[CR] Warhammer V3->V2 - Balades en Reikland

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Lotin
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Re: [CR] Warhammer V3->V2 - Balades en Reikland

Message par Lotin »

Et hop, la suite du même scénario, partie 2/3 :
Spoiler:
JOURNAL DE H. VAN BAUMER
Ubersreik, le 14 Vorgeheim 2521

Nous avons encore vécu hier une soirée rocambolesque. Décidemment, les jours s’enchaînent à Ubersreik et quand on croit avoir atteint la situation la plus invraisemblable, une autre bien pire s’offre à nous.
Pour résumer, tous les meilleurs partis que compte la ville sont tombés éperdument amoureux de la même jeune fille qui n’est ni riche, ni particulièrement jolie, ni même très intelligente. Ces jeunes hommes semblent prêts à tout, et surtout au pire, pour l’impressionner et gagner son cœur ou pour éliminer leurs rivaux. Après les cochons peints en bleu, les pitoyables poèmes déclamés sous la pleine lune, nous avons assisté à une troublante mascarade qui a bien failli se terminer en drame.
Si ce n’était pas pour rendre service à Lord Rickard, il y a bien longtemps que nous aurions quitté la ville et envoyé valser ces jeunes aristocrates tous plus bêtes les uns que les autres…

Le « gros coup » préparé par Maximilien consistait visiblement à organiser un faux rendez-vous à la taverne des Armes de l’Artilleur, afin certainement de ridiculiser et d’évincer les autres jeunes nobles. Dès l’après-midi, nous nous rendîmes sur place pour inspecter les lieux et essayer de l’empêcher de d’agir. A la taverne, toutes les chambres se trouvaient à l’étage et le seul moyen d’y accéder tranquillement était d’en louer une. Lars et moi nous fîmes passer pour un jeune couple afin de ne pas trop éveiller les soupçons. Il n’y avait plus beaucoup de chambres disponibles, en insistant un peu, le tavernier nous confirma qu’un habitué en avait retenues trois pour la nuit. Nous réussîmes cependant à réserver une chambre assez proche de celles où devait se dérouler l’action.

Le soir, comme d’habitude, la taverne était bondée. Il y avait là plusieurs groupes d’élèves officiers, des fils et filles de bonnes familles venus s’encanailler, de la musique, des chants, des cris, de la nourriture et de l’alcool à foison. Nous eûmes toutes les peines du monde à trouver une table libre. Finalement, nous aperçûmes Gutrie en train de festoyer avec plusieurs compères et nous le rejoignîmes. Klueber discuta avec lui pour savoir s’il avait reçu une lettre signée Esméralda. Il ne fut pas difficile de lui faire avouer tant il était fier de ce rendez-vous secret. Lorsque nous lui expliquâmes qu’il s’agissait d’une machination, d’abord il refusa de le croire et ce n’est qu’en voyant la lettre adressée à Léopold qu’il consentit à nous croire. Entre déception et fureur, il nous demanda qui avait manigancé ce canular et nous préférâmes lui dire que nous l’ignorions pour ne pas envenimer la situation. Ce n’est qu’en usant de trésors de persuasion que nous pûmes le convaincre de partir faire la fête ailleurs ; l’argument qui l’emporta était qu’il ne devait en aucun cas se compromettre s’il voulait conserver toutes ses chances auprès de sa dulcinée. Il finit par céder et par précaution, Klueber partit avec lui. Ces deux-là s’entendent comme larrons en foire !

Il ne nous restait plus que Maximilien et Thomas à gérer. Nous hésitions à laisser ces deux teignes se débrouiller et régler leurs comptes, quand il nous sembla entrevoir la silhouette d’une jeune fille brune et élégante, se glissant dans l’une des chambres.
Etait-il possible que Maximilien ait également réussi à attirer ici Esméralda, elle-même ? Il fallait que nous en ayons le cœur net !

Nous n’avions pas vu le neveu de Lord Rickard de la soirée, en revanche, il avait posté plusieurs de ses acolytes en bas des escaliers. Ils ne se méfièrent pas trop de moi et il me suffit de leur dire que j’avais une chambre à l’étage et de leur montrer la clef pour qu’il me laisse passer. Lars me suivait à quelques mètres et pourtant ils refusèrent de le laisser monter. Il eut beau parlementer, inventer des histoires, même quand je rebroussai chemin, ils n’en démordirent pas : « d’ici une heure, vous ferez toutes les cochonneries que vous voudrez mais pas maintenant » conclurent-ils avec un rire gras. Finalement je gagnais l’étage seule ; à moi de me débrouiller. Les amis de Maximilien semblaient plus attentifs à ce qui se passait dans la salle que sur le palier. Nous avions vu Esméralda entrer dans une des chambres, mais quand j’essayais d’ouvrir avec l’idée de faire croire à une erreur, la porte resta fermée. Je frappai… Rien ! J’essayai d’introduire ma clef… Pas moyen ! Afin de ne pas trop attirer l’attention, j’étais en train de me rabattre sur la chambre que nous avions louée et sur le point d’y entrer quand les idiots qui montaient la garde dirent avec une forte voix : « Mais bien sûr, maître von Karstadt, vous pouvez passer ». Et je vis s’avancer l’imposante silhouette de Thomas. Celui-ci ne semblait pas très à son aise ; la rencontre avec les sbires de Maximilien semblait l’inquiéter et il hésitait visiblement à rebrousser chemin. Je n’avais pas le temps de tergiverser.

« - Hey ! Pssst ! Sire von Karstadt ! Venez, chuchotai-je.
- Quoi ? qu’est-ce que vous voulez ?
- Je dois vous parler.
- Je … je n’ai pas temps, bégaya-t-il s’apprêtant à faire demi-tour.
- Non, écoutez-moi, dis-je en me précipitant vers lui et en le retenant par le bras. Je sais que vous venez pour voir Esméralda, mais elle est arrivée avant vous et Maximilien Von Aschafenberg l’a reconnue. Il cherche à la rencontrer aussi, c’est pour cela que ses amis surveillent les escaliers. Ecoutez-moi, si vous voulez vraiment la rejoindre, je peux vous aider.
- Oh ! et pourquoi vous ferais-je confiance ? Vous ne m’avez pas aidé pour le marchand et je me suis renseigné sur vous et vos compagnons. Vous êtes les Loups de Grünewald, les toutous de Lord Rickard, vous êtes avec cet imbécile de Maximilien !
- Non, non ! vous vous trompez. Nous sommes bien au service du Comte von Aschafenberg, mais il nous a demandé de suivre Maximilien pour l’empêcher de faire la cour à Esméralda. La famille ne voit pas cette union d’un très bon œil… Nous avons donc tout intérêt à vous soutenir.
- Hum… admettons…
- Mes camarades essayent en ce moment de l’emmener ailleurs. En attendant, venez avec moi et attendez dans cette chambre. Je viendrai vous chercher quand la voie sera libre et vous pourrez retrouver Esméralda. »

Il ne paraissait pas complètement convaincu, mais il me laissa quand même le conduire dans la chambre que nous avions louée.

Je redescendis en courant pour retrouver Lars et Grunilda. Toujours aucun signe de Maximilien. Nous devions entrer dans la chambre où se trouvait Esméralda. Il nous fallait une diversion.
« Rien de plus simple » dit Lars avec un clin d’œil en direction de Grunilda qui se mit à sourire : « Effectivement, rien de plus simple ».
Je les soupçonne d’en avoir discuté pendant mon absence car ils agirent avec une synchronisation étonnante. Grunilda sauta au milieu d’une table d’élèves officiers et de joyeux buveurs et se mit à danser, soulevant des rires et des huées. Pendant ce temps, Lars passa avec des bières devant les amis de Maximilien au bas de l’escalier, assez prêt pour faire semblant de trébucher et renverser ses choppes. « Comment ça ! sale troufion ! Vous insultez les officiers ! » cria-t-il et Grunilda d’hurler : « Ils ont insulté les officiers ». L’alcool aidant, la réaction ne se fit pas attendre. Je vis une première masse foncer sur les jeunes nobles stupéfaits, puis une deuxième s’abattre sur les militaires pour venir en aide aux premiers. Il ne restait plus qu’à s’extirper de la cohue et gagner l’étage. Grunilda fonça et je m’engageai derrière elle. Lars nous rejoignit rapidement, il saignait un peu du nez, mais était ravi de la belle bagarre qu’il venait de déclencher. Grunilda mit un coup de pied dans la porte qui s’ouvrit sans résistance.
Sur le lit, une silhouette couverte de dentelles nous faisait face, apparemment surprise de cette intrusion. Elle portait un voile qui dissimulait son visage et serrait un coussin devant elle. Il semblait y avoir comme un léger brouillard dans cette pièce, la fumée des bougies peut-être, d’ailleurs, mes yeux commençaient à piquer. Je m’approchais : « Mademoiselle von Fenstermacher ? » Cette jeune fille, que j’avais imaginée plutôt frêle, semblait avoir des épaules plutôt larges et sous sa voilette pointait un nez singulièrement allongé. « Par Sigmar ! Maximilien ! »
A cet instant, le brouhaha du rez-de-chaussée se mua en une cacophonie de cris ! Grunilda m’attrapa par le bras : «il y a le feu, il faut sortir ». Je larmoyais à présent, une épaisse fumée avait envahi tout l’étage. Merde ! Thomas ! J’allais m’avancer quand je vis la porte de la chambre où il devait se trouver en feu. « Hannah ! dépêche-toi et viens nous aider » criait Grunilda en tirant avec Lars, vers les escaliers, un Maximilien déguisé et effarouché. Celui-ci refusait d’avancer à cause de son accoutrement, il avait poussé la plaisanterie jusqu’à se maquiller. Il était grotesque. Si la situation avait été moins grave, cela m’aurait bien fait rire. « Il fallait y penser avant et le ridicule ne tue pas, contrairement aux flammes !» dis-je en le poussant par derrière. Il cessa de lutter. La plupart des gens étaient déjà sortis et nous gagnâmes rapidement l’extérieur. Déjà une chaîne s’organisait pour acheminer de l’eau depuis les puits ; des soldats arrivaient en renfort de la caserne voisine.
A peine dehors, Maximilien détala comme un lapin, engoncé dans la soie et les rubans et nous ne cherchâmes pas à le retenir. Il n’y avait aucune trace de Thomas. Je suis certaine que c’est lui qui a allumé le feu, pour couvrir sa fuite, vexé d’être tombé dans un piège aussi grossier.

Le feu a ravagé la taverne, mais par chance il ne s’est pas propagé aux maisons alentours. Nous avons essayé d’aider les secours autant que possible. Nous avons été rejoints par Klueber et Gutrie, toujours inséparables, venus à la rescousse car la nouvelle avait déjà circulé dans toute la ville. Heureusement, il n’y eut pas de victimes à déplorer et la bagarre a certainement fait plus de blessés que l’incendie.
Nous rentrâmes à l’auberge tard dans la nuit et fourbus.

Ce matin, alors que nous déjeunions un silence, encore affligés par les évènements de la veille, Gutrie fit irruption dans la salle à manger, excité comme une puce. Il avait reçu une invitation de la part d’Esméralda et de son père. Et cette fois pas de doute : c’était Hilda, la gouvernante, qui lui avait remis la lettre en mains propres. Il devait se rendre à leur hôtel particulier le soir même et avant de pouvoir faire sa cour à la demoiselle, il devrait accomplir une série d’épreuves. Il souhaitait que nous l’accompagnions pour l’aider dans ce dernier défi.


