[CR] Warhammer V3->V2 - Balades en Reikland

Critiques de Jeu, Comptes rendus et retour d'expérience
Répondre
Avatar de l’utilisateur
Lotin
Dieu d'après le panthéon
Messages : 2153
Inscription : jeu. août 30, 2012 9:31 pm
Localisation : Back to the trees !

[CR] Warhammer V3->V2 - Balades en Reikland

Message par Lotin »

Tout à la joie d'avoir pu reformer un groupe de jeu régulier et très motivé, je m'en vais vous en conter les aventures en ce Vieux Monde (du moins pour ceusses que ça intéresse). Détenteur de la dernière édition en date de Warhammer (en plus des deux premières) et pour ne pas mourir idiots nous avons décidé de la tester. Je me suis donc collé à la préparation de quelques aventures en mode campagne issues de la production officielle, de quelques scénarios issus des Liber Fanatica et de vieilleries adaptées. Le rythme de jeu est pépère, une séance toutes les trois/quatre semaines en gros. Le groupe de jeu est équilibré, deux joueuses et deux joueurs, plus le MJ. La première séance nous a servi à apprivoiser le gros des règles de base, qui ne nous sont toujours pas fluides pour le moment (je vérifie souvent des trucs dont on ne se souvient plus).

Le groupe se compose des quatre personnages suivants : Grunilda Durak, une naine Brisefer, Hannah van Baumer, une apprentie sorcière, Lars Goetze, un humain patrouilleur rural et Kluber Schonburg, un humain garde de son état. Un 5e joueur nous a rejoint vers le milieu de la campagne, il incarne Eckart von Aschaffenberg, mage améthyste et issu d'une branche mineure de la famille.

Je vous développe un peu les histoires de chacun en spoiler ci après, chaque joueur ayant fait l'effort de se creuser la tête pour son background et m'écrire un petit truc :wub: :

Grunilda Durak :
Spoiler:
Laissez-moi vous conter l'histoire de mon clan, une histoire pleine de gloire, une histoire de rancune, une histoire de Nain !

Le nom du clan Durak est maintenant associé au Grung Agrilebaz. Il s'agit de la mine la plus orientale dépendant de la citadelle naine Karak Izor. C'est une colonie naine dépendant de la couronne naine de Karak Izor qui y avait envoyé plusieurs familles prestigieuses pour y établir une mine avec son réseau de galeries, sa ville et un comptoir commercial. Les Nains du clan Durak y ont été envoyé dès les premiers instants car c'est un prospecteur du clan qui a découvert les importants filons de cuivre de la région.

Créée par les nains, envahie et à moitié détruite par des vagues de peaux-vertes et de skavens, abandonnée puis reprise par ses bâtisseurs pour être ensuite perdue à nouveau, la colonie a ainsi connu une histoire longue et tragique alternant perte et reconquête. La dernière fois qu'un nain y a dirigé les mines c'était en 2403. Un clan de peaux-vertes y a alors déboulé par des voies d'accès abandonnées d'anciennes mines de cuivre taries et a envahi les lieux. Le peu de survivants s'est alors enfui. Les nains exilés se sont d'abord réfugiés dans la ville proche de Kreutzhofer car les voies occidentales menant à Karak Izor étaient occupées par des forces armées ennemies. Devant cette menace, beaucoup de personnes se sont repliées à Wusterburg, ville de taille plus importante et à même de se défendre contre les incursions des peaux vertes, dans le sud du Wissenland.

Puis, il y a une cinquantaine d'années, les familles survivantes des riches mines de cuivre de Grung Agrilebaz se sont dispersées dans l'Empire, pour la plupart, à la suite de la mort du dernier descendant de la famille en charge de la mine, Skaggi Olafson, Grand Prêtre des Runes et représentant de Kazgan Frontsévère, Haut-Roi sous la montagne de Karak Izor. Ainsi, beaucoup ayant perdu espoir de voir leur Grung reconquis suite à la mort du Grand Prêtre des Runes Skaggi Olafson se sont réfugiés dans des Karak plus ou moins lointains. Bénéficiant de l'aura de respect de Karak Izor, ils sont pour la plupart respectés par les autres nains même si ceux-ci les considèrent avec un peu de pitié suite à la perte de leur Grung. Quelques autres continuent de vivre au cœur des communautés humaines de l'Empire faisant commerce de leur artisanat inégalé ou de leur expertise au combat.

Le destin du clan des Helgarson, maintenant connu sous le nom des Poings-Nus est différent. En effet, cette famille autrefois respectée a fourni bon nombre de guerriers, Brisefer et autres Gardiens des Rancunes mais elle endosse maintenant la responsabilité de la chute du Grung Agrilebaz. Les 6 frères Helgarson étaient en charge de la garde de la mine avec leurs gardes, lorsqu'ils se sont faits surprendre par les peaux-vertes du clan du Croc-Jaune déboulant par des tunnels oubliés dans la salle d'armes ils se sont battus avec ce qu'ils avaient sous la main, leurs seuls poings. Ils se sont fait massacrer et ont du fuir la mine escortant les autres familles naines. Depuis, les deux frères survivants, et tous les gades sous leurs ordres, soit une poignée maintenant, ont prêté le serment du Tueur et ils errent au sein de l'Empire cherchant une mort honorable afin de venger leur nom et retrouver un honneur disparu. Ils sont connus comme la Compagnie du Poing Nu.

Le clan des Touchés par la Foudre, le clan Durak, s'est quant à lui divisé en deux, une partie s'est rendue à Karak Azgaraz pour y repartir de zéro dans cette jeune cité naine des Montagnes Grises. L'autre a tenté de rejoindre leur Karak d'origine, Karak Izor. Aucune nouvelle n'est parvenue des Monts de la Voûte depuis lors... Le nom du clan provient de la mèche blanche que porte tous les descendants d'Oblar Marteau-Gris, foudroyé (et survivant) pendant la guerre de la Barbe, certains parlent même d'un éclair de magie Waaagh.


Je m'appelle Grunilda et je suis une naine du clan Durak. Je suis à la recherche de mon frère, Ulrik Durakson. Il travaillait comme mineur et parfois comme maçon mais il a disparu sans laisser de trace. Certains racontent qu'il serait parti en compagnie d'un marchand tiléen pour se rapprocher de notre Grung, d'autres pensent qu'il a été kidnappé par des peaux-vertes dans les Montagnes Grises. Si vous voyez un nain aux cheveux de jais avec une barbe décorée d'une mèche blanche, contactez-moi de toute urgence.

Ceci est l'histoire de mon clan et je compte bien en écrire les lignes à venir, dussé-je tremper ma plume dans le sang de mes ennemis.
Hannah van Baumer :
Spoiler:
« Baumer ! Par le marteau de Sigmar ! »

La voix de mon maître avait retenti à travers tout l’étage de la tour. Au même instant, toutes les flammes des torches s’étaient mises à vaciller. J’ai accéléré le pas en direction de sa salle de travail, autant que me le permettait le poids des grosses bûches de bois que je transportais.

« Enfin ! J’ai cru mourir de froid ! hurla-t-il en me voyant entrer. Pourquoi cela t’a-til pris aussi longtemps, feignante ! »

Je me précipitais vers la grande cheminée, jetais le bois dans l’âtre et, me concentrant, j’essayais de les enflammer. Hélas, elles étaient trop grosses et j’étais gelé moi aussi ; je ne réussis à en tirer que de la fumée. Comme nous étions partis depuis plusieurs semaines, il n’y avait que cendres et quelques charbons épars… je n’arrivais à rien…

« Je vais chercher du petit bois, Maître... »
« Allez ! Pousses-toi ! On ne va pas y passer la soirée ! »

En un clin d’œil, la fumée se transforma en grandes flammes rouge sombre puis la couleur s’éclaircit pour devenir plus naturelle.

« Puisque tu n’es pas capable de te servir correctement de la magie, tu n’as qu’à utiliser un balais ! Nettoie-moi cette pièce, il y a de la poussière partout. Je vais prendre un bain chaud, qu’on ne me dérange pas. Et quand tu auras finis, va me chercher à manger. »
« Bien, Maître. »

Il tourna les talons et sorti du bureau pour rejoindre ses appartements adjacents. Je soufflais. J’enlevais ma cape trempée que je n’avais pas eu le temps d’ôter depuis notre arrivée et je la mis sur une chaise à coté du feu pour qu’elle puisse sécher. Je posais aussi mes chaussures à coté.
Au moins, j’étais au sec …

La vie d’un apprenti sorcier n’a rien de franchement amusant. Je crois avoir appris autant sur l’art du ménage que sur celui de la magie … peut-être plus même ! Mon Maître, Werner Beike, n’est pas toujours aussi difficile à supporter qu’il l’est ce soir, il peut même se montrer parfois très attentionné, mais il est très lunatique et effroyablement imprévisible. Cela fait six ans que je suis son apprentie, depuis que je suis entrée au Collège Flamboyant.

Je suis née à Nuln, en 2502. Mon père, Magnus van Baumer est un commerçant prospère, comme l’était avant lui son père et son grand-père. Ma famille a fait fortune dans le négoce des armes, et tout particulièrement des armes à feu, une spécialité locale. Ma mère, Bianka Schneider, venait également d’une famille de fabricants et de vendeurs d’armes. Un mariage de raison ; pourtant, pour autant que je saches, ils étaient vraiment heureux ensemble. Je suis la dernière d’une fratrie de six enfants et la seule fille. Ma mère est morte quand j’avais 4 ans, je m’en souviens très peu. Elle a été emportée ainsi que deux de mes frères lors d’une épidémie de choléra.

Ma grand-mère paternelle, Keterlyn, s’est alors installée chez nous pour s’occuper de
nous. À coté d’elle, mon Maître Werner est presque un ange. Étant la plus jeune et l’unique fille, j’étais habituée à mener mon monde selon mes caprices. Ma grand-mère était très stricte et le changement fut rude. Elle était aussi très dévote et a passé sa vie en prières à Verena. Sa foi est néanmoins à l’origine d’une bonne part de mon éducation. Ainsi, j’ai passée de longues heures dans mon enfance à recopier dans des livres des prières que nous allions ensuite déposer au temple. C’est de cette façon que j’ai appris à lire et à écrire. Afin, d’orner ces lettres de prières, ma grand mère m’a aussi fait prendre des cours de dessin. Sans compter que ce genre d’activité artistique convient très bien à une jeune fille de bonne famille, surtout à Nuln, ville des artistes. J’avoue aussi que j’aimais beaucoup cela. Mon père qui n’était pas très présent à cause de son métier qui l’obligeait à beaucoup voyager, me rapportait toujours toutes sortes de pigments et de papiers fins et colorés. Il m’a toujours beaucoup gâtée. Parmi mes frères, les aînés, Walter et Albrecht ont suivi la tradition familiale en devenant commerçants. Les affaires familiales ont toujours été prospères, les temps se prêtent bien à ce genre de produits. Mon plus jeune frère, Eckhart, est parti à l’université de Altdorf pour apprendre la chimie, puis le droit, il est finalement devenu géographe : une profession qui lui permis de ne pas avoir à revenir à Nuln, puisqu’il n’avait aucune raison avec un métier pareil de travailler dans l’entreprise familiale. Il parcourt aujourd’hui le Vieux Monde, dressant des cartes des différentes contrées. En dehors de mon père et de moi, il a rompu toute relation avec les autres membres de la famille. Ses idées originales en ont fait pendant longtemps le mouton noir des van Baumer.

Mais, c’est de moi qu’est finalement venu le « coup de grâce »,comme le dit si bien ma grand-mère.

J’avais 13 ans lorsque mon entourage, avant que j’en ai véritablement conscience moi même, se rendit compte que j’avais des affinités avec la magie. Ce qui fut vécu à la fois comme une malédiction et un déshonneur par la plupart des membres de ma famille, la grande Keterlyn et mes frères ainés en tête. Mon père, pour sa part, n’était pas franchement ravi, « ...Mais c’est tout de même moins grave que le choléra ! ». La décision fut prise de m’envoyer très vite dans un Collège : pour mon père cela apparaissait comme la meilleure façon de me protéger et pour ma grand-mère la meilleure façon de m’éloigner…

On m’amena voir un homme très étrange, vêtu de blanc, avec des cheveux blonds platine et des yeux gris clairs, presque transparents. Je suppose que ma grand-mère avait insisté pour me conduire auprès d’un magistère lumineux, elle devait considérer cette magie plus noble que les autres…

Le hiérophante commença par me poser quelques questions : est-ce que je voyais parfois des lignes dans les airs ? De quelles couleurs étaient-elles ? D’ailleurs, quelle était ma couleur préférée ? Etc... Cela me sembla durer des heures et je finis par m’agacer. Finalement, il me demanda si je ne trouvais pas qu’il faisait chaud ici et comme je lui répondais par la négative, il mit fin à notre entretien.

« Je pense que votre fille a de bonne chance de devenir pyromancienne, dit-il à mon père. Vous devriez l’envoyer très vite auprès de l’ordre des Flamboyants, cela pourrait être dangereux de la garder chez vous… ».

La magie la plus vulgaire selon ma grand-mère, et la moins appréciée à Nuln où les stocks de poudres sont nombreux. La pire honte pour une famille de trafiquants d’armes… Environ un mois plus tard, je quittais la confortable maison familiale pour les tours effrayantes et une chambre poussiéreuse au Collège flamboyant à Altdorf, troquais mes cahiers de dessins pour des grimoires pesants et m’éloignais d’un père aimant pour un maître soupe au lait.

L’apprentissage de la magie d’Aqshy est long et douloureux : cours magistraux, exercices mille fois répétés, duels. Mes condisciples ne sont pas très amicaux d’abord car je suis une fille, ce qui est rare parmi les sorciers et encore plus chez ceux de l’Ordre flamboyant qui se destinent majoritairement à devenir des sorciers combattants, ce qui ne semble guère approprié pour le sexe faible. Ensuite, en raison de la condition sociale de ma famille : venant d’une famille aisée, les dirigeants de l’ordre ont tout de suite vue le profit qu’ils pouvaient tirer de ma présence. Si on ne peut pas franchement parler de traitement de faveur, disons qu’au moins je profite de certains avantages qui m’attire quelques jalousies : je peux me rendre à Nuln, chaque année pour les fêtes de Verena – même si vu l’hostilité de ma grand-mère et de mes frères, je m’en passerais bien – et je peux sortir du Collège pour voir mon père et mon frère Eckhart lorsqu’ils sont de passage à Altdorf. Mon père m’envoie de la nourriture et toute sorte de cadeaux que je suis autorisée à garder. Surtout, j’ai été confié à Werner Beike, qui malgré son caractère est un excellent professeur.

Mon maître était un sorcier combattant très puissant et respecté sur les champs de bataille. Hélas, il fut blessé lors d’une bataille contre des orcs et perdit une jambe. Affublé d’une jambe de bois et devenu inapte à mener le combat, il revint au siège de l’Ordre pour se consacrer à l’enseignement. Loin d’être amer, il se dévoua à cette nouvelle tâche avec passion. Je suis sa quatrième apprentie et la seconde fille. Pour lui, le sexe ne fait pas de différence et il est persuadé que bientôt de puissantes sorcières combattantes écumeront les champs de bataille. Il m’aide à travailler et m’impose de longues séances d’entraînement. Il m’encourage à avoir confiance en moi et à me surpasser chaque jour. Il est dur, mais le plus souvent il est juste alors je sais que j’ai de la chance.

La vie que je mène aujourd’hui est à milles lieux de ce dont je rêvais petite fille et encore plus loin de ce à quoi aspiraient mes proches pour moi. Les dirigeants de mon Ordre souhaiteraient que je le serve en tant que magistère à Nuln, que je puisse devenir un relais dans cette cité-état où nous sommes assez mal venus. Moi, j’espère être un jour aussi douée et courageuse que mon maître et partir à l’aventure pour voir du pays.

Depuis quelques mois, mon maître accepte des missions en dehors du collège et me laisse l’accompagner pour que je fasse mes preuves sur le terrain et que j’apprenne à réagir correctement face aux situations réelles. Il s’agit le plus souvent de missions d’escorte ou d’expédition chez les nains de Karaz-Azgaraz des talismans runiques puissants, comme les clefs que nous arborons à nos ceintures et qui sont les insignes de notre ordre.

Notre dernière mission a été d’accompagner un noble de la cours impériale (dont j’ignorais l’identité) jusqu’à Marienburg. Tout s’est bien passé à l’aller, nous n’avons même pas croisé un loup …
En revanche, au retour, notre diligence est tombée dans une embuscade de brigands. Nous avons pu les repousser sans peine (enfin, surtout mon maître) et nous échapper. Mais dans l’affrontement mon maître a cassé le brasero qui ornait son bâton, ce qui l’a mis dans une colère noire. Et pour couronner le tout, nous avons essuyé une averse glaciale, avant d’arriver à Altdorf.

Bref, son humeur de ce soir est pour le moins compréhensible. Aussi, je me suis hâtée de nettoyer le bureau et d’aller chercher de quoi manger en cuisine. Lorsque j’expliquais à l’un des serviteurs la raison pour laquelle j’étais là si tard, et le courroux auquel je m’exposais – et lui avec moi – si je ne ramenais pas de quoi satisfaire mon maître, il parvint à me dénicher de la soupe de potiron, du pain, ainsi que deux beaux morceaux de rôti de porc. En entrant dans le bureau, avec un plateau bien chargé, je trouvais mon maître assis à sa table de travail et visiblement plus détendu et presque souriant.

« Ah ! très bien ! dit-il et comme je faisais mine de me retirer, tu n’as pas faim ? Viens, assieds-toi et prend en une part, il y en a assez pour deux. Il faut que je te parle. »

J’allais chercher une chaise et je pris sans me faire prier le pain et la viande qu’il me tendait. J’étais affamée.

« Tu m’as impressionné, cet après-midi, avec ces brigands. Tu commences à bien te débrouiller, même s’il y a encore un peu de travail, ajouta-t-il en penchant la tête vers la cheminée. Il est temps que tu commences à voler de tes propres ailes sans que je sois toujours derrière toi. Et j’ai une idée pour une mission. Vu que mon bâton n’est plus utilisable, il m’en faut un autre. Je ne veux pas harmoniser n’importe quoi. Je devrais pouvoir trouver un bâton en bois de la Loren ici à Altdorf, mais j’aimerais que tu ailles voir Grundir mon ami forgeron à Karaz-Azgaraz pour le brasero. Je vais
lui envoyer un message dès demain et tu partiras d’ici quelques jours pour me le chercher. Il nous faut juste le temps de préparer ton voyage et de persuader le patriarche de t’écrire une lettre de laisser passer. J’ai confiance en toi, ne me déçois pas. »
Lars Goetze :
Spoiler:
Lars Goetze est le fils puîné d’une famille de paysans aisés du village d’Unterbaum, situé au sud-ouest du Grand-Duché de Talabecland sur les rives de la rivière Talabec. Peu versé dans le travail de la terre, le jeune Lars a très tôt préféré la compagnie d’une bande de jeunes désœuvrés du village, plus attirés par les jupes des lavandières et la bière. Face à l’incurie de son rejeton, Herr Matthias Goetze l’a rapidement forcé à rentrer dans le rang et à embrasser une carrière qui ne fasse pas honte à la famille.

C’est ainsi que Lars a débuté, au début bien à contrecœur, un emploi de patrouilleur rural. Mais, malgré tout respectueux des valeurs familiales et avec un sens de la morale chevillé au corps, il s’est pris au jeu et a rapidement commencé à exceller dans ses nouvelles fonctions. Son caractère audacieux ajouté à sa rectitude l’ont fait remarquer de ses supérieurs qui n’ont pas tardé à lui confier des missions périlleuses sur les voies qui mènent à la Grande Forêt. Il lui est également arrivé d’accompagner des caravanes marchandes descendant la rivière Talabec en direction du Reikland et d’Altdorf.

