[CR] Regnum Christi: Chroniques de Tossa de Mar

[Imrryran]

Bonjour

J'ai enfin pu lancer la grande campagne que je souhaites faire à Regnum Christi.

Après discussion avec mes joueurs nous nous sommes fixés sur le petit port fortifié de Tossa de Mar en Catalogne. Cette petite bourgade en bord de mer est prospère grâce au commerce méditerranéen mais souffre des divisions entre ses différentes familles marchandes. Pour l'instant Ramon de Tossa, le seigneur local, tient le pouvoir d'une main ferme. Hélas il est bien vieux et son héritier bien jeune.



La campagne commençant au printemps 1300 les maures ne sont plus aux portes, mais la mer, les montagnes et la France très proches peuvent toujours être des sources de danger.

Les 5 PJ forment le conseil du seigneur :
- Berald Ximo de la Girona est un hospitalier de retour des croisades, pieux mais non dévôt
- Colosana Monteserrat dirige l'Espadon, la plus grosse auberge du lieu
- Mateou Ignasi est un jeune marchand spécialisé dans les denrées exotiques, fils du plus gros marchand du port
- Joachim Josep est l'homme de main de Ramon de Tossa, plus à l'aise derrière les murs qu'au grand air
- Bernard Folornière a quitté les ordres pour poursuivre ses recherches alchimiques au calme

Lors de la première séance nous avons aussi défini quelques voisins :
- Los Os della Muerte, une bande de bandits qui attaquent les marchands depuis leur nid d'aigle dans les Pyrénées. Les rumeurs disent que certains se transformeraient en ours et mangeraient leurs victimes.
- Arnau del Cassel de Malavella est un seigneur proche, aussi vassal du comte d'Empuries. Riche et influent dans la région, il se murmure à voix basse qu'il devrait son or à un pacte avec le Démon. Que lui aurait-il laissé en échange ?
- Giacome Bellafonté est un marchand gênois qui fait fréquemment escale à Tossa de Mar. Ses navires et ses atours sont l'exemple même de l'opulence. Grand marin, les récits de ses voyages font plusieurs fois le tour du port.
- La Mera Negra est une légende de marin, une malédiction portée par le vent du large qui fait disparaître les bateaux corps et bien. Si beaucoup en parlent il est bien difficile de trouver quelqu'un l'ayant vu de ses propres yeux.
- Ermengol Zennardo est un jeune prêtre itinérant qui dessert plusieurs villages isolés de l'arrière-pays. Il y prêche un catholicisme particulier, certains diraient cathare, qui est très apprécié des populations locales.
- Le château de Val Negra est une forteresse perdue dans la montagne qu'on dit habitée par des hérétiques, chassés par quelque croisade ou les sarrasins.

[Léonard]

J'avais téléchargé tes règles de Regnum Christi il y a quelques années, mais je n'ai jamais eu l'occasion d'y jouer.
En tout cas, ça donne envie. Faire du Ars Magica sans les Mages, ça me tente bien aussi.

[Imrryran]

C'est tout à fait possible d'avoir des mages dans le binz, après tout la mgie est très présentes dans les sources médiévales, cela fait partie de la mentalité de l'époque. Par contre ils ne sont pas a priori sur le même piédestal que dans Ars Magica.

[Imrryran]

Les rumeurs sont persistentes, des ouvriers de l'Espadon au seigneur de Tessa tout le monde a entendu parler de marchands et de voyageurs disparus sur la route de Pampelune. Pas juste volés, mais bien disparus ! On dit que la bande reponsable s'appellerait "Los Os de la Muerte", les Ours de la Mort, un nom aussi grandiloquent et stupide qu'on peut l'espérer de bandits de grand chemin. Le conseil décide d'agir en envoyant d'abord un petit groupe prudent sur la route.

Une fois quelques marins bien costauds recrutés par la famille Ignasi les principaux membres du conseil partent sur le chemin à travers les contreforts des Pyrénées. Le temps clément, ni trop chaud ni trop froid, fait ressembler l'expédition à une promenade bucolique à travers les pins et les vallons.