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R.Alex
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Re: [CR] Warhammer V3->V2 - Balades en Reikland

Message par R.Alex »

Je viens de voir que tu avais repris tes CR !

J'ai lu celui d'Edge of the Night. Vraiment un excellent compte rendu d'un excellent scénario ! Par contre à ma table il a bien failli être mortel pour le groupe. Trois à terre, et le seul survivant ne pouvait plus encaisser qu'une unique blessure avant de tomber.

Nous reprenons warhammer dans deux semaines, après un an d'interruption, et nous allons reprendre à ce moment précis. Du coup ton CR m'a bien remis dans le bain de ce scénario que j'avais vraiment apprécié.

Bon, je lis la suite maintenant :p
Rejoignez la Résistance !
Sable&Soleil en pdf ou sur lulu, Cthulhu Blanc, un lanceur de dés en ligne qui permet de partager les résultats pour Warhammer 3 et Star Wars FFG, tout ça sur mon petit coin d'internet.
Sinon, je peins des figurines.
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Lotin
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Re: [CR] Warhammer V3->V2 - Balades en Reikland

Message par Lotin »

Suite et fin, avec une surprise pour les quelques courageux lisant jusqu'au bout, du Miroir du Désir en bon françois :
Spoiler:
JOURNAL DE H. VAN BAUMER
Ubersreik, le 15 Vorgeheim 2521

La lettre adressée à Guthrie disait :
« Très cher,
Vos efforts pour gagner mon cœur ne sont pas restés vains. Mon vœu le plus cher et mon espoir le plus sincère est de vous retrouver ce soir au Manoir Fenstermacher pour me faire la cour dans les règles de l’art.
Esmeralda Fenstermacher »

En lui remettant la lettre, Hilda avait précisé qu’avant de pouvoir rencontrer la jeune fille, il lui faudrait accomplir des épreuves afin de prouver son « amour véritable ».
Comme le jour déclinait, nous nous présentâmes au manoir et Hilda nous accueillit dans un petit salon très propre, mais au mobilier vétuste et démodé. Elle refusa de nous laisser approcher ou parler à sa maitresse tant que Guthrie n’aurait pas relevé trois défis.

Première épreuve : le médaillon

Guthrie devait tout d’abord rechercher un médaillon ayant appartenu jadis à un certain Heller. Comme nous la questionnons pour en savoir plus, elle nous expliqua qu’Esméralda avait entendu parlé de ce bijou qui était le cadeau d’un amoureux à l’élue de son cœur et qui symbolisait un amour pur et profond, « un amour véritable ». Tout ce qu’elle savait c’est qu’il devait être lié à la famille von Bruner.
Notre première idée fut de nous rendre au temple de Verena. Là, dans les archives concernant les von Bruner, je finis par trouver la mention d’un certain Heller, magicien de son état ; cette histoire remontait à plusieurs siècles, l’homme devait se marier, mais au dernier moment tout fut annulé et on n’entendit plus jamais parler de la promise. Heller vécut encore de longues années mais ne se maria pas et n’eut aucune descendance. Toutes ses possessions revinrent au fils de son frère aîné, soit au comte en titre d’alors. Dans la liste de ces biens figurait un médaillon en argent représentant un oiseau. Impossible de savoir si c’était celui que nous cherchions mais il n’y avait aucun autre bijou de ce genre. Je jetais un rapide coup d’œil aux registres de vente de la famille qui étaient conservés là et ne trouvait aucune nouvelle allusion à ce médaillon. Y avait-t-il encore une chance que la famille le détienne toujours ?
Nous décidâmes de rendre visite à Lord Heissman et, par chance, il se trouvait chez lui. Guthrie préféra nous attendre à l’extérieur de peur de croiser Léopold ; Klueber évidemment resta avec lui. Heissman von Bruner nous reçut dans son cabinet de travail ; toujours aussi raide, il nous fit comprendre qu’il n’avait pas beaucoup de temps à nous accorder. Il était inutile de tourner autour du pot, nous lui exposâmes clairement la situation et l’histoire des épreuves auxquelles devait se soumettre Guthrie. Oui, il connaissait bien ce médaillon qui était un héritage de famille assez précieux à ses yeux. « Aussi précieux que l’avenir d’un fils ? » demandais-je. L’argument fit mouche. Si Guthrie gagnait le cœur l’Esméralda et l’épousait, Léopold pourrait tourner la page et faire un jour un mariage plus digne de son rang. Il nous demanda de patienter un instant et sorti du bureau.
En revenant, il serrait dans sa main un petit sac en velours sombre qu’il nous tendit en soupirant, visiblement cela le contrariait mais il avait fait son choix. C’était un médaillon en argent représentant un oiseau étrange, peut-être un paon, avec les ailes déployées. Il était de fort belle facture, les détails était finement ciselés, mais il ne ressemblait pas au travail des artisans impériaux, je ne saurais en dire l’origine. Une inscription était gravée au dos : « Mes yeux ne se poseront sur personne d’autre, si belle est ma Kelsydra, les autres sont bien pales à côté d’elle ».
Nous remerciâmes humblement le comte et nous partîmes précipitamment, avant qu’il ne change d’avis.
Au manoir des Fenstermacher, Hilda prit le médaillon et l’amena à sa maîtresse. Quelques minutes plus tard elle revint avec un sourire. C’était le bon bijou, la preuve d’un amour véritable. La première étape était réussie.

Deuxième épreuve : la tombe

Le deuxième défi était assez simple. Il s’agissait de se rendre sur la tombe de ce fameux Heller von Bruner pour y lire un poème ancien à minuit. L’objectif était de susciter la bénédiction des anciens. Heller était enterré dans le mausolée des von Bruner, aux champs de Morr. Un serviteur nous attendait sur place et il pourrait témoigner de l’accomplissement de cette mission.
La lune était déjà haute dans le ciel lorsque nous pénétrâmes dans les Champs de Morr. Tout y était encore plus calme qu’en plein jour. Un homme maigrichon s’avança vers nous dès notre arrivée, disant s’appeler Jori et être au service de la famille Fenstermacher. Il nous conduisit directement au mausolée des von Bruner ; il fut facile d’y entrer car la grille n’était pas fermée. Il y avait plusieurs salles souterraines avec des niches creusées dans tous les murs. Le cercueil d’Heller se trouvait dans une partie certainement très ancienne et moins bien entretenue ; une odeur âcre de poussière et d’humidité nous prenait à la gorge. Son nom était gravé sur une plaque à mi-hauteur d’un mur couvert de toiles d’araignées. Nous posâmes quelques bougies mais il faisait très sombre et seules Grunilda et moi qui avons une bonne vision nocturne n’en fûmes pas trop affectées. Guthrie ne semblait pas très à l’aise, même s’il essaya de n’en rien laisser paraître. A l’heure prévue, il commença la lecture. C’était une ode à l’amour, dans une langue surannée mais assez simple, avec de jolies métaphores sur des fleurs, rien d’extraordinaire, mais un peu mieux cependant que les poèmes de Léopold… En revanche, tout cela était un peu long et même si nous tâchions de rester vigilants, il était bien difficile de lutter contre la torpeur. La fraîcheur du tombeau nous évitait toutefois de sombrer. A mesure que le temps passait, il faisait d’ailleurs de plus en plus froid, ce qui n’est jamais très bon signe en ces circonstances. Grunilda me donna un coup de coude et désigna le serviteur. Il était tout proche de Guthrie mais se tenait un peu dans l’ombre. Je vis nettement ses lèvres bouger et je pensais d’abord qu’il récitait le poème, mais je constatais rapidement que les mots qui glissait sur sa bouche n’étaient pas les mêmes que ceux qui sortaient de celle de Guthrie. Je fais signe à Grunilda et je commençais à m’approcher discrètement de l’homme en contournant le groupe au passage je prévenais Klueber tandis que Grunilda chuchotait à l’oreille de Lars. Lars lui montra la plaque du tombeau, je regardais dans cette direction et je vis alors un filet de sang rouge foncé, suintant des lettres gravées. Le froid se faisait de plus en plus vif. Klueber s’occupa de faire taire Guthrie et dans le silence profond, le chuchotement du serviteur s’éleva, ce n’était pas notre langue, mais les accents gutturaux et discordant d’une langue démoniaque.
Nous nous précipitâmes sur lui le sommant d’arrêter. Il hurla alors : « Elle vient ! Ma maîtresse reviendra et vous la verrez bientôt ». Puis il se trancha la langue avec ses propres dents et vomit un torrent de sang.
La température remonta sensiblement et la trace de sang sur la pierre disparut. Nous quittâmes le tombeau et Grunilda et Lars nous quittèrent pour amener le serviteur, en piteux état et inconscient, au temple de Shallya. Il n’y arriva pas vivant. Avec Guthrie, Klueber et moi reprîmes le chemin du manoir. Le jeune aspirant semblait effondré, il craignait d’avoir échoué dans l’épreuve. Nous eûmes beau lui dire que si l’épreuve consistait à ramener un fantôme d’entre les morts, il était plutôt rassurant d’avoir échoué, il ne paraissait pas nous écouter ou même prêter attention à nos arguments.
Comme les autres fois, Hilda nous reçut dans le vieux salon tandis qu’Esméralda restait inaccessible et invisible ; nous lui dîmes simplement que la cérémonie s’était bien passée. Et, à notre grande surprise, elle ne posa pas plus de questions et nous expliqua en quoi allait consister la troisième épreuve.


