[CR] Warhammer V3->V2 - Balades en Reikland

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R.Alex
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Re: [CR] Warhammer V3 - Balades en Reikland

Message par R.Alex »

Ouf c'est du lourd ! Je lirai ça attentivement.
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Lotin
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Re: [CR] Warhammer V3 - Balades en Reikland

Message par Lotin »

Toujours dans l'optique de rattraper les retards des CR (pas de chance pour la rédactrice, nous avons pu enchaîner les parties sur un rythme très soutenu ces derniers temps), en voici un qui raconte l'arrivée des personnages à Grenzstadt (ndmj : pour la suite de Harrower of thanes, scénario issu de Black Fire Pass). La forme change un peu car ce n'est plus une lettre envoyée par la magicienne à son père à Nuln mais son journal qui sert d'archive. Elle est la seule lettrée du groupe donc sert aussi de mémoire vivante aux autres.
Spoiler:
Journal de H. van Baumer
Grenzstadt, le 31 Sigmarzeit 2521

Nous avons atteint la petite ville de Grenzstadt à la fin de l’après-midi. Les murs d’enceinte culminent à une belle hauteur et ont l’air bien épais. La solidité de cette forteresse n’est guère surprenante puisqu’il s’agit de la dernière place forte défendant l’entrée du col du Feu Noir ; son rôle stratégique est donc primordial pour l’Empire. C’est aussi une ville minière très active. Le fer produit ici est très réputé et alimente en partie les manufactures de Nuln. D’ailleurs, au-dessus de la ville, s’élèvent de longues colonnes de fumées, aussi noires que celles qui obscurcissent le ciel de ma ville natale. Mais la comparaison s’arrête là : la ville est toute petite, il n’y a que trois entrées dont celle du fleuve par laquelle nous sommes arrivés. Enfin, quand je parle d’un fleuve, il en est réduit à a taille d’une rivière à peine navigable, normal puisque nous remontons vers sa source.
En haut de la muraille, une plate-forme a été aménagée pour servir de gibet et, en guise de bienvenu, nous avons été accueillis par cinq corps se balançant au bout d’une corde. Ça promet !
Le seigneur du lieu est le déplaisant Graf Theodosius Von Tuchtenhagen, un bellâtre de noblesse discutable à peu près aussi arrogant que sot. Nous l’avons croisé à Averheim lors de la présentation des trésors de l’expédition Templemann du Graf von Kaufman.

Le petit port fluvial se situe dans les murs de la ville. Il n’est pas bien grand et est gardé par une tourelle où nous n’avons rencontré aucun problème pour nous faire admettre. Nous avons dû nous acquitter d’une taxe d’un sou, en plus du prix de stationnement. En discutant avec le vigile, nous avons appris que les pendus étaient des voleurs qu’on avait surpris dérobant du minerai pendant une attaque d’orcs. La première information est qu’il existe donc des gens assez stupides pour voler du minerai et que la justice de l’Empire, comme bien souvent est ferme et expéditive. La seconde est l’insécurité qui règne dans la région du fait de la recrudescence des peaux vertes. Elle a été confirmée par un avis que nous a tendu le garde comme nous partions amarrer notre bateau ; il fait état d’une récompense pour tout orc tué dans les campagnes environnantes et apparemment cette chasse attire beaucoup d’aventuriers. Cet avis explique aussi la mise en place de cette Taxe du Sou afin de pouvoir rémunérer les récompenses aux chasseurs de peaux vertes.

En suivant les recommandations des nains de Karak Azgaraz, une fois arrivés à Grenzstadt, nous devions entrer en contact avec un guide du nom de Zarak qui était un habitué de l’Auberge Dawn Urbaz. Nous nous y rendons donc immédiatement.
La ville est petite, comme je l’ai déjà dit, mais c’est aussi une ville sale et dégradée comme le sont souvent les cités industrieuses. Et bruyante aussi, en raison des nombreuses forges en activité.
La taverne naine est l’un des seuls bâtiments en pierre que nous ayons vu ; à l’intérieur, il y avait beaucoup de monde et ça sentait bon la bière et la bonne chère, surtout après plusieurs jours sur le bateau à manger de la viande séchée et des biscuits secs. Nous avons donc pu profiter d’un fort bon repas, copieux et chaleureux, comme les nains en ont le secret. Je préfère la cuisine halfelin qui est plus raffinée, mais je ne crache jamais sur un bon plat nain !
En revanche, les informations que nous tirâmes du tavernier étaient moins réjouissantes : Zarak était parti depuis plusieurs jours pour accompagner un groupe de chasseurs dans les Montagnes Noires. Il y avait fort à parier qu’on ne le reverrait pas avant plusieurs semaines. Nous ne pouvions pas attendre aussi longtemps et nous lui avons demandé s’il connaissait un autre bon éclaireur. Alors, il nous a parlé d’un pisteur humain nommé Hans Bichter qui pourrait faire l’affaire et que nous trouverions probablement à l’Auberge du Dernier Repos.

Après le repas, nous sommes donc partis pour cette auberge et comme nous arrivions devant une coche d’alarme se mit à sonner. Les habitants de la ville sortirent de l’auberge et des maisons voisines et se dirigèrent calmement vers la porte sud. Comme nous demandions ce qu’il se passait, on nous répondit qu’il s’agissait d’une attaque d’orcs, la deuxième de la semaine. Afin de nous rendre utiles, nous les avons suivis. Au pied des murailles, les civils ont récupéré des armes et se sont dirigés à différents postes sous les ordres des gardes. L’organisation est bien rodée. Nous avons proposé notre aide aux militaires et ils nous ont placés au-dessus de la porte à proximité de trois gros canons flambant neufs.
Il faisait nuit noire et nous ne voyions pas grand-chose. L’attente m’a semblé durer des heures. Puis des feux se sont allumés au loin et très vite des projectiles enflammés se sont abattus sur les murs. Alors, les orcs ont commencé à courir vers la ville, brandissant leurs armes en beuglant leurs cris sauvages. Les artilleurs, en dessous de nous, ont chargé les canons et à la première salve, une énorme explosion a retenti nous projetant au sol. J’ai été sonnée peut-être une minute ou deux et mes oreilles ont bourdonné le reste de la soirée, mais j’ai pu rapidement regagner mon poste. L’un des canons avait explosé, mais les deux autres crachèrent des boulets sur la horde sans aucun problème. Les orcs était nombreux, une grosse mais ils attaquaient à découvert, sans organisation précise ce fut un vrai massacre. Quand ils furent assez proches, je commençais à lancer des boules de feu en tirant dans le tas ; je n’avais aucune raison de retenir mes coups et je m’en suis donnée à cœur joie.
Le seul danger venait de leurs machines, oserai-je les appeler catapultes, qui balançaient des projectiles incendiaires qui mirent le feu à plusieurs maisons. Grunilda qui les a vu de plus près m’a raconté qu’il s’agissait de gobelins avec une sorte de voilure attachée à leurs bras et avec une bombe attachée sous le ventre. Ces créatures sont vraiment folles !
Finalement, il ne fut pas trop difficile de les mettre en fuite.

Meurtris par notre chute et épuisés par les efforts consentis, nous suivîmes les habitants de la ville regagnant leurs foyers tout aussi éreintés. Nous prîmes la direction de l’auberge du Dernier Repos où nous décidâmes de prendre des chambres. Nous demandâmes à l’aubergiste si Hans Bichter était là et il nous indiqua un homme assez grand, un peu sale avec un grand chapeau de répurgateur et un collier fait d’oreilles d’orcs desséchées.
Nous lui avons expliqué que nous devions nous rendre dans les Montagnes Noires. Il a accepté d’être notre guide mais à condition que nous lui donnions en plus de sa paye, assez élevée soit dit en passant, toutes les oreilles des orcs que nous serions amenés à tuer afin qu’il en récupère la prime. Comme nous n’avions guère le choix, nous avons accepté ce marché sans trop négocier.
Il nous a ensuite expliqué que nous devions aller voir Tuchtenhagen pour qu’il nous signe un laisser passer, puis lorsque nous aurons fait des provisions nous pourrons partir après-demain. Il nous a promis aussi de nous envoyer un gamin pour surveiller notre bateau et s’occuper des bêtes pendant notre absence. Une fois tous ces détails réglés nous sommes partons nous coucher.
Pour ceusses qui connaissent le scénario officiel et son cadre, ils noteront les quelques modifications (légères au départ mais qui se sont révélés très lourdes ensuite menant à un véritable scénario d'enquête urbaine s'étalant sur 4 séances de 5-6h et qu'il me faudrait poser sur le papier si d'autres sont éventuellement tentés) apportées au canon livresque.
Spoiler:
J'ai un peu détourné le cours de l'Aver pour le faire passer par la petite ville minière. C'était plus facile pour le transport. J'ai rajouté tout le côté minier de la cité que j'ai développé dans mon intrigue, cela collait bien avec la position de la ville. Les pendus font partie de l'introduction de l'intrigue, je voulais l'image assez choquante pour qu'elle marque l'esprit des joueurs et inconsciemment les intéresser à la chose.L'assaut de la ville par des peaux-vertes à plusieurs buts. Tout d'abord c'est une extrapolation de la situation actuelle, les environs grouillent de plus en plus de peaux vertes dont le graf essaie de limiter la population avec sa prime. Cela me permet de rajouter encore une menace réelle à celles qui confrontent l'Empire en ces durs temps. Plutôt que de raconter aux personnages, je leur ai fait vivre. De plus, tout comme dans une séance précédente un palan en métal s'était brisé presque sur eux à Averheim (même s'ils n'ont pas fait le rapprochement), le canon qui explose dès sa première utilisation fait aussi partie des éléments introductifs de l'histoire que je voulais leur raconter dans ce bled. Cela me permettait aussi de leur introduire doucement cette idée qu'il se passe quelque chose avec les ressources en minerais de l'Empire.
J'en ai profité pour mettre à jour le post initial que j'avais un peu laissé à l'abandon.
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R.Alex
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Re: [CR] Warhammer V3 - Balades en Reikland

Message par R.Alex »

Si tu as le courage de mettre ça par écrit, je suis preneur. Pas forcément une rédaction au petit oignon, mais juste la liste des points que tu as ajouté, ça serait chouette.
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Rammstein
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Re: [CR] Warhammer V3 - Balades en Reikland

Message par Rammstein »

Super tes CR bravo a toi et tes joueurs, cela promet une campagne de longue haleine. Je suis preneur aussi si tu as le courage de coucher le tout par écrit.
" ça a quel goût de la femelle humaine? Tais toi et court, le repas va refroidir!"

