[CR] Warhammer V3->V2 - Balades en Reikland

Critiques de Jeu, Comptes rendus et retour d'expérience
Avatar de l’utilisateur
Lotin
Dieu d'après le panthéon
Messages : 2153
Inscription : jeu. août 30, 2012 9:31 pm
Localisation : Back to the trees !

Re: [CR] Warhammer V3 - Balades en Reikland

Message par Lotin »

Merci pour ton intérêt Antharius. Le compte-rendu de la dernière séance est déjà là, tout chaud car nous reprenons demain soir. C'est encore une lettre de la sorcière de feu Hannah von Baumer de Nuln à son père qui lui décrit les évènements de la seconde moitié du troisième jour ainsi que le quatrième. La lettre est rédigée au soir de celui-ci.

À Herrn Magnus Van Baumer
Handelbezirk
Nuln
Averheim, le 21 Sigmarzeit 2521

Mon très cher papa,

J’espérais dans ma dernière lettre pouvoir bientôt t’envoyer de bonnes nouvelles, hélas, je n’en ai que de bien tristes.
Depuis mon arrivée, je n’ai réussi à obtenir aucun renseignement sur le brave Herbert. Il semblait que personne ici ne l’avait remarqué et nulle part je n’avais pu trouver un indice sur son sort. Cela m’inquiétait de plus en plus et je redoutais une issue fatale à cette histoire. Malheureusement, mes craintes ont fini par se vérifier et j’ai découvert ce matin l’épilogue de cette disparition.
Je crois bien t’avoir parlé d’Adolphus Stark, ce marchand de tissus que nous avons aidé lors de l’incendie criminel de sa péniche. Il se trouve qu’il attendait une livraison de rouleaux de soie pour repartir de la ville. C’est la Compagnie de la Flèche Rouge qui devait acheminer cette marchandise par la route ; or, le chariot qui la transportait avait plusieurs jours de retard et on était sans nouvelle depuis son passage, quatre jours auparavant, dans le dernier relais sur la route avant Averheim.
Adolphus s’était enquit plusieurs fois de l’arrivée de sa marchandise. Lorsque la direction de la Compagnie, en la personne de Curd Weiss (que tu connais peut-être) lui dit qu’ils allaient engager des personnes pour enquêter sur le chariot, notre ami proposa nos noms. Ainsi, Curd Weiss vint nous offrir ce travail et nous avons accepté immédiatement car nous avions bien besoin de changer d’air, nos autres enquêtes n’avançant pas et l’atmosphère générale des docks se tendant de plus en plus. Mais c’est un autre sujet et j’y reviendrai plus tard.

Image

Ce matin, à huit heures précises, nous voici donc devant le dépôt de la Compagnie de la Flèche rouge ; Curd Weiss nous explique que le dernier relais se trouve à 4 heures de cheval d’Averheim et que donc nous devons remonter la route à la recherche du moindre indice. L’équipage comprenait un cocher et un garde. Le chariot avait forcément eu un problème sur ce tronçon, avant de disparaître.

Aux portes de la cité, nous nous sommes retrouvés face à un grand flux de marchands, de maraîchers et d’agriculteurs et autres petits artisans arrivant en ville pour y vendre leurs productions ou leurs talents. Nous en avons profité pour en interroger quelques-uns, au cas où ils auraient remarqué quelque chose d’inhabituel. Un des commerçants nous dit avoir vu des traces de roues quittant la route pour s’enfoncer dans la forêt à une courte distance de la ville. Moins d’une demi-heure plus tard nous pouvions effectivement observer des ornières sur le bas-côté de la voie. Elles n’étaient pas très fraiches mais tout de même récentes. L’écartement des roues pouvait bien correspondre à un chariot. Nous avons donc suivi cette piste à travers les bois et jusqu’à une petite clairière au centre de laquelle plusieurs personnes avaient installé un campement. Nous sommes restés un instant à observer à la lisière. Un peu à l’écart des tentes, on voyait les restes de plusieurs charrettes éventrées et ce qui ressemblait à des corps étendus au sol.
Lars ou Klueber – je ne sais plus – reconnut des hommes-bêtes, ces sales créatures du chaos ! Ils étaient six, assis ou debout autour d’un feu, certains avec des lambeaux de vêtements et d’autres nus, laissant paraître leurs peaux grisâtres ou sombres.
Il était évident que nous avions trouvé nos bandits de grand chemin et il était peu probable que nous puissions entamer un quelconque dialogue avec cette engeance. Il nous parut plus judicieux de profiter de l’avantage que nous conférait l’effet de surprise. Klueber arma son arbalète, Lars chargea son pistolet et je me mis à focaliser mon énergie ; c’est un carreau, des balles et la plus grosse boule de feu que je sois capable de former qui s’abattirent presque simultanément sur le campement, alors que Grunilda commençait à charger, le marteau en avant. Je t’épargne les détails, mais la lutte fut rude. Cette horde maudite semblait avoir pour chef un colosse, moitié homme, moitié taureau* qui poussait des hurlements terribles. Grunilda est parvenue à lui tenir tête, elle a même finit par le terrasser mais elle y a gagné quelques blessures. S’il s’en était pris à n’importe lequel de nous autre dans le groupe, il nous aurait certainement massacrés. Les autres se montrèrent moins coriaces et nous en vînmes à bout sans trop y laisser de plumes. De mon côté, j’ai usé de sorts aussi puissants que possible et cela m’a complètement épuisées. A la fin, je tremblai comme une feuille et j’ai mis du temps à retrouver mes esprits.

ImageImageImageImageImageImage

Une fois débarrassés de ses immondes occupants, nous avons entrepris la fouille du camp. Les tentes étaient vides et puaient le fauve. Du coté des chariots détruits, nous avons trouvé un véhicule aux couleurs de la Compagnie de la Flèche Rouge. Il y avait encore les rouleaux de tissus à l’intérieur, ils n’étaient même pas abîmés, Adolphus a eu de la chance ! Il y avait ensuite plusieurs petits barils de poudre en provenance de Nuln, dont plusieurs à notre nom. J’ai préféré prendre ces derniers avec moi ; dis-moi ce que tu veux que j’en fasse. Enfin, nous avons aussi trouvé deux bouteilles de vin de Bretonnie que nous avons gardé ; cette mission ne devrait nous rapporter que cinq pistoles d’argent chacun, alors, vu les risques que nous avons pris, nous avons bien mérité ce petit bonus.
A côté des chariots, c’est une découverte bien plus macabre qui nous attendait. Il y avait les cadavres du cocher et du garde de la Compagnie. Enfin, un peu à l’écart encore, nous avons aperçu les restes d’un corps en état de décomposition beaucoup plus avancé. L’homme était méconnaissable, mais il avait à peu près la taille et la corpulence d’Herbert. Il portait des vêtements de voyage et une sacoche dans laquelle j’ai trouvé des papiers à ton nom et une lettre de recommandation signée de ta main.
Nous avons enterré les corps, par Morr et Shallyah, puissent ces pauvres âmes trouver la paix, et nous avons brûlé les cadavres de leurs assassins.
A notre retour, nous sommes passés à la Compagnie de la Flèche Rouge. Curd Weiss était absent, mais avait laissé des instructions à notre attention. Nous devrions le voir demain matin.

Nous sommes ensuite allés à l’auberge du Cheval blanc pour manger et nous détendre un peu. Grunilda est immédiatement partie se reposer, tandis que les gars et moi partions à la recherche de maître Mauer, avec une des bouteilles de Bretonnie pour faire la paix. Nous avions en effet besoin de lui parler des derniers évènements survenus sur les docks.
Hier, après que je t’ai envoyé ma lettre, nous avons eu de nouvelles surprises. Tout d’abord, nous avons appris la disparition d’Ute, une petite orpheline qui mendiait en jouant de la vielle devant l’auberge du Cheval Blanc. Tout le petit monde des quais, dockers, commerçants, artisans et mendiants, veillait sur elle et sa disparition certainement au cours de la nuit précédente a provoqué un bel émoi. Évidemment, dans ce genre de situation, on accuse en premier les étrangers, donc autant te dire que nous ne sommes pas très bien vus en ce moment.

Image

Par ailleurs, la guéguerre entre les deux bandes rivales du port, les « Poissons » et les « Rats des quais » est en train de sérieusement s’envenimer. Ils se reprochent mutuellement d’avoir fait du mal à la petite et les bagarres sont de plus en plus sanglantes. Nous avons porté assistance à un « Poisson » qui s’était fait salement amocher par deux « Rats des quais ». Nous l’avons ramené auprès des siens et nous avons pu ainsi discuter un peu avec leur chef. Je crois que nous avons gagné des points, mais notre cote reste très basse ! Nous avons de plus en plus d’ennemis dans ce coin : hommes du nouveau caïd qui doit commencer à entendre un peu trop parler de nous, maintenant les dockers qui ne nous font pas confiance et surtout les « Rats des quais ». Pas plus tard que ce matin, Klueber et moi avons trouvé un de nos chevaux décapité sur le pont de notre péniche.
Un avertissement, c’est sûr... mais de qui ?