Troisième épreuve : le poème lu dans la ville

Cette fois, Guthrie devait faire le tour de la ville en s’arrêtant à des endroits bien précis (environ une demi-douzaine) pour y déclamer un poème écrit autrefois par Heller.
Nous commencions à trouver cette histoire un peu pénible et interminable, seul Guthrie était ravi car il espérait ainsi prouver définitivement son amour à Esméralda et emporter son cœur. Grunilda et Lars nous attendaient déjà dehors et nous commençâmes donc tous ensemble notre périple. Il faisait nuit noire et les rues étaient désertes. Le premier arrêt s’effectua sur un pont, Guthrie lut le poème et rien de particulier ne se produisit. La deuxième étape était une place de marché. Guthrie commença à lire mais fut presque immédiatement interrompu par une voie forte et familière résonnant sur les façades des bâtiments alentours. En levant les yeux nous aperçûmes Léopold perché sur un toit, se penchant dangereusement près du bord. Klueber et Lars se précipitèrent et firent le tour de la bâtisse en cherchant un moyen de monter. D’en bas, nous essayâmes de rappeler le jeune noble à la raison, mais il ne faisait pas attention à nous et Guthrie qui continuait à lire comme si de rien n’était ne nous fut pas d’un grand secours. Quelques fenêtres s’illuminèrent et plusieurs visages endormis ou en colère apparurent criant des injures et beuglant d’aller faire du tapage ailleurs. Léopold s’avançait de plus en plus, son poème parlait d’amour déçu, de cœur brisé et de haine. Je crus bien qu’il allait sauter, mais les garçons arrivèrent juste à temps pour le ceinturer et l’en empêcher. Ils réussirent à le faire descendre en passant par l’intérieur sous les invectives des habitants, puis des voisins. Nous fîmes un détour pour le ramener chez lui ; ce ne fut pas une sinécure, car cet imbécile hurlait comme un forcené et je finis par l’endormir pour avoir la paix. En le confiant au majordome, en tenue de nuit, nous insistâmes pour qu’il soit solidement enfermé et surveillé le reste de la nuit.
Nous reprîmes notre parcours, devant une maison où l’on nous jeta un seau d’eau pour nous faire partir, à côté d’une chapelle où par bonheur nous ne réveillâmes aucun voisin. Comme nous nous rendions à l’étape suivante, un petit jardin sur les hauteurs de la ville, nous distinguâmes d’abord un piétinement sourd et étouffé, avant qu’au détour d’une rue, nous ne voyions déferler sur nous, du haut d’une rue en pente, un troupeau de vaches, cornes en avant. Nous nous éparpillâmes. Je rebroussais chemin et m’enfonçais dans un porche, me collant autant que possible à la porte. Je vis passer devant moi un groupe de vaches au milieu d’un nuage de poussière, à une vitesse folle et dans un bruit d’enfer. Je fermais les yeux et ne les rouvris que lorsque le silence eut à nouveau englouti la rue. En face de moi, je vis Guthrie, lui aussi calé dans un encadrement de porte, blanc comme un linge. Je me décollais de mon abri et j’entendis Grunilda appeler nos noms. Par miracle, aucun de nous ne fut blessé, nous nous en sortions juste avec une belle frayeur. Encore un sale coup de Maximilien ou de Thomas !
Cette épreuve semblait ne jamais devoir finir, nous allions atteindre un petit jardin quand un groupe de quatre gardes de la ville nous arrêta :
« - lequel d’entre vous est Lars Goetze ? demanda le sergent.
- C’est moi, répondit Lars en s’avançant
- Très bien, veuillez nous suivre !
- Mais pourquoi ?
- Nous avons reçu l’ordre de vous arrêter. Veuillez nous suivre !
- Il doit y avoir une erreur, intervint Guthrie, je connais ces gens et je peux me porter garant…
- C’est un ordre je vous dit ! s’énervant le sergent. Il sortit une lettre et l’agita sous notre nez.
- Puis-je voir ça ? » demandais-je et sans attendre la réponse, j’attrapais la lettre.
Elle était signée par Lord Rickard et son sceau apparaissait au bas de la missive. Toutefois, la signature comme le sceau me semblaient différents de ceux que j’avais déjà vus. « C’est un faux ! dis-je. Et de toute façon, nous connaissons bien Lord Rickard, il ne ferait pas arrêter l’un de nous sans raison ! » Le sergent ne sourcilla pas. « Devons-nous utiliser la force ou est-ce que vous nous suivez ? » Il fit glisser sa main vers son épée et les autres soldats se raidirent, prêts à en découdre. « Je viens », répondit Lars en tendant les poignets en signe d’apaisement. Le sergent me repris la lettre. Et tous partirent. Je dis aux autres de continuer et prenant mes jambes à mon cou je fonçais chez Lord Rickard. Il était tard, mais cela me paraissait trop grave pour attendre le lendemain. Nous n’étions pas très loin et quelques minutes à peine après l’arrestation je frappai à la porte de la demeure du comte. Par chance, c’est notre vieil ami Vern Hendrick (qui nous avait recrutés, il y a me semble-t-il une éternité, pour protéger son maître à Grunevald) qui vint ouvrir. Je lui expliquais la situation et il accepta d’aller réveiller Lord Rickard, pendant que j’attendais dans le hall. Je ne vis pas le comte, mais Vern réapparut après quelques minutes, habillé et tenant une lettre écrite à la hâte, signée et scellée par le comte. Je vis clairement le sceau et il était assez différent de celui que m’avait montré les gardes. Finalement, Vern et moi prîmes la direction du poste des gardes. Nous arrivâmes assez peu de temps après les gardes escortant Lars. Vern se chargea de parlementer. Montrant la lettre, comparant les sceaux, et les signatures, menaçant de représailles de la part de son maître, il n’eut pas de mal à les convaincre et les gardes préférèrent relâcher immédiatement Lars, si le comte acceptait de passer l’éponge.
L’affaire avait pris moins d’une heure. Vern nous quitta devant le poste, pressé de retourner se coucher. Lars et moi repartîmes en courant vers le manoir des Fenstermacher et nous arrivâmes quelques minutes à peine avant nos compagnons. Le reste de l’épreuve s’était déroulé sans encombre et ils finissaient fourbus mais satisfaits d’en être venus à bout. L’horizon commençait à blanchir quand nous nous présentâmes à la porte. Hilda nous accueillit dans le même petit salon ; elle félicita Guthrie et lui dit que sa maîtresse serait heureuse de le recevoir dans l’après-midi pour boire le thé. Nous étions également conviés.
Guthrie retourna à la caserne, la bouche figée en un sourire benêt. De notre côté, nous rentrâmes à l’auberge, juste à temps pour le premier service et nous pûmes nous restaurer, ce dont nous avions bien besoin.

