Critiques

[Saymu]

Je vous propose aujourd'hui une critique de Solipcity, un jeu des XII Singes de 2013.



Solipcity est un jeu de la gamme Clé en main, une gamme de jeux-campagne de quelques scénarios, qui tournent tous sur le même système générique. Un système de dK simplifié mais qui reste très figé et n'incite pas forcément au roleplay. De même, certains aspects plus techniques du système ne sont pas forcément utilisés en partie, comme j'ai pu le constater en faisant jouer.

Les grands points forts de Solipcity sont :

- Son pitch de départ : vous vous réveillez en plein matin à Manhattan et IL. N'Y A. PLUS. PERSONNE. Munis d'une petite carte de Manthattan, les joueurs déambulent et c'est au MJ de faire intervenir divers éléments pour faire "avancer" l'histoire.

- Son scénario : l'histoire en général - qui doit être tenue secrète des joueurs, forcément - est géniale. Je trouve le concept très original, ça nous change des classiques du jeu de rôle.

Pour revenir au système, il se base sur 3D6, auxquels on ajoute le modificateur de compétence. Par exemple, un test de Perception nécessitant 18 ou plus se fait avec les 3D6 + vos points de compétences. À cela s'ajoutent des Atouts, qui sont soient des actions spéciales à utiliser ou des effets passifs permanents. Ce qui permet à chaque personnage d'être vraiment utile, les prétirés étant très variés et ayant leurs aptitudes propres.

Les mécanismes supplémentaires dont je parlais sont principalement les Primes et Pénalités. En gros, ce sont des bonus et malus auxquels on peut soi-même faire appel (par exemple utiliser une Prime mais subir les effets d'une Pénalité en contrepartie) ou qui nous sont imposés selon les circonstances. Sur 6 heures de partie, aucun joueur n'y a fait appel de sa propre initiative. Ce qui m'a laissé perplexe quant à leur utilité.

Mais dans la mesure où tout l'intérêt de Solipcity réside dans son histoire, il faut plus jouer sur l'ambiance et inviter les joueurs à s'immerger dans l'univers plutôt qu'à se casser la tête avec des technicalités.

Pour une critique plus détaillée, rendez-vous : http://www.sitegeek.fr/jdr/critique-jeu ... solipcity/

[Loludian]

Pour revenir au système, il se base sur 3D6, auxquels on ajoute le modificateur de compétence. Par exemple, un test de Perception nécessitant 18 ou plus se fait avec les 3D6 + vos points de compétences. À cela s'ajoutent des Atouts, qui sont soient des actions spéciales à utiliser ou des effets passifs permanents. Ce qui permet à chaque personnage d'être vraiment utile, les prétirés étant très variés et ayant leurs aptitudes propres.

En quoi c'est du dK simplifié du coup d'après ton site ? Pour avoir écrit un jeu motorisé en dK, et lu ou joué tous les Clés en Main, je trouve que le système n'est pas du tout le même. Les dés lancés ne sont pas les mêmes, les points d'héroïsme sont très différents des dK, il n'y a pas de caractéristiques... Mais je me trompe peut-être, je ne suis pas un spécialiste des systèmes.

[Saymu]

Pour revenir au système, il se base sur 3D6, auxquels on ajoute le modificateur de compétence. Par exemple, un test de Perception nécessitant 18 ou plus se fait avec les 3D6 + vos points de compétences. À cela s'ajoutent des Atouts, qui sont soient des actions spéciales à utiliser ou des effets passifs permanents. Ce qui permet à chaque personnage d'être vraiment utile, les prétirés étant très variés et ayant leurs aptitudes propres.

En quoi c'est du dK simplifié du coup d'après ton site ? Pour avoir écrit un jeu motorisé en dK, et lu ou joué tous les Clés en Main, je trouve que le système n'est pas du tout le même. Les dés lancés ne sont pas les mêmes, les points d'héroïsme sont très différents des dK, il n'y a pas de caractéristiques... Mais je me trompe peut-être, je ne suis pas un spécialiste des systèmes.

Je ne compare pas vraiment les mécanismes que l'esprit du dK avec ce qu'utilise Clé en main. Alors je prétends pas être un spécialiste non plus mais l'impression que ça m'a donné est la suivante : le dK est un système qui s'est défait de toutes les variables (je caricature) pour avoir des dés et des modificateurs tout prêts qu'on ajoute aux jets. Ici aussi, on a ce strict minimum : jette ton dé, ajoute les points de compétence et c'est terminé.

Quant aux krasses, ce sont les points d'héroïsme qui me les ont évoqué. Cette petite variable supplémentaire qui vient s'ajouter à ce système simplifié. Après, je reconnais que j'ai parlé d'un point de vue purement subjectif, sur la base de mon impression, et non pas d'un point de vue purement technique. En espérant avoir été plus clair :-)

[Loludian]

Ok, c'est plus clair

En fait ça m'a fait tiquer parce que j'aime beaucoup plus le système Clé en Main que le dK, je le trouve plus équilibré et plus agréable à utiliser. Par contre pour le coup, les krâsses sont plus marrantes que les points d'Héroïsme (qui ne passent pas dans la main du MJ).