Nous avons entrepris d’enquêter sur la disparation d’Ute, un peu pour nous disculper, face aux accusations des dockers et un peu aussi par inquiétude quant au sort de la gamine. Elle n’a plus donné signe de vie depuis la nuit du 19 au 20. C’est une nuit pendant laquelle il a beaucoup plu, comme lors de la disparition de l’oncle Jürgen. C’est également au cours de cette nuit que le second racketteur a été tué ; nous avons immédiatement pensé que la petite avait pu assister à une scène compromettante, au mauvais endroit au mauvais moment !
Nous avons commencé par inspecter sa cabane qui se trouve dans une ruelle derrière l’auberge. Il n’y avait rien de visible, probablement à cause de la pluie et d’autres étaient venus la chercher ici avant nous et avaient piétiné toute la scène.
Pendant mon apprentissage j’ai appris à détecter la magie dans mon environnement, même lorsqu’il ne s’agit pas du vent d’Aqshy, je peux la ressentir. J’ai essayé de vérifier s’il y avait quelque chose d’anormal dans cette rue et au sol, dans les flaques d’eau, j’ai perçu les traces résiduelles d’une magie corrompue. Cela ressemblait fortement à ce que j’avais ressenti chez le nécromancien d’Ubersreik lorsque je m’étais approchée de cette pierre infecte que l’on nomme fort à propos malepierre ; je fus immédiatement saisie de nausées et j’ai eu si mal à la tête que mes yeux me brûlaient. J’ai tenté de suivre la piste de ce maléfice, mais la douleur était trop forte et j’ai dû renoncer.
Afin de continuer notre enquête, nous nous sommes rendus au Porc-Debout. Là nous avons trouvé le pickpocket qui s’en était pris à la bourse de Klueber il y a quelques jours. Comme nous pensions bien avoir un léger ascendant sur lui, nous en avons profité pour l’interroger. Il ne savait rien de précis sur Ute, en revanche, il nous a appris quelques informations sur le nouveau caïd. Celui-ci se ferait appeler la « Cagoule noire » et il serait arrivé quelques semaines auparavant. D’après notre petit voleur, il ne serait certainement pas étranger à la disparition de Ute, car ici tout le monde veillait sur elle et qui d’autre aurait pu lui faire du mal.
Après avoir vu les blessures des deux racketteurs tués sur les docks, nous commencions à soupçonner de plus en plus quelques affaires de sorcellerie derrière tous ces problèmes. Les traces de magie près de la cabane de la gamine tendent à confirmer notre hypothèse. Cette « Cagoule » est certainement un homme très dangereux et il fricote avec une magie malsaine et funeste. C’est pour cette raison que nous sommes retournés voir Maitre Mauer peu après notre retour en ville, car nous ne pouvons guère faire l’économie d’un allié comme lui.
Nous n’avons pas eu trop de difficultés pour trouver sa maison, dans les quartiers prospères du centre-ville. A l’inverse de ce que je craignais, le maître lumineux n’a pas été réticent à nous recevoir. Des excuses et la bouteille de vin ont suffi à le radoucir. Nous lui avons exposé nos dernières découvertes et nos soupçons. Le mage ne semble guère préoccupé par le sort des pauvres gens qui ont disparu, sa splendeur n’a que faire du petit peuple et il a certainement l’habitude d’évoluer dans d’autres sphères. Il nous a écoutés cependant. Le terme de malepierre lui a même fait lever un sourcil ! Je crois qu’il nous a pris un peu plus au sérieux que lors de notre première entrevue. Nous n’avons pas appris grand-chose, mais la conversation a été polie et même, par moment, détendue. Cela pourra toujours nous servir un jour...

Ce soir, nous allons essayer de retourner discuter avec les dockers, il nous faut réussir à regagner un peu de leur confiance. Nous allons aussi essayer de trouver un prêteur nommé Stanislas ; c’est lui qui a repris les affaires de Klaus Keller, le premier rançonneur éliminé par la « Cagoule » et c’est notre seul lien connu avec lui.

Encore une fois, je te conseille d’éviter tout commerce avec cette ville. C’est beaucoup trop dangereux ; il y a des créatures du chaos qui attaquent les péniches sur l’Aver et d’autres s’en prennent aux chariots sur la route. Et le désordre règne autant à l’extérieur qu’à l’intérieur.
Je suis vraiment désolée du sort de ce pauvre Herbert, mais il ne faudrait pas qu’un tel malheur touche d’autres personnes de notre entourage. Aussi, gardes toi bien d’envoyer qui que ce soit ici. Ne t’inquiète pas pour moi, je fais attention et je ne prends que des risques mesurés. Je m’occupe de te faire parvenir tes carnets dès que je les aurais récupérés et j’attends tes instructions pour les barils de poudre.

Prend bien soin de toi.
Je t’embrasse

Ta fille bien aimée Hannah.


Cette lettre correspond à la séance 13, c'est la 3e session de The Enemy Within. Les joueurs commencent à faire les connexions entre la pluie et les enlèvements. Ils ont quelques pistes fraiches, découvrent des traces de malepierre (ce qui fait tilt avec tout ce qu'ils ont joué jusqu'à présent). C'est à ce moment là que l'un des joueurs a percuté que plein de choses devaient être en connexion : il a même évoqué le schéma discret en filigrane d'une conspiration mettant en jeu les médecins, les mutants, les hospices de Shallyah, des maladreries, etc...
* Nan, ce n'est pas un minotaure...
Avatar de l’utilisateur
nergaal
Pratiquant
Messages : 209
Inscription : ven. nov. 09, 2012 10:14 pm
Localisation : Lille

Re: [CR] Warhammer V3 - Balades en Reikland

Message par nergaal »

Question, c'est toi qui rédige les CR ou tes joueurs ?
Avatar de l’utilisateur
Lotin
Dieu d'après le panthéon
Messages : 2153
Inscription : jeu. août 30, 2012 9:31 pm
Localisation : Back to the trees !

Re: [CR] Warhammer V3 - Balades en Reikland

Message par Lotin »

nergaal a écrit :Question, c'est toi qui rédige les CR ou tes joueurs ?
L'une de mes joueuses dans cas présent, celle qui incarne Hannah von Baumer Sorcière du Collège Flamboyant. Comme c'est un c/r rp en plus il manque quelques trucs factuels ce qui est normal. J'hésitais à pondre un cr miroir pour expliquer chaque séance de mon côté de l'écran, mais j'avoue je n'ai guère trop le temps. C'est pas l'envie qui m'en manque pourtant.
Avatar de l’utilisateur
nergaal
Pratiquant
Messages : 209
Inscription : ven. nov. 09, 2012 10:14 pm
Localisation : Lille

Re: [CR] Warhammer V3 - Balades en Reikland

Message par nergaal »

Le C/R actuel est très intéressant justement du point de vue joueur. Par contre ton propre C/R serait un plus surtout pour moi en tant que MJ :)
Mais je comprends que ça prenne du temps, j'ai moi même essayé et ce n'est pas évident.
Avatar de l’utilisateur
Lotin
Dieu d'après le panthéon
Messages : 2153
Inscription : jeu. août 30, 2012 9:31 pm
Localisation : Back to the trees !

Re: [CR] Warhammer V3 - Balades en Reikland

Message par Lotin »

Le résumé de l'avant-dernière séance (la quatrième pour ce premier scénario de The Enemy within).


À Herrn Magnus Van Baumer Averheim, le 24 Sigmarzeit 2521
Handelbezirk
à Nuln


Mon très cher papa,

Nous nous sommes octroyé aujourd’hui une petite journée de repos, bien méritée, et j’en profite pour te donner quelques nouvelles de l’évolution de la situation.
Reprenons les évènements dans l’ordre.
Tout d’abord, nous avons poursuivi nos recherches sur la « Cagoule noire » : notre seul lien direct avec cet homme mystérieux étant le prêteur Stanislaus Schlussel, que nous avons vu une seule fois au Porc-Debout, mais jusqu’ici, nos tentatives pour lui parler ont toujours échoué ; nous n’avons même plus réussi à le revoir. Lars et Klueber ont découvert que le sous-sol de la taverne abritait un tripot, mais ils n’ont pas pu y entrer. Leur dernière virée s’est même soldée par quelques vilaines blessures pour Klueber, suite à une nouvelle bagarre entre les dockers. La tension entre les « Poissons » et les « Rats des quais » est à son comble, on commence désormais à compter les morts.
Image

Nous devons également déplorer la mort du nain Kurgan Brakelson, dont l’entrepôt avait été la cible de menaces de la part de la « Cagoule » et de sa bande. Grunilda avait été l’aider à surveiller sa propriété, mais suite à notre rencontre avec les mutants, elle était trop blessée et fatiguée pour y retourner. La nuit même, un incendie a ravagé l’entrepôt et tout ce qu’il contenait. Il n’en reste plus qu’un énorme tas de gravats et de cendres fumantes. Il semblerait que le nain ait péri au cours du sinistre.
Image

Grunilda a été très contrariée, elle se sent coupable de n’avoir pu mieux aider son congénère... Je comprends sa tristesse, les nains sont très solidaires. Pourtant, il n’y a rien qu’elle aurait pu faire dans son état et nous non plus d’ailleurs. Mais, je n’aimerais pas être à la place du pyromane si elle lui met la main dessus !

Non, vraiment, les quais ne sont pas sûrs ! Avant-hier, au matin, quand nous nous sommes absentés pour aller chercher notre paie à la Compagnie de la Flèche rouge, des individus en ont profité pour fouiller notre péniche. Ils ont tout mis sens dessus-dessous, mais il semble qu’ils n’aient rien volé ; au moins pour le moment, nous n’avons rien remarqué. Évidemment, personne n’a rien vu ! Il faut dire qu’il y avait ce matin-là un brouillard à couper au couteau...
Du coup, nous avons décidé d’embaucher un garde pour surveiller le bateau lorsque nous ne sommes pas là. Par chance, nous n’avons pas eu besoin de chercher bien longtemps. Nous avions croisé plusieurs fois, à l’auberge du Cheval Blanc, un mercenaire kislévite, nommé Evgueni Chadowitz, et nous savions qu’il cherchait du travail. C’est un géant, avec une mine peu engageante, armé d’une hache presque aussi grande que moi. Sa seule présence devrait suffire à dissuader tout nouvel intrus.
Image

Nous avons donc poursuivi nos recherches en ville. Nous avons décidé d’enquêter d’abord chez les médecins : nos dernières rencontres avec des gens de cette profession nous ont rendus méfiants. Nous avions de bonne raison d’aller consulter après notre combat contre les mutants, mais nous n’avons rien trouvé de suspect au cabinet du seul médecin que nous avons pu voir.
Nous nous sommes ensuite rendus au temple de Shallya. Le bruit court, par ici, qu’un temple proche de Stormdorf a été « purifié » par les Sigmarites car les prêtres y auraient abrité des mutants.
Nous en avons profité pour nous faire encore soigner par une bonne sœur nommée Henriette. Lorsque nous l’avons interrogée sur les disparitions sur les docks, elle nous a conduits à frère Harkon qui prend soin des pauvres du port, notamment en leur apportant à manger toutes les semaines. Il nous a dit ne rien savoir de ces évènements mais il a remarqué depuis quelques temps l’absence d’un de ses habitués, un mendiant du nom de Franz.

