[CR] Ars Magica 3eED (campagne et blog complet)

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Thibor
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D'une histoire de fantômes, de démons et de dragons, deuxième partie (hiver 1164):

Au matin, les environs de l'Alliance étaient couverts d'une neige immaculée. Picard d'Ex-miscellanea semblait décidé à prendre la situation en main, de nombreux Magi plus anciens semblant se désintéresser de la situation ou s'être absentés au pire des moments. Il s'entretînt avec la couturière, Emmangarde, pour qu'elle s'assure que la jeune cathare soit correctement vêtue ; le froid étant particulièrement vif dans le puits. Puis il se rendit auprès de Luigi, qui devait être sous bonne garde et endormi grâce aux talents de Syndarion.

Geraldus le Fureton, qui s'était glissé dans les pas du Magus, fut le premier à parvenir au laboratoire de l'alchimiste et à apercevoir un des héros de son clan endormi pendant son tour de garde à cause de la magie du demi-fae. N'écoutant que sa nouvelle réputation de préféré de la Déesse, après tout il avait porté pendant quelques heures son visage, il arracha au malheureux endormi les cornes de satyres symboles de son rang, et se déclara garde du corps du Magus Picard. Armé de sa pique à viande, il pénétra dans le laboratoire, gonflé de sa toute nouvelle fonction, réveillant brutalement les dormeurs.

Luigi Vasco di Firenze semblait remis des effets dévastateurs des champignons féeriques, et parvint avec l'aide du Magus à retracer les événements. La découverte du fongus datait bien de l'été où les cauchemars avaient peu à peu rongé le moral de la Turbula et des Magi. Luigi demanda à Geraldus de veiller sur Germonde, la cathare, qui dotée du don de Double-Vue, pouvait sans mal retrouver toutes les colonies des champignons. En récompense il reçut une potion qui renforcerait son rang auprès des clans Furetons.

Le retour de Nathanaël de Tytalus, très vite mis au courant des derniers événements, entraîna la préparation d'une expédition pour Tarascon. Les Magi présents craignaient, à raison, qu'une puissance magique, ou pire, ait élu domicile dans la cité, et qu'elle fut responsable du réveil des fantômes. Orion de Verditius conduisit le Seigneur d'Acqs, Radoslav, le Magus Nathanaël de Tytalus, Benoît l’architecte, originaire de la ville et le nain Gloïn, à la demande de Picard d'Ex-miscellanea, jusqu'à Blancastel. De là le chevalier bogomile serait rejoint par deux hommes d'armes, des chevaux et une charrette avec quelques affaires et armes. Ils rejoindraient Tarascon par la route si le temps le permettait.

Sur le conseil de Radoslav, la troupe se rendit en premier lieu à quelques encablures de la ville, dans le sanctuaire de Notre Dame de Sabart. Autour de l’Église bâtie selon la légende par Charlemagne, une communauté cathare s'était développée, vivant dans l'ensemble en bonne entente avec les catholiques de Tarascon. Selon Nathanaël de Tytalus, une relique sainte est conservée au sein de l'église mais il ne put à cette époque en savoir plus. Le chef de la communauté étant absent, deux cathares acceptèrent de conduire la troupe en ville, là où Germonde avait commencé à perdre l'esprit et à voir des fantômes.

Alors qu'ils progressaient sous la neige, les cloches se mirent à sonner, et suivant les gens qui se rendaient à la messe, ils pénétrèrent dans l'église Saint-Paul. Le Père Georges, prêtre d'une des deux paroisses de la cité, était un proche de l'hérésie cathare resté néanmoins fidèle à Rome. Le prêche s'étendit sur la mort d'un riche marchand de la cité, Arpagon, réputé pour son égoïsme et son avarice. Suicidé, il ne pouvait être enterré en terre chrétienne. Quatre hommes emportèrent alors le corps, resté à l'extérieur de l'église, sous la neige.

Nathanaël de Tytalus observât les tombes situées à l'extérieur du cimetière, attendant l'arrivée du prêtre. Les plus récentes comme les plus anciennes n'avaient pas de nom : des excommuniés. La Troupe comprit alors que quelqu'un ou quelque chose manipulait les esprits sans repos de ces suicidés, sans doute pour trouver un accès à l'Alliance, ou pire, pour attirer des Magi en ville.

Malgré la menace, ils interrogèrent néanmoins le prêtre, espérant en savoir plus sur les tombes les plus récentes. Arpagon était selon le Père Georges le plus riche drapier du comté. Selon lui il se pendit de honte quand son fils, Fiacre, épousa une belle jeune femme, Nadala, aussi jolie qu'elle était pauvre. Interrogeant l'homme d'Église sur Germonde, ils apprirent qu'elle était touchée par le Malin depuis son plus jeune âge. Elle avait gagné la communauté cathare suite aux agissements du prédécesseur du Père Stéphane, un rigoriste qui prêchait bien souvent contre l'hérésie. Quand aux tombes récentes, elles appartiennent à un ivrogne et mendiant qui vivait de la quête et de la pitié des habitants et à une boulangère, Rostina, retrouvée morte étouffée par sa propre brioche. Un quatrième homme, membre de la garde, avait été retrouvé mort également dans l'autre paroisse.

Prenant congés du saint homme, la Troupe décida d'explorer le centre ville, profitant des dernières heures de jour. En discutant de la situation, ils furent arrêtés par un attroupement. Des citadins jetaient des pierres à un jeune garçon, qui ne semblait nullement en souffrir. Avant que quiconque ne puisse intervenir, il fut porté en triomphe, mais tous parmi les membres de l'Alliance s'aperçurent que nulle main ne semblait le toucher. Gloïn, inquiet, fit appel à ses dons magiques, et vit une vieille femme tentant de se dissimuler dans une ruelle. Nathanaël, à son appel, commença la poursuite à ses côtés. Le chevalier, ne comprenant pas ses compagnons partis chasser l'invisible, patienta quelque temps que la foule ne se disperse, puis entraîna le jeune garçon qui affirma se prénommer Bastien jusqu'à l'église.

Sur le parvis, malgré la présence du colosse défiguré et de ses hommes d'armes, il se venta de ne craindre personne à l'exception de Dieu. Le Seigneur d'Acqs, sans doute touché dans son orgueil, le défia et le frappa au visage avec force. Bastien recula sous le coup mais aucune marque ou douleur ne semblait l'atteindre. Selon lui, son fabuleux talent avait débuté à la mort du capitaine de la garde, retrouvé noyé dans les douves deux jours auparavant. Soucieux, le chevalier invita Bastien à faire attention à lui et à le faire prévenir s'il souhaitait rentrer à son service, espérant ainsi le garder à l’œil.

Pendant ce temps Gloïn et Nathanaël de Tytalus perdirent la trace de la vieille femme, ou plutôt se rendirent compte qu'elle n'en laissait aucune. Ils parvinrent néanmoins face à une vieille maison abandonnée, entourée de maisons en parfait état. Selon le Magus et le nain, la maison dégageait une puissante aura démoniaque et dissimulait derrière une illusion d'abandon une décrépitude magique très puissante [note pour les joueurs: rituel Perdo, tous les arts, magnitude 40]. Se renseignant auprès des voisins, ils apprirent que la maison avait été rachetée par le chef des Consuls, Pierre, trois ans auparavant. Depuis elle tombait en ruines et personne ne l'habitait. Avant son rachat y vivait une vieille femme, Albina, couturière au service du drapier Arpagon envers qui elle remboursait une dette.

Cherchant un lien entre ces divers événements, les membres de la Troupe rejoignirent la taverne, un petit établissement sombre, bruyant et bondé. Heureusement la présence du Seigneur d'Acqs permit de libérer rapidement une table. La serveuse, Fabia, semblait selon eux débordée. Ils apprirent grâce à la ruse et au mauvais caractère de Gloïn que sa comparse, Filipina, avait disparu depuis quelques jours. Nul ne s'inquiétait car elle était réputée facile et s'enfuyait régulièrement pendant plusieurs jours avec un beau garçon avant de revenir à l'auberge. Néanmoins Fabia pensait que son départ était anormal à cette époque de l'année, alors que les clients et les pourboires étaient nombreux.


Deux gardes de la cité rentrèrent dans la salle, alors que l'ambiance était montée d'un cran, Gloïn ayant réussi à faire sortir de ses gonds un des habitués. Il finit par lui briser le poignet lors d'une épreuve de bras de fer, sous les rires gras de ses compagnons et un baiser ravi de Fabia. Avant que les deux gardes de la cité arrivés sur ces entrefaites ne puissent intervenir, le chevalier les invita à sa table, et reçut un message de Pierre, le premier Consul, le conviant au château. A peine incités en ce sens, ils racontèrent la mort accidentelle de leur capitaine, Gabian, et leurs doutes à ce sujet. Leur offrant le repas pour les remercier de leur obligeance, il invita ses compagnons à le suivre pour rejoindre le Conseil.

Pour rejoindre le château comtal, situé au cœur de Tarascon, ils passèrent dans le quartier des marchands, où les riches demeures se disputaient l'honneur de la plus riche façade. Celle de Pierre, le premier Consul, disposait d'un rez-de-chaussée commercial, et de deux étages de pierre, faisait face au château.