Après nous être dépoussiérés, rafraichis et avoir dormi quelques heures, nous étions de retour au manoir. Hilda semblait sincèrement contente de nous accueillir et ravie que Guthrie se soit plié aux attentes de la jeune femme pour prouver qu’il brûlait d’un « amour véritable ». Elle nous introduisit dans un boudoir qui me parut plutôt sombre à cette heure de la journée alors qu’un grand soleil resplendissait à l’extérieur. Les fenêtres étaient cachées par de lourds rideaux et la faible lumière se répercutait sur une quantité extraordinaire de miroirs. Il y en avait partout, accrochés aux murs pour les plus petits, posés à terre ou sur la cheminée pour les plus grands, Il y en avait beaucoup trop pour une pièce si petite. Esméralda était assise et se leva quand nous entrâmes ; son image était démultipliée presque à l’infini. C’était une jeune fille, plutôt petite et assez fine, avec une robe violette, de très longs et très beaux cheveux noirs ; c’était certainement ce qu’il y avait de plus remarquable chez elle. Son visage était assez quelconque et ces yeux un peu petits et sans grandes expressions, toutefois, elle souriait avec timidité mais finalement avec un certain charme. Elle tenait le médaillon de Heller dans sa main. Guthrie se précipita, mettant genou à terre à quelques pas devant elle ; elle s’approcha lentement en rougissant et lui tendit la main. La scène hésitait entre le touchant et le ridicule. C’est alors que tout à coup ; une lumière très vive nous aveugla et je crois que je perdis connaissance.
Je ne saurais dire combien de temps je restais évanouie ; c’est Grunilda qui me réveilla en me secouant. Nous étions toujours dans le boudoir, mais nous baignons dans une lumière étrange Guthrie et Esméralda avait disparu. Je me relevais péniblement, m’appuyant sur mon bâton que je tenais bizarrement de la mauvaise main et je notais que le brassard en cuir qui cache habituellement ma vilaine cicatrice à l’avant-bras gauche se trouvait à droite. J’étais occupée à regarder mes bras en essayant de comprendre ce qui se passait quand Lars nous dit de regarder les miroirs ; sa voix trahissait une grande frayeur. Dans les miroirs, il n’y avait plus nos reflets. A la place apparaissaient les corps inanimés d’Esméralda et Guthrie, gisant au sol ; au-dessus se penchait une créature monstrueuse d’apparence humanoïde et vaguement féminine. Son visage était d’une beauté évidente mais malsaine et perverse. Ses cheveux d’une couleur indéfinissable flottaient autour d’elle, comme dotés d’une volonté propre. Mais le plus terrifiant était sa peau grisâtre et son corps aux membres anormalement allongés ; à la place d’un des bas, avait poussé une sorte de pince de crabe géante avec laquelle elle poussait le corps d’Esméralda. Nous nous approchâmes des miroirs, ils étaient solides et nous étions réduits au rôle de simples spectateurs. La créature susurra à l’oreille d’Esméralda et j’entendis les mots résonner dans ma tête : « Merci ma chérie, tu n’imagines pas le plaisir que je ressens d’être enfin libérée après toutes ces années ». Sa bouche se tordit dans un rire cruel qui me glaça jusqu’au sang ; à voir la tête de mes compagnons je compris qu’ils l’entendaient aussi.
Alors que la créature s’apprêtait à quitter la pièce, elle se retourna vers nous et lança : « Je suppose que je pourrais trancher vos gorges ici et maintenant mais ce serait un sacrilège d’abîmer de si jolis jouets. Je dois vous laisser pour le moment mais n’ayez pas peur, je reviendrai, de temps en temps, pour vos donner un peu d’attention ! ». Et elle sortit par une des portes en riant comme une folle. Nous regardâmes autour de nous. La pièce était exactement celle où nous étions entrés mais tout semblait inversé. Sur l’étagère plusieurs livres étaient écrit à l’envers. Il fallait se rendre à l’évidence, cette créature qui était probablement un démon avait réussi par je ne sais quelle magie à nous enfermer dans un miroir. Je sentis ma respiration s’accélérer, mon cœur s’emballer et la panique monter en moi et j’eus toute les peines du monde à la contenir. Mes compagnons n’étaient pas plus sereins. Nous fouillâmes le boudoir : sur la petite table près de laquelle était assise Esméralda, se trouvait le médaillon et une copie du poème d’Heller que Guthrie avait dû lire la nuit précédente. C’étaient les deux seuls objets dans le « bon sens ». Deux portes permettaient de sortir de la pièce. Il était temps de les essayer ; nous choisîmes celle par laquelle était sortie la créature.
Elle s’ouvrit sur une grande salle de bal, éclairée de mille bougies et vibrant d’une étrange musique. Autour de nous dansaient des silhouettes diaphanes, vêtus de costumes de l’ancien temps. Ils tournaient autour de nous sans nous prêter la moindre attention. Seuls deux personnages étaient parfaitement distincts dans cette foule. Un jeune homme distingué et une belle jeune femme. Lui portait une robe blanche richement brodée de serpents dorés. Il était assis dans une chaise à bras un peu à l’écart et regardait la jeune fille qui virevoltait avec grâce sur la piste changeant souvent de partenaire. Tout à coup, le jeune homme se leva et contourna une table en se saisissant d’une broche ornée de pierres précieuses ; il fit un pas en direction de la fille, s’arrêta, respira profondément pour se donner du courage puis marcha vers elle. Il lui offrit le bijou en lui demandant de danser. Elle regarda la broche, puis le dévisagea, finalement elle se détourna et le renvoya d’un signe de la main. L’air triste, il regagna son siège après avoir reposé le bijou sur la table. Lentement, celui-ci se transforma en un magnifique peigne en or. Un moment passa puis l’homme pris ce nouveau bijou et retenta sa chance, mais sans plus de succès. Aucun des protagonistes ne semblait nous voir ni nous entendre. Ce petit manège se reproduisait encore avec d’autres présents et aboutissant toujours au même refus de la jeune fille. Alors nous essayâmes de poser le médaillon d’argent sur la table. Quand le jeune homme se leva, il le saisit et l’apporta à la jeune fille. Cette fois, le bijou lui plut et elle accepta de danser. Les deux jeunes gens se mirent à tournoyer et leurs corps devinrent nébuleux comme ceux des autres danseurs ; le décor s’estompa autour de nous, à l’exception d’une porte que nous nous empressâmes de franchir.
Nous nous retrouvâmes sur la terrasse surplombant un jardin luxuriant ; il faisait nuit, mais nous pouvions sentir la douce atmosphère de l’été. Un petit vent agitait les frondaisons des arbres. La lueur de la lune éclairait ce paysage apaisant et le lointain disparaissait, envahi par une épaisse brume. Les deux mêmes personnages apparaissaient au milieu de cette scène. Il semblait évident qu’il s’agissait des images d’Heller Von Bruner et de sa Kelsydra adorée. Le jeune homme en robe blanche se tenait à genoux devant la jeune femme assise sur un banc en pierre. Il tira un livre de sa poche et commença à lire un poème. Elle ne parut guère impressionnée et se tourna sur le banc. Il se redressa, ferma son livre pour le ranger dans sa poche. Il contourna le banc pour lui faire face à nouveau, posa un genou à terre, lui pris la main qu’il embrassa. Il reprit le livre dans sa poche pour lire des vers à la jeune femme qui se détourna à nouveau. Comme si de rien n’était, il se redressa en rangeant son livre et fit le tour du banc et rejoua la scène. Le poème changeait à chaque fois mais le résultat était le même. Nous nous approchâmes en tenant le poème que nous avions récupéré dans le boudoir ; cela ne demandait qu’un peu de synchronisation pour le glisser sur le livre au moment où il l’ouvrait pour lire. Nous entendîmes avec plaisir ces mots maintenant si familiers s’élever ; nous pouvions les réciter avec lui. Cette fois, la Kelsydra ne fit plus la sourde oreille et sembla au contraire subjuguée par les mots. A la fin, elle tendit la main vers le visage d’Heller et lui caressa la joue. Alors, tout le paysage s’effaça, puis la jeune fille disparut et les traits du jeune homme se transformèrent pour devenir ceux de Guthrie, nous regardant avec surprise ; nous nous retrouvâmes alors dans le boudoir d’Esméralda, mais tout était toujours inversé. Guthrie nous regardait à travers le miroir et Esméralda apparut à ses côtés, mais elle ne semblait pas nous prêter attention. Il la regarda et tous deux s’éloignèrent main dans la main. Nous avions beau crier, ils nous ignoraient et nous n’entendions pas non plus ce qu’ils se disaient. Il mit un genou à terre, tous deux semblaient très émus, il lui posa une question et elle fit signe d’accepter en baissant la tête, alors il se releva et l’enlaça. C’est alors que jaillit à nouveau une vive lumière, tout disparut et nous nous retrouvâmes à leur côté dans le boudoir. Esméralda laissa échapper un cri de surprise et tous les miroirs se brisèrent, à l’exception d’un seul visiblement très ancien. Avant qu’aucun d’entre nous ait pi réagir, Grunilda se jeta dessus et le détruisit à grands coups de bottes ferrées.
Guthrie nous regarda bizarrement, il semblait désorienté et nous demanda ce qu’il faisait là. Klueber lui répondit qu’il était venu rencontrer Esméralda et que nous venions de le voir faire sa demande en mariage. La jeune fille confirma en rougissant, mais elle aussi semblait un peu perdue. Guthrie rougit lui aussi, mais c’était plus de colère que d’émotion. « Vous mentez ! enfin, je ne connais pas cette fille ! Pourquoi voudrais-je l’épouser ? » Esméralda s’effondra sur le fauteuil près de la petite table. Elle avait des larmes plein les yeux, la pauvre me fit beaucoup de peine. Klueber s’approcha d’elle et lui pris la main. Il lui chuchota des paroles étonnement gentilles pour tenter l’apaiser. Pendant ce temps nous franchissions la porte par laquelle était partie la démonne. Nous nous retrouvâmes dans le petit salon décrépi et je vis Hilda gisant à terre. Je m’approchais, elle n’était qu’évanouie. Tandis que je lui tapotais la joue pour essayer de la réveiller, j’aperçus du coin de l’œil Guthrie qui s’enfuyait en courant. Le charme et l’influence du démon avait certainement cessé d’agir. C’était déjà une bonne nouvelle, mais où avait-elle bien pu aller ? Hilda retrouva ses esprits et je lui dis d’aller s’occuper très vite de sa maîtresse qui avait grandement besoin d’elle. Je n’eus pas à le répéter.
Dans le manoir, puis à l’extérieur, il ne fut pas difficile de suivre la trace du démon : son parcours était balisé par des gens apeurés, tremblant cachés dans les endroits les plus improbables. En dépit de notre aventure derrière le miroir, nous la suivions d’assez près. Heureusement, les rues de ce quartier résidentiel n’étaient pas très fréquentées à cette heure du crépuscule. Nous avons croisé quelques rares victimes, qui ne s’étaient pas ôtés assez vite de son chemin. Mais les blessures étaient superficielles, elle était apparemment trop pressée pour perdre du temps à tuer des gens. Nous comprîmes très vite qu’elle se dirigeait vers le manoir des Von Bruner.
Là les choses semblaient plus mal engagées. La grande porte d’entrée était béante, elle avait été défoncée comme à coup de bélier. Derrière nous trouvâmes les corps sans vie de deux serviteurs. Nous nous précipitâmes à l’étage vers le cabinet où Lord Heissman travaillait habituellement. Comme nous approchions nous entendîmes des cris de douleurs entrecoupés de pleurs et d’un rire diabolique. Là encore, la porte du bureau était béante. Je jetais un coup d’œil à l’intérieur, le comte et son fils étaient ligotés sur des chaises et la démone, armée d’une dague tailladait le torse et les bras de Lord von Bruner alors que Léopold sanglotait avec un regard terrifié. Il fallait agir sans plus tarder et surtout la détourner de ses victimes.
« Pourquoi tu ne viens pas plutôt t’amuser avec nous ? criais-je et Grunilda renchérit « Allez pétasse ! Viens voir de quoi les jouets sont capables ! »
La créature fit volteface et se précipita sur nous en hurlant, ses pieds ne touchaient pas le sol, c’était effroyable. Nous reculâmes pour qu’elle nous suive dans le couloir. Et là, Grunilda chargea, Lars vida ses pistolets dans son dos et que je lui envoyais une volée des fléchettes au visage. L’attaque fut violente et la surprit, elle cessa de voler mais ne s’effondra pas aussi vite que nous l’aurions souhaité. Avec sa pince, elle parvint à dévier l’attaque de notre naine. Je m’apprêtais à lancer une seconde volée et Lars pris son épée et fonça sur elle. Pendant ce temps, Klueber se glissa dans le bureau pour libérer le comte et son fils. En bas des escaliers un fracas nous prévint de l’arrivée de la garde certainement alertée par des voisins ou des serviteurs qui avaient pu s’enfuir. La démone avait plusieurs plaies d’où coulait un sang noirâtre, une odeur fétide de souffre flottait dans l’air je sentis autour de moi les exécrables vents de la magie corrompue, ils m’entouraient tel un tourbillon, masquant les courants enflammés d’Aqshy. Je fis un effort considérable pour ne pas perdre connaissance (ou pire) et riposter. Dans un épais brouillard, je distinguais la forme ignoble et je visais encore une fois la tête. Les traits fins jaillirent de mes mains, plus flamboyants que jamais, et cette vision me redonna courage la démone était en train de céder, les vents néfastes se dissipèrent. Les gardes arrivèrent dans à l’étage et vinrent nous aider à l’achever. En rendant son dernier souffle, elle perdit tout consistance et son corps s’effrita en quelques secondes, il n’y eut plus que des cendres. Nous nous regardâmes tous, nous demandant si nous n’avions pas rêver…
Les blessures de Lord Heissman était bien réelles, mais elles n’étaient pas très grave, la démone souhaitez le faire souffrir longtemps. Les gardes allèrent quérir un prêtre de Shallya. Pendant que nous attendions à ses côtés le comte nous raconta, que ce monstre avait surgi et que personne n’avait pu l’arrêter. Elle l’avait capturé et attaché puis avait fait venir Léopold qui était arrivé dans le bureau comme un somnambule et s’était lui-même attaché les pieds à la chaise puis les mains. Elle le manipulait comme une marionnette s’amusant beaucoup. Quand elle avait relâché sa domination le pauvre garçon avait failli tourner de l’œil. Lord Heissman lui avait demandé ce qu’elle voulait et pourquoi elle s’en prenait ainsi à eux. Elle avait répondu que leur ancêtre l’avait autrefois aimée, puis rejetée et enfermée dans un miroir, alors elle allait se venger sur les derniers mâles de cette lignée maudite.

Quand le prêtre de Shallya arriva nous prîmes congés. Nous étions épuisés. Pour ma part, j’avais une abominable migraine et je ne rêvais que de me laver pour me débarrasser de cette odeur de soufre. J’eus beaucoup de mal à m’endormir et le lendemain, quand un serviteur de Lord Rickard vint nous chercher j’étais encore à moitié endormie.
La maison des Von Aschafenberg était anormalement calme. Le comte nous attendait dans son bureau en compagnie de Lord Heissman, qui avait les traits tirés mais semblait plutôt bien remis ,et du père d’Esméralda, lord von Fenstermacher. Nous demandâmes des nouvelles de Léopold et de la jeune fille, ce qui fit visiblement plaisir aux deux pères. Tous deux se portaient aussi bien que l’on puisse l’espérer, au vu des circonstances.
Puis c’est Lord Rickard qui prit la parole. Les trois chefs de famille avaient décider de tout faire pour enterrer rapidement l’affaire, ils allaient acheter le silence de toutes les personnes blessées ou mêlées à cette histoire. Léopold serait envoyé à Altdorf dès qu’il irait mieux, Guthrie serait très vite promu, très loin d’Ubersreik et Maître von Karstadt avait aussi accepté d’éloigner Thomas pendant quelques temps. Sa décision ne s’était pas faite désirer car visiblement lui aussi commençait à trouver son fils bien remuant. Lord Rickard allait de son côté expédier son neveu Maximilien chez des parents à la campagne.
Toutefois, les jeunes hommes semblaient parfaitement guéris de leur folle passion pour Esméralda et ne parlaient même plus d’elle. Pour ce qui concernait la jeune fille justement, la solution était plus compliquée. Il fallait rapidement la marier sans que ni elle ni sa famille ne perdent la face. Les riches Lord Rickard et Lord Heissman s’occuperaient de lui constituer une dot correcte. Il ne restait plus qu’à lui trouver un époux. Les trois hommes se tournèrent vers Klueber. « Vous êtes un jeune homme, courageux et d’allure plutôt avenante. Songez que cette demoiselle est un excellent parti pour quelqu’un de votre rang. Vous pourriez entrer dans une famille honorable et devenir noble. Comme nous vous l’avons dit nous nous chargeons de la dot et vous n’aurez pas à vous en plaindre. Enfin, Esméralda est une jeune fille bien éduquée et au physique agréable. Croyez bien qu’il est des mariages arrangés bien moins plaisants ».
Klueber bredouilla, mais évidemment c’était une chance inestimable pour lui. Nous le savions tous et nous le pressâmes d’accepter, remerciant même à sa place les trois hommes de l’honneur qu’ils lui faisaient. Il finit par demander ce qu’en pensait Esméralda et si elle était d’accord elle aussi. Le père de la jeune fille répondit qu’en raison de ce qu’elle venait de vivre, il était un peu difficile pour elle de faire la fine bouche et elle en était consciente. Elle ne semblait toutefois pas trop désemparée par ce choix. Ils pourraient se rencontrer l’après-midi même et apprendre un peu à se connaître.

Le mariage sera célébré « dans l’intimité » d’ici deux jours. Inutile de prévoir une grande cérémonie et de faire encore de la publicité aux familles concernées. Les tourtereaux pourront passer encore quelques jours ensemble, puis nous devrons partir comme prévu vers Middenheim. Klueber aura bien le temps de revenir à Ubersreik retrouver sa jeune épouse quand nous aurons accompli notre mission.
Mais finalement, cette issue inattendue est plutôt heureuse pour Lord Klueber von Fenstermacher !
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Re: [CR] Warhammer V3->V2 - Balades en Reikland

Message par Lotin »

R.Alex a écrit : ven. avr. 14, 2017 11:01 am Je viens de voir que tu avais repris tes CR !

J'ai lu celui d'Edge of the Night. Vraiment un excellent compte rendu d'un excellent scénario ! Par contre à ma table il a bien failli être mortel pour le groupe. Trois à terre, et le seul survivant ne pouvait plus encaisser qu'une unique blessure avant de tomber.

