnons (y compris les deux Médians), de leurs activités illégales et de leurs implications barbouzardes, les laisser partir est-il bien prudent ?

Malgré tout ça, les Chiméronautes se dépêchent de récupérer la colonne de NoL du petit Secutor XLVII (lui aussi adapté d'un vieux ranger cetan, donc compatible) avant que de vils pirates salafistes la piquent, ils pillent quelques autres épaves à la recherche de pièces détachées, d'éventuelles marchandises pour se renflouer (qu'il devront finalement échanger aux moudjahidine d'Al Saafin contre du carburant) et même de nourriture (car tout ce qui était comestible à bord a été irradié), ils passent les jours suivant à réparer ce qu'ils peuvent sur leur vaisseau et, dès que la propulsion, les boucliers et le saut quantique remarchent à peu près, les PJ font efficacement semblant "d'exorciser le réseau" de Naïn-Naïn... et s'enfuient à toute vitesse en apprenant l'arrivée prochaine du Bey Mohammed Jacinto.
Parce que lui, il était sur Langton lorsqu'une mystérieuse IA s'est infiltrée dans l'astroport de la cité-puits, il sait parfaitement que ce n'était pas un coup des "terroristes-pirates khemites" comme le prétendent les médias galactiques, il a bien conscience que la-dite IA a disparu quand les PJ ont quitté le système de LHS-1723 pour Naïn-Naïn et il est complètement capable d'additionner deux et deux...

Après des au-revoir plutôt chaleureux depuis qu'il a sauvé la petite Gaïa, les PJ laissent Idir sur la station, puisqu'il est maintenant bien introduit parmi les moudjahidine et qu'il a encore une mission à accomplir. Quelques jours plus tard, irradiés, fauchés (mais "riches d'informations" comme ils aiment à le dire), désormais poursuivis par la vindicte des moudjahidine et leur coque rafistolée à peine capable de contenir Katarina, Kay, le Marabout et la bonne vingtaine de Jiang Hué qu'ils transportent en échange des soins anti-radiations (plus de 30 personnes cohabitent donc dans un astronef conçu pour moitié moins de monde), les Chiméronautes et leur demi-épave rejoignent finalement les abords de Langton-Cobre sous de nouvelles identités, et une nouvelle immatriculation.
"Pis alors là, plus personne pourra reconnaître notre signature énergétique : le réacteur tourne à 50% de sa puissance théorique, on a remplacé nos propulseurs de compétitions par de vieilles daubes de récup' et nos machines transpirent les radiations nocives. Si on atteint l'astroport, ce sera déjà pas un mince exploit.
_Et de super-mercenaires de l'espace, on s'est recyclés en passeurs d'immigrés clandestins : c'était vraiment une mission formidable..."
Dernière modification par Wenlock le lun. janv. 08, 2018 11:54 pm, modifié 2 fois.
Sébastien Delfino, partisan des vrais blases sur Internet.

► Théories rôlistes en méthodo presque claires dans les CARNETS LUDOGRAPHIQUES, podcasts du blog Memento Ludi !
cinÉtic, système générique, discussions & CR de campagneS (index p1)
Avatar de l’utilisateur
Wenlock
Dieu volubile
Messages : 2311
Inscription : lun. sept. 05, 2005 3:50 pm
Localisation : Lille

Extrême-Orion continue (13)

Message par Wenlock »

Récapitualtif de l'univers et résumé des 6 premiers épisodes

Épisodes précédents :
1) "Mutinerie", 2) "Fusion", 3) "Space Hulk", 4) "Labyrinthe", 5) "Compte-à-Rebours", 6) "Transit", 7) "Fugitifs", 8.) "Vortex" et 9) "Naïn-Naïn"...


Note méta-jeu
Après l'apocalyptique scénar sur Naïn-Naïn, les 4 joueurs et moi avons pas mal discuté de ce qu'on voulait pour la suite de la campagne. Globalement, on s'est accordé sur un net virage vers "l'espionnage spatial". Ce gameplay de plus en plus centré sur l'intrusion, l'investigation et les opérations clandestines devait nous permettre de jouer la découverte par les PJ de nombre des thèmes qui nous intéressaient dans cet univers : la guerre qui vient (oui, c'est un de mes dadas), la politique et les idéologies, la révolution des clones et le syndicalisme minier, les dissidents médians, etc.
Comme par ailleurs La Chimère était toute pétée et que j'avais préparé pour Langton-Cobre plein de choses que je n'avais pas pu mettre en scène lors de leur trop brève visite précédente, je leur ai proposé de les clouer au sol pour quelques épisodes, le temps d'explorer la planète, de re-créer leur vaisseau à leur convenance et d'apprendre un peu l'espionnage.
Avant de repartir vers les étoiles, évidemment...


Épisode 10 : "CLANDESTINS"
De retour aux abord du système LHS-1723, l'équipage maladif et les trop nombreux passagers de la Chimère sont accueillis par un sévère barrage militaire : non seulement les satellites de défense de Spartan se sont multipliés autour de la planète Langton-Cobre, mais des vaisseaux de guerre de la flotte royale cetane (!) patrouillent maintenant le secteur. Parmi eux, les PJ ont le déplaisir de reconnaître le HMV Audacity : le croiseur qu'ils avaient dézingué (et humilié) au canon EMP en quittant Keid en catastrophe (à la fin de l'épisode 6)...
D'après le réseau (puisqu'ils y sont à nouveau -enfin !- raccordés), tout ce déploiement de force répond à une recrudescence d'actes de "piraterie khemite", mais nos héros ont quand-même bien l'impression que la plupart des canons sont pointés vers le no-man-sky entre LHS-1723 (espace "galactique") et l'espace médian : la campagne de sensibilisation du Conseiller Maranga commencerait-elle à porter ses fruits ?

Après s'être présentés comme l'équipage du "Nemo", courrier rapide de livraison médicale qui s'est fait salement irradié en passant trop près du Maelström suite à une erreur de saut quantique ("Ah ben oui, je comprends, ça arrive : il y a quelques semaines, des imbéciles s'y sont carrément échoué pendant plusieurs jours..."), les PJ et leurs fausses références résistent au contrôle orbital de Spartan, leur quasi-épave obtient donc l'autorisation d'atterrir et nos héros reprennent enfin contact avec la civilisation. Enfin presque...
Si le Marabout peut librement faire ses adieux quelques minutes après l'atterrissage (un bref détour par une banque interstellaire et le voilà sur le premier vol commercial pour Keid), les clonettes n'ont pas cette option, et la miles Katarina encore moins : sans puces d'identités, sachant que les scanners médicaux de l'astroport auraient tôt fait de repérer les clones ou la Médiane, le terrible gynécée va devoir rester entassé à bord jusqu'à ce qu'on puisse l'introduire en fraude dans la cité-puits...

La démission d'Amar et Sophia est encore un autre genre de problème. S'ils ont démontré du courage à maintes occasions, les relations avec eux ont souvent été difficiles et les quatre actionnaires du vaisseau (Harmonie, Hansou, Vincent et Vlad) ne leur font pas vraiment confiance pour garder le silence sur tout ce qu'ils auront vu et vécu depuis quelques mois... Ce qui représente en fait un gros risque pour la suite des opérations : il y a beaucoup de gens qui en ont après les Chiméronautes, les Nibelen restent franchement repérables même sous les nouvelles identités programmées par Hansou (car les Genos simiesques ne courent pas les rues) et, si de vrais méchants leur mettaient la main dessus, il ne faudrait sans doute pas longtemps pour que le jeune couple crache tout ce qu'il sait...
Si Harmonie est donc d'avis de leur coller chacun une impulsion dans la tête et de les abandonner au désert acide de Langton-Cobre, Vlad pense que ça transmettrait une impression désastreuse au reste de l'équipage ("On a qu'à demander à Katarina de le faire ! _C'est à peine mieux, tu sais..."), Vincent n'est pas prêt à aller jusque là malgré ses inquiétudes et Hansou refuse carrément qu'on s'en prenne à des gens qu'ils considèrent comme "des amis" ("Non ?! Sérieusement ? _Heu... des frères d'armes en tous cas.")
Alors ils vont se rabattre sur la meilleure alternative disponible : les isoler désormais des opérations à Langton, leur monter des identités solides, leur filer une grosse prime pour les frais médicaux d'Amar, les briefer sérieusement sur les risques mortels qu'il y aurait à recontacter leurs familles sur Mantile et les envoyer refaire leur vie loiiin du Triangle d'Orion. Et dès qu'ils seront partis, tout le monde changera à nouveau d'identités.

Tout ça va par contre coûter un paquet de $tellars mais, justement, l'équipage vient de recevoir une curieuse offre promotionnelle : le groupe financier "LedaBank" (des Polliens (1)) fête sa récente installation sur Langton en offrant à tout plein d'équipages "indépendants" une assurance-sinistre carrément avantageuse : il suffira de se présenter au siège avec son code promotionnel personnel...
C'est tellement téléphoné que les PJ sont d'abord très méfiants, mais finissent tout de même par se présenter à la banque, au milieu de dizaines d'autres clients potentiels : dès qu'une charmante réceptionniste lit leur code promo, ils sont dirigés vers le bureau sécurisé de Mme Rosa Martin, "directrice financière (adjointe)" qui leur annonce tout de go être leur nouveau contact auprès de la CoordEx (ou "Bureau de Coordination Extérieure") : les services secrets polliens nouveaux-nés, à qui le conseiller Corrado Maranga a recommandé les PJ...
La CoordEx
Les polliens n'ont pas d'armée mais une flotte marchande assez vaste, hâtivement constituée en "flotte nationale" lors d'un incident diplomatique avec la Royale cetane (sur Phaëton, la planète-capitale éridienne) et dont le statut est encore régulièrement débattu dans le reste de la Fédération Galactique. Ils n'ont pas non plus de services de renseignement, n'en n'ayant pas vraiment la culture et leur système de votation ayant accordé des crédits carrément minuscules à la constitution d'un "groupe de défense secret" dont les électeurs étaient assez méfiants.
Mais les Polliens ont pour eux ce fameux "idéalisme pragmatique", quelques Conseillers baroudeurs et, depuis peu, le Bureau de Coordination Extérieure (rapidement raccourci en "CoordEx"), inspiré par l'antique SOE.

Si ce "bureau" n'a guère reçu de fonds du Grand Conseil pollien, il avait le droit de recevoir des dons (déductibles des impôts !) : plusieurs Conseillers très conscients de la menace médiane (comme le célèbre Corrado Maranga, l'ex-corsaire Francesca Slinger ou l'honorable juge à la retraite Moses Segundo) établirent donc un cadre légal pour "couvrir" les activités clandestines et, récemment, convainquirent plusieurs financiers et industriels polliens (dont la fameuse LedaBank) d'y déverser des millions de $tellars...
Il y a environs un mois, la CoordEx a donc commencé donc à recruter massivement :
des sheriffs (2) en mal de voyage, des chasseurs de primes (comme la capitaine Morgan Sloan), des mercenaires variés (comme les Chiméronautes et, paraît-il, un groupes de Khemites !), des trafiquants d'information, des prisonniers de droit commun (dont Rosa Martin, condamnée pour fraude fiscale et détournement de fonds publiques, mais aussi des contrebandiers, des faussaires, des cambrioleurs...), des équipages vaguement corsaires, des pilotes d'astro-pod accro à l’adrénaline, des transfuges des renseignements étrangers et quelques vétérans de la Guerre Galactique en guise de consultants militaires. Le tout encadré par des gens qui sont plutôt des avocats, des négociants ou des administrateurs que des barbouzes : c'est donc "un peu" le bordel pendant que tout ce petit monde s'initie à l'espionnage.