C’est durant une mission d’escorte que Lars fit la connaissance de Gudrun, la jeune et jolie fille d’Otto Holzacker, un riche marchand d’Altdorf. Notre ami en tomba éperdument amoureux et une idylle ne tarda pas à naître au cours du voyage. Belle, Gudrun l’était assurément, mais sa beauté n’égalait que son caractère volage et le pauvre Lars en fut pour ses frais. Lors d’une escale, la donzelle fit la connaissance d’un bateleur nommé Bernd Schnitzer. Malgré ses farces éculées et son humour douteux sur les mœurs des paysans du Middenland, le coquin conquit le cœur de la belle. Gudrun s’enfuit dans la nuit au cou de son nouvel amour et la troupe d’amuseurs publics qui l’accompagnait.

Aveuglé par l’amour, Lars se persuada naïvement que Gudrun avait été enlevée. Malgré les avertissements de ses collègues patrouilleurs, il se mit résolument à la recherche de la joyeuse compagnie, qui selon les témoins les plus fiables devaient se rendre en direction de la capitale impériale.

C’est ainsi que, pour la première fois, Lars trahit ses vœux de patrouilleur et se mis à errer sur les routes de l’Empire…

Informations complémentaires :
Nom : Lars Goetze, fils de Matthias Goetze d’Unterbaum
Âge : 24 ans
Taille : 1,72 m
Cheveux/yeux : blonds cendrés/gris


Origine : fils du paysan fortuné, Matthias Goetze. Sa famille a fait fortune dans l’élevage de porcs et la production de salaisons. La maison Goetze est connue dans toute la moyenne vallée de la Stir pour son célèbre plat de côtes fumé et sa saucisse de foie.

Histoire familiale : Le patriarche Matthias Goetze est marié à Hertwig Muckensturm, la mère qui lui a donné sept beaux enfants, dont cinq sont encore vivants aujourd’hui. La sœur aînée Friedehilde s’est mariée à un riche négociant en vin de l’Averland. Suivirent deux jumeaux, un garçon et une fille, Tilman et Lisa. Tilman en tant qu’aîné de la fratrie est appelé à reprendre la direction des activités de la famille et est à cet égard déjà étroitement associé à leur gestion. Lisa était une petite fille souffreteuse qui fut emportée par une vilaine grippe l’année de ses cinq ans. Deux ans plus tard naquit Helmut qui est aujourd’hui un jeune homme volontaire mais peu versé dans les affaires. Il se contente de s’occuper du cheptel, occupation dans laquelle il excelle.

Rhéa est la cinquième enfant de la fratrie. Plus âgée d’un an que Lars, elle était de loin la plus belle des filles du canton. Sa chevelure couleur bronze et ses manières délicates ont séduit, il y a un an de cela, le seigneur Jens von Herkwitz, un nobliau de passage originaire du Reikland. Après quelques jours à conter fleurette à la douce Rhéa, von Herkwitz fit sa demande à Herr Matthias, qui, face à l’imposante dot proposée, n’eut d’autre choix que d’accepter. Cette histoire qui semble fort à un conte de fée, empoissonne en réalité la vie des Goetze et avec eux du village entier. Depuis leur mariage en grande pompe et leur départ, on est effectivement sans nouvelles du jeune couple. Pire encore, après renseignements pris auprès de voyageurs reiklandais, personne n’a jamais entendu parler d’une famille von Herkwitz dans ces contrées…
Pour finir, Lars est le plus jeune enfant en vie. Un jeune garçon, Ottmar, naquit deux ans plus tard mais il n’a pas survécu à sa première année.


Carrière actuelle : Patrouilleur rural
Motivations : Lars est parti sur les routes il y a peu, à la poursuite de l’inconstante Gudrun en espérant naïvement la reconquérir. Au fond, il pense également à sa sœur aînée, Rhéa, qui a disparu au bras du mystérieux Jens von Herkwitz. L’argent lui importe dans la mesure où il lui permet d’accomplir les tâches qu’il s’est fixé, mais ne constitue pas un but en soi.
Caractère : Lars est un jeune homme au caractère marqué par son éducation traditionnelle. Comme de nombreux Talabeclandais, il est attaché à sa liberté et à une certaine rusticité. Les mœurs légères et la frivolité des gens de la ville et des reiklandais lui inspirent bien peu de confiance. Parfois un peu naïf, il a une certaine propension à taquiner la bouteille lorsqu’il est perturbé.
Kluber Schonburg (un poil moins développé que ses petits copains) :
Spoiler:
Kluber est issu d'une longue lignée de miséreux, bouseux et autres gagne-petit dont la vie, ou la survie plutôt, est faite de mendicité, petits larcins, au mieux des petits travaux en tant que métayer ou écuyer pour son père, et son père avant lui, ou des ménages et lessives pour sa mère, et sa mère avant elle... En gros sa famille c'est un peu "Affreux, sales et méchants", d'ailleurs il ne saurait même pas dire précisément combien il a de frères et sœurs... Voilà pourquoi il s'engage dans la garde dès que son âge lui permet, pour tenter d'échapper à ce triste destin qui l'attend sans doute, avec en tête l'idée de s'enrichir à tout prix ; il n'hésite pas à se servir à l'occasion, même souvent en fait, dans le "coffre à preuves", ou monnaye son silence ou sa cécité ponctuelle contre monnaies sonnantes et trébuchantes...
En gros si l'appât du gain est bien présent voilà qui peut justifier qu'il se jette dans l'Aventure...Physiquement on peut imaginer un savant mélange entre Han Solo et Herc (mais si, dans Jayce et les conquérants de la lumière)
Les scénarios joués :

Séance 1 : Lendemain de cuite (Cheap tickets, liber fanatica, très très lourdement adapté pour permettre la création des personnages et l'appréhension des règles in media res)

Séance 2 : Une nuit agitée aux trois plumes (Casus Belli)

Séance 3 : Oeil pour oeil (Scénario officiel, Guide du Maître)

Séance 4, 5, 6, 7 : Le boucher connaît la chanson / Revenants (Casus Belli / Liber Fanatica)

Séance 8 et 9 : Horreur à Hugeldal (Scénario officiel, Liber Infectus)

Séance 10 : Trajet de Hugeldal à Karak Azgaraz et introduction de Harrower of Thanes

Séance 11 : Trajet de Karak Azgaraz à Averheim en passant par Nuln. Première journée d'enquête à Averheim.

Séance 12 à 16 : Enquête sur les enlèvements d'Averheim.

Séance 17 à 20 : Arrivée à Grenstadtz, enquête sur les troubles en ville liés aux mines, à un trafic de drogue et aux implications étranges.

Séance 21 et 22 : The Harrower of Thanes, enfin !

Séance 23 : Retour à Grenstadtz, exécution rapide des voleurs, achat d'une mine, et préparatifs de départ.

Séance 24 : Retour à Averheim, suite de The Enemy Within, passage par Nuln puis retour à Ubersreik.

Séance 25 : Rencontre avec Lord Rickard Aschaffenberg (introduction de The Edge of the Night), enquête en ville sur les vieux dossiers.

Séance 26 et 27 : The Edge of the Night.

Séance 28 et 29 : Mirror of Desire.

Séance 30 : Trajet d'Ubersreik à Untergard, En passant par la Drakwald (scénario du livre de base de la 2e édition) (initiation et introduction d'un nouveau joueur, Eckart, un mage améthyste).

Séance 31 à 34 : Arrivée à Middenheim, la Cité du Loup Blanc. La première tâche (celle du magicien) du livre II de The Enemy Within est réalisée.

Séance 35 et 36 : Trajet de retour à Altdorf.

Séance 37 à 40 : Enquête sur les évènements à Altdorf (les tonneaux de poudre, le théâtre, le vol du battant, etc...)

Séance 41 : La grande cérémonie au temple.

Séance 42 et 43 : Une visite aux royaumes du Chaos.



Notre blog de campagne (qui nous sert de mémoire collective et qui n'est pas à jour) : http://lesvoyagesapocryphes.blogspot.fr/

Liste des CR :
CR #1
CR#2
CR#3
CR#4
CR#5
CR#6
CR#7
CR#8
CR#9
CR#10
CR#11
CR#12
CR#13
CR#14
CR#15
CR#16
CR#17
CR#18
CR#19
CR#20
CR#21
CR#22
CR#23
CR#24
CR#25
CR#26
CR#27
CR#28
CR#29
CR#30
CR#31
CR#32
Dernière modification par Lotin le mar. juil. 25, 2017 8:36 am, modifié 14 fois.
Avatar de l’utilisateur
Lotin
Dieu d'après le panthéon
Messages : 2153
Inscription : jeu. août 30, 2012 9:31 pm
Localisation : Back to the trees !

Re: [CR] Warhammer V3 - Ballades en Reikland

Message par Lotin »

Episode 1 - Cheap Tickets (Lendemain de cuite)

Pour notre première soirée avec cette édition fort (trop ?) riche en cartes, pions, marqueurs, etc... j'ai utilisé un scénario issu du Liber Fanatica IX, Cheap Tickets, très largement adapté, traduit et agrémenté de nouvelles cartes... A la lecture du matériel de base je ne trouvais pas de quoi satisfaire mon envie, donc une fois n'est pas coutume, j'ai mis les mains dans le cambouis. De plus je voulais un peu marquer le coup comme c'était une soirée découverte pour tout le monde avec ce nouveau système de règles.

Mise en condition de la tablée, j'ai supprimé tout ce qu'il y avait sur la table, et j'avais ma valise pleine de boîte de mon côté.
Le pitch du "scénario" est très simple, les personnages se réveillent sur le toit d'une diligence filant à toute allure sous une pluie fine et glaçante sur un petit chemin arpentant des bois sombres. Ils ont la gueule de bois et ne se souviennent de rien. Une flèche les sorts de cet état végétatif et les oblige à s'activer. Le scénario, qui n'est rien d'autre qu'une scène détaillée, me permet de lancer la création de personnages in media res au fur et à mesure qu'ils se souviennent de qui ils sont (d'abord leur nom, puis leur métier, etc...). Pareil pour les règles, au fur et à mesure des évènements j'introduis différents concepts de cette édition.
Ainsi au fur et à mesure je pose sur la table les éléments dont nous avons besoin, les feuilles de perso, puis les feuilles de carrière, puis les cartes d'action, etc...
Cette saynète nous aura tenu toute la soirée (soit 6 ou 7 heures de jeu) mêlant création de personnage, roleplay, gameplay au terme de laquelle nos personnages auront tenu tête à un petit groupe de gobelins les poursuivant. Quelques enseignements ont lieu de part et d'autre de la table de jeu, on n'utilise pas le feu sans risque, la Brisefer est une machine à tuer, etc...
La diligence finit en piteux état, les deux cochers sont morts, une patrouille rurale escorte le groupe composé des personnages et de quelques voyageurs jusqu'à une auberge, étape sur la route entre Ubersreik et Stromdorf, la fameuse auberge des Trois Plumes.
Spoiler:
L'un des deux cochers était un agent impérial transportant des documents importants, Kluber à ses côtés lors de sa mort s'est saisi de sa chevalière portant les armoiries de l'Empereur pour la mettre au chaud. Personne n'a pensé à fouillé sa besace qui contient toujours un document scellé dans une cartouche en métal.
Avatar de l’utilisateur
Lotin
Dieu d'après le panthéon
Messages : 2153
Inscription : jeu. août 30, 2012 9:31 pm
Localisation : Back to the trees !

Re: [CR] Warhammer V3 - Ballades en Reikland

Message par Lotin »

Episode 2 - Une nuit agitée aux Trois Plumes

Le récit est celui de la lettrée du groupe, Hannah van Baumer...


Après la journée horrible que nous venions de passer, mes nouveaux compagnons et moi, trimbalés sur le toit d’une diligence, attaqués par des gobelins, le tout, sous la pluie, je pensais que nous pouvions difficilement tomber plus bas. J’étais trempée, frigorifié, couverte de sang vert et épuisée par le combat et la nuit de beuverie que j’avais traversée. J’avais l’impression qu’un tambour cognait dans ma tête. Sans compter que d’après ce que nous avait expliqué le patrouilleur nous nous trouvions à l’opposé de la direction que j’étais censée prendre. Je sentais une certaine morosité monter en moi.

Quand nous aperçûmes les bâtiments éclairés et plein de vie sur le bord de cette route de malheur, je me sentis un peu mieux. Cette auberge m’apparut telle un havre miraculeux.

Tout à plutôt bien commencé : malgré la présence d’une forte troupe – il y avait près d’une trentaine de gardes et de serviteurs –, nous avons réussi à trouver de la place. J’ai pris une chambre avec la naine, Grunilda, qui est fort sympathique et, pour me réchauffer et ôter le sang de ces sales peaux vertes, je me suis fait préparer un bain, bien chaud, comme je les aime. Après avoir essayé de nettoyer autant de taches que possible sur les vêtements, je les ai étendus sur une chaise près de la cheminée où quelques braises étaient en train de mourir. Heureusement que j’ai des affaires de rechange et qu’elles étaient restées au sec… J’ai essayé de raviver un peu le feu, mais en l’absence de combustible, cela n’a pas duré très longtemps. J’ai réclamé du bois à un des serviteurs qui m’avait monté mon bain et n’ai réussi qu’à obtenir deux fines bûches, juste de quoi tenir une petite heure … Pour en avoir plus, le supplément était exorbitant. En raison du grand nombre de clients dans l’auberge ce soir, je compris rapidement que le tenancier n’aurait aucune envie de faire des efforts, il allait visiblement gagner beaucoup d’argent … inutile d’insister.

Je descendis dans la salle à manger, laissant la naine astiquer son armure, avec autant de minutie et de soin que si sa vie en dépendait.

J’ai été voir l’aubergiste pour me renseigner sur les moyens de rejoindre une ville –Ubersreik ou, au moins, Stromdorf - d’où je pourrais me remettre en route pour Karaz-Azgaraz. Comme je m’en doutais un peu, j’eus la confirmation que cela risquait d’être compliqué. La diligence, il ne fallait pas y compter : la compagnie allait certainement envoyer des cochers quand le patrouilleur rural l’aurait prévenue, mais cela risquait de prendre des jours avant que nous puissions repartir. Il n’y a de surcroît pas d’autre passage de diligence prévu. La solution pourrait s’offrir à nous de quitter cet endroit par la rivière car des bateaux s’arrêtent parfois au ponton en face. Mais là encore, rien de régulier.

Dépitée, je me commandais une bière. Mon maître ne m’avait pas donné de délais précis pour aller lui chercher son brasero chez les nains, mais il est évident que si mon voyage s’éternisait, je risquais d’avoir du mal à le justifier, d’autant que ce malencontreux détour était le résultat d’une soirée où je m’étais conduite de manière pour le moins … imprudente.
Je me dirigeais vers la cheminée, où je retrouvais l’un de mes compagnons, le patrouilleur Lars Goetze.

Il y avait dans la salle beaucoup d’animation. La troupe que nous avions vue à notre arrivée était en fait la suite d’une gavin de la famille de la comtesse de Nuln, Emmanuelle von Liebwitz. Beaucoup de ses serviteurs trainaient dans la salle et entouraient un homme très grand, tout en muscles et qui parlait très fort. Ils faisaient des paris et des bras de fer, tout en buvant beaucoup. Cet homme s’appelait Bruno, je le compris très vite car ses supporters scandaient son prénom pour l’encourager face à ses adversaires. D’ailleurs, cela semblait plutôt lui réussir car il enchaînait les victoires et, à une couronne la partie, commençait à accumuler un joli petit pactole… J’avais encore un peu mal à la tête et tout ce bruit était assez difficile à supporter. À un moment, j’ai essayé de discuter avec l’un des serviteurs pour savoir où ils se rendaient et s’il était envisageable de faire route avec eux, éventuellement moyennant un petit paiement. Il doucha assez rapidement mes espoirs : le groupe se dirigeait vers le nord, à l’opposé de ma direction, et de toutes façons, ils ne comptaient pas s’encombrer de voyageurs. La chance ne semblait pas décidée à me sourire…

Je suis allée retrouver Lars qui s’était assis à une table et bavardait avec deux des personnes qui voyageaient dans notre diligence, un marchand plutôt taciturne et un autre homme avec un drôle de chapeau à plumes dont je n’ai pas retenu la profession. Il y avait aussi un troisième homme, dénommé Wern Hendrick, un serviteur d’un noble qui venait de s’installer dans un domaine de la région, qu’il avait eu avec la dot de son épouse. Il nous raconta que lors de leur arrivée au manoir, qui se trouve au milieu de la forêt de Reikwald, ils avaient subi une attaque de créatures étranges, mi-homme, mi-chèvre. Décidément, le coin n’est pas très sûr…

Nous avons été rejoints par le garde Klueber, assez peu causant, puis la naine, qui fit forte impression à son arrivée dans la salle avec son armure rutilante. L’espace d’un instant le calme se fit – ô bonheur –, on aurait pu entendre une mouche voler. Mais très vite, les conversations et le bruit reprirent. L’un de nos compagnons nous apprit que l’homme qui parlait si fort et qui, par ailleurs, continuer d’écraser systématiquement tous ses adversaires au bras de fer, était un champion de justice qui accompagnait la gavin à un procès, apparemment, une sombre histoire de meurtre.

On nous servit à manger un fort bon ragoût. Manger, me remontât un peu le moral. D’autant que la soirée et la conversation de mes compagnons était plutôt agréable. Dehors, il continuait à pleuvoir et nous n’étions pas si mal tomber finalement.

Plusieurs personnes arrivèrent encore à l’auberge, jusque tard dans la soirée. Je ne me souviens plus exactement de leur ordre d’arrivée. Trois hommes vêtus de manteaux sombres, qui prirent une chambre pour trois et commandèrent à manger dans leur chambre ; nous ne les revîmes pas de la soirée. Une cloche dehors, annonça l’arrivée d’un bateau, ce qui me remplit de joie. Un jeune couple et deux bateliers entrèrent alors : les tourtereaux montèrent tandis que les bateliers s’asseyaient à une table pas très loin de nous. Bizarrement, l’attitude de Lars changea à partir de ce moment, il parlait moins et semblait plus intéressé par ce qui se passait à la table d’à côté plutôt qu’à la nôtre. Je crois qu’il observait l’une des servantes et qu’il surveillait l’attitude des autres clients, et notamment des bateliers, à son égard. Ah vraiment… Les hommes…Un peu plus tard, j’ai essayé d’aller discuter avec les bateliers, pour voir si, par miracle, il y aurait moyen qu’ils nous sortent de là. Et, j’ai encore fait chou blanc. Ils m’ont répondu que la péniche n’était pas à eux, mais au jeune homme et que ce n’était pas dans ses habitudes de prendre des passagers.

Un peu plus tard, trois prêtres de Morr et leurs cochers sont arrivés et ont pris une chambre, dans laquelle ils ont monté … un cadavre ! Ces gens font vraiment froid dans le dos !

La gavin fit une apparition remarquée à un moment de la soirée pour faire remonter son champion, dont elle voulait en toute logique préserver la santé. Il l’a suivie, la mine penaude, c’est assez amusant.