Après plus d'un jour de marche cette tranquillité est troublée par un accident en vue sur le chemin : un cadavre est pendu, le torse lacéré par une griffe d'ours. Cela fait remonter à l'esprit de chacun les rumeurs sur des hommes ours dans les montagnes. On se signe beaucoup, on dit quelques mots, on enterre le cadavre et on rerpart. Plus loin, un arbre est très clairement couché de travers et va bloquer la progression. Cela ressemble trop à une embuscade pour ne pas en être une. Le groupe se sépare alors en deux. Tandis que les plus aventureux tentent de contourner l'ennemi supposé par la forêt, les moins assurés reculent vers un endroit moins en vue.

Le combat est très rapide et tourne immédiatement à l'avantage des bandits, très à l'aise dans forêt. Les flèches volent, les cris de guerre fusent, et les PJ effectuent avec précipitation une retraite tactique tandis que les bandits les narguent. Seul Joachim réussit à se cacher dans un fourré d'où il écoute les conversations des vainqueurs. Dans leur sabir multiculturel, mêlant catalan, basque, arabes et toutes les autres langues des déracinés de la bande, il comprend vaguement que leur journée a été bonne et qu'ils craignent leur chef. Quand ils repartent enfin vers leur repère il les suit quelques temps jusqu'à une bifurcation vers les plus hauts sommets de la montagne puis retourne retrouver le groupe inquiet.

Allégeant l'humeur, ils voient alors arriver vers eux un autre voyageur, un prêtre encore jeune et fort qui ne semble pas craindre les bandits. Ils vont ensemble au prochain village sur la route où ils passent une bonne nuit, Colosana refaisant au passage ses réserves de saucisson. Le lendemain matin, après la messe, le petit groupe laisse le prêtre s'occuper de ses ouailles et prend la route de Pampelune, jugée plus sage que de revenir sur ses pas et recroiser les brigands.

Quelques temps plus tard ils y arrivent enfin et vont se présenter au seigneur des lieux. Attendant leur audience dans la grand-salle de la seigneurie ils constatent que les brigands sont craints jusqu'ici. Le comte local leur réserve donc un bon accueil et écoute attentivement le récit de leurs aventures. Il doit cependant refuser son aide pour prendre d'assaut leur repère, connu dans la région comme étant trop bien défendu, un nid d'aigle à pic où on n'entre que par un treuil. Après de longues palabres ils réussissent tout de même à se mettre d'accord sur une opération conjointe : Pampelune leur prêtera quelques hommes qui reviendront avec eux pour affronter les bandits, en capturer et en interroger quelques uns. Le seigneur de Tossa devra ensuite se charger de détruire le reste de la bande.

Le moral remonté, les PJ et une demi-douzaine de gardes navarrais reprennent la route vers Tossa de Mar. Le combat contre les bandits est très rapide et sans grande gloire, Joachim feint d'être un riche marchand et les héros embusquent l'embuscade sans coup férir. Ils en capturent deux et rentrent victorieux chez eux.

L'interrogatoire porte ses fruits à tous points de vue. Les malandrins se repentent auprès du frère Berald et donnent de précieux détails sur la forteresse ennemie. Elle est effectivement imprenable par des moyens conventionnels et dirigée de main de fer par un chef charismatique qui ne quitte pas ses vêtements de peau d'ours. La révélation la plus troublante est celle d'un mystérieux "Sahir" (sorcier en arabe), qui leur achèterait les victimes de leurs rapines, vivants ou morts. Le conseil de Tossa prend le temps de la réflexion...

Quand l'été vient le plan est prêt !

Bernard Folornière a préparé dans son laboratoire un poison de derrière les fagots. L'approche subtile s'y conjugue aux effets violents pour en faire un dangreux outil de destruction. Feignant à nouveau d'être des marchands, ses comparses s'arrangent pour se faire prendre comme butin des tonnelets de vin empoisonné qu'ils abandonnent dans leur fuite, dès que les bandits s'approchent. Quelques jours plus tard la route semble sûr, la forteresse est déserte.

[Jezabel Louve]

Salutations !