Nous reprenons warhammer dans deux semaines, après un an d'interruption, et nous allons reprendre à ce moment précis. Du coup ton CR m'a bien remis dans le bain de ce scénario que j'avais vraiment apprécié.

Bon, je lis la suite maintenant :p
Merci pour la lecture et le commentaire :yes: , j'ai au moins deux lecteurs :lol: ! Heureux que ça puisse servir à quelqu'un.
Edge of the Night est un très bon scénario mais pas facile à maîtriser, vu la galerie de personnages et la tétrachiée d'évènements à animer.
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Re: [CR] Warhammer V3->V2 - Balades en Reikland

Message par R.Alex »

Et j'ai lu la suite de leurs aventures. C'est chouette de voir les mêmes scénarios joués par d'autres personnes. Surtout que celui là (Mirror of Desire) n'a absolument pas eu la même conclusion à ma table. Encore un chouette scénario à mon sens, qui a été perçu à ma table comme rafraichissant par son thème principal et complexe par sa dimension politique.

Pour Edge of the Night, y'a clairement une grosse performance de MJ à fournir pour l'animation de la soirée avec tous les PNJ. Mais franchement, il est bien écrit, et je ne me suis pas du tout trouvé perdu en le menant.

Tu enchaines sur quoi après Mirror of Desire ?
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Re: [CR] Warhammer V3->V2 - Balades en Reikland

Message par Lotin »

En suivant Mirror of Desire, ils sont remontés sur Middenheim pour l'acte 2 de The Enemy Within (avec le scénario du livre de base de la 2e édition intercalé, un groupe de réfugiés à escorter).
Faut que je mette à jour le premier post avec la suite des aventures jouées.

Pareil pour Edge, très bien écrit, et il est facile de se faire une aide de jeu pour s'aider.
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Re: [CR] Warhammer V3->V2 - Balades en Reikland

Message par R.Alex »

Du coup je vois que tu n'as pas fait jouer Winds of Change. Tu l'intègre dans ta campagne ou non ?
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Re: [CR] Warhammer V3->V2 - Balades en Reikland

Message par Lotin »

R.Alex a écrit : mar. avr. 18, 2017 3:09 pm Du coup je vois que tu n'as pas fait jouer Winds of Change. Tu l'intègre dans ta campagne ou non ?
Malheureusement non, c'était prévu sur le trajet Ubersreik -> Middenheim mais suite à l'annonce du départ avancé d'un couple de joueurs, je l'ai fait sauter. Et ma femme me le fait payer tous les jours ou presque ! Elle voulait jouer à Altdorf.
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Message par R.Alex »

Ah je peux comprendre. Mais bon, tu peux la rassurer en lui disant que le scénario est vraiment concentré sur un petit quartier pauvre de la ville, et qu'on ne se rend pas bien compte qu'on est à Altdorf.

Sinon, j'ai une question pour toi concernant l'ennemi intérieur. Je te demande ici, mais si tu ne veux pas que je squatte ton sujet, hésite pas à me répondre dans la section JDR.

Au niveau de l'ennemi intérieur, que penses-tu de la difficulté de l'opposition ? Il me semble que la campagne est prévue pour des aventuriers débutants (rang 1). Penses tu que des rangs supérieurs soient un problème, ou bien il suffirait d'augmenter le nombre d'ennemis dans les combats, ou leur force ?
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Re: [CR] Warhammer V3->V2 - Balades en Reikland

Message par Lotin »

R.Alex a écrit : mer. avr. 19, 2017 10:04 am Ah je peux comprendre. Mais bon, tu peux la rassurer en lui disant que le scénario est vraiment concentré sur un petit quartier pauvre de la ville, et qu'on ne se rend pas bien compte qu'on est à Altdorf.

Sinon, j'ai une question pour toi concernant l'ennemi intérieur. Je te demande ici, mais si tu ne veux pas que je squatte ton sujet, hésite pas à me répondre dans la section JDR.

Au niveau de l'ennemi intérieur, que penses-tu de la difficulté de l'opposition ? Il me semble que la campagne est prévue pour des aventuriers débutants (rang 1). Penses tu que des rangs supérieurs soient un problème, ou bien il suffirait d'augmenter le nombre d'ennemis dans les combats, ou leur force ?
La difficulté de la campagne est assez variable sur le papier, et, pour compliquer le tout, cela va fortement dépendre de ton groupe (si t'as un Brisefer par exemple c'est plus tout à fait la même). Par exemple, la rencontre avec les skavens dans les égouts d'Averheim a été très très chaude (mais je les ai joué comme des vrais skavens, embuscade, tactique de rats, etc.) alors que celle avec les bandits en allant chez la noble cliente (je spoile pas trop) est triviale sur le papier (j'ai du dopper le groupe de bandits : des militaires de l'averland déserteurs avec un mage améthyste (de faible niveau mais qui a un arsenal bien pénible). Le demi-griffon dans le labyrinthe végétal peut-être très compliqué aussi surtout si le groupe se sépare ou s'il doit protéger l'un des convives. Je ne sais pas trop ce que donne l'investigation dans les milieux interlopes d'Averheim, mes joueurs n'avaient pas de quoi investiguer ce pan de l'acte. En comparaison, l'acte II est assez tranquille niveau combat, il y avait tout pour développer une intrigue urbaine et plonger les personnages dans une confrontation avec des cultes du chaos (au mj de dvper). L'acte III peut-être assez létal, les révélations sont faites et la dernière partie dans la Cathédrale tourne au combat épique et très très difficile ! Mais, ce n'est rien en comparaison de l'épilogue optionnel qui est extrêmement bourrin (je suis partisan de l'aménager lourdement pour le faire coller aux actes du groupe dans les actes précédents, il y a de quoi).

Le premier acte est faisable avec des personnages débutants s'ils préparent bien leurs confrontations (mais les rencontres peuvent rapidement mal tournées pour le groupe). Le troisième et l'épilogue sont clairement destinés à un groupe expérimenté tellement l'opposition y est forte.
De toutes façons, pour moi, et pour qu'elle prenne toute sa saveur (et par souci de cohérence aussi) il faut la diluer, cela permet d'armer les personnages pour la fin. A l'inverse, si le groupe est déjà expérimenté, doper l'opposition se fait très facilement et sans incohérence.

Voilà une réponse rapide.
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Re: [CR] Warhammer V3->V2 - Balades en Reikland

Message par Lotin »

Première partie du récit de voyage entre Ubersreik et Middenheim, avec introduction du scénario issu du livre de base de la 2e édition(En passant par la Drakwald).
Spoiler:
JOURNAL DE H. VAN BAUMER
Forêt de la Drakwald, le 5 Nachgeheim 2521

Mon maître est mort. Par Verena, qu’il est difficile d’écrire ces mots. Voilà plusieurs jours que je l’ai appris, et pourtant, ce n’est que ce soir, alors que nous sommes perdus au milieu de cette sinistre forêt, peut-être encerclés par des hommes-bêtes et sur le point d’être attaqués, que je trouve la force de le consigner dans mon journal.
Je me sens tellement abattue…

J’ai appris l’affreuse nouvelle lors de notre passage à Altdorf. Nous avons quitté Ubersreik le 15 vorgeheim en direction de Middenheim, à bord de la calèche de la Flèche Rouge que le Graf von Kaufmann a mis à notre disposition avec un de ses meilleurs cochers, Werner. Nous voyageons désormais avec Eckhard von Bruner, rejeton d’une branche cadette de la famille de Lord Heissman et mage du Collège Améthyste. C’est un très grand garçon taciturne, avec des manies singulières. Mais ses sorts, bien que très inquiétants, sont terriblement efficaces.
Le voyage jusqu’à la capitale s’est déroulé sans évènement particulier, mais nous sommes arrivés complètement éreintés et nous avons décidé de prendre un jour ou deux de repos avant de repartir. J’en ai profité pour me rendre au collège. J’avais à peine franchi le lourd portail et pas encore atteint ma chambre qu’on venait me chercher pour me conduire au patriarche de notre ordre. C’est la première fois que je le rencontrais en privé. J’étais très impressionnée. Il m’accueillit dans un grand bureau de sa tour privée. Dans une immense cheminée brulait un feu éclatant. Il faisait très chaud, mais cela ne me dérangeait pas. Il me proposa du thé. C’était un breuvage très amer qu’il me regarda boire en silence. Puis il me demanda de lui raconter tout ce que j’avais fait depuis mon départ. Je n’avais pas l’intention de lui mentir, ni d’omettre quoi que ce soit d’important, mais je lui révélais absolument tout, dans le moindre détail, même certaines choses que j’avais presque oubliées et qui me semblaient insignifiantes.
Je crois que le thé…
Cela prit des heures et, pendant tout ce temps, lui ne dit presque rien, se contentant de me regarder ou de fixer un livre sur une étagère, le regard perdu dans ses pensées. Ensuite, il me demanda de lui montrer mes cicatrices au bras et dans le dos. Je m’exécutais bien sûr. Il les examina toujours sans un mot et il me demanda de m’asseoir.
Alors il m’apprit que mon cher maître était tombé dans une embuscade, avec le bataillon qu’il accompagnait en Ostland. Cela avait été un vrai massacre et il n’y avait aucun survivant. Il ajouta cependant que les soldats qui avaient découvert les corps de nos braves avaient aussi compté presque autant de cadavres d’orcs et noté que beaucoup étaient carbonisés. « C’était un homme courageux, tâchez de vous souvenir de cela. Et il a vendu chèrement sa peau ». Comme j’éclatais en sanglots, incapable de me contrôler, il s’approcha de moi et posa sa main sur mon épaule. « De nombreux mages flamboyants sont tombés, d’autres tomberont encore. C’est notre lot, à chaque guerre. Nous devons être fiers d’eux et lutter encore contre cette engeance. Pour l’Empereur et pour l’Empire ! » Il se rassit, resta silencieux un long moment puis il reprit : « Vous allez poursuivre vos missions ; elles peuvent avoir une importance considérable pour l’issue de ce conflit. Vous avez ma bénédiction. Pourchassez nos ennemis quels qu’ils soient et où qu’ils se trouvent. Soyez sans pitié. Quand vous aurez fini, vous reviendrez. Si c’est nécessaire, alors, nous continuerons à nous battre, si la victoire nous a souri nous aurons besoin de tous les mages flamboyants pour relever notre ordre ».

J’ai rejoint mes compagnons le lendemain et nous avons repris la route.
Tout au long de notre voyage, des nouvelles ou plutôt des rumeurs nous parvenaient du front en discutant avec les voyageurs, les colporteurs et les caravanes de marchands. Au départ, elles étaient plutôt encourageantes. L’entrée en guerre de notre Empereur et l’intense mobilisation des troupes de tout l’Empire apparaissaient comme le prélude à une victoire rapide et écrasante :

« Cette guerre dans le Nord se terminera avant la fin de l’hiver, croyez-moi. L’Empereur va les massacrer et les pousser au cul pour qu’ils rentrent chez eux. Personne ne peut résister à Karl Franz et son griffon, Griffe de Mort. J’ai vu cette bête un jour à Altdorf vous savez, et c’est une créature terrible ! Je suis heureux qu’elle soit de notre côté ».