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Lotin
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Re: [CR] Warhammer V3 - Balades en Reikland

Message par Lotin »

La suite des CR pour les quelques courageux à quelques minutes de partir en partie justement. Je mets en spoiler, ça prend moins de place.
Si vous ne reconnaissez aucun scénario officiel, c'est normal, c'est entièrement de mon crû et en cours de rédaction.
Spoiler:
Journal de H. van Baumer
Grenzstadt, le 32 Sigmarzeit 2521

Notre deuxième journée à Grenzstadt devait être consacrée aux préparatifs de notre expédition dans les Montagnes Noires, mais les choses se déroulent rarement comme prévu...

Tout d’abord, je dois préciser que depuis le début de nos aventures, Grunilda interroge systématiquement tous les nains que nous croisons à propos d’un certain Ulrik, dont la principale caractéristique est une mèche blanche dans sa barbe noire. Evidemment, c’est une des premières questions qu’elle posa au tavernier du Dawn Urbaz ; cependant, cette fois, la réponse fut positive. Face à nos demandes insistantes, Grunilda finit par nous expliquer que ce nain était son frère, mystérieusement disparu depuis plusieurs mois.
Maintenant qu’elle avait une piste, nous ne pouvions que l’aider dans sa quête.

Très vite, nous apprîmes qu’Ulrik avait été aperçu avec l’un des hommes pendus pour vol de minerais, dans la mine de Tuchtenhagen. Lors de l’arrestation, les cinq voleurs avaient un complice, un nain, qui avait réussi à s’enfuir dans les galeries de la mine Jacobson, exploitée par la guilde des mineurs. Or, en raison de la présence de gaz dans certaines parties de l’exploitation, cette mine avait cessé son activité. Comme il n’y a qu’une entrée et qu’il n’est pas ressorti depuis (ces évènements remontent à trois jours), les autorités ont fini par considérer qu’il était mort asphyxié.
En dépit de l’issue qui s’annonçait funeste, Grunilda insista pour se rendre dans la mine Jacobson. Un petit bâtiment sommaire protégeait l’accès aux galeries ; un groupe de mineurs y tuait le temps en jouant aux cartes et, à voir leurs têtes, en buvant beaucoup. C’est le chef de la guilde, un nain, qui nous accueillit. Effectivement, il était présent le jour du vol. Le nain à la mèche blanche s’était précipité ici, avait défoncé les planches qui condamnaient l’accès et s’était enfoncé dans les ténèbres. Les mineurs n’avaient pas eu le temps de réagir et ils avaient eu beau crier pour le mettre en garde contre les gaz, cela n’avait servi à rien. Pour autant, personne n’essaya de le rattraper, pas même les gardes qui étaient sur ses talons. Ils firent refermer l’accès et repartirent s’occuper de leurs prisonniers ; cinq voleurs sur six et le dernier fait comme un rat, ils s’en sortaient plutôt bien.
Grunilda espérait retrouver son frère ou au moins son corps. Les mineurs ne s’opposèrent pas vraiment à sa requête et le chef de guilde comprenait l’attitude de notre amie naine. Il nous suggéra d’emporter un oiseau dans une cage pour au moins détecter les poches de gaz. Grunilda passa devant tandis que Klueber et moi suivions à quelques distances avec des torches. Lars resta discuter avec les mineurs. Après une descente qui me parut interminable, Grunilda nous hurla de ne plus bouger car l’oiseau s’était évanoui. Nous éteignîmes nos torches et, à tâtons, nous commençâmes à rebrousser chemin ; pour nous, ce fut très compliqué de regagner l’air libre. Mais Grunilda continua un peu et elle finit par trouver un corps qu’elle tira jusqu’à la sortie. La robustesse des nains m’étonnera toujours... C’était bien son frère et il était mort, visiblement depuis plusieurs jours. Il avait été touché par un carreau d’arbalète pendant sa fuite et avait perdu beaucoup de sang. Entre cette blessure et les gaz, il n’avait aucune chance. Nous prîmes le temps de fouiller le corps ; il était vêtu d’habits de cuir, assez usés. Dans sa poche, il gardait une bague avec un sceau impérial et un petit tube en cuivre complètement scellé. Grunilda ne connaissait pas ces objets et fut aussi surprise que nous. Que faisait son frère avec une bague aux armes de l’empereur ? L’aurait-il volée ? Etait-il un agent de l’Empire ?
Peu importait pour Grunilda qui souhaitait lui offrir une sépulture décente. Je suppose que cette disparition et les circonstances qui l’entouraient devaient la toucher, mais elle n’en laissa rien paraître. Là encore, la solidarité naine nous permit de ne rencontrer aucune opposition du chef de guilde et des mineurs, ils acceptèrent de nous laisser partir sans prévenir les autorités. Après avoir amené le corps jusqu’aux jardins de Moor et l’avoir confié à un prêtre, nous laissâmes Grunilda se recueillir tranquillement.
Il restait d’importantes zones d’ombre dans cette histoire et il fallait vérifier le contenu du tube que cachait Ulrik afin d’obtenir peut-être un début de réponse. Nous entrâmes chez le premier forgeron et l’ouverture de cette étrange petite boîte ne lui prit que quelques minutes. A l’intérieur, un minuscule rouleau de papier, gravé des armes de l’empereur, recelait des inscriptions dans l’alphabet du Reikland, mais dans une langue inconnue. A y regarder de plus près, je compris assez vite qu’il s’agissait d’un message codé et il ne me fallut pas très longtemps pour le décrypter. Ce fut même un exercice assez distrayant.
Voici le contenu : « Par ordre direct de l’Empereur, veuillez prendre connaissance des faits. L’approvisionnement en métal de l’Empire semble compromis. Les mines aux pieds des Montagnes Noires semblent avoir ralenti leur cadence. Grenzstadt est un bon point de départ. Karl Franz ».
Depuis que nous avions découvert la chevalière et le tube scellé, Klueber avait une attitude bizarre : encore moins loquace que d’habitude, il semblait perdu dans ses pensées. Plusieurs fois, il fit mine de vouloir nous dire quelque chose, avant de retomber dans son mutisme énigmatique. Finalement, face à ce message, il bredouilla qu’il avait un secret à nous avouer et nous tendit une bague et un tube semblables à ceux d’Ulrik. Il nous dit les avoir trouvés sur le corps du cocher qui menait la diligence sur laquelle nous nous étions réveillés lors de notre première rencontre dans les Montagnes Grises. Le pauvre homme était mort sous les flèches des gobelins qui nous avaient attaqués et Klueber, ce vautour, lui avait fait les poches avant que nous n’arrivions au relais. Qu’il ne nous ait rien dit à ce moment, passe encore, nous étions des inconnus, mais depuis... Enfin, ce n’était pas le moment de régler nos comptes. Nous fîmes donc ouvrir le second tube. Comme le premier message, celui-ci était crypté, mais la clef était la même et il était écrit : « Par ordre direct de l’Empereur, veuillez prendre connaissance des faits. L’approvisionnement en métal de l’Empire semble compromis. Des troubles au sud mettent en péril la chaîne d’approvisionnement. Hugeldal est un bon point de départ. Karl Franz ».
J’ai bien dû vérifier trois fois si je ne m’étais pas trompée sur la transcription de « Hugeldal ». Quand je le lus à mes compagnons, ils ne prononcèrent pas un mot et je crois que Klueber aurait pu donner n’importe quoi pour rentrer sous terre à ce moment-là. Nous ne parlons jamais de cette pauvre ville et des tristes évènements dont nous avons été les témoins impuissants. Et cette fois, encore moins que les autres, nous n’eûmes envie de rompre cet accord tacite. Nous n’avons pas accablé Klueber, mais n’avons rien dit non plus pour le réconforter ; c’est un peu mesquin, mais je pense que cela lui servira peut-être de culpabiliser un peu.

Ce parallèle inattendu entre les deux cités nous incita toutefois à rester sur nos gardes. Il n’y a ici aucune épidémie et la population n’est pas aussi désemparée et affaiblie qu’elle l’était à Hugeldal. Quelques problèmes existent cependant et certains touchent effectivement les mines. J’ai déjà évoqué les émanations de gaz dans les galeries de la mine Jacobson, mais des accidents plus ou moins graves sont à déplorer dans la plupart des mines de la ville. Leur liste est surprenante et leur concomitance plus que suspecte. Dans la mine Horst, les mineurs sont tombés mystérieusement et très gravement malades ; l’extraction a été suspendue. A la mine Seuffer, une des forges à l’extérieur a explosé provoquant des dégâts tels que l’exploitation est arrêtée ; dans celle de Wiemann, c’est une des galeries qui s’est effondrée, ensevelissant plusieurs hommes et notamment l’ingénieur ; là encore le travail a dû être stoppé. La mine de Big Hole a fermé sans raison apparente. Enfin, la seule mine d’argent de la ville est inondée.
Bref, le moins que l’on puisse dire c’est qu’effectivement le message signé de l’empereur ne se trompe pas sur la diminution de l’extraction de fer et avec la réquisition générale qui vient de commencer, une pénurie de ce métal serait assez malvenue. Seule la mine de Tuchtenhagen est encore en activité et même si d’après ce que nous avons appris, les cadences y ont fortement augmenté, cela ne suffit pas à combler le déficit et encore moins à donner du travail à tout le monde. Et c’est certainement ce chômage qui constitue la principale préoccupation des habitants de Grenzstadt. Ça et peut-être aussi les attaques d’orcs ! On est encore loin du désespoir des citadins d’Hugeldal, mais encore quelques mois de ce régime et ils seront peut-être à la merci des forces du Chaos.