La soirée avançant, les conversations commencèrent à tourner en rond. J’étais fatiguée et je ne souhaitais pas trop boire, ma mésaventure m’a bien servie de leçon…Je montais donc me coucher. Notre chambre se trouvait à coté de celles retenues par la gavin et sa suite. Il y avait plusieurs gardes dans le couloir ; j’ai essayé d’engager la conversation et de les questionner sur la possibilité de faire une partie du chemin avec eux. Encore raté ! Dégoutée, je me suis enfermée dans la chambre. Toujours pas de feu dans la cheminée, mais avec tout ce monde en bas et la chaleur qui montait du rez-de-chaussée et des cuisines, sans compter certainement des pièces d’à côté, il ne faisait heureusement pas froid. Mes vêtements étaient encore humides, mais avaient quand même un peu séché.

J’eus l’impression que je venais de m’endormir – alors que cela devait faire plus d’une heure – quand je fus réveillée par des cris dans le couloir et des bruits de lutte étouffés. Je saisis mon bâton et passais la tête à la porte. Je vis un peu plus loin dans le couloir, vers l’escalier, un homme qui défonçait une porte à coup de pied. À l’intérieur des gens criaient.
« Hé vous ! » hurlais-je. Il ne dénia même pas se retourner, ce qui m’énerva prodigieusement, d’autant que je n’aime pas être réveillée en sursaut. Je me précipitais derrière lui et entrait dans la chambre. Il était déjà en train de rouer de coup un homme dans le lit qui n’était même pas capable de se défendre. À côté, une fille nue criait en asseyant de se couvrir avec un drap. Sans trop réfléchir, je levais mon bâton et tapais sur la tête de l’intrus de toutes mes forces. Au moment où je fis ce geste, je réalisais que j’étais dans une assez mauvaise posture, car cet homme était visiblement bien plus grand et plus fort que moi et ce n’était donc pas une très bonne idée de me mêler de ses affaires. Après tout, je ne connaissais pas les deux tourtereaux et je n’avais aucune raison de les aider, sauf peut-être pour qu’il nous amènent sur leur bateau pour quitter cet endroit… Fort heureusement, je ne sais trop comment, mais en frappant, je réussis à assommer l’homme – il faut dire que mon bâton est quand même très lourd et très solide. D’autres personnes arrivèrent à la rescousse, l’aubergiste et ses employés, Lars et Grunilda et une femme blonde, avec une grande épée que je n’avais pas vue jusque-là. Ils avaient maitrisé trois autres hommes en bas et dans les escaliers. Ils les jetèrent tous dehors avec celui que je venais d’assommer. Lorsqu’elle se fut calmée, la fille nous expliqua que l’un des hommes était son fiancé et que celui qui l’accompagnait ici était celui qu’elle aimait. Elle avait vraiment l’air désespérée et en même temps résignée. J’ai bien de la chance d’avoir eu un don qui m’oblige à quitter la maison de mon père, sans cela il est probable que je pourrais être dans la même situation que cette fille, obligée d’épouser un homme pour des questions de stratégie familiale.

Tout danger semblant écarté, je retournais me coucher ; je n’allais pas rester non plus pendant des heures en chemise de nuit dans le couloir.

À peine avais-je fermé les yeux qu’un autre cri retenti, venant cette fois de la pièce à coté où logeaient la gavin et sa suite. Je me relevais, en prenant mon bâton. Il était écrit que nous ne dormirions pas cette nuit. Je sortis et vis de la lumière dans la pièce à coté, je m’approchais. La gavin était là, debout, glaciale, et c’était l’une de ses servantes qui hurlait. À leurs pieds, gisait le corps imposant d’un homme ; je reconnus immédiatement le champion Bruno. Il avait une dague plantée jusqu’à la garde entre les deux omoplates. J’avais déjà vu cette arme quelque part, mais je ne me souvenais plus exactement où. Il y eut un attroupement. La gavin éleva la voix pour dire à ses gardes de retrouver le propriétaire de la dague qui était forcément le meurtrier. J’avais du mal à réfléchir et je ne comprenais pas franchement son raisonnement ; je me disais juste que je n’allais certainement pas pouvoir retourner me coucher avant un petit moment, alors que c’était tout ce dont je rêvais. C’est alors qu’un homme que je reconnus comme l’un des bateliers désigna Lars du doigt en disant que c’était sa dague et en montrant le fourreaux vide à sa ceinture. Oh non ! Mais c’est pas vrai, me dis-je, quel idiot ! Il s’avança disant que c’était bien sa dague, mais qu’il n’avait rien fait et était resté en bas toute la soirée sauf au moment de l’échauffourée avec le fiancé jaloux. À aucun moment il se s’était approché de la chambre de Bruno et il avait pour cela de nombreux témoins. La naine le confirma et je vis d’autres personnes hocher de la tête.

« Par les pouvoirs que me confère mon rang, dit la gavin, rouge de colère, je suis ici la représentante légitime de la justice impériale. Je vous fais arrêter vous et vos trois compagnons pour meurtre : vous serez enfermés dans l’une des chambres, sous la surveillance de mes gardes. Je déciderai demain ce que nous ferons de vous. La naine prendra la place de mon champion et me représentera ainsi au procès auquel je dois me rendre ».


Cette fois, j’étais dans de beaux draps. Et, même si j’en réchappais, je risquais d’avoir de gros problèmes avec le Collège : être lié à un scandale touchant des gens de la noblesse, n’était pas exactement ce que l’on attendait des apprentis - et à plus forte raison, s’il s’agissait de la noblesse de Nuln, étant donnés les desseins que mes supérieurs forgeaient pour mon avenir dans cette cité. Je me voyais retournant au Collège entre deux gardes, j’imaginais la colère de mon maître et s’il ne me tuait pas de ses propres mains, l’emprisonnement, le bûcher ou même pire, la pacification …

J’ai été enfermée dans l’une des chambres avec Lars, Clueber. Il y avait des gardes devant notre porte et en dessous de notre fenêtre à l’extérieur. Je me roulais en boule dans l’un des lits, j’avais envie de pleurer. Les gardes avaient fouillé dans nos affaires, pris mon bâton, ma dague, la chasuble de mon Ordre. Peut-être avaient-ils trouvé ma lettre de recommandation, peut-être l’avaient-ils déchirée… Je me mis à prier Verena, je n’avais rien fait de mal, j’implorais sa justice bienveillante. De toutes façons, c’était la seule déesse envers laquelle j’éprouvais quelque chose s’apparentant à de la dévotion. Même si j’étais loin du fanatisme de ma grand-mère, je connaissais toutes ses prières, je les avais recopiées durant toute mon enfance.

Le silence était revenu dans l’auberge lorsque l’on frappa à notre porte. C’était deux gardes de la comtesse qui vinrent nous chercher pour nous emmener auprès de leur maîtresse.

La chambre où elle logeait n’avait plus rien à voir avec une chambre d’auberge : des meubles de qualité, de belles étoffes sur le lit, le baldaquin et aux fenêtres, un magnifique feu dans la cheminée. On se serait cru transportés dans une demeure noble, à des milliers de lieux de cette auberge lugubre. Grunilda était là aussi. Et je vis dans un coin nos affaires et nos armes, posées à terre.

« Je suis désolée d’avoir du jouer une telle comédie, commença la gavin. Je ne crois pas que vous soyez coupable, ajouta-t-elle en se tournant vers Lars. L’un de mes gardes a vérifié auprès de l’aubergiste ce que vous aviez fait de la soirée et il s’est avéré que vous ne nous avez pas menti. Et surtout, qui serait assez stupide pour utiliser sa propre lame pour commettre un forfait et pour l’abandonner ensuite sur place …»

Je vis Lars rougir. Je dus me retenir de rire. J’étais tellement soulagée par ce discours, que je me sentais gagnée par une incontrôlable allégresse.

« J’ai besoin toutefois que vous me rendiez un service. La personne qui a tué Bruno cherche visiblement à m’atteindre et à me faire perdre le procès auquel je dois me rendre. L’assassin était certainement présent ce soir, lorsque nous avons trouvé le corps et j’ai donc imaginé ce plan pour le piéger. J’ai perdu mon champion, mais j’ai fait croire que j’en avais trouvé un autre. Il va donc se sentir obligé d’agir et de l’éliminer à son tour. Vous allez l’attendre dans la chambre avec votre amie naine et vous me débarrasserez de lui. Tant que je laisserais mes gardes en faction, il ne bougera pas, donc je les retirerai pendant que vous monterez la garde à l’intérieur. Si cela fonctionne nous pourrons chacun reprendre nos routes dès demain matin. Prenez une seule de vos armes et rejoignez la chambre la chambre de Bruno. »

Jamais je n’ai été aussi heureuse de retrouver mon bâton. Cela ne servait pas à grand chose, mais j’ai voulu aussi remettre la chasuble de mon Ordre. Lavée de ses affreux soupçons et reprenant confiance en mon avenir, c’était une joie supplémentaire pour moi de renfiler ce costume.

Nous avons gagné la chambre discrètement. Grunilda a paradé un peu devant la fenêtre puis nous avons tout éteint. Postés à proximité de chacune des entrées potentielles – la porte, la fenêtre et la cheminée – nous avons attendu. Pour vérifier qu’aucun d’entre nous ne s’était endormi nous avions convenu d’un code, un petit bruit à faire tous les quarts d’heures. Heureusement que nous avions pris cette précaution car, moins d’une heure après le début de notre surveillance, les deux hommes dormaient déjà et nous dûmes les réveiller, Grunilda et moi.

L’attente me sembla durer une éternité. Mais finalement, nous entendîmes un très faible grattement, en provenance de la cheminée. Je retins mon souffle, quelques secondes plus tard, je discernais une silhouette. J’avais repéré l’emplacement des chandelles avant que nous les éteignions et je les rallumais donc toutes, en même temps.

L’un des premiers sorts que j’ai appris au Collège consistait à allumer une bougie, puis deux puis trois, puis dix … mon score actuellement est à 62 d’un coup. Les apprentis font régulièrement des concours pour savoir qui en allume le plus. Mon maître prend cela très au sérieux et met un point d’honneur à ce que je figure parmi les premiers.

Nous fûmes tous éblouis l’espace d’une seconde, y compris notre assaillant. Puis, nous avons apercu un homme rampant à terre, tout près du lit où se trouvait Grunilda. Elle se saisit de lui et le souleva au-dessus d’elle, tandis qu’il essayait de la frapper au visage. Je sentis une vive chaleur naître au creux de mon estomac. J’éprouvais une telle colère envers cet homme – par la faute de qui j’avais bien cru que ma dernière heure avait sonné – que j’eus beaucoup de mal à contenir le feu qui bouillait en moi. Je réussis à me contrôler de justesse : ne jamais lancer de sort de feu dans une pièce fermée !

Je visualisais des aiguilles au bout de mes doigts et elles se matérialisèrent et fusèrent avec une telle violence que j’en fus même surprise. L’homme fut atteint à la tête et de la fumée commença à sortir par sa bouche, ses oreilles et ses yeux. Dans la seconde qui suivit, un carreau d’arbalète se planta dans son crâne et l’acheva. Klueber resta sans bouger, lui aussi hébété par l’efficacité de son coup.

Nous regardâmes l’homme mort au pied du lit. Tout s’était passé très vite. Nous n’avions pas réfléchi qu’il pouvait être judicieux de le prendre vivant pour connaître son commanditaire… Nous fouillâmes son corps : il avait sur lui une bourse avec 20 couronnes que nous nous partageâmes. La gavin n’en avait aucun besoin de toutes façons. L’un de nous sortit la chercher. Quand elle vit le corps et après que nous lui ayons raconté le déroulement de l’attaque, elle sembla satisfaite. Nous étions quittes (de quoi, je n’en sais rien puisque nous n’y étions pas en cause dans la mort de Bruno…), elle nous libéra et nous autorisa à regagner nos chambres.

Grunilda et moi sommes donc retournées dans la pièce où nous étions installées à l’origine. Toutes nos affaires nous ont été rendues, chaque chose semblait avoir repris sa place comme si de rien n’était. Je cherchais frénétiquement la lettre du patriarche de l’Ordre et je la trouvais, avec mon grimoire. Soulagée, je m’effondrais sur le lit.

Étonnamment, je me suis endormie presque immédiatement et mon sommeil a été lourd et sans rêves. Lorsque je me suis réveillée, le soleil était déjà haut dans le ciel. Il y avait sur un meuble un pichet avec de l’eau et une bassine. Je me suis lavée le visage pour me réveiller et je me suis habillée – j’ai alors réalisé que pendant toute mon aventure de la nuit, je m’étais promenée en chemise de nuit.

Grunilda s’est réveillée également et nous sommes descendues dans la salle à manger où nous avons retrouvé nos deux compagnons d’infortune. Il était près de 11h. L’auberge était déserte. La gavin et sa suite étaient parties vers 8 h. Le couple de tourtereaux s’était enfui pendant la nuit. Les prêtres de Moor avaient pris un bateau, avec le cadavre également pendant la nuit et la dénommée Ursula que j’avais entrevue dans la nuit était également partie à une heure indéterminée. Vern Hendrick, le serviteur avec qui nous avions discuté la veille était encore là. Il vint nous trouver dès que nous furent arrivées.

« Bonjour ! Eh bien, quelle nuit ! Nous dit-il, en souriant. J’aurais besoin de vous parler. Je vous offre le déjeuner si vous voulez bien. »

Nous avons accepté, non sans ressentir un certain étonnement. Nous nous sommes donc attablés autour d’un solide déjeuner. Wern reprit son explication.

« Mon maître, après son installation m’a envoyé chercher des meubles et des affaires dans son ancienne demeure. Il m’a également confié la mission de lui trouver quelques personnes pour mener une enquête au manoir. En effet, lorsque nous sommes arrivés, outre les problèmes que j’ai évoqué hier, nous avons trouvé que les gens du manoir et les paysans des alentour avaient une attitude étrange. Nous n’avons pas trouvé la raison de cette situation et nous aurions donc besoin que vous vous fassiez passer pour des manœuvres afin de comprendre ce qui se passe là-bas. Vous serez évidemment payés pour votre peine : mon maître m’a autorisé à monter jusqu’à cinq couronnes dont une payable par avance, à l’acceptation de la mission. »

Mon choix fut vite fait. Nous étions coincés ici, pour une durée indéterminée et, personnellement, moins je resterais dans cet horrible endroit, mieux je me porterais. En outre, si le domaine de son maître n’était pas vraiment dans la bonne direction, je pourrais certainement négocier d’être ramenée vers une ville, une fois notre mission accomplie. Enfin, cela n’avait pas l’air si compliqué… Je pense que mes compagnons ont suivi un raisonnement assez similaire au mien. Sans beaucoup d’hésitation, nous avons donc accepté le contrat. Il fallait une bonne demi-journée de voyage pour se rendre au domaine. Comme il était déjà tard, Vern nous avertit que nous ne partirions que le lendemain matin.
Avatar de l’utilisateur
Lotin
Dieu d'après le panthéon
Messages : 2153
Inscription : jeu. août 30, 2012 9:31 pm
Localisation : Back to the trees !

Re: [CR] Warhammer V3 - Ballades en Reikland

Message par Lotin »

Episode 3 et 4 - Le compte-rendu est tardif et résume plusieurs séances, dont une série assez grosse pour une bonne grosse enquête urbaine (Le boucher connaît la musique). Il prend la forme d'une lettre envoyée par l'apprentie Mage-Feu Hannah van Baumer à son Magister à Altdorf.
Le tout entre balises spoilers pour éviter toutes mauvaises surprises à de futurs joueurs.
Spoiler:
À Maître Werner Beike
Collège Flamboyant
Altdorf
Ubersreik, le Konistag 21 2521
Mon bien cher maître,

J’espère que cette lettre vous trouvera en bonne santé et dans de bonnes dispositions car ce que je m’apprête à vous narrer est loin d’être un récit très réjouissant …
La mission que vous m’avez confiée et le voyage qui y est lié s’annonçaient longs et parsemés d’embûches. Autant avouer d’emblée que, même dans mes prévisions les plus pessimistes, j’étais encore loin d’imaginer ce qui m’attendais.
Mais, tout d’abord, rassurez-vous, je vais aussi bien que possible. Physiquement, je ne suis pas blessée, simplement fatiguée, mais ce n’est pas très méchant. En revanche, ce que j’ai traversé jusqu’ici m’a profondément bouleversée…

Pour commencer, je n’étais partie que depuis quelques jours, quand je me fis enlevée et emmenée de force vers une destination inconnue. Je ne dus mon salut qu’à une attaque de peaux vertes et à l’aide de trois compagnons d’infortune. Nous sommes parvenus à nous libérer et avons pu venir à bout de nos assaillants. Hélas, le cocher de la diligence était mort et nous étions perdus au milieu de la forêt, à des jours de marche de tout village. En continuant sur la route, nous avons néanmoins trouvé une auberge où passer la nuit, mais nous n’avions aucun moyen de repartir.

Laissez-moi vous parler un peu des personnes que cette mésaventure m’a permis de rencontrer. Il y a tout d’abord une naine – je sais combien vous avez en haute estime les représentants de cette race et je suis certaine que vous apprécieriez beaucoup celle-là. Vous auriez pu la croiser autrefois sur quelques champs de bataille avec son armure rutilante et sa hache aiguisée; une vraie guerrière, toujours prête à se jeter dans la mêlée ! En sa compagnie, je pense que je vais finir par partager votre opinion sur ces gens : jamais d’arrière pensée, on sait où on va … Les deux autres m’ont inspiré moins de confiance, au début, car ils parlaient peu et semblaient aussi plus méfiants à mon égard. Mais, nous autres sorciers, avons l’habitude de ce genre d’attitude, n’est-ce pas ? Toutefois, au fil des jours et des évènements, ils se sont montrés fiables en toutes circonstances et se sont finalement des compagnons bien agréables. Le premier, Lars Goetze, est un patrouilleur rural avec un caractère bien trempé et toujours prêt à aider son prochain. Le second est un garde plus taciturne du nom de Klueber : il rechigne souvent à s’engager mais, en fin de compte, il répond toujours présent.

Notre première nuit dans cette auberge isolée fut tout à fait incroyable. Il y avait là une gavin et sa toute suite. Pendant la nuit, l’un de ses serviteurs, un champion de justice, fut assassiné. Je me retrouvais, bien malgré moi, impliquée dans cette affaire : avec mes trois compagnons, nous avons été contraints par la gavin à l’aider et à piéger le meurtrier. Ce que nous avons réussi à faire, par bonheur.
Je vous passe les autres détails de cette soirée mémorable, mais je vous promets de tout vous raconter à mon retour : des amants fuyant un fiancé jaloux qui finit par débarquer, des prêtres de Morr promenant un cadavre et plusieurs autres personnes assez bizarres … Je suis sûre que vous apprécierez beaucoup cette histoire !

Cependant, nous étions encore bel et bien coincés à l’auberge. Au petit matin, une solution inattendue s’offrit à nous. La veille nous avions bavardé avec un homme, nommé Vern Hendricks, qui occupe la fonction de valet auprès de lord Rickard Aschaffenberg, un noble d’Ubersreik. Ce dernier vient de se marier et de recevoir en dot un pavillon de chasse perdu au milieu de la forêt. Ce domaine n’est pas très sûr : peu après leur arrivée, Vern et son maître ont dû faire face à des attaques inexpliquées créatures sauvages, mi-hommes, mi-chèvres. Dans ces circonstances, lord Rickard a besoin de s’assurer de la loyauté de ses nouveaux serviteurs, or, Vern nous expliqua que le personnel du domaine ne leur avait pas fait une très bonne impression. Notre mission consistait donc à accompagner le valet incognito pour enquêter sur les domestiques, en se faisant passer pour des manœuvres venus aider au déménagement.
Nonobstant la perspective peu réjouissante d’un séjour au milieu des bois, encerclés par des créatures étranges, c’était le seul moyen de quitter l’auberge, si bien que nous acceptâmes sans beaucoup d’hésitation. Un répurgateur d’Ubersreik accompagnait déjà le valet : c’était un homme assez singulier, peu engageant et marmonnant sans cesse ce qui devait être des prières.