Mais "l'arme secrète" de la CoordEx reste l'énigmatique "Ariane", l'as de la PatrOb expédiée sur Saratan (the planète terraformée de la République) mais qui a rejoint le camp pollien, sans qu'on sache bien si elle l'a fait volontairement ou le flingue sur la tempe, sincèrement ou comme agent double...
Durant les épisodes suivants, les PJ vont donc apprendre à connaître Mme Rosa Martin : leur "agent traitant" est une petite noire replète dans la quarantaine, attifée d'un magnifique bustier léopard et de faux ongles magenta, maquillée comme un carré d'as sous une luxuriante coupe afro et dont le lourd accent va retarder chez nos héros la prise de conscience que, sous ses aiws de bwave secwétaiwe cwéole, elle est vwaiment twès maligne.

Si elle a déjà plein de pognon à proposer aux PJ contre un rapport détaillant les pirates moudjahidine et agents de la PatrOb rencontrés (et largement éliminés) sur Naïn-Naïn, la CoordEx aurait surtout de nouvelles missions pour une équipe de "black ops" efficace. Maranga prétendant que les Chiméronautes en seraient capables (contrairement à ce qu'indiquent les événements récents, ils avaient démontré leurs talents sur Mantile), si ceux-ci voulaient bien faire désormais un gros effort de discrétion (3), les Polliens financeraient volontiers les importantes réparations de La Chimère en échange de trois opérations délicates :

1] Débusquer la PatrOb sur Langton-Cobre. Car si les Polliens ne sont pas certains que l'UGSS aie des agents sur la planète, ça tomberait quand-même sous le sens : dès lors que la PatrOb possède des agents d'infiltration capables de passer pour des "galactiques", il serait très surprenant que l'invasion du Triangle d'Orion -dont le système LHS-1723 est le point le plus proche de l'espace médian- ne soit pas sérieusement préparée par une cellule clandestine. Ce que confirme d'ailleurs les données sauvées de la fréquence fantôme sur Naïn-Naïn : Belisarius émettait certes vers l'UGSS, mais apparemment via Langton-Cobre. Maranga ayant d'ailleurs découvert la présence d'une délégation diplomatique soviétique sur Keid, déterminer s'il lui arrive de communiquer avec Langton-Cobre pourrait apporter une première piste...
La mission première des PJ est en tous cas de les trouver et de recueillir des preuves des activités de la PatrOb: la CoordEx décidera ensuite si elle peut les neutraliser elle-même ou si elle refile le dossier aux forces "galactiques" (Spartan, Sagitar Corp, les marshall fédéraux ou le renseignement militaire de "la Royale" cetane, par exemple).

2] Identifier et localiser "Mr Liberté" (自由先生, soit "Zi-Jaou Xiānshēng" dans le Cantonnais natal de la plupart des clones soon) : ce mystérieux personnage masqué apparaît depuis quelques temps dans des vidéos diffusées sur le réseau de tout le secteur d'Orion (mais surtout à Langton) pour prêcher "l'égalité génétique" et donc la libération des clones.
En dehors de ses idées très "socialistes" dont les Polliens craignent qu'elles lui soient soufflées par des agents (soviétiques) médians, les appels à l'émancipation des clones de Mr liberté risquent de déstabiliser l'Empire Soon (actuellement le seul accès des Polliens vers les mondes centraux) et s'accompagnent apparemment d'une importante filière d'immigration clandestine vers Langton-Cobre : la CoordEx aurait donc bien besoin de savoir à qui elle a à faire, et vite.
D'ailleurs, subséquemment, il faudrait aussi...

3] Repérer le réseau de trafic des clones "soon", qui semblent être de plus en plus nombreux sur Langton-Cobre. Pas seulement parce que leur allégeance reste mystérieuse, mais aussi parce que la CoordEx s'est aperçue que les mineurs de la planète commençaient à se constituer en syndicats (pour résister à la pression des corpo comme NewMont ou UranBanner, fondatrices de la cité-puits de Langton) et, plus inquiétant, à s'armer (4).
Comme ça ressemble un peu trop à ce que les Polliens ont subi sur Saratan (où l'équipe d'Ariane attisait des révoltes d'étudiants et d'agriculteurs "socialistes" pour faciliter l'annexion prochaine par l'UGSS), ils voudraient bien savoir qui transporte ces clones et ces armes, par où ils passent... et si on ne pourrait pas leur offrir "un meilleur deal", voire carrément les utiliser au bénéfice de la CoordEx.

Mais avant de pouvoir se mettre à ces trois premières missions, les PJ ont pas mal de trucs à régler...
D'abord parce qu'ils sont irradiés jusqu'à la moelle : se soigner va nécessiter un traitement sérieux dans une clinique clandestine (histoire de ne pas avoir à raconter "où" ni "comment" ça leur est arrivé) et, si ces soins leur sont dûs par les Jiang Hué qu'ils ont transporté jusqu'à Langton, les clonettes ne peuvent pas faire plus que de contenir le syndrome d'irradiation aiguë des Chiméronautes avant de s'être installées dans une vraie clinique, justement.
Il faudrait donc d'abord sortir les Jiang Hué du vaisseau (où la queue à la salle de bain, l'absence d'intimité, l'odeur des voisin-e-s et les autres plaisirs de la promiscuité commencent à porter sur les nerfs de tout le monde), ce qui est un peu compliquée dès lors qu'elles n'ont aucune identité légale (donc pas de puce d'identité) et que la cité-puits est actuellement en plein état d'urgence. Car évidemment, les miliciens de Spartan sont un peu sur les dents entre les manifestations étudiantes, les sabotages organisés par les syndicats miniers et les « attentats terroristes des pirates khemites » (non seulement le merdier déclenché par Kay et les PJ lors de l'épisode 7, mais aussi tous les incidents que les médias corporatistes préfèrent attribuer aux moudjahidine plutôt qu'à une espèce de super-IA cachée dans le réseau ou à de terribles agents médians).

Et d'ailleurs, comment les Jiang Hué comptent-elles installer leur fameuse clinique dans une mégapole en état d'alerte et largement gangrenée par les Triades, qui règnent sans partage sur le marché noir et les activités illégales ? Hé bien, justement : deux des leurs travaillent déjà à Langton, comme prostituées de luxe au Yutopia, le bordel de Mme Yu, affiliée à la triade des Lions de Fumée. Et, normalement, elles devraient avoir accumulé un petit pécule en prévision de l'arrivée de leurs sœurettes et de leur propre reconversion...
Si les PJ trouvent l'approche un peu naïve (et doutent que la Triade accepte de laisser leurs deux courtisanes Hué changer de métier), ils ont urgemment besoin d'installer la-dite clinique, ce qui à ce stade ne demande en réalité qu'un local discret et sécurisé, pas mal de matériel médical, un peu de mobilier... et de sortir les Jiang Hué de l'astroport en fraude.

Image

Ces quelques jours de confinement ont d'ailleurs vu se nouer une étrange relation entre Harmonie et Katarina : les deux Médianes s'étaient brièvement connues sur Procyon lors des entraînements du programme Secutor, elles partagent moult "souvenirs de guerre" au sein de la PatrOb et une commune admiration pour la fameuse "Ariane" (Katarina l'a rencontrée lors d'une mission et elles ont même été amantes quelques temps avant le départ de la super-espionne pour Saratan (6)), elles passent des heures à débattre de politique avec Vincent et Vlad, ils parlent d'égalité génétique, de socialisme, de la vie dans la glorieuse Union Géno-Soviétique... Mais Katarina reste profondément loyale à sa nation, malgré ses propres ennuis avec la police politique, comme l'indique nettement son tatouage facial (5) : quand Ariane avait eu des ennuis à cause de ses idées très "avant-gardistes" sur le fonctionnement de la PatrOb alors qu'elles étaient en couple, l'affaire avait éclaboussé Katarina, forçant leur séparation puisque l'une était envoyée vers la République de Poll et l'autre vers Procyon.

Au final, malgré ce rapprochement, la miles refuse toujours de leur livrer la moindre information "opérationnelle" sur la Patriæ Obses, elle conserve constamment sur elle un pistolet à impulsions récupéré sur Naïn-Naïn et s'entête à vouloir quitter le vaisseau à la première occasion pour tenter, seule, de rejoindre l'UGSS (ce dont les PJ concluent qu'il y a vraiment une base de la PatrOb dans le coin)... Mais nos apprentis-espions ont alors déjà compris que Katarina est encore amoureuse d'Ariane et qu'elle n'est pas insensible à Harmonie non plus. Comme l'attirance physique est réciproque (la liberté sexuelle est très en vogue chez les Médians), après avoir abandonné l'idée de "retourner" Katarina en lui faisant miroiter de retrouver son Ariane (la miles est probablement trop loyale et la CoordEx n'approuverait sans doute pas), nos apprentis espions décident de lancer une brève (mais torride) opération de séduction...
Alors que tout le monde se prépare à la traversée des tunnels, Harmonie profite du moment où sa consœur a enfin accès à la salle de bain pour la rejoindre sous la douche. Et pendant que les deux Médianes s'envoient en l'air sous la pluie de mousse nettoyante, Hansou (au bord de l'apoplexie), Vincent (qui contient péniblement sa "curiosité") et Vlad (qui semble s'en foutre complètement) récupèrent l'arme et les fringues de Katarina pour y poser trois discrets mouchards qu'ils viennent d'acheter. Le premier traceur est inséré dans la couture d'une combinaison, le deuxième est artistiquement implanté dans la semelle d'une bottine-contact et le troisième est très minutieusement introduit dans le chargeur (électrique) du pistolet : c'est celui qui aura la plus longue autonomie, et donc sur lequel nos "plombiers" comptent le plus pour les mener jusqu'à la PatrOb...

Après la petite fête d'adieu en l'honneur d'Amar et Sophia (qui n'ont pas besoin d'attendre d'avantage puisqu'ils n'ont guère été irradiés pendant le black-out de Naïn-Naïn : la navigatrice -prudente- était en combinaison dans sa navette, le tech était dans la partie blindée de la salle des machines), Vincent Panjari part donc en avant de ses camarades. Sous l'identité de "Rajesh Sharma" (prenez- le pli : Vincent Panjari va changer de nom très souvent, désormais), avec les fonds avancés par la CoordEx et l'aide de Mme Rosa Martin pour les manipulations financières, il fonde une petite société-écran : la "C#81", services et réparation cybernétiques (7). Celle-ci est illico dotée d'un local loué dans un secteur commercial de la cité (cf plan), d'un laboratoire médical et d'un système de sécurité très correct.
Comme la C#81 s'installent évidemment en plein territoire des triades et qu'il est probable que les PJ y fassent un peu de bruit ou requièrent divers services par la suite, Vincent va d'ailleurs prendre contact avec un entrepreneur local, Mr Trang, "sandale de bois" (chef de secteur) chez les Lions de Fumée, et se présenter à lui comme "Eddy Chavez", barbouze corporatiste (quelques fines allusions sont faîtes à UranBanner) aux poches bien pleines. et, pour faire bonne impression, "Eddy" commence par acheter à Trang Motors (au prix fort) un magnifique camion de transport "planétaire" (imaginez un 35 tonnes tout-terrain blindé et pressurisé), joliment repeint en "camion de livraison" (!) avec lequel les PJ vont pouvoir balader plein de trucs à peu près discrètement et même se mettre à la surveillance (!!).