[Saymu]

J'aime aussi bien le Clé en main, je trouve juste qu'il est dommage qu'il n'invite pas au roleplay (surtout qu'avec un système à 3D6, il aurait été facile d'en allouer un au "degré de réussite/d'échec", par exemple). Après, comme je dis, il fait le job.

[Steve J]

Bimbo


Bimbo pourrait être un très bon jeu sur le cinéma.
Il s’inscrit d'ailleurs dans une longue et fructueuse lignée de JdR qui utilisent la thématique du cinéma comme une occasion d'introduire un aspect méta dans la narration, les joueurs pouvant influer sur la fiction en tant qu'acteurs et non en tant que personnages. On peut notamment citer HK Action Theater et Extreme Vengeance .
Si on reste dans les frontières hexagonales on pense évidemment d'abord à Brain Soda qui, au travers de sa mécaniques de cartes permettait aux joueurs d'introduire des événements liés au tournage -Flashback, placement de produit publicitaire, fins alternatives, "Coupez on la refait". Bimbo réutilise des éléments similaires et introduit une logique compétitive qui évoque un peu celle du Hollywood Party récemment adapté par les XII singes. Le système implique de jouer en se mettant en avant durant les scènes, d'utiliser des compétences permettant d'influer sur le tournage...l'objectif de jeu n'est pas de gagner le scénario mais de rentabiliser le tournage et de gagner de la notoriété. Cela créé une dynamique bien huilée, très particulière et très bien adaptée à la thématique cinématographique.
C'est en plus un système simple mais pas dénué de subtilités, adaptable à des one-shots de durée variable et permettant facilement de préparer un scénario...pardon un script.

Mais Bimbo ne se présente pas tant comme un jeu sur le cinéma que comme un jeu "féministe et grindhouse".
C'est un peu dommage parce que le jeu n'a rien à dire de sérieux le féminisme et encore moins sur le genre grindhouse. Le texte du jeu adopte un ton constamment au second degré qui ne repose que sur une unique blague, délayée sur 150 pages : les joueurs sont des joueuses incarnant des actrices et elles évoluent dans un univers sexiste auquel elle devront faire face (peut-être que cette blague était drôle au début du bouquin, je ne m'en souviens honnêtement plus). L'écriture s'avère donc extrêmement condescendante et agressive...on pourrait croire qu'il ne s'agit que d'un effet de style mais cela impacte la structure même du texte : l'explication des règles est extrêmement lourdingue et nous réexplique les même points de détails plusieurs fois. Notons que les bouquins contiennent des encadrés Making Of où l'auteur nous explique en général (ironiquement ?) à quel point ses idées sont originales et se démarquent du tout venant rôlistique. Bien-sûr on a le droit à un encadré où le jeu nous explique qu'il est écrit au second degré...histoire d'éviter que le lecteur ne soit, au détour d'une phrase, pris pour une personne intelligente capable de faire la part des choses.
Ce décalage ironique est aussi un décalage par rapport au genre Grindhouse qui n'est presque commenté qu'au travers des films du dyptique Grindhouse de Tarantino et Rodriguez (un peu comme si on sortait un JdR sur Star Wars en s'étant contenté de regarder La Folle Histoire de l'espace de Mel Brooks). Le genre en sort systématique moqué et perd de sa charge subversive. Heureusement il suffira de changer le nom des deux caractéristiques principales pour jouer dans n'importe quel cadre cinématographique.

J'aurai adoré voir Bimbo sortir comme un jeu générique sur le cinéma. Ses règles seraient suffisamment simples pour tenir dans un petit bouquin d'une centaine de pages en format A5 et vendu une trentaine d'euros.
Le jeu sort cependant sous un format boite vendu une soixantaine d'euros. La boite est très grande mais très légère : seule la moitié de son volume est occupée (la somme des pages des trois livrets fait un peu plus de 150 pages), elle contient trois d6 (alors que le jeu utilise aussi un d10...il est vrai que les rôlistes ont souvent beaucoup de mal à mettre la main sur des dés à 6 faces chez-eux). On est donc un peu pris pour un con (pardon "pour une conne") en tant que lecteur mais on l'est aussi un peu en tant qu'acheteur. Mais bon...ce n'est après tout que de l'humour.
Note : 2/5

[Macbesse]

Ce qui m'étonne le plus dans cette critique, c'est que l'auteur parvienne à se moquer du grindhouse tout en citant abondamment Tarantino et Rodriguez, qui aiment le genre d'amour - ça me semble un double contre-sens, en fait. On dit même que Tarantino sortait de chez lui les gens qui ricanaient méchamment pendant les séances.