En début de soirée, alors que nous étions retournés nous reposer sur la péniche, nous avons reçu la visite du capitaine Baerfaust. Tu le connais peut-être de réputation car ce vétéran est un héros qui a combattu au col du Feu Noir. Aujourd’hui, il est responsable de la sécurité de la ville. C’est un homme d’un certain âge, mais d’une grande prestance. Il est aussi très autoritaire et on comprend vite qu’il a l’habitude qu’on lui obéisse sans discuter.
Il souhaitait nous poser des questions sur les mutants et nous a invités dans une auberge réputée, L’épée de Sigismond, avec un chef-cuisinier halfelin.
C’est Curd Weiss, de la Flèche Rouge, qui lui aurait raconté nos exploits. Il nous a interrogés de manière très directe et nous avons répondu à toutes ses questions, sans rechigner. Il nous a parlé aussi des barils de poudre, je lui ai expliqué que tu es mon père et que lorsque j’ai vu le nom de notre famille, j’ai préféré les garder pour te demander conseil. Evidemment, puisqu’ils sont destinés à la ville, j’ai promis de les rendre. Nous avons proposé nos services notamment pour le guider jusqu’à l’antre de ces bêtes, mais il a décliné d’un air un peu méprisant.
Il nous a également demandé ce que nous venions faire ici. Nous lui avons parlé de nos enquêtes et des disparitions sur les docks, mais il n’a pas eu l’air de prendre ces histoires au sérieux. J’ai alors essayé de lui expliquer que l’affaire était peut-être plus grave qu’il n’y parait et que nous avions des indices manifestes d’utilisation de magie corrompue. Cette révélation a hélas eu l’effet inverse de celui escompté : le capitaine ne semble guère porter les mages dans son cœur et il a eu des paroles très blessantes. Ce genre d’attitude me dégoûte vraiment et à plus forte raison venant d’un vétéran ! Quand je pense à tous les mages de mon ordre, dévoués à l’Empire et qui sont morts au champ d’honneur ! Quand je pense à mon maître, en route avec un ost et prêt à braver tous les dangers !
Lorsque nous avons fini de satisfaire sa curiosité, il a mis fin à notre entretien sans plus de cérémonie et nous a planté là. Je sais bien qu’un homme comme lui doit être très occupé, mais je l’ai trouvé vraiment hautain et dédaigneux, il peut bien se donner de grands airs, cet homme m’inspire aucune confiance.

Lorsque nous avons rendu visite à Curd Weiss, le 22 au matin, il nous dit combien il appréciait notre service et, sans grande surprise, il nous proposa de revenir le lendemain pour une nouvelle mission. Ainsi, le 23 nous voici de retour à la Compagnie de la Flèche rouge. Notre rôle consistait à escorter la Gavin Clothilde, de la fameuse famille des von Alptraum, afin de piéger une bande de détrousseurs qui pille systématiquement les diligences et les convois de la compagnie. La noble dame s’était portée volontaire et un grand tapage avait été fait autour de son voyage de la ville vers une de ses résidences de campagne ; nous devions protéger la Gavin et, bien entendu, arrêter les bandits. En dépit de la présence du garde du corps de la dame et du meilleur cocher de la Compagnie, ce travail s’annonçait assez périlleux. Mais nous ne pouvions pas vraiment refuser : Curd est en quelque sorte le bras droit du Graf Von Kaufman par conséquent, nous avons tout intérêt à gagner son estime. Je crois aussi que Klueber et Lars ont été passablement émoustillés par l’idée de rencontrer la Gavin Clothilde tant réputée pour sa beauté.

Après un tonitruant tour sur la place centrale, nous voici partis dans la calèche en compagnie de la dame. Elle est effectivement très belle et aussi très avenante pour une personne de son rang.
A une assez faible distance de la ville et à peine l’orée de la forêt franchie, notre attelage est stoppé par un arbre abattu en travers de la route. Lars et moi descendons subrepticement afin d’approcher de l’obstacle en passant par les bois, puis la calèche continue jusqu’à l’arbre. Pendant que notre cocher détache les chevaux pour leur faire évacuer le tronc, Lars me fait signe et me montre une ombre dissimulée dans les buissons et observant la scène. Nous avançons en silence et réussissons à prendre par surprise une jeune fille, encore adolescente. Lorsque nous la questionnons, elle finit par nous dire qu’elle passait par là quand, voyant l’obstacle, elle s’est arrêtée. En fouillant ses affaires nous trouvons une petite corne d’appel. Pour nous, il ne fait pas de doute qu’il s’agit d’une guetteuse et qu’une fois l’arbre ôté du chemin, elle sonnera pour prévenir ses complices de notre arrivée. Nous décidons de l’attacher à un arbre et de lui subtiliser son instrument. Afin de ne pas alarmer ses complices, et donc de les voir puisque c’est bien notre objectif, Lars souffle dans la trompe et nous reprenons notre chemin.
Image
Le résultat ne se fait pas attendre et un peu plus loin, un homme à cheval fait arrêter la calèche sous la menace d’une arme à feu. Il demande que la dame jette par la portière l’une de ses couteuses bagues. Ce qu’elle fait et au moment ou un autre bandit s’avance pour la prendre nous déboulons hors de la voiture, comptant sur l’effet de surprise : celui qui se trouvait le plus près n’avait aucune chance, hélas il n’était pas seul et c’est nous qui avons eu la surprise de recevoir une volée de balles parties des sous-bois. Nos assaillants se révélèrent plus nombreux que nous le pensions, au moins une dizaine d’hommes, et notre équipage est cerné. Très vite, nous sommes tous blessés, même Grunilda se fait malmener par un mage de l’ordre améthyste qui l’a pris pour cible. Je reconnais très vite ses sorts enfumés et leurs effets morbides, mais j’ai déjà fort à faire de mon côté. Et puis, même diminuée, notre naine finit par l’atteindre. Malgré la rudesse de l’assaut, nous parvenons à reprendre le dessus et nous tuons plusieurs attaquants, provoquant la fuite des autres, blessés et apeurés ; leur chef à cheval est l’un des derniers à déguerpir.
Nous n’avons pas eu toute la bande, mais tout de même six d’entre eux, dont le mage qui était certainement une de leur pièce maitresse et il est vraisemblable qu’ils ne recommenceront pas leurs larcins de sitôt.
En fouillant les corps, nous découvrons qu’ils portent des tuniques délavées aux couleurs d’Averheim et des armes marquées du blason de la garde. Des déserteurs ! Nous avons pu observer que les gardes étaient peu nombreux en ville et qu’ils se contentaient de patrouiller à l’intérieur des murs. Je ne serais pas étonnée d’apprendre qu’ils ne perçoivent pas leur solde très régulièrement. Dans cette ville, décidément tout part à vau-l’eau !

Nous retrouvons dans la calèche la pauvre Gavin terrée sous la banquette, traumatisée mais sans la moindre égratignure. Nous la rassurons, lui rendons sa bague et reprenons notre route vers sa résidence. Nous y parvenons quelques heures plus tard et sur le pas de la porte nous sommes accueillis par des serviteurs, un prêtre de Shallya et … la Gavin Clothilde car celle que nous accompagnons n’était qu’une dame de compagnie, dotée d’une très forte ressemblance avec sa maitresse.
Image
Ce dénouement n’est guère étonnant, il aurait été vraiment inconcevable qu’une dame de si haute noblesse accepte de prendre de tels risques ! Mais pour nous, la mission est remplie et elle nous félicite chaudement. On nous offre à manger, à boire et le bon prêtre de Shallya soigne même nos blessures. Toutefois, nous ne nous éternisons pas car il vaut mieux être revenu en ville avant la nuit.

Le retour s’est déroulé sans encombre. Nous avons fait une halte là où nous avions laissé la gamine, mais il n’y avait plus que ses liens coupés et quelques taches de sang. Soit elle s’est enfuie, soit ses complices sont revenus la détacher.
Le cocher de la Flèche rouge nous a déposés sur les quais en fin d’après-midi. Nous avons mangé à l’auberge du Cheval Blanc, où nous avons appris la disparition de deux pêcheurs, probablement la même nuit qu’Ute. Décidément, c’est de pire en pire.
Fatigués après cette journée nous préférons rentrer nous coucher tôt tandis que Grunilda reste dormir à l’auberge afin de mieux récupérer.

Aussi, quelle ne fut pas notre étonnement en la voyant surgir sur le bateau moins de deux heures plus tard. Elle voulait nous annoncer l’arrivée à l’auberge d’une troupe d’une quinzaine de templiers, dirigé par une femme visiblement très impressionnante, en tout cas assez pour troubler notre naine. Elle nous appris également que Kurt, un mendiant qui trainait toujours à l’auberge et qui était souvent avec Ute avait lui aussi disparu. Comme il était encore tôt, nous avons été jetés un coup d’œil dans la ruelle où il squatte, mais nous n’avons rien trouvé et nous étions trop fatigués pour entreprendre des recherches plus approfondies.
ImageImage

Enfin, ce matin, revigorés par une bonne nuit et un solide petit déjeuner, nous nous sommes rendus à la compagnie de la Flèche rouge.
A la porte, nous avons été reçus par un groupe de mercenaires portant un tabard que je n’ai jamais vu. Nous, nous avons donné nos noms et annoncé que nous venions pour voir Curd Weiss. Un des hommes est entré et ressorti presque aussitôt pour nous dire que nous étions attendus. Le directeur de la Flèche Rouge nous a accueillis chaleureusement. Il nous a félicités pour la manière dont nous avions mis en déroute les bandits : le cocher lui avait déjà tout raconté et il était très content de nous. La présence des mercenaires s’expliquait par le rapatriement dans les locaux de la compagnie des trésors ramenés par l’expédition dans les terres du sud, en vue de la vente qui devait avoir lieu le lendemain. A cette occasion, le Graf Von Kaufman organise un diner ce soir, à la taverne de la Fin du Voyage et, en raison des services que nous avons rendus à la Compagnie, il souhaite nous y inviter et nous rencontrer.
Tu penses bien que nous avons accepté avec plaisir : nous allons faire la connaissance d’un des nobles les plus importants de la ville et nous en mettre plein la panse ; j’ai eu l’occasion d’entrer dans cette taverne car c’est le lieu où se rencontrent les membres de la Société du Soleil et il parait qu’on y mange mieux que nul part ailleurs à Averheim !
J’ai été faire les boutiques pour me trouver des nouvelles bottes et une belle ceinture. La cité est réputée pour son artisanat du cuir, autant en profiter. J’ai aussi lavé ma chasuble et raccommodé quelques accrocs, mais pas tous, juste assez pour ne pas paraître pouilleuse tout en montrant bien que je ne passe pas les journées à enfiler des perles... Je compte bien prendre un bon bain à l’auberge et je vais m’atteler à essayer de démêler ma tignasse et à me faire une coiffure digne de ce nom.

Je t’en prie raconte donc à grand-mère Keterlyn que je vais faire la connaissance d’un des meilleurs partis de l’Empire … je suis sûre que cela l’enchantera ! Et qu’elle ne s’inquiète pas, malgré mon état qu’elle juge si déshonorant, je vais m’efforcer de faire bonne figure !
J’essaierais aussi de lui toucher deux mots pour ton carnet de dessins. Je t’enverrai bientôt des nouvelles.

Prends bien soin de toi.
Je t’embrasse

Ta fille bien aimée Hannah.
Antharius
Ascendant
Messages : 1629
Inscription : mar. janv. 15, 2013 3:23 pm

Re: [CR] Warhammer V3 - Balades en Reikland

Message par Antharius »

Ce CR donne vraiment envie de repartir sur les routes du Vieux Monde!
Avatar de l’utilisateur
Jicey
Messie
Messages : 1025
Inscription : mer. janv. 09, 2013 5:02 pm
Localisation : Toulouse
Contact :

Re: [CR] Warhammer V3 - Balades en Reikland

Message par Jicey »

Lotin, ton CR de l'Auberge des Trois Plumes m'a donné envie de faire jouer ce scénar. Je suis en train de le lire, mais je n'ai du jouer que 2-3 fois en v2, et c'était il y a bien longtemps. Comment est-ce que tu convertis les stats ?