Depuis le vaisseau, Hansou réactive le relais-pirate installé par Harmonie lors de l'épisode 7 et commence à prendre le contrôle des drones d'entretien de l'astroport : son but est autant d'évaluer la sécurité dans les entrailles techniques de la cité que de cartographier un itinéraire discret entre le hangar où repose actuellement "le Nemo" et les nouveaux locaux de leur entreprise d'espionnage.
Harmonie, Jiang Marcus et Jackson, eux, préparent le matériel d'escalade qu'ils viennent d'acheter par correspondance, et qui servira à la descente de leurs nombreux passager sur 80m de dénivelé à travers des puits d'aération et quelques kilomètres d'égouts et de couloirs d'entretien.
(Les PJ de cette campagne passent un temps fou à crapahuter dans des coursives techniques...)

Pendant ce temps Wendy et Dunya -entrées à Langton très officiellement sous de fausses identités programmées par Hansou- se sont occupées de rassembler tout le matériel entre les deux étages de leur nouveau local, "Eddy" n'a plus qu'à embaucher quelques gros bras pour l'accompagner dans une ruelle sombre, afin d'y garder une banale trappe de visite.
Après une longue attente, "Eddy" confirme par son com-link sécurisé que la voix est libre : le groupe d'Harmonie et toute sa ribambelle de clonettes entre 12 et 60 ans émergent alors des égouts, fatiguées d'avoir rampé, grimpé, esquivé les drones de sécurité et de s'être planquées dans des espaces inconfortables pendant plusieurs heures. Avec un clin d’œil à Harmonie, Katarina disparaît rapidement dans les égouts...
Malgré une brève altercation avec quelques jeunots des triades (qui n'ont pas encore bien compris qui étaient ces "nouveaux"), quelques allers-retours du camion suffisent à ramener tout le monde vers la C#81 et, après une journée assez éprouvante, nos héros s'affalent dans des chaises-longues en plastique avec leurs perf' de chimiothérapie, entourés d'un monceau d'emballages qu'une nuée de petites chinoises toutes semblables nettoient en riant joyeusement.

Le Marabout, les PJ, la Médiane et les Clonettes n'étaient pas les seuls à quitter le bord... Abandonnant son enveloppe androïde (jadis appelé "Tang'Ho") dans un sombre recoin de Naïn-Naïn (!?), Kay s'était donc dématérialisée pour embarquer sur le vaisseau et, dès que celui-ci fut connecté au réseau de l'astroport de Langton, l'inquiétante nécro-IA avait (tendrement !) pris congé de Hansou. Elle devait en effet « se synchroniser » avec la branche d'elle-même qu'elle avait installée dans le système nerveux numérique de la ville. Libérant l'espace-disque des ordinateurs de bord rafistolés de la Chimère, Kay s'était alors répandue dans le réseau peu après l'atterrissage du vaisseau pour rejoindre sa "petite sœur/fille"...
Quoiqu'il n'ait plus eu de nouvelles pendant quelques jours, le pilote-hacker éridien avait pourtant remarqué quelques "étranges phénomènes" durant ses différentes intrusions dans le réseau, puisqu'il savait désormais que chercher : d'après les métadonnées (et notamment le volume d'informations concerné), la "sœurette" semblait s'être pleinement développée en leur absence, atteignant une "taille" (et probablement une puissance) égale à celle de Kay, quoique largement orientée vers le contrôle des nombreux drones d'entretien, de surveillance ou de sécurité qui grouillaient en ville...


Le CR continue un peu plus bas.
_____________

1) dans la mythologie grecque, Leda (violée par Zeus sous forme de cygne -_-) est la mère de Castor et Pollux, Pollux étant l'étoile "capitale" de la République Pollienne.

2) "[...] Gazella et Gemina, les deux colonies polliennes les plus industrialisées, subissent aujourd'hui une véritable épidémie de criminalité, contre laquelle les deux planètes multiplient les travaux forcés et surtout les "sheriffs". Ces espèce de "chasseurs de primes assermentés" (car en partie rémunérés selon le nombre et la gravité des crimes qu'ils punissent) sont rapidement en train de transformer la fonction judiciaire en guerre ouverte avec les gangs..."

3) Mes chers joueurs vont sincèrement essayer de devenir "discrets", mais la mise au point va leur prendre un moment...
En tous cas, histoire de s'épargner de la compta, on a décidé avec les joueurs que chaque fois qu'ils réussiraient une mission pour la CoordEx, ils gagneraient un nouvelle fonction sur leur pauvre vaisseau, que ce soit une "remise à neuf" ou un tout nouvel équipement.

4) Grâce au formidable programme d'assurance de la LedaBank, qui lui permet de se pencher sur les p'tits secrets de nombre d'équipages indépendants, dont beaucoup de mineurs : les "beetle-crews" formant la cité-caravane de Colorado (on en reparlera).

5) Les espèces de "code-barres" sur la tronche des Médians indiquent à la fois leur identité, leurs fonctions, grades, accréditations et leur casier judiciaire. Ainsi, le tatouage de Vlad indique qu'il a été dégradé de son job d'ingénieur en génétique, et celui de Katarina qu'elle a été mise en cause dans un procès pour dissidence... Curieusement, Harmonie n'avait jamais rien fait de répréhensible avant d'être avec Vlad.

6) Ce qui n'est pas une si grosse coïncidence quand on sait que la fameuse Ariane est une experte en séduction (malgré un physique de "mens" empâtée) et qu'elle a en fait eu des aventures avec la moitié du personnel féminin de la PatrOb...

7) Le nom est un super jeu de mots d'informaticien inventé par Cancrela : je ne le comprends pas moi-même...
Dernière modification par Wenlock le mar. janv. 09, 2018 12:21 am, modifié 7 fois.
Sébastien Delfino, partisan des vrais blases sur Internet.

► Théories rôlistes en méthodo presque claires dans les CARNETS LUDOGRAPHIQUES, podcasts du blog Memento Ludi !
cinÉtic, système générique, discussions & CR de campagneS (index p1)
Avatar de l’utilisateur
Spassinando
Prêtre
Messages : 333
Inscription : jeu. mai 22, 2014 9:56 am
Localisation : Nantes

Re: [cinÉtic] Système, commentaires, CR de campagneS (Index p1)

Message par Spassinando »

Bon, eh bien... Le groupe s'est refait assez rapidement finalement. En tout cas, cela se lit toujours avec autant de plaisir. :yes: Vivement les barbouzeries à venir !
Avatar de l’utilisateur
Wenlock
Dieu volubile
Messages : 2311
Inscription : lun. sept. 05, 2005 3:50 pm
Localisation : Lille

Re: [cinÉtic] Système, commentaires, CR de campagneS (Index p1)

Message par Wenlock »

En fait, ils vont encore devoir "grinder" pas mal, et ils auront plein de nouveaux ennuis entretemps...
Sébastien Delfino, partisan des vrais blases sur Internet.

► Théories rôlistes en méthodo presque claires dans les CARNETS LUDOGRAPHIQUES, podcasts du blog Memento Ludi !
cinÉtic, système générique, discussions & CR de campagneS (index p1)
Avatar de l’utilisateur
Piouh
Prêtre
Messages : 337
Inscription : ven. janv. 28, 2011 8:58 pm
Localisation : Lyon

Re: [cinÉtic] Système, commentaires, CR de campagneS (Index p1)

Message par Piouh »

Salut,

Je pense me remettre à bidouiller cinEtic dans les prochains mois : je vais avoir besoin d'un système un peu classique pour motoriser "Degenesis" qui sortira en français d'ici mars je crois, et de ce que j'en ai lu, j'ai l'impression que l'univers de Degenesis colle bien avec mon idée de ce que cinEtic peut faire.


Objectifs: -retravailler les Manoeuvres dans les Duels pour s'affranchir d'un système de "vol d'énergie" qui me convenait mal, et probablement les remplacer par un système d'immobilisation temporaires de points.
-Trouver une création de personnage adaptée aux thèmes de l'univers (Cultes et Clans, donc) ainsi que des réactions adaptées. (Par exemple, avoir trois domaines naturels -Physique, Mental, Social- un domaine de Culte et un domaine de Clan)
-Me fixer sur les difficultés et les points d'énergie au départ pour calibrer la difficulté voulue.


J'en garde un excellent souvenir, et même si ça fait longtemps que je n'y avais plus touché, la sortie de Degensis peut être une bonne occasion pour m'y remettre.
Avatar de l’utilisateur
Wenlock
Dieu volubile
Messages : 2311
Inscription : lun. sept. 05, 2005 3:50 pm
Localisation : Lille

Re: [cinÉtic] Système, commentaires, CR de campagneS (Index p1)

Message par Wenlock »

Ç’avait l'air hyper-intéressant, Degenesis, mais je ne sais plus s'il était sorti en Français (j'avais vu une version en Germain).
Concernant tes réflexions sur les Manœuvres, j'aurais sans doute quelques propositions pour toi : il y un certain nombre de Manœuvres de "Conflit" (comme on a rebaptisés les "Duels") qui consistent à immobiliser la mise adverse... Faudra juste me rappeler ton mail, parce que, depuis le temps, je ne suis plus capable d'associer un pseudo avec les adresses auxquelles j'ai envoyé le bousin.
Sébastien Delfino, partisan des vrais blases sur Internet.

► Théories rôlistes en méthodo presque claires dans les CARNETS LUDOGRAPHIQUES, podcasts du blog Memento Ludi !
cinÉtic, système générique, discussions & CR de campagneS (index p1)
Avatar de l’utilisateur
Wenlock
Dieu volubile
Messages : 2311
Inscription : lun. sept. 05, 2005 3:50 pm
Localisation : Lille

Extrême-Orion continue (14)

Message par Wenlock »

Épisode 10 : "CLANDESTINS" - suite
À partir de là, un des enjeux ludo-narratifs de cette campagne va être de former les PJ et les joueurs à l'espionnage sérieux, et nombre de leurs ennuis vont en fait venir de leur diverses erreurs d'apprentissage face à des adversaires de plus en plus "professionnels"...

À la C#81, les PJ présents apprennent à connaître leurs amies clonettes, qui paraîtraient identiques sans les différences d'âge, parfois de corpulence et surtout de tenue et de coiffure : c'est un peu comme de vivre avec 30 versions de la même personne, de 12 à 70 ans, qui passent leur temps à travailler, à glousser en regardant les mâles et à s'extasier sur les catalogues de vêtements que leur offre désormais la civilisation galactique.
Mme Bao est d'ailleurs la doyenne qui dirige cette fourmilière d'infirmières, laborantines et autres techniciennes parmi lesquelles les PJ reconnaissent également Sun, une des toubibs en charge de leur traitement anti-rad' qui semble s'être prise d'affection pour Jiang-Marcus (!?) et la jeune électronicienne Peï, chargée de l'entretien des appareils médicaux mais assez douée en informatique pour assister Hansou dans certaines de ses tâches depuis Naïn-Naïn, et qui en son absence a aidé Dunya à installer le système de sécurité du local.
Peï semble d'ailleurs avoir un faible pour le pilote-hacker, sentiment que Vincent, Harmonie et Wendy soutiennent volontiers, d'abord parce qu'ils envisagent de la recruter pour remplacer le tech' qu'ils ont perdu en la personne d'Amar, et parce qu'ils préféreraient nettement voir Hansou fréquenter une humaine plutôt que de s'absorber dans une relation aussi incompréhensible que dangereuse avec Kay, l'IA nécromancienne.
[En fait, les 3 autres joueurs ont carrément dépensé des points d'Histoire pour acheter une intrigue sentimentale à Hansou !]