C’est à partir de ce moment que notre aventure a basculé : de rocambolesque, elle est devenue beaucoup plus sinistre.

Ainsi, dès notre arrivée au domaine, nous avons été attaqués par les hommes-bêtes mais ils étaient accompagnés par un gor énorme, puant et doté de cornes monstrueuses. Je sais que ces choses sont fréquentes sur les champs de batailles, nous en avons parlé lors des cours au Collège et vous m’avez également raconté vos combats. Mais, je ne m’attendais pas à pareille lutte ! Le cocher qui nous accompagnait y laissa la vie et le répurgateur lui-même fut durement touché. J’en profite pour vous préciser que je maitrîse de mieux en mieux les sorts d’attaque, même si j’ai parfois du mal à contenir toute leur puissance.
Nous finîmes par venir à bout de ces monstres et pûmes rejoindre le domaine. Tout y était dans un état désastreux : l’enceinte à moitié effondrée, plusieurs bâtiments semblaient à l’abandon, les gardes et les serviteurs étaient terrifiés, lorsqu’ils n’étaient pas blessés ou même mourants. Seul le maître, lord Rickard, semblait garder espoir.
Comme prévu, nous profitâmes de la première occasion pour visiter le pavillon et ses dépendances. Nous avons également essayé de discuter avec les gens, mais ils n’étaient guère bavards. Une atmosphère assez déplaisante régnait sur tout le domaine. Elle atteint son paroxysme dans une des pièces du pavillon où se trouvait un tableau avec un décor repoussant fait de dizaines d’yeux, en encadrant un autre, énorme; cela me mit extrêmement mal à l’aise. Je sentis soudainement des fourmillements dans mes mains et mes pieds et mes oreilles se mirent à siffler.
Il ne nous fallut pas longtemps pour comprendre que se tramait là une machination des plus sombres. Par chance, nous avons découvert un message griffonné sur un papier qui ne nous était certainement pas destiné et qui nous disait quoi manger au dîner. Cela nous évita d’être drogués et endormis comme la plupart des autres personnes présentes au repas. Enfin, pour ceux d’entre nous qui suivirent ce conseil à la lettre … C’est alors que nous découvrîmes que l’intendant du domaine, le docteur, la cuisinière et plusieurs serviteurs se livraient à un culte maudit pendant la nuit. Leurs incantations provoquaient de détestables déformations sur les adorateurs eux-mêmes et sur leurs cobayes, transformant leurs membres et même l’ensemble de leur corps. Nous les avons attaqués par surprise au beau milieu de leur cérémonie et, c’est certainement ce qui nous apporta un avantage décisif et nous permis de les vaincre, même si Klueber a bien failli y laisser sa peau. Hélas, le cauchemar n’était pas fini car, au dehors, une bataille faisait rage entre ceux qui restaient des gardes, le maître-chien avec ses molosses et de nouveaux des hommes–chèvres déchaînés.
Je ne sais par quel miracle nous sommes parvenus à les repousser… Mais les pertes furent lourdes.
Nous avons enterré les morts, brûlé les cadavres des créatures et soigné comme nous le pouvions les survivants. Un homme, un garde, manquait à l’appel. Nous l’avons cherché en vain, lui ou son cadavre. Il ne fut pas possible de savoir s’il avait été emporté par les bêtes – bien que cette hypothèse semble peu probable – ou s’il s’agissait d’un cultiste qui s’était enfui après la mort de ses complices. Nous avons essayé de renforcer ce qui restait des murs d’enceinte. Les bêtes ne sont pas revenues. Je ne sais pas si elles étaient liées aux cultistes, mais l’élimination de ces derniers sembla mettre fin à leurs attaques.
Au bout de quelques jours, lord Rickard accepta de nous laisser partir et nous fit accompagner jusqu’à Ubersreik. Sa famille occupe une place importante dans la vie politique de la ville franche et il nous promit de faire appel à nos services si l’occasion se présentait. Les magisters du Collège seront certainement satisfaits d’apprendre que j’ai contribué à sauver la vie du principal représentant de cette famille, promise à un bel avenir…

À Ubersreik, nous avons dû chercher du travail afin de gagner de l’argent. J’espérais me constituer un pécule suffisant pour me remettre en route vers Karaz-Azgaraz. Hélas, les évènements qui suivirent m’ont encore détournée de cet objectif.
Parmi les offres d’emploi proposées en ville, l’une consistait à aider un père éploré, un commerçant du nom de Fletcher, à retrouver sa fille unique, Anna, disparue depuis plusieurs jours. Nous menâmes l’enquête dans toute la ville, interrogeant, fouillant, espionnant…
J’ai oublié de vous préciser qu’il s’agit d’un boucher et que sa spécialité, des saucisses, est l’un des mets les plus prisés de la ville. En ce qui me concerne, je crois bien que jamais plus je ne pourrais en avaler... Fletcher leur doit sa fortune et il possède plusieurs boucheries dans la cité.
Assez vite, nous repérâmes quelque chose d’anormal dans l’un de ces magasins. Quand je rentrais dans l’arrière boutique, je décelais un vent de magie tout à fait répugnant : je dus sortir de là très vite avant de perdre connaissance. Mes oreilles bourdonnaient comme si un essaim grouillant m’encerclait et ma peau me démangeait horriblement. Je suppose que vous avez déjà été exposé à ce genre de chose, mais moi, je n’y suis guère habituée ! Cela ressemblait un peu à ce que j’avais ressenti dans la bibliothèque de lord Rickard face à cette immonde toile, mais cette fois, les effets étaient beaucoup plus violents. Cette épreuve m’a vraiment terrifiée ! Mes compagnons trouvèrent dans l’arrière boutique un pendentif qui appartenait à Anna. Nous décidâmes de revenir le soir, car plusieurs effractions avaient été commises la nuit dans ce magasin.
Nous avons attendu et un être étrange est venu, très grand et d’une agilité extraordinaire. Il s’est glissé dans l’arrière-boutique, où il a utilisé le hachoir pour … fabriquer des saucisses. Une fois son étrange besogne accomplie, il est ressorti et nous l’avons suivi jusque chez l’un des concurrents du boucher, un dénommé Stark.
Durant toute la soirée, ma pratique de la magie a été complètement déréglée, je ne sais pas si cela est lié à la présence de cet horrible vent … J’ai été prise de nausées, puis je me suis même mise à proférer des incantations dans une langue bizarre et que je ne connaissais pas. Dès que j’ouvrais la bouche, les mots auxquels je pensais se transformaient en vociférations effroyables… Heureusement que mes compagnons m’ont soutenue et protégée à ce moment-là !

Finalement, nous nous sommes rendus chez Stark. Là, nous avons compris qu’il avait corrompu Anna ainsi qu’un jeune homme. Lors de notre enquête, nous avions recherché ce fils de bonne famille qui avait croisé le chemin d’Anna avant de disparaître sans laisser de trace. En fait, il s’avéra qu’il était devenu la créature infâme que nous avions croisée dans l’arrière boutique. Quand nous sommes entrés, il nous a attaqués et nous n’avons eu d’autre choix que de le tuer. Stark aussi est mort dans la lutte.
Quant à Anna, elle a été transformée en une vraie monstruosité. Je n’aurais pas le cœur de vous la décrire tant son état est atroce. Elle était retenue prisonnière dans la cave de Stark. C’est là que nous l’avons retrouvée enchaînée, à demi morte et à demi folle. Nous avons recherché de l’aide auprès des bienveillants prêtres de Shallya, mais il était trop tard. La seule chose que l’on pouvait encore faire été d’essayer de soigner ses blessures puis de la cacher pour qu’elle puisse finir sa pauvre vie le moins inconfortablement possible.
Vous imaginez sans mal l’horreur, lorsqu’il a fallut annoncer cela au père …

Chez Stark, nous avons trouvé dans une cage d’abjectes petites créatures verdâtres que le boucher sacrifiait pour empoisonner les saucisses de son rival. Ceux qui les mangeaient, comme Anna et l’infortuné jeune homme, subissaient d’horribles transformations physiques, sans parler de la démence qui s’emparait d’eux. J’ai bien du mal à comprendre les motivations de Stark, cela m’apparaît comme une vengeance bien démesurée pour une simple rivalité de commerçant. Comment peut-on en arriver à faire des choses si horribles ? Oh, je sais que vous allez encore me dire que je suis bien naïve… Mais comment peut-on s’adonner à cette magie infecte ? Il faut être fou !
Et ce n’est pas tout, il semble que Stark avait une complice : une chanteuse qui l’aidait à attraper ses victimes. Son cadavre a été retrouvé dans un bateau où apparemment elle se cachait et où elle serait morte de faim. .Je ne sais pas exactement quel était son rôle et à quel point elle était corrompue dans cette affaire, mais elle était au moins au courant pour les petites créatures : nous avons découvert près de son corps un mot où il y était fait allusion, sans doute possible. Enfin, Stark et elle possédaient tous deux des pierres mauves, des sortes d’amulettes visiblement enchantées. Grunilda a montré ces bijoux à un vieux nain qui réside à Ubersreik et selon lui ses pierres auraient une origine elfique.
Voilà tout ce que nous avons pu apprendre sur cette sombre histoire. Nous avons détruit toutes les saucisses suspectes et à priori, tous les responsables de ces abominations ont été éliminés. Enfin, j’espère que nous n’avons rien raté …

Les prêtres de Shallya ont accepté de s’occuper d’Anna et de l’emmener dans une léproserie à Hugeldal où ils pourront prendre soin d’elle. Ils nous ont demandé si nous pouvions les escorter jusque là-bas et nous avons accepté. Nous devrions partir dans un ou deux jours, le temps qu’Anna se remette un peu et puisse supporter le voyage.
Ce n’est pas exactement le chemin que je comptais prendre, mais cela me rapprochera quand même un peu de la forteresse des nains. Je ne perd pas de vue la mission que vous m’avez confiée, mais je suis certaine que vous comprendrez que je choisisses d’abord d’accompagner cette pauvre victime jusqu’à un lieu plus clément.

Cependant, notre séjour à Ubersreik nous réservait encore de bien mauvaises surprises.
Lorsque nous enquêtions sur la disparition d’Anna, à un moment, nous avons été entraînés sur une mauvaise piste… En fait, peu de temps avant notre arrivée dans la ville, la rumeur rapporta de soudaines apparitions de spectres, vagabondant à travers les rues. Grunilda et Lars assistèrent à l’une de ces apparitions et suivirent un des fantômes, une femme sans tête, jusqu’à une maison bourgeoise où elle sembla rentrer. Nous avons remonté sa piste jusqu’aux jardins de Morr à l’extérieur de la ville et nous y avons trouvé des traces suspectes autour de vieilles tombes qui semblaient avoir été creusées récemment. Quelques recherches au temple de Verena, où se trouvent les archives de la ville, nous permirent de faire le lien avec une histoire de sorciers malfaisants, arrêtés, condamnés et mis à mort, il y a de cela plusieurs siècles. Ce sont visiblement leurs tombes qui auraient été profanées.
Après avoir retrouvé Anna, nous reprîmes nos recherches sur ces fantômes. Nous sommes allés frapper à la maison où avait disparu l’esprit féminin. Le propriétaire, un pistolier d’Altdorf, nous a reçu et nous a confié à la fois son incompréhension et la position pour le moins gênante dans laquelle cette histoire le mettait. Il a accepté de nous faire visiter la maison et ses jardins. Nous avons remarqué des piétinements suspects près de la cave, là où l’on stockait le charbon. En fouillant, un peu dans le tas de combustible, nous avons fini par découvrir un crâne humain. Nous avons alors pensé que cela devait attirer le fantôme et jugé qu’il était plus prudent de le ramener aux prêtres de Morr qui sauraient comment apaiser cet esprit.
La plupart des gens, éprouvent toujours une certaine appréhension envers les prêtres de Morr, et moi la première, je ne suis jamais vraiment à l’aise en leur présence. Pourtant je dois bien avouer que ceux que nous avons rencontrés à Ubersreik, se sont montrés très conciliants et nous n’aurions jamais pu venir à bout de notre quête sans leur aide. Lorsque nous leur apportâmes le crâne, ils repérèrent immédiatement que quelque chose clochait : le crâne que nous avions trouvé était affublé d’une mandibule qui n’était pas la sienne et malgré tous leurs rites, ils risquaient d’avoir du mal à calmer l’esprit. Il était donc indispensable de récupérer la bonne mâchoire et l’autre crâne.

À cours de piste, nous décidâmes d’attendre le second fantôme et d’essayer de le suivre en espérant qu’il nous mènerait aux autres ossements.
Et c’est ce qui se produisit. Nous traversâmes toute la ville à la poursuite du revenant. Il nous conduisit jusqu’à une maison dans un quartier excentré de la ville. Elle était déserte alors, nous en fîmes le tour et nous découvrîmes un passage menant à la cave. Nous savions que nous devions résoudre cette affaire le plus rapidement possible et nous n’avions guère le temps d’attendre le retour du propriétaire. Lars et Klueber se faufilèrent à l’intérieur. Hélas, à cet instant un attelage arriva et s’arrêta devant le soupirail par lequel ils venaient d’entrer. Grunilda et moi eûmes tout juste le temps de nous cacher et nous avons attendu sans faire de bruit. De là où je me trouvais, je voyais les pieds d’un homme qui tirait un gros paquet allongé ; il s’approcha de l’ouverture et le fit basculer à l’intérieur. Puis il remonta dans son chariot et s’en alla, aussi vite qu’il était venu. De toutes façons, cela n’avait plus d’importance car nous avions tout de même eu le temps de le reconnaître : il s’agissait du cocher qui travaillait aux jardins de Morr et que nous avions déjà croisé là-bas.
Par le soupirail, je vis alors la figure livide de Klueber qui me fit signe de venir et j’entrais donc dans le sous-sol, j’enjambais le paquet terreux que le cocher avait amené. La forme était déjà assez significative mais les tissus qui l’enveloppaient s’étaient entrouverts et on pouvait apercevoir les chairs violacées d’un cadavre. Klueber ne me laissa pas le temps de m’appesantir sur cette vision d’horreur et m’emmena dans une petite pièce adjacente.
Il y avait là une sorte de laboratoire et je me sentis immédiatement mal à l’aise. De fortes odeurs de moisissure et de décomposition flottaient dans l’air vicié de ce sous-sol. Petit à petit, je commençais aussi à ressentir les effets néfastes d’un vent de magie tout aussi répugnant que celui dont j’avais souffert chez Stark, mais néanmoins différent ! Cette fois, j’avais un sale goût de terre dans la bouche et je fus prises de douloureuses crampes au ventre.
Sur un plan de travail, nous avons trouvé un journal avec une écriture très serrée, tout juste déchiffrable : l’auteur se présentait comme un médecin. Il avait pris des notes très détaillées sur des expériences faites sur des cadavres. En raison, de sa profession, ce fait ne me troubla pas trop au départ. En revanche, il était aussi question de conversations plus surprenantes avec un être mystérieux, nommé Uwe, comme l’un des sorciers dont la tombe avait été profanée. Un nom étrange, Gorash, revenait aussi sans cesse. Je lus tout cela en diagonale et j’allais directement aux dernières pages, où le docteur évoquait son projet de quitter Ubersreik pour rejoindre des membres de sa guilde à Hugeldal. Décidemment, tout nous mène vers cette cité …
Il y avait encore une boîte renfermant une grosse pierre d’une couleur vraiment étrange et que je ne saurais décrire mais il en émanait une espèce d’aura, comme de la lumière. Sa seule vue fit redoubler mes douleurs au ventre ; je dus m’en éloigner très vite.

Mais, le pire était à venir : il y avait des cages couvertes de rideaux lorsque nous regardâmes à l’intérieur, nous découvrîmes des cadavres – ce qui expliquait l’odeur. Mais, c’est là, que l’un d’eux se mit à bouger… Je compris alors à qui nous avions à faire : un nécromancien ! Je me précipitais alors vers la sortie car je ne voulais pas rester une minute de plus dans cet antre maudit.
En sortant, nous décidâmes d’emporter le journal. Klueber voulu aussi prendre la pierre. J’essayais de l’en dissuader, mais il est un peu cupide… Malgré mes mises en garde, il essaya de la toucher et cet imbécile n’y gagna qu’une vilaine brûlure …

J’en viens au dernier rebondissement de notre enquête à Ubersreik. Nous nous sommes rendus aux jardins de Morr, afin de rapporter le second crâne aux prêtres et de les prévenir de la traîtrise de leur serviteur.
Il était assez tard et il faisait presque nuit quand nous arrivâmes. En longeant le muret qui entoure le cimetière, nous avons aperçu une silhouette en train de creuser. Le cocher ! Nous nous sommes avancés discrètement ; Lars et Klueber ont cherché à le contourner pour le prendre à revers et l’empêcher de s’enfuir. Comme ils se rapprochaient du cocher, tout à son affaire et qui n’avait rien entendu, Grunilda et moi avons aperçu un autre homme, caché derrière un monument qui observait toute la scène. Tout à coup, il sortit une arbalète et il commença à viser Lars. Ne sachant comment intervenir, je ramassais une pierre par terre et la jetais au loin pour faire diversion. Cela a distrait le tireur, mais le cocher aussi a été alerté et a sauté sur son chariot. Nous l’avons arrêté in extremis, mais il n’y a pas survécu.

Alors, nous nous sommes retrouvés nez à nez avec l’homme à l’arbalète et, d’un commun accord, nous avons baissé nos armes et choisit de discuter. Il s’agit d’un Strigien, il s’appelle Léo et appartient à l’Ordre du Suaire.
Je sais bien que vous connaissez ces moines-guerriers ainsi que leur sacerdoce et j’imagine d’ici votre inquiétude lorsque vous lirez ces mots car vous comprendrez, qu’après les cultistes immondes, les sorciers maléfiques et les nécromanciens, nous risquons maintenant d’être mêlés à des affaires concernant des êtres encore plus redoutables. Et, moi aussi, cela me terrifie !
En dépit d’une méfiance réciproque, il nous est apparu que nous devions échanger nos informations avec cet homme. Nous lui avons donc raconté comment nos investigations nous avaient menées dans ce cimetière et ce que nous savions de celui qui achetait des cadavres au cocher. De son côté, il nous a révélé qu’il poursuivait une strige du nom de Gorash, un être malfaisant et extrêmement dangereux qui menait une lutte acharnée contre l’un de ses rivaux Sire Bandick. Leur duel funeste pourrait très bien avoir des répercussions sur l’ensemble de la région et les dégâts collatéraux risquaient d’être désastreux. Et c’était donc l’un de ces monstres que le nécromancien cherchait à approcher…
Lorsque nous lui avons appris que le docteur était parti pour Hugeldal, il nous dit qu’il devait s’y rendre aussi et qu’il y rejoindrait un campement de Strigiens installés à proximité de la ville. Comme nous devions y aller également pour accompagner Anna et les prêtres de Shallya, nous avons convenu de faire la route ensembles.