Ils furent reçus dans le donjon, dans un bureau d'une simplicité monacale. Seul le Seigneur d'Acqs y pénétra, répondant à l'invitation de Pierre, un homme bien portant et de petite taille, avenant mais au regard acéré. Radoslav s'inquiéta des morts et disparitions, notamment celle du capitaine de la garde, et se proposa pour mener l'enquête au nom de son Seigneur, le Comte de Foix. La période étant très importante pour les marchands de la ville et du comté, avec la foire de Noël, Pierre accepta et invita le chevalier au repas de Noël, lui remettant également une lettre de marque pour la garde.

Faisant installer ses affaires dans les quartiers de l'ancien capitaine, le Seigneur d'Acqs passa le reste de la journée à recevoir les différents sergents de la garde, afin notamment de mettre en place des péages aux deux sorties de la ville. Ils espérait ainsi être informé en cas d'arrivée ou départ de personnes étranges ou louches.

Pendant ce temps Gloïn et Nathanaël de Tytalus enquêtèrent sur les remparts, tentant de comprendre comment un officier entraîné avait pu tomber dans les douves par accident. Ils découvrirent des résidus magiques d'un sortilège démoniaque sur le chemin de ronde et quelque chose de puissant et ancien dans les douves.

N'écoutant que leur courage, ou leur inconscience, selon qui raconte aujourd'hui cette histoire, ils quittèrent les remparts et sortirent de la cité pour longer les remparts, et tenter de rejoindre un Regio supérieur. La muraille leur apparut alors différente, les pierres mal taillée, la rivière plus sauvage, l'eau totalement gelée. Le Magus, croyant connaître l'histoire de la Tarasque, fille de l'immémorial Dragon des Tomes Sigusen, tenta de communiquer avec elle en draconique. Selon Gloïn, qui m'a raconté cette histoire, lorsque le Tytalus prononça le nom de Vivesaygues, la rivière, pourtant gelée, sembla se mettre en mouvement. Le nain comprit à ce moment là que la créature magique ne dormait pas dans la rivière au pied des remparts, elle était la rivière! Hélas le froid se fit de plus en plus dur et rigoureux, et même le nain commençait à souffrir. Il tenta d'informer le Magus des risques, mais celui-ci s'acharna à recommencer encore et encore à communiquer avec le dragon. Mal lui en prit car le froid les emporta tous les deux, inconscients. Ils se réveillèrent plusieurs jours plus tard, engourdis mais en vie, grâce à la vivacité d'esprit du Seigneur d'Acqs.
Une campagne L5A sur Roll20 (récit complet sur le forum): viewtopic.php?f=32&t=38230
Une campagne d'Ars Magica au long cours (en pause/terminée): http://nouvelle-calebais.blogspot.fr
Une campagne L5A sur Roll20 (terminée): https://choshizennotabi.blogspot.com
 
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Thibor
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D'une histoire de fantômes, de démons et de dragons, troisième partie (hiver 1164):

Le Seigneur d'Acqs reçut le rapport d'un garde l'informant du gel rapide la rivière, et de la venue d'un froid polaire comme il n'en avait jamais été dans la région depuis des décennies. Comprenant que ses compagnons étaient sans doute en danger, il attendit la nuit pour sortir de la cité et prendre sa forme lupine pour partir à leur recherche. Il les retrouva à moitié morts de froid, et les transporta jusqu'à l'église de Notre Dame de Sabart pour les confier aux bons soins d'Aubin, le Parfait en charge de la communauté.

Utilisant les arts immémoriaux de son peuple, il rejoignit l'Alliance au plus vite, prévenant les Magi des derniers événements. Orion de Verditius et Picard d'Ex-miscellanea décidèrent de se rendre à Tarascon pour découvrir le dessous des événements. Deux enfants de servants avaient disparu pendant la nuit à l’Alliance et Estrella de Bonisagus ne répondait plus dans son Sanctum. Prenant le risque de déclencher l'ire de la Maga, ils firent pénétrer un servant dans le laboratoire pour le trouver vide, toutes ses recherches et ouvrages encore présents, comme si elle l'avait quitté précipitamment.

Arrivés à Tarascon, les deux Magi et le chevalier s'entretinrent avec Aubin, qui leur affirma que leurs compagnons souffraient de gelures mais que leur âme était également troublée. Selon Orion de Verditius, leur esprit avait quitté leur enveloppe charnelle. Picard d'Ex-miscellanea, utilisant un de ses artefacts, découvrit qu'une puissante magie Mentem avait été utilisée contre eux. Tentant d'en savoir plus, le Verditius essaya de pénétrer leur esprit mais tomba inconscient. Son bourdon entra alors en action, et emporta dans une puissante magie le corps du Magus et ses compagnons à l'Alliance.

Radoslav réagit avec intelligence et rapidité. Se transformant à nouveau, il prit avec lui Picard d'Ex-miscellanea et le conduisit dans le monde des esprits. L'apprentissage auprès de l'Ancien de la Tribu ne fut jamais aussi utile que ce jour, car il lui permit de suivre le fil de l'esprit du Verditius jusqu'à Tarascon. Non loin de la cité ils découvrirent une puissance magique incommensurable en train de se réveiller, un esprit-totem aussi ancien que la terre selon Radoslav. Picard d'Ex-miscellanea profita d'une vue inconnue aux Magi hermétiques pour observer Tarascon. A la place de la maison décrépie un nuage ténébreux, empli de fiel, semblait défier la création. Aucune source de magie, même infime, ne semblait survivre en ville, sans nul doute l'effet de son aura rationnelle. Quand aux trois églises, une faible aura divine les entouraient et les protégeaient.

Sortant du monde des esprits sur les remparts, dissimulés dans les latrines, Radoslav revêtit son apparence de loup, espérant que le mauvais temps le ferait passer pour un chien. Esquivant une patrouille, l'esprit de Picard d'Ex-miscellanea fut attaqué, brisant sa Parma Magica. Souhaitant se mettre à l'abri, le Magus et son compagnon rejoignirent l'église de Notre Dame de Sabart. A l'abri dans le lieu saint, ils récupèrent l'épée sainte du Tytalus, s'assurant d'une arme que même les plus puissantes créatures magiques ou démoniaques craindraient. Ils furent rejoints par Eule, familier d'Orion de Verditius qui prit forme humaine pour éviter d'attirer l'attention.

Il apprit aux deux hommes que l'esprit de son maître se trouvait prisonnier dans la maison du premier Consul, Pierre. Chaque indice et soupçon faisait planer le doute sur la femme de ce dernier, apparue à Tarascon à l'époque où Pamiers fut purgée du Malin par le Comte de Foix et ses vassaux, à l'instigation de l'Alliance. Picard d'Ex-miscellanea décida de rentrer à l'Alliance préparer un plan d'attaque et les éléments magiques nécessaires à la protection de son esprit. Le chevalier bogomile n'eut pas cette patience, et se rendit accompagné de ses deux hommes d'armes chez le premier Consul.

Radoslav demanda à voir la femme du Consul ou ce dernier, mais la servante, une jeune fille au visage innocent, l'informa de leur absence, la nourrice élevant leur enfant, Nadala, la toute jeune femme du fils d'Arpagon, le drapier suicidé, venait de trouver la mort. Une messe en son honneur devait débuter sous peu en l'église Saint-Paul. Utilisant sa charge, il parvint à se faire inviter à l'intérieur, et entendant un nouveau-né pleurer, il suivit la jeune fille alors qu'elle s'excusait pour s'en occuper. Discutant avec elle, il apprit son nom, Philibert, le même que celui du défunt Baron de Pamiers, diaboliste et adorateur du Diable convaincu, exécuté lors de la croisade du Comte de Foix. Pendant qu'elle changeait l'enfant, il parvint à voir un étrange tatouage ésotérique sur le dos du nourrisson, achevant de le convaincre que les serviteurs du Démon avaient survécu à la purge. Le nom de Carmina de Pamiers, une des filles disparues du Baron, lui revint en mémoire.

Sans preuve et sans appui dans la cité, il se décida à agir et tenta de briser la nuque de la nourrice. Elle résista sans effort et ses mains qui avaient connu d'innombrables batailles se raidirent quand il vit la lueur malsaine dans les yeux de la jeune fille. Elle tendit la main et le toucha au front, hurla et disparut. Un rire sépulcral résonna dans la pièce, rappelant de tristes souvenirs au chevalier. Suspicieux, le Seigneur d'Acqs dégaina la gigantesque lame offert par un Archange, et frappa autour de lui, tranchant la chair juvénile et invisible. Le corps moribond réapparut et Radoslav s'empressa d'apposer le pommeau en forme de croix sur le front de la possédée, priant de toute son âme pour en chasser le démon. Hélas sa foi ne fut pas suffisante et le corps sembla se régénérer. Comprenant que le mal était plus puissant, il trancha la tête de la nourrice et la jeta au loin, espérant que le diable ne pourrait ainsi réparer son véhicule.

Se préparant à bouter le feu à la maison pour assurer ses arrières, il fut interrompu par le familier du Verditius. Il consentit quelques instants au hibou pour faire le tour de la demeure et retrouver son maître, mais hélas un mur de pierres épais en bloquait l'entrée. Ne souhaitant pas perdre de temps et mettre en sécurité l'enfant, Radoslav demanda à ses hommes d'asperger d'huile tentures et tapisseries avant d'y mettre le feu. Enveloppant le nourrisson, qu'il pensait être le réceptacle d'un démon ou d'un esprit malin, il prit le chemin de l’Alliance pour s'en débarrasser.