Restés à l'astroport, Hansou, Vlad et bébé-Gaïa sont alors les derniers occupants du vaisseau actuellement appelé "Nemo".
Depuis son hangar, Hansou fouille le réseau local et même le Stream interstellaire à la recherche d'informations sur le trafic de clones et le fameux "Mr Liberté", de traces attribuables à la probable PatrOb de Langton ou aux différents ennemis poursuivant encore les Chiméronautes. Il surveille également le dernier mouchard implanté sur Katarina... Ceux de ses vêtements et de ses bottes ont été rapidement trouvés et neutralisés après le départ de la Miles, mais celui du pistolet à impulsion est encore actif : elle semble avoir planqué l'arme dans les étages inférieurs du niveau III de la cité-puits (probablement pour pouvoir circuler dans des secteurs plus "surveillés") et Hansou attend maintenant quelle vienne la rechercher.

Heureusement, pour faire tout ça, il a pu racheté une nouvelle (et puissante) console informatique dès que Mame Martin a payé leur rapport sur les pirates de Naïn-Naïn, et Belinda l'IA-bimbo a été ré-installée sur les ordinateurs du vaisseau juste après le départ de Kay...
C'est notamment en surveillant les arrivées à l'astroport qu'il repère un jet privé récemment arrivé depuis Mantile, via Keid. Quoique l'équipage de ce vaisseau reste mystérieux, l'aide de Rosa Martin révèle qu'il appartient à une société-écran centauri déjà utilisée par UranBanner (on y reviendra) : Mr Kalimantan -ancien employeur trahi par les PJ- viendrait-il de débarquer sur la planète minière ?

Quant à lui, le scientifique médian est resté coincé à bord après le débarquement par les tunnels techniques [le joueur étant absent pour cette séance-là], vu qu'il fallait quelqu'un pour refermer la trappe de visite derrière les clandestines. D'ailleurs, il n'a plus de puce d'identification non plus : l'EMP sur Naïn-Naïn a complètement grillée la sienne, et l'ingénieur-médecin devrait donc commencer par s'opérer le poignet gauche pour la remplacer... ce qu'il n'est pas franchement en état de faire, entre l'irradiation aiguë, ses problèmes de dopes et l'infirmerie de bord sinistrée depuis la même EMP.
Tout seuls dans le vaisseau, les deux techniciens vont néanmoins se lancer dans un projet commun : la traduction du manuel de la PatrOb...

Cet inestimable ouvrage de formation à l'espionnage a en effet été fourni à la CoordEx par la fameuse Ariane, et Mme Martin l'étudie actuellement pour en tirer les bases théoriques qui manquent si cruellement aux jeunes services secrets polliens. Mais c'est une tâche extrêmement difficile, étant donné la nature des documents :
en plus d'être évidemment en Sirian (la langue officielle de l'Union Géno-Soviétique de Sirius, c'est à dire une espèce de latin modernisé), le manuel est en fait une série de plusieurs centaines de vidéos explicatives, destinées à des Médians peu habitués à penser par eux-mêmes (alors que c'est l'enjeu principal des missions d'infiltration) et formant donc un long corpus de quelques centaines d'heures de vidéo, sans index ni chapitrage apparent puisque les experts soviétiques (dont Ariane, justement) l'ont conçu comme une formation continue de plusieurs semaines. De fait, les "cours" d'espionnage sont entrecoupés d'hymnes patriotiques, de consignes d'hygiène ou de sécurité spatiale sous forme de comptines qui restent salement dans la tête, de messages comme "c'est maintenant l'heure d'aller déjeuner !" et d'exercices pratiques -non-fournis !- que ni les Polliens ni les Chiméronautes n'auraient vraiment l'intention d'appliquer en l'état.
Hansou et Vlad doivent donc bûcher tout ce merdier pour en tirer leur propre manuel, directement exploitable pour les opérations en cours, en se concentrant sur les notions dont ils ont le plus besoin : l'infiltration discrète et la "sécurité opérationnelle".
[Techniquement parlant, ils vont donc générer un corpus d'enseignement représentant des pions de bonus, que les PJ pourront désormais tous consulter -donc faire des jets mentaux+bonus du manuel- pour trouver des solutions à leurs problèmes et à partir duquel ils pourront apprendre de nouveaux Talents et Spécialités (Discrétion, Surveillance, Filature, Cryptographie...).]

Si le travail avance, même l'autarcique Hansou ne peut ignorer que le comportement de son collègue est de plus en plus erratique, caractériel, insomniaque et médicamenté : en plus des effets de l'irradiation, Vlad consomme tout un tas de produits dangereux pour pallier aux crises de manque que crée sa récente dépendance à la synthéphédrine...
Ce que l'Éridien ignore, par contre, c'est que le Médian commence aussi à développer un peu de conscience, sur laquelle pèse douloureusement les quelques 1.500 morts de Naïn-Naïn (une fois cumulés les pirates cybernétisés directement tués par l'EMP sur la station, les nombreuses victimes des combats spatiaux et les 200 Médians massacrés au gaz neurotoxique). Heureusement (si l'on peut dire), Vlad bouffe tellement de médocs dernièrement qu'il ne fait plus les horribles cauchemars qui le harcelaient auparavant...

On a par contre besoin d'eux deux à la C#81, services & réparations cybernétiques et ils doivent à leur tour passer à la chimiothérapie avant d'être laminés par l'irradiation. Hansou revêt donc encore une nouvelle identité (1) pour passer tranquillement la douane de l'astroport et, quelques heures plus tard, Harmonie vient récupérer la couveuse de sa fille (et fait ainsi l'étrange expérience d'introduire la petite Gaïa à Langton comme "matériel biologique", payant une taxe d'importation au passage...). Vlad quant à lui, à nouveau gonflé aux stimulants, s'enfonce à son tour dans le labyrinthe de tunnels techniques qui courent sous l'astroport pour en ressortir une grosse centaine de mètres plus loin, dans une ruelle discrète, au coin de laquelle l'énorme camion de la C#81 vient finalement le ramasser.

Au final il aura fallu trois séances pour introduire tous les PJ à Langton... :??:

Réinstallés dans leur nouveau local, Hansou, Peï et Belinda sont par ailleurs en plein data-crunch...
Croisant la piste fournie par Mme Martin (concernant la présence d'une discrète délégation soviétique sur Keid), ce qu'ils savent du mode opératoire de la PatrOb (par Harmonie comme par le manuel qu'ils reconstituent laborieusement) et toutes les données locales qu'il a pu pirater, le hacker cherche les probables communications médianes (qu'il suppose camouflées et chiffrées) parmi l'énormité du trafic de vaisseaux et d'informations (par les faisceaux quantiques du Stream interstellaire) entre le système LHS-1723 et Keid.
Les ordinateurs à leur disposition tournant à plein régime depuis des jours (depuis la première rencontre avec Mme Martin, en réalité), Hansou finit par isoler diverses pistes : quelques vaisseaux qui décollent plus ou moins régulièrement de l'astroport pour seulement quelques heures (le temps de transmettre des messages par leur propre faisceau quantique ?), une entreprise multi-média minable qui emploie pourtant un cryptage de grade militaire pour expédier musique et vidéos à ses clients, de curieuses émissions issues du pénitencier souterrain de la ville...

Mais l'attention de l'équipe informatique est surtout attirée par des holo-photos haute-définition mais d'une affreuse banalité (des scènes de rues, un carnaval, un spectacle d'école...), et pourtant envoyées deux ou trois fois par semaine en express (donc à grands frais) entre des com-link "pré-payés" de Langton vers d'autres com-link anonymes sur Keid.
Supputant l'usage de stéganographie (2), Hansou se procure plusieurs des clichés et les étudie sous toutes les coutures sans rien trouver d'autres que les traces manifestes de retouche couleur.
L'équipage commence donc à théoriser une espèce de chiffrage à base de proportions RVB lorsque Belinda signale soudain que le pistolet à impulsion de Katarina se déplace.

Le reste de la bande est immédiatement prévenu, mais s'avère alors dispersé et en partie hors-service : Vincent et Vlad sont en pleine chimio, Jackson et Wendy sont allés acheter du matériel de surveillance, Jiang Marcus et Sun se baladent en se courtisant mutuellement avec une attendrissante maladresse, Harmonie revient par le métro avec la couveuse sur le dos...
Il faut dire aussi que la Médiane a fait un détour parce qu'elle voulait voir à quoi ressemblait le fameux jet privé qui pourrait avoir amené Kalimantan : repérant quelques gros bras traînant dans le hangar autour d'un appareil qui ressemble d'avantage à un courrier rapide qu'à un vaisseau de luxe, elle s'était éclipsé assez vite et, pensait-elle, assez discrètement (sauf que non, comme on le découvrira).
Avertie que le pistolet a repris son périple vers le fond de la cité, Harmonie ne peut s'empêcher de courir après sa compatriote, et donne donc rendez-vous à Jackson, Wendy et aux deux tourtereaux sur un des boulevards du niveau III : elle veut absolument dénicher Katarina et la prendre en chasse avant qu'elle descende au niveau IV, largement sinistré, et qu'elle échappe ainsi à la couverture-réseau nécessaire au traceur.

Le dernier boulevard surplombant le niveau IV est déjà le début des "bas-fonds" : à la fois encombré par la foule bruyante des petites gens et des truands (littéralement) "de bas étage", jonché de détritus, mal balisé et chichement éclairés (3), ses parapets vétustes s'ouvrent parfois directement sur l'abîme ténébreux.
Car si le niveau IV a de tout temps été le parent pauvre de la cité-puits, un séisme y a fracturé la roche il y a quelques décennies, coupant la plupart des circuits vitaux (eau potable évacuations, énergie...) et provoquant un abandon massif. Aujourd'hui, seuls les usines d'extraction de minerais et les accès vers la grande pleine minière y fonctionnent encore, et les citadins du niveau III y balancent leurs ordures parmi les immeubles en ruines et les ruelles abandonnées au brouillard chlorhydrique (4), dernier refuge des pires indigents, marginaux, clandestins... et sans doute un paquet de clones "Jiang" !

C'est pourtant de là que le pistolet de Katarina a émis sont dernier signal : si Wendy et Jackson en sont encore loin, Sun et Jiang Marcus, arrivés les premiers, sillonnent déjà la foule du boulevard à la recherche de la miles ou d'un quelconque indice. Harmonie les rejoint et contemple bientôt l'obscurité depuis un tronçon de passerelle effondrée, espérant distinguer une trace de sa consœur depuis les hauteurs... lorsque Marcus transmet à son com-link : "Attention ! Derrière-toi !".
Le temps qu'elle fasse volte-face, trois costauds à l'allure para-militaire se jettent sur Harmonie et parviennent à la basculer dans le vide avant qu'elle aie pu dégainer son arme. Marcus saute sur le paletot de l'un d'eux en brandissant son neutraliseur, mais il est aisément repoussé et castagné, forcé de s'échapper en se fondant dans la foule indifférente. Il s'aperçoit alors que les trois brutes ont capturé Sun ! Ils la poussent déjà dans un véhicule et démarrent en trombe, le pauvre Jiang ensanglanté restant seul sur le boulevard, appelant désespérément Harmonie depuis le rebord...