Depuis, j’ai consacré un peu de temps à la lecture du journal du nécromancien. Je ne suis pas très à l’aise avec cet objet : c’est vraiment l’œuvre d’un dément ! Il s’en exhale une odeur putride et dès que je le touche, j’ai un mauvais goût dans la bouche. Mais il faut bien chercher des indices sur ce que manigance ce docteur. Comme pour Stark, j’ai du mal à saisir ses motivations. Je commence aussi à nourrir quelques suspicions envers les médecins. Après celui que nous avions rencontré chez lord Rickard Aschaffenberg et qui était membre d’un culte du chaos, voilà que nous tombons sur un nécromancien…
Je ne me suis pas attardée sur ses expériences nauséabondes sur des morts, mais je me suis plus intéressée à sa relation avec Uwe et au delà avec Gorash qu’il souhaitait donc ardemment rencontrer. En ce qui concerne le premier, je crois me souvenir d’avoir appris que l’esprit d’un sorcier qui au cours de sa vie s’était adonné à la magie noire peut conserver une partie de sa conscience et qu’ils sont de fait plus dangereux que d’autres. De plus, il me semble aussi qu’ils sont souvent au service de vampires. La question que je me pose et à laquelle le journal ne m’apporte guère de réponse, c’est de savoir qui, du docteur ou de l’esprit, manipule l’autre… Peut-être trouverons-nous la solution à Hugeldal. Dans tous les cas, toutes les tentatives du nécromancien pour entrer en contact avec Gorash semblent avoir échoué. Je pense qu’il s’agit plutôt d’une bonne nouvelle…

J’en profite pour faire encore un aparté. Je ne sais pas si cela à un rapport, mais c’est à Hugeldal qu’est apparue une épidémie qui a ravagé la région, il y a plusieurs mois. On l’a appelé la « peste des goules ». Je n’en avais pas entendu parlé à Altdorf, mais il semble qu’ici elle ait fait beaucoup de victimes. Je ne saurais trop dire pourquoi, mais cette épidémie présente bien des aspects mystérieux et peut-être même surnaturels.

Comme je vous l’ai dit plus haut, je suis convaincue qu’il est de mon devoir de mettre Anna en sécurité. Si, par la même occasion, je peux contribuer à arrêter un nécromancien et à déjouer les sombres desseins de vampires, je suis certaine que vous serez d’accord avec moi pour m’y encourager.
Je sais que tout cela est très risqué et que ces forces me dépassent.
Ô, comme j’aimerais que vous soyez à mes côtés en ces circonstances ! Mais, même si j’ai peur, je sais que je ne suis pas seule et que je peux faire confiance à mes compagnons… Et les pyromanciens ne sont pas des lâches ! Si je renonçais, comment pourrais-je ensuite me présenter au Collège et vous regarder en face !
Je ne suis pas certaine que vous pourrez lire cette lettre, on ne sait jamais ce qui peut advenir des courriers… Je ne sais pas non plus si vous pourrez me venir en aide, mais il se trame vraisemblablement des choses sinistres à Hugeldal. Peut-être aurais-je au moins réussi à vous alerter, ainsi que nos supérieurs et vous pourrez en informer les autorités compétentes.

Soyez bien assuré, mon cher maître, de ma fidélité envers vous et de ma loyauté envers notre ordre.

Puisse Sigmar nous garder du mal.

Votre dévouée apprentie
Hannah van Baumer
Avatar de l’utilisateur
nergaal
Pratiquant
Messages : 209
Inscription : ven. nov. 09, 2012 10:14 pm
Localisation : Lille

Re: [CR] Warhammer V3 - Balades en Reikland

Message par nergaal »

Je lis avec intérêt ton CR, j'espère que tu continueras :)
Avatar de l’utilisateur
Lotin
Dieu d'après le panthéon
Messages : 2153
Inscription : jeu. août 30, 2012 9:31 pm
Localisation : Back to the trees !

Re: [CR] Warhammer V3 - Balades en Reikland

Message par Lotin »

Merci pour les encouragements. La prochaine séance a lieu ce samedi, je suis en train de préparer le scénario, heureusement je suis en congé. Le compte-rendu des deux dernières séances est pour tout bientôt, il est en cours d'écriture.

J'édite le premier post pour vous donner l'ordre des scénarios joués.
Avatar de l’utilisateur
Lotin
Dieu d'après le panthéon
Messages : 2153
Inscription : jeu. août 30, 2012 9:31 pm
Localisation : Back to the trees !

Re: [CR] Warhammer V3 - Balades en Reikland

Message par Lotin »

Interlude (Point de vue d'Hannah) :

Dans la foret entre Ubersreik et Hugeldal

Pour nous rendre à Hugeldal, nous avons emprunté une petite route ou plutôt un chemin, boueux et truffé de trous, qui traverse sur presque toute sa longueur une forêt grise et particulièrement lugubre en cette fin d’hiver pluvieuse.

Les arbres dressent leurs branches noires, tortueuses et sans feuilles vers le ciel couleur de plomb. De la mousse filandreuse s’accroche au bois et pend lamentablement tandis que les lichens jaunâtres rongent les troncs. Quand le vent agite ces branches, on croirait voir d’immenses bras squelettiques, couverts de loques, qui tentent de griffer les nuages. Et, vu la pluie qui tombe sans arrêt depuis des jours, je crois bien qu’ils ont réussi à les déchirer…
Il n’y a que des troncs à perte de vue et des tapis de feuilles mortes qui exhalent une odeur acre de pourriture. Quelques ronciers impénétrables ou des lambeaux de brume masquent la vue par endroits. Tout est horriblement humide. Même lorsque la pluie cesse, ce qui ne dure jamais plus de quelques heures, tout reste mouillé et suintant, les arbres, le chemin et nous aussi. Le soir, lorsque nous nous arrêtons, nous faisons un feu pour essayer de nous réchauffer et au moins manger ou boire quelque chose de chaud, mais ça ne suffit pas. Je suis frigorifiée du soir au matin, mes vêtements sont complètement trempés, même ceux que j’avais laissés dans mon sac.

Toute la journée, nous marchons dans ce froid lugubre. On n’entend presque aucune bestiole : de temps à autre un oiseau, parfois le frôlement discret d’un lapin qui s’enfuit à notre approche. Mais tout est anormalement calme et si quelques bruits nous révèlent leur présence, en revanche, nous n’avons vu aucun de ces animaux. Ces bois sont certainement plus vivants au printemps ou en été, lorsque des feuilles sont revenues sur les arbres, que la chaleur a réveillé les insectes et fait pousser des baies… cela doit bien gazouiller ici sous le soleil ! Même la flamboyance de l’automne doit être agréable. Mais là, tout est sinistre et transpire la mort. Je n’aime vraiment pas l’hiver, je me sens fragile et déprimée. Si je devais lancer un sort, avec ce froid et cette humidité je ne sais même pas si je parviendrais à produire ne serait-ce qu’une flammèche !

La nuit est particulièrement difficile. Je prends mon tour de garde en dernier, juste avant le lever du soleil (que nous ne voyons jamais, d’ailleurs). Je me blottis près de ce qui reste du feu et j’écoute dans le silence la pluie qui tape sur la toile du chariot où Anna gémit tout bas, la pluie qui s’écrase sur les feuilles pourrissantes, et quelquefois, une branche cassée par le vent tombe avec un bruit étouffé.
Au début, je craignais les attaques de loups ou de créatures infernales comme les hommes bêtes que nous avons affrontés au domaine de Lord Rickard, mais il n’y a pas âme qui vive ici. Rien … Même les monstres semblent avoir déserté les lieux.

Il nous reste encore plusieurs jours de voyage avant d’arriver à Hugeldal et nous avançons lentement : le chariot ne peut pas rouler très vite sur ce chemin cahoteux et plusieurs d’entre nous marchent à pied, glissant dans la boue et les feuilles à chaque pas.

Je me sens gagnée par une désespérante lassitude : il fait si froid, ça sent mauvais et tout est beaucoup trop silencieux…
Avatar de l’utilisateur
Lotin
Dieu d'après le panthéon
Messages : 2153
Inscription : jeu. août 30, 2012 9:31 pm
Localisation : Back to the trees !

Les Horreurs d'Hugeldal

Message par Lotin »

À Maître Werner Beike
Collège Flamboyant
Altdorf

Sur la route au sud d’Hugeldal…

Mon bien cher maître,

Ma dernière lettre a dû bien vous inquiéter, aussi je m’empresse de vous donner de mes nouvelles. Tout d’abord, je vous rassure, je vais plutôt bien. J’ai une vilaine blessure au bras et je suis épuisée, mais avec quelques bonnes nuits de repos, et quelques jours au calme et au chaud, il n’y paraîtra plus rien.
Je ne m’en tire pas trop mal, cependant, étant donné ce que nous avons affronté à Hugeldal, nous pouvons nous estimer heureux d’en être sortis vivants…

Dès le début, ce séjour était mal engagé. Après un voyage lugubre et déprimant, qu’il serait trop long de vous raconter ici, nous arrivions tout juste en vue des remparts d’Hugeldal, lorsque nous sommes tombés au beau milieu d’une rixe entre des bandits, des prêtres de Shallya, leur escorte et des bohémiens qui, nous l’apprîmes plus tard, se trouvaient là par hasard et avaient été mêlés malgré eux à la bagarre. Plusieurs religieux étaient à terre : évidemment, nous nous devions d’intervenir. Nous profitâmes de l’effet de surprise pour neutraliser ou mettre en fuite les cinq ou six assaillants. Deux des prêtres étaient mourants. J’ai essayé de cautériser la blessure de l’une d’eux qui perdait beaucoup de sang, mais ce fut vain et elle a succombé peu après. Je ne suis pas sûre que mon intervention ait servi à quelque chose et je pense qu’il était déjà trop tard, mais j’ai beaucoup de mal avec ce sort.
Nous apprîmes que les prêtres de Shallya avaient été expulsés de la ville par sa dirigeante, la Comtesse Agnetha von Jungfreud. Cette dernière leur reprochait leur incapacité à sauver les malades atteints de la « variole des goules » et les rendait responsables de la mort de son époux. Les prêtres étaient donc partis et, à peine avaient-ils quitté la ville, qu’ils tombaient dans cette embuscade. Ils nous demandèrent, si nous en avions l’occasion, d’intercéder en leur faveur auprès de la comtesse et ils nous conseillèrent également de nous rendre à l’auberge du Seau Sanglant. Là, l’aubergiste se chargerait certainement de faire récupérer les corps des défunts et les faire enterrer dignement.
Ils partaient vers une autre ville au nord, dont j’ai oublié le nom. La prêtresse et son acolyte que nous escortions depuis Ubersreik décidèrent de les suivre et d’amener avec eux l’infortunée Anna Fletcher. Nous leur fîmes donc nos adieux, après leur avoir souhaité bonne chance.
Puis nous avons repris notre route vers l’entrée de la ville. Un peu plus loin, nous avons observé un sentier qui s’enfonçait dans le sous-bois, avec des traces de pas assez fraîches. Nous avons remonté la piste jusqu’à un petit campement qui semblait désert. Mais en nous approchant nous avons constaté, à nos dépens, que les occupants avaient pris soin de piéger les abords. Grunilda est tombée dans l’un de ces pièges et s’est cassée une jambe. Nous l’avons hissée hors de ce trou puis faite monté sur son cheval et ce ne fut pas une mince affaire, croyez-moi ! Ensuite, nous avons fouillé le camp en faisant très attention où nous mettions les pieds. Il était bien vide, toutefois, dans un coin, il restait deux cadavres de répugnants gobelins auxquels on avait coupé les oreilles. Nous ne sommes pas très loin des Montagnes grises qui grouillent de ces affreuses créatures mais comment ces … choses avaient bien pu arriver là ?

À l’entrée nord de la ville, nous avons quitté Léo qui a rejoint de campement de bohémiens installés d’un coté de la porte, juste en face des jardins de Morr. Les gardes nous ont arrêtés. Je ne crois pas qu’il y ait eu beaucoup de voyageurs par ici ces derniers temps. Ils nous ont demandé d’où nous venions et immédiatement montré un avis de la Comtesse bannissant les prêtres de Shallya et incitant les visiteurs malades ou souffrants (la variole des goules a dû en drainer pas mal depuis les campagnes environnantes) à se rendre chez les médecins de la Guilde pour y être soignés.
Ils n’étaient guère accueillants et, sans la douce perspective de trouver une auberge, avec un bon bain, un vrai lit et à manger, je crois que j’aurais été tentée de rebrousser chemin ou de suivre Léo pour chercher une place dans une roulotte…
Ils finirent toutefois par nous laisser passer et nous indiquer où se trouvait l’auberge du Seau Sanglant. Quel nom bizarre n’est-ce pas ? Comme vous avez beaucoup voyagé, il est possible que vous soyez déjà venu ici et que vous connaissiez cette histoire, mais si ce n’est pas le cas, je sais que vous ne m’en voudriez de ne pas vous la raconter. Devant l’établissement se trouve une place avec un puits où les habitants viennent s’approvisionner en eau. C’est là qu’autrefois eu lieu une querelle avinée entre des adeptes de Sigmar et d’Ulric, cela se termina en bagarre très violente et la tête d’un Ulricain fut tranchée et alla atterrir au fond du puits. Pour la remonter, on utilisa le seau. Et forcément, à l’arrivée, celui-ci était bien dégoulinant du sang de la victime. D’où le nom, fort sympathique, de « Seau Sanglant ».

En traversant la ville jusqu’à l’auberge, nous avons pu constater qu’Hugeldal est une très petite cité, plutôt décrépie. Il n’y avait pas grand monde dans les rues, l’épidémie a réellement fait des ravages. Après des jours à traverser cette sordide forêt, j’étais ravie de retrouver la civilisation … mais quelle déception : cette ville était si morne ! Il y avait peu de bruits, peu d’agitation. Bizarrement, les vieillards et les enfants, logiquement plus faibles, semblaient avoir mieux survécu. Lars et Klueber chuchotèrent qu’une telle population résultait plus souvent d’une guerre que d’une épidémie.
C’est l’aubergiste qui plus tard nous livra l’explication. Le bruit avait couru, plusieurs semaines auparavant, que des hordes d’hommes bêtes pillaient les campagnes à quelques jours de la ville. Des réfugiés terrifiés avaient afflué, racontant les saccages et les meurtres. Un templier de Sigmar, nommé Richter, avait réussi à lever une troupe d’une centaine d’homme et de nains, nombreux dans cette cité minière, pour aller lutter contre ce fléau. La plupart des personnes encore valides et en âge de porter les armes était donc partie et on était sans nouvelles d’eux depuis. On pensait qu’ils avaient été tous massacrés. Un nouveau malheur pour cette ville déjà bien éprouvée.

L’aubergiste justement fut la première personne un peu souriante et causante que nous rencontrions ici. Il sembla très attristé lorsque nous lui expliquâmes que c’étaient les prêtres de Shallya qui nous envoyaient et ce qui leur était arrivé à la sortie de la ville. Il nous assura qu’il s’en occuperait. Il répondit aussi à nos questions sur l’état de la ville, l’épidémie et la Comtesse qu’il nous dit sous l’influence, non tant des médecins, mais plutôt d’un ingénieur nommé Torstein. Par Sigmar ! Que nous avons été naïfs !
Il nous indiqua où trouver les médecins : nous étions venus pour ça après tout ! Et il fallait faire soigner la jambe de Grunilda.

Après avoir pris un bain et nous être un peu restaurés, nous nous sommes rendus aux hospices de Shallya où la guilde des médecins s’était installée. Mais il n’y avait qu’une jeune fille qui balayait et nous a dit que le seul médecin présent, le docteur Verfullen, exerçait désormais dans un cabinet en ville. Nous avons essayé de savoir s’il avait reçu un collègue venant d’Ubersreik. Elle nous apprit, qu’en effet, un homme était venu et avait passé quelques jours ici, mais elle ne savait pas où il était maintenant. Nous avons visité le lieu et notamment le sous-sol, à la recherche d’indices mais nous n’avons rien remarqué de spécial.
Alors nous sommes repartis à la recherche du médecin à l’adresse indiquée par la jeune fille.
Il s’agissait d’une petite maison avec un seul étage. Une femme nous a ouvert : « le docteur est en consultation, vous allez devoir attendre un peu ». Elle nous a conduits dans une antichambre qui donnait sur deux autres pièces, puis elle a rejoint le docteur dans l’une, certainement la salle de consultation. Comme nous étions seuls, nous en avons évidemment profité pour fureter. Je suis la seule à savoir lire dans notre groupe, aussi, mes compagnons m’envoient volontiers en repérage. Pendant qu’ils montaient la garde, j’ai ouvert lentement la porte de la seconde pièce, elle semblait vide et je m’y suis donc faufilée. C’était le bureau. Il y régnait un désordre impressionnant : des feuilles dans tous les coins, des ouvrages, des instruments, des fioles… j’essayais de jeter un coup d’œil aux papiers, il s’agissait essentiellement d’ordonnances. La pièce était assez grande et je remarquais, dans le fond, un grand rideau. Je le poussais tout doucement au cas où il y aurait eu quelqu’un derrière, mais c’était un spectacle autrement plus immonde qui m’attendait. Dans une sorte d’alcôve, sur une table de travail, se trouvait un cadavre de gobelin dépecé et disséqué. L’odeur était à vomir. D’ailleurs… c’est ce qui m’arriva. Je commençais aussi à ressentir des picotements sur les bras et les jambes, je crus voir de nombreux insectes autour de moi, comme lorsque je me trouvais dans l’arrière-boutique de la boucherie d’Ubersreik. Il fallait que je sorte de là, rapidement : en catastrophe je cherchais un moyen de cacher mon vomi, je ne devais pas laisser de trace de ma venue. Tout ce que je réussis à trouver était un linge imbibé du sang de cette infâme créature. Vous imaginez sans mal mon écœurement et vous connaissant, je pense même que cela vous amusera… Avant de sortir, je remarquais que, comme pour les cadavres dans la forêt, les oreilles de ce monstre avaient été coupées.

Je retournais dans le bureau et tirais le rideau. Sur une étagère, un coffret attira mon attention. Je l’ouvris. Il contenait quelques papiers et notamment une lettre que je lus en diagonale, comme les autres documents ; néanmoins, cette fois, je compris que j’étais tombée sur une pièce beaucoup plus intéressante. Je l’ai prise et elle est toujours en notre possession.
La lettre, assez courte, est adressée à Wilhelm (c’est le prénom du docteur Verfullen). L’auteur a signé d’une simple initiale « F. » comme dans la lettre que nous avions retrouvée près de la complice de Stark à Ubersreik, celle où il était recommandé de prendre soin des « petits ». Dans cette nouvelle lettre, il y est d’abord question d’une potion qui soignerait la variole des goules et qui aurait été testée dans le Nordland. « F. » conseille au docteur de l’administrer à la Comtesse et à son fils mais pas à son mari. Apparemment cette potion en plus de les soigner, permet de contrôler l’esprit de ceux qui la boivent. L’objectif écrit noir sur blanc était de prendre l’ascendant sur la Comtesse. Cela serait utile notamment pour la convaincre de se débarrasser des prêtres de Shallya traités de « charlatans ». Il y a ensuite une allusion à un Sigmarite indiscret. « F. » suggère de l’inciter à aller combattre « une brûlure affligeant les terres non loin d’Hugeldal » ; il s’agit certainement des hommes bêtes et visiblement cela a fonctionné, puisque Richter est bien parti avec les hommes valides loin de la ville et a disparu… Enfin, la lettre se termine sur l’annonce de l’arrivée d’un messager et d’un « spectacle itinérant ». Verfullen devrait le rencontrer à midi. Mais il n’y avait aucune date.