Par exemple, pour la force de Bruno le champion de la gavin, le scénar indique 46%. Ce n'est pas beaucoup pour un PNJ avec ce role. Je sais que les stats de la v2 étaient assez basses en général, donc l'échelle utile pour un humain ne monte pas à 100%. Bref c'est quoi le pourcentage moyen (équivalent à 2d de carac dans Warha3) ? Si je met 4d en force à Bruno il peut se faire ridiculiser au bras de fer (un PJ un peu optimisé et avec un peu d'expérience peut avoir facilement une carac à 5d). Si je met 5d pour les 46% de Bruno, ce qui le place sur le haut du panier (logique eu égard à son emploi), qu'est-ce que je vais mettre à quelqu'un avec 60%-70% ? (6d étant le max pour un PJ)
Avatar de l’utilisateur
Lotin
Dieu d'après le panthéon
Messages : 2153
Inscription : jeu. août 30, 2012 9:31 pm
Localisation : Back to the trees !

Re: [CR] Warhammer V3 - Balades en Reikland

Message par Lotin »

Jicey a écrit :Lotin, ton CR de l'Auberge des Trois Plumes m'a donné envie de faire jouer ce scénar. Je suis en train de le lire, mais je n'ai du jouer que 2-3 fois en v2, et c'était il y a bien longtemps. Comment est-ce que tu convertis les stats ?

Par exemple, pour la force de Bruno le champion de la gavin, le scénar indique 46%. Ce n'est pas beaucoup pour un PNJ avec ce role. Je sais que les stats de la v2 étaient assez basses en général, donc l'échelle utile pour un humain ne monte pas à 100%. Bref c'est quoi le pourcentage moyen (équivalent à 2d de carac dans Warha3) ? Si je met 4d en force à Bruno il peut se faire ridiculiser au bras de fer (un PJ un peu optimisé et avec un peu d'expérience peut avoir facilement une carac à 5d). Si je met 5d pour les 46% de Bruno, ce qui le place sur le haut du panier (logique eu égard à son emploi), qu'est-ce que je vais mettre à quelqu'un avec 60%-70% ? (6d étant le max pour un PJ)
Alors, pour les conversions, je m'affranchis un peu d'une simple règle de conversion pure et dure qui me dirait tant de % donne tant de dés. Je fais toujours par rapport à mes personnages. Bruno est fort, bien plus que la plupart des personnages de mon groupe en début de campagne, sauf la Brisefer, j'ai estimé qu'il avait pareil qu'elle : 4 + 1 dé de fortune. Par contre, mes joueurs n'ont pas minimaxé leurs personnages donc je n'ai pas trop de problème d'incohérence où je me retrouverai obligé de lui coller un 6 (simple exemple) pour montrer qu'il est fort. Après, tu peux jouer sur d'autres facteurs, lui inventer une carte d'action particulière (liée au bras de fer par exemple), coller des malus aux personnages qui essayent de le battre (il peut tenter de les intimider ou de les ridiculiser devant une assistance blindée et paf un dé d'infortune en plus, peut-être ont-ils un peu bu avant, ou qu'un des membres de la suite de la Gavin dérange un peu le challenger du champion de justice, etc...).
Mais en gros voilà ma règle d'or, je fais toujours en fonction des personnages de mes joueurs. Cela me permet, il me semble, de donner un peu de cohérence et de consistance à ce qui les entoure. Bon je sais pas si j'ai été très clair, n'hésite pas à me le dire si c'est le cas.
Avatar de l’utilisateur
Jicey
Messie
Messages : 1025
Inscription : mer. janv. 09, 2013 5:02 pm
Localisation : Toulouse
Contact :

Re: [CR] Warhammer V3 - Balades en Reikland

Message par Jicey »

Lotin a écrit :Bon je sais pas si j'ai été très clair
Très clair, merci.
Avatar de l’utilisateur
Jicey
Messie
Messages : 1025
Inscription : mer. janv. 09, 2013 5:02 pm
Localisation : Toulouse
Contact :

Re: [CR] Warhammer V3 - Balades en Reikland

Message par Jicey »

Lotin a écrit :De notre côté, hier soir, 6e séance du premier scénario de The Enemy Within 3e ed.
Tu n'as pas ressenti une baisse d'intérêt des joueurs devant cette partie où l'objectif n'est pas clairement annoncé, et où il y a beaucoup d'enquête et peu d'action ? C'est un peu ma crainte.
Spoiler:
Si tu as des remarques et/ou conseils à partager au sujet du choix de l'identité de la Cagoule Noire, je suis prenneur. Je suis en train de réfléchir à cette campagne et je me demandais s'il y a des avantages/inconvénients à choisir tel ou tel individu dans le role de la Cagoule Noire. Je compte faire un choix avant de débuter le jeu, mais en me gardant le plus longtemps possible la possibilité de changer si les actions des joueurs rendent un changement nécessaire. A priori je trouve les motivations du mage peu crédibles (ça me parait difficile de cacher une pareille rancoeur pendant si longtemps), et celles du graf un peu trop évidentes. Mais la véritable question c'est est-ce qu'il y a des situations dans l'aventure où le choix de l'un ou de l'autre pose problème.
Avatar de l’utilisateur
R.Alex
Dieu d'après le panthéon
Messages : 2207
Inscription : ven. avr. 29, 2005 4:37 pm

Re: [CR] Warhammer V3 - Balades en Reikland

Message par R.Alex »

Sans vouloir pirater le fil de Lotin, Jicey, je t'ai répondu rapido sur les forums FFG à ce sujet.
Rejoignez la Résistance !
Sable&Soleil en pdf ou sur lulu, Cthulhu Blanc, un lanceur de dés en ligne qui permet de partager les résultats pour Warhammer 3 et Star Wars FFG, tout ça sur mon petit coin d'internet.
Sinon, je peins des figurines.
Avatar de l’utilisateur
Lotin
Dieu d'après le panthéon
Messages : 2153
Inscription : jeu. août 30, 2012 9:31 pm
Localisation : Back to the trees !

Re: [CR] Warhammer V3 - Balades en Reikland

Message par Lotin »

Jicey a écrit :
Lotin a écrit :De notre côté, hier soir, 6e séance du premier scénario de The Enemy Within 3e ed.
Tu n'as pas ressenti une baisse d'intérêt des joueurs devant cette partie où l'objectif n'est pas clairement annoncé, et où il y a beaucoup d'enquête et peu d'action ? C'est un peu ma crainte.
Spoiler:
Si tu as des remarques et/ou conseils à partager au sujet du choix de l'identité de la Cagoule Noire, je suis prenneur. Je suis en train de réfléchir à cette campagne et je me demandais s'il y a des avantages/inconvénients à choisir tel ou tel individu dans le role de la Cagoule Noire. Je compte faire un choix avant de débuter le jeu, mais en me gardant le plus longtemps possible la possibilité de changer si les actions des joueurs rendent un changement nécessaire. A priori je trouve les motivations du mage peu crédibles (ça me parait difficile de cacher une pareille rancoeur pendant si longtemps), et celles du graf un peu trop évidentes. Mais la véritable question c'est est-ce qu'il y a des situations dans l'aventure où le choix de l'un ou de l'autre pose problème.
On a joué le premier livre de la campagne en 6 séances, ce qui nous fait environ une quarantaine d'heures pour plier ça. J'ai pas mal densifié tout le contexte, enfin la ville. J'ai ajouté pas mal de pnj pour donner un peu plus de vie à Averheim (cf mon dossier dropbox) et surtout pour rendre cohérent le tout. Ce que j'entends par là c'est que dans le texte de base, tous les pnj rencontrés (ou presque) ont quelque chose à voir avec le plot.
Mon équipe de joueurs aime beaucoup les enquêtes urbaines, bien plus que les combats, je n'ai donc pas été confronté à ce possible problème. Il y a beaucoup de choses à faire pour eux pendant la semaine.

A mon sens, cette campagne prend plus de corps et de sens si on la joue au milieu d'autres scénarios. Ces mêmes scénarios servent à poser un peu le contexte de cet empire au bord de l'effondrement, crise interne et pressions extérieures. Il faut un peu en dilater la chronologie à mon sens. Dans ma version de la campagne, la Cagoule Noire met plusieurs mois à prendre le contrôle de la pègre d'Averheim. Je compte aussi réutiliser des personnages secondaires dans d'autres scénarios.

Il y a cependant quelques écueils, des trucs facilement améliorables.