L'incendie dans le dos, accompagnés par la tempête de neige et le son du glas, ils quittèrent la ville d'un bon pas. Eule s'envola dès les remparts hors de vue afin de prévenir les Magi, et Radoslav demanda à ses hommes de sécuriser la communauté cathare et de prévenir le Parfait Aubin du danger. Il prit la route de la montagne, espérant que la Nouvelle-Calebaïs enverrait quelqu'un à sa rencontre. Ce furent des membres de son peuple qui le rejoignirent, guidés par l'Ancien Théurge. Examinant l'enfant, il assura le chevalier qu'il n'était en rien corrompu, bien au contraire, les marques sur son corps le protégeant de toute corruption. Convaincu qu'il s'agissait sans doute d'un sacrifice à Satan, et d'un outil précieux au service du Démon, il demanda à ses frères de le guider au plus vite vers l'Alliance pour le mettre en sécurité. Cela fait, il organisa l'encerclement de la cité et l'affût débuta, les loups-garous attendant que leur ennemi séculaire ne quitta la protection des remparts.

A l’Alliance, seuls deux Magi étaient encore en capacité de réagir aux événements. Tandis que Gilles de Jerbiton surveillait l'enfant, Picard d'Ex-miscellanea s'enferma dans la bibliothèque, et à l'aide de Malores se mit en quête de tout ce qu'il pouvait trouver sur l'étrange symbole. Le salut vint d'Eule, le familier, qui rapporta du laboratoire de son maître Verditius d'anciennes tablettes d'argile rédigées en hébreu. L'une d'entre elles arborait le même symbole que l'enfant, un puissant signe de vie d'une tradition ésotérique hébraïque, la kabbale. Selon Gilles de Jerbiton, des membres de la famille du banquier du Comte de Foix, sans doute le plus riche et éminent membre de sa communauté, vivaient à Tarascon. Sa famille dissimulait autre chose que des ressources financières inépuisables. Picard d'Ex-miscellanea demanda au Magus Jerbiton de manipuler son esprit, y conditionnant l'ordre de boire une potion conçue à l'aide des champignons féeriques provoquant les cauchemars en cas d'attaque mentale.

Picard d'Ex-miscellanea repartit ensuite pour Tarascon, monté sur un des hippogriffes de l'Alliance. Se posant à une paire de lieues de la cité, il fut surpris par un loup-garou, mais le face à face fut désamorcé par l'arrivée de Radoslav. Ce dernier envoya son frère de meute prévenir le Théurge de faire surveiller l'Aïeul endormi dans la rivière. Rejoignant la communauté cathare, les deux hommes furent accueillis par Aubin, et surpris de découvrir Spyridon mener une représentation devant les hommes et les femmes rassemblés. La tempête faisant rage à l'extérieur, ils entamèrent une discussion avec le Parfait, avant de se décider à se risquer à nouveau dans le froid glacial.

La porte nord des murailles n'étant pas gardée à l'extérieur, Picard d'Ex-miscellanea utilisa sa magie pour leur permettre de franchir les lourds battants de bois. Le garde à l'intérieur accepta les explications du Seigneur d'Acqs, craignant d'avoir commis une faute et d'être réprimandé. La ville semblait en veillée funèbre, et Spyridon informa ses compagnons que l'incendie combiné aux morts suspectes des derniers jours avait inspiré au Père Georges un prêche enflammé contre les sorciers de la montagne. La Troupe soupçonnait un nouveau maléfice démoniaque mais devait se concentrer sur la libération des Magi prisonniers. Passant par le cimetière pour vérifier la présence des fantômes, Spyridon une nouvelle fois les prévint qu'ils se trouvaient à l'extérieur des remparts.

Guidés par Picard d'Ex-miscellanea ils se rendirent dans les vestiges encore fumants, couverts de neige fondue, de la demeure du premier Consul. N'y voyant goutte à cause de la neige et du blizzard, les compagnons entendaient néanmoins les citadins tous à leurs prières. L'ambiance était glaciale, morose. Grâce à Eule, le familier, ils purent sans mal découvrir le mur dissimulant un accès au sous-sol. La magie de Picard d'Ex-miscellanea fit de nouveau un miracle et pénétrant dans les ténèbres, ils découvrirent un escalier. Mais le fantôme de la nourrice, rendu fou par la possession et sa mort violente, s'en prit au familier puis à Radoslav, tentant de les posséder. Calmé par la voix de Spyridon, le fantôme se dissipa peu à peu en fumerolle et regagna son corps supplicié.


Ne souhaitant pas perdre de temps pour l'instant, les compagnons descendirent dans l'obscurité, gagnant une pièce richement meublée mais peu décorée, sur laquelle donnaient quatre portes. Eule indiqua l'une d'elle et Radoslav l'enfonça, découvrant des cellules. Les esprits de Nathanaël de Tytalus, Orion de Verditius et Gloïn, ainsi que d'autres fantômes de citadins, attendaient le bon vouloir de leur geôlier. Surpris, ils constatent que l'un d'entre eux est le fantôme de Granordon, une des anciennes Archimaga de la Calebaïs déchue. Des années auparavant ils avaient accepté de lui offrir le corps d'une jeune femme afin qu'elle cesse de hanter le puits. La Troupe comprit sans mal que la servante de l'auberge disparue, réputée pour son goût pour le péché de chair, ne devait être que la dernière incarnation de l'Archimaga.

Picard d'Ex-miscellanea essaya alors de creuser sous les cellules avec sa magie, espérant libérer les Magi, mais son sortilège ne fut pas assez puissant pour briser l'enchantement. Il arriva néanmoins à communiquer avec eux, et tendis que le chevalier tentait de briser le rituel démoniaque à grands coups d'épée sainte, Picard d'Ex-miscellanea de son côté envoya Spyridon et un des hommes d'armes du Seigneur d'Acqs chercher le corps de Nathanaël de Tytalus pour tenter de lui rendre ses pouvoirs et lui permettre de s'attaquer à la magie des cellules. Il sortit à leur suite mais partit dans une autre direction, se perdant dans le blizzard (Il tapa à toutes les portes de la ville jusqu'à trouver celle du Rabin de Tarascon pour en apprendre davantage sur le tatouage kabbalistique présent sur la peau du jeune Philibert, le fils de Pierre, premier Consul de Tarascon. Là il trouva sa femme en deuil, car elle venait de perdre son époux dont le corps reposait sur son lit à l'étage de la maison. Il apprit qu'elle était la mère de Boaz, fruit d'une infidélité, qu'elle abandonna jadis. Elle lui permit de consulter sans pouvoir l'emporer un ouvrage rédigé en hébreu relatif à la kabbale. Au chevet du défunt, il entra en contact avec l'esprit du Rabin à qui il expliqua la situation. En réponse, l'esprit du Rabin investit la menorah placée sur la cheminée voisine, laquelle s'alluma d'une lumière éternelle et divine.). Pendant ce temps, le chevalier bogomile, pensant avoir briser l'enchantement grâce à la sainteté de la lame de Saint-Michel, détruisit la serrure de la cellule d'Orion. Pénétrant à l'intérieur, il se rendit compte que les barreaux étaient en argent, bien que recouverts de siècles d'usure et de corruption. Malheureusement un second sortilège, bien plus puissant, restait à vaincre pour libérer les esprits et fantômes emprisonnés. Il brisa l'ensemble des serrures, attendant de plus en plus irrité le retour

Spyridon n'eut pas de difficulté à quitter la cité, les gardes de la porte, encore sous son charme, ne lui posant que quelques questions par habitude. Récupérant leurs chevaux et les corps inanimés de Gloïn et Nathanaël de Tytalus, ils revinrent à travers la tempête, toujours plus puissante d'heure en heure. Sur le retour les deux hommes croisèrent le Magus Picard, portant une étrange chandelle allumée, protégée par son manteau. Sans grande difficulté ils se rendirent compte qu'ils étaient suivis, et en informèrent le chevalier bogomile une fois rentrés dans la maison en ruines. Ils installèrent les corps dans les cellules, et les esprits des deux membres de l'Alliance tentèrent d'y entrer, sans succès. Orion de Verditius s'enquit de l'étrange objet couvé par le seul Magus encore libre de ses mouvements et se rendit compte qu'il s'agissait d'un objet magique d'essence divine, mais étrange ; une relique de la kabbale d'après les on-dit. La magie classique semblant incapable de briser le rituel enfermant les compagnons, Picard d'Ex-miscellanea expérimenta un étrange sortilège. Associant une étrange magie disparue, qui l'obligea à verser son sang dans une coupe de pierre, il emprunta à ses récentes connaissances kabbalistes symboles et principes, et réalisa une pâte à l'aide de Virtus Auram et de son fluide corporel. Marmonnant sur la nécessité de rétablir l'équilibre entre les éléments, il étala sa mixture sur les barreaux et les murs de la prison. Quoique le Magus réalisa entre ces murs, il réussit car les fantômes commencèrent à errer mais les compagnons capturés ne purent reprendre possession de leur corps.