Quand je ressortais du bureau, je fis part de ma découverte à mes compagnons. Dans l’instant qui suivit, alors que nous n’avions pas eu le temps de nous consulter sur ce que nous devions faire ensuite, le docteur sorti de son cabinet avec son patient. J’observais cet homme qui cachait dans son bureau des choses si horribles. Pourtant, il avait l’air tellement normal avec ses lunettes et sa barbiche.
Il fit entrer Grunilda et Lars, tandis que je restais avec Klueber dans l’antichambre. Je dois avouer que je n’étais pas très bien et que j’avais encore l’estomac retourné. Pendant la consultation, Grunilda et Lars essayèrent d’interroger le docteur. Il fut immédiatement sur ses gardes et chercha à se dérober. Je ne vous mentirai pas : c’est là que nous avons fait notre plus grosse erreur : nous aurions dû être plus pressants et lui faire dire tout ce qu’il savait. A la limite, nous aurions dû l’espionner et le suivre après son départ du cabinet. Oui… Nous nous y sommes vraiment pris comme des incapables !
Il était déjà tard quand nous sommes sortis de chez le docteur et nous étions tous fatigués. Je ne me souviens plus exactement de ce que nous avons fait dans la soirée, mes souvenirs sont assez flous. Je crois que nous avons été voir Léo, au campement des Strigiens. Nos découvertes ne semblèrent l’intéresser que très moyennement ; il était plongé dans ses livres, obnubilé par sa quête et indifférent à tout le reste.

À notre retour à l’auberge, nous sommes allés directement nous coucher. Mais, notre nuit fut bien plus agitée que prévu. Je n’étais endormie que depuis quelques heures lorsque je fus réveillée en sursaut par du bruit à notre porte. Dans la seconde qui suivit, deux silhouettes entrèrent et j’entendis Lars hurler à l’aide depuis sa chambre. J’eus le réflexe de lancer une volée de fléchettes magiques sur le premier intrus et je vis alors son visage : Verfullen ! Il se précipita sur moi et m’assena un coup de dague au bras. Je ripostais comme je pus et, au même instant, Grunilda lui fonça dedans avec son bouclier. Elle avait déjà assommé notre second attaquant et elle acheva le docteur. J’enroulais mon bras dans un morceau de drap pour arrêter le saignement ; il faudrait vraiment que j’apprenne quelques rudiments de premiers soins… Nous avons attaché le survivant, je ne le connaissais pas mais il était vêtu comme les bandits qui avaient attaqué les prêtres de Shallya à notre arrivée. Puis nous sommes allées rejoindre Lars et Klueber. Eux aussi, avaient dû affronter deux hommes dont l’aubergiste, cet imposteur ! Il était blessé, mais vivant. Nous l’avons donc interrogé sur ce qui se tramait, hélas il ne savait pas grand-chose car le cerveau à Hugeldal était le docteur ; lui ne faisait que suivre ses ordres. Toutefois, il nous avoua avoir joué un rôle important dans la propagation de la variole. Au plus fort de l’épidémie, le docteur lui donnait des couvertures souillées par les malades à l’hospice qu’il utilisait dans son auberge, dans le dortoir réservé aux moins fortunés. J’ai oublié je crois de vous dire que la propagande locale accusait les bohémiens d’avoir amené cette maladie, c’est ce que hurlait un agitateur sur la place, à notre arrivée, et c’était le discours aussi du docteur et de tous ceux que nous avons questionné à ce sujet.
Nous avons fouillé le corps du docteur : il n’avait rien sur lui, sauf des clefs. Dans la foulée, nous sommes retournés au cabinet, pour voir si quelque chose qui nous aurait échappé, mais tout avait été détruit ou déplacé, y compris les restes du gobelin et nous ne trouvâmes rien de plus. Je remarquai néanmoins deux fioles dont émanait une magie malsaine et avec des armoiries originaires de la province du Nordland. Comme il n’y avait rien de plus à faire nous sommes retournés à l’auberge pour essayer de dormir un peu.

Le lendemain matin nous avons décidé d’aller voir la Comtesse pour lui expliquer ce que nous savions du complot qui se jouait dans sa ville. Nous avions assez de preuves avec la lettre et le témoignage de l’aubergiste, elle ne pouvait pas nous ignorer. Ce fut facile plus que je l’aurais cru d’obtenir une audience. La comtesse était une femme avec un port altier et avec des manières aristocratiques. Elle était vêtue de noir le visage caché par une voilette. Lorsqu’elle s’approcha je compris qu’il ne s’agissait pas juste d’une tenue de deuil mais que cela servait également à cacher les stigmates de la maladie : sa peau avait l’air criblée de cicatrices. Nous lui exposâmes les faits puis nous lui tendîmes la lettre trouvée chez le docteur. Au fur et à mesure, qu’elle lisait je voyais sa main trembler de plus en plus. Lorsqu’elle eut fini, c’est d’une voix à peine audible qu’elle nous demanda de la laisser. Nous avons donc repris la lettre et nous sommes sortis.

Ne sachant trop que faire nous sommes rentrés à l’auberge et là, les évènements se sont succédé très vite. Nous avons appris presque simultanément deux informations : la première venait du château où la comtesse avait tué son fils avant de se donner la mort. Je dois dire que ce ne fut pas vraiment une surprise : notre entrevue l’avait visiblement bouleversée et je pense qu’après ce qu’elle avait déjà vécu, elle n’avait plus la force de continuer. La seconde nouvelle était l’arrivée aux portes de la ville de saltimbanques qui étaient en train de monter une scène en vue d’un spectacle. Exactement ce qui était annoncé dans la lettre. Nous avons donc couru voir ce qui se passait.
Il y avait une troupe assez importante avec des acrobates, des jongleurs et des musiciens. Une estrade était effectivement en construction. Un petit groupe de six saltimbanques parlementait avec les gardes qui finirent par les laisser entrer en ville. Le messager qui devait rencontrer Verfullen était peut-être parmi eux. Comme nous ne connaissions pas le lieu du rendez-vous, Lars et Klueber décidèrent d’aller attendre au cabinet du docteur, tandis que Grunilda et moi nous sommes mêlées aux curieux qui suivaient les acrobates.
Les habitants ne semblaient pas au courant de ce qui s’était passé au château et ils se réjouissaient de l’arrivée inopinée du spectacle et de cette distraction bienvenue dans leur triste quotidien.
Les bateleurs avançaient dans la ville en ameutant de plus en plus de monde. Sur la place devant l’auberge, pendant que les autres détournaient l’attention, l’une des acrobates se faufila vers le puits et y laissa tomber une bourse. Avant que nous ayons pu réagir, elle avait rejoint les autres et ils commençaient à s’éloigner. Personne n’avait rien vu, à part nous… Avec l’aide de Grunilda, je descendis dans le puits en me tenant à la corde du seau. Au fond, je vis une fiole cassée et je trouvais la bourse flottant avec un liquide jaunâtre/verdâtre et nauséabond qui s’en échappait encore. Avec mille précautions, j’attrapais la bourse et je criais à Grunilda de me remonter. Nous décidâmes de laisser le sac dégoulinant sur la margelle ; n’importe qui en le voyant comprendrait que le puits était empoisonné.
Nous rattrapâmes les saltimbanques alors qu’ils arrivaient à l’ancien hospice de Shallya où ils dirent qu’ils devaient faire une petite pause. Ils entrèrent. Nous ne savions trop que faire. Les suivre ? S’ils nous attaquaient nous n’étions que deux… je cherchais du regard des gardes pour donner l’alerte, mais il n’y en avait aucun. Assez rapidement, ils ressortirent et reprirent leur parcours à travers la ville, mais ils n’étaient plus que cinq. La naine et moi nous glissâmes à l’intérieur du bâtiment. Il n’y avait rien au rez-de-chaussée, mais au sous-sol c’est un tout autre spectacle qui nous attendait. La jeune fille, avec qui nous avions discuté la veille, gisait au sol, éventrée. A côté se trouvait une repoussante créature, heureusement morte aussi. Déformé et suintant, il était méconnaissable mais, à ce qui restait de sa tenue, nous comprîmes qu’il s’agissait de l’un des acrobates.
Nous devions les arrêter, mais Grunilda et moi ne pouvions rien faire seules. Je partis donc à la recherche de gardes pendant qu’elle continuait à les suivre. Je courus donc aussi vite que je pouvais en direction des remparts et de la porte où je m’attendais à en apercevoir. Mais je n’en croisais pas un seul. A la porte de la cité, plus personne ne montait la garde. Je me précipitais vers le campement des Strigiens, espérant au moins trouver de l’aide auprès de Léo. Il était en train de se préparer et de s’équiper de ses armes. Je lui fis un rapide résumé de la situation et il parut un peu tomber des nues…
Il me dit qu’il allait faire un tour du côté de la scène de spectacle et je le suivis. Pourtant, très vite, je le perdis de vue dans la foule assez compacte qui se massait devant l’estrade.
Je sentais la colère bouillir en moi, la ville était totalement vulnérable : plus de garde, plus de chef, si peu de citoyens en mesure de se défendre, un groupe d’adeptes du Chaos qui se promenait dans les rues en semant le poison et la mort… et moi, impuissante à faire quoi que ce soit !
J’observais : un peu à l’écart, se trouvaient trois roulottes. De deux venait de la musique, la troisième était silencieuse. Je me concentrais pour essayer de focaliser mon énergie. Puis, je frappais à l’entrée… pas de réponse. La porte était ouverte et j’entrais. Un homme, assez gros, était penché sur un bureau, je ne voyais que son dos et son bonnet à pointes de saltimbanque. Je commençais à baragouiner une excuse idiote, lui disant que je rêvais de travailler dans un cirque. Il me demanda de sortir, mais je continuais à avancer. S’il savait quelque chose, il allait me le dire : j’étais en colère et il allait payer pour les autres… enfin, c’est ce que je m’imaginais, mais ça ne s’est pas vraiment déroulé comme ça. Lorsque je fus proche, il se retourna et je vis alors le vrai visage de cet être répugnant : il était couvert d’énormes pustules purulentes, ses dents étaient toutes pourries et il tenait dans la main une sorte d’encensoir fabriqué à partir d’une tête humaine. J’eus un mouvement de recul et il en profita pour m’envoyer un projectile, une sorte de sphère verte luminescente. Je tentais un contre-sort : la boule alla s’écraser à côté de moi sur le montant de la porte qu’elle fit fondre instantanément. Je ripostais par une explosion de flammes, mais je ne produisis que quelques flammèches. Il me regarda avec un rictus qui déformait encore plus son effroyable visage. Dans son dos, je vis apparaître une dizaine de petites têtes démoniaques. Il ne me restait qu’une chose à faire : fuir.
A l’extérieur il y avait beaucoup de bruit, mais je compris rapidement que ce n’était plus les cris de joie des spectateurs mais des hurlements de terreur. Une des roulottes avait explosé et une créature immonde, d’une dizaine de pieds de haut gesticulait au milieu des planches. Son corps semblait en cours de putréfaction tant par la couleur que par l’odeur. Il était couvert d’abcès qui éclataient les uns après les autres, libérant des vagues de pus et d’affreuses petites créatures vertes, comme celles que nous avions découvertes chez Stark et qui finissaient en saucisses. Celles-ci, par contre étaient bien vivantes et elles bondissaient en nuées sur les citoyens affolés, les faisant tomber et les attaquant une fois au sol. Il y avait encore d’autres monstres, certainement des humains corrompus et transformés en êtres infernaux et assoiffés de sang. Ils s’abattaient sur les citadins et les massacraient avec une fureur indescriptible.
Je suivis la foule vers la porte pour échapper au sorcier et aux monstres, j’aperçus Lars et Klueber qui se trouvaient à l’entrée de la ville et regardaient effarés cet épouvantable spectacle. Il n’y avait rien à faire, nous ne pouvions que fuir et essayer de sauver notre peau. La plupart des gens se précipitaient vers le château. Mais, même s’ils y parvenaient, ce ne serait certainement pas une protection bien efficace face à l’énorme créature jaillie de la roulotte. Déjà des colonnes de fumée s’élevaient de plusieurs endroits dans la ville.
Lars, Klueber et moi quittâmes le gros de la troupe pour prendre la direction de l’auberge. En arrivant sur la place, par bonheur, nous retrouvâmes Grunilda. Dans nos chambres, nous avons récupéré nos affaires, puis nous avons réuni quelques provisions et repris les chevaux. Ensuite, nous avons gagné l’entrée sud de la ville, les monstres se trouvant du côté de la porte nord ou vers le château.
Quelques habitants de la ville avaient fait le même choix que nous. Nous avons croisé de nombreux petits groupes effrayés qui se cachaient dans les bois environnants.

Nous ne pouvions, toutefois, nous résoudre à fuir de la sorte et nous essayâmes encore de revenir par l’extérieur jusqu’à l’entrée nord. Tout en restant à couvert dans les bois, nous finîmes par y parvenir. Le tableau qui s’offrit à nous était à la fois hallucinant et terrifiant : il n’y avait plus que des cadavres des citadins, au milieu desquels sautillaient des dizaines d’affreux petits monstres verts et sur lesquels les grandes créatures infernales s’acharnaient, en proie à la pire des démences.
Nous étions complètement atterrés, incapables de réagir. C’est alors que nous aperçûmes au loin une forte troupe de cavaliers qui avançaient rapidement en direction de la ville. Leurs bannières colorées et leurs tenues, même à cette distance, était bien reconnaissables : des répurgateurs. Ils venaient nettoyer la ville. Cette fois, il n’y avait plus de raison de tergiverser. Nous nous sommes renfoncés dans les bois en direction du sud. Quand nous croisions des citadins nous leurs disions de fuir et de ne revenir au mieux que dans plusieurs jours : si les créatures du Chaos ne les tuaient pas, ce seraient certainement les répurgateurs qui le feraient. Dans ces circonstances, il ne fallait pas espérer la moindre clémence.

Nous nous sommes engagés sur la route partant au sud de la ville vers les montagnes. Et nous avons avancé aussi vite que possible et sans nous retourner.

Quelle tristesse quand je pense aux malheureux habitants de cette petite cité, affligés d’abord par la maladie qui emporta une partie d’entre-eux, puis par la disparition des hommes survivants et dans la force de l’âge, puis encore par les départs successifs de tous les prêtres, où trouver du réconfort ? Et finalement, toutes ces souffrances pour finir massacrer par des créatures du chaos ou des répurgateurs intégristes…
Qu’aurions-nous pu faire pour éviter cela ? Rien, j’en ai peur.
Il y aura certainement des survivants, au moins quelques-uns parmi ceux qui étaient cachés avec nous dans les bois… Peut-être aurions-nous pu contribuer à en sauver plus, mais tout est allé si vite et la ville était tellement vulnérable…
Nous avons pris conscience de cette fragilité, mais au fond les gens semblaient résignés, comme la Comtesse … il était trop tard !
Je ne veux pas chercher d’échappatoire ou d’excuses : cela me fait enrager ! Je m’en veux, j’en veux à mes compagnons, à Léo, aux gardes de la ville et, évidemment, au docteur, à l’aubergiste, à tous ces fanatiques et ces pervers, serviteurs du Chaos. Tout cela est tellement injuste, comme ce qui est arrivé à Anna, le sort des habitants d’Hugeldal est inique et révoltant.

Vous me répétez sans arrêt que ce monde est immoral et nous ne pouvons pas y faire grand chose, mais que nous devons le faire quand même. Je crois que je commence à comprendre que la fatalité est la pire des ennemis. Je n’ai rien pu faire contre ce sorcier dans la roulotte, même pas une petite brûlure, je ne peux pas l’accepter ! Cela n’aurait rien changé, d’ailleurs, mais c’est inacceptable !
Si je survis à tout ce voyage et que je reviens au Collège, je vous promets de me consacrer à mon apprentissage et de tout faire pour devenir une pyromancienne digne de ce nom et assez puissante pour combattre ces infamies !

Je vous prie de croire, mon cher maître, en ma fidélité envers vous et en ma loyauté envers notre Ordre.
Puisse Sigmar nous préserver du mal.

Votre dévouée apprentie
Hannah van Baumer

(Ce cr correspond aux séance 8 et 9.)
Avatar de l’utilisateur
R.Alex
Dieu d'après le panthéon
Messages : 2207
Inscription : ven. avr. 29, 2005 4:37 pm

Re: [CR] Warhammer V3 - Balades en Reikland

Message par R.Alex »

Merci pour ce résumé !

A la lecture, ce scénario ne m'avait pas paru folichon, mais ce que je lis ici m'a bien donné envie de le faire jouer.
Rejoignez la Résistance !
Sable&Soleil en pdf ou sur lulu, Cthulhu Blanc, un lanceur de dés en ligne qui permet de partager les résultats pour Warhammer 3 et Star Wars FFG, tout ça sur mon petit coin d'internet.
Sinon, je peins des figurines.
Avatar de l’utilisateur
Lotin
Dieu d'après le panthéon
Messages : 2153
Inscription : jeu. août 30, 2012 9:31 pm
Localisation : Back to the trees !

Re: [CR] Warhammer V3 - Balades en Reikland

Message par Lotin »

R.Alex a écrit :Merci pour ce résumé !

A la lecture, ce scénario ne m'avait pas paru folichon, mais ce que je lis ici m'a bien donné envie de le faire jouer.
Pris en simple one shot je le trouve un peu faible, enfin il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent vu que l'enquête peut être très très vite pliée. Je l'ai raccroché au reste de notre campagne, ce qui m'a permis aussi d'augmenter les enjeux et l'opposition finale (ce qui colle plus aussi à notre vieux monde à nous, très noir/sombre/sans concession). Maintenant, chez nous, Hugeldal n'est plus qu'une ruine fumante mise en quarantaine et surveillée par un ost de Sigmar composé de répurgateurs, de chasseurs de sorcière et d'une troupe de hallebardiers d'Ubersreik.
Avatar de l’utilisateur
Lotin
Dieu d'après le panthéon
Messages : 2153
Inscription : jeu. août 30, 2012 9:31 pm
Localisation : Back to the trees !

Re: [CR] Warhammer V3 - Balades en Reikland

Message par Lotin »

À Maître Werner Beike
Collège Flamboyant
Altdorf

Karak-Azgaraz, le 3 Sigmarzeit 2521

Mon bien cher maître,
Voilà plusieurs jours que nous avons atteint Karak Azgaraz, la grandiose citadelle des nains.
J’ai bien récupéré le paquet que vous m’avez adressé ici et qui m’a attendu certainement plus longtemps que prévu… Je suis extrêmement fière et flattée de la confiance que les magisters et vous m’avez accordée et je ferais tout pour m’en montrer digne. J’ai immédiatement ceint la chaîne d’acolyte et je ne la quitte plus que pour dormir !

Je vous ai envoyé au lendemain de notre arrivée, la lettre que j’avais réussi à écrire aux rares moments calmes de notre fuite depuis Hugeldal. Je pensais pouvoir compléter ce récit rapidement, mais hélas j’ai dû prendre quelques jours de repos pour soigner ma blessure au bras et la douleur m’a encore empêchée de tenir une plume jusqu’à aujourd’hui. Par conséquent, je vous prie d’excuser mon écriture un peu mal assurée et il me faudra certainement plusieurs jours pour écrire cette lettre car la plaie me fait encore souffrir.

Je vous ai raconté comment le docteur Verfullen avait tailladé mon bras avec sa lame, lors de son attaque à l’auberge d’Hugeldal. Je n’ai pas pu me faire soigner correctement et l’état de la blessure n’a fait qu’empirer pendant notre voyage dans les Montagnes Grises. Surtout, j’ai commencé à m’inquiéter en repensant aux expériences auxquelles se livrait le docteur et aux personnes peu recommandables qu’il fréquentait. Je suis persuadée aujourd’hui que sa lame était empoisonnée. Dès le lendemain de notre arrivée (nous sommes entrés dans la forteresse en fin de journée), j’ai été me faire soigner à l’infirmerie. La naine qui s’est occupée de moi n’a pas fait dans la douceur. D’ailleurs, la souffrance m’a fait très vite perdre connaissance et j’ai dormi tout le reste de la journée. Lorsque j’ai repris mes esprits et que Grunilda m’a aidé à enlever mon bandage pour passer l’onguent que l’infirmière nous avait donné, j’ai constaté avec horreur qu’il me manque désormais une bonne partie des muscles de l’avant-bras. La plaie était très infectée et l’infirmière avait dû enlever toutes les chairs corrompues. La bonne nouvelle c’est que visiblement ce remède radical a fonctionné. Je retrouve petit à petit l’usage de ma main et grâce aux onguents la douleur est moins cuisante et la cicatrisation est déjà en bonne voie.
Enfin, pour être tout à fait honnête, je préfère avoir perdu une partie du bras, tant que la moindre trace de corruption a été arrachée. J’ai vu les transformations horribles que cette magie pouvait occasionner. Cette idée m’a beaucoup affectée et j’en ai fait d’affreux cauchemars ! Au fond, je suis donc soulagée, de m’en sortir à si bon compte.