« Les armées de l’Empereur ont été rejointes par celles de Middenheim dans le Talabecland. Il y avait même une troupe complète de Chevaliers du Loup Blanc. Je crois même que Ar-Ulric y était et qu’ils feront face à l’ennemi dans peu de temps.
C’est la plus grande armée que l’Empire ait rassemblée depuis la 3e bataille du Col du Feu Noir. »

Toutefois, comme nous avancions à travers les forêts du Middenland, les nouvelles devinrent plus inquiétantes.
« Les hommes bêtes agissent bizarrement dans les bois en ce moment. J’ai un cousin qui m’a raconté qu’alors qu’il faisait du charbon en dehors de son village, il a vu un paquet de ces créatures se déplacer vers le nord. Il s’est vu mort mais ils ne l’ont même pas regardé. Il en a des cheveux blancs maintenant. »

Dans chaque relais, dans les petits villages et dans les bourgs, les gens semblaient moins optimistes. Les nouvelles de l’Ostland notamment étaient préoccupantes. Wolfenburg, que nous savions déjà assiégée, serait tombée. Et il n’était pas sûr que l’Empereur puisse y arriver à temps !

« Vous avez entendu ce qui est arrivé à l’armée de l’Ostland ? Il se sont fait attaquer par surprise. Ils ont dû être trahis par quelqu’un de l’intérieur. Je vous dis que ça arrivera encore. Les suivants des puissances du chaos sont fourbes. Qu’Ulric nous protège tous ! »

Des échos nous parvinrent également des exploits des troupes de l’Averland et nous crûmes identifier certaines de nos connaissances.

« Ce qui est vraiment surprenant, si l’on considère que les Averlanders n’ont même pas de Comte Electeur, c’est de voir qu’ils paient leur tribut à l’effort de guerre avec honneur. J’ai entendu dire que leur Capitaine connaissait bien son affaire ».

« Les Collèges de magie ont envoyé des dizaines de magiciens avec les armées de l’Empereur. J’ai même vu un wagon grotesque couvert de bidules et de babioles magiques, enfin je crois. Ce wagon était mené par les sorciers Averlanders dans des robes blanches ».

En approchant de la sombre Drakwald et dès les premières lieues sous ses hautes frondaisons, les ouï-dire sur les hommes bêtes devinrent plus fréquents, plus précis aussi. Les rares voyageurs que nous croisions parlaient de troupes de d’hommes boucs cornus, et d’autres immondes créatures ; tout ce que les bois renfermaient de monstrueux semblait s’être mis en branle et converger vers le nord-est. On nous recommanda souvent de ne pas nous écarter de la route principale. Les nouvelles du nord étaient plus mauvaises les unes que les autres. Après l’Ostland, c’étaient le Nordland qui se retrouvait mis à feu et à sang. Le bruit courut que l’armée de l’Empereur s’était faite attaquer par surprise. Un tel revers n’était imaginable que s’ils avaient été trahis par quelqu’un de l’intérieur. La rumeur de la mort de notre Empereur se répandit même à un moment.
Avant-hier soir, nous fîmes un arrêt dans une auberge que je serais bien en mal de localiser exactement. L’aubergiste nous expliqua n’avoir que de la soupe de lentilles à nous proposer. Le gibier se faisait rare : les chasseurs avaient de plus en plus peur de s’aventurer dans les bois et d’ailleurs ils y trouvaient toujours moins de bêtes à chasser car les hommes-bêtes étaient plus nombreux et plus voraces que jamais. L’aubergiste ajouta cependant que les difficultés d’approvisionnement l’inquiétaient moins que l’extraordinaire baisse de fréquentation qui l’impactait plus directement.
Après nous être rafraîchis dans nos chambres, nous descendîmes pour le repas. C’était agréable de ne pas passer la nuit à la belle étoile et de pouvoir dormir dans un lit confortable. Mes compagnons étaient plutôt d’humeur joyeuse ce jour-là. Grunilda arriva les bras chargés de choppes de bière ; ce doit être un talent inné chez les nains que de porter autant de verres, avec des bras aussi courts et sans en verser une goutte à terre. Elle nous houspilla, Eckhard et moi : « Eh bien ! souriez-un peu ! vous faites quoi ? un concours, à celui qui parlera le moins ? »
Plusieurs hommes entrèrent alors, un marchand et ses gardes du corps. Ils revenaient de Middenheim et avaient des informations plus récentes que celles que nous avions entendues ces derniers jours. L’armée de l’Empereur avait subi l’embuscade d’une horde d’hommes bêtes.
L’Empereur avait été désarçonné de son griffon et blessé par une sombre magie. Une troupe de soldats averlanders avec à leur tête un grand ours de capitaine et un mage blanc s’étaient précipités à ses côtés pour le soutenir et le défendre. Il a ensuite été évacué dans une diligence : « Tiens, exactement comme la vôtre, de la Flèche Rouge ! Vous êtes de l’Averland, hein ? La prochaine tournée est pour moi ! C’est aux vôtres qu’on leur doit la vie de l’Empereur ».
Karl Franz avait été reconduit à Altdorf, pour y être soigné et le Reiksmarshal Kurt Helborg avait pris le commandement des troupes. La situation est grave mais pas sans espoir. La Reiksguard avait tenu bon face à l’assaut des hommes bêtes et de nouveaux renforts étaient en route. Il ajouta que perdre l’Empereur au front était un coup dur mais Helborg avaient une excellente réputation, c’était un bon général et il avait une armée puissante sous son commandement.
Je n’étais pas sûre de partager son enthousiasme ; pour ma part la situation paraissait très inquiétante. Et surtout, que l’Empereur ait pu être aussi facilement atteint était à peine concevable. J’avais hâte d’arriver à Middenheim et de pouvoir enfin me rendre utile ; ce voyage semblait ne jamais devoir finir…

Nous sommes repartis tôt, hier matin et nous avons voyager toute la journée. Les heures s’étiraient lentement. Aucun changement dans le paysage monotone de cette grande forêt Nous n’avions croisé qu’une ou deux calèches.
Comme le jour commençait à décliner, nous n’avions atteint aucun relais et la perspective de dormir à la belle étoile ne nous enchantait guère ; l’été approchant de sa fin, les nuits étaient plus fraîches et après une journée en calèche, à subir secousses et soubresauts, dormir à même le sol ne permettait guère de récupérer.
Nous arrivâmes à un croisement sans indication ; la route ne semblait pas mieux entretenue d’un côté que de l’autre. Werner hésita, demanda notre avis… nous choisîmes au hasard la voie qui paraissait prendre la direction du nord-est et donc de Middenheim. Le chemin s’enfonçait toujours plus dans la forêt et heureusement à la tombée de la nuit des fumées au loin nous rassurèrent. Et Werner força l’allure.
Nous arrivâmes dans un village silencieux. Plusieurs maisons avaient brûlé, d’autres avaient des portes défoncées. Il ne semblait pas y avoir âme qui vive. Nous descendîmes pour inspecter les alentours, restant groupés et les armes à la main. Nous finîmes par percevoir une faible odeur désagréable, mélange de chair brulée, de charogne et de fauve puis des formes allongées attirèrent notre attention : des cadavres ! Il y en avait des dizaines, plus ou moins regroupés par tas, beaucoup d’hommes et quelques créatures immondes à corps humanoïdes et à têtes de boucs ou de taureaux.
Un lourd silence pesait sur nous, toutefois, j’avais la désagréable sensation que quelqu’un nous observait et les mines anxieuses de mes compagnons indiquaient qu’ils n’étaient pas plus sereins. Nous commençâmes à nous rediriger vers le coche quand nous vîmes sortis de l’ombre plusieurs silhouettes menaçantes. Nous étions encerclés. Werner s’élança vers nous, tandis que Lars fit feu avec ses pistolets, Klueber se mit à tirer des carreaux d’arbalète et Eckhard et moi des fléchettes magiques, nous parvînmes à les tenir à distance. La calèche fut à notre hauteur en un clin d’œil et Werner ralentit pour nous laisser monter à bord. Eckhard et moi nous accrochâmes à l’arrière pour continuer de leur envoyer des fléchettes ; j’entendais les détonations des tirs de Lars et de Werner qui avait sorti son tromblon. Nous eûmes de la chance car ces abominations n’étaient pas très nombreuses (une vingtaine tout au plus), elles avaient été surprises par la violence de notre réaction et n’attaquèrent pas franchement. Elles ne nous poursuivirent pas non plus, ce qui m’étonna un peu sur le moment.
Nous traversâmes le village dévasté jusqu’à un pont branlant. Je crus qu’il allait s’effondrer sous notre attelage ; mais il tint bon. J’entendis Lars et Werner hurler d’ouvrir… ouvrir quoi ? Avant que je comprenne, nous franchissions une porte faite de bric et de broc et nous nous retrouvions entourés de dizaines de visages hagards, mais bien humains, dans un village en bon état, sans traces de bataille. C’était irréel.
Werner s’arrêta et nous descendîmes. Un homme s’approcha et nous expliqua être le bourgmestre du lieu. Son village avait été attaqué il y avait quelques jours à peine par une troupe d’hommes-bêtes. La moitié des habitants avait réussi à se réfugier de ce côté de la rivière et à tenir le pont quelques heures. C’est là qu’un miracle se produisit : un groupe de soldats passa par là et vint leur prêter main forte. C’est ainsi qu’ils réussirent à s’en sortir. Mais dans la journée, après avoir inspecté les alentours et n’avoir rien trouvé de suspect, les soldats avaient repris leur route vers Middenheim. Ils furent d’autant plus troublés quand nous leur dîmes que nous avions pourtant croisé quelques créatures.

Les villageois nous offrirent de partager leur repas. Ils n’avaient plus beaucoup de vivres, mais tenaient à faire preuve de leur hospitalité. Tous avaient l’air épuisé. Il s’agissait essentiellement de femmes d’enfants et de personnes âgées car les hommes les plus forts étaient restés en arrière pour protéger la fuite des autres pendant l’attaque.
Ce qu’il restait du village était protégé par une palissade de bois qui avait été renforcée à la hâte, et la rivière doublait cette protection sur plus de la moitié du pourtour. Des tours de garde étaient organisés et nous souhaitâmes évidemment y prendre part.
Au milieu de la nuit, alors que Klueber et moi venions de prendre notre quart dans une des tours avec Klueber, un petit groupe de cinq ou six hommes et femmes s’approcha d’une des portes. Ils étaient guidés par un robuste forestier prénommé Hans. Que les villageois reconnurent aussitôt. Ceux qui l’accompagnaient étaient en piteux état ; c’était les seuls survivants de l’attaque d’un hameau, plusieurs étaient blessés et le bourgmestre, réveillé en urgence, les envoya chez Granny, la vieille rebouteuse pour qu’elle les soigne.
Hans demanda à boire et à manger, puis il nous parla d’une horde de plusieurs centaines d’hommes-bêtes qu’il avait aperçu et qui avançait dans la direction du village. Selon lui, il y avait même de fortes chances qu’ils arrivent dès le lendemain et il fallait fuir aussi vite que possible. Nous n’étions qu’à quelques jours de marche de Middenheim d’après lui et si nous partions dès l’aube nous pouvions encore espérer leur échapper. Il était en effet peu probable que ces créatures prennent la même direction, il y avait fort à parier qu’au contraire ils s’écarteraient pour contourner largement la cité.
En quelques minutes, ce fut le branlebas dans tout le village, les rares affaires furent chargées sur des carioles, des charrettes à bras, tout ce qui pouvait rouler ou être attelé. Dans un des chariots, on mit Granny et tous les petits orphelins qu’elle avait récupérés sous son aile. On embarqua autant de vivres que possible, on mangea de bonnes rations et le reste fut détruit. Avant de partir, nous décidâmes d’abattre le pont, pour les ralentir au cas où… Hans, Werner, Lars et Klueber commencèrent par scier les piliers déjà en mauvais état et il fut décidé que j’enflammerais le tout au moment de notre départ. Mes feux peuvent brûler plusieurs jours et au regard de la configuration du lieu, il n’y avait pas de risque qu’ils s’étendent à la forêt alentour. Le soleil pointait à peine à l’horizon quand notre cortège s’ébranla.