Je me suis permis, par curiosité, de télécharger les regles de REGNUM CHRISTI :-)
comme on est en plein Ars Mag' ça va etre chouette de les lire.
cela dit, je trouve les regles d'Ars Mag' indigestes et les bouquins sont ... euh...décevants quant à la matière "non magique" . notre meujeu a complètement chamboulé et simplifié les règles, et pour l'univers, les bouquins "de l'époque" et sur l'époque sont d'excellents suppléments ;-)

en attendant le lire la suite de tes chroniques médiévales,
bonne continuation,
rolistiquement
Jezabel

[Imrryran]

Merci de ton intérêt, ça me fait plaisir

Je viens de mettre à jour les règles sur la page principale: http://imrryran.wordpress.com/regnum-ch ... -regles-4/
Si les principes de base n'ont pas changés, elles sont je pense un peu plus claires et simples à mettre en œuvre que la précédente version.

J'ai moi aussi été déçu par les règles d'Ars Magica, les règles non-magiques étant assez générique, les règles magiques trop verbeuses. Ceci dit la gamme VO a maintenant pas mal de suppléments couvrant cet aspect de l'univers, même si les règles qu'ils apportent ne sont pas des plus pratiques.

[Imrryran]

Avec les vents d'automne arrive Giacomo Bellafonte, navigateur gênois émérite et aventureux. Celui-ci ramène cette fois dans ses bagages une statuette exotique, un faucon d'or, rubis et lapis-lazuli qu'il laisse à Mateou. Il lui raconte aussi son histoire, esquissant à grands traits une aventure au Caire, un vieux croisé qu'il aurait ramené et la promesse de nombreux trésors de même facture plus haut sur le Nil. Les deux comparses semblent ravis et le gênois promet à son ami de revenir au printemps pour monter une expédition de plus grande envergure, lui demandant juste de s'assurer entre temps de l'origine de l'objet.

Mais ce n'est pas l'évènement principal de la journée à Tossa, car le midi vient aussi Arnau del Cassel de Malavella, seigneur voisin, riche et influent malgré une réputation d'adorateur des démons. En grande pompe, sous les yeux peu intéressés de Bernard Folornière, il entre à Tossa par la grande porte et vient saluer Ramon de Tossa, le seigneur des lieux.

Peu après le conseil de la ville, pour l'essentiel déjà attiré là par la curiosité, est réuni dans les appartements privés, à l'écart du bruit de la troupe. Ramon de Tossa y fait part de ses doutes : Malavella est de mauvais augure, il paraîtrait qu'il aurait des vues sur le comté d'Empuries, ses hommes ne sont-ils pas là pour peser sur les négociations qu'il souhaite entamer ? Sur ce dernier point au moins Colosana peut aider, et maintenir les soldats adverses dans une bienheureuse hébétude alcoolisée agrémentée d'herbes fournies par Bernard.

Au premier soir de sa visite, débutant le banquet, Malavella prend l'initiative et lors de son toast (au vin ayant un sale arrière-goût) annonce vouloir marier sa fille unique au fils unique du (vieux) seigneur de Tossa. Cela stupéfait toute l'assemblée et le conseil, qui ne s'attendait vraiment pas à cela et ne prête qu'une attention distraite au vin (plutôt mauvais).

Mais le point d'orgue de la soirée est la découverte à la fin du banquet, sous une poterne du châtelet. Une boue verdâtre leur sort de la bouche, un tonnelet contenant la même substance traîne à côté d'eux. Ils ont clairement été empoisonnés ! Les différents membres du conseil encore en pleine possessions de leurs moyens (c'est à dire les PJ sauf Mateou qui a roulé sous la table) préviennent leur seigneur, le dérangeant à l'occasion dans ses tractations avec son invité. Ils en repartent avec une mission : découvrir le coupable.

L'affaire est difficile, il n'y a guère de traces. Le tonnelet fait partie au pire de la réserve du château, au mieux de celle de Colosana, au-dessus de tout soupçon. Que le vin est tourné soit ! Mais qu'il soit devenu si insalubre qu'il tue ? Il ne peut s'agit que de sorcellerie ! Malgré sa réputation et le peu d'égard qu'il a pour le prêtre local Malavella ne semble pas avoir fait usage de magie noire.