Attention gros spoilers :
Spoiler:
Si les personnages n'ont pas d'intérêt personnel au lancement de l'enquête, il n'ont presque aucune raison de s'impliquer. J'ai lié deux personnages à l'histoire. La sorcière du Bright College est issue d'une famille de marchands d'armes de Nuln, plutôt bourgeoise. J'ai fait de son père un des mécènes de l'expédition de Templemann, j'ai utilisé l'ajout d'un artiste tiléen, Luis Dalmotti qui a fait partie de l'expédition pour y faire des croquis et vues d'artiste. Son père a financé une petite part de cette expédition en échange d'un des carnets de dessins. Il a envoyé l'un de ses serviteurs le récupérer mais il n'a pas donné signe de vie depuis un moment. Il a donc chargé sa fille d'aller récupérer le carnet lors de l'exposition organisée par von Kaufman et de retrouver son serviteur. Ensuite, l'un des joueurs incarne un garde. Il n'avait pas trop développé son background, il est donc devenu originaire d'Averheim, issu d'une famille pauvre, a participé à la 3e bataille du Col du Feu Noir, y a été blessé (en transportant une grande marmite de ravitaillement qui lui est tombée dessus), il a vu la mort de Marcus Leitdorf et a connu Clothilde von Alptraum. L'une des premières victimes, le pêcheur Klinski est son oncle. De la sorte, j'avais la moitié de l'équipe impliquée de façon personnelle, donc j'étais à peu près sûr de maintenir leur intérêt.
Dans le déroulement de la semaine, le jour 21 et le 24 il ne se passe quasiment pas grand chose. A ces deux moments précis les joueurs peuvent décrocher. Il faut meubler et trouver un peu de matière. Mon groupe s'est pas mal occupé le 21, ils ont essayé de rentrer dans le tripot souterrain donnant dans l'auberge du Porc Debout, avec une baston générale impliquant les dockers du gang des Rats des quais et des Poissons, ils ont constaté l'incendie d'un entrepôt appartenant à un nain (qui a refusé de payer pour sa sécurité auprès du nouveau caïd), enquêter auprès des médecins de la ville (par rapport aux étranges blessures constatées sur les corps trouvés), enquêter auprès du temple de Shallyah et rencontrer Frère Harkon et croiser ses infos, embaucher un mec (un mercenaire kislevite qui trainait au Cheval Blanc et qui me permet de distribuer des rumeurs sur ce qui se passe dans le nord) pour surveiller leur péniche. Le 24 a été beaucoup moins actif, ils se sont reposés, pour dynamiser un peu la journée j'ai fait remonter l'instrument de musique de Ute par des pêcheurs suivie d'une baston générale sur les docks entre les dockers s'accusant mutuellement de la disparition de la fillette.
J'ai fait monter la sauce entre les deux gangs de dockers les plus actifs sur les docks tout au long de la semaine, d'abord au sujet de la disparition de l'un des leurs, Rolph Haller et ensuite au sujet de celle de Ute. Des petits regards menaçants à l'intimidation aux provocations puis aux bagarres puis règlements de compte. Ca me permettait d'animer un peu les docks et les visites des personnages au Cheval Blanc.
Le monde de la pègre est une des composantes majeures de ce scénario, j'ai de la chance de n'avoir aucun personnage familier avec cet univers là, il me semble que mal joué, cela peut casser le scénario avec un joueur un peu malin. Qui plus est, j'ai attendu un moment avant de parler de la Cagoule Noire (qui est vite devenue la Cagole Noire pour mes joueurs...), estimant qu'il mettait une telle pression sur le milieu du crime d'Averheim qu'ils ne sont pas prêts de s'ouvrir aux premiers inconnus venus. On a eu un petit arc avec un nouveau prêteur sur gages (lié à Beatrice Knox, qui est morte dans ma campagne, ils ne l'ont pas aidé), j'ai ajouté un tripot auquel les habitués accèdent depuis le Cheval Blanc...
Il faut aussi bien présenter certaines demandes de Curd Weiss, rien n'oblige les personnages à accepter et le déroulement du scénario peut se retrouver négativement altéré, notamment l'aller/retour en carrosse avec Clothilde von Alptraum, n'importe qui de sensé objectera qu'exposer une noble à des bandits est d'une stupidité crasse, ce qui est le cas. Pour ce dernier cas, j'ai suffisamment rusé et un des joueurs a compris qu'avoir des gens importants comme Weiss et Clothilde pourrait leur servir plus tard. Pour me couvrir, j'ai estimé que Clothilde von Alptraum ne montait pas en personne dans le carrosse mais y plaçait une de ses dames de compagnie qui lui ressemble assez pour faire illusion. La vraie Clothilde accueillant les personnages à son manoir au bout de course.
Un autre point qui peut poser problème est celui des tanneries. J'ai eu de la chance, ils n'ont pas fouiné par là-bas avant l'épisode de la ménagerie, mais si un groupe un peu aventureux s'y rend, ça me semble un peu compliqué à gérer. Par contre, après la ménagerie, il est presque obligé qu'ils y aillent, il ne faut pas hésiter à précipiter les évènements qui doivent se dérouler deux trois jours après (comme la mort de l'un des tanneurs).
Pour l'identité de la Cagoule Noire, plusieurs éléments peuvent induire les personnages en erreur sur son identité. Mes joueurs font confiance à tous les pnj humains rencontrés (ils ont le moins d'affinité avec Baerfaust mais le respectent, ils font une confiance presque aveugle à von Kaufman et Mauer (même si la pyromancienne du groupe s'est accrochée avec lui, sa réaction pendant l'épisode de la ménagerie joue en sa faveur). Ils ne savent pas qui il est, n'ont pas établi de véritable lien entre la Cagoule Noire et les skavens, juste avec les règlements de compte de la pègre. Ils pensent que Skrabb est la cagoule noire, ils ne l'ont vu que dans des conditions particulières et à peine quelques instants (tout son corps était masqué par un autre), ils ne savent pas si c'est un skaven ou un homme. Dans le combat dans les égouts, ils n'ont tué que Grott, le sorcier skaven et l'assassin se sont enfuis (je vais m'en resservir plus tard, dans The Edge of the Night probablement). Pour ma part, et c'est un des points forts de la campagne, je n'ai pas encore tout à fait choisi qui allait être la Cagoule Noire. Un post sur le fofo edge américain suggère même que les trois principaux suspects pourraient être la Cagoule Noire, chacun œuvrant dans son coin sans forcément connaître les actes des autres, mais ça implique de lourdes modifications je pense.

Les trucs ratés :
Mes personnages ont eu l'info comme quoi Frederick Grosz était l'intermédiaire qui payait les tanneurs pour ne pas aller travailler mais ils sont allés directement aux tanneries et n'ont pas cherché à le voir (je n'ai pas fait jouer l'épisode Racketeer is in trouble (p. 55) n'ayant pas trouvé le moment (ni la scène) opportun). Ils ont son nom, espérons qu'ils s'en souviennent ou qu'ils l'ont noté.
Je suis en train de lire Les épées de l'Empire, Schwartzhelm, qui se passe pendant le même temps que le livre 1 de la campagne, mais on a droit à une version alternative encore de l'histoire du Vieux Monde. Par contre, dans l'Averheim décrite par le roman les prétendants (qui ne sont pas les mêmes que ceux de la campagne) ont des "troupes" (des groupes de poivrots, des forces louées, etc...) qui finissent par se mettre dessus mettant la ville à feu et à sang (mini guerre civile), je regrette de ne pas l'avoir lu plutôt pour essayer d'en tirer qqchose.
J'arrête là mon pavé qui ne doit intéresser que moi, j'ai pas tout mis dedans non plus.
Avatar de l’utilisateur
Jicey
Messie
Messages : 1025
Inscription : mer. janv. 09, 2013 5:02 pm
Localisation : Toulouse
Contact :

Re: [CR] Warhammer V3 - Balades en Reikland

Message par Jicey »

Lotin a écrit :J'arrête là mon pavé qui ne doit intéresser que moi
Non non, au contraire, ton expérience et tes ajustements sont très utiles pour voir ce qui fonctionne ou pas dans cette campagne (telle que publiée), et quelles mesures prendre. Merci.
Avatar de l’utilisateur
nergaal
Pratiquant
Messages : 209
Inscription : ven. nov. 09, 2012 10:14 pm
Localisation : Lille

Re: [CR] Warhammer V3 - Balades en Reikland

Message par nergaal »

TOut à fait d'accord avec Jicey, Tes retours sont vraiment intéressant et je suis admiratif du travail que tu fais sur tes scénarios. C'est inspirant :)
Avatar de l’utilisateur
Lotin
Dieu d'après le panthéon
Messages : 2153
Inscription : jeu. août 30, 2012 9:31 pm
Localisation : Back to the trees !

Re: [CR] Warhammer V3 - Balades en Reikland

Message par Lotin »

Et hop, c'est tout chaud et ça rattrape un peu le retard accumulé pendant la rentrée. Ce long texte d'une de mes joueuses décrit les événements prenant place à la fin du livre I de The Enemy Within Next Gen avant leur départ pour Grenzstadt. Je mets en spoil, et si jamais vous êtes joueurs, n'allez pas plus avant, ça spoil méchamment. Je rappelle brièvement, l'auteure est la magicienne du collège flamboyant qui doit récupérer un carnet de dessins réalisés par Luis Dalmotti pendant l'expédition de Templemann et financée par von Kaufman dans les Southlands. Elle doit le récupérer lors de l'exposition des plus beaux objets ramenés par l'expédition au Palais de l'Averburgh.
Spoiler:
À Herrn Magnus Van Baumer
Handelbezirk
Nuln
Averheim, le 27 Sigmarzeit 2521

Mon très cher papa,

Lorsque tu recevras cette lettre, dans quelques jours, nous aurons quitté la ville pour reprendre notre périple vers les Montagnes Noires. Nous repartons avec la péniche, dès demain matin, en direction de Grenzstadt.

J’ai confié ton carnet que cette lettre accompagne aux bons soins de Curd Weiss et de la Compagnie de la Flèche Rouge. C’est un très beau recueil, je n’ai pas pu résister à le feuilleter, tu sais combien j’aime moi aussi dessiner... les paysages sont singuliers, mais quelle technique ! Les détails et les couleurs sont admirables. Ce Dalmotti est un véritable artiste et je regrette de n’avoir pas eu le temps de plus discuter avec lui.
En effet, la journée de l’exposition a été très mouvementée.

Je crois que ma dernière lettre remonte peu avant notre rencontre avec le Graf von Kaufman, lors de la soirée organisée à la taverne de la Fin du Voyage. C’est un homme avec beaucoup d’allure, bien qu’il soit encore jeune. Il avait encore besoin de nos services pour assurer la sécurité lors de la présentation du lendemain, car il avait convié des personnages prestigieux et il ne faisait guère confiance aux gardes de la ville et à leur capitaine, le très rigide Baerfaust.
J’ai eu la chance de bavarder plus longuement avec lui car il fait partie de la Société du Soleil qui tenait justement une séance ce soir-là, à la taverne. Il y avait, en plus du Graf, trois mages célestes, avec des robes d’un bleu aussi lumineux que le ciel, je n’en avais jamais vu de pareil. Je n’ai appris que les prénoms, Théo, Léo et Néo – ce n’est pas une blague. Deux universitaires étaient également présents. Tous ont eu l’air très surpris de me voir et j’étais vraiment dans mes petits souliers, mais dès que je leur ai dit la phrase que m’avait confiée mon maître et que je leur ai expliqué sa situation, ils m’ont invitée à m’asseoir. Ils m’ont demandé des nouvelles de Maître Beike puis la conversation a invariablement tourné autour de l’expédition et des mystérieuses Terres du sud. Evidemment je n’avais pas grand-chose à dire et je me suis contentée d’écouter. Le Graf parlait avec beaucoup de chaleur et d’enthousiasme, je crois que cette expédition l’a véritablement passionnée. Tout cela était intéressant, mais semblait tellement abstrait... J’avoue que je me suis sentie assez mal à l’aise et pas vraiment à ma place, au milieu de ces personnes bien plus cultivées et expérimentées que moi. Aussi, je me suis éclipsée à la première occasion.