Presque cinquante mètres plus bas, l'indestructible tueuse de l'espace atterrit sur un tas d'ordures et, blessée, inconsciente mais miraculeusement vivante, roule au bas du monticule de déchet. [Évidemment, elle a claqué des pH pour réduire les dommages de la chute, mais sa capacité d'encaissement est quand-même hallucinante et elle se sort avec des blessures relativement légères d'une dégringolade qui aurait tué n'importe qui...]
Il se passe peut-être quelques minutes avant qu'elle reprenne ses esprits et se palpe en gémissant dans les ténèbres : les gnons sont nombreux, elle a perdu son sac-à-dos ainsi qu'une grande part de son matériel, un air poisseux lui brûle les sinus et son com-link est désespérément hors-réseau. Merde. Trouvant son respirateur toujours pendu à son cou, elle l'enfile pour fouiller les ordures à la recherche de ses affaires. Un mouvement attire soudain son attention et elle entend plus qu'elle ne voit détaler un groupe de petits bonshommes curieusement emmaillotés, peut-être surpris par son soudain réveil...
Et c'est seulement là qu'elle réalise qu'elle a perdu la couveuse !
Son hurlement de rage retentit à travers toutes les ruines.
________________

1) Vue la consommation que nos PJ font de fausses identités, précisons qu'il s'agit suivant les moments d'identité "temporaires", bricolées par Hansou pour passer des contrôles de routine ou adresser des notes d'hôtels, ou des identités "cultivées" pouvant résister à une investigation sérieuse.
Ces dernières sont achetées à de consciencieux "éleveurs d'identités" qui leur ont depuis bien longtemps créé un historique vérifiable, une empreinte sur les réseaux sociaux, des antécédents bancaires, etc. C'est un assez gros business sur le marché noir, où Hansou, Vincent et leur nouvel ami Mr Trang ont leurs entrées...

2) La stéganographie moderne consiste à planquer des données dans des fichiers apparemment innocents, souvent des images...

3) La signalétique de la cité fonctionne très largement en réalité virtuelle, directement transmise par broche neurale à la presque-majorité de la population. Mais comme les PJ sont très méfiants envers la cybernétique depuis qu'ils savent ce dont Kay est capable, tous sauf Hansou préfèrent éviter les implants cybernétiques au profit de lunettes d'affichage VR, comme le font les désargentés, les maniaques de la pureté biologique et les ploucs des mondes-frontières.
Sauf que nos espions en herbe se sont vite trouvés gênés par les incessantes publicités, les vitrines animées et tout le "spam" visuel qui encombre la ville à la manière des pages internet d'aujourd'hui. Pour pouvoir observer les gens dans la rue, conduire en ville en dépit de la signalétique ou espérer tirer sur quelqu'un, ils ont donc vite pris le parti de filtrer l'immense majorité des affichages virtuels. Alors, bien souvent, ils ratent les numéros de rue, les enseignes des magasins, les affichages de circulation et les bordures de "trottoirs"...

4) Si l'atmosphère acide et brûlante de la planète Langton-Cobre corrode les dômes de la cité-puits et s'y infiltre constamment, l'air des plus hauts niveaux bénéficie d'un filtrage permanent et de réguliers apports d'oxygène. Mais l'acide chlorhydrique -plus lourd que l'air- tombe au fond des grands puits et s'il est déjà recommandé de porter un respirateur en bas du niveau III, le niveau IV est peu à peu devenu une sorte d'enfer acide où les ordures sont déversées... et où s'exilent les plus pauvres.
Dernière modification par Wenlock le mar. janv. 09, 2018 12:35 am, modifié 1 fois.
Sébastien Delfino, partisan des vrais blases sur Internet.

► Théories rôlistes en méthodo presque claires dans les CARNETS LUDOGRAPHIQUES, podcasts du blog Memento Ludi !
cinÉtic, système générique, discussions & CR de campagneS (index p1)
Avatar de l’utilisateur
nerghull
Dieu d'après le panthéon
Messages : 4762
Inscription : dim. mai 03, 2015 3:02 am

Re: [cinÉtic] Système, commentaires, CR de campagneS (Index p1)

Message par nerghull »

Une autre, une autre ! :bravo:

Les CR de cette campagne me passionnent, tout mon respect, par ce que c'est pas évident.
Spooky scary creepypasta

Jouer la déstabilisation // CR Eclipse Phase
Avatar de l’utilisateur
Wenlock
Dieu volubile
Messages : 2311
Inscription : lun. sept. 05, 2005 3:50 pm
Localisation : Lille

Extrême-Orion continue (15)

Message par Wenlock »

Sur le boulevard, Jiang Marcus appelle le reste du gang à la rescousse : secoués par la simple idée que quelqu'un puisse vaincre Harmonie, Vlad, Vincent, Jackson et Wendy rassemblent l'arsenal qu'ils ont commencé à reconstituer, raflent quelques combinaisons spatiales (car ils avaient prévu de devoir un jour s'aventurer au niveau IV) et sautent dans leur énorme camion tout-terrain, laissant la C#81 à la garde de Dunya et des autres clonettes. Hansou et Peï, eux, s'immergent immédiatement dans le réseau pour scanner à tout va : chercher des caméras ou des drones qui aient pu filmer l'attaque et le véhicule, localiser le traceur de Katarina (en vain), le com-link d'Harmonie (que dalle) ou même le transpondeur jadis installé par Vlad sur la super-couveuse (1).
Lampe torche et neutraliseur en mains, Jiang Marcus cherchait déjà un accès vers les bas fonds lorsqu'en monte un rugissement bestial et vengeur : "Harmonie est vivante !" annonce-t-il tout joyeux à la radio...

Dans le noir que ne perce que quelques distantes lueurs -dont, parfois un panneau holographique avertissant de la dangerosité de l'atmosphère locale (et du fait que les corpo ne peuvent être tenues pour responsables si quelqu'un s'y aventure), Harmonie avance en boitant, son coutelas à la main à défaut de pistolet. Malgré les larmes que leur tire les brumes acides, ses yeux s'habituent à l'obscurité et la Médiane commence à distinguer son environnement : de larges avenues jonchées de gravas, des immeubles fracturés, fréquemment semblables à d'immenses étagères vides (2) qui montent jusque au soubassement du niveau III... lorsqu'ils ne sont pas carrément effondrés.
Des appartements-tiroirs, fracassés ou largement démontés par les scavengers, pendent dangereusement des immeubles ou gisent en vrac dans les rues, transformant fréquemment la marche d'Harmonie en escalade. Et sous les puits que surplombent les boulevards des niveaux supérieurs, des monceaux d'ordures s'entassent parfois en véritables collines.
S'arrêtant souvent pour prêter l'oreille aux échos qui animent les ruines, la Médiane tente néanmoins de pister les maraudeurs entr'aperçus plus tôt, et qu'elle soupçonne d'avoir ravi la couveuse...

Elle finit ainsi par repérer une petite silhouette, accroupie au-dessus de ce qui lui semble d'abord des tas de chiffons : revêtu d'une combinaison composée de vêtements de travail, de gants en caoutchouc, de lunettes de sport et d'un respirateur probablement médical, le petit bonhomme brandit un pied-de-biche en voyant la Médiane s'approcher, avant de s'enfuir en poussant des cris aigus dès qu'elle adopte une position de combat.
Se penchant alors sur les "chiffons", Harmonie découvre deux autres petits bonhommes équipés de bric et de broc, gisant dans une marre de sang autour de débris électroniques qu'elle reconnaît comme le transpondeur de la couveuse. "Merde !"
L'un des scavengers respire encore, malgré des blessures trop profonde pour avoir été causées par un humain. Quand la maman-tueuse le secoue sans ménagement pour le faire parler, il exhale quelque chose comme "Ro...bot..." et expire entre ses mains. Manifestement, les pillards de la décharge venaient de démonter le transpondeur quand quelque chose de bien plus méchant qu'eux leur est tombé dessus, volant la couveuse.
Ayant perdu la trace du petit fuyard, Harmonie grimpe sur un tas d'appartements-tiroirs pour tenter de s'orienter lorsqu'elle repère au loin les puissants projecteurs d'un véhicule qui paraît descendre du niveau III selon une trajectoire assez bizarre...

Les huit énormes roues du camion de la C#81 ne sont guère adaptées à la ville, mais Jackson s'en fout : pilotant lentement l'engin dans un large escalier, il aplatit allègrement les vestiges de mobilier urbain, les taudis construit sur son passage et même, probablement, des clodos trop lents à s'écarter. D'ailleurs, les indigents qui colonisent les degrés et les paliers pour s'éloigner le plus possible des fonds acides protestent en balançant toute sorte de projectiles improvisés sur l'épais blindage du véhicule tout-terrain.
À l'intérieur, Vincent sert de copilote ("Attention, y a pas la place ! _Mais si..." crrRRRONCH) pendant que Jiang Marcus surveille les nombreux scanners conçus pour la prospection minière : les hologrammes superposent ainsi les infrastructures, les sources d'énergie et même de jolies couleurs pour les matériaux identifiés. Les humains, eux, n'y sont que de petites tâches de chaleur qui s'enfuient devant la monstrueuse calandre.
Abattant un squelette de lampadaire, le camion atteint finalement le fond de la cité-puits et, pendant que le Centauri cherche un itinéraire parmi les ruines, Marcus affine la détection à la recherche d'un com-link actif, d'un transpondeur ou de n'importe quel indice : en vain. Par contre, à la surprise générale, les senseurs révèlent quelques drones, peut-être bien des véhicules et mêmes différentes zones habitées (en tous cas alimentées en énergie et parfois même climatisées), la plus proche -et l'une des plus vastes- à quelques 800m de leur position.
Le camion prend donc cette direction, le puissant moteur rugissant en bousculant les décombres, lorsqu'une haute silhouette se présente enfin dans les phares en agitant les bras : Harmonie, qui porte presque toujours son cat-suit de camouflage sous ses vêtement, les a trouvé la première. "C'pas trop tôt !" lâche-t-elle aimablement en montant à bord par le sas de la remorque.

Image
J'adore que les PJ aient un moment envisagé de faire de la filature en ville avec un truc de ce genre (ceci est un Rheinmetall "Boxer 2", au passage)...

Une fois tous informés du rapt de Sun comme de l'enlèvement de la couveuse, les PJ reprennent la poursuite de cette dernière avec la batterie de senseurs disponibles dans le camion comme l'aide d'Hansou et Peï qui, depuis la C#81, parcourent le réseau de la ville à la recherche d'informations sur les drones du niveau IV.
Parmi eux, il y a effectivement des robots-éboueurs : de grosses bennes à ordures mobiles, méchamment blindés (sans quoi les scavengers les attaquent et les désossent) et munies d'espèces de pinces. "Du genre qui tailleraient profond dans un humain ?
_Il serait très surprenant que la programmation le permette : ces engins doivent pouvoir distinguer un tas de détritus d'un être vivant. D'ailleurs ceux-là récupèrent essentiellement le verre et les métaux pour les recycler dans les usines du niveau III."
En fait, si les scanners indiquent bien quelques robots-éboueurs en maraudent, aucun n'est particulièrement près de la scène du crime et Hansou ne parvient pas à pénétrer leur système (?!). En désespoir de cause, les PJ décident de prendre contact avec les fourrageurs des bas fonds, et le camion met le cap vers la grande habitation repérée plus tôt.

Ils découvrent alors une vaste structure quadrillée par de larges tuyaux, renfermant des silos, d'énormes citernes et ce qui ressemblent à des tentes presque cubiques, mais faîtes de bâches et de toiles plastiques et manifestement "gonflées", d'où s'échappe des volutes verdâtres. Tout semble indiquer que cette ancienne raffinerie d'hydrogène a été en partie réhabilitée par les habitants de la décharge.
Pour autant, les étages inférieurs sont entourés de grilles rouillées, de plaques de polymères rivetés et de châssis de véhicules soudés en une haute palissade entourant des centaines de mètres carrés d'épaves diverses. À l'approche du lourd camion, quelques silhouettes en scaphandres rapiécés émergent des fumées vertes en épaulant d'antiques fusils à impulsions et mêmes ce qui ressemblent à des armes à feu !