Il nous a fallu quatre jours et trois nuits pour rejoindre la cité naine après avoir échappé au saccage d’Hugeldal. Comme nous nous élevions sur la route des montagnes, nous avons pu voir la cité en proie aux flammes.


La première nuit, alors que nous n’avions parcouru que quelques milles, nous avons réussi à trouver un petit surplomb pour passer la nuit. Il est bien connu que ces montagnes sont infestées de gobelins, aussi nous avions prévus des tours de garde et peu avant l’aube, ce ne sont pas des peaux vertes, mais un petit détachement de répurgateurs et de chasseurs de sorcières que nous avons aperçu au loin. Nous avons donc très rapidement repris la route.
Un peu plus loin dans la matinée nous sommes arrivés à proximité d’un petit fort d’où montait une colonne de fumée noire. Klueber est parti en éclaireur. Pour la discrétion, on repassera : nous entendions des branches se casser et des pierres rouler… il faut dire que nous étions tous épuisés et il est difficile ne serait-ce que de garder l’équilibre dans ces conditions. Nous le vîmes revenir assez vite : le fort avait été attaqué, ses occupants, des soldats aux armes d’Ubersreik, avaient tous été massacrés et tous les bâtiments étaient saccagés ou brûlés. L’assaut avait dû se dérouler plusieurs jours avant notre venue. La porte avait été défoncée, certainement par une bête monstrueuse. Il ne restait plus âme qui vive, à part quelques charognards en train de se repaître des cadavres et qui s’envolaient à notre passage. Nous avons préféré ne pas trop traîner là et nous avons repris la route.

A la tombée de la nuit, nous étions épuisés et la perspective d’une deuxième nuit à la belle étoile ne nous réjouissait guère. Il fait tellement froid dans ces montagnes et on s’y sent si peu en sécurité…
Alors que nous n’y voyions plus rien, Grunilda parvint à distinguer un fortin d’architecture naine un peu plus loin sur la route.
Une grande porte en pierre barrait l’entrée. Très discrète, nous serions certainement passés à côté si Grunilda ne l’avait pas repéré. On pouvait distinguer quelques meurtrières, mais aucune lumière ne filtrait. Nous frappâmes mais personne ne vint, alors nous poussâmes les lourds battants et la porte s’ouvrit sans difficulté. Il s’agissait d’un hall, d’assez grande taille, creusé dans la montagne. Grunilda nous le décrivit car nous n’osions pas allumer de torche de peur d’être repérés depuis l’extérieur. Il y avait de la mousse aux murs, de la poussière au sol et des infiltrations d’humidité. L’endroit semblait abandonné depuis un bon moment. Il y avait une seconde porte qui s’ouvrit aussi facilement que la première. Elle amenait à un escalier. Evidemment, comme nous ne voyons rien, seule Grunilda descendit et arriva dans une salle qui comportait trois nouvelles portes. Elle ne décela aucune trace d’activité ou d’une présence récente. Nous n’avions ni le courage ni la force de nous lancer dans l’exploration. Aussi, nous nous sommes installés dans le hall, avec les chevaux, et nous avons barricadé les deux portes. Nous n’étions pas trop mal, il faisait moins froid que dehors, même si nous rêvions tous d’un bon feu, mais cela nous paraissait trop risqué. Nous avions prévu de faire des tours de garde, mais nous nous sommes endormis et c’est la lumière du jour qui nous a tous réveillés…
Finalement, cette nuit nous fit le plus grand bien. Nous avons un peu mangé puis nous avons décidé de visiter l’ensemble du fortin. Nous descendîmes les escaliers et entrâmes dans chaque pièce. Le lieu se révéla bel et bien abandonné. Les occupants avaient pris toutes leurs affaires, leurs provisions ; il ne restait plus rien. La seule anomalie que nous repérâmes était un petit tunnel qui débouchait dans le cellier et qui s’enfonçait profondément dans la montagne. Il s’en dégageait une mauvaise odeur et nous n’avons pas eu le courage (ni l’envie) d’aller y fourrer notre nez…

Nous sommes donc repartis à travers les Montagnes Grises, qui portent fort bien leur nom. Autour de nous, le paysage était complètement désolé. A cette altitude, il n’y avait que des rochers, de l’herbe rase et quelques arbustes rabougris. On voyait encore des nappes de neiges, de ci de là, dans les creux du relief.
Nous avons eu de la chance car il n’a pas plu durant tout notre périple. A midi, nous avons décidé de faire un feu : nous avions besoin de manger au moins un repas chaud. En revanche, le soir nous ne trouvâmes aucun abri et afin de ne pas attirer l’attention des sales créatures qui peuplent ces montagnes nous n’allumâmes pas de feu. Cette nuit fut certainement la pire : nous avons eu très froid, j’avais de mon côté de plus en plus mal au bras et nous commencions à vraiment nous décourager. Toutefois, la nuit se passa sans encombre.
Tout comme la journée suivante, d’ailleurs. Nous nous arrêtâmes pour manger et nous fîmes un feu. La route commençait à s’élargir et elle semblait mieux entretenue, avec de plus en plus de sections pavées.

En fin d’après-midi, la route nous conduisit au-delà d’un col dans une nouvelle gorge. Et, au milieu de celle-ci, se dressait une immense porte gardée par deux gigantesques statues de nains : Grungni et Grimni, selon Grunilda. Cet ensemble fermait complètement la gorge, je n’avais jamais rien vu de tel. Quelle architecture impressionnante ! Les murs d’Altdorf font bien pâle figure, à côté !
Je ne saurais expliquer à quel point cette vision majestueuse nous transporta de joie : nous avions enfin atteint Karak Azgaraz et nous allions enfin pouvoir être en sécurité. Le dernier mille fut interminable. A côté de ces portes monumentales, une route plus étroite menait à une porte d’assez belle taille, mais sans comparaison avec les autres.
Lorsque nous frappâmes un garde arriva immédiatement et ouvrit une petite trappe pour nous interroger. Nous lui expliquâmes ce qui nous amenait et je lui montrais mon laisser-passer ; il nous fit entrer sans plus de question. Nous n’avions pas la peau verte, je pense que cela suffisait… nous passâmes à travers une chicane puis nous pénétrâmes dans une sorte de grande vallée intérieure avec de petits champs, des pâturages et des fermettes entourant un grand lac sur lequel la voie devenue majestueuse mène à l’entrée de la Cité. Enfin, nous avons atteint la ville, installée au cœur d’une montagne.
Vous devez bien connaitre tout cela, puisque vous êtes déjà venu ici. Mais, c’est un tel plaisir pour les yeux, cet endroit est si impressionnant !
Nous avons croisé des nains et des humains plus nombreux que je ne l’aurais cru. D’ailleurs, l’auberge dans laquelle nous nous sommes installés est tenue par un humain. Les chambres sont certainement les plus confortables où j’ai pu dormir jusqu’ici. Il y a de l’eau courante et chaude disponible dans les chambres ! C’est un vrai bonheur ! Et le cuisinier est un Halfelin : les repas sont véritablement succulents !

Karak-Azgaraz, le 5 Sigmarzeit 2521

Comme je le craignais, l’écriture me fatigue très vite. Je dois donc m’y reprendre à plusieurs fois pour terminer mon récit. Mais il faut que je persévère car je pense que c’est bon pour moi d’exercer ma main et que cela m’aidera à guérir plus vite. Je vais d’ailleurs commencer à remplir le nouveau grimoire que vous m’avez offert. Il est vraiment très beau, je suis sûre que c’est vous qui l’avait choisi car j’ai reconnu le papier, bien épais et très blanc, qui est fabriqué à Nuln. Je sais que vous l’appréciez autant que moi, vous m’en réclamez tous les ans quand je rentre chez mon père pour les fêtes de Verena. Le cuir de la couverture a un grain magnifique et il est très doux au toucher et quel beau rouge ! Le fermoir et les renforts d’angles en argent ressortent très bien dessus et la gravure est très fine. Vraiment je vous remercie !
J’ai dû racheter de l’encre et de nouvelles plumes, mais Karak Azgaraz est une ville extraordinaire et on y trouve tout ce qu’on peut chercher.
Je dois consigner ce que j’ai pu apprendre au cours de ce voyage : les créatures et les adversaires que nous avons rencontrés ; ce que j’ai appris de la détestable magie du Chaos et de la nécromancie et surtout de la manière dont ces déments se battent. J’en ai pour de longues heures de travail, mais je sais que c’est important et cela me permet de mettre à profit ma convalescence. Nous allons être bloqués ici pendant quelques temps : je ne peux pas repartir avec un bras dans cet état et Grunilda souffre encore beaucoup de sa jambe cassée. Mais, je me plais bien dans cette cité souterraine et je ne vais certainement pas me plaindre.
Lars et Klueber disparaissent presque toute la journée : Lars a acheté un pistolet – ou une arme de ce genre, je n’y connais pas grand-chose – et il apprend à s’en servir. Quant à Klueber… eh bien, je ne sais pas trop !
Grunilda a entrepris de faire des recherches sur le clan Kurgansson. Cela mérite quelques explications car je ne crois pas avoir évoqué ce sujet lorsque je vous ai raconté notre séjour chez Lord Rickard Aschaffenberg. Parmi ses serviteurs, sur le domaine, se trouvait un nain du nom de Korden. Il était forgeron. Au cours de la première attaque des hommes-bêtes, il avait été gravement blessé et il était mourant à notre arrivée. Grunilda avait passé un peu de temps avec lui, émue par son état. Il était alors complètement délirant, parlant d’un œil qui le poursuivait, de personnes qui voulaient lui raser la barbe. Cela a été une agonie assez terrible.
Tout à fait par hasard, lorsque nous fouillions le domaine, nous avions découvert un petit autel de Sigmar et, à la place de la représentation habituelle du marteau du divin fondateur, était cachée une arme remarquable. Il s’agit d’un marteau de guerre nain, de très belle facture et gravé de nombreuses runes. Nous avons ensuite appris que c’était une autre servante, une amie du nain, qui l’avait camouflé là car Korden disait qu’on allait le lui voler. Grunilda a alors récupéré ce marteau et promis de rechercher un membre du clan de ce nain pour lui rendre cette arme peu ordinaire. Jusqu’à maintenant, nous n’avions pas rencontré de membre de cette famille et en arrivant à Karak Azgaraz, Grunilda a été interroger le maître archiviste de la ville, Hagar Barbe-Grise, et le gardien des rancunes, Grom Brokkson. Mais, aussi surprenant que cela paraisse, ils n’avaient aucune information précise sur Korden, son clan et leur citadelle d’origine, ni même sur le marteau. Il faut entreprendre des recherches plus approfondies dans les milliers de documents que referment les archives. Comme je suis disponible et que ce type d’activité est à ma portée malgré ma blessure, j’ai proposé mon aide à Hagar et Grunilda pour cette enquête. Cela me permettra au moins de travailler un peu mon khazalide et après quelques heures de lecture et de traductions laborieuses, je crois que cela ne me fera pas de mal…
Voilà pour mes journées studieuses. J’ai aussi eu le temps de me promener un peu dans la ville. Je ne cesse de m’émerveiller de l’architecture du lieu. Le quartier des artisans, qui occupe tout un niveau, m’attire particulièrement. Les réalisations des nains sont extraordinaires. J’ai accompagné Grunilda chez un maître des runes. Nous l’avons regardé travailler et écouté nous expliquer son art. C’était passionnant. Grunilda y était déjà allée pour lui montrer le marteau et elle a eu l’air fascinée, je crois même qu’elle s’est renseignée sur ce métier…

Hier soir, à l’auberge nous avons discuté avec des voyageurs qui arrivaient d’Ubersreik. Ils étaient passés devant ce qu’il reste d’Hugeldal. La ville a été bouclée et mise en quarantaine par les répurgateurs. S’il y a encore des survivants dans la cité, il ne leur reste qu’à mourir de faim ; ces méthodes sont vraiment sans pitié. Ceci dit, je ne crois pas (j’espère) qu’il y a eu des survivants face à la folie meurtrière des monstres qui ont déferlé sur la ville.
Le plus triste et injuste, c’est que les répurgateurs ont dit aux voyageurs que l’origine du mal était à rechercher dans la vie dissolue que menaient les habitants, c’est une punition divine pour leurs pêchés. Les mœurs des citadins ne m’ont pas paru particulièrement dépravés, en fait, même pas du tout … Certes, il n’y avait plus aucun religieux, mais ils avaient été chassés par les manipulations de quelques-uns, non par la population. Surtout, j’ai pu constater de mes propres yeux que les sorciers et les monstres étaient venus de l’extérieur. Même le docteur et l’aubergiste obéissaient à des ordres qui leur venaient d’ailleurs, ils n’agissaient pas de leur propre chef.
C’est un peu facile de mettre un couvercle et de dire que le problème est réglé : Narnscabber, le nécromancien d’Ubersreik, court toujours, le fameux « F. » court toujours. Ils peuvent recommencer leurs manigances n’importe où et n’importe quand ! Nous n’avons plus aucune piste, mais si je suis sûre d’une chose, c’est que ce n’est pas fini.
Mes compagnons et moi sommes très affectés par cette histoire, nous nous sentons coupables, même s’il est bien difficile au juste de savoir de quoi : il n’y avait pas grand-chose à faire et comment aurions-nous pu empêcher tout ce malheur.

Je vous écrirais d’ici quelques jours pour vous prévenir de la date à laquelle je pourrais reprendre la route et rentrer au collège, puisque ma mission est terminée.
Donc à très bientôt.

Je vous prie de croire, mon cher maître, en ma fidélité envers vous et en ma loyauté envers notre ordre.
Puisse Sigmar, nous préserver du mal.

Votre dévouée acolyte
Hannah van Baumer


(Ce cr correspond à la séance 10)
Avatar de l’utilisateur
Lotin
Dieu d'après le panthéon
Messages : 2153
Inscription : jeu. août 30, 2012 9:31 pm
Localisation : Back to the trees !

Re: [CR] Warhammer V3 - Balades en Reikland

Message par Lotin »

Pendant leur visite à Karak Azgaraz, Hannah von Baumer, Mage initiée de l'ordre flamboyant reçoit une lettre :

A Hannah von Baumer,

Ma chère apprentie, j’ai bien lu ta dernière missive, nul doute que nos courriers suivants vont se croiser. Je n’ai guère de temps à te consacrer au vu de ce qui se trame dans le nord de l’Empire. J’ai fait livrer à Karak Azgaraz par un de mes amis ta ceinture d’acolyte et un grimoire qu’il te faudra entretenir. Cherche Bronar Gunson qui en a la charge jusqu’à ton arrivée, il te les confiera.

De sombres rumeurs nous parviennent depuis les contrées septentrionales kislevites par-delà nos frontières. Des raids de maraudeurs se feraient de plus en plus communs et violents. Certains témoignages racontent même que des hordes se réuniraient en grand nombre mais il ne nous est pour l’instant pas possible d’en savoir plus. Le Collège a reçu un ordre de mobilisation en provenance du palais impérial. L’Empereur lui-même nous demande d’être prêts, le collège flamboyant ne faillira point à son devoir. Comme tu le sais, nous avons toujours été en première ligne pour lutter contre les ennemis de l’Empire. Il semblerait que les tambours de la guerre résonnent au loin.

J’ai une mission à te confier. Mes devoirs d’officier impérial risquent de m’éloigner du Collège pendant quelques temps, je pars avec un Ost de la Reiksguard pour le Nord. Notre destination précise ne nous a pas encore été dévoilée. Dorénavant, et en ta qualité d’Acolyte tu me représenteras au sein de la Société du Soleil. Il s’agit d’un groupement d’hommes et de femmes de bon goût partageant certains attraits pour la culture. Nous nous réunissons plusieurs fois par an dans certaines villes de l’Empire et même au-delà pour débattre de sujets divers et variés. Nous archivons tous les nouveaux savoirs que nous acquérons et l’un d’entre nous se voit charger de réunir toutes ces données pour les archiver tous les deux ans à Altdorf au Grand Temple de Véréna.
Une fois à Karak Azgaraz, trouve Zven Strüm. C’est un marchand de long passage, dis-lui que « Les secrets se dévoilent à la lumière du Soleil », cela suffira à t’introduire. Considère-toi comme faisant partie de la Société du Soleil maintenant, pour la plus grande gloire de l’Empire.

Je crains que des heures sombres ne s’annoncent pour les temps à venir. Si une guerre franche ne se déclenche pas, n’oublie pas que l’Empire souffre aussi de ses ennemis intérieurs. Parcours-le et nettoies notre nation de ces dangers-là.

Maître Werner Beike




Lettre à laquelle elle a répondu dans la foulée :




À Maître Werner Beike
Collège Flamboyant
Altdorf

Karak-Azgaraz, le XX Sigmarzeit 2521

Mon bien cher maître,

J’ai bien reçu votre courrier : quel plaisir d’avoir enfin de vos nouvelles ! J’espère que vous pourrez lire cette lettre avant votre départ pour le front. Puissent mes vœux et mes prières vous accompagner dans ce périple.
De mon côté, je suis toujours à Karak Azgaraz avec mes compagnons. Ma blessure au bras est presque cicatrisée : les onguents des Nains font vraiment des miracles. J’ai encore un peu mal, mais je me sens de mieux en mieux. Malgré cette amélioration, l’état de mon bras est assez … disgracieux. Aussi, j’ai acheté des brassards en cuir, comme ceux que portent les archers, et j’en ai fait rembourrer un avec du tissu : lorsque je le mets, on ne remarque plus rien.

J’ai pu rencontrer Svern Strüm, comme vous me l’aviez demandé. Il m’a expliqué le fonctionnement de la Société du Soleil et donné une chevalière, ainsi qu’un rouleau avec la liste de tous les lieux de réunion. Je m’engage donc à me rendre dans ces endroits, lorsque ce sera possible afin de vous représenter.

Ainsi que je vous l’ai exposé la dernière fois, j’avais prévu d’aider Grunilda et l’archiviste Hagar Barbe-Grise, à faire des recherches sur le clan Kurgansson. Cela a occupé une grande partie de mon temps néanmoins, ce ne fut pas vain car ce que nous avons appris est vraiment prodigieux.
Concernant le marteau tout d’abord, nous avons réuni un bon nombre d’informations, mais elles sont quelques peu contradictoires. Ainsi, d’après certains textes, ce marteau pourrait correspondre à une arme fabriquée par … Alaric le Fou ! Non, non ! Je ne plaisante pas : le forgeron nain, contemporain du divin Sigmar, celui qui aurait forgé les Crocs Runiques que gardent aujourd’hui les Comtes-Electeurs de l’Empire ! C’est assez incroyable, n’est-ce pas ? D’autres données nous invitent plutôt à placer la création de cette arme à une période plus tardive, plusieurs siècles après la fondation de l’Empire : la forme et les runes seraient plus caractéristiques de cette époque. Dans tous les cas, ce marteau reste une arme extraordinaire et très puissante ; sans compter que c’est un très bel objet. Nous l’avons amené au Maître des runes chez qui Grunilda a commencé son apprentissage et il l’a nettoyé et restauré. Il a même découvert une rune que nous n’avions pas vue !
Quant à ses propriétaires, les membres du clan Kurgansson, cette lignée aussi nous a réservé quelques surprises. Tout d’abord, il a été très difficile de retrouver leur trace dans les archives et les indices que nous avons recueillis sont assez maigres. Ce clan serait originaire de la forteresse de Karak Dronar, qui se trouve quelque part dans les Montagnes Noires, au-delà de la passe du Col du Feu Noir. La localisation exacte de cette citadelle est incertaine car elle a été abandonnée ou prise il y a bien longtemps. Si la cité est perdue, le clan lui semble bel et bien éteint. Korden devait être le dernier représentant de cette lignée.