Le lendemain, nous étions à la compagnie de la Flèche rouge dès la première heure. Les trésors ramenés du sud s’y trouvaient sous la garde de mercenaires. Notre rôle a consisté tout d’abord à escorter ces objets en traversant la Plenzerplatz, en plein marché, puis jusqu’au palais de l’Averburgh. On nous avait demandé de revêtir des tabards aux couleurs de la famille Von Kaufmann et, au départ, trois gardes de la ville nous accompagnaient. La foule était dense et nous n’en menions pas large. Heureusement, tout s’est déroulé sans encombre.
Nous avons atteint les jardins du palais, si réputés pour leur beauté, mais hélas laissés à l’abandon depuis le décès du comte-électeur Marius Leitdorf. Cela fait tout de même peine à voir !
Au moment où nous atteignions l’entrée des jardins Curd Weiss nous rejoignit et tenta de congédier les trois gardes qui nous suivaient. Arriva alors le capitaine qui commença à se fâcher puis, presque simultanément, le Graf. Une violente dispute éclata entre les deux hommes ; je pense que ce n’est pas la première fois que Von Kaufmann essaie d’écarter Baerfaust et ce n’est pas la première fois non plus que l’autre refuse d’obtempérer. Il semble qu’un sérieux problème les sépare.
Mais les nobles ont toujours le dernier mot et le vieux capitaine a fini par tourner les talons, maugréant que s’il arrivait quoi que ce soit, il déclinait toute responsabilité.

Une immense tente avait été aménagée dans les jardins pour l’exposition. Elle trônait au milieu d’une pelouse verte et fraichement coupée, avec d’un côté un grand labyrinthe de haies et, de l’autre, la célèbre ménagerie de l’Averburgh.
On comptait une dizaine de cages de différentes tailles, disposées en arc de cercle. Plusieurs étaient vides ou servaient au stockage de la paille et de la nourriture. Les autres renfermaient des créatures si extraordinaires que j’avais peine à en croire mes yeux.
Dans la première, une très grande volière, se trouvait un animal hybride, croisement entre un oiseau aux plumes chatoyantes et un reptile. Une petite pancarte indiquait son nom, que je n’avais jamais entendu jusque-là : une cocatrice. La seconde cage retenait une répugnante et gigantesque araignée qui nous scrutait avec sa vingtaine d’yeux abjects. J’en ai encore des frissons ! Dans l’enclos suivant, se trouvait une mare d’eau croupie et, au milieu des flots jaunâtres, on voyait luire les écailles vertes d’un énorme lézard, nommé « crocodile » et originaire des Southland d’après la pancarte. Il devait faire partie des animaux ramenés grâce à l’expédition. Il avait l’air efflanqué et somnolent, mais je ne me serais pas hasardée à sa portée ! Une autre cage était occupée par un demi-griffon, également venu des Southland. J’avais déjà vu des gravures de cet animal car notre bien-aimé empereur en chevauche un sur les champs de bataille. Celui-ci n’avait pas d’ailes et il devait encore être jeune, car sa taille ne dépassait pas celle d’un cheval. Il restait néanmoins très impressionnant. Ensuite, venaient deux animaux pour lesquels les pancartes indiquaient une provenance de Norska et les deux pauvres bêtes avaient l’air de souffrir de la chaleur, pourtant encore modérée en cette matinée printanière. Il y avait un immense ours, blanc comme la neige, et un chat monstrueux, à la fourrure rayée, noire et fauve, et pourvu de crocs, grands comme des couteaux de boucher et certainement aussi tranchantes. Dans la volière très spacieuse qui arrivait après, se tenait un hibou géant, aussi haut qu’une maison et je n’ose même pas imaginer son envergure. Il était parfaitement immobile à l’exception de ses deux yeux flamboyants et redoutables, qui suivaient le spectateur dans ses déplacements. La dernière cage renfermait un animal nommé « rhinocéros », lui aussi venait des Southland et il était tout aussi gigantesque que les autres. Sa peau grisâtre m’a fait immédiatement penser à une armure ! Une corne pointue et démesurée avait poussé au milieu de son front. Je n’ose même pas imaginer les dégâts que pourrait faire une telle bête en train de charger et je me demande vraiment comment on a bien pu réussir à la capturer !
A côté de ces cages, enfin, se tenait le fauconnier du Graf avec ses rapaces ; un spectacle était prévu pour divertir les invités avant la présentation. Les caisses contenant les objets furent acheminées sous la tente et nous nous postâmes tout autour, pendant que des serviteurs les installaient sur une estrade.

Après les créatures de la ménagerie, c’est une autre parade qui s’offrit à nous, celle justement des invités de sa seigneurie.
Déjà, à notre arrivée se trouvaient sous la tente, deux dames de compagnies tout en sourires aguicheurs et en chuchotements. Si j’avais été plus jolie, ma chère grand-mère m’aurait certainement poussée vers cette voie qui sied aux jeunes filles de bonne famille, avec un minimum d’éducation et encore moins de talent dans un art quelconque. Enfin... Cela m’aurait peut-être plu, ces deux-là avait l’air ravies d’être là.
La première des invitées à rejoindre le jardin fut la Gavin Clothilde von Alptraum, avec sa grâce naturelle et lumineuse. Elle s’est dirigée en souriant vers le Graf ; quel beau couple ils formeraient, ces deux-là !
La gavin était escortée par son garde du corps qui a combattu, à nos côtés, les bandits dans la forêt.
Ce fut ensuite au tour de Maître Mauer de faire son entrée, avec sa mine arrogante. Les suivants furent les Leitdorf, mari et femme, avec une suite de serviteurs et de dames de compagnie. Lui était enjoué, elle crispée. Il se hâta vers les autres convives, elle partit s’asseoir dans un coin isolé, grimaçante et trainant ses dames de compagnie qui semblaient la suivre un peu à contrecœur. Un Halfelin, aux vêtements colorés et à la mine rougeaude arriva ensuite. Il s’agissait de Waldemarius Loamdelve, l’ancien des Halfelins de la ville.

Image

Un groupe de quatre personnes survint enfin ; une jeune fille marchait devant et elle annonça d’une voix terne et peu assurée « Théodosius Von Tuchtenhagen ». Nous vîmes alors un jeune fanfaron, la lèvre supérieure relevée en un sourire fat, le nez en l’air et le regard oblique, ses paupières retombant avec mépris. J’ai rarement vu quelqu’un capable d’inspirer aussi instantanément des envies de violence. Un homme avec un gros ventre sur lequel venaient s’échouer plusieurs énormes colliers et des habits brodés de fils d’or, collait à ses basques, de même qu’un bouffon au costume ridicule et au visage déformé et repoussant. Je ne sais pourquoi, mais il me fit aussitôt penser aux saltimbanques qui avaient envahi Hugeldal. La jeune fille paraissait gênée – ce qui amusait beaucoup Von Tuchtenhagen. Elle annonça les noms des deux suivants comme s’il s’agissait également de nobles, le premier était Maître Dagoberdt Gabor, une crapule de sorcier doré, le second se nommait Hogweed.

ImageImageImage

Tout ce beau monde fut accueilli par le Graf qui les conduisit vers les cages où son fauconnier commença son spectacle. Les hôtes semblaient moyennement intéressés et bavardaient entre eux.

Image

A un moment, Claudia Leitdorf se plaignant d’une forte migraine s’éloigna seule vers le palais, son mari parut vaguement contrarié mais ne la suivit pas et ses dames d’honneurs non plus d’ailleurs. J’étais restée près de la tente et je n’entendis rien des conversations. J’observais le capitaine Baerfaust qui, à une certaine distance, tournait en rond autour d’une pièce d’eau s’arrêtant parfois pour observer les invités, taper du pied d’un air exaspéré et repartir en bougonnant. A un moment, il fut rejoint par une femme en habit de templière. J’eus un frisson. Il devait s’agir de cette Sigmarite, débarquée la veille avec sa troupe à l’auberge du Cheval Blanc. Les deux causèrent tranquillement puis elle se dirigea vers le groupe des convives ; instantanément, les gens baissèrent le ton de leurs discussions et s’écartèrent à son passage. Elle cibla Maître Mauer. Comme il n’était pas très loin de moi, je m’approchais subrepticement pour écouter ce qu’elle avait à lui dire. Elle parlait d’un ton particulièrement agressif et l’interrogea sur son rôle d’expert en artefacts maudits et sur les conseils qu’il avait apportés aux membres de l’expédition. Mauer était sur la défensive et lui répondit évasivement qu’il ne voyait pas de quoi elle parlait. Elle n’insista guère et continua son investigation auprès du Graf Von Kaufman qui lui, en revanche, ne se laissa pas impressionner. Elle l’interrogea sur Tempelmann, le chef de l’expédition, qui avait disparu au cours de l’aventure dans un temple perdu au milieu de la forêt, lui demandant où il se trouvait vraiment. Le Graf eu l’air surpris et lui dit sèchement qu’il était très certainement mort et qu’il ne comprenait ce qu’elle racontait. Ensuite, elle lui parla d’un homme qui se dissimulait sous une cagoule. Elle l’observait droit dans les yeux, avec un regard inquisiteur. Le Graf semblait perplexe et finalement s’emporta en lui expliquant qu’il n’avait que faire de mode vestimentaire et qu’il ne voyait pas pourquoi elle venait le déranger pour ça alors qu’il recevait des amis. Elle finit par s’éloigner sans se départir de son air soupçonneux et alla retrouver Baerfaust ; puis tous deux repartirent en direction de la ville.

Image

Cet intermède avait mis tout le monde mal à l’aise. Le spectacle terminé les nobles invités gagnèrent rapidement la tente.

Tous les objets avaient été installés dans des vitrines. Lars et Klueber se postèrent à l’entrée tandis que Grunilda et moi nous tenions près de l’estrade. Le Graf retrouva son sourire et vint présenter lui-même les œuvres une à une.
La première était un œuf gigantesque de couleur vert émeraude, lisse et brillant. Ensuite, il y eut une série de petits personnages ressemblant vaguement à des humains, taillés dans de l’ivoire d’un blanc éclatant. Le troisième objet fut une sculpture en bois figurant une tête monstrueuse, avec des canines menaçantes et d’énormes rubis flamboyants à la place des yeux. La vue de cette chose souleva dans la salle un murmure dégoûté et moi aussi, je me sentis comme épuisée, vidée d’un seul coup de toute énergie. Je fus vraiment soulagée quand sa seigneurie le rangea. D’autres figurines suivirent, mais en or cette fois. Elles étaient couvertes de hiéroglyphes et représentaient d’immondes hommes-crapauds. Je vis Dagoberdt Gabor s’agiter sur son siège et il parut encore plus excité par le trésor suivant : un grande plaque en or, ornée de hiéroglyphes et de motifs divers, parmi lesquels on reconnaissait à nouveau des hommes-crapauds. Je crus qu’il allait bondir pour s’en saisir et j’avoue que j’aurais bien aimé, pour pouvoir lui balancer une bonne volée de flèches enflammées ; hélas, il resta assis...
Enfin, le Graf souleva un masque, fabriqué dans une pierre verdâtre semblable à du jade ; il s’agissait du visage hideux d’une créature difficile à identifier mais rappelant vaguement un gobelin. Comme les objets précédents, des hiéroglyphes avaient été gravés sur toute sa surface. Ce masque parut indisposer plusieurs convives : je vis du coin de l’œil Klueber qui trainait à l’extérieur de la tente le bouffon de Tuchtenhagen, manifestement très agité. A cet instant encore, Maître Mauer se leva et se mit à crier que cette relique était maudite et qu’il fallait la détruire. Le Graf refusa de l’écouter et Mauer prit à témoin l’autre sorcier – officiel – de l’assistance, Dagobert Gabor en lui demandant son avis. Celui-ci se leva à son tour, prit un air suffisant et concentré, puis sortit une boutade stupide du genre : « Je crois effectivement que … vous êtes dérangé ! » et éclata d’un rire gras. Tuchtenhagen s’esclaffa également. Je ne suis pas une grande admiratrice du Lumineux, je le trouve prétentieux et superficiel, mais le voir se faire maltraiter par une raclure de l’ordre doré, m’a vraiment irritée. Maître Mauer rouge de colère, je pense qu’il s’est retenu de lui envoyer quelque sort de sa discipline, préféra quitter l’assemblée plutôt que d’en supporter plus.