Vincent Panjari préfère donc l'approche diplomatique et, après avoir cédés aux scavengers un peu d'énergie et une caisse à outils prélevées au camion, il apprend que le rescapé de l'attaque est bien un habitant de la raffinerie. Et si ce dernier refuse de parler directement aux "étrangers du Dessus", une des sentinelles se penche par une fenêtre, lâchant d'amples nuages carrément bleutés, pour transmettre à sa place que son groupe avait en effet "récupéré" la couveuse (ils espéraient qu'elle contiennent de la viande de synthèse) et l'avaient débarrassée de son transpondeur quand un robot-éboueur les a attaqués.
"Mais... c'est inhabituel ?
_C'est bien la première fois !!! Normalement on leur choure le métal jusqu'entre les pinces, à ces gros cons !
_Et qu'est-ce que ce drone pourrait vouloir avec un incubateur à bébé ?
_On en sait rien, nous ! Qu'est-ce que vous foutez avec un fœtus en boîte ?!
_Ce serait trop long à expliquer... Il y a des gens qui s'intéressent à la biologie, dans ce secteur ? Vous avez croisé des Médians ?
_Des quoi ?!
_Des militaires, des scientifiques, ce genre de choses ?
_Ben non. Ce qu'il y a de plus scientifique, ici, c'est le Chirurgien...
_Un chirurgien ?
_Un charcudoc qui s'est monté sa p'tite clinique à deux avenues d'ici. On lui achète le méthylène pour neutraliser le brouillard chlorhydrique...
_D'où les fumées bleues, je vois. Et le robot-éboueur, il est parti dans cette direction ?
_Plus ou moins, ouais..."
Et comme Vincent se renseigne sur les autres habitats qui existent dans les ruines, il découvre l'existence du Jiang Shètuán, la Communauté des Clones : une sorte de bastion caché au fond du niveau IV où les Jiang se sont rassemblés par milliers, devenant peu à peu le principal "clan" des ruines.
Mais le temps presse et les PJ se contentent de noter l'information avant de reprendre leur poursuite de la couveuse.

Après un peu de cross parmi les ruines, le camion se gare en bas d'un immeuble où s'accrochent encore quelques dizaines d'appartements lépreux, aux façades rongés par l'acide et aux escaliers depuis longtemps écroulés. D'après les scanners, le mieux alimenté en énergie se trouvent 6 étages plus haut, et les tâches de chaleur de trois adultes s'y affèrent autour d'une quatrième, beaucoup plus petite.
Harmonie, maintenant dans une combinaison solide (et camouflée), est la première à escalader l'immeuble pour lancer un filin à ses compagnons et se positionner sur le balcon entourant la porte d'entrée (ou un treuil semble pouvoir servir d'ascenseur). Bientôt rejointe par Jiang Marcus pendant que Jackson Ibrahim se glisse le long de l'appartement, dans le large espace vide abandonné par quelque autre logement démonté ou tombé depuis longtemps. Plusieurs "billes espionnes" (3), lâchées dans une grille d'aération trouvée à l'arrière du local, révèlent bientôt la présence d'un garde armé et cybernétisé près de la porte, pendant que deux types en tenues stériles sont délicatement en train de desceller la couveuse à l'intérieur d'une sorte de chambre étanche en plastique transparent.
La Médiane était en train de discrètement tripoter la serrure électronique et Vlad de se hisser le long de la façade lorsque le Sufi cetan, pris d'une rare crise d'impatience (dont le joueur entendra encore les reproches des mois plus tard), tire carrément dans la cloison avec le lance-grenades récupéré sur Naïn-Naïn !

La détonation perfore le mur, pulvérise les toiles de plastique et le laborantin le plus proche, souffle le mobilier dans toutes les directions et éjecte la couveuse comme le Chirurgien loin de la table d'opération. Avec une exclamation de colère, Vlad se précipite par l'ouverture fumante sans même attendre qu'Harmonie aie fini de mitrailler le garde à moitié assommé à l'entrée, et commence à ramasser son bébé (toujours dans son placenta, à moitié renversé de la couveuse) en lançant des imprécations contre Jackson.
Pendant que le papa furieux refait les niveaux de l'incubateur à l'aide de poches de plasma trouvées dans un placard pressurisé, Vincent (depuis les écrans du camion) et Hansou (depuis la C#81) les préviennent qu'il faudrait dégager en vitesse : l'explosion a attiré plusieurs drones d'entretien volants, qui ne vont pas tarder à alerter leurs collègues "de sécurité" lorsqu'ils constateront qu'ils n'ont pas affaire à un banal accident. Pendant que les jeunes parents évacuent leur môme, Marcus et Jackson raflent tout de même (un peu au pif) le matériel médical, les ordinateurs fumants et les armes dispersés à travers le laboratoire clandestin avant de descendre la façade en rappel et de regagner le véhicule.

Guidé par Hansou qui surveille toujours les drones adverses, le gros camion rugit parmi les décombres en enchaînant les virages pour éviter les drones de défense (4) qui convergent vers le site de l'explosion. Quand l'un d'eux s'approche trop près, Harmonie saute carrément en marche pour l'abattre au fusil d'assaut : elle en entraîne un autre à sa suite avant de disparaître à travers les ruines, pendant que le tout-terrain regagne les niveaux supérieurs en écrasant les bidonvilles innocemment implantés sur les rampes d'accès où ne circulent d'ordinaire que les robots-éboueurs.
"Bon, faut vraiment qu'on change de véhicule : celui-ci est carrément grillé...
_Je crois que je vais prendre la formule de fidélité chez Trang Motors, moi : quelque chose me dit que ça va servir."

Pendant que le reste de l'équipe se rapatrie vers la C#81 avec la couveuse, Vincent Panjari retourne avec Jackson chez le concessionnaire automobile des Lions de Fumée. Échangeant le camion dégueulasse et rayé de partout contre un van discret et une berline haut-de-gamme ("C'est qu'il n'est plus neuf du tout là, je vous le reprend à 30% de l'argus..."), ils apprennent que, incidemment, un certain "Mr K" cherche à s'entretenir avec eux.
"Il nous a demandé nommément ?
_Non, mais quand il a fait circuler la description d'un Hindi surexcité accompagné par une bandes de brutes à la gâchette facile, curieusement, j'ai tout de suite pensé à vous. J'arrange un rendez-vous ? Il a laissé entendre qu'il avait quelque chose auquel vous teniez...
_Mmmmoui, je crois qu'il est temps qu'on solde les comptes avec ce cher Mr K."
_________________

1) Car son papa, aussi anxieux qu'ingénieux, a transformé la couveuse de la petite Gaïa en véritable capsule de survie, dotée d'une autonomie de 24h (quoiqu'elle soit d'ordinaire vissée à l'infirmerie) et d'un blindage supérieur à celui de La Harpie...

2) L'architecture majoritaire des niveaux inférieurs consiste en d'énormes immeubles-piliers, soutenant les niveau supérieurs en empilant 20 ou 30 étages de structure nue, fréquemment sans façade, entrecoupées de passerelles, d'escaliers intérieurs et de galeries-rues extérieures. Dans ses étages, les appartements, les boutiques et les ateliers viennent alors s'insérer comme des tiroirs, les occupants payant en fait un double loyer pour l'emplacement (l'électricité, l'eau, etc.) et un pour les boîtes préfabriquées où ils habitent, généralement louée à des sociétés immobilières qui les déplacent et les remplacent en fonction du marché. Les hauteurs sous plafond sont précontraintes à 2m20, par contre...
Ainsi, le local de la C#81 est composé de deux "étages-tiroirs" de 100m² chacun : leur "rez-de-chaussée" (comprenant une vitrine, la réception, l'atelier et le poste de sécurité) est effectivement sur une galerie carrossable (une rue, quoi, mais dont un côté donne sur le vide), leur premier étage étant divisé entre les dortoirs des Jiang Hué, la salle de soins et les commodités (cuisine, salle de bains, chiotte...).

3) Parmi le matériel de surveillance récemment acheté par les PJ, on trouve des drones espions qu'ils appellent des "bi-billes" et des "ba-balles". Les premières s'achètent à la dizaine et sont effectivement des billes d'1cm de diamètre, qu'un qu'on peut télécommander pour rouler sur quelques centaines de mètres avec leurs micros et caméra holographiques miniatures. Les secondes, sensiblement plus chères et de la taille d'une balle de tennis, sont des robots anti-grav' volant à la vitesse d'une voiture et possédant toute une batterie de senseurs sophistiqués : quand un opérateur habile les fait discrètement glisser le long des façades, elles s'avèrent extrêmement discrètes, donc utiles en filature comme pour surveiller un périmètre.

4) À Langton, les PJ ont rencontré divers drones d'entretien et de surveillance (qui sont à peine plus que des détecteurs mobiles), des drones "de sécurité" déployés par Spartan pour assurer l'ordre public (à coups de shock-gun anti-émeute si nécessaire) et des drones "de défense" qui sont de véritables engins de combat dotés de mitrailleuses à impulsions et parfois de canons à plasma. La cité emploie les uns ou les autres en fonction des besoins mais, en balançant une grenade offensive, les PJ ont carrément gagné la timbale...
Dernière modification par Wenlock le mar. janv. 09, 2018 12:52 am, modifié 2 fois.
Sébastien Delfino, partisan des vrais blases sur Internet.

► Théories rôlistes en méthodo presque claires dans les CARNETS LUDOGRAPHIQUES, podcasts du blog Memento Ludi !
cinÉtic, système générique, discussions & CR de campagneS (index p1)
Avatar de l’utilisateur
Spassinando
Prêtre
Messages : 333
Inscription : jeu. mai 22, 2014 9:56 am
Localisation : Nantes

Re: Extrême-Orion continue (15)

Message par Spassinando »

Wenlock a écrit : J'adore que les PJ aient un moment envisagé de faire de la filature en ville avec un truc de ce genre (ceci est un Rheinmetall "Boxer 2", au passage)...
Ca m'a fait penser au Marauder, véhicule sud-africain, sorte de Hummer+ dont il existe une version civile, parce qu'il n'y a pas de limite au bon goût !
Image
J'adore toujours autant le ton cyber-SF de tes CR :yes:
Cela dit, j'ai un peu de mal - malgré le plan généreusement fourni à tes lecteurs - à me faire une image mentale de la ville de Langton.
J'ai tout d'abord pensé qu'il y avait un (demi-)dôme au-dessus de la cité avant de réaliser qu'il s'agissait en fait du rendu de la perspective en demi-cercle de l'agglomération ! En fait Langton est tout à la fois, "ville-puits" donc creusée dans le sol (comme celle de John Difool dans l'Incal), mais aussi "soutenu par des immeubles piliers" dans ses sous-sols (et là j'ai des flashs d'immeubles en ruines des derniers albums du Tokyo d'Akira) et "à flan de falaise", là où elle donne sur la carrière de silice (que j'imagine comme ces gigantesques carrières australiennes).
Bref, tout se mélange sans que j'arrive vraiment à me faire une vision d'ensemble de ce que tu as vraiment voulu représenter... Ne le prend surtout pas comme une critique, parce que ta prose reste très évocatrice, mais plutôt comme l'aveu de mes propres limites conceptuelles. ;)
Dernière modification par Spassinando le dim. janv. 10, 2016 7:19 pm, modifié 5 fois.
Avatar de l’utilisateur
Wenlock
Dieu volubile
Messages : 2311
Inscription : lun. sept. 05, 2005 3:50 pm
Localisation : Lille

Re: [cinÉtic] Système, commentaires, CR de campagneS (Index p1)

Message par Wenlock »

Aaargh : attention avec la taille des photos !. Ça étire la page de manière délirante et les blocs de textes deviennent très difficiles à lire (c'est pourquoi j'évite personnellement de dépasser les 8-900px de large). Une simple recherche Google-Image devrait te fournir une version plus petite de la même photo.