Nous décidâmes donc d’enquêter sur ces fermetures trop nombreuses et trop synchronisées pour être de simples coïncidences. Pour commencer, nous nous rendîmes à l’hospice de Shallya pour y interroger les malades de la mine Horst.
La Sœur Henriette nous accueillit ; c’est une femme robuste, grande et large d’épaules. Elle est encore jeune toutefois et même si elle est seule pour s’occuper des malades, elle semble maitriser parfaitement la situation : l’hospice est bien tenu, propre et ordonné. Les patients les moins touchés se trouvaient dans une salle commune au rez-de-chaussée et nous avons pu discuter avec eux. Leur histoire est particulièrement surprenante. Quelques jours auparavant, alors qu’ils avançaient sur le front de taille au fond d’une galerie, ils sont tombés sur une petite cavité dans laquelle ils ont découvert un étrange paquet, d’environ un pied de long et enveloppé dans des couches de tissus. En regardant de plus près, ce paquet s’est révélé être une momie, peut-être de gobelin. Selon eux, c’est cette relique qui les aurait rendus malades ou plutôt qui les aurait maudits. Ce jour-là, dès leur retour à la surface, les mineurs commencèrent à se sentir mal. Depuis deux sont morts et deux sont très gravement touchés, inconscients et gardés dans d’autres pièces. La sœur Henriette accepta que nous les voyons, mais nous expliqua qu’elle les faisait dormir afin qu’ils souffrent moins et, ayant tenté tout ce qu’elle pouvait pour les guérir, elle ne leurs donnait plus que quelques jours à vivre. Les deux hommes dormaient dans des cellules individuelles à l’étage. En entrant, une légère odeur de violette nous surprit. Comme nous interrogions la prêtresse, elle nous répondit sans détour qu’elle utilisait de l’herbe de joie pour les anesthésier. Intrigués, nous avons cherché à savoir comment elle s’approvisionnait. Elle achetait cette plante médicinale, comme beaucoup d’autres qu’elle utilisait, à des marchands ambulants. Cela ne nous avança pas vraiment, mais était-ce vraiment une piste ?
Parmi les rescapés de la mine Horst, deux autres étaient déjà sortis. Nous irions les voir plus tard.

Nous avons été déjeuner rapidement avant de nous rendre à la maison du Burgomeister pour récupérer auprès du Graf Tuchtenhagen nos autorisations pour chasser l’orc dans les Montagnes Noires. C’était notre laisser-passer pour sortir de la ville. Il nous reçut en personne dans une grande salle, juché sur une sorte de trône avec son mage doré ventripotent. En dépit de notre participation commune à la présentation du Graf Von Kaufman à Averheim, il ne parut pas nous reconnaitre. En même temps il n’est pas bien étonnant qu’une personne de son rang ne fasse pas attention à de simples gardes. Il avait l’air de s’ennuyer prodigieusement et nous adressa tout juste la parole, l’affaire fut expédiée en quelques minutes. Comme nous quittions la salle, je remarquais pourtant que Dagobert chuchotait à l’oreille de son maitre en nous montrant du doigt.

Nous avons continué notre enquête en nous intéressant cette fois à la mine dite Big Hole, celle qui avait fermé sans raison connue. Nous avons été y faire un tour et nous trouvâmes simplement porte close. Nous apprîmes que le propriétaire de cette mine était un certain Hamler et qu’il habitait ici à Grenzstadt. Le plus simple était d’aller le voir. Nous trouvâmes assez rapidement son manoir dans un des quartiers les moins miteux de la ville ; je serais bien en peine de dire qu’il s’agissait là du quartier bourgeois... La demeure avait dû être belle autrefois, mais aujourd’hui, ce n’est plus qu’une ruine gisant au centre d’un jardin à l’abandon. Personne ne répondit lorsque nous avons frappé à l’entrée. En faisant le tour, nous trouvâmes la porte de l’office grande ouverte. Nous entrâmes en appelant mais sans réponse. Nous étions dans les cuisines, une grande pièce sale et vide avec de fortes odeurs de viandes avariées et de légumes pourris. Au bout d’un petit moment nous finîmes par entendre des bruits à l’étage, des pas et une voix gémissante. Nous montâmes ; à cet étage, les grandes salles étaient presque toutes vides et poussiéreuses, le sol était jonché d’objets brisés et de détritus. Tout semblait avoir été emporté sans grand ménagement. Un homme très maigre et d’une saleté repoussante tournait en rond dans l’une de ces pièces, il parlait tout seul de manière peu intelligible et mit un certain temps à se rendre compte de notre présence et de nos appels. Lorsque nous essayâmes d’approcher il se précipita dans un coin en hurlant et en se recroquevillant. N’arrivant ni à le calmer, ni à en tirer quoi que ce soit, nous commençâmes à fouiller la maison. Dans ce qui devait lui servir de chambre – c’est au moins ce que permettait de déduire la présence d’une paillasse couverte d’immondices – l’un de nous butta sur une latte du plancher mal fixée. Il ne fut pas très difficile de la faire sauter. Un petit espace caché en dessous renfermait quatre petites boites et une forte odeur de violette. Nous trouvâmes dans toutes de petits bouquets d’herbes de joie et dans une un petit papier avec l’adresse : « 8 mittlestrasse ». Une autre pièce avait dû servir de bureau. Au milieu de quelques livres jetés à terre, je repérais un livre de compte. Les dernières pages remontaient à seulement quelques jours et un changement intervenait dans l’écriture environ un mois auparavant : la première partie avait été rédigée par Heinrich Hamler tandis que la suite correspondait aux comptes de Victor Hamler. Des comptes bien peu orthodoxes d’ailleurs car ils se limitaient à des retraits de sommes plus ou moins importantes au profit de différents noms et d’un en particulier qui revenait souvent : « Elpan ». Enfin, quelques mentions concernaient la mine, mais toute référence disparaissait dans les dix derniers jours ce qui correspondait à peu près à la date de sa fermeture.
Nous ne pouvions pas laisser cet homme errer dans cet état, dans cette maison vide. Mais nos efforts pour le raisonner restèrent vains et il n’y avait pas moyen de l’obliger à nous suivre. Le plus simple était certainement de le signaler au temple de Shallya, nous ne pouvions pas faire beaucoup plus.
En sortant, nous frappâmes chez un voisin et le majordome qui vint nous ouvrir ne se fit pas trop prier pour nous raconter l’histoire des voisins. Le père, Heinrich était mort un mois auparavant et son fils, un bon à rien doublé d’un joueur invétéré, avait pris sa suite. Il avait de grosses dettes et la fortune déjà vacillante des Hamler avait été engloutie en quelques semaines à peine. Les domestiques étaient partis avec les meubles car on ne leur payait plus leurs gages.
Sur le chemin du temple nous fîmes un détour par la mittlestrasse. C’était une rue avec de nombreux hangars et au 8 se trouvait un simple entrepôt qui était fermé à ce moment-là.
Une fois à l’hospice, nous expliquâmes la situation à la sœur Henriette, mais elle ne voulut rien entendre : elle devait s’occuper des malades et ne pouvait pas s’absenter pour aller chercher le jeune Hamler. Au mieux, elle pouvait nous fournir un somnifère pour que nous allions le récupérer nous-mêmes et que nous le lui ramenions. Cette histoire nous avait fait perdre beaucoup de temps mais nous ne pouvions pas l’abandonner de la sorte. Nous repartîmes donc avec le médicament. Au manoir, le jeune homme était toujours recroquevillé dans un coin. Nous lui administrâmes le somnifère de force et au bout de quelques minutes il tomba comme une masse. Nous le lavâmes rapidement et l’habillâmes avec ce qu’il lui restait de vêtements. Puis enroulé dans une couverture, nous l’amenâmes jusqu’au temple. Heureusement la nuit était en train de tomber at personne ne fit attention à nous.
De retour à l’auberge nous avons prévenu Hans que nous avions besoin d’un peu plus de temps avant de partir. Cette nouvelle ne sembla pas trop le gêner tant que nous lui offrions un dédommagement pour les jours perdus.

Une fois la soirée bien avancée et les rues désertées nous sommes ressortis afin d’aller explorer quelques-unes de ces mines fermées. La mine Horst était celle qui semblait la plus prometteuse, car cette histoire de momie était vraiment étonnante. Nous ne rencontrâmes aucune difficulté pour nous faufiler à l’intérieur. On accède aux galeries par un puits, moins d’une heure nous suffit pour retrouver la galerie et la momie. C’était un gobelin desséché, avec plusieurs colliers en verre et sentant fortement les herbes. J’eus beau me concentrer, je ne décelais pas la moindre trace de magie sur cette... chose.
En remontant, nous furetâmes un peu dans la cour et les petits appentis attenant, tout semblait parfaitement normal. Il y avait deux grandes citernes qui trônaient là. Lars monta à une échelle pour voir l’intérieur : arrivé en haut, il laissa échapper un petit cri de dégoût. L’odeur le fit descendre en un instant et il nous expliqua que deux cadavres de gobelins boursoufflés flottaient à la surface. Plus qu’une malédiction, c’était probablement un empoisonnement qui avait terrassé les pauvres mineurs.
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Lotin
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Message par Lotin »

La suite de l'enquête de nos investigateurs dans la ville minière Grenzstadt. Toujours en spoiler, le récit est le point de vue la magicienne du collège flamboyant.
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Grenzstadt, le 33 Sigmarzeit 2521

Nous avons encore consacré notre journée à mener notre enquête sur les fermetures de mines de la ville. Nous nous sommes plutôt bien débrouillés et nous disposons désormais de quelques éléments solides pour mieux comprendre ce qui se passe ici.

Tôt ce matin, nous sommes retournés à l’entrepôt de la Mittlestrasse. Il y avait des hommes en train de décharger des ballots de paille. Ils n’étaient pas très loquaces et nous avons appris finalement assez peu de choses. Nous avons pu en tirer toutefois le nom du propriétaire, un certain Hernst. Quant à la paille, elle viendrait de fermes situées au nord de la cité.
Ensuite nous avons décidé de faire le tour des mines fermées. De jour, on ne verrait pas grand-chose, mais on ne sait jamais...
La mine d’argent est bel et bien inondée : c’est une véritable petite rivière qui suit son cours à travers désormais. Il s’agit certainement d’une retenue qui a lâché, mais le résultat est sans appel : l’exploitation n’est pas près de redémarrer.
A la mine Seuffer, où une des forges a explosé, une grande palissade encercle la cour et l’accès à la mine. Elle était défoncée, par endroits, mais des mercenaires gardaient l’entrée et patrouillaient. Impossible de voir quoi que ce soit. Nous apprîmes cependant que la mine appartenait à un conglomérat de Nuln. Le contremaitre s’y était justement rendu afin de rendre des comptes et certainement de trouver des fonds pour réparer les dégâts et relancer l’activité.
A la mine Wiemann, dont une des galeries s’est effondrée, tout était scellé et inaccessible. Elle se trouvait dans un quartier légèrement excentré de la ville et où il y avait peu de passage. Toutefois, il nous parut périlleux de tenter de nous y introduire de jour.