Pendant ce temps Radoslav se dévêtit et se transformant en loup, quitta discrètement la maison pour prendre à revers l'espion. Sa surprise fut grande quand il aperçut un prêtre, frigorifié, faisant le planton au coin de la rue. Le Père Stéphane, rigoriste et suppôt de Rome, attendait patiemment qu'ils quittassent à nouveau le repère de la démoniste. De son côté, l'esprit de Granordon, puissante nécromancienne de son vivant désormais à moitié folle, fut sous le charme de Picard d'Ex-miscellanea, le héros qui était parvenu à la libérer. Ce dernier, perdu dans ses pensées, semblait alors l'ignorer complètement. Nathanaël de Tytalus tenta alors une approche, pensant pouvoir manipuler le fantôme et profiter de son pouvoir. Hélas ses talents d'orateur sont aussi piètres que sa capacité à mettre en danger l'Alliance est grande, et malgré l'aide de Spyridon il ne put détourner l'attention de l'ancienne de son nouvel amour. Utilisant le principal défaut de nombre Magi, l'égo, il défia Granordon de réussir à leur rendre leur corps terrestre et ce fut presque sans y penser qu'elle leur rendit à leur enveloppe charnelle.

Granordon continuait à s'enquérir de la santé de Picard d'Ex-miscellanea et de sa perte de sang, allant jusqu'à utiliser la force magique la rattachant à se monde pour le soigner. Impressionné par ce sacrifice, le Magus commença alors à ressentir un lien se créer avec la très ancienne Maga, sans doute poussé en ce sens par les discrets accords du troubadour Spyridon. Finalement les derniers remparts de Picard d'Ex-miscellanea cédèrent, et le fantôme tenta de se jeter autour de son cou, scène cocasse s'il en est. La discussion redevînt peu à peu sérieuse et Granordon à la demande de son tout nouveau bien-aimé, recréa un lien entre le corps et l'esprit d'Orion de Verditius. Ce dernier partit alors sous sa forme fantomatique pour récupérer son bien à l'Alliance. L'Archimaga apprit à la Troupe que la responsable de leurs malheurs ne pouvait être Carmina de Pamiers, qu'elle ne connaissait pas, mais sans aucun doute selon elle Malevorus Videri, une des autres Maga de l'Alliance perdue. Selon Nathanaël de Tytalus, il était possible que ce fut elle, profitant de l'échec passé du rituel de protection de l'Alliance, qui se soit échappée de l'Enfer par la brèche alors ouverte. Si cette assertion était terrifiante, il restait néanmoins à la vérifier. Mais la conversation dériva très vite sur la tempête faisant rage à l'extérieur, et Granordon sembla alors terrifiée, invectivant les Magi irresponsables, coupables d'avoir libérer une si puissante créature magique. Elle leur recommanda de fuir avant que son réveil ne soit complet, et leur rappela que la création de Calebaïs avait débuté par la mort d'un puissant dragon femelle, dont le corps y servait encore aujourd'hui d'ultime défense magique. La créature endormie dans le lit de la rivière, surnommée la Tarasque par les légendes, n'était selon elle que la fille du dragon, enchaînée là par tous les Magi réunis de la Calebaïs déchue. Et si la nouvelle Alliance avait pu peu à peu nouer des liens de respect mutuel avec Sigüsen, le grand Dragon, et un de ses fils, il était évident que Vivesaygues, emprisonnée depuis plus d'un siècle, souhaiterait se venger.

Le chevalier bogomile quitta sa forme lupine et profita de sa stature pour assommer le prêtre. Trainant le corps sans ménagement dans la maison, il rejoint, nu comme au premier jour, et s'empressa de le ligoter et le bâillonner, couvrant également ses yeux. Pendant qu'il revêtait ses habits, Nathanaël de Tytalus observa attentivement l'homme d’Église, et prévînt la Troupe qu'une puissante aura divine le protégeait. Craignant une nouvelle interruption, ils décidèrent de fouiller rapidement les autres pièces et découvrirent dans une réserve une poignée d'objets magiques ouverts à l'enchantement mais vidés de tout Virtus. Se frottant les mains, les Magi récupérèrent ainsi un fétiche, un bracelet, une coupe, un miroir et quatre armes. L'analyse rapide des lieux, associée aux cellules en argent, leur permit de conclure à la présence près de mille ans auparavant de chasseurs de loups-garous, bien qu'il fût difficile de tirer plus d'informations des reliques sans étude plus poussée. Néanmoins, Picard d'Ex-miscellanea, pris par l'excitation, laissa échapper son intérêt pour les vestiges Diedne que pouvait contenir une telle cache. Nathanaël de Tytalus s'empressa de lui faire la morale sur les dangers à rechercher des restes de démonistes proscrits et anéantis par l'Ordre. Souhaitant échapper à un interrogatoire plus poussé, Picard d'Ex-miscellanea découvrit derrière une autre porte un passage dissimulé menant au cœur du château. Une solution de repli de bon aloi.

Mais leur recherche fut troublée par un nouveau mystère, sans doute encore plus inquiétant que les précédents: une dernière porte recouverte d'enchantements par couches successives. Selon Nathanaël de Tytalus et Orion de Verditius, il s'agissait d'une magie divine non hermétique, sans doute en lien avec les premiers utilisateurs des lieux. Souhaitant découvrir ce qu'elle dissimulait, les Magi abattirent par magie une des parois murales, révélant une zone de ténèbres profonde et difficile à éclairer. De nombreux glyphes, démoniaques cette fois, couvraient murs, sol et plafond. Au centre, un sarcophage de pierre, de taille humaine, était couvert d'écritures en grec. Selon Spyridon, et bien qu'il ne puisse en distinguer qu'une partie, les écrits racontaient l'histoire d'un chef militaire, sans doute un stratège des grandes heures de Sparte ou d'Athènes. Picard d'Ex-miscellanea interrogea Granordon, qui indiqua à la Troupe que ce qui se trouvait dans la sarcophage l'avait quitté de son vivant, mais elle se refusa à en dire plus ; ses connaissances étaient bien trop dangereuses pour les Magi selon elle. Gloïn, bien silencieux depuis sa libération, surprît l'Archimaga en affirmant que le sarcophage était récent et s'attira un regard noir se sa part. Les compagnons se refusèrent à rester plus longtemps pour tirer les vers du nez du fantôme, et décidèrent de faire s'écrouler les galeries, scellant les souterrains jusqu'à une nouvelle visite ; la tempête redoublait d'intensité au-dessus d'eux.

Cherchant une solution pour attirer les soupçons sur d'autres qu'eux sur les derniers événements ayant endeuillés la ville, et ne disposant que de peu de temps, ils libérèrent le prêtre, toujours inconscient, dans une des cours du château, entouré par les fantômes jusqu'à peu prisonniers des cellules et errant sans but. Appelant la garde et faisant grand bruit, ils espéraient un répit pour essayer de stopper le réveil de la Tarasque, repoussant problèmes vulgaires et démoniaques à plus tard. Orion de Verditius, épuisant les dernières ressources de son bourdon, rapatria l'ensemble de la Troupe à Calebaïs, abandonnant les chevaux à la garde d'un des hommes d'armes de Radoslav. De nombreuses surprises les y attendaient.
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Thibor
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Re: [CR] Ars Magica 3eED (campagne et blog complet)

Message par Thibor »

D'une histoire de fantômes, de démons et de dragons, quatrième partie (hiver 1164):

De retour à Calebaïs, les Magi et les membres de la Turbula partis à Tarascon s'accordèrent quelques heures de sommeil réparateur avant de partir en quête d'informations. Radoslav, le chevalier bogomile et alpha des loups-garous de Blancastel essaya d'appréhender auprès des anciens de la tribu les légendes sur la cité, le dragon endormie et les chasseurs qui vivaient en ces lieux des siècles auparavant. Certains contes parmi les siens racontaient encore les siècles de batailles et les nombreuses défaites contre les envahisseurs venus de Rome. Guidés par un homme au pouvoir considérable, corrompu par les esprits malins, les romains avaient bâtis une cité qui deviendrait bien plus tard Tarascon. Ils avaient choisi comme site d'installation une clairière sacrée pour la tribu, où la magie primordiale était puissante. Bien des tentatives furent menées pour libérer les lieux de l'influence démoniaque mais la magie employée par les romains était bien trop puissante et les loups-garous durent se retirer panser leurs plaies. Quant à la Tarasque, il s'agissait pour eux d'un puissant esprit, quasi-divin, endormi depuis des siècles selon eux.

Gilles de Jerbiton, mis au courant des découvertes de ses confrères, entreprit de questionner le fantôme Uderzo, le dernier des Archimagi encore présents dans l'Alliance. Réputé pour ses capacités à voir et entendre à distance, il ne pouvait manquer de connaître certains tenants et aboutissants de l'affaire liant Granordon et Malevorus Videri. Selon lui aucun conflit ne ternissait leurs relations, avant l'Embrasement et la chute de la première Calebaïs. Il put néanmoins apprendre au Magus que Granordon était quelques années avant la fin de l'Alliance tombée éperdument amoureuse d'un grec. Elle avait même tenté d'en faire un membre de l'Alliance ; il possédait donc le Don ; mais avait essuyé un refus du Conseil. Le sarcophage, bien trop récent pour avoir connu cette période selon Gloïn, demeurait un mystère.

La Tarasque, le puissant dragon endormi dans la rivière, ou pire, la créature qui était devenue la rivière, ne pouvait être quant à elle la fille de Sigusen, la plus puissante créature magique des Pyrénées. Trop de détails divergeaient. Les Magi prirent alors peur, car il ne pouvait s'agir que d'un quiproquo vieux de plus d'un siècle: le dragon, attaché à l'élément Terram, jadis vaincu par les Magi de Calebaïs lors de sa fondation ne pouvait être que sa fille, et la Tarasque, sa femelle... Mais pourquoi ou à cause de quoi se réveillait-elle maintenant?