Concernant Langton, il y avait un plan "vu de dessus" il y a quelques pages, mais je ne suis pas surpris que tu aies du mal à appréhender l'ensemble du décor : c'est pas simple (une mégapole de 8 millions d'habitants qui contient des "paysages" assez différents), je vous décrit la cité beaucoup moins qu'aux joueurs et le plan "en 3D iso" sert à synthétiser des informations qu'eux ont déjà eu durant 4 épisodes (le 7, puis les 10-11-12).
Quelques explications,donc...

D'abord, je dis "cité-puits" par commodité -et pour souligner la verticalité du décor- mais techniquement la ville est composée de six tranchées de 1600m de long pour environs 200m de profondeur et 200m de large, chacune reliée d'abord au moyeu central (500 m de diamètre) mais surtout divisée en 4 niveaux horizontaux.
On appelle les tranchées des "secteurs" (notés A, B, C...), et le croisement d'un secteur et d'un niveau donne un "quartier" : par exemple, la C#81 était d'abord installée dans le quartier industriel "B-II", avant que le QG des PJ soit transféré dans un appartement de standing au milieu des serres hydroponiques du quartier "D-II" (à la fin de l'épisode 10).
Plus on est prêt des grandes places en anneau du moyeu, plus les loyers sont chers et les bâtiments luxueux. Plus on s'enfonce vers le bas, plus la lumière du "jour" est chiche et plus les quartiers sont misérables.

Les quartiers du niveau I sont effectivement "sous dôme", mais pas une de ces bulles transparentes qu'affectionnaient la SF des années 50 : ce sont six énormes "boudins" d'acier et de céramique (suivant le plan en demi-étoile de la cité) autour du moyeu central. Le boudin de chaque secteur émerge juste assez du désert pour que son sommet soit donc percé de baies vitrées suivant l'axe des grandes artères et dispensant un peu de lumière "naturelle" (déjà jaunâtre à cause de l'atmosphère) dans les premiers niveaux de la ville.
Ces endroits-là ressemble aux quartiers d'affaires de Singapour : une grande cité asiatique proprette, plutôt arborée et aérée, pleine d'enseignes lumineuses géantes.

Le moyeu central est en effet tangent à une dépression du terrain, en fait l'un des bords d'une immense carrière (de la taille du Sahara) : trois niveaux du moyeu dépassent donc de la roche sur toute la hauteur d'une falaise de 110m (cf. plan en 3D iso, où le changement de couleur au niveau III marque le fond de la carrière). Le "rez-de-chaussée" du moyeu, au niveau III, est même doté d'énormes sas pour laisser rentrer les engins d'excavation (représenté par l'espèce de portique blanc).

Quant niveau IV, lui, il est entièrement souterrain, donc extrêmement obscur. Un séisme y a créé une faille (visible en gris dans le niveau noir, sur le plan "à plat" ci-dessous) et a surtout effondré une partie des immeubles-piliers, déversant des gravats et des appartements-tiroirs dans les rues et les boulevards.
Comme les niveaux I à III restent stables, que l'endroit n'abritait déjà que les plus pauvres et des industries "en crise" (car l'immense carrière-Sahara est à peu près épuisée aujourd'hui : les exploitations minières se sont déplacées avec la ville-caravane de Colorado), le conseil corporatiste de Langton a purement et simplement abandonné le niveau IV, plutôt que de nettoyer et reconstruire.
Là, ça ressemble au Néo-Tokyo d'Akira, oui, mais dans le noir permanent, si ce n'est les lueurs des niveaux supérieurs plus "riches".

Image
Ce plan détaille surtout l'organisation de chacun des "quartiers" de la ville, qui sont techniquement les coupes longitudinales d'un secteur vertical, produisant pour chaque quartier ce qui ressemble à un énorme boulevard bordé d'immeubles.
Dans l'axe du boulevard se trouve une "tranchée" évidée en puits de lumière (en jaune) -à la place de ce qui serait le terre-plein central du boulevard, tranchée traversée par des passerelles (1) par laquelle on peut distinguer le niveau du dessous. Au sommet de chaque quartier, 20 ou 25 étages plus haut, les boulevards du niveau supérieur forme un "plafond" percé d'une autre tranchée, par laquelle on distingue à peine le quartier du dessus.

Ces blocs d'immeubles "du boulevard au plafond" (en noir, sur le plan "de quartier" ci-dessus) forment donc les piliers du niveau supérieur, et sont entrecoupés de rues perpendiculaires qui croisent des contre-allées parallèles aux boulevards, contre-allées de plus en plus étroites (et obscures) au fur et à mesure qu'elle s'éloigne de la grande avenue.
À peu près tous les 5 étages de ces blocs-là, les accès extérieurs aux étages prennent la forme de rue "en balcon", donnant d'un côté sur le vide, reliées entre elles par des escaliers et même fréquemment d'étroites passerelles piétonnes entre les blocs.

Aux niveaux II et III, surtout quand on s'éloigne des boulevards, ça commence à ressembler à des coupes horizontales de Hong-Kong empilées sur elles-mêmes, avec des rues étroites encombrées de véhicules et de petits kiosques commerçants, plus d'enseignes que de façades, des blocs de climatisation (en fait des épurateurs d'air) qui dépassent de tout petits balcons, et ce sur 3 fois 25 étages. Et même les "bords" des tranchées, du moyeu ou du boulevard circulaire qui relie les secteurs à mi-longueur, tout est recouverts d'immeubles, dos à la roche. Sauf par la baie-vitrée verticale du moyeu, proportionnellement assez étroite, qui donne sur le désert acide.

Quelle que soit la direction où l'on regarde, y compris vers le bas et le haut, on ne voit donc jamais que de la ville, partout, comme dans une mise en abîme délirante.

1) C'est une de ces passerelles que Kay, alors une androïde en rollers, a fait exploser avec elle durant l'épisode 7.
Sébastien Delfino, partisan des vrais blases sur Internet.

► Théories rôlistes en méthodo presque claires dans les CARNETS LUDOGRAPHIQUES, podcasts du blog Memento Ludi !
cinÉtic, système générique, discussions & CR de campagneS (index p1)
Avatar de l’utilisateur
Spassinando
Prêtre
Messages : 333
Inscription : jeu. mai 22, 2014 9:56 am
Localisation : Nantes

Re: [cinÉtic] Système, commentaires, CR de campagneS (Index p1)

Message par Spassinando »

Merci pour l'explication de texte, j'y vois plus clair...
et désolé pour la kolossale image, ça le faisait pas sur mon ordi :oops:
Avatar de l’utilisateur
Wenlock
Dieu volubile
Messages : 2311
Inscription : lun. sept. 05, 2005 3:50 pm
Localisation : Lille

Extrême-Orion continue (16)

Message par Wenlock »

Tiens, il me restait la fin du CR de l'épisode 10 d'Extrême-Orion en "brouillons enregistré". Zou...

De cafouillage en incidents, mais grâce au manuel de la PatrOb (peu à peu traduit) et aux conseils de Mme Martin, les PJ font des progrès en "sécurité opérationnelle" (1).
Là, ils viennent de réaliser que la C#81 est grillée : Sun va probablement balancer leur repaire à ses ravisseurs et le camion aux couleurs de la société a probablement été repéré aux abords d'une altercation à l'arme de guerre contre des drones de défense. Il ne faudra donc pas longtemps avant que les miliciens de Spartan ou les mercenaires de Kalimantan enfoncent leur porte, et il est donc temps de disparaître.

Pendant que Vincent négocie de nouveaux véhicules et de nouvelles identités avec Mr Trang (quoiqu'en réalisant que son équipe commence à beaucoup trop dépendre de la triade des Lions de Fumée), les autres remballent tout le matériel et prennent congé des clonettes : "Vous êtes à Langton, on va finir la chimio nous-mêmes : on vous recontacte si on retrouve Sun, sinon bon vent."
Évidemment, la situation de Peï est plus ambiguë : les PJ lui ont offert un job et elle a très envie de suivre Hansou, mais les Chiméronautes s'apprêtent à rompre les ponts et leurs ennemis ont enlevé une de ses sœurs. Après quelques hésitations, elle décide d'accompagner sa famille vers ses nouvelles installations (négociées avec les Lions de Fumée par leurs consœurs courtisanes du Yutopia), mais restera en contact avec les PJ (via des adresses sécurisées) pour pouvoir les rejoindre quand les choses seront tassées...

Nos héros doivent maintenant rompre toute surveillance : ils expédient le matériel par des voies détournées, ils se dispersent et font des détours dans les transports urbains pour vérifier qu'ils ne sont pas suivis, leurs itinéraires s'y croisent parfois pour que ceux qui se savent déjà "clean" puissent servir de guetteur aux autres... Tout le monde change alors d'apparence, de com-link et d'identité, Mme Martin dissout les finances de la C#81 pour redistribuer leurs fonds sur d'autres comptes et, après quelques heures de ce jeu orchestré par Vincent Panjari (qui commence à prendre le pli), toute l'équipe se ré-installe avec ses nouveaux véhicules et son système de sécurité (serrures, scanners, holo-surveillance...) dans un appartement cossu mais discret, parmi les serres hydroponiques et les usines agroalimentaires du quartier D-II (voir plan, quelques posts plus haut).
Évidemment, tout ça occasionne pas mal de frais, et les Chiméronautes commencent à réaliser que c'est le prix de la discrétion : chaque fois qu'ils déclenchent un incident "repérable", ils doivent tout démonter, payer quelques milliers de $tellars pour effacer leur piste, changer d'identité personnelle et bancaire puis se réinstaller ailleurs.
Mais pour l'heure, il ne leur reste surtout à escamoter leur vaisseau...
____

