[CR] Perfect/Unrevised

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Patrice C.
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[CR] Perfect/Unrevised

Message par Patrice C. »

Longue et belle après-midi à tester Perfect en VF à deux, donc hop! voilà le CR.

Perfect n'est pas vraiment un jeu à jouer en one-shot. Chaque personnage dépose sa couche de réalité, de narration dans un univers qui reste, somme toute, assez flou et assez libre pour qu'on puisse en tirer ce que l'on souhaite. Après une subtile hésitation Godwin ("et si on le jouait en Allemagne en 1943 ?"), nous sommes sainement revenus au contexte de base, qui sert surtout de prétexte à la narration. Je vois bien néanmoins des déclinaisons possibles de Perfect à la Dogs in the Vineyard, mais le contexte est tel que le dérapage n'est jamais bien loin. Ca fait également partie du charme du jeu mais il faut aimer fricoter avec des questions morales en mode extrême limite pour bien apprécier l'exercice. Le Steampunk sous jacent aide à la distanciation, et tout bien pesé, c'est pas plus mal. On pourrait parfaitement imaginer jouer dans un univers à la Perdido Metro Station avec Perfect, et si on ne l'a pas encore fait, c'est simplement parce qu'on testait le bouzin.

Il y a énormément d'implicite et de sous-jacent dans ce jeu qui, sinon, exagère un peu dans les conseils didactiques ("décrivez avec vos 5 sens", "utilisez vos atouts dans la narration", etc) et j'ai envie de dire "ça va on a compris, si on a acheté Perfect c'est pas pour enfiler des perles". Mais à côté de ces pavés "bonjour, toi aussi deviens un bon MJ/Joueur de jeu bizarre en 3 leçons", le jeu est fort discret sur des questions bien plus essentielles : ce que recouvrent les séquences à la Polaris, combien elles durent, ce qui est en jeu, etc.

Force est de constater que le jeu ne peut marcher qu'avec un contrat social bien établi entre les joueurs, et il nous aura fallu pas moins de 5 sessions (courtes, je vous rassure), pour y parvenir. Certains points de règles, pourtant importants (sur le renouvellement du Pool du joueur, par exemple), nous sont restés obscurs. On a fait avec, et on a joué, sans doute mal, à Perfect, mais on s'est bien amusés.

Mon premier personnage, une femme habillée en homme qui décide de fonder des cellules marxistes dans la manufacture sordide où elle travaille, n'a jamais réussi à fonder sa société secrète. Elle a cependant noué une belle liaison avec une prostituée de haut vol mais se retrouve à travailler dans une fonderie de plomb qui affecte un tantinet sa santé mentale. Elle est parvenue toutefois à regrouper des féministes forcenées dans une organisation d'amazones et se retrouve maintenant en fâcheuse posture, sans ressources, aspects ni contacts hormis son amante. La bohéme quoi, mais en mode hard-core. Si vous venez me dire que les ressources de base se renouvellent à chaque cycle, vous lui sauvez la vie et je vous paie une bière quand vous voulez.

Le personnage de Cédric, mon comparse, est un professeur romantique qui croit en l'amour libre. Le pauvre a fini émasculé chimiquement mais voue toujours à l'une de ses étudiantes un bel amour platonique partagé. Le bonheur, quoi.

Mon second personnage fait partie de la haute, ce qui signifie concrètement, qu'il n'a pas le droit de parler, de toucher quoi que ce soit ou de voyager entre les quartiers. Or c'est un justicier, une sorte de Zorro qui ne s'en tire pas trop mal jusque là, sauf à remarquer que les inspecteurs ont désormais en leur possession des pièces de son écriture et qu'elles semblent l'accuser des meutres d'autres inspecteurs, des individus indélicats qui profitaient de leur position. Il est en train, mine de rien, de créer une police des polices clandestine et je lui souhaite toute la réussite du monde. Autant vous dire que c'est mal barré.

Là où ça devient sympa, c'est en mode campagne. Rien n'empêche au personnage de Cédric de rejoindre l'organisation de mon premier personnage et rien n'empêche à mon second personnage de trouver leur cause juste et de leur filer un coup de pouce à l'occasion. Au final, on a raconté, mine de rien, de quoi écrire quelques chapitres d'un pas trop mauvais roman Steampunk et rien que pour ça, c'est une belle réussite.

Si vraiment on s'est planté et qu'on le joue tout de travers, soyez sympa, dites-le moi.
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