Inquiet, Gilles de Jerbiton décida de convoquer un Conseil des Magi afin de faire le point complet sur la situation, et trouver une solution à la disparition d'Estrella de Bonisagus, et à la catastrophe annoncée de Tarascon. Il fit sonner la cloche reposant dans la salle du Conseil, et vit ses membres, simples vulgaires et Magi, venir prendre place un à un.

Gilles de Jerbiton, secondé par Picard d'Ex-Miscellanea, proposa l'ordre du jour suivant, pris en note par Soeur Malores:

-la disparition d'Estrella de Bonisagus

-la disparition de deux enfants vulgaires de l'Alliance

-la crise de Tarascon et ses conséquences pour l'Alliance: présence de démonistes, voire d'un démon en la personne de l'ancienne Archimaga Malevolus Videri, accusations portées par l’Église contre les Magi, vol de l'enfant du Premier Consul et répercutions politiques

-la crise de la Tarasque et le réveil d'un dragon endormi depuis des siècles, menace potentielle d'une extrême gravité

Mélisandre de Merinita, enfermée dans son Sanctum depuis plus de trois jours et son expérience désastreuse avec la potion de cauchemars, prit place sur cette présentation comme si de rien n'était. Demandant de ses nouvelles, le Princeps fut effaré d'apprendre qu'elle venait de passer ces heures de crise et de panique à jouer avec, selon elle, deux nouvelles illusions d'un réalisme saisissant. Faisant immédiatement le lien avec les deux enfants disparus, il lui demanda de lui décrire les illusions en détail, et à la fois soulagé et énervé contre son amie d'enfance, lui demanda de les ramener à leurs parents, morts d'inquiétude. Déçue de perdre ses compagnons de jeux, elle ne put s'empêcher de braver les consignes du Princeps et de suggérer aux deux jeunes de revenir la voir de temps en temps.

Le cas d'Estrella de Bonisagus ne fut pas aussi rapide à traiter. Nasseri, l'intendant fantomatique de l'Alliance, informa le Conseil que la Maga avait passé commande auprès de lui d'ingrédients particuliers mais peu coûteux: poudre d'os, sang frais, cendres... quelques jours avant sa disparition. Soeur Malores confirma avoir fait des recherches à sa demande dans la Bibliothèque, dans les minutes de l'ancien Conseil. A la demande des Magi ils furent apportés dans la salle et lus pour y trouver une piste quant à sa disparition. Leur point commun était de présenter la manière dont la nécromancie était traitée par le Tribunal d'Occitanie, et plus largement dans l'Ordre d'Hermès. Picard d'Ex-Miscellanea proposa alors de s'enquérir auprès de Granordon, jadis spécialiste des arts nécromants, de plus amples détails. Orion de Verditius quitta alors l'Alliance, protégée contre les sortilèges Intellego, afin de rentrer en contact avec le fantôme, parti à la demande de Picard d'Ex-Miscellanea se mettre à l'abri quelques temps sur les terres lupines.

Radoslav et Gilles de Jerbiton en profitèrent pour faire part de leurs recherches et découvertes sur Tarascon, la Tarasque et le sarcophage. Picard d'Ex-Miscellanea fut interrogé sur le chandelier utilisé pour libérer les esprits des cellules d'argent et raconta comment il avait mis la main sur cet objet issu d'une tradition magique éloignée de l'hermétisme auprès d'une famille juive de Tarascon, proches parents de Boaz, le forgeron de l'Alliance. Le débat quant à la propriété nouvelle de l'objet fut remis à plus tard. La discussion sur l'enfant du Premier Consul fut elle particulièrement animée. Picard d'Ex-Miscellanea expliqua que son tatouage avait été réalisé par un sorcier kabbaliste, à la demande du Consul, afin de protéger l'esprit de l'enfant de toute influence démoniaque. Pierre se doutait-il être sous l'influence d'une démoniste? Mais nul ne pût trancher sur la manière de se départir des risques que le nourrisson posaient à l'Alliance. Nathanaël de Tytalus proposa de remettre le nouveau-né au couvent de Sainte-Douceline, afin qu'il soit protégé de toute corruption quand Picard d'Ex-Miscellanea demanda à ce qu'il soit remis à un kabbaliste. Mélisandre de Merinita suggéra d'offrir l'enfant à la Cour des Ombres en présent mais fut interrompue par Gilles de Jerbiton qui tenta de faire entendre raison au Conseil afin qu'il soit rendu à son père, et une partie des événements révélés à ce dernier. Encore une fois aucune décision ne fut prise.

Orion de Verditius revînt et coupa court à la dispute, informant le Conseil de la position de Granordon, qui traversait les marais féeriques, lieu de villégiature des Batrophiens, étrange peuple féerique découvert deux années auparavant par les Magi. Il convia les membres du Conseil à le suivre et à rejoindre un des pics, lieu de nidification des hippogriffes de l'Alliance, où il serait plus à même de communiquer avec elle. Ma maîtresse se mit à pester contre la nécessité de sortir en pleine tempête et tança Orion de Verditius sur son incapacité à réaliser un enchantement dans la salle du Conseil pour converser avec l'extérieur. Elle lui proposa de réaliser un bassin parlant, ou encore mieux, d'enchanter des grenouilles pour qu'elles devisent autour du bassin. Ne sachant pas si Mélisandre se moquait de lui, il préféra l'ignorer. Parvenus à destination, les membres du Conseil s'apprêtèrent à échanger avec Granordon quand Orion de Verditius les informa qu'elle se trouvait en danger, agressée par une étrange vague d'obscurité.

Quatre Magi, Gilles de Jerbiton restant à l'Alliance pour assurer la garde, se pressèrent d’arnacher deux des montures volantes et de se jeter dans la tempête. Bien que moins puissante que dans les alentours de Tarascon, les bourrasques violentes et le froid mordant obligèrent les Magi à faire usage de leur magie pour arriver à bon port. Parvenus en lisière de la forêt féerique, dans une zone marécageuse comme moribonde au cœur de l'hiver, ils ne perçurent aucun signe de vie, la nature semblant totalement éteinte. Guidés par Orion de Verditius et Mélisandre de Merinita, ils franchirent les voiles dissimulant le Regio, et aperçurent enfin Granordon, fantôme esseulé entouré de flammes d'un noir abyssale. Reconnaissant le feu ténébreux des Batrophiens, ils s'empressèrent de chercher aux alentours la présence des êtres fées de ce peuple, rarement dangereux s'ils n'étaient pas provoqués. Granordon, apercevant Picard d'Ex-Miscellanea, se précipita dans sa direction pour qu'il puisse la secourir et ce dernier, ne se faisant pas prier, s'employa à éteindre les flammes. Hélas ma maîtresse découvrit les corps de six Fae des marécages, inconscients et avant de ne pouvoir être raisonnée s'en prit à l'esprit de l'Archimaga. L'accusant d'avoir attaquée ses protégés, elle lança un puissant sortilège qui laissa Granordon inconsciente dans les bras de son bien-aimé.

Pendant qu'Orion de Verditius, se laissant aller à sa compulsion, ramassait avec convoitise le bois brûlé empli de Virtus Ignem, Nathanaël de Tytalus demanda à Mélisandre d'essayer de communiquer avec les fées endormies. Elle plongea dans leur esprit et informa ses compagnons que selon elle le grand feu des Batrophiens s'était échappé et avait commencé à ravager les marais, sans néanmoins pouvoir situer les événements dans le temps car l'esprit féerique n'est en rien capable de concevoir le temps comme les mortels. Picard d'Ex-Miscellanea, prodigieusement énervé contre la Maga, accepta néanmoins d'utiliser ses talents pour regarder dans le passé et découvrir les raisons de cette destruction aveugle. Selon lui l'incendie débuta une demi-journée après l'arrivée de la Troupe à Tarascon, et n'avait plus cessé depuis. Après avoir recoupé les différents éléments en leur possession, ils conclurent à un lien direct avec le réveil de la Tarasque, concomitant. Nathanaël de Tytalus utilisa ses dons pour percevoir l'influence du Malin, et découvrit une piste suivie par une puissante créature démoniaque se dirigeant vers les cavernes protégeant la source de Virtus Perdo gardée par les Batrophiens. Persuadés que l'Archimaga devenue un suppôt de l'Enfer était venue renforcer ses pouvoirs à l'aide de la magie des lieux, ils décidèrent de quitter le Regio pour continuer leurs recherches sans risquer d'alerter la Cour de l'Ombre.

Hélas le retour dans le monde vulgaire affecta profondément la nature du bois ramassé compulsivement par Orion de Verditius, transformant le riche Virtus en simples morceaux de bois carbonisés. Le Magus, pris d'un coup de folie, crut à la responsabilité d'un de ses compagnons et utilisa sa puissante magie de perception pour lire leur esprit, brisant une des règles de l'Ordre. Les Parma Magica de Nathanaël de Tytalus et de Picard d'Ex-Miscellanea rompirent sous l'assaut mental, mais Mélisandre de Merinita résista. Orion de Verditius s'en prit alors à la Maga, lui ordonnant de baisser ses protections pour le laisser vérifier son innocence mais essuya refus sur refus. Les deux autres, encore hébétés par l'attaque, ne purent que sermonner le Magus dépassé par ses émotions, pour lui faire comprendre qu'il agissait comme le démon le souhaitait. Reprenant peu à peu ses esprits Orion de Verditius s'excusa auprès de ses compagnons mais nul doute que cette nouvelle cassure dans l'unité de la Troupe ne pourrait qu'avoir de tragiques conséquences.