Toute la journée, nous avons avancé lentement ; nous avions céder nos places dans la calèche à des villageois âgés et quelques gamins s’étaient même installés sur le toit, au milieu des malles. Je faisais partie de ceux qui fermaient la marche et surveillaient nos arrières avec Grunilda et Eckhard, Klueber était avec Werner tandis qu’à l’avant Hans et Lars jouaient les éclaireurs et nous devançaient de peu. Nous ne nous autorisâmes qu’une halte pour manger et elle fut très rapide. C’était très difficile car la plupart de ces pauvres gens étaient épuisés.

Peu avant la tombée de la nuit, nous avons débouché dans cette petite clairière. Les chariots ont été disposés en cercle et nous avons inspecté les alentours. Ce n’est pas encore mon tour de garde, je me sens éreintée, mais je n’arrive pas à dormir. J’ai adressé quelques prières à Verena, comme je le faisais quand j’étais enfant et à Morr, pour le repos de l’âme de mon cher maître. Mais cela ne m’a pas apporté le réconfort que j’espérais.
Pour l’instant, heureusement, tout est calme. C’est la seule chose un peu rassurante car si nous devions faire face au moindre péril, je ne donnerais pas cher de notre peau.





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Re: [CR] Warhammer V3->V2 - Balades en Reikland

Message par R.Alex »

Sympathique compte rendu, comme d'hab. Merci à toi et ton rédacteur ;)

Et merci pour ta réponse sur l'opposition de l'ennemi intérieur. Ma table sera probablement quelque part entre le rang 4 et le rang 5 quand nous l'entamerons, je gonflerai donc la puissance de l'opposition en conséquence.
Rejoignez la Résistance !
Sable&Soleil en pdf ou sur lulu, Cthulhu Blanc, un lanceur de dés en ligne qui permet de partager les résultats pour Warhammer 3 et Star Wars FFG, tout ça sur mon petit coin d'internet.
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Re: [CR] Warhammer V3->V2 - Balades en Reikland

Message par Lotin »

R.Alex a écrit : lun. avr. 24, 2017 2:59 pm Sympathique compte rendu, comme d'hab. Merci à toi et ton rédacteur ;)

Et merci pour ta réponse sur l'opposition de l'ennemi intérieur. Ma table sera probablement quelque part entre le rang 4 et le rang 5 quand nous l'entamerons, je gonflerai donc la puissance de l'opposition en conséquence.
Merci à elle, ça la motive de savoir qu'au moins quelques personnes lisent ses CR car ça lui prend beaucoup de temps.

Pour l'Epilogue optionnel, si tu le fais jouer by the book ça devrait ne pas trop poser de problème, et même être épique.
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Re: [CR] Warhammer V3->V2 - Balades en Reikland

Message par R.Alex »

La lecture de ces CR me permet de contenir ma frustration de ne pas jouer tous les jours ^^

Pour l'épilogue, je pense que je le ferai jouer effectivement. Histoire de ne pas leur donner l'impression que tout est trop facile.
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Re: [CR] Warhammer V3->V2 - Balades en Reikland

Message par Lotin »

Suite et fin du trajet jusqu'à Middenheim, En passant par la Drakwald :
Spoiler:
JOURNAL DE H. VAN BAUMER
Middenheim, le 10 Nachgeheim 2521

A notre grand soulagement, nous avons atteint Middenheim en milieu de journée après plusieurs jours d’une marche éreintante dans la sinistre forêt de la Drakwald ; cette pénible traversée nous laissera certainement un souvenir amer.

J’avais arrêté mon récit à notre première nuit et je n’ai guère trouvé le temps de le continuer avant ce soir.
Nous repartîmes dès que le jour pointa à l’horizon. Il était risqué de rester trop longtemps au même endroit. Pour échapper à la troupe d’hommes-bêtes qui avançait plus ou moins dans la même direction que nous et nous empêchait de retourner vers la route principale, nous espérions nous approcher aussi vite que possible de la capitale de la province. Hans le forestier connaissait bien la région et se chargeait de nous guider sur les chemins les plus sûr qu’il connaissait, évitant autant que possible les zones connues pour servir de refuge aux hommes-bêtes. Mais les villageois étaient majoritairement des femmes, des enfants et des vieillards de surcroit tous affaiblis par plusieurs jours de siège dans leur village, à dormir et à manger peu.
Nous étions donc dangereusement lents.

Nous avions repris la même organisation que la veille avec deux éclaireurs (Hans et Lars) tandis que Grunilda, Eckhard et moi fermions le cortège. Dans la matinée, nous arrivâmes à proximité d’un village. Nos nouveaux compagnons connaissaient bien le lieu et ses habitants ; comme souvent dans ce cas, ils entretenaient de fructueux échanges et partageaient des fêtes autant que des bagarres de jeunes et diverses rivalités ; mais en cas de difficulté la solidarité devait l’emporter. Pourtant comme nous approchions Hans et Lars revinrent vers nous. Ils étaient blancs comme des linges. Tout avait été dévasté et n’était plus que désolation. Inutile d’infliger ça à des personnes déjà fragilisées, il valait mieux contourner cet endroit. Ce n’était malheureusement que le premier d’une longue série. Les peaux vertes, les abominations et les forces du chaos avaient semé partout la mort et transformé la région en champ de ruine. Nous avons appris en arrivant à Middenheim que le comte-électeur Boris Todbringer s’est vu confier le commandement de l’arrière-garde de la Grande Armée impériale pour nettoyer la Drakwald ; il est à craindre, hélas, que dans bien des cas il n’arrive trop tard. Même si, par la volonté de Sigmar et le sacrifice de nos combattants, nous en sortons victorieux, toute cette partie de la province, comme l’Ostland et le Nordland mettront des années à s’en relever…

Le reste de la deuxième journée de notre périple se déroula sans incident remarquable. Nous voyagions sur de petits chemins caillouteux dont le mauvais état nous ralentissait. L’immense forêt de bouleaux s’étendait à perte de vue, nous cernant de toutes parts. C’était inquiétant de ne pas avoir une vue dégagée sur notre environnement et cela nous rendait tous nerveux. Les paroles échangées étaient rares, même les petits orphelins de Granny se tenaient extraordinairement tranquilles.

Malgré la fatigue, ce n’est que lorsque la nuit tomba que nous nous arrêtâmes. Comme le soir précédent, une petite clairière nous accueillit. Après avoir inspecté les parages, nous mangeâmes rapidement autour du feu et la plupart des villageois partirent dormir tandis que les plus valides d’entre nous organisaient les tours de garde. Comme d’habitude j’avais choisi de veiller plutôt en fin de nuit après un court repos. Malheureusement je ne pus pas en profiter longtemps car Klueber vint me réveiller peu après minuit. Il avait entendu les orphelins pleurer dans la roulotte de Granny et en s’approchant n’avait pas trouvé la vieille femme.
Nous partîmes donc à sa recherche ; Lars réussit à trouver sa piste à partir de la roulotte, s’enfonçant dans les bois. Nous progressions aussi discrètement que possible quand nous l’aperçûmes, à la lumière de la lune, en train de cueillir des plantes dans une petite clairière. Mais elle n’était pas seule. Deux silhouettes longilignes et encapuchonnées glissaient vers elle, avec des gestes anormalement rapides et parfaitement silencieux, l’arc baissé mais la flèche encochée et prête à jaillir. Des elfes ! Probablement de cette race qui vit retirée dans les bois… Elle, le nez rivé au sol, ne les avait pas remarqués. Il fallut retenir Grunilda. Nous préférâmes avancer en levant les mains en nous signalant par un appel aussi calme que possible. Il n’était pas certain que ces êtres connaissent notre langue et il ne fallait pas les alarmer. Ils nous virent et en un clin d’œil l’un saisissait une dague et la glissait sous la gorge de Granny tandis que l’autre sembla disparaître et se rematérialiser juste à côté de nous, nous menaçant de son arc. Cette agilité était impressionnante. Nous levâmes plus haut nos mains et expliquâmes que nous ne cherchions pas la bagarre, que nous fuyons devant des hommes-bêtes et que nous souhaitions juste traverser la forêt en paix. Avec une voix sifflante, celui qui était le plus proche de nous répondit que Granny était un homme-bête ou une sorcière, qu’ils l’avaient vu s’éloigner de notre campement et l’avait suivie ; elle avait une attitude bizarre et sa façon de se déplacer, comme un animal, les avait troublés. Nous étions surpris de cette méprise, car Granny ressemblait juste à une petite vieille, rabougrie et tremblante. Nous les suppliâmes de la lâcher expliquant que c’était une personne âgée et inoffensive.
- Et que faisait-elle ici ? continua-t-il ; ses petits yeux perçants n’exprimaient que son irritation.
- Elle pourrait certainement répondre elle-même si nous consentiez à la
lâcher… C’est une vieille femme, que pourrait-elle faire ? »
L’autre desserra son étreinte.
- Je n’avais plus d’herbes bleues pour mes décoctions et j’en ai besoin … ça soulage les vieux du village et c’est bon pour les rhumatismes. Ce voyage est dur pour eux.
En l’entendant parler, avec un langage articulé, bien différent des grognements des hommes-bêtes, ils semblèrent se détendre un peu.
- S’il vous plaît, laissez-la partir, nous allons rentrer à notre campement et dès le lever du soleil nous reprendrons notre marche. Nous ne sommes que des réfugiés, il y a des enfants, des femmes, des vieux. Nous ne cherchons qu’à fuir les hordes d’hommes-bêtes qui infestent la forêt. Vous les avez certainement vus ». Ils ne cillèrent pas, n’eurent pas l’air surpris le moins du monde. Bien sûr qu’ils savaient que les hommes-bêtes arrivaient. Ils se replièrent en un éclair de l’autre côté de la clairière.
- Qu’il en soit ainsi. Rejoignez vos semblables et ne vous éternisez pas demain matin ou nous serons moins indulgents. Quant à elle, nous ne lui faisons pas confiance ; qu’elle laisse les plantes et qu’elle retourne avec vous, mais si nous la recroisons comme ce soir, en train de manigancer, elle mourra. Nous vous surveillons.
Comme nous articulions un merci, ils s’éclipsèrent dans la futaie. Nous prîmes Granny par le bras, vidant ostensiblement son sac plein d’herbes, malgré ses lamentations, nous l’emmenâmes de force avec nous.
Après l’avertissement des elfes, nous eûmes tôt fait de lever le camp dès l’aube. Le matin fut tranquille, mais dans l’après-midi, en arrivant à un croisement les pisteurs tombèrent sur les restes d’un petit convoi qui avait subi une attaque. Cette fois, aucun moyen de contourner la scène, il fallait même dégager la route pour pouvoir passer. Notre caravane s’arrêta et seuls les plus vaillants d’entre nous avancèrent. Granny aussi tint à nous accompagner ainsi que le père Dietrich, le prêtre de Sigmar officiant au village. Une quinzaine de cadavres, hommes et femmes assez richement vêtus, gisaient, encore hérissés de flèches. En approchant, Eckhard pu déterminer que leur mort remontait à plusieurs jours. Quant aux flèches grossières et empennées de noir, elles étaient clairement de facture gobeline. Ces bois sont réputés pour abriter quelques tribus de peaux-vertes, ce genre de malheur était hélas bien commun. Dans les deux chariots éventrés nous ne trouvâmes rien, tout avait été pillé.
Nous décidâmes de prendre le temps d’enterrer aussi dignement que possible ces malheureux voyageurs. Comme nous commencions à entasser les corps sur le bord de la route, le père Dietrich poussa un cri qui fut suivit d’un bruit sourd et d’un hurlement de douleur. Nous nous précipitâmes mais il était déjà trop tard, le pauvre homme était tombé dans un piège, certainement construit par les gobelins, une grande fosse et s’était empalé sur des pieux plantés dans le sol. Il n’était pas mort mais agonisant, tendant la main dans laquelle il tenait un petit objet. « La sainte relique m’accompagne dans la mort, mais s’il vous plait ne la laissez pas ici… terre maudite… Ramenez là au temple de Sigmar à Middenheim. » Nous eûmes à peine le temps de promettre avant qu’il ne rende son dernier souffle. Grunilda descendit dans la fosse et récupéra la relique. Puis elle abattit les pieux. D’autres descendirent pour l’aider à enlever le corps du prêtre. Nous pûmes alors réutiliser la fosse pour enterrer les autres corps. La relique est un petit portrait de Sigmar, dans un cadre en or et en fer ; il ressemble aux productions des artistes nains et à l’air très ancien. Grunilda se fit un devoir de le garder.