Notre virée nous mena ensuite à la mine Tuchtenhagen. Il s’agit de la seule grande mine encore en activité et sa taille dépasse largement toutes les autres. Depuis l’extérieur, c’est une vraie fourmilière, avec un bruit assourdissant ; de grands appentis abritent des batteries de forges et, tout au fond, on distingue l’entrée monumentale des galeries, d’où sortent à un rythme impressionnant des wagonnets montés sur des rails et débordants de minerais.
Lorsque nous nous sommes approchés, des gardes nous ont barré le passage. Depuis les soi-disant vols, ils devaient être sur les dents. Grunilda eut alors l’idée de se faire embaucher pour enquêter de l’intérieur. Elle réussit à convaincre le contremaitre de lui laisser faire un jour d’essai gratuit ; évidemment, il ne pouvait qu’accepter !
Le soir, elle rentra exténuée car, afin de pallier au déficit en minerais dû aux fermetures, les cadences ont été fortement accélérées, même notre robuste naine a eu du mal à suivre, pas moyen de s’arrêter un instant, même pour satisfaire un besoin naturel ! Tuchtenhagen louerait sa mine à des concessionnaires du nom de Stein qui apparemment ne sont pas de la ville et c’est donc essentiellement à eux que profite la fermeture des autres mines. Grunilda découvrit également que des armes étaient fabriquées dans ces grandes forges, notamment des canons comme ceux que nous avions vus à l’œuvre le soir de notre arrivée. Elle posa des questions sur celui qui justement avait explosé pour savoir si des mesures avaient été prises. Visiblement, le moule a été changé. Il faut espérer que cette réaction suffira.

Pendant que Grunilda travaillait, Lars, Klueber et moi avons essayé de nous renseigner sur les complices d’Ulrik qui ont été pendus. S’il menait une enquête, il y avait peut-être moyen de retrouver quelques pièces du puzzle. Ces hommes étaient originaires de la ville et plutôt des quartiers pauvres. Ces vauriens trainaient souvent dans les bas-fonds et en particulier dans un vieux bâtiment délabré où avec d’autres gars désœuvrés, ils respiraient à longueur de journée des fumées d’herbes de joie. Cette consommation les rend encore plus amorphes, comme s’ils étaient avinés au dernier degré. Je ne connais pas grand-chose aux drogues, ce n’est pas très bien vu au collège, mais la formation de mage flamboyant est très dure et j’ai vu certains de mes camarades en consommer parfois. Hélas, la pratique de notre art demande beaucoup de concentration et de discipline. Généralement, cela n’aboutissait à rien de bon, ni pour leurs performances, ni pour eux. Mais je n’avais jamais été confrontée à des gens transformés en de telles loques. Et surtout, je suis étonnée qu’ils soient aussi nombreux dans cette petite ville. Ce n’est pas comme à Hugeldal une épidémie qui menace la ville mais peut-être cet autre fléau, qui annihile toute volonté avant de tuer très probablement. Le danger est tout aussi grave. Nous ne sommes pas restés là-dedans très longtemps, mais en sortant nous avions tous les trois mal à la tête et nous étions tellement las.
Nous décidâmes de poursuivre nos recherches au temple de Verena où nous pourrions consulter le cadastre et connaître le propriétaire de ce bâtiment. Ce fut assez facile de trouver : son nom était « H. DRENHT ». Je cherchais s’il possédait d’autres biens en ville, mais ce n’était pas le cas. Pour l’entrepôt de la Mittlestrasse, le propriétaire s’appelait « H. HERNDT » et ne détenait rien d’autre dans la ville. Je m’intéressais ensuite aux fermes situées au nord de la ville. A force de m’abîmer les yeux sur les parchemins avec des écritures en pattes de mouches, je ne voyais plus grand-chose, à un moment cependant je crus avoir réussi mais en relisant, je déchiffrais « H. THREND ». Cela commençait à s’éclaircir : toujours le H initial et les mêmes lettres pour le nom. Il y avait aussi une chronologie qui se dessinait : Thrend disposait de la ferme depuis très longtemps et il n’y avait pas d’acte de vente, Herndt avait acquis le hangar de la Mittlestrasse depuis environ 1 an et Drenht avait investi dans la magnifique ruine des drogués il y avait 6 mois. Je repris le registre de la ville et je cherchais les noms avec les mêmes lettres qui puissent apparaitre pour d’autres terrains. C’était une pêche hasardeuse mais, au bout d’une heure ou deux, j’avais une nouvelle correspondance : « H. RENDHT » avait acheté une petite maison dans un quartier résidentiel il y avait 4 mois. L’ancien propriétaire était un docteur Muller.
Je retrouvais Lars et Klueber assoupis sur les bancs au fond du temple et dehors, la nuit était déjà en train de tomber. Il était temps pour nous d’aller visiter un peu mieux les lieux repérés de jour.
Nous retrouvâmes Grunilda à l’auberge où elle récupérait de sa rude journée devant une énorme chope de bière. Pour commencer, nous prîmes le chemin de la mine Wiemann. A cette heure, le coin était désert et il ne fut pas très difficile de faire sauter le loquet d’un des volets. Nous avons parcouru le boyau principal jusqu’à l’effondrement, Grunilda vérifiant systématiquement toutes les poutres de soutènement. Sur place, notre attention fut attirée par la présence de tâches de moisissures sur les étais alors que nous n’en avions pas remarqué jusque-là. Impossible de dire si ces tâches rondes et noirâtres était naturelles, mais en tout cas elles semblaient très localisées. Néanmoins, nous étions pressés de ressortir et nous ne nous sommes pas éternisés.

Pour revenir à l’auberge, nous fîmes un détour par la Mittlestrasse. Là encore, l’activité de la journée avait laissé place au calme. Pendant que je faisais le guet, les autres montèrent sur le toit avec un grappin et pénétrèrent dans l’entrepôt. Ils durent défaire complètement une balle de paille pour trouver cachées au milieu plusieurs petites boites du même modèle que celles que nous avions découvertes chez le jeune Hamler. Les balles de paille étaient tellement serrées qu’elles n’avaient pu être introduites qu’au moment de la confection et donc vraisemblablement à la ferme. Si nous souhaitions remonter à la source, le nom du propriétaire et ce dernier indice pointaient dans la même direction.

Nous retournâmes ensuite à l’auberge. Là, tout en prenant un bon diner, nous essayâmes d’interroger l’aubergiste sur le nommé Elpan qui apparaissait dans les livres de compte de Hamler. « Oh oui ! nous répondit-il, j’vois bien qui c’est. C’est un préteur sur gages. Vous l’trouverez sûrement à l’auberge des Trois Roses ».
Dès la fin de repas, nous nous rendîmes donc dans cette auberge. Il ne nous fallut que quelques minutes pour repérer Elpan. C’était un homme au teint olivâtre, avec des vêtements très compliqués et aux couleurs extravagantes. Il parlait très fort avec un fort accent qui m’était inconnu mais je pense qu’il était d’origine estalienne ou tiléenne. Deux armoires à glace se tenaient à sa table, probablement des gardes du corps, mais lorsque nous approchâmes, il se montra très accueillant et ouvert à la discussion. Il admit avoir récupérer la mine de Big Hole : « Eh oui, une bonne affaire pour moi, mais Victor n’a jamais eu à se plaindre de mes services... ». Il claqua des doigts et une servante approcha avec une carafe de vin et des verres. Il nous invita à en prendre. « Cependant si vous voulez la racheter, c’est dommage, mais c’est trop tard car je l’ai déjà revendue ! Il ne faut pas trainer avec ce genre de bien, ça perd de la valeur si ce n’est pas entretenu. Il faut revendre au premier acheteur et celui-là, en plus, n’a pas discuté le prix ». Comme nous insistions pour connaitre le nouveau propriétaire expliquant que nous souhaitions le rencontrer pour lui refaire une offre, il ajouta : « C’était un homme assez bizarre... mais il a payé comptant, un joli paquet de couronnes ». « Comment ça, bizarre ? ». « Il avait une démarche pas très naturelle, comme s’il se déhanchait à chaque pas. Et il avait aussi une voix stridente assez désagréable. Enfin, il ne devait pas être très sortable parce qu’il portait une cagoule et il gardait la tête baissée ; je n’ai pas pu voir son visage. Ça ne m’a pas trop plu parce que j’aime bien regarder les gens dans les yeux quand je fais affaire. Mais les couronnes étaient vraies. Croyez-moi, je ne m’y trompe pas ». Et il partit d’un rire sonore. « Son nom ? Euh, attendez voir... Ned, Nert ou quelque chose de ce genre ». Je lui demandais de me l’épeler, alors il fit signe à l’un des hommes à côté de lui et celui-ci sortit un livre d’un sac derrière lui. Elpan tourna les feuillets très vite, suivit de l’index une liste de noms dans une colonne et lut lentement «H. Nerdth : N.E.R.D.T.H ». Nous le remerciâmes pour les informations et pour le vin. Il nous répondit qu’il n’avait pas d’autre mine à vendre, mais beaucoup d’autres bien si nous souhaitions investir et nous salua avec un grand sourire. Comme nous quittions l’auberge un homme bien vêtu s’asseyait déjà à sa table. Une personne très occupée...

Nous tenions décidemment une piste prometteuse. Il ne nous restait plus qu’à nous rendre à l’adresse de la maison anciennement habitée par le docteur Muller, avec un peu de chance nous y trouverions l’homme que nous cherchions et qui se cachait derrière ces anagrammes.
La demeure se trouvait dans un quartier tranquille et propre. La nuit était déjà bien avancée et il n’y avait pas âme qui vive dans les rues ; autour, aucune lumière ne trahissait des voisins encore éveillés.
Il s’agissait d’une petite maison, mitoyenne et sans étage ; juste une porte et deux fenêtres barrées par de lourds volets. Lars qui est le plus agile d’entre nous grimpa sur le toit puis disparu derrière la maison. Après quelques minutes d’attente, un des volets s’ouvrit lentement. Nous nous faufilâmes à l’intérieur. La pièce devait être un bureau. Tout était soigneusement rangé, des livres sur une étagère, des fioles dans une vitrine : rien ne trainait et une fine couche de poussière couvrait tous les meubles. Il n’y avait pas un bruit et très vite nous comprîmes que la maison était inoccupée. Dans toutes les pièces, tout était parfaitement ordonné et nous trouvâmes plusieurs petits autels à Sigmar, disposés dans toute la maison. Depuis la cuisine, à l’arrière, on accédait à une cave. Il faut toujours visiter les caves, c’est au moins une des leçons que nous pouvons tirer de nos aventures et elle se vérifia cette fois encore. Celle-ci n’était pas très grande, avec un sol en terre battue jaunâtre et occupée en grande partie par un grand tas de charbon. Sur celui-ci gisait une pelle et nous remarquâmes qu’elle était pleine de terre jaune. Nous cherchâmes où l’on avait pu creuser et très rapidement nous repérâmes l’endroit. Sans grande surprise, il s’agissait d’une fosse dans laquelle avait été caché un corps dont il ne restait plus que quelques ossements avec des lambeaux de chair collés à des vêtements à moitié pourris. D’après ce qui subsistait nous déterminâmes qu’il s’agissait d’un homme et le crâne, complètement défoncé, signalait sans beaucoup de doute la manière dont il avait été tué.