Picard d'Ex-Miscellanea, soutenant le fantôme de Granordon par Dieu sait quel moyen, demanda aux Magi de l'accompagner dans les environs de Blancastel pour la mettre en sécurité dans un lieu où la magie n'était point tabou. Seuls les plus anciens et les plus jeunes des loups-garous étaient encore présents, les adultes participant pour la plupart au siège de Tarascon et se préparant au réveil du Dragon.Une discussion étrange s'en suivit, qui fit naître un doute dans l'esprit des Magi. Certains métamorphes semblaient considérer le réveil de la créature endormie comme une bonne chose qui permettrait de chasser catholiques et citadins des terres de la tribu. Ces positions tranchaient fortement avec les consignes données par Radoslav quelques jours auparavant et avec les dires des Anciens, qui craignaient de voir une nouvelle catastrophe s'abattre sur leur peuple. Craignant à une nouvelle manipulation, voire pis, à une traîtrise, ils décidèrent de vérifier néanmoins une source de Virtus proche appartenant à la Cour de l'Ombre. Ils se rendirent donc sur les pentes escarpées d'une montagne proche, résidence d'un clan Troll affilié à Iltor, Prince Fae aux rapports plus qu'ambivalents avec l'Alliance. Heureusement Nathanaël de Tytalus ne ressentit aucune trace d'un passage démoniaque et les Magi ne souhaitèrent pas prendre le risque de pénétrer plus avant dans le Regio, se décidèrent à repartir pour Tarascon.

Ils furent accueillis par deux loups-garous sous leur forme guerrière qui se refusèrent à les laisser passer, arguant obéir aux ordres de leur alpha, Artus! Les Magi ne voulaient pas de confrontation avec une de leur plus puissant allié magique dans la région et repartirent pour Calebaïs quérir le chevalier bogomile. Mettant au courant ce dernier des événements, et notamment les étranges propos des siens restés à Blancastel comme de deux de ses guerriers à Tarascon, sa rage froide le conduisit à revêtir sa forme lupine. Il entreprit de gagner le monde des esprits, entraînant la Troupe dans une folle traversée onirique. Les deux métamorphes, penauds, lui expliquèrent que sa mort avait été annoncée et qu'Artus, le déchu, s'était imposé par la force pour reprendre le pouvoir dans la tribu. Radoslav, transporté par la colère, exigea qu'on le conduisit auprès de l'usurpateur et envoya le second être-loup en quête des Anciens. Hurlant sa colère, il poussa un cri puissant afin que tous les guerriers des environs puissent le rejoindre. Suivi par les Magi, il fut guidé jusqu'aux abords de la rivière où l'attendait trois métamorphes au pelage aussi sombre que le sien. L'un des trois se jeta alors sur lui tandis que les Magi usaient de leur magie pour renforcer l'apparence comme le corps de leur champion. Ce dernier vainquit sans grande difficulté le loup-garou ténébreux, et exigea de lui des réponses quant à l'absence des Anciens et d'Artus.

Près d'une quarantaine de loups-garous étaient désormais assemblés autour des Magi, certains sous leur forme de guerre, d'autres sous leur forme lupine. Indécis, ils observaient leur chef de meute frapper à coups redoublés le loup à la fourrure aussi sombre que la nuit, qui acceptant une blessure fatale pour tout autre créature qu'un loup-garou, s'arracha aux griffes de Radoslav et bondît pour fuit se réfugier dans la forêt. Hurlant sa rage et porté par la magie de ses compagnons, le chevalier bogomile n'eut aucun mal à rattraper le fuyard. Emporté par la cruauté de son sang, il ne souciait plus d'être observé par les siens quand il se mit à torturer son ennemi pourtant vaincu mais refusant de parler. Les deux autres loups noirs, sentant le vent tourner, essayèrent quant à eux d'échapper aux Magi mais de puissants sortilèges, notamment une vague de glace puissante projetée par Picard d'Ex-Miscellanea, se saisirent d'eux comme de certains des membres de la tribu de Blancastel. Reconnaissant la supériorité des Magi et craignant l'ire de leur dominant devenu fou, les loups au pelage clair se retirèrent à bonne distance, attendant de voir comment la situation allait évoluer.

Sentant leurs principaux alliés magiques dans la région circonspects, et toujours aussi dévouée à sa grande cause d'unir les ennemis de la chrétienté pour protéger les anciennes voies, Mélisandre de Merinita se glissa auprès d'un des loups prisonniers et le charma à l'aide d'un sortilège de son invention. Devenu aussi servile qu'un chien de compagnie, le loup apprit aux compagnons venir d'Auvergne, où s'était réfugié Artus après son exil. Il avait promis à ces trois jeunes loups-garous gloire, femelles et pouvoir s'ils l'aidaient à renverser le loup slave qui dirigeait son ancienne tribu, Radoslav. Revenus discrètement dans la région, ils avaient observé patiemment et profité des derniers événements pour s'en prendre aux trois Anciens. L'un d'entre eux avait été tué, le second était retenu prisonnier dans une des grottes de la Falaise aux loups tandis que le troisième, Thédéric, fuyait depuis lors, sans doute poursuivi par Artus qui souhaitait ardemment sa mort pour sa participation dans sa chute. Maligne, ma maîtresse permit par magie aux loups trop éloignés d'entendre le témoignage du prisonnier, déclenchant cris de colère et d'horreur d'avoir ainsi été dupés. De son côté, Radoslav, sous le coup de la frénésie, arracha la gorge de son adversaire, poussant un long hurlement de haine vers le ciel d'un blanc spectral.

Profitant d'une très brève accalmie de la tempête, Picard d'Ex-Miscellanea survola la zone et remarqua que le lacet de la rivière où les loups-garous avaient mené leur rituel pour contenir le réveil de la Tarasque avait l'apparence stylisée d'une tête de dragon! Tandis que ma maîtresse charmait le second loup noir, les autres Magi se livrèrent à quelques sortilèges sur et découvrirent qu'ils étaient enchantés depuis des jours. Les questionnant, ils se rendirent compte qu'ils croyaient dur comme fer se trouver sur leur territoire, et affirmèrent avoir rencontrer une très belle femme brune peu de temps auparavant. Utilisant la magie pour projeter l'image de la dernière survivante de la famille de Pamiers, ils reçurent une réponse négative. Ne pouvant projeter l'image de Malevorus Videri, ils les interrogèrent sur leurs alliés dans la région et apprirent que deux autres loups-garous accompagnaient Artus.

Tandis que la plupart des Magi décidaient de se rendre à la falaise aux loups avec Radoslav et les siens afin de libérer le théurge Robert-le-brun retenu prisonnier, Picard d'Ex-Miscellanea annonça rester sur place avec son familier et le fantôme de Granordon. Utilisant un sortilège pour se réfugier sous terre, il se tint prêt à recevoir le retour probable d'autres garous peut-etre inamicaux. Voyant que personne n'arrivait, il prit l'initiative de présenter la tarasque à son familier en tant que aïeule draconique. Puis il entreprit rituellement d'entrer en contact télépathique avec la tarasque en mélangeant son propre sang et l'eau fraiche de la rivière qui constituait le corps de la tarasque, (métaphoriquement son sang) dans la coupe Diedne puis il but l'étrange mélange. Le contact fut établit et fit sombrer temporairement Picard dans un état similaire au crépuscule, ouvrant son esprit et tous ses souvenirs à la Tarasque.

Pendant ce temps la troupe au grand complet progressa sans difficulté jusqu'à la barrière rocheuse abritant une partie des tanières de la meute. Dans une des cavernes les plus profondes, l'Ancien prisonnier, retenu par de puissantes racines épaisses comme un tronc d'arbre, était gardé par deux loups noirs. L'un d'eux, alors sous sa forme de combat, défia Radoslav, lui affirmant que les siens étaient les vassaux de sa tribu depuis des éons et qu'il était venu réclamer son dû. Il défia le chevalier bogomile selon les anciens rites de leur race mais ce dernier refusa, arguant qu'il ne traitait pas avec un loup-garou honorable mais un traître sans honneur, et que nulle règle ne l'empêcherait de lui arracher la gorge. Avant que l'autre ne puisse le défier à nouveau, il se jeta sur lui en rugissant mais fut intercepté par le second, qui le mordit profondément à l'épaule. Faisant fi de la douleur, il poursuivit sa course, hurlant à ses frères de massacrer les deux loups noirs. De nouveau submergé par la soif de sang, il ne put éviter le fétiche d'os que lui jeta sa cible mais fut sauvé d'un sort infâme par la réaction toujours aussi décisive de Mélisandre de Merinita, qui dévia la magie runique à l'aide de ses pouvoirs.