Après son départ, un silence gêné s’installa dans la petite assemblée, seul Tuchtenhagen continuait de ricaner. C’est alors qu’une des dames de compagnie eut l’idée de proposer un petit amusement pour détendre l’atmosphère. Elle proposa de partir dans le labyrinthe végétal, dont Curd nous avait fourni un plan, avec un peu d’avance, et chemin faisant elle se mettrait à chanter et les autres invités devraient la retrouver en se guidant grâce à sa voix. Outre le fait que le labyrinthe ne semblait guère entretenu, l’idée me parut d’emblée assez idiote, mais au fond, que pouvait-il bien arriver, ici dans les jardins du palais, auxquels le commun des citadins n’avait pas accès ? Enfin, les nobles s’amusent comme ils peuvent !
Evidemment, il fallait bien pimenter le jeu et elle suggéra de se bander les yeux. Le Graf n’avait pas l’air enchanté par cette idée, mais deux autres dames de compagnie, Tuchtenhagen et son bouffon, Dalmotti et la Gavin Clothilde se levèrent immédiatement pour participer à cette partie de cache-cache. Lars proposa d’accompagner la première demoiselle afin qu’elle ne se blesse pas pendant le jeu en tombant sur une racine par exemple.
Les deux prirent donc de l’avance et, quelques minutes plus tard une voix suave et délicate s’éleva des méandres végétaux, entonnant une joyeuse mélodie. Les participants pénétrèrent un à un dans le dédale.

Le Graf remit ses reliques exotiques dans les vitrines et les conversations étaient en train de reprendre sous le chapiteau, lorsqu’un cri déchirant nous parvint du côté des cages. Grunilda et Lars se précipitèrent tandis que je restais près de l’estrade où se trouvaient le Graf et ses trésors. J’entendis Lars hurler que le fauconnier était blessé et que le griffon s’était échappé.

Image

Je le vis courir vers le labyrinthe en criant aux gens de revenir sous la tente. J’hésitais à les rejoindre ou à rester à mon poste quand une explosion se produisit tout près de moi et une épaisse fumée envahit le chapiteau. Je me rapprochais du centre de l’estrade ; je ne pouvais plus discerner quoi que ce soit, mais j’entendis nettement le fracas d’un verre brisé et d’une lutte qui s’en suivit, le frottement d’une lame que l’on tire de son fourreau, un cri étouffé, et le bruit sourd d’une chute. La fumée m’irritait les yeux et me brûlait la gorge à chaque respiration, l’odeur était nauséabonde. A tâtons, je découvris un corps inanimé à terre, je le saisis comme je pus et je le trainais jusqu’à la sortie. J’avais de plus en plus de mal à respirer, la douleur dans ma poitrine était presque insoutenable. Je réussis à gagner la sortie et l’air libre, mais je m’effondrai à peine franchi le seuil. Le corps que j’avais trainé était celui du grade du corps de la Gavin ; il avait reçu d’une large entaille dans le dos. Je réunis le peu d’énergie qu’il me restait pour tenter cautériser de sa plaie je ne sais pas très bien comment j’y parvins mais je crois que je perdis connaissance à cet instant.

Quand je repris mes esprits, je vis mes compagnons en piteux état aussi : ils avaient dû combattre le griffon et la lutte avait été rude.
Ils m’aidèrent à me relever, la Gavin vint me remercier d’avoir sauvé son garde du corps. Apparemment, tous les invités étaient sains et saufs. En revanche, le fauconnier du Graf avait succombé à ses blessures. Comme les gaz s’étaient dissipés, nous entrâmes dans le chapiteau pour constater les dégâts. C’est sans grande surprise que nous vîmes qu’une des vitrines était brisée et qu’il manquait la grande plaque en or et l’ignoble masque vert. Pour sortir, le voleur avait éventré la toile du fond du chapiteau. Lars qui a des qualités indéniables de pisteur repéra des traces de pas, il s’agissait de petites empreintes que je pris pour celles d’un enfant ou d’un halfelin mais lui y reconnu plutôt un animal. Nous les suivirent jusqu’à un fourré où des branches écrasées montraient qu’une créature de petite taille avait passé un certain temps à attendre. Il y avait une forte odeur qu’il ne nous fut pas difficile de reconnaitre car elle correspondait à celle qui s’échappait des tanneries, nombreuses près de la zone où nous avons amarré notre péniche.

Tandis que nous revenions vers le Graf, la plupart des invités avaient pris congés. Lui était véritablement effondré en raison de la mort de son fauconnier. Le capitaine Baerfaust surgit alors, rugissant qu’il l’avait bien prévenu, qu’il n’aurait jamais dû renvoyer ses gardes. Il dit qu’il allait tout de même essayer de retrouver les objets volés. Alors le Graf s’emporta, lui intimant de partir hors de sa vue et que ses gens (en nous désignant) allait s’occuper de tout. Le capitaine nous adressa un regard courroucé et repartit aussi vite qu’il était arrivé.
« J’attends votre rapport demain » nous avertit le jeune noble, avant d’aller s’occuper de faire lever le corps du fauconnier par les prêtres de Morr.
Avant de partir, nous fîmes le tour des cages. Celle du griffon avait été sabotée et plusieurs barreaux avait partiellement fondu ; nous trouvâmes des éclats de verre d’une petite fiole qui devait contenir une substance corrosive dont quelques gouttes fumantes étaient encore visibles. Mes compagnons me racontèrent qu’après l’avoir abattu ils avaient trouvé un dard verdâtre fiché dans le flanc du griffon. La bête avait dû être excitée par cette blessure et la cage fragilisée n’avait pas tenu.
Il s’agissait donc d’une diversion et le vol avait été prémédité.

Nous décidâmes de rentrer aux docks et d’essayer de discuter avec les deux tanneurs, Dieter Jochutz et Linus Atzwig, qui habituellement fréquentent l’auberge de Cheval blanc. En arrivant, sur les quais nous assistâmes à une énième bagarre entre dockers. Comme nous tentions de les contourner, un grand palan se brisa, exactement au moment de notre passage, il m’a semblé voir la foudre s’abattre sur son sommet, mais je ne sais plus très bien car je n’ai pas été assez rapide pour m’écarter et j’ai pris un mauvais coup.
Nous sommes allés directement à l’auberge du Cheval Blanc et, en raison de mon état, j’ai préféré y passer la nuit, afin de prendre un bain chaud et de pouvoir me reposer correctement dans un bon lit.
Pendant ce temps, mes compagnons interrogèrent les tanneurs. Voici ce qu’ils apprirent.
Dieter et Linus possèdent chacun une tannerie, installées dans un même enclos à deux rues de l’auberge ; on trouve une troisième tannerie à coté mais sur une autre parcelle. Voilà trois semaines, une petite frappe du quartier, un certain Friedrick Gross, est venu les voir pour les prévenir que leurs bâtiments avaient été inondés et qu’ils ne devaient s’y rendre sous aucun prétexte. Il leur dit encore qu’il s’occupait de tout et leur offrit de l’argent pour se tenir à l’écart. Les deux tanneurs se doutaient bien qu’il y avait quelque chose de louche là-dessous, mais ils étaient payés assez grassement pour trainer toute la journée à l’auberge, à boire et à jouer aux cartes, donc ils se satisfaisaient assez bien de leur situation.
En revanche, la troisième tannerie installée à proximité restait, elle, en activité.

ImageImage

Grunilda, Lars et Klueber décidèrent de profiter de la nuit pour visiter les tanneries. Ils réussirent à s’introduire dans l’enclos et ne virent pas la moindre trace d’eau. L’endroit était désert. Dans la première bâtisse, ils ne trouvèrent rien de suspect : les peaux finissaient de pourrir dans leurs cuves ou de se craqueler sur les chevalets. Dans la seconde, en revanche, ils finirent par faire une découverte macabre. Dans une petite pièce, une des plus grandes cuves étaient remplie de nombreux corps humains, en voie de décomposition plus ou moins avancée. Ils purent reconnaitre néanmoins la petite Ute et le mendiant Kurt, disparus depuis peu de temps. Ils comprirent également avec effroi que ces pauvres erres avaient eu la poitrine ouverte et qu’on leur avait arraché le cœur. Il s’agissait certainement de quelques rituels maudits. Désolée de te donner tous ces détails atroces, mais c’est important pour la suite. En revanche, ils ne trouvèrent aucune trace des objets dérobés lors de la présentation.
En ressortant, une grande bouche d’égout béante entre les deux tanneries attira leur attention : ils se dirent que cela constituait une entrée et une sortie idéale pour une ou plusieurs personnes qui souhaiteraient se faufiler dans les bâtiments sans être vus.

Le lendemain matin, ils me firent part de leur exploration et des tristes nouvelles qu’elle apportait. Nous réfléchîmes sur la conduite à suivre. La suite de notre enquête pouvait nous conduire dans les égouts qui constituaient un moyen de circulation discret et pratique, couvrant toute la ville. Un autre problème se posait : fallait-il prévenir les autorités, au risque de faire fuir les responsables : la garde fait rarement dans la dentelle et tout le quartier aurait été alerté. Depuis la veille, nous souhaitions aller voir Maître Mauer afin de le questionner sur le masque disparu qui l’avait tant inquiété et peut-être pourrions-nous également lui raconter ce que nous avions trouvé dans les tanneries.
Le Lumineux était présent chez lui et nous reçut assez cordialement. Il nous expliqua que le masque était maudit et que sa disparition était extrêmement préoccupante. Il fallait le retrouver sans délai ; il nous donna une boîte en plomb dans laquelle nous devrions le confiner. Après plusieurs minutes d’hésitation, nous lui fîmes part de la piste qui nous avait menés aux tanneries et de ce que nous y avions trouvé. Il fut extrêmement choqué et insista pour prévenir le capitaine Baerfaust sur le champ. Nous lui expliquâmes nos craintes quant à l’intervention des gardes et notre désir de poursuivre notre enquête aussi secrètement que possible. Enfin, nous développâmes notre idée d’explorer des égouts, mais il prit un air écœuré : inutile de compter sur lui pour nous accompagner, toutefois il nous accordait jusqu’au soir avant de donner l’alerte.

