Cette première séance a duré 3 grosses heures sur les 4 prévues (un joueur en retard, besoin de participer au ravitaillement du club, ...) et a permis de faire la création des personnages et la première mission de l'aérodrome d'Engels.
Voici le compte-rendu. Dans les balises
Spoiler:
Merci d'avance à ceux qui prendront le temps de lire et de donner leur retour.
Le but de ce compte-rendu est aussi de montrer à des gens qui hésiteraient à commencer/ne sauraient pas comment prendre Night Witches. C'est un jeu que je trouve à la fois excitant par sa promesse et intimidant par son propos (un jeu de guerre au premier degré, dans un cadre historique précis).
D'abord un petit topo sur le système "propulsé par l'apocalypse" (2 joueurs sur 5 ne le connaissent pas) et un gros passage sur la feuille de personnage, etc. (ça a dû prendre environ 40 minutes, avec certains joueurs qui posaient beaucoup de questions du style quelle stat va avec quel rôle, comment on prend de l'XP, comment se passe une attaque de nuit, etc.). Bref, je n'ai pas vraiment pu enseigner les règles de façon concentrique comme indiqué dans le bouquin, il m'a fallu balancer du gros bloc d'un coup parce que les joueurs en voulaient. Ca m'a un peu gêné, mais c'est pas grave :p
Au final, nous avions (d'abord les infos données par les joueurs eux-mêmes, puis, après les "*", les réponses aux questions posées par les autres):
L'aspirant Lieutenant Yekatarina "Katya" Trouchina, faucon misanthrope, pilote en chef de la section 2-B. Elle vient de Sebastopol et écrit à Valya, sa soeur.
Elle parait douce, rieuse, ce qui fait qu'on la prend souvent pour une petite madame et pas souvent au sérieux. Mais sous ces dehors "innocents", elle cache l'envie de voler de ses propres ailes. Abusée par son père dans sa jeunesse, elle s'est toujours construite contre toute figure paternelle et en volonté de pouvoir. Lui n'avait pas été inquiété parce qu'il occupe une haute place dans le Parti.
Elle a eu des cours d'aviation privée, a fait un premier chemin à la 51ème armée d'infanterie avant de postuler pour le 588ème quand elle a entendu que le major Raskova le formait.
* Si elle est aspirant Lieutenant, c'est parce qu'elle a su se faire bien voir de son capitaine d'unité dans l'infanterie, jusqu'à coucher avec lui. Elle n'avait pas de sentiments pour lui, c'était vraiment pour la promotion canapé.
* Dans le régiment, c'est Alexandra "Sacha" Unvarova qui lui inspire le plus grand sentiment. Un sentiment mêlé de jalousie et de compétition; Katya veut être en charge des choses. Donc la première qui doit tomber pour qu'elle prenne sa place, c'est son chef d'escadron.
Le Sergent Galina "Galia" Lyubaschevskaya, pigeon protectrice, navigatrice de la section 2-B. Elle vient de Moscou, était à l'université de Chimie quand elle a entendu qu'on cherchait des aviatrices pour lutter contre l'avancée des fascistes. Elle écrit aux jumeaux Yeleshev, des camarades de promotion.
Elle vient donc d'une classe plutôt "aisée". On la décrit souvent comme gentille, douce. Si elle est là, c'est pour défendre cette grande famille qu'est pour elle l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques.
* Elle a menti sur son formulaire d'inscription à l'armée. On la renvoyait sans cesse d'un bureau à l'autre alors elle a fini par contrefaire l'approbation du Camarade Gorskoïevski, une huile du Parti.
* Elle voit régulièrement un navigateur du 218ème Régiment de bombardement de nuit (entièrement masculin), Vladimir "Vova" Zulov. Ils sympathisent, il lui donne des trucs de navigation. De là à dire qu'ils flirtent...
Sergent Boris/Sofia "Sonya" Alexandrov/a, moineau rêveur, pilote de la section 2-B. C'est un homme se faisant passer pour une femme (le moineau a cette possibilité dans son playbook). Il vient de Verkoyansk (Sibérie) et écrit à "son frère" (en fait à lui-même).
Fils de paysan, trop féminin au goût de son père, trop frêle pour travailler efficacement la terre, il finit par fuguer. Dans une URSS qui renforce les images d'hyper-virilité, il se sent incapable de remplir ce rôle et se questionne beaucoup sur son identité de genre.
* La dernière fois que des aviateurs l'ont sifflé sur le tarmac d'Engels, il a souri sans se retourner. Il se fond bien dans le décor et, même, plait comme femme. Agréable.