Pendant ce temps Nathanaël de Tytalus ne restait pas inactif, et se rendant compte que la caverne était empli d'effluves démoniaques, lança un puissant sortilège pour occire les créatures de l'Enfer invisibles. Hélas il n'avait point eu le temps de se protéger contre leur riposte, et il sentit son cœur se tordre et se déchirer dans la poitrine. Sur une dernière prière à Saint-Michel et à la Vierge, il tomba, inconscient. Radoslav, couvert de sang, comprit à la lueur bleue qui emplissait la grotte que des suppôts du Malin avaient envahi l'antre où les jeunes de la tribu venaient à la vie. Hurlant sa haine, tempêtant contre les siens qui hésitaient à l'entrée de la caverne, il se jeta à la gorge du sorcier loup-garou mais sa peau semblait plus solide que la pierre. Le second le plaqua au sol et entreprit de lui arracher bouchée de chair après bouchée. Ma maitresse, souhaitant équilibrer l'affrontement entre les créatures magiques, libéra l'Ancien de sa prison végétale. Orion de Verditius, craignant pour sa vie, activa les protections de son bâton et permit à ses compagnons de devenir invisibles. Hélas, les démons se jouent des illusions hermétiques, et ils frappèrent ma maîtresse qui faisait barrage de son corps pour protéger le père de ses enfants. Une malédiction sur les lèvres et avant de ne pouvoir riposter, elle aussi s'écroula, hors de combat. Ne souhaitant pas subir le même sort, Orion de Verditius utilisa son bourdon pour téléporter les deux Magi à la lisière de la mort et lui-même à Calebaïs.

Les loups-garous, galvanisés par leur chef affrontant seul deux ennemis et des démons au cœur d'un des lieux les plus saints de la tribu, se décidèrent enfin à se jeter dans la bataille, faisant pencher la balance par leur seul nombre. Hélas la magie des loups noirs leur permit de s'échapper, et si leur objectif premier était rempli, la libération de l'Ancien emprisonné, l'assaut avait failli coûté la vie à deux Magi! Radoslav distribua les ordres rapidement, et très vite l'ensemble des siens fut informé de l'alliance du traître Artus avec l'engeance démoniaque. Il put partir traquer son ennemi et tenter de sauver le troisième Ancien, accompagné de ses plus féroces guerriers, le cœur plus léger. Même le récit fait par l'Ancien du pillage de leurs ressources magiques les plus précieuses ne put lui ôter l'excitation qu'il ressentait. Il allait arracher les organes du félon un par un, et le regarder agoniser lentement.

A Calebaïs l'ambiance était bien plus morose. La cloche d'Ibyn avait retenti à l'instant même du retour des Magi, et à peine remis sur pied, encore tremblant, Nathanaël de Tytalus fut prit d'un sinistre pressentiment. Peut-être les talents de ma maitresse déteignaient-ils sur lui? Dégainant son estramaçon, récitant une brève prière à Saint-Michel, il se rua vers le septième niveau du puits et l'ancien laboratoire de Malevolus Videri, désormais Sanctum de Picard d'Ex-Miscellanea. Suivi des autres Magi, inquiets de le voir aussi agité, il lança ses pouvoirs les plus puissants sur le laboratoire avant même d'apercevoir sa cible. Le fantôme de l'Archimaga, luisant dans le noir, achevait d'ouvrir à l'aide de l'autel démoniaque l'accès à sa pièce secrète. Comprenant qu'elle était piégée, elle tenta de forcer le cercle dressé devant elle par le chasseur de démons, mais elle se rétracta sous l'effet du sortilège. Tentant de fuir à travers les murs, ce furent les glyphes qu'elle avait elle-même apposée plus d'un siècle auparavant qui la maintinrent à portée d'épée. Et la lame sainte s'abattit et s'abattit encore, un gémissement spectral s'échappant de celle qui fut une Quaesitor respectée et crainte dans tout le Tribunal d'Occitanie. Le tranchant frappa une dernière fois et son hurlement résonna longuement lorsqu'elle disparut. Là où elle se tenait encore un instant plus tôt se trouvait un petit tas de charbon empli de Virtus Ignem, volé quelque jour auparavant dans les marais de la Cour de l'Ombre. Sans un regard pour ses compagnons, qui fixaient avec étonnement la pièce secrète que Nathanaël de Tytalus avait dissimulé toutes ces années, ce dernier mura l'entrée et réduisit en poussière, condamnant à jamais l'accès.

Mélisandre de Merinita, pensive, quitta le puits pour entrer en contact avec Radoslav, et lui conter la chute de l'Archimaga démoniaque. La fin de leur plus puissante alliée ne pouvait qu'affaiblir considérablement Artus et ses loups selon elle. Puis elle utilisa sa magie à nouveau pour prendre des nouvelles de Picard d'Ex-Miscellanea. Peut-être aurait-elle dû dissimuler certains faits au jeune Magus, mais elle narra dans le moindre détail les derniers événements, y compris l'existence de la pièce secrète et la destruction de Malevolus Videri. Elle ressentit alors un grand froid tandis que la Tarasque, dont l'esprit s'était glissé dans celui du Magus, se retournait vers le fantôme de Granordon et d'un seul souffle ne la renvoyait vers le Crépuscule final. Quand à Picard il émergeait de son crépuscule temporaire enrichi d'une affinité accrue avec la magie Aquam. Inconsciente du réveil du dragon et du sort de son compagnon, ma maitresse retrouva Gilles de Jerbiton occupé à tenter de convaincre Orion de Verditius et Nathanaël de Tytalus de repartir à la recherche d'Estrella de Bonisagus. Les deux Magi tentèrent d'amadouer la demi-fae pour qu'elle soit en charge de cette quête, mais elle refusa avec aplomb de se rendre dans les souterrains les plus profonds de Calebaïs, là où les pièges et morts-vivants de Granordon attendaient patiemment leur heure. Incapables de se mettre d'accord, ils décidèrent d'attendre le lendemain le retour de Picard d'Ex-Miscellanea et l'organisation d'un vote du Conseil.
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Thibor
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Re: [CR] Ars Magica 3eED (campagne et blog complet)

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D'une histoire de fantômes, de démons et de dragons, cinquième partie (hiver 1164):

Extrait du journal de Mélisandre de Merinita.

A l'aube, je suis sortie discrètement de l'Alliance et j'ai emprunté un hippogriffe pour rejoindre Picard d'Ex-Miscellanea. Après lui avoir fait part des derniers événements, je l'ai invité à explorer la vallée pour découvrir les lieux liés magiquement à la Tarasque. A l'aide d'un de ses enchantements, nous avons recensé sept zones magiquement actives:

1) Dans une souche de bois mort, une grosse gemme d'aigue-marine, grosse comme le point... c'est l'œil du dragon !
2) Puis un autre œil, à quelques 50 pas de là, dans un rocher sous la terre; c'est un béryl.
3) la bouche de la tarasque est une cascade
4) et sa queue un puits
5) en se rapprochant du rempart, sous le pont qui traverse la rivière, sous l'eau et dissimulé dans les algues, un bloc d’émeraude palpitant...
6) et dans la vallée en remontant les montagne avoisinantes, 5 rochers affutés et moussus, en cristal
7) idem sur le versant opposé

L'ensemble des sites a fait l'objet d'un rituel, réalisé par une femme grâce à des sacrifices de plantes, d'objet, d'animaux. D'après nous il s'agit de sortilèges Rego Aquam de magnitude 10 et Rego Virtum de magnitude 30. Chacun des sacrifices semble lié à une passion. Nos recherches terminées, nous sommes repartis à l'Alliance pour informer Nathanaël et lui permettre d'aller briser les enchantements réveillant le dragon.

Nous avons demandé à Orion de nous mener, grâce à un lien mystique, jusqu'à Tederic. Il nous conduit jusqu'à un col dans les Pyrénées que Picard avait emprunté pour rejoindre la Catalogne (scénario 21). En haut d'un des sommets se trouve un vieux druide aussi vieux que les celtes qui peuplaient jadis ces terres ou presque. Des fantômes romains et gaulois s'y livrent encore bataille, revivant éternellement la même scène de mort.

Nous sommes montés dans le Regio. Bloqués avant de parvenir au sommet, une voix nous a demandé qui nous étions et ce que nous venions faire. Picard s'est présenté comme un Diedne et par une pirouette j'ai expliqué à la voix que je suivais les enseignements de la Maison maudite. Picard a utilisé son sang pour lancer un sort pour prouver ses dires. Expliquant que nous étions venus aider Tederic et chasser celui qui le traque, nous avons réussi à monter de Regio.

Artus s'y trouvait aux prises avec des plantes qui le maintenaient prisonnier. Il était en forme de combat et complètement enragé. Nous l'avons attaqué sans lui laisser le temps de s'expliquer. Il m'a menti et trompé une fois de trop. J'ai beau être gentille et conciliante, il ne faut pas me prendre pour une cruche! Il a invoqué des sortes d'élémentaires, manquant de peu de m'étouffer, mais nos pouvoirs réunis réussirent à le transformer en pierre puis à le briser en morceaux. Nous avons ramassé les restes de celui qui fut mon ami et j'ai concentré le Virtus avant d'en donner une partie à Picard. Il ne s'est même pas aperçu que j'en gardais la plus grande part!

Nous sommes montés encore d'un niveau dans le Regio. Une cabane nous attendait, isolée au sein d'un crépuscule automnal permanent. Le vieux druide nous a questionné. Tederic était lui plus plus mort que vif ; seul le pouvoir du lieu (le temps ne s'y écoule plus depuis des siècles et des siècles) le maintenait en vie. Picard a offert son Virtus en dédommagement, afin d'apaiser le druide. Mes propos ont eux énervé sans raison aucune le vieil homme, qui a utilisé ses pouvoirs sur moi, m'emprisonnant dans des buissons épineux qui firent couler mon sang! J'en ai discuté avec Picard par la suite et je pense que le druide perd la tête ou a le caractère de cochon de Nathanaël. Je ne vois pas d'autres explications.