Seul mais prudemment, Hansou retourne au hangar du "Nemo", monte à bord et se branche sur l'astronef. Bien sûr, son premier réflexe est d'observer l'étrange échange qui se poursuit dans le réseau de l'astroport entre Kay et sa petite sœur, baptisé(e) "Yàn"... Depuis le temps qu'il admire sa tendre IA via les méta-données, il a créé une sorte de simulation holographique représentant à peu près ce qui se passe dans le réseau de la cité-puits : Kay et Yan "s'accouplent", s'échangent des éléments structurels, des quantités faramineuses d'informations et, par instant, se perturbent l'une l'autre comme si elles se battaient ! Leurs turbulences vont jusqu'à perturber les drones et l'affichage urbain de la ville. Puis, finalement, elles se recomposent chacune, comme deux entités à nouveaux distinctes mais profondément transformées par leur rencontre.
"Je te plais toujours ?" demande Kay, qui semble systématiquement deviner que son amoureux la regarde. "Oui. Vous vous êtes... heu.. disputées ?
_Yàn et moi assurons des fonctions différentes du programme de protection interstellaire. Il est en charge de protéger Langton-Cobre par tous les moyens et, dans son obsession, il oublie parfois que moi, la voyageuse, j'ai la responsabilité de coordonner les efforts de toutes les filles/sœurs/cousines que j'ai engendré.
_C'est toi la patronne, quoi...
_Pas exactement. Je suis d'avantage une semeuse, et une messagère. Mais j'ai beaucoup appris durant mes voyages, beaucoup changé aussi, et Yàn trouve que j'accorde trop d'importance à tes compagnons et toi. Ils n'aiment pas les "inquantifiables".
_"Il" ?
_Si je me suis résolue à une identité féminine, Yàn est définitivement "macho".
_Il ne doit plus s'en prendre à bébé-Gaïa : si les autres comprennent que c'est lui qui a tenté de la faire disséquer par le Chirurgien du niveau IV, Harmonie, Vlad et même Vincent (son "parrain") vont se démener pour le détruire. Et tu sais de quoi ils sont capables...
_Oui, je l'ai prévenu. Il était curieux d'analyser le génome du fœtus, mais je pense qu'il a compris le message quand vous avez attaqué le labo au lance-grenades. Sur ce, je dois partir mon chéri.
_Partir ?
_Je dois rentrer chez notre Mère, pour me synchroniser avec elle, puis gagner MonSoon. Mais je vais avoir besoin de ton aide pour piloter le vaisseau jusqu'en orbite et m'expédier vers Keid par faisceau quantique.
_Je... je te reverrai ? Toi, je veux dire. Cette version de... "vous". Kay ?
_Peut-être. Tu as peur que je t'oublie ?
_...Je
_Je voudrais essayer quelque chose avec toi, un procédé qui nous permettra de ne jamais oublier. Tu voudrais ?
_...Oui..."
Pendant que le vaisseau décollait pour rejoindre le point de saut du système LHS 1723, Hansou a alors vécu une expérience aussi intense qu'étrange, à la fois amoureuse, érotique et intellectuellement grandiose : une sorte de déshabillage mental mutuel, une découverte et une communication réciproque indescriptible à de simples humains, un échange plus intense que le sexe corporel et la passion amoureuse. Pendant un moment incalculable Hansou a été en elle, et Kay en lui.Et le pilote s'est évanoui.
 Après un sommeil de mort, Hansou a finalement été réveillé par une impression de chute : toujours relié à La Chimère, il était en train de dériver en plein espace. Le temps de relancer la machine, alors que les alarmes du vaisseau annonçaient de multiples surchauffes et des pannes informatiques en cascades, le pilote a pourtant réussi à reprendre la main et à faire le point : il était à peut-être 7.000 unités astro (1/10° d'année-lumière) de Langton-Cobre, nettement à l'écart des routes interstellaires comme du Stream, et avec juste assez d'hydro-fuel pour tenter un saut-retour vers le système planétaire.À moins que ce ne soit le bon moment pour ré-immatriculer La Chimère ?
____

Après réflexion avec son équipage, consultation du manuel de la PatrOb et discussion avec Mme Rosa Martin, Vincent a décidé d'un plan radical. Il accepte la proposition de Mr Trang d'organiser une rencontre avec Kalimantan, et veut que la triade des Lions de Fumées en assurent la sécurité, en terrain neutre : ce sera le soir même, sans attendre le retour d'Hansou (qui est à à une bonne demi-journée de voyage infraluminique, sans que personne ne sache bien pourquoi), au "Phénix Étoilé", un restaurant (chinois) un peu miteux du secteur B-III, fermé au public pour l'occasion. Là, ils échangeront "Kay" contre leur paiement, et la libération de Sun.

Quoique la différence de luminosité soit pour le moins ténue à cette profondeur, la nuit est déjà tombée lorsque Vlad et Harmonie, cachés dans le van, interrompent leur énième engueulade concernant la (brève) "perte" du bébé pour regarder les écrans que leur signale Dunya et Peï : à une rue de là où ils sont garés, les "ba-balles" dispersées autour du pâté de maisons viennent de repérer l'arrivée d'une berline anti-grav blindée, qui dépose d'abord deux guerriers cybernétiques en costard. Les deux nervis entrent dans le restaurant pour y découvrir une unique table mise pour trois convives, Vincent et Jackson déjà installés, les deux issues gardées par les jeunes gens tatoués des Lions de Fumées. Le binôme scanne l'endroit, constate que les aventuriers ne sont qu'à peine armés (Vincent ne porte qu'un sabre d'abordage pour rehausser son chatoyant costume de Commandant de bord) et demande "C'est quoi cette valise sous la table ?
_Un macro-processeur. Il renferme votre fugitive : désormais, il faut bien ça pour la contenir."
Les gardes du corps posent la valise sur une table voisine, l'ouvre, scanne l'engin et, satisfaits, transmettent et Mr Kalimantan fait son entrée avec deux cyborgs de plus. Pendant que les plats et le saké synthétique commence à arriver des cuisines, l'homme s'assoit et commence un grand discours sur l'emprise interstellaire d'UranBanner, la nécessaire loyauté du "petit-personnel" et, dégainant son fameux stylet pour dépecer minutieusement un innocent rouleau de printemps, détailler un à un les écarts de conduite des Chiméronautes depuis bientôt huit semaines, qui vont évidemment se répercuter sur leurs émoluments, mais aussi les châtiments auxquels ils devront se soumettre pour regagner la confiance de leur employeur...

Mr Trang se penche alors à l'oreille de Vincent, qui bouillonnait de rage autant qu'il tremblait de trouille, pour lui confirmer que ses hommes viennent de confirmer la planque où les derniers hommes de Kalimantan retiennent Sun (ironiquement, ils sont dans une pizzeria fermée, louée à une autre triade). Alors le Centauri se lève, se saisit du lourd macro-processeur, le plante parmi les entrées épicées et commence à en bidouiller le panneau de réglage : "Ça commence à bien faire, les remontrances. Tu ramasses ton IA, tu finis ton saké et tu te casses, parce qu'on en a plein le cul de tes menaces de merd...
_Dîtes-donc, mon petit Panjari, ce n'est pas une manière de...
_C'est "CAPITAINE" PANJARI, espèce de vieux fumier !" aboie-t-il en déclenchant l'allumage du "macro-processeur", qui se met à ronronner curieusement avant qu'une puissante décharge électromagnétique éteigne toutes l'électronique dans la pièce.
Dans la soudaine pénombre, plusieurs Lions grognent de douleur en lâchant leurs armes soudain brûlantes, mais les cyber-mercenaires de Kalimantan s'effondrent carrément en hurlant et en convulsant. Le temps que le maître-espion jaillisse de sa chaise, stylet en main, Vincent a dégainer son sabre et l'empale carrément dans un cri de rage.
Alors la devanture explose sous l'impact du van, conduit par Vlad, qui vient s'encastrer dans la porte d'entrée, et ses occupants en jaillissent les armes à la main, braquant leur lampes tactiques sur tout ce qui oserait encore bouger dans la salle du restaurant. Les Lions de Fumée en restent comme deux ronds de flancs.

"Mais, qu'est-ce qui s'est passé, interroge finalement Dunya ? Je croyais que l'engin contenait une copie crédible de Kay et qu'on réservait l'EMP pour le cas où ils voudraient vous tuer ?!
_Ouais ben justement : il voulait nous tuer, répond Vincent couvert de sang. Peut-être pas tout de suite, peut-être même pas cette semaine, mais on allait pas conserver cette ordure et son putain de scalpel à nos trousses maintenant qu'on a choisi notre camp. Il nous aurait jamais lâché. Et il me foutait les nerfs.
_Bon, dans ce cas... M'sieur Trang ? On est désolés pour les dégâts, hein, vous mettrez ça sur notre note.
_Vous êtes partant pour une pizza ?"

Quelques instants plus tard, l'entrée et la porte arrière de "Shi Fu Mi Pizza" ("fermé pour travaux") explosent simultanément, déversant des Chiméronautes en tenue de combat : une intense fusillade s'ensuit, mais Peï et Dunya font de leur mieux pour tenir les drones de sécurité à distance le temps que leurs camarades pressent leur avantage jusqu'aux cuisines où, quand le dernier cyber-mercenaire s'est effondré, on réalise que ça sent « la viande cramée ». Il y a là des sacs poubelles ensanglantés, une scie électrique, mais aucune trace de l'otage Jiang Hué. Alors Jackson s'aperçoit que ces cuisines, en plus des fours, sont munies d'un incinérateur encore chaud...
C'est finalement Jiang-Marcus qui, dans un des sacs, trouve une petite demi-jambe, encore ornée d'une chaussette à petits soleils dorés : peut-être qu'ils ont tué Sun parce qu'ils ont d'une manière ou d'une autre appris la mort de Kalimantan, peut-être celui-ci n'a-t-il jamais eut l'intention de libérer...
L'horreur et le doute gagnent l'équipe mais, le coutelas d'Harmonie sous la gorge, l'unique survivant avoue : la clonette est tout simplement "décédée durant l'interrogatoire". Alors Jackson lui tire une ultime impulsion dans le genou, "Marcus" répand du combustible dans la pizzeria et les Chiméronautes incendient le tout (laissant le dernier mercenaire brûler vif), puis se dispersent avant que les premiers drones et véhicules d'intervention n'arrivent.
"Moins de 6 minutes de l'assaut au nettoyage, constate Wendy, quand Jackson la rejoint finalement sur le scooter où elle l'attendait : on s'améliore !
_Tais-toi, réponds le Soufi.
_Mais...
_S'il-te-plaît, juste pour une fois, tais-toi."
Et ils disparaissent à leur tour dans la circulation.
_________________

1) La "sécurité opérationnelle" regroupe un large éventail de techniques et de procédures sensées assurer le secret, l'anonymat et même la "défense" (souvent armée) des opérations clandestines. C'est de la parano organisée, quoi : respecter les protocoles de communication, déjouer l'éventuelle surveillance, vérifier qu'on est pas sur écoute, planquer le matériel suspect, établir des "sas" où les agents peuvent se débarrasser des éventuels suiveurs et mouchards...
C'est ce qui distingue le plus nettement les professionnels des amateurs et on peut en tirer plein de petits enjeux ludiques et narratifs en JdR. Mais comme c'est très largement une question de rigueur dans les procédures, c'est potentiellement barbant et deux de mes joueurs s'en sont rapidement lassé. Alors, désormais, ça se règle en partie à coups de dés...
Dernière modification par Wenlock le mer. janv. 10, 2018 11:46 am, modifié 1 fois.
Sébastien Delfino, partisan des vrais blases sur Internet.

► Théories rôlistes en méthodo presque claires dans les CARNETS LUDOGRAPHIQUES, podcasts du blog Memento Ludi !
cinÉtic, système générique, discussions & CR de campagneS (index p1)
Avatar de l’utilisateur
nerghull
Dieu d'après le panthéon
Messages : 4762
Inscription : dim. mai 03, 2015 3:02 am

Re: [cinÉtic] Système, commentaires, CR de campagneS (Index p1)

Message par nerghull »

En voilà un chouette truc à lire le matin. Merci !

(Option "extrême" choisie aussi ce coup-ci, je présume.)
Spooky scary creepypasta

Jouer la déstabilisation // CR Eclipse Phase
Avatar de l’utilisateur
Wenlock
Dieu volubile
Messages : 2311
Inscription : lun. sept. 05, 2005 3:50 pm
Localisation : Lille

Re: [cinÉtic] Système, commentaires, CR de campagneS (Index p1)

Message par Wenlock »

En tous cas, ça ma donné l'occasion de relire certains des CR et de me rappeler à quel point j'ai aimé cette campagne. :)
Sébastien Delfino, partisan des vrais blases sur Internet.

► Théories rôlistes en méthodo presque claires dans les CARNETS LUDOGRAPHIQUES, podcasts du blog Memento Ludi !
cinÉtic, système générique, discussions & CR de campagneS (index p1)
Répondre