J'ai meujeuté ce scénario, en l'étoffant un peu avant de commencer la partie : ajout d'indices, pistes et témoins, réflexion autour des pistes, lieux et développements possibles. Sans vraiment rien noter formellement, uniquement de la spéculation mentale avant de jouer, de la visualisation, des extrapolations...pour imaginer ce qui serait cohérent et dramatiquement efficace.
Pendant cette préparation j'ai un peu modifié quelques aspects, notamment remplacé la pierre noire par une bague, ce qui m'a permis de créer des scènes plus étranges (le singe homicide au zoo, qu'on retrouve anesthésié et...amputé d'un doigt).
Au final, un one-shot court de 2h30 avec un climax intense, sans linéarité ni dirigisme, bien que l'enquête était relativement lisible assez vite.
Ce que j'en retiens :
- désormais je ne ferai plus mes
scénarios qu'en dix minutes pour créer la trame et une poignée de minutes avant la partie, pour étoffer. Que l'essentiel tienne en une page me parait le bon format (pour du one-shot)
- l'idée d'avoir
une situation et trois ou quatre personnages "saillants" rend le jeu plus lisible et donne une boite à outils à animer pour le MJ sans le contraindre à un scénario avec des scènes préétablies. Presque un rééquilibre entre les rôles : le MJ joue les pnjs, et les joueurs jouent les pjs.
- tout reste
ouvert en cours de jeu, il suffit de mettre la pression avec un
timing serré rythmé par une menace grandissante
- on n'a quasiment pas jeté de dé, sauf au climax et plus pour
imaginer ensemble la tournure des événements, en interprétant les dés, que comme un outil de simulation/test. En cela le mécanisme de Cthulhu Dark excelle : but toujours atteint mais avec un degré de réussite variable et à interpréter, possibilité pour les joueurs de dire comment un test peut rater et opposer leur jet de dé et leur version. De ce fait, on a eu un
climax très collaboratif, chacun apportant ses idées pour rendre la scène la plus tendue et dramatique possible.
- enfin, le
mariage du polar/noir et de Cthulhu rend bien parce que :
implication rapide des pjs (tous des détectives privés), montée de la pression du fait que
les pjs sont a priori rationnels et se confrontent à des phénomènes difficiles à expliquer par la seule raison, pnjs avec des passés obscurs ce qui permet de mener des
enquêtes ramifiées avec pas mal d'hypothèses rivales
Je taperai à l'occasion le récit de cette enquête qui restait classique dans le fonds (un objet maudit qui corrompt les porteurs) mais intéressant dans ses développements et en terme de jeu.
EDIT : ce qui a pas mal aidé à accélérer le jeu et raréfier les jets de dés non pertinents est le fait que les personnages devaient choisir un "type" dominant, un talent propre et particulier qui permet d'avoir parfois le dé bonus, des informations privilégiées et de pouvoir revendiquer cet aspect en cours de jeu.
Voici les types proposés :
> psychologue : il pige les émotions et motivations, détecte le mensonge, sait mettre en confiance, tirer les vers du nez
> érudit : il sait plein de choses dans plein de domaines, pointus, généraux, extravagants...ça peut sauver les miches dans des cas critiques
> athlète : il bondit, cogne, esquive, encaisse et endure plus que la moyenne
> sang-froid : il reste de marbre et garde un contrôle absolu dans la plupart des situations où le badaud tourne de l'oeil ou panique
> observateur: rien ne lui échappe, la cicatrice au poignet, le tatouage, le brin d'herbe sur la moquette, l'aboiement d'un chien, la chemise froissée, la chaussure boueuse...
L'un des détectives avait le "sang-froid" et ça lui a permis (mécaniquement) de mieux s'en sortir en fin de partie alors que ça virait un peu au chaos autour de lui, et garder son sang-froid pour éviter de buter tout ce qui bouge et le menace...