* Il a une dette envers Serguey "Seryozha" Schchepkin, un gars de son village qui est maintenant au département d'approvisionnement de la 4ème armée de l'air. Il l'a vu, l'a reconnu, et ne l'a pas dénoncé.
Sergent Svetlana "Svieta" Sinitsina, hibou fanatique, navigatrice de la section 2-B. Elle vient de Novgorod (nord-ouest de la Russie), écrit à son "éditeur".
Svieta est la fille d'un responsable politique à Novgorod et d'une aristocrate de la petite noblesse parvenue à échapper aux "nettoyages" post-révolution par un mariage bien placé.
* L'état lui a pris sa sérénité de petite fille, en lui faisant bien comprendre ce qu'il attendait d'elle une fois adulte : qu'elle serve l'URSS, avec détermination.
* Les Allemands lui ont pris une partie de sa famille, qui habitait en Ukraine et n'a pas eu le temps de fuir l'avancée fasciste en 1941. Depuis six mois, on n'a plus de nouvelles d'eux.
Sergent Valentina "Valya" Malinovskaya, corbeau aventurière, pilote. Elle vient de Moscou, écrit à Père et Mère.
Pas plus d'information pour le moment – c'est mon personnage, on a décidé de faire le tour de questions et autres quand elle entrerait en scène.
Avec tout ça, il était environ 21h30. On passa donc à une présentation de leur arrivée à Engels (je leur parlai rapidement des wagons à bestiaux qui les ont amenées de Moscou à Engels, des habits trop grands – notamment des bottes taille 41/42 – qu'on leur a donnés, d'un discours inspirant de Raskova centré sur le "nous pouvons tout ce que nous voulons !".
Pour le moment, le 587ème régiment de bombardement de jour et le 588ème attendent leurs avions et volent sur des Polikarpov "U-2" en attendant.
Spoiler:
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1) Qui est arrivé à Engels en ayant déjà le mal du pays ?
Elizaveta "Liza" Petrova, une lieutenant du 2-B (l'unité des PJ). Je fais jouer une petite scène : Sonya, de retour de mission, va faire une sieste et trouve Liza pleurant, un papier à la main qu'elle cache dès qu'elle voit Sonya entrer. Un peu gênée, Sonya lui demande si ça va. Liza finit par sortir un numéro de "La parole et le Fusil", une publication clandestine de certains officiers de l'armée qui tente de donner un état réel du front – la propagande livrant des informations très partielles aux soldats. Evidemment, c'est absolument interdit.
D'après le journal, les Allemands sont à portée d'artillerie de la Place Rouge. La famille de Liza étant à Moscou, elle craint pour eux.
Spoiler:
2) Qui parmi les PJ s'est faite remarquée du Major Raskova tout de suite, et pourquoi?
Svieta, pour son attitude engagée et volontaire.
3) Que faites-vous par rapport aux actes de sabotage mineur que subissent vos avions?
A nouveau, on joue la scène. Galya part en exercice de bombardement sur cible – elle doit larguer des blocs de béton dans un panier de rondins de 10 mètres sur 10, dans les bois tout proches. Alors qu'elle approche de son avion, elle voit que du fil de fer a été enroulé autour de l'hélice. C'est pas du tout la première fois que ça arrive : des carottes dans les fûts de mitrailleuse, de la terre séchée qui bloque une des roues, ce genre de choses est courant. Ca sent une sorte de bizutage. Les soupçons se portent naturellement sur le 218ème régiment de bombardement nocturne, les "frères" du 588ème, qui sont hautains au possible depuis l'arrivée à Engels. Ils ont un meilleur équipement, la priorité à l'entrainement. Même au nouvel an, on a interdit aux filles de se rendre dans la salle des festivités pour empêcher la mixité. Elles ont dû faire la fête dans le couloir !
Galya ne se laisse pas démonter. Avec un jet de "Réparer" suffisant, elle défait le fil de fer et le transforme en étoile. Satisfaite, elle monte dans son "Flocon de Fer" fraichement baptisé !
Par contre, elle se trompe de cible sans s'en rendre compte.
Alors qu'elle est de retour dans la cantine des femmes et discute avec les filles du 2-B, deux gars débarquent et les engueulent. Que ces ménagères ne volent pas si elles n'en sont pas capables ! Ils se sont fait remonter les bretelles pour avoir tricher : leur cible était déjà bombardée avant qu'ils n'arrivent, leur supérieur croit qu'ils ont foutu du béton dedans à la main avant qu'ils ne montent en avion pour être sûrs de "toucher". C'est la faute des greluches du 588ème !