Il n’y avait donc pas de temps à perdre. Nous avons commencé par nous rendre à proximité du palais, si nos voleurs se déplaçaient dans les égouts, nous pourrions peut-être y retrouver leur trace. Nous n’eûmes aucune difficulté à repérer une entrée et à nous y glisser devant le regard médusé de quelques passants. Nous atterrîmes dans un grand conduit et primes au jugé la direction du fleuve et donc des tanneries. C’était un vrai labyrinthe où l’obscurité et les odeurs répugnantes instaurent une ambiance particulièrement angoissante.
Après une bonne heure de marche, dans les détritus et la fange, nous avons débouché dans une grande salle, avec de nombreux objets et meubles montrant qu’une ou plusieurs personnes vivaient là. Mais nous n’eûmes pas le temps d’examiner le lieu, car avec un cri strident un énorme monstre nous attaqua avec férocité. Autour du cou, il portait une grosse pierre verdâtre ornée d’une rune. Du coin, de l’œil je vis une autre créature mi-homme mi-rat, de taille humaine cette fois, mais ressemblant à une sorte de grand rat ; elle agitait un bâton en direction du géant en martelant des litanies dans une langue inconnue.

Image

Nous dûmes d’abord nous débarrasser du monstre, et ce ne fut pas une mince affaire. Lorsqu’il s’écroula, sa pierre se mit à luire avec une très forte intensité et il se décomposa instantanément. En fait de colifichet autour du cou, elle était directement implantée dans son torse. Le sorcier en profita pour s’échapper par un petit conduit en se cachant derrière un nuage de gaz comme celui qui avait failli m’asphyxier sous le chapiteau.
C’est à cet instant, que je ressentis une violente brûlure dans le dos et la douleur s’insinua profondément dans ma chair. Je perdis connaissance. J’entendis ensuite la voix de Klueber, je sentais que l’on me portait, d’abord dans les égouts, puis je reconnus l’air frais dans ma gorge. J’étais à moitié consciente et Klueber me parlait sans arrêt tandis que les rues défilaient comme dans un rêve. Nous sommes arrivés au temple de Shallyah ; ensuite, je ne me souviens plus de rien et j’ai dormi jusqu’au surlendemain. Il s’est avéré que j’avais reçu deux coups de couteau dans le dos, des lames en malepierre. Mes compagnons reconnurent immédiatement les traces noirâtres autour des blessures et Maître Mauer confirma ce diagnostic lorsqu’il vint me voir ; ce n’est qu’à la rapidité avec laquelle Klueber me traîna à l’hospice que je dois d’être encore en vie. J’ai été admirablement soignée, rassures-toi ! Bénis soient les bons prêtres de Shallya ! Mes blessures picotent encore et j’aurais deux cicatrices de plus, mais je vais bien.

Pendant que je me faisais soigner, Lars et Grunilda essayèrent de retrouver la trace des créatures, mais ce fut un échec. Elles devaient connaître les égouts comme leur poche et avaient piégé de nombreux conduits. Maître Mauer nous expliqua plus tard qu’il s’agissait de skavens, des hommes-rats, dont l’existence reste mythique et ignorée de la majorité des gens. Il est certain que si les citadins d’Averheim soupçonnaient l’existence de ces abominations, vivant sous leurs pieds, cela provoquerait une folle panique dans toute la ville.
Klueber rejoignit Lars et Grunilda après m’avoir laissé au temple et ils retournèrent dans la tanière de ces bêtes. Là, ils retrouvèrent des morceaux de la grande plaque en or qui avait été découpée certainement dans le but d’être fondue. Cependant, il n’y avait aucune trace du masque. En fouillant, ils finirent par tomber sur un creuset, des pinces et divers outils destinés au travail du métal. Le tout se trouvait à côté d’un petit foyer dans lequel gisaient les restes calcinés de cœurs certainement humains. Ils avaient visiblement servi de combustible. Dans le creuset, des scories verdâtres comme le masque prouvaient que ce dernier avait dû être fondu selon un rituel de magie noire. Le produit de cette transformation était un objet oblong, dont la forme pouvait se rapprocher d’un battant de cloche. Ils le mirent dans la boîte en plomb de Mauer.
Ensuite, ils ramenèrent ce battant chez le mage lumineux. Ce dernier partit ensuite prévenir Baerfaust, sans citer nos noms et le rôle que nous avions joué dans cette histoire. Il jugea inutile de lui parler des skavens, car il était certain que le vieux capitaine n’en croirait pas un mot.
De leur côté mes compagnons, rendirent les morceaux de la plaque au Graf Von Kaufman et lui dirent que le masque avait certainement été détruit. Il s’en montra attristé mais leur donna dix couronnes en paiement pour notre mission.

Le lendemain, tandis que je dormais toujours, mes amis reprirent l’enquête et essayèrent de retrouver Friedrick Gross, le racketteur qui payait les tanneurs. Ils découvrirent l’endroit où il logeait mais l’homme semblait s’être enfuit précipitamment et en n’amenant que le strict nécessaire.
Comme cette piste ne donnait rien, ils cherchèrent des renseignements auprès des forgerons et en particulier l’un d’entre eux, Otto Hendricks, spécialisé dans le moulage des cloches. La taille du battant correspondait plutôt à une grosse cloche et, à Averheim, seuls les temples de Sigmar et de Verena en possèdent de telles. Otto leur expliqua qu’il n’y avait pas eu de vol de ce type cloche, en revanche, une cloche plus petite avait été dérobée sur les docks et il devait en fabriquer une nouvelle. Ils se rendirent donc à la tour de garde du port, mais n’y apprirent rien d’intéressant. Les gardes leur racontèrent qu’il était fréquent que les contrebandiers viennent décrocher la cloche ou même qu’ils envoient des enfants pour le faire ; ainsi, ils pouvaient continuer leur trafic sans risque que l’on donne l’alerte.
Bref, ils n’aboutirent qu’à des impasses.
Alors ils retournèrent chez Maître Mauer, afin qu’il leur parle du battant. Peut-être avait-il une idée du plan des skavens. Hélas, le Lumineux n’était pas mieux inspiré. Il leur parla seulement d’une légende autour d’une arme nommée « Cloche Hurlante ». Il s’agit d’une grande roue activée par des skavens, courant à l’intérieur, et munie de nombreuses cloches s’agitant dans le mouvement. Le son produit provoque à la fois la folie chez les ennemis des hommes-rats et chez ces derniers une frénésie meurtrière. Mais cela n’a pas vraiment de lien avec cet unique battant...

Pour finir, je suis sortie ce matin de l’hospice. J’ai retrouvé mes compagnons qui m’ont décrit dans le détail tout ce qui s’était passé pendant mon absence. Nous sommes retournés dans les différents lieux qu’ils avaient exploré pour que j’essaye d’y détecter des résidus de magie : dans les égouts, chez Friedrick Gross... Mais ces tentatives furent vaines. La seule découverte notable fut une petite boite en bois, cachée sous une latte de parquet, dans la chambre du truand. Elle contenait une herbe séchée qui sent très fortement la violette. Nous l’avons apportée à un apothicaire pour qu’il l’identifie et il s’agit d’une drogue connue sous le nom d’« herbe de joie ». Elle est originaire de Kislev et lorsque nous l’avons montrée à Yevgueny, il l’a immédiatement reconnue. Cette plante peut aussi être utilisée en médecine comme anesthésiant.
Par acquis de conscience, nous avons enfin fait le tour des grands temples de la ville pour savoir s’il y avait eu des problèmes dans les clochers. Mais là encore, cela ne nous mena à rien de probant. Lorsque nous étions au temple de Verena, nous avons croisé le tanneur Dieter, escorté par la garde et qui venait dans ce lieu de vérité pour y être interrogé sur ce qui avait été découvert dans les tanneries. Il semble qu’on le soupçonne d’être coupable des meurtres qui y ont été perpétrés. Mes compagnons et moi connaissions l’innocence de cet homme, mais nous n’avions aucun moyen de l’aider, en dehors de nos prières et offrandes à la très juste Verena. Par bonheur, nous avons été entendus puisque nous avons croisé tout à l’heure le tanneur libre et se rendant à l’auberge. Mais je sais bien que les gardes finiront par trouver un bouc-émissaire, tandis que malgré tous nos efforts les vrais coupables courent toujours. C’est bien frustrant mais je crois que nous avons été au bout de toutes les pistes dont nous disposions.

Comme nous ne voyions aucune issue à nos investigations et que plus rien ne nous retenait dans cette triste ville, nous commencions à songer à reprendre le chemin des Montagnes Noires.
Un évènement inattendu précipita notre décision. Comme nous passions sur la Plenzerplatz, une agitation et une foule inhabituelles attirèrent notre attention. De loin, nous vîmes Baerfaust sur une estrade, cernée par une forte troupe et en train de discourir avec éloquence. Nous nous trouvions trop loin pour entendre mais la rumeur nous rapporta des brides de la harangue : « combats dans le Nord », « ennemis de l’Empire », « réquisition générale ».
Des bureaux de recrutements avaient été prévus et de nombreux jeunes, ébranlés par les paroles du vieux capitaine s’y précipitaient.
Je ne pus m’empêcher de penser à mon cher Maître qui se trouvait déjà dans ces régions. L’espace d’un instant, j’hésitais sur la conduite à tenir : devais-je m’engager moi aussi et essayer de rejoindre mon maître ou me mettre en route pour Altdorf et regagner mon collège ? Je sentis aussi mes compagnons en proie au doute.

Image

Finalement, nous sommes convenus qu’il fallait que nous accomplissions au plus vite notre mission pour les Nains et qu’ensuite nous aurions l’esprit plus libre pour nous engager dans la lutte contre les ennemis au Nord. En outre, les évènements des dernières semaines nous ont montré que le danger est partout et qu’à notre niveau nous pouvons être utiles et servir l’Empire, n’importe où.

Je tâcherai de t’écrire depuis Grenzstadt, mais ne t’inquiète pas si tu ne reçois pas régulièrement de mes nouvelles. Je serais prudente et mes compagnons veillent sur moi, comme je veille sur eux.

Puisse Sigmar protéger notre patrie dans les terribles temps qui s’annoncent.
Prend bien soin de toi.

Ta fille bien-aimée Hannah
Répondre