Toute cette histoire a fortement ébranlé nos hôtes nains. Retrouver la trace d’un fort oublié est un véritable évènement. Nous avons assisté à une réunion entre l’archiviste Hagar, le Gardien des rancunes, Grom Brokkson et le thane de la cité Gronmir Dorisson. Grunilda qui détient actuellement le marteau était aussi invitée. Ils ont discuté de ce qu’il convenait de faire de cette arme.
Il y avait deux possibilités :
‐ la première était de conserver le marteau comme une relique, ici à Karak Azgaraz où il pourrait servir à assurer la défense de la forteresse. Grom Brokkson était partisan de cette solution.
‐ la seconde était de ramener le marteau dans la cité d’origine des Kurgansson, afin qu’il repose avec ses vrais propriétaires, même si ces derniers ne sont plus de ce monde. J’ai bien compris que c’était la solution la plus morale pour les Nains et ils étaient majoritairement d’accord avec cette idée, y compris Grunilda. C’est donc ainsi que les choses vont se passer.

Le problème est que la cité, comme je vous l’ai dit, n’est plus occupée par les Nains depuis plusieurs siècles et on ne sait pas si elle est simplement abandonnée ou envahie par des peaux vertes. On ne sait même pas la situer précisément… Les Nains souhaiteraient la reconquérir mais il faut savoir d’abord qu’elle est la situation exacte du lieu. Il faut donc monter une expédition pour aller s’en assurer et évidemment Grunilda étant la porteuse du marteau, c’est à elle de s’y rendre. Le thane nous a expliqué que la sécurité de Karak Azgaraz était trop incertaine actuellement pour envoyer un détachement de Nains, en revanche, il s’est proposé de financer l’expédition si nous étions d’accord pour la mener.
Grunilda nous a demandé comme un service de l’accompagner et nous lui sommes tous redevables : à un moment ou à un autre de nos aventures, elle nous a tous sauvé la vie au moins une fois …
Je sais que vous comprendrez que je ne peux pas me dérober, ce serait indigne, tant envers Grunilda qu’envers les Nains de Karak Azgaraz qui nous demandent cette faveur pour les aider à retrouver un fort oublié de leur nation.

Les Nains vont nous fournir des chevaux, des vivres et tout le nécessaire pour cette expédition. Nous devrons traverser les Montagnes Grises en direction de l’Est. Nous serons guidés par un nain cette fois, aussi ce sera plus facile et plus sûr qu’au cours de notre trajet depuis Hugeldal. Ensuite, nous passerons par l’Averland en empruntant les fleuves. Nous devrions faire étape à Nuln et cela me ferait vraiment plaisir de rendre visite à mon père que je n’ai pas vu depuis longtemps et surtout après ce que je viens de traverser. L’objectif est de rallier Grenzstadt où un éclaireur nommé Zarak devrait nous attendre. C’est un ami du thane Dorisson et c’est lui qui nous guidera à travers les Montagnes Noires jusqu’à l’emplacement présumé de Karak Dronar.
Si tout se passe bien le voyage ne devrait prendre que quelques semaines et d’ici à un mois au maximum je devrais pouvoir être libérée de ma promesse envers les Nains et je pourrais alors rentrer au Collège. Je sais que vous ne m’en voudrais pas de ce nouveau contretemps et que les magisters comprendront aussi très bien. Agir autrement serait contraire à nos règles de conduite, les Nains sont les alliés de l’Empire et je me dois de les aider

Comme nous allons faire étapes dans de nombreuses cités, je ne devrais avoir aucune difficulté à vous écrire régulièrement pour vous donner de mes nouvelles et vous tenir informé de l’avancée de notre mission. A mon retour à Altdorf, si vous n’êtes pas revenu du front, j’espère que l’on m’autorisera à vous rejoindre : ma formation n’est pas achevée, mais je souhaite servir ma patrie et je brûle de me rendre utile.

Je vous prie de croire, mon cher maître, en ma fidélité envers vous et en ma loyauté envers notre ordre.
Puisse Sigmar, vous accompagner et vous préserver du mal.

Votre dévouée acolyte
Hannah van Baumer


Cela cloture le compte-rendu de la séance 10. Celui de la séance 11 est en cours de rédaction.
Avatar de l’utilisateur
Lotin
Dieu d'après le panthéon
Messages : 2153
Inscription : jeu. août 30, 2012 9:31 pm
Localisation : Back to the trees !

Re: [CR] Warhammer V3 - Balades en Reikland

Message par Lotin »

Après un voyage d'un mois entre Karak Azgaraz, notre groupe d'aventuriers est arrivé à Averheim. Ils ont du contourner l'est d'Hugeldal, en longeant les contreforts montagnards au sud, infesté par une étrange brume noire et parcouru par des groupes d'étranges créatures mi-homme mi-bête. Ils sont passés par Nuln et ont passé une nuit dans la cossue demeure du père d'Hannah von Baumer, l'auteure des lettres (CR). Celui-ci a demandé à sa fille de trouver pour lui un artiste tiléen à Averheim dont il a été mécène quelques années auparavant. Ce dernier est parti dans une expédition dans les Southlands pour la documenter par ses croquis. Le père d'Hannah lui a acheté un carnet de voyage mis en vente par von Kaufman, l'organisateur et le financier de l'expédition. Un serviteur de confiance, Herbert, est déjà parti pour Averheim avec une lettre de change pour conclure le contrat d'achat du carnet. Herbert n'a donné aucun signe de vie depuis un moment...



À Herr Magnus Van Baumer
Hndelbezirk
Nuln
Averheim, le 18 Sigmarzeit 2521

Mon très cher papa,

Nous sommes arrivés hier à Averheim.
Notre voyage s’est bien passé. La rivière n’était pas trop haute pour la saison et nous n’avons pas croisé beaucoup de monde, aussi la circulation était aisée. Il faut toutefois signaler que peu avant notre arrivée à Averheim, à environ deux jours d’ici, nous sommes tombés sur une barge abandonnée avec encore toute sa cargaison à bord. D’après la nature de ces marchandises nous avons supposé que la barge descendait vers Nuln. Un peu plus loin, nous avons trouvé un campement dévasté : les bateliers et le commerçant qui les accompagnait étaient tous morts. Il y avait aussi le cadavre d’une créature immonde avec des lambeaux de peau écailleuse : certainement l’un des assaillants. Si tu dois commercer avec cette ville et utiliser la voie d’eau, prend bien tes précautions pour assurer la sécurité de tes employés et de tes marchandises, et, surtout, si tu dois voyager toi-même par ici, je t’en prie, ne pars pas sans louer les services d’une escorte : les routes de l’Empire ne sont guère sûres en ce moment.

Nos bateliers sont repartis avec la cargaison : c’est une belle affaire pour eux. Quant à nous, nous avons hérité de la barge et elle nous sert de point de chute durant notre séjour. Nous sommes amarrés sur les docks, en face de la taverne du Cheval Blanc. Si tu souhaites me faire passer un message, tu peux me le faire porter là. Nous revendrons la barge lorsque nous reprendrons la route. Elle est en bon état, nul doute que nous en tirerons un bon prix. Mes cupides compagnons seront ravis …
Je tiens encore à m’excuser de leur attitude, mais ils viennent d’un milieu peu reluisant et ils cherchent à faire feu de tout bois …

Comme nous arrivions en vue de la ville, nous avons aperçu une comète à deux queues. Je suppose qu’elle était visible également à Nuln. Cela a mis toute la ville en émoi, forcément. Il faut dire que ce n’est guère rassurant… Les deux traînes étaient très nettes et la comète est restée visible un long moment. C’était un spectacle vraiment saisissant. J’en ai même rêvé pendant la nuit qui a suivi.


Averheim est une ville plus grande que ce à quoi je m’attendais, mais depuis notre arrivée, nous avons largement eu le temps de faire le tour de toutes les auberges de la ville pour essayer de retrouver une trace d’Herbert. Nous n’en avons négligé aucune, des plus modestes jusqu’aux plus huppées. Chaque fois, j’ai précisé son nom et donné sa description et chaque fois, nous avons fait choux blanc ! Nous nous sommes renseignés aussi auprès de la compagnie de diligences de la Flèche Rouge et chez les pigeonniers : rien ! Personne ne l’a vu.
Nous avons même interrogé les gardes de la ville et nous avons été jusqu’à visiter les Jardins de Morr pour vérifier que les prêtres n’avaient pas de cadavres non identifiés.
Pas le plus petit début de piste…
Je suis désolée.
Il ne reste qu’à explorer le quartier nord qui se trouve hors les murs, mais je n’ai pas beaucoup d’espoirs.
J’ai essayé de savoir où étaient logés Luis Dalmotti et les autres membres de l’expédition : il semble qu’ils aient été accueillis par le Graf Von Kaufmann dans sa demeure. Nous devrons donc attendre que la vente ait lieu pour savoir, si par hasard Herbert est entré en contact avec eux et, dans tous les cas, pour récupérer ton carnet.

Ce n’est pas une très grande consolation, mais il semble qu’il y a eu ici d’autres disparitions ces derniers jours. Klueber est originaire d’Averheim et peu après notre arrivée, nous avons rencontré sa tante Olga. Elle était totalement bouleversée, car voici plusieurs jours qu’elle est sans nouvelles de son époux Jurgen. Il a disparu au cours d’une nuit pluvieuse, en revenant de la taverne du Cheval Blanc. Nous nous sommes donc mis à sa recherche, mais là encore, en vain. Un peu plus tard nous avons été pris dans une bagarre entre deux bandes rivales qui se disputent le contrôle des docks. Nous avons ainsi appris que la même nuit que l’oncle Jurgen, une petite frappe nommé Rolf, membre d’une des bandes, s’était aussi volatilisé. Là encore, nous avons essayé de mener l’enquête, mais nous n’avons pas l’ombre d’un indice. Toutes ces disparitions sont bien mystérieuses.
Le seul fait notable est le résultat d’un pur hasard : Klueber se promène toujours avec sa bourse en évidence et, bien sûr, cela attire les convoitises. Alors, ce qui devait arriver arriva : un voleur à la tire lui a dérobé et s’est enfuit en courant. Après une petite poursuite, Grunilda l’a rattrapé et ils ont basculé tous les deux dans les bancs de sable et de vase qui bordent les quais. Klueber aussi a sauté et tout ce petit monde était en train de patauger dans la gadoue et de s’enfoncer quand nous les avons rejoint avec Lars. Et en les tirant de là, nous avons aussi sorti un corps. Il s’agissait d’un malfrat du quartier, mais pas celui que nous recherchions. Il avait été tué à coups de couteau ou d’épée dans le dos. Les blessures étaient cernées de gris et les chairs encore molles, cela m’a fait penser à du poison… mais je ne suis pas bien sûre. Ce n’était pas très ragoutant !

Bref, tout ça pour dire que la ville n’a pas l’air très sûre. Oh ne t’inquiète pas, moi je ne crains rien, je ne suis pas seule et de toutes façons je sais me défendre. En revanche, Herbert a peut-être fait une mauvaise rencontre… Si quelqu’un s’est rendu compte qu’il portait de l’argent sur lui, il est possible que l’on ait tenté de le voler et cela a pu mal finir.
Nous pensons embaucher quelques personnes pour essayer de draguer les zones envasées devant les quais.
Qui sait ? Peut-être retrouverons nous les personnes portées disparues.

Je te tiens au courant dès que j’ai du nouveau.
Prend bien soin de toi
Je t’embrasse

Ta fille bien aimée Hannah.



Cette lettre correspond à la séance 11 et lance la campagne officielle The Enemy Within de la 3e édition.
Avatar de l’utilisateur
Lotin
Dieu d'après le panthéon
Messages : 2153
Inscription : jeu. août 30, 2012 9:31 pm
Localisation : Back to the trees !

Re: [CR] Warhammer V3 - Balades en Reikland

Message par Lotin »

La lettre qui suit décrit les évènements prenant place lors de la deuxième journée et la moitié de la troisième du séjour des personnages à Averheim.

À Herrn Magnus Van Baumer
Hndelbezirk
Nuln
Averheim, le 20 Sigmarzeit 2521

Mon très cher papa,


Averheim n’est vraiment pas une ville plaisante. Moins de temps nous y resterons et mieux je me porterais. Dès que nous aurons récupéré tes carnets nous partirons sans regrets.
Tout d’abord, il pleut presque sans discontinuer depuis deux jours. Et quand ce n’est pas la pluie qui noie la ville, c’est une chape de brouillard épais et nauséabond qui s’abat sur elle. L’humidité et la boue s’infiltrent partout, c’est déprimant.

Indépendamment du climat, nous nous enlisons aussi dans nos enquêtes : nous n’avons toujours aucun indice sur les disparitions d’Herbert et de l’oncle Jurgen. Nous n’avons rien trouvé non plus concernant le docker.
En revanche, nous commençons à comprendre un peu mieux ce qui se passe ici. Averheim, comme toutes les grandes villes a son lot de petits délinquants pouilleux et quelques malfrats plus sinistres. Le quartier des docks où nous nous sommes installés en est le petit théâtre sordide. La nuit, c’est le domaine des contrebandiers et le fleuve se transforme en une véritable ruche avec des barques qui se croisent et des marchandises qui sont déchargées en un rien de temps. Parallèlement, il y a des bandes de dockers qui se disputent le territoire en provoquant des bagarres et en multipliant les coups bas. Tout ce joli monde se réunit au Porc-Debout, une taverne malfamée qui pue le mauvais alcool et les trafics malsains. Et je ne parle même pas des tapineuses et de leurs maquereaux, ni des vendeurs d’herbes, ni des voleurs à la tire comme celui qui avait piqué la bourse de Klueber…
Non, le vrai problème actuellement dans le quartier ne vient pas de cette vermine, mais plutôt de l’arrivée d’un nouveau cacique qui élimine la concurrence, physiquement, et reprend à son compte les prêts, l’extorsion et le rançonnement, bref tout le commerce louche lié à l’argent. Le cadavre que nous avons trouvé dans les bancs de sable, devant l’auberge du Cheval Blanc, était vraisemblablement une de ses victimes, Klaus Keller. Ce nouvel arrivant s’en prend à tous les propriétaires d’entrepôts, aux commerçants, aux bateleurs qui accostent au port. Et, non content de reprendre les affaires des anciens truands, il a visiblement fortement augmenté les prix.
Ceux qui refusent de payer sont menacés, voire agressés. Nous avons rencontré un nain qui possède un entrepôt et passe ses nuits à le garder parce qu’il a reçu des avertissements sans équivoques ; Grunilda a décidé d’aller l’aider à surveiller son bien. Nous avons aussi assisté à l’incendie d’une péniche et il s’en est fallu de peu que la famille qu’elle abritait ne périsse dans les flammes. Nous sommes intervenus pour aider le propriétaire, Adolphus Stark, marchand de tissus, à éteindre le feu. Lars a réussi à attraper un des deux pyromanes, mais il n’a pas pu lui faire révéler quoi que ce soit sur le commanditaire, cette racaille avait l’air d’avoir plus peur de son chef que de Lars, même en colère. Finalement, l’homme a failli se faire lyncher par la foule et a été exécuté sans plus de procès par un sergent de la ville qui venait voir ce qui se passait.
Une justice expéditive ! Mais, bon ! Je ne vais pas pleurer sur cette petite frappe !
En dehors de ce coup d’éclat, les gardes sont assez absents du quartier des docks, ils sont certainement au courant de toutes les affaires louches qui se traitent ici, mais ils doivent avoir quelques intérêts à ne pas trop les perturber…

Pour en revenir au nouveau caïd du port, en dehors du fait qu’il semble à peu près aussi violent que cupide, nous n’avons que peu d’informations à son sujet. Nous ne disposons que d’une description succincte et qui ne nous avance pas beaucoup : c’est un homme en noir avec une cicatrice* ! Il doit y en avoir des dizaines qui correspondent à ça en ville !
Les gens sont visiblement effrayés et ne sont guère loquaces. En fait, malgré tous nos efforts, je crois qu’ils se méfient vraiment de nous. C’est compréhensible, nous ne sommes que des étrangers, mais c’est quand même rageant !

Que les gens soit peu ouverts est une chose, mais malheureusement les autorités locales ne souhaitent pas plus nous aider et encore moins que nous les aidions !
Ce matin, un autre corps a été retrouvé, avec des plaies étranges, comme celles du cadavre du banc du sable. La foule présente a reconnu un autre éminent racketeur, Hermann Halheimer.
On est venu nous chercher pour que nous témoignions qu’il s’agissait des mêmes blessures. Il y avait des gardes et un mage du Collège Lumineux, Maître Mauer le Lumineux. Tous nous ont pris de haut, nous avons collaboré, mais eux ont refusé de répondre à nos questions. Je me suis un peu emballée, je crois, et j’ai un peu insulté le mage. Si mon maître le savait, je pense que je me ferais bien sermonnée. Le mage aussi l’a mal pris et il a essayé de m’impressionner ; ça a marché, même si je n’ai rien laissé paraitre. Le pire dans l’histoire, c’est que nous avons perdu une occasion de nous en faire un allié (bien que je pense que c’était de toute façon mal engagé). Je devrais peut-être essayer de le retrouver et m’excuser... Non, ce serait certainement une perte de temps.

Quoi qu’il en soit, les cadavres s’accumulent et nous n’avons pas appris grand-chose, ni beaucoup avancé. Une aura de mystère entoure le nouveau caïd du quartier et il semble très dangereux pour un simple voyou ; la façon dont ses rivaux sont tués est trop inhabituelle.
J’ai un mauvais pressentiment et je me sens aussi impuissante que nous l’étions à Hugeldal.
Je ne peux que te conseiller d’éviter de commercer avec les gens de cette ville ou, au moins, de t’engager dans toute nouvelle affaire avec eux.
J’espère que j’aurais de meilleures nouvelles pour ma prochaine lettre.
Prend bien soin de toi.
Je t’embrasse.



Ta fille bien aimée Hannah.


Cette lettre correspond à la séance 12 et entame bien le premier acte de la Campagne The Enemy Within de la 3e édition.
* A noter qu'à ce point de leur enquête mes joueurs confondent un homme de main avec la Cagoule Noire, le véritable chef criminel. Ils n'ont pas encore fait le lien avec la météo et les enlèvements. Peut-être lors de la prochaine séance de ce soir. Par contre, à la lecture de ce cr d'une de mes joueuses, je suis content de voir que l'ambiance global est bien retranscrite/ressentie, rien que ça déjà c'est chouette.
Antharius
Ascendant
Messages : 1629
Inscription : mar. janv. 15, 2013 3:23 pm

Re: [CR] Warhammer V3 - Balades en Reikland

Message par Antharius »

Un super CR que je vais suivre avec attention!

Et un joueur qui le rédige... Tu as une chance là où tant de MJ se fardent la rédaction.

Vivement la suite!
Répondre