Fiasco
Playset : tueur de dragons
Temps de jeu : 2h
Nous avons introduit une
option intéressante pour la préparation : chaque joueur jette 2x2d6 et choisit, sans consulter les autres, une relation/objet ou relation/lieu ou relation/besoin, à partir des quatre combinaisons obtenues. (méthode qu'on peut aussi envisager avec des dominos).
Puis on met tout en commun. Résultat : une amorce hétérogène et surprenante, et un temps de préparation considérablement réduit d'au moins 15-20 minutes. Sans que ça nuise à la créativité.
Voici les (très) grandes lignes. J'ai omis pas mal de détails et simplifié. Des morceaux de bravoure et des conversations surréalistes sont malheureusement passées sous silence mais je ne me sens pas capable de retranscrire le sel de ces moments à l'écrit.
***
Grünt l'orc poète et sensible se fait charrier et bousculer depuis sa plus tendre enfance par tout le village. Le voici, rongeant un bras humain, assis au coin du feu, le regard perdu dans ses songes. Il rêve de se faire limer les crocs, rosir la face et garnir le caillou de cheveux pour ressembler à un humain et pouvoir se prélasser dans des salons en jaquette pourpre et chemise bouffante, déclamant des vers sous l'oeil rond de courtisanes en pâmoison, baignées de parfums capiteux et du son féérique des harpes de troubadours.
Autour de lui, des gamins orcs braillards se disputent un crâne humain, en guise de ballon de foot. Grünt soupire, se lève, et va trainer son spleen vers la fosse à ordures, là où on stocke les prisonniers humains, avant de les dépecer et rôtir. Dedans y croupit
Kalyster, une créature à l'allure elfique, au dédain aristocrate et aux articulations fines, signes évidents d'une ascendance de haute lignée. Grünt s'éprend d'elle au premier regard et s'offre de l'aider à fuir à condition qu'elle l'aide à devenir "humain". Kalyster n'hésite pas à abonder en promesses : elle connait des magiciens puissants et des redresseurs de faciès très compétents.
Ils fuient et vont se réfugier dans un village de gobelins cannibales qui cultivent des champignons qui font rire, sur les parois d'un volcan habitées par un dragon camé, qui les protège en échange de sa dose régulière. La belle Kalyster ayant une blanche chevelure et ressemblant vaguement à la déesse d'une prophétie, elle impose pour un bref moment son autorité sur ces hordes de créatures en chaleur, du fait que l'écrasante majorité d'entre eux sont des mâles (les femelles étant tuées à la naissance pour être dévorée, leur chair étant exquise).
On finit par devoir fuir de nouveau, à dos de dragon camé, capturé par Grünt, et arriver dans la Cité des Splendeurs, qui s'élève, scintillante, dans la brume, au coeur d'une vaste plaine poussiéreuse. Le dragon, à bout de souffle et en état de manque, s'écrase comme un flanby à quelques encablures de la Cité (et est capturé par les autorités). On les y accueille cordialement, si ce n'est Grünt dont le faciès suscite la suspiscion. Il finit en chambre de torture où on l'interroge pour savoir comment il a su dompter un dragon. Il manque de peu de se faire éplucher l'épiderme par un bourreau facétieux et est racheté
in extremis par le directeur d'un cirque, qui a repéré ses talents d'orateur et sa fine connaissance de la poésie en alexandrins croisés.
Kalyster de son côté se fait engager comme danseuse exotique par ce même directeur de cirque, avec pour projet qu'
Elrik son compagnon fasse les poches des badauds, tandis qu'elle les hypnotise par son déhanché à vous décoller la rétine. Bon, tout se met à foirer. Grünt se fait huer par la foule, il brise la nuque du directeur de cirque trop entreprenant, fout le feu au chapiteau.
Finalement, nos héros vont se retrouver devant le roi Baudouin afin de monnayer le secret de domptage de dragon : lui filer des champignons hallucinogènes. Il s'avère que la cité n'en manque pas, puisqu'on en marchande depuis des lustres avec les gobelins pour la consommation des nobliaux qui seraient trop remuants sans cette dose régulière.
Le dragon ne réagit pas comme prévu à l'ingestion de champignons, carbonise un gardien et tortille de la queue en hurlant de rage contenue, entravé par des lourdes chaines.
Lors de l'épilogue, nos héros se retrouvent tous à effectuer de basses besognes, ou cloué à une croix (dans le cas de Grünt), tandis que la guerre a été évité de justesse avec les gobelins qui ont récupéré leur dragon et repris leur juteux commerce de champignons avec le roi Baudouin.