En off, Svieta me demande leur rang, ils sont tous deux sergents. Bombant son torse d'aspirant lieutenant, elle les remballe d'un jet d' "Act Up" réussit, malgré qu'il soit à +0 puisqu'elle n'a pas encore de médaille. Elle leur demande leur nom. Celui qui a parlé s'appelle Boris Kusnetsov. Il est du 1-A du 218ème. Les deux sergents partent en bougonnant qu'elles fassent gaffe la prochaine fois qu'elles prendront leur avion.
Les filles décident d'organiser des rondes pour empêcher les gars du 218ème de continuer leur manège.
4) Dessiner Engels et ses alentours.
Bah, ils dessinent ^^
5) Qu'est-ce qui fait que ce si difficile de décoller de l'aéroport secondaire de Tambov, situé dans une clairière de la forêt toute proche et servant aux exercices sur cible ?
La piste est très courte. Pas le droit de se planter au décollage ni à l'atterrissage.
A ce moment de la soirée (il est 22h30 environ), je décide de finir par la première mission d'Engels: un faux bombardement d'une ferme en ruines près de Bogoslavka. Deux avions du 218ème, des chasseurs-bombardiers, les accompagneront. Evidemment, dans l'un d'eux se trouvent les deux sergents qui sont venus leur chercher des noises et crânent pendant le briefing.
Dans l'avion de tête (le Flocon de fer) se trouvent Katya et Galia. Il mènera l'approche.
Dans le deuxième avion (le Spartacus), se trouvent Sonia et Svieta. Il mènera l'attaque.
Les deux PnJ de la section (Liza et Lyudmila "Lyuda" Yusupova) sont dans le troisième avion, qui n'a pas encore de surnom et est mis en soutient du Flocon de Fer.
Galia fait une approche conforme en tout point au manuel.
Spoiler:
Face à eux, deux unités de DCA qui se trouvent juste à portée de la ferme les pilônent dès qu'elles approchent, malgré qu'elles battent des ailes comme convenu pour signaler qu'il s'agit d'amis et pas d'Allemands. Le Spartacus tente une fois, deux fois, trois fois, rien n'y fait. Finalement, elle tente le tout pour le tout et mène l'unité en rase-mottes, pour se mettre hors d'atteinte de la DCA. Au dernier moment, elle largue ses "bombes" de ciment au but, mais redresse trop tard: le train d'atterrissage des trois U-2 se brise net en heurtant le haut de la ruine.
Spoiler:
Ils arrivent, s'alignent, descendent. Le premier à tenter de se poser est le Flocon de fer.
Spoiler:
C'est à ce moment qu'arrive le Flocon de fer, qui a continué son approche. Katia parvient à le poser mais non sans dommage - elle se cogne la tête dans la verrière et surtout, l'avion entre dans la foule de ceux qui allaient à l'aide de l'avion de Liza et Lyuda en feu.
Arrive enfin le Spartacus, qui se pose à merveille. Avant que quiconque ait le temps de dire quoi que ce soit, Svieta repère une réserve d'eau pas loin et, de quelques phrases efficaces, dirige les équipages au sol pour aider l'équipage en péril.
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Dernière scène, entretien informel auprès de Valentina Zavorokhina, du NKVD. Sont présentes Katya, la meneuse de la section, un oeuf sur le front et les yeux un peu dans le vague, Svieta et Galia. Les autres sont à l'infirmerie.
Le visage d'habitude rieur de Zavorokhina est fermé, dur. Ses mains sont crispées sur sa chaise. Elle enchaine les questions: déroulement des événements? Pourquoi ne pas avoir abandonné la mission en voyant que la DCA ne comprenait pas le signal convenu? Et cette... manoeuvre qui n'est pas digne d'être appelée atterrissage? Pourquoi si proche les unes des autres?
Katya, de son mieux, répond à chaque question, évoque la conduite des pilotes du 218ème, l'importance de réussir cette première mission "en condition" coûte que coûte, le harcèlement subi par les équipes du 588ème au retour. Les trains ayant sauté, elles ont fait de leur mieux au retour. Elles n'ont pas encore été formées à l'atterrissage d'urgence.
Les autres écoutent, relancent un peu mais laissent Katya mener. Elle manipule doucement la réalité pour charger davantage l'escorte du 218ème. Ca a l'air de passer.
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