Dans l'après-midi la pluie se met à tomber, faisant rentrer chacun chez lui. Rapidement elle s'aggrave, et au lieu de gouttes on voit tomber des grenouilles ! Tous se baricadent. Tous ? Non, un fou sort étudier le phénomène... Quelques heures plus tard on retrouvera Bernard Folornière, qui n'aura que rarement autant mérité son nom, recouvert de grenouilles mortes dans la ruelle devant son laboratoire. Le pauvre en est encore traumatisé et lui si plein de curiosité pour les batraciens ne peut maintenant plus les voir, même en peinture.
Une telle pluie est forcément d'origine divine, mais quel est le message ? Ne faut-il pas avoir commerce avec Malavella ? Tout le monde est mi-perplexe mi-effrayé en nettoyant les rues. Pendant ce temps Matéou cherche sans grand succès à en apprendre plus sur la statuette que lui a prêté Giacomo, s'adressant d'abord à un Berald bien inculte en art non chrétien...

L'arrivée inopinée de puces le lendemain ne trouble guère de monde. Après tout, n'y a-t-il pas une dizaine de soldats étrangers en ville en ce moment ? L'un d'entre eux au moinds doit bien être suffisamment malpropre pour avoir amener ses parasites. Cependant l'enquête piétine.. L'empoisonnement comme les grenouilles ressemblent bien à des prodiges magiques ou divins mais d'où pourraient-ils venir ?

Quand Mateou, cherchant toujours à authentifier sa statuette, s'adresse au savant Bernard la vérité se fait enfin jour : il s'agit des dix plaies d’Égypte. En tout cas des trois premières que tout le monde a pu observer. Le conseil est réuni immédiatement, Mateou ne fait pas le malin, sa statuette égyptienne semble le coupable idéal. La conclusion est sans appel : il faut s'en débarrasser au plus vite, avant d'en arriver à la mort des premiers-nés. Le marchand obtient de ne pas la jeter en mer mais d'aller la revendre.

Direction Barcelone donc, seul avec deux gaillards pour la sécurité, sous l’œil attentif de ses comparses qui s’assurent qu'il quitte bien la ville. Hélas quand il arrive il est couvert de furoncles, ce qui ne facilite pas le négoce. Malchanceux en diable, il se fait même voler l'objet par ses gardes ! Il ne peut ensuite que rentrer piteusement à Tossa, moins riche mais certainement moins maudit.

[Imrryran]

Je l'avoue : je suis faible, je n'ai pas eu la volonté et le temps de finir ce compte-rendu.

Ceci dit la campagne a bien été terminée !

En matière d'épilogue...

L'Aragon est devenu le bastion d'une hérésie manichéenne proche du catharisme.
Tossa de Mar est devenue une grande cité, gouvernée par la Guilde des marchands et un enfant-seigneur fantoche.

Les 5 PJ forment le conseil du seigneur :
- Berald Ximo de la Girona est un hospitalier de retour des croisades, pieux mais non dévôt
- Colosana Monteserrat dirige l'Espadon, la plus grosse auberge du lieu
- Mateou Ignasi est un jeune marchand spécialisé dans les denrées exotiques, fils du plus gros marchand du port
- Joachim Josep est l'homme de main de Ramon de Tossa, plus à l'aise derrière les murs qu'au grand air
- Bernard Folornière a quitté les ordres pour poursuivre ses recherches alchimiques au calme

Berald a renié son ordre trop bigot pour se concentrer sur la défense de la ville. Il prend une calme retraite pour méditer sur la vie, la paix et la guerre.

Colosana s'est mariée, convertie à une hérésie chrétienne, et a placé ses hommes de confiance et enfants à toutes les positions-clef de la ville, elle vise maintenant la couronne d'Aragon.

Mateou s'est reconverti dans la piraterie après avoir dépouillé des pirates maures de leurs bastions dans les Baléares. Il meurt sous les murs de Byzance, qu'il était venu piller.

Joachim a compris que ses illuminations, ses messages divins lui donnant d’énigmatiques cibles, étaient le fait du démon. Après de longues années de pénitence il a pris sa retraite auprès de Berald, deux anciens guerriers auparavant si éloignés maintenant réunis dans l'amour de la paix.

Bernard a basculé dans la folie, obsédé par des cycles qu'il n'arrive ni à comprendre ni à exprimer. Il est enfermé dans une cellule d'une forteresse isolée dans les Pyrénées. Il en a couvert les murs de cercles et de spirales sans sens apparent.