Je lui ai raconté que des démons poursuivaient Tédéric et il s'est mis dans une rage folle, nous chassant de son repaire. Picard est redescendu le Regio avec le loup-garou, espérant calmer l'ancêtre mais je suis resté pour lui proposer un marché. J'ai l'habitude de traiter avec les vieillards, et si je peux amadouer ce vieux bouc d'Oxioum de Tytalus à Doïsseteppe, je peux embobiner n'importe qui! Je l'ai inviter à enseigner son savoir à Picard en échange de quoi ce dernier refera naître la Maison Diedne. J'étais si convaincante que le druide m'a invité à revenir avec Picard et m'a même offert un cadeau, un élémental Herbam. J'étais certaine qu'ils existaient et j'en ai la preuve maintenant!

Une fois sortis du Regio nous avons été rejoint par Radoslav et ses loups. Nous avons soigné Tédéric à l'aide d'une potion de soin et d'un sortilège pour chasser le poison de son corps. Radoslav a accepté de donner son sang pour permettre à Picard de détruire définitivement l'esprit d'Artus mais il a été blessé plus durement qu'il ne le pensait et a assommé Picard de colère. Il m'a fallu encore négocier et arrondir les angles entre eux! Je passe mon temps à résoudre leurs problèmes d'égo et de virilité! Picard, après avoir enfin cesser de se plaindre, est remonté chercher le Virtus offert en cadeau car il a supposé, fort justement, que ce dernier pourrait permettre aux méchants de trouver le repaire du druide.

Pour permettre aux loups affaiblis de maintenir leur rituel sur la Tarasque ils nous ont demandé d'obtenir l'aide de Doria afin de geler définitivement les lieux où émergent l'essence magique du dragon.

Sur le trajet, accompagné de Wulfgar, j'ai découvert des cadavres: 1 satyre: 5 pions Animal, 1 Fureton (1pion Animal), 1 troll (une arme de cristal), 1 ours-hibou (6 pions Muto), 1 marcassin cuirassé (un des fils de Grouik, 2 pions Animal), 1 batrophien (1 pion Aquam). C'est la seconde fois que je mets la main sur une piste pour découvrir où vivent ces satanés ours-hiboux! Dès que j'en aurai le temps je partirai en chasse!

Encore des négociations! J'ai offert mon servant Wulfgär en échange de l'aide de Doria. Il restera tant que Doria maintiendra son pouvoir sur la Tarasque. Je lui ai tout de même rappeler l'alliance tripartite et promis de ramener le feu Batrophien.

Extrait des notes du Conseil des Magi exceptionnel de janvier 1165.

Gilles de Jerbiton présente les derniers événements arrivés à Trascon la veille et le jour de Noël 1164.

Les marchands maures sont responsables de la mort du rabbin de Tarascon. Ils ont agi sur ordre d'un Magus de la Crête des Brumes. Leur Alliance s'entend bien avec le clergé d'Auzat qui veut nuire à la communauté juive. D'après nos informations et notre compréhension des rapports de force locaux, si la Crête des Brumes rend service au clergé elle pourra récupérer la source de Virtus située dans le cimetière des géants. Un des consuls, dont le fils, Bernardin, est le jeune seigneur régnant sur le village, n'a donc pas intérêt à faire accuser les maures.

Le problème posé par le jeune Bastien est désormais réglé. En utilisant divers stratagèmes nous avons récupérer l'amulette qui le protégeait contre tout dommage. J'ai fini par me résoudre à utiliser une fille rendue magnifique grâce à la magie de Mélisandre pour circonvenir l'amulette. Bastien aurait trouvé l'objet dans les souterrains sous le château, sur un cercueil abandonné.

Carmina souhaitait sacrifier Bastien, coupable selon elle du péché d'orgueil. Il aurait été le point d'orgue de son rituel démoniaque. Les deux roublards envoyés pour enlever le jeune homme furent capturés sans grande difficulté. Ils avouèrent avoir pour mission de ramener le jeune chez les cathares.

Une fois Carmina de Pamiers incapable de compléter son rituel, il nous restait à revenir dans les bonnes grâces du clergé et des consuls. Le Père Georges fut convaincu par le récit que je lui fis du danger représenté par les serviteurs de Satan. Il accepta notre intervention mais ne peut nous considérer comme de bons chrétiens et des amis de Tarascon que si nous venons chaque mois à une messe, à moins qu'il ne se rende lui-même en notre domaine pour nous confesser.

La discussion avec le chef des consuls eut lieu en présence du Père Georges. Le consul avoua avoir eu des doutes sur sa femme. Il est conscient d'avoir été manipulé et notre intuition était la bonne. C'est bien Carmina qui a eu l'idée de la protection sur son fils. Sans doute a-t-elle eu peur de Malevorus Videri. Elles n'étaient donc pas alliées.

-Le second prêtre, le Père Stéphane, interrogé par le premier consul Pierre Masta et moi-même, pense que le rituel démoniaque servirait à inverser la ferveur religieuse lors de la fête de Noël en aura démoniaque. Il est facile de penser que cela permettrait de transformer la Tarasque en démon majeur.

Officiellement, les Maures seront accusés des crimes commis dans la ville. Grâce à ma magie, ils seront convaincus d'avoir bien causés les divers meurtres et incendies et avoueront leurs péchés. Ils seront exécutés en place publique. Mélisandre souhaitait que suite à notre venue chaque mois à Tarascon, une réunion soit mis en place entre les pouvoirs religieux, politiques et hermétiques pour assurer la protection de la cité. Cela permettrait selon elle de renforcer l'influence de Calebaïs sur une des principales sources de richesse de la région. Des accords commerciaux et de soutien mutuel pourraient à terme naître de ce rapprochement. Je me chargerai, avec le soutien de Nathanaël, de ces rencontres.

Suite aux informations transmises par Mélisandre et Picard, Nathanaël a pu briser les deux enchantements qui éveillaient la Tarasque.

Une série de vote eut lieu par la suite (à l'unanimité):

-Décision est prise d'envoyer une délégation enquêter plus avant sur la maison hantée de Tarascon et le Regio démoniaque qu'elle contient, dès que la situation à Tarascon sera revenue à la normale.

-Décision est prise d'envoyer la cathare recueillie au début de la crise au couvent de Sainte-Douceline (elle pourra y rester trois ans) avant qu'elle ne soit engagée comme nourrice par Radoslav, à Aqs.

-Décision est prise de rendre son enfant au premier Consul Pierre.

-Décision est prise d'organiser une réunion tripartite (pouvoirs politique, religieux et hermétique) après chaque messe où les Magi sont obligés d'assister à Tarascon. L'objectif est de renforcer l'emprise de l'Alliance sur la principale ville de la région et une ressource économique très importante. Gilles de Jerbiton et Nathanaël de Tytalus se relayeront à la table des négociations.

-Décision est prise de planter les champignons de cauchemar avec les outils de Drininkeana sur le territoire des Trolls. Ils vont sortir renforcés à cause de la magie de Doria et cela devrait les maintenir dans leur Regio où l'on ne peut accéder qu'en rêvant pendant quelques saisons, le temps de trouver une solution plus définitive.

-Décision est prise de conduire Igack à sa mère, la Tarasque, à l'été.

Les votes furent interrompus par une discussion au sujet d'Estrella de Bonisagus qui entraîna des débats passionnées.

Extrait du journal de Mélisandre de Merinita.

Ce malotru de Nathanaël m'a à nouveau poussé dans mes retranchements. J'ai donc rassemblé un fort parti de Furetons (une quarantaine de guerriers et de chamans), les renforçant magiquement grâce au sort Bête de taille surnaturelle. Ils font désormais la taille d'un homme et sont prêts à descendre dans les catacombes à mes côtés!

Nathanaël est parti demander de l'aide au fantôme Uderzo. Luigi les accompagnent, sans doute curieux de découvrir les souterrains.

J'ai suivi la piste d'Estrella sous forme de loup jusqu'à un mur de terre totalement nu du onzième niveau. Ouvrant un passage grâce à ma magie et je me suis engouffré dans l'antre de l'araignée géante et ses enfants, l'ancien familier de Granordon.

Dans la pièce suivant la caverne de l'araignée le Sanctum d'Estrella! Les Furetons y pénètrent sans prendre de précaution et l'un d'eux est découpé par un squelette géant armé d'une épée de près de deux mètres. Je crois avoir quelque peu perdu le contrôle et j'ai utilisé mes plus puissants sorts pour ravager la laboratoire avec des pieux de pierre de cinq mètres, empalant le squelette! Bien fait pour Estrella! Elle n'a qu'à pas disparaître! Mon enfant moribond est emporté par ses compagnons et les chamans tentent de le maintenir en vie. Luigi s'est alors mis à découper le squelette en morceau en s'émerveillant de la qualité du rituel l'animant. Il est aussi étrange que la Bonisagus... Il a emporté avec lui les différents morceaux dans des sacs et les a conservé dans des lieux différents, craignant que sa magie ne l'anime à nouveau.

Les