Cela nous avait pris beaucoup de temps de faire tout cela. Nous retournâmes vers le carrefour et le bourgmestre alla prévenir les villageois que nous allions repartir. Granny se tenait devant un panneau à l’embranchement. Je remarquais qu’un énorme corbeau était posé sur le panneau qui indiquait « Fahndorf ». La vieille femme était figée et avait l’air inquiète nous lui demandâmes si ça allait. « Fahndorf … c’est là que je suis née. C’est là que mon père est mort ». Nous approchâmes lentement et l’incitâmes à en raconter plus, ce qu’elle fit sans hésiter : « Il a été tué par les soldats du premier Graf Sternhauer. C’était un homme bon et innocent de tout crime. Son seul tort a été de cacher de la nourriture lors de l’inspection du régisseur. Il ne voulait pas nous voir mourir de faim l’hiver venu. Ils l’ont brûlé vif, pour faire un exemple… Maudits nobles ! comme si la vie n’était déjà pas assez difficile sans qu’ils viennent poser leurs bottes sur nos gorges ! »
Sternhauer, ce nom ne me disait rien, les Todbringer dirigeaient Middenheim depuis plusieurs générations à ce que je savais… Je lui demandais quand cela s’était passé et quel âge elle avait alors. Elle se tourna vers moi, avec un triste sourire : « j’ai arrêté de compter il y a bien longtemps » dit-elle en retournant vers le cortège et ses petits orphelins qui l’appelaient.

Le soir arriva très vite. Nous approchions d’un village et nous souhaitions l’atteindre dans l’espoir d’y trouver de l’aide et d’y passer la nuit. Hélas, encore une fois, ce furent des ruines qui nous attendaient, aussi nous préférâmes nous installer à l’extérieur. Comme les autres soirs, il fallut inspecter les alentours. Nous explorâmes le village à la recherche de vivres. Ici encore tout n’était que mort et désolation. L’odeur de la mort était présente partout, mais nous ne trouvâmes que quelques cadavres mutilés d’hommes et de bétail, en grande partie dévorés. En fouillant une grange, nous entendîmes des bruits étouffés et comme nous appelions, plusieurs têtes ébouriffées et hagardes de femmes de tous âges émergèrent de derrière les meules de foin. Elles étaient une dizaine à avoir survécu, cachées dans une cave ; elles nous racontèrent l’attaque du village par les forces du Chaos, les cris, les flammes, l’horreur puis le silence. Elles avaient attendu longtemps avant d’oser ressortir, seulement la veille.
Nous les ramenâmes avec nous.

Tout le monde était épuisé et abattu. Même Granny qui jusque-là essayait de faire preuve de bonne humeur pour rassurer les enfants était très silencieuse ce soir. Après que les tours de garde aient été organisés je partis me coucher tôt. Ce sont des pleurs d’enfants qui me réveillèrent (comme le reste du campement d’ailleurs). Plusieurs personnes, épuisées, crièrent à Granny de les faire taire, mais rien ne se passa. Je me levais pour aller voir ce qu’il se passait et je retrouvais mes compagnons, le bourgmestre et Hans autour de la cariole. Il n’y avait que les enfants que nous eûmes toutes les peines du monde à calmer. Ils disaient que Granny était partie, alors que ceux qui montaient la garde n’avait rien vu. Un des enfants nous dit qu’il avait rêvé d’un grand corbeau noir dans la cariole.
Nous inspectâmes les abords, mais ne pûmes déceler aucune trace. Nous décidâmes alors de fouiller les affaires de Granny. Il y avait plusieurs sacs avec de vieux habits, d’autres avec des plantes séchées, divers petits talismans, des creusets et des flacons qu’elle utilisait pour ses potions. Puis nous tombâmes sur un très vieux livre à la couverture décrépie et qui sentait la poussière. Les pages étaient très fragiles et risquaient de s’effriter si on le manipulait trop vivement. Eckhard se chargea de le lire tandis que je tentais de repérer des traces de magie car tout portait à croire que Granny n’était pas tout à fait inoffensive. Je n’eus aucun mal à percevoir une trace semblable à une traînée s’élevant vers le ciel et se dirigeant vers la route par laquelle nous étions arrivés. Ce n’était pas le fruit d’un vent de magie que je connaissais. Ce n’était pas non plus une magie du Chaos en tout cas pas une de celles auxquelles nous avions été confrontés jusque-là. Eckhard s’approcha de moi avec une mine décomposée. Il m’attira un peu à l’écart et me chuchota à l’oreille « je ne crois pas que ce soit une magie très … recommandable ». Il y avait un seul sort, ou plutôt un long rituel, dans le grimoire, cela avait l’air très compliqué et était décrit avec des termes obscurs. Le mot « vengeance » revenait très régulièrement.

Il nous sembla assez évident que Granny était retournée à Fahndorf et nous décidâmes d’aller la chercher. Dans le noir, il fut plus difficile de reprendre la route et de retrouver le croisement. Cela nous prit bien deux heures. Le village de Fahndorf se trouvait à quelques centaines de pas. Du village ne restaient que des ruines envahies par la végétation. Toutefois, dans une zone dégagée nous repérâmes vite un très grand feu. En approchant, nous vîmes de sombres silhouettes animales qui rodaient autour du feu et Granny qui se tenait devant le brasier, jetant des choses à l’intérieur et chantant dans une langue qu’Eckhard et moi reconnûmes facilement : du Magick, du moins une forme antique. Soudain le feu se mit à changer de couleur, virant au rouge, puis au bleu, puis au vert. Nous discutâmes un moment sur ce qu’il convenait de faire, nous étions particulièrement indécis : impossible pour nous d’attaquer cette femme en qui nous ne voyions qu’une vieille sans défense. Nous tentâmes de sortir du bois et de l’appeler, mais soit elle ne nous entendit pas, soit elle préféra nous ignorer. Son visage était transfiguré par la rage. Les formes animales se révélèrent être des loups qui s’interposèrent entre elle et nous. Le rituel touchait à sa fin, une forme effrayante se dessina dans le feu. Un bras avec une grande main émergea et s’abattit sur la sorcière l’enveloppant en un éclair et l’attirant dans les flammes ; avant que nous ayons pu réagir, elle s’était consumée et une créature colossale jaillit du brasier. C’était un monstre enflammé, avec des cornes et des écailles luisantes. Les loups se dispersèrent et nous nous retrouvâmes face au démon ne sachant trop que faire. Une chaleur immense se dégageait de lui, même moi cela me gênait. Nous reculâmes en nous cachant derrière les arbres, mais il ne sembla pas nous prêter la moindre attention. De grandes ailes de flammes se déployèrent dans son dos et il prit son envol vers les cieux.

Nous restâmes interdits, nous demandant si nous avions rêvé. Avant de repartir nous prîmes soin d’éteindre le feu et de disperser les cendres. Nous détruisîmes le livre aussi. Mais j’ai bien peur que cela ne serve à rien et que le démon soit allé accomplir la terrible vengeance de Granny. Nous aurions dû être plus rapide et tout tenter vraiment pour l’empêcher d’accomplir son rituel. Mais notre familiarité avec la vieille femme nous a amené à tergiverser beaucoup trop longtemps.

Nous retournâmes auprès des réfugiés et les rejoignîmes alors que le soleil se levait. Nous racontâmes que nous ne l’avions pas retrouvée. Les petits orphelins ne cessaient de pleurer. Le bourgmestre les confia à plusieurs familles et nous reprîmes la route en silence.
Les jours suivants se déroulèrent sans encombre. Plus nous approchions de Middenheim, plus les menaces s’éloignaient. Nous commençâmes à croiser des patrouilles militaires. Nous trouvâmes des communautés qui n’avaient pas été ravagées par les troupes du Chaos et qui nous offrirent de quoi manger plus correctement. Nous parvînmes enfin à rejoindre la route principale, sur laquelle nous voyageâmes en compagnie de marchands, de groupes de pèlerins se rendant au grand temple d’Ulrich et surtout de nombreux autres réfugiés.

Finalement, ce matin nous sommes arrivés en vue de l’Ulricsberg sur lequel est bâtie la fière Middenheim. Quel bonheur de voir enfin la ville émerger au-dessus d’un océan de forêts, avec ses hautes falaises, prolongées par de puissantes murailles. Quel bonheur de voir les étendards de l’Empereur et du Graf Todbringer volant librement au-dessus des hautes tours de la ville. La route montait à flanc de colline alors que depuis les remparts descendaient des nacelles pour transporter diverses denrées et quelques personnes probablement fortunées et pressées. Nous, ce sont plusieurs heures de queues qui nous attendirent aux portes de la cité. Les gardes vérifiaient nos laisser-passer, fouillèrent nos affaires et nous questionnèrent longuement sur cette boite fermée que nous transportions ; heureusement les lettres de recommandations de Maître Mauer levèrent leur réticence et son nom fit rapidement le tour de la troupe en faction à la porte.
« Maître Mauer le Lumineux ? celui qui a sauvé notre Empereur et qui ne quitte plus son chevet ? » Nous ne savions trop que répondre. La rumeur avait couru qu’un mage lumineux avait sauvé l’Empereur mais nous ignorions qu’il s’agissait de notre vieil allié. L’un de nous ajouta que nous étions également mandatés par le Capitaine Bahesfaust. Là, les soldats s’enthousiasmèrent encore : « Non, vous le connaissez ? »
Bref, ils nous laissèrent passer sans plus de cérémonie.
Middenheim est une très grande ville, plus grande que Nuln ou Averheim, mais tout de même moins qu’Altdorf. L’architecture est très massive et très sobre. Nous nous sommes dirigés vers le relais de Castelrock qu’on nous avait indiqué pour les chevaux. Nous nous sommes installés dans l’auberge attenante, qui comme le relais, appartient au Graf von Aschenbeck le concurrent et rival du Graf von Kaufmann qui nous a demandé d’enquêter sur lui.

Quel plaisir de prendre un bain, de faire une sieste dans un lit bien moelleux et manger un bon repas chaud, le tout arrosé de bière. Nous avons besoin de reprendre rapidement des forces car nous aurons beaucoup de choses à faire ici. Enquêter sur von Aschenbeck donc, mais aussi retrouver la sinistre Adèle, amener le battant à l’ami de Mauer et accomplir la dernière volonté du père Dietrich en portant la relique au temps de Sigmar.
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