Nous rebouchâmes le trou et quittâmes la maison aussi discrètement que possible. Il était bien tard lorsque nous arrivâmes à l’auberge et, avant de nous coucher, nous étions convenus de partir dès le lendemain enquêter du côté de la ferme d’H. Threndt.
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Lotin
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Re: [CR] Warhammer V3 - Balades en Reikland

Message par Lotin »

La suite encore, on essaye de rattraper le retard des CR. Une petite balade champêtre, toujours du point de vue de la magicienne.

Spoiler:
JOURNAL DE H. VAN BAUMER
Grenzstadt, le 3 Sumerzeit 2521

Nous sommes rentrés très tôt ce matin de notre périple campagnard. Nous avons récupéré en dormant un peu tard et, avant de descendre manger, je profite de ce moment de répit pour rattraper le retard accumulé dans mes notes.

Nous avons quitté Grenzstadt de bon matin, le 1er Sumerzeit pour aller enquêter du côté des fermes, dans la région au nord de la cité, comme nous l’avions prévu suite à nos découvertes. Nous avions pris nos chevaux qui étaient visiblement bien contents de se dégourdir les pattes après être restés plusieurs jours sur la péniche. Nous avions pris soin de prendre de quoi manger et camper si nécessaire.

La route avançait en rase campagne, nous avons traversé quelques petits bois, longé des champs cultivés ou en jachère et aperçu au loin de rares bâtiments isolés. Puis nous avons quitté la voie principale qui filait vers Averheim pour nous engager sur un chemin secondaire qui devait nous amener à l’exploitation que nous recherchions. Au bout de plusieurs heures sur cette petite route caillouteuse et mal entretenue, des champs en culture apparurent puis, du sommet d’une petite colline nous aperçûmes deux maisons, une grande et une petite. Chacune se trouvait dans un enclos avec probablement un potager et une basse-cour. La plus grande était accolée à d’autres bâtiments, certainement des granges. De notre poste d’observation, il n’y avait aucune activité visible.
Nous avançâmes jusqu’à la plus petite ferme qui était la première sur la route. Il y avait des rideaux aux fenêtres et de la fumée s’échappait de la cheminée. Comme nous appelions, une ombre passa derrière les voilages mais personne ne sortit. Alors nous insistâmes et Klueber descendit même de cheval pour aller frapper à la porte. Une jeune femme avec un très jeune enfant dans les bras finit par entrouvrir la porte. « Que voulez-vous ? grogna-t-elle. « Nous sommes des voyageurs, nous n’avons pas de mauvaises intentions » dis-je pour la rassurer et l’un de nous raconta qu’en route pour Averheim, nous nous étions égarés et nous cherchions de l’eau et du foin pour nos montures avant de repartir. Notre histoire parut la convaincre à moitié mais elle ressortit finalement avec un seau d’eau. Klueber essaya d’engager la conversation ; il sait bien comment parler aux femmes et gagner leur confiance. Sans grande surprise, la jeune fermière se dérida un peu, expliquant que la ferme étant exploitée par son beau-père Thomasz Gund et ses fils, dont son mari Ephraim. « Et cette belle propriété appartient à la famille ? » « Non, non ! Elle est à Herr Trendh, de Grenzstadt ». « Et vous croyez que votre beau-père pourra nous donner plus d’eau et à manger pour nos bêtes ? » Elle fit la moue. « Contre un dédommagement, cela va de soi ». « Alors oui, certainement. Ils ne devraient pas tarder à revenir des champs, allez donc à la grande maison ». Et elle s’engouffra dans la maison, sans même nous saluer, visiblement soulagée de se débarrasser de nous. Nous nous dirigeâmes donc dans la direction indiquée. Le corps de ferme comprenait une habitation allongée à un étage qui occupait tout un coté de la cour, en face se trouvait plusieurs granges et des clapiers à lapins. Dans le fond, se trouvait un autre grand bâtiment et un grand portail fermait cet espace. A peine arrivions-nous, qu’un jeune homme s’approcha de la barrière ; il nous tenait en respect avec une fourche et s’avança avec un air menaçant.
Nous lui répétâmes notre histoire, lui demandant où se trouvait maître Gund à qui nous souhaitions demander de l’aide. Il nous répondit que son père allait rentrer et de ne pas bouger en l’attendant. Il s’éloigna et tout en nous observant du coin de l’œil, il s’employa à remonter du fumier sur un gros tas de fumier qui trônait en plein milieu de la cour et dont les effluves corrompus parvenaient jusqu’à nous.
C’était une belle matinée et le soleil printanier, déjà haut dans le ciel, chauffait la route poussiéreuse. Je profitais de sa chaleur qui se diffusait à travers ma peau, mes muscles et même mes os. Cela me remplissait d’énergie et je me sentais d’excellente humeur. L’attente dura probablement moins d’une heure, mais elle me parut bien plus courte.

Thomasz Gund finit par arriver, d’un pas lent et assuré. Il était très grand et musclé. En plus de sa carrure, sa peau sombre, tannée par le soleil, ses cheveux et sa barbe, très bruns me firent penser à un ours. A ses côtes, deux hommes lui ressemblant fortement mais en plus jeunes, le devancèrent pour venir à notre rencontre. On devinait facilement qu’ils étaient ses fils. Derrière eux, enfin, deux maigrichons au teint blafard contrastaient avec leurs compagnons. C’était des jumeaux, copies conformes. Ils portaient des vêtements usés et déchirés.
Le groupe s’approcha de nous l’air méfiant et tenant fermement leurs outils agricoles. Nous leur racontâmes encore une fois notre fable, expliquant que nos bêtes avaient besoin de boire et que nous étions prêts à payer s’ils nous faisaient profiter de leur hospitalité. « La route d’Averheim ! Ah ! Pour sûr, vous vous êtes bien trompés ! » trancha le père Gund avec un rictus moqueur. L’atmosphère se détendit quand nous sortîmes nos pièces. Les jumeaux regardèrent le père qui leur fit un signe de la tête et sans un mot, ils filèrent vers une des granges. Les fils passèrent devant pour nous ouvrir le portail. Ils appelèrent leur frère et ils nous montrèrent où abreuver nos chevaux tandis que le plus jeune arrivait les bars chargés de paille. Nous observâmes la cour, son tas de fumier, les granges et les clapiers à lapins, le corps de logis enfin, grand et bien entretenu. On entendait que le piaillement des volailles et les braiements d’un âne attaché dans un coin. Tout paraissait on ne peut plus normal.

Nous entrâmes dans l’habitation par la pièce de vie du rez-de-chaussée, avec une grande cheminée qui occupait tout un mur et dans laquelle était pendue une marmite pleine de soupe. Au centre, trônait une immense table en bois massif, l’épaisseur du plateau devait bien mesurer la largeur d’une main. Le couvert avait été mis et du pain et de la charcuterie se trouvait au milieu. L’un des fils pris d’autres assiettes, les remplit de soupe fumante qui mijotait dans la marmite et nous invita à nous asseoir. Le père et ses fils se servirent à leur tour et tous nous rejoignirent autour de la table. Nous essayâmes d’engager la conversation, mais ils n’étaient pas très bavards et seul le père nous répondit, souvent par des monosyllabes.
Peu après que nous ayons commencé à manger, deux femmes entrèrent, portant des fagots de bois de chauffage et des paniers remplis de plantes. « Ma femme et ma plus jeune fille » dit le père. La mère nous salua tandis que l’adolescente se précipitait vers le fond de la pièce pour déposer sa charge, sans rien nous dire et en détournant le regard. Elles vinrent ensuite s’installer avec nous. La mère était un peu plus causante mais nous n’apprîmes pas grand choses sur le propriétaire, les plantes cultivées sur cette exploitation ou encore le commerce avec Grenzstadt. Au cours du repas, Grunilda trouva un prétexte quelconque pour sortir et, comme tous les membres de la famille étaient à l’intérieur, elle en profita pour fureter. Elle parvint même à entrer dans la grange où habitait les jumeaux ; rassurée par le bruit de leurs ronflements, elle se glissa à l’intérieur et pu explorer le lieu sans les réveiller. Hélas, ses efforts furent vains et elle ne trouva rien de suspect.
A la fin du repas, la mère alla préparer une infusion à partir d’un gros tubercule blanchâtre. « C’est un tonifiant ! pour que mes hommes puissent bien travailler cet après-midi » dit-elle en riant. Elle nous en proposa. La tisane dégageait une forte odeur que j’étais persuadée de connaître, mais dont je n’arrivais pas à me souvenir tant le contexte dans lequel je l’avais sentie la première fois était différent de cette cuisine et de ce breuvage précis. Il me fallut donc quelques minutes pour faire le lien : la momie de gobelin dans la mine Horst ! moi qui m’attendait plutôt à trouver ici des parfums de violette !
Je fis mine de m’intéresser aux ingrédients de l’infusion « C’est de la racine d’ivoire, me dit-elle, on la cueille dans les bois ». Voyant que toute la famille en buvait et la totalité de la boisson venant du même pot, je demandais à en gouter. Ce n’était pas mauvais et je peux attester de l’efficacité du produit car cet après-midi et durant la soirée qui suivie je n’éprouvais aucun sommeil.
Après l’herbe de joie qui endort, voici la racine qui réveille. Je pourrais bientôt me reconvertir en herboriste !