[Steve J]

Disons qu'il y a déjà un paradoxe dans le cinéma hyper-réferentiel d'un Tarantino qui apprécie certains aspects formels des films de série B mais qui adopte un regard pour le moins surplombant (Tarantino passe sont temps à se vanter d'avoir écrits La meilleure scène de dialogue, d'avoir tourné La meilleure scène de ceci ou cela).
C'est finalement assez cohérent avec Bimbo dont les dessins reprennent certes l'imagerie associée au Grindhouse mais qui ne transmet rien via son texte et ses mécaniques. Le Grindhouse n'y apparait pas tant comme une contre-culture que comme une industrie beauf exploitant les actrices (plus généralement le jeu apparait comme une satire qui ne prend tellement rien au sérieux qu'on peine à voir ce qu'elle parodie).

[Capitaine Caverne]

Merci pour cette critique très éclairante (bien plus que les rares retours que j'ai pu lire sur ce jeu).

[Saymu]

Salut Steve J et merci pour cette critique. Mon regard s'est surtout attardé sur Extreme Vengeance. Est-il plus intéressant que Bimbo ? (Au cas où tu l'aurais testé...)

[Udo Femi]

Je partage globalement l'avis de Steve sur ce jeu

Je tiens toutefois à insister sur l'aspect diactique et pédagogique des chapitres dédiés aux techniques du cinéma, qu'elles soient visuelles, scénaristiques ou narratives (et comment les retranscrire en JdR - Bimbo bien sûr mais aussi applicable à un jeu lambda), certainement le meilleur truc que j'ai lu sur le sujet - et qui fait que je n'ai pas revendu ma boîte à ce jour.

Sans doute pas de quoi justifier l'achat de l'ensemble (j'ai souffert du ton et de la rédaction du reste) mais de susciter les mêmes regrets que Steve:

J'aurai adoré voir Bimbo sortir comme un jeu générique sur le cinéma. Ses règles seraient suffisamment simples pour tenir dans un petit bouquin d'une centaine de pages en format A5 et vendu une trentaine d'euros.

[Yusei]

+1 sur le ton qui donne l'impression d'être prise pour une conne, et sur le packaging abusif, mais le jeu en lui même est très cool (assez pour que je ne regrette pas ou que je ne le revende pas).

[hamilcar]

Je vais défendre Bimbo, que j'ai pu tester en convention avec l'auteur. Le jeu est facile à prendre en mains et assez jubilatoire, une fois que l'on a compris le principe. Je suis très loin de suivre la voie narrativiste mais avec ce jeu, je me suis bien amusé.
L'auteur est plein d'humour ( ce qui ne doit pas ressortir à la lecture, si on lit la critique ci dessus ) et il ne cherche pas à entraîner les joueurs sur le terrain du féminisme ou de la critique d'un style cinématographique. Le but est de passer quelques heures de franche rigolade.
Bimbo peut être un outil pour faire découvrir le jeu de rôles à des débutant(e)s. Pas de règles compliquées, pas d'univers touffu à connaître. On sort un gros nanard des familles et en avant.
Je rejoins les critiques précédentes sur le contenu de la boîte, fort maigre à mon goût. En convention, nous avons eu le droit aux affiches des films, aux jetons et à la statuette en or de la meilleure actrice. Pour avoir tout cela chez soi, il faut payer l'édition collector et elle est très ( trop ?) chère.

[Romain d'Huissier]

Comme je le dis dans le Confessionnal, j'ai bcp aimé Bimbo.

[Steve J]

Salut Steve J et merci pour cette critique. Mon regard s'est surtout attardé sur Extreme Vengeance. Est-il plus intéressant que Bimbo ? (Au cas où tu l'aurais testé...)

Je l'ai testé il y a vraiment longtemps et du coup je l'ai rapidement refeuilleté.

C'est assez impressionnant de lire ça et de se dire que cela a été écrit en 1997 (peut-être a-t-il été en partie inspiré par HK Action Theater publié l'année précédente), il y a déjà toutes les grosses idées liées au genre du JdR qui utilise la thématique du cinéma comme prétexte à une narration méta (désolé je n'ai pas de mot valise sous la main) :
*PJ qui est avant tout un acteur
*Pouvoirs narratifs qui sont en fait des possibilités d'influer sur le tournage, le script ou la mise en scène (flashback, possibilité de refaire les dialogues d'une scène, placement publicitaire, Zoom)
*Idée que ce qui compte dans la résolution de l'action n'est pas sa plausibilité physique mais son caractère over the top
*Bonus liés aux placement de répliques cultes
*Importance de la notion de Popularité

Je trouve aussi le jeu très appréciable dans sa démarche éditoriale. Les mécaniques de jeux sont simples et l'auteur n'a donc pas de complexe à rédiger un bouquin de moins d'une centaine de pages (avec pourtant un scénario et de très bons conseils de jeu).
Cerise sur le gâteau le bouquin est très drôle et bien rédigé. Je me souviens avec plaisir de ma lecture du jeu à une époque où je lisais mal l'anglais.

On reste cependant sur un jeu simple dans ses mécaniques et peut-être moins ambitieux que Bimbo qui ajoute une dimension compétitive intéressante. On est dans le "jeu apéro" dans toute sa splendeur.