Après avoir remercié la famille Gund et les avoir payés, nous fîmes mine de reprendre la route. Après un rapide détour nous revînmes vers la ferme et nous nous installâmes à proximité dans les bois, caché mais bien placé pour tout observer. Nous voyions la grande habitation, avec la cour et une partie des granges. Les hommes étaient retournés aux champs. Près de la petite maison où nous nous étions arrêté au début, la bru sortit plusieurs fois avec ses enfants accrochés à sa jupe. Tandis que du côté de l’autre ferme, la mère et le plus jeune fils vaquaient tranquillement à leurs travaux. Le soleil déclina puis disparut derrière une colline ; le père, ses fils et les ouvriers jumeaux rentrèrent lentement. Tout était extraordinairement calme et nous commencions sérieusement à nous demander si nous ne faisions pas fausse route...
Et puis, alors que la nuit était tombée et que les occupants de la grande ferme s’étaient livrés à de nombreuses allées-venues, nous aperçûmes les jumeaux qui sortaient de la grange et qui se dirigeaient vers le grand tas de fumier. L’instant d’après, ils avaient disparu ! Les fenêtres de la maison étaient éclairées, la cheminée fumait, l’âne se promenait dans la cour, mais plus aucune trace des frères. Au bout d’un certain temps, ils réapparurent, aussi soudainement qu’ils s’étaient évanouis. Ils regagnèrent la grange en marchant tranquillement.
Enfin, les lumières s’éteignirent, d’abord dans le logis, puis dans la grange. Nous patientâmes encore un peu pour être sûrs que tout le monde fut endormi. Il n’y avait plus que l’âne qui continuait de tourner en rond dans la cour. Nous approchâmes en silence. Lars qui a le pas plus léger avança encore de quelques pas, hélas, cette fois, sa discrétion naturelle fit défaut ; l’âne le repéra et se mit à crier. Par Sigmar ! Que ces animaux sont bruyants !
Nous fîmes demi-tour pour nous cacher, alors qu’une lueur éclaira une des fenêtres. Il fallut à nouveau attendre qu’elle s’éteigne et que les fermiers se soient rendormis. Nous réfléchissions au meilleur moyen de faire taire l’âne, lorsque l’un de nous repensa à l’herbe de joie et à ses propriétés anesthésiantes. Nous avions dans nos sacs des quignons de pain et nous les frottâmes avec les fleurs violettes que nous gardions aussi avec nous. Notre plan était très hasardeux, mais la bête ne se fit pas prier pour croquer le pain et elle s’endormit très vite. J’avoue que je n’en reviens toujours pas que cela ait fonctionné...
Ensuite, il ne restait plus qu’à sauter la barrière ; c’est Lars qui passa en premier tandis que nous restions à distance. Il s’approcha du tas de fumier ; nous le vîmes tourner et hésiter un instant puis il saisit une fourche qui était fichée dans le monticule. Il y eu alors un affreux grincement, qui résonna dans tous les environs. Lars recula et se précipita vers la barrière mais la porte de la ferme s’ouvrit avant qu’il ne fut hors de vue. C’était raté pour une enquête discrète ou encore pour une attaque surprise. Très rapidement tous les hommes furent sur le pied de guerre et s’organisèrent pour monter la garde. Le père Gund, deux de ses fils et les jumeaux s’étaient répartis autour de la cour et des bâtiments. Ils n’avaient pas cherché à poursuivre Lars, sans doute à cause de l’obscurité.
Mais de ce côté, il n’y avait plus rien à faire. Nous tentâmes de nous approcher de la petite maison du fils aîné. Nous avancions à découvert, espérant nous fondre dans l’ombre et, pour plus de sécurité nous avions formé plusieurs groupes. Malheureusement, Ephraim guettait sur le chemin, il nous vit et décocha un trait d’arbalète qui rata de peu Lars.
Celui-ci se mit à courir vers le bois, à l’opposé de l’endroit où nous étions encore cachés. C’était une bonne chose car, du coup, nous n’avions pas été localisés, mais maintenant nous étions aussi séparés. Dans le même temps, l’aîné avait foncé chez lui en beuglant pour rameuter les siens. Il fallait agir vite. Grunilda, Klueber et moi nous précipitâmes vers la maison. Nous entrâmes sur ses talons et Grunilda lui balança un coup de bouclier qui l’assomma instantanément. Mais déjà les autres rappliquaient. Ils étaient armés de gourdins, de faux et de haches. Les coups fusèrent, j’en reçu un à l’épaule, la douleur était cuisante et je vis Klueber qui vacillait. Réagissant dans la précipitation, je lançai une boule de feu pour les faire reculer, ce fut efficace, mais c’était risqué et, évidemment, l’édifice en grande partie en bois s’enflamma aussitôt. A partir de ce moment, le combat fut violent mais rapide. Les Gund et leurs ouvriers tombèrent les uns après les autres tandis que l’incendie gagnait toute la façade. Nous sortîmes par derrière en tirant le fils aîné toujours inconscient. Dans la basse-cour, à l’arrière du logis, les animaux affolés nous empêchaient d’avancer. Au loin, nous aperçûmes son épouse, ses deux gamines dans les bras, qui fuyait vers le grand bâtiment, chez ses beaux-parents. Klueber et moi étions bien amochés, mais il fallait en finir. Nous suivîmes le chemin vers la ferme. Lars nous rejoignit devant le portail ; Il nous raconta que la fille, celle qui était aller cueillir des plantes avec sa mère, l’avait attaqué par surprise, dans les bois. Elle lui avait sauté dans le dos avec un couteau et il l’avait tuée en se dégageant. La jeune mère de famille, la bru, s’était réfugiée dans le logis. Dans la cour, Klueber et moi nous mîmes à couvert derrière une charrette et nous ligotâmes notre prisonnier toujours assommé. Pendant que nous restions cachés, Grunilda et Lars se glissèrent à travers la trappe sous le tas de fumier. Il fallait vérifier qu’il n’y ait personne encore susceptible de nous attaquer.
A l’intérieur de la maison, selon toute vraisemblance, il ne devait rester que la femme de Gund, sa bru et les deux petites filles. Klueber leur cria de se rendre et que nous ne leur ferions aucun mal. Au bout de quelques minutes, elles sortirent à la queue leu-leu, la plus âgée à l’avant tenant un vieux tromblon rouillé et cabossé. Klueber essaya encore de les raisonner tandis que je commençais à focaliser et me préparais à riposter. Néanmoins, ce ne fut pas nécessaire, car lorsqu’elle essaya de tirer l’arme explosa. Elle fut tuée sur le coup ainsi que le bébé que portait la jeune mère. Celle-ci, gravement blessée, était mourante, nous ne pouvions plus rien faire. Heureusement son agonie fut rapide. La dernière enfant, était miraculeusement indemne. Elle pleurait, assise par terre près des cadavres ensanglantés. Je la pris dans mes bras et l’amenai à côté de son père. Je me sentais vraiment mal ; nous venions de massacrer une famille et, même s’ils nous avaient attaqués, nous n’avions que des soupçons.
Alertés par l’explosion, Grunilda et Lars remontèrent des souterrains. Ils nous racontèrent avoir découvert plusieurs pièces et des restes d’herbe de joie un peu partout. Il y avait aussi des étagères avec des traces de moisissures, comme dans la mine Wiemann. Enfin, ils avaient découvert un cachot avec plusieurs prisonniers, hommes et femmes, qui avaient certainement étaient torturés et affamés. Tout danger étant écartés, ils retournèrent les chercher. Je vis lentement émerger du fumier cinq malheureux, squelettiques et chancelant qui tenaient à peine sur leurs jambes. Ils étaient repoussants de saleté et vêtus de lambeaux. Quand ils s’approchèrent, guidés par Lars, je constatai avec horreur qu’on leur avait arraché les yeux. Ils semblaient totalement effrayés. Grunilda me chuchota avec un air horrifié qui ne lui est pas habituel qu’on leur avait aussi coupé la langue et brulé les tympans. J’eus un haut le cœur. Finalement, nous n’avions certainement pas tué des innocents ! Nous installâmes les captifs dans la cuisine, cherchant tout ce que nous pouvions trouver à leur donner à manger. Nous cherchâmes aussi des vêtements pour les habiller et nous en profitâmes pour visiter les lieux. Nous avons pu trouver de nombreuses preuves de l’implication des Gund dans le trafic d’herbe de joie et dans les accidents des mines de Grenzstadt : il y avait notamment un stock de boîtes similaires à celles que nous avions trouvées à Grenzstadt, certaines pleines, d’autres vides, il y avait aussi des étiquettes avec des noms de villes de tout l’Empire et d’autres aussi marquées « Shallya » et « Bureau ». Dans une remise, coincée entre de vieux meubles et des outils agricoles, une sacoche en beau cuir contenait de petits instruments en métal, comme ceux qu’utilisent les chirurgiens ; ils étaient gravés au nom de Muller, probablement le docteur disparu de Grenzstadt. Mais il semblait que plusieurs manquaient car quelques emplacements étaient vides. Nous finîmes par les récupérer, dans une commode de l’une des chambres à l’étage, certainement celle de la fille à en croire les affaires qui y étaient rangées. Je crois que Lars n’a pas trop à regretter de s’en être débarrassé ; elle collectionnait des reliques peu ragoutantes. Près du lit, sur un petit présentoir, nous découvrîmes également plusieurs colliers avec des perles de verre ; comme ceux qui ornaient la momie au fond de la mine Horst.

A l’extérieur, Ephraim avait enfin repris connaissance. Nous l’avions détaché pour qu’il puisse s’occuper de sa fille. Nous lui annonçâmes que tous les autres membres de sa famille étaient morts et que s’il ne voulait pas périr lui et sa fille, il devait tout nous dire.
Il semblait affligé et ne se fit pas beaucoup prier. Voilà ce que nous avons appris.
La famille Gund étaient arrivée à Grenzstadt, il y a plusieurs années. C’étaient des paysans et ils cherchaient une ferme où s’installer. C’est ainsi, qu’ils firent la connaissance du jeune Trendh, l’héritier de ce domaine. Celui-ci était un orphelin et un accident ou une maladie (le fils Gund ne savait pas trop) l’avait laissé complètement déformé et se mouvant avec d’extrêmes difficultés. Les Gund et Trendh tissèrent un lien qui allait au-delà de la simple relation entre des fermiers et leur propriétaire. C’est lui, qui après plusieurs années de labeur honnête les entraina dans le trafic d’herbe de joie. La drogue arrivait ici par différents convois de marchands, les prisonniers mutilés étaient chargés du reconditionnement. C’étaient des esclaves qui avaient été acheté pour cette besogne. C’était le docteur Muller, leur complice qui les avaient mutilés afin qu’ils soient dociles et ne tentent pas de fuir. Mais ce dernier n’avait pas supporté cette situation. Trendh l’obligeait à faire ce qu’il voulait, il devait savoir des choses sur lui ; quand le docteur a tenté de se rebeller, Trendh l’a éliminé.
La drogue était ensuite expédiée aux quatre coins de l’Empire. Trendh est certainement cet homme tordu que nous ont décrit les témoins de Grenzstadt. Il était à la tête ou au moins parmi les principaux organisateurs de ce trafic. Lorsque nous lui demandâmes ce que signifiaient les étiquettes « Shallya » et « Bureau », le fils Gund nous parla de Sœur Henriette, d’abord il nous dit qu’elle participait à l’organisation des livraisons puis, il se ravisa et expliqua qu’elle n’était qu’une cliente. Il était difficile de se faire une opinion sur son implication, mais je vois mal une prêtresse de Shallya se rendre complice de ce genre de trafic. L’étiquette « Bureau » correspondait à la commission du comptable de Trendh, Otto von Helgstein. Notre prisonnier finit par nous donner son adresse, en revanche nous ne pûmes lui arracher celle de Trendh, même en menaçant sa fille ; il répéta plusieurs fois qu’il ne savait pas où il habitait.
Une fois que nous eûmes tiré tout ce que nous pouvions de lui, nous dûmes décider de son sort. Grunilda qui ne fait jamais dans la dentelle était d’avis de le tuer, mais Lars, Klueber et moi étions plus retenus : c’est une chose de tuer un homme au combat, ça ne me pose en général pas de cas de conscience, mais exécuter un homme pieds et poings liés. De plus il avait tout perdu, sa famille, sa maison ; il avait suffisamment payé. Et puis, il y avait sa fille, elle était si jeune, qu’aurions-nous bien pu faire d’elle ? Il nous fallut cependant un bon moment pour convaincre notre amie naine. « Prends ta fille, un cheval et quelques provisions et part loin de Grenzstadt ; ne t’avise jamais de recroiser notre chemin ». J’espère que nous n’aurons pas à regretter notre clémence. Cette famille était bien coupable, mêlée à un trafic dangereux, complice de meurtre et d’actes de torture ; ils semblaient portant si normaux lorsque nous avions partagé leur repas quelques heures plus tôt.

Nous ne savions pas trop quoi faire des esclaves que nous avions libérés. Ils ne pouvaient pas se débrouiller seuls. Il fallait que nous les confions à un hospice de Shallya, c’était la seule solution. Nous avions quelques doutes sur la probité de Sœur Henriette, mais son sacerdoce lui imposait de s’occuper des malheureux. Nous ne pouvions pas toutefois les ramener nous même à Grenzstadt. Nous pensâmes don à les charger sur la charrette et à les laisser à proximité de la ville avec un mot, il se trouverait bien une bonne âme pour les conduire à l’hospice. Nous les avons lavés, vêtus et soignés comme nous pouvions. Sans soins appropriés, je doute qu’ils survivent tant leur état me parut désespéré. Nous avons préféré attendre la nuit pour retourner à la ville. Après avoir brûlé le stock d’herbe de joie et les boîtes puis enterrés les morts nous avons donc profité de la journée pour nous reposer. Au moment de partir, nous avons relâché tous les animaux. Puis nous avons installé aussi bien que possible les esclaves dans la charrette, j’ai rédigé une lettre demandant pitié et asile au nom de Shallya.
Enfin, nous nous sommes mis en route. Nous avons atteint Grenzstadt au milieu de la nuit et procédé comme nous l’avions prévu, laissant les malheureux que nous avions trouvés et continuant vers la cité.
Aux portes, les gardes nous ont regardé de travers, mais ils nous ont laissés passer. Nous avons gagné l’auberge.
Nous avons prévu d’aller faire quelques vérifications aux archives du temple de Verena puis de nous rendre chez le comptable. La journée risque encore d’être très longue.
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R.Alex
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Re: [CR] Warhammer V3 - Balades en Reikland

Message par R.Alex »

Très sympa, comme d'habitude.
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Re: [CR] Warhammer V3 - Balades en Reikland

Message par Antharius »

Un CR toujours aussi prenant!

Une petite question: Concernant les personnages, sont-ils affectés par ce qui s'est passé à la ferme? C'est un de ces moments qui distingue warhammer des autres.

Bonne continuation
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Lotin
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Re: [CR] Warhammer V3 - Balades en Reikland

Message par Lotin »

Merci à vous deux pour les retours, ça donne au moins l'impression de divertir quelques personnes en plus et ça motive la rédactrice des cr !

Alors oui, ils sont très affectés par certains évènements. Le plus marquant pour eux reste le fiasco d'Hugeldal, ils en reparlent souvent. Je sais que ça a travaillé ma compagne, et un couple d'amis qui en ont reparlé pendant plusieurs semaines à la suite de la séance. Les deux ou trois interrogatoires un peu violent aussi ont été marquants pour eux. La ferme a été un épisode spécial (et ce qui arrive ensuite aussi) dans leur psychée de groupe. Ils se rendent compte que le Vieux Monde est sale, et que ça peut venir de partout, même d'eux parfois. Pour les personnages, ça se traduit par une petite montée lente mais inexorable vers la "folie", une détérioration de leurs valeurs qu'ils compensent parfois en se jetant corps et âme ans quelque chose (très marquant dans un épisode à venir, à la toute fin de la séance d'Harrower of Thanes). Ils compensent à certains moment.

Je suis assez content car les derniers cr publiés plus haut sont les cr d'un scénar de mon cru et ça c'est parfaitement passé (me reste à en continuer la rédaction pour éventuellement le proposer à ceusses intéressés, j'en ai déjà parlé plus haut mais me faut du temps et faire ça bien). Juste un petit truc que j'ai raté, j'y ai pensé seulement à la fin du combat de la ferme. Lorsqu'ils se sont retrouvés séparés avec Lars qui est parti en courant dans les bois après s'être fait tiré dessus. Il est tombé sur la jeune fille (qui était une vraie détraquée mentale, à voir dans le scénar si je finis de le poser sur le papier), enfin celle-ci lui a sauté dessus en lui hurlant "Je vais te tuer !". J'aurai du la faire tourner autour de lui cachée dans les hautes herbes en chuchotant pour le stresser la même chose à plusieurs reprises. Le joueur était déjà en stress par la situation j'aurai pu pousser un peu plus loin pour l'ambiance (quand Predator rencontre Délivrance).
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Lotin
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Re: [CR] Warhammer V3 - Balades en Reikland

Message par Lotin »

Et hop, profitant de l'absence d'un des joueurs qui s'offrent un très beau voyage, les CR essayent de rattraper leur retard. La suite donc de l'aventure (bon c'est toujours aussi long) :
Spoiler:
JOURNAL DE H. VAN BAUMER
Grenzstadt, le 4 Sumerzeit 2521

Comme prévu nous avons poursuivi nos investigations à Grenzstadt, hier, en fin de matinée. Un retour aux archives du temple de Verena semblait s’imposer.
Nous disposions tout d’abord de l’adresse du comptable du fameux Thrend et nous cherchâmes à qui appartenait sa maison. Le nom du bailleur était H. Erndt, le même que celui qui possédait le hangar de la Mittelstrasse... J’en profitais pour approfondir les informations sur la ferme qu’exploitaient les Gund. Thrend en était bien le propriétaire, mais seulement depuis un an ; auparavant, elle appartenait à un certain Terndh...
Tous ces noms commençaient à se mélanger dans ma tête, il y avait vraiment de quoi perdre son Reikspiel ! Il apparaissait toutefois que ce pseudonyme, Terndh, était le plus ancien parmi ceux utilisés par notre personnage. Je me replongeais donc dans les registres en quête de ce nom et, quelle ne fut pas ma surprise de découvrir qu’il s’agissait également du patronyme de Sœur Henriette, la prêtresse de Shallya. Il était vraiment difficile de comprendre son rôle exact dans toute cette affaire : était-elle complice malgré elle ou pleinement impliquée ? Sans oublier toutes les possibilités entre ces deux extrêmes ! C’était quand même une prêtresse de Shallya et nous avions tous beaucoup trop de considération envers ces religieux dévoués pour imaginer l’une d’entre eux mêlée à un trafic de drogue assorti de meurtres, de tortures et d’esclavage. En outre, une chose était certaine, Henriette n’agissait pas seule car les descriptions de l’homme tordu ne ressemblaient en rien à sa forte corpulence.
Néanmoins, nous devions la questionner et nous nous rendîmes donc à l’hospice.

A notre arrivée, il n’y avait aucune trace de la prêtresse. Le hall était désert et lorsque nous appelâmes personne ne répondit. Des escaliers en colimaçons montaient de l’entrée jusqu’au second étage. Il y avait une petite chambre avec du mobilier très simple qui donnait sur une terrasse située à l’arrière du bâtiment. De là, on avait une vue directe sur un petit jardin soigneusement planté. Dans cette pièce, rien de suspect ne nous interpella sauf quelques bijoux en verre dans une boîte ; ils ressemblaient beaucoup à ceux de la momie et à ceux que nous avions trouvés à la ferme, mais était-ce une preuve suffisante ?
Nous retournâmes au rez-de-chaussée où se trouvaient toujours quelques mineurs convalescents. L’un d’eux était réveillé. Il nous expliqua que Sœur Henriette était sortie depuis le matin sans doute pour aller au marché. Comme il semblait d’humeur bavarde, nous essayâmes de pousser la conversation sur l’histoire de la ville et de sa région. Ce qu’il nous raconta commença à lever les zones d’ombres qui empêchaient encore de progresser dans notre enquête. Je passe sur les détails, mais voici le récit qu’il nous fit. Il y a environ 25 ans, en raison d’une énième augmentation d’impôts, les paysans au nord de la ville se rebellèrent contre le comte von Tuchtenhagen, le père de l’actuel maître de Grenzstadt. La révolte fut assez violente et le comte n’hésita pas à mater très sévèrement les responsables. Des familles entières furent décimées et leurs terres confisquées. Beaucoup de petits orphelins échurent en ville. Sœur Henriette était parmi eux ; elle fut hébergée au temple de Shallya et, en grandissant, elle apprit à soigner et elle finit par embrasser ce sacerdoce. Elle avait un frère, un peu plus âgé, qui à la suite d’une maladie était resté malingre et difforme. Lui fut recueilli au château, par le bourreau même de ses parents, et il fut élevé avec le jeune héritier qui s’était pris d’amitié pour lui. C’était Hogweed, le bouffon de Tuchtenhagen, que nous avions rencontré à Averheim lors de l’exposition. Cette créature pitoyable était donc l’homme tordu, le responsable de tous ces maux.
Nous connaissions désormais l’identité de notre adversaire et l’innocence de la prêtresse paraissait de plus en plus improbable. Mais nous avions désormais l’avantage.

Nous devions en profiter et avancer nos pions. Nous nous rendîmes donc chez le comptable, Otto von Helgstein. Il vivait dans une petite maison à proximité du hangar où les clients de Hogweed se retrouvaient pour avoir leur dose de poison. Le petit bâtiment était mitoyen sur trois côtés et donc toutes les ouvertures donnaient sur la rue, impossible d’entrer autrement. De la fumée s’élevait de la cheminée et après quelques minutes d’observation, une silhouette se dessina à la fenêtre de l’étage. Inutile de tourner autour du pot : il n’y avait pas grand monde dans la rue, nous traversâmes la rue et nous entrâmes directement. Le comptable était bien à l’étage, il s’était précipité dans un placard en nous entendant. C’était un petit homme, maigre et craintif ; il devait avoir un certain âge et avait perdu presque tous ses cheveux. Il portait un vieux costume sombre et élimé aux articulations. Ses mains osseuses étaient maculées de tâches d’encre. Quelques menaces suffirent à lui délier la langue. Il avoua qu’Hogweed était bien le responsable de tout le trafic et nous le décrivit comme un être violent et maléfique qui n’hésitait pas à éliminer personnellement ceux qui ne se pliaient pas à sa volonté. Il nous raconta comment il était tombé sous la coupe d’un tel homme. Employé comme comptable pour les affaires de von Tuchtenhagen, il avait piqué dans la caisse mais s’était fait prendre. Condamné à la pendaison, il n’avait dû son salut qu’à l’intervention du bouffon qui l’avait aidé à s’évader. Mais, désormais coincé dans cette maison, il était à son service et s’occupait de tenir les comptes sur ses affaires douteuses. Il ne pouvait s’enfuir car il risquait de se faire arrêter et visiblement Hogweed le terrorisait. Au fur et à mesure de notre conversation, ses yeux affolés couraient de droite à gauche, il tremblait même. « De toute façon, il doit déjà savoir que vous êtes là ! il y a des gamins qui surveillent la rue pour lui. C’est sûr... Il va me le faire payer... Il va me tuer ! ». Effectivement, l’un de nous jeta un coup d’œil par la fenêtre et vit des gosses des rues, sales et vêtus de haillons en train de jouer sur le trottoir d’en face en regardant vers la maison avec insistance.
Nous entrevîmes la possibilité de tendre un piège à notre homme, s’il venait lui-même, nous pourrions lui mettre la main dessus. Le comptable fut attaché. Et nous sortîmes tous. En nous apercevant, les gamins détalèrent comme des lapins. Lars retourna à l’intérieur pour s’y cacher tandis que nous faisions le tour du quartier pour revenir nous poster à proximité.
Après seulement quelques minutes d’attente, quatre silhouettes surgirent. Ces hommes étaient armés de bâtons et de couteaux, mais leurs yeux rouges exorbités et leur démarche hésitante nous firent immédiatement reconnaitre des intoxiqués comme ceux qui trainaient dans l’entrepôt-taudis qu’Hogweed possédait sous le nom de Drenth. Ils pénétrèrent dans la demeure et nous entrâmes sur leurs talons. Ils furent plus difficiles à maitriser que leur état n’eut pu le laisser présager. Il était impossible de les raisonner et totalement imprévisibles dans leurs mouvements. Nous n’eûmes pas vraiment d’autre choix que de les éliminer. Un seul survécu et finit par baragouiner que c’était l’homme tordu qui leur avait donné de l’argent pour venir tuer Otto. Ce dernier était complètement prostré derrière son lit. Lars l’avait protégé et il n’avait pas une égratignure, mais il refusait de bouger. Il le fallait pourtant, car deux hommes de plus arrivèrent avec des torches qu’ils jetèrent sur la maison provoquant un début d’incendie. Evidemment, je ne pus m’empêcher de riposter, si on veut jouer avec le feu... L’un des assaillants reçut donc un jet de flammes et s’embrasa ; il fuit la maison en face où le feu commença à se propager. Afin d’éviter de nouveaux blessé, mes compagnons et moi intervînmes pour limiter l’incendie. Pour la maison du comptable, il était trop tard mais pour celle d’en face les dégâts furent limités. Pendant ce temps évidemment, l’autre crapule s’enfuit, mais Otto également disparut. Inutile d’essayer de les rattraper, ils avaient trop d’avance. En revanche, nous devions retrouver Hogweed ; s’il ne voyait pas revenir ses acolytes, il risquait de nous échapper.

Nous avons d’abord foncé chez les drogués, c’était tout près et c’est vraisemblablement là qu’il avait été vu la dernière fois. Nous dûmes tout fouiller, nous protégeant la bouche et le nez contre les odeurs nocives de violette. L’endroit était horriblement crasseux, encombré de détritus et de loques humaines, avachis à même le sol ou tassés dans les coins. Ce fut long et dégoûtant de tous les examiner et, hélas, ce fut vain. Ensuite, nous partîmes vers l’entrepôt de la Mittlestrasse. En chemin, des cris et des bruits attirèrent notre attention. En débouchant sur la place principale, nous vîmes l’hospice de Shallya en proie aux flammes. Déjà les habitants du quartier avaient formé une chaîne et les seaux d’eau volaient de main en main jusqu’au brasier. Mêlés à la foule, nous entendîmes d’abord parler d’une attaque de mutants : la prêtresse et ses patients se seraient retrouvés coincés à l’intérieur. Mais en questionnant les badauds, une autre version émergea. Personne n’avait vu les mutants, c’était un homme encapuchonné qui avait raconté cette histoire et, nous pouvions aussi le deviner, qui avait certainement mis le feu.

Nous cherchâmes Hogweed dans toute la ville, passant au peigne fin tous les lieux auxquels il était relié d’une manière ou d’une autre. La nuit était tombée et les portes de la cité étaient fermées. Grunilda et moi nous postâmes devant le château où nous savions qu’il résidait ; les soldats nous dirent qu’ils ne l’avaient pas vu de la soirée.
Des heures de surveillance et d’enquêtes infructueuses...
Finalement, Lars et Klueber se rendirent au port et trouvèrent le garde en faction assassiné dans sa guérite. Ils vinrent nous chercher aussitôt. Sur place, je consultais le registre des bateaux et je découvris qu’il en manquait un à l’amarrage. Hogweed avait dû fuir par là et il était en route pour Averheim. Inutile de prendre notre péniche, nous ne pourrions jamais le rattraper et avec un garde mort cela aurait pu attirer les soupçons sur nous.
Nous prîmes donc les chevaux et nous présentâmes à la porte munis de nos laisser-passer pour la chasse aux peaux vertes. « A cette heure-ci ? » demanda le vigile avec un mélange d’incrédulité et de raillerie. Puis, comme nous insistions : « Très bien, c’est votre vie après tout ! » et il ouvrit une si petite porte que nous dûmes descendre de nos montures pour passer.

La route vers Averheim est large et bien entretenue, nous avons pu nous mettre au galop et regagner du terrain. Elle longe le fleuve ou ne s’en écarte que très ponctuellement, de sorte que nous pouvions avancer tout en vérifiant si nous rejoignions l’embarcation. Il nous fallut cependant plusieurs heures avant de voir se dessiner la silhouette de la barge avec sur le pont deux ombres, une grande et large, l’autre rabougrie. Hogweed n’était pas seul, il avait entrainé sa sœur avec lui, alors que tout le monde penserait qu’elle avait péri dans l’incendie de l’hospice. Les premières lueurs de l’aube commençaient de poindre à l’Est et une fine couche de brume s’élevait sur l’eau et autour des berges. Nous ralentîmes l’allure, en restant à une distance suffisante pour surveiller sans être vus. Il était impossible de sauter sur le bateau, c’est trop loin et surtout, absolument pas discret. Il ne nous restait plus qu’à espérer qu’ils s’arrêtent pour se reposer. Par chance, ils ne tardèrent pas à glisser contre l’une des rives et à attacher leur barge. Nous les vîmes entrer dans la cabine. Il n’y avait pas de temps à perdre nous n’aurions pas une meilleure occasion. Certes, nous étions fourbus, mais eux aussi et nous étions quatre contre deux. Nous pouvions aussi profiter de l’effet de surprise : deux d’entre nous pouvaient passer par l’entrée de la cabine, tandis que les deux autres se faufilaient par la trappe de la cale et les prendre à revers. Nous connaissons bien de genre de péniches, nous avons vécu à bord des semaines et tous les modèles se ressemblent.
Nous mîmes notre plan à exécution. Dans la pénombre de la cabine, je distinguais Sœur Henriette assise avec un grand marteau sur ses genoux et Hogweed replié sur lui-même à ses côtés. A peine avions nous lancé notre assaut que la prêtresse avait bondi, comme si elle nous attendait. Elle était entourée d’un halo lumineux qui semblait dévier nos coups. Effet de surprise ou pas, nous étions mal barrés. Son frère se contorsionnait d’une manière répugnante, on eut dit que ses articulations pouvaient prendre des angles contre-nature. Il saisit Klueber à la gorge avec ses jambes et nous eûmes toutes les peines du monde à le faire lâcher. Le combat fut très rude, je n’osais pas trop utiliser de sorts de feu de peur de nous encercler de flammes dans cet espace confiné. Nous réussîmes cependant à prendre le dessus. Nous aurions souhaité les garder vivants mais leur rage était telle que c’était eux ou nous... et ce fut nous. Nous traînâmes les corps à l’extérieur pour les enterrer. Puis nous fouillâmes la barge. Il n’y avait rien à l’intérieur, les deux fuyards n’avaient pas pris le temps d’emporter de bagages. La seule chose qu’ils avaient sur eux était une bourse remplie de pièces d’or. Une quantité comme je n’en avais jamais vu ! Leur trafic avait dû être très lucratif. Hélas, si nous avions coupé la tête du réseau, ou au moins une des têtes, il était évident que leurs complices qui devaient être nombreux allait pouvoir s’en tirer et éventuellement remettre le tout en route.

Nonobstant, nous avions certainement gagné quelques mois de répit et un joli pécule ! Nous nous éloignâmes un peu de la péniche, pour nous reposer avant de reprendre le chemin de Grenzstadt.
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Re: [CR] Warhammer V3 - Balades en Reikland

Message par R.Alex »

Du sang et des larmes !
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Re: [CR] Warhammer V3 - Balades en Reikland

Message par nergaal »

Vous faites une pause ? j'ai besoin de mon fix moi !
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Lotin
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Re: [CR] Warhammer V3 - Balades en Reikland

Message par Lotin »

Coucou par ici ! On a fait une pause, l'un de mes joueurs s'est offert un très beau voyage de presque 3 mois en Asie du sud-est. On a repris il y a 15 jours avec Mirror of Desire mais les CR ont pris un peu de retard aussi. Ca ne devrait pas trop tarder quand même !!
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Re: [CR] Warhammer V3 - Balades en Reikland

Message par R.Alex »

Miam miam. J'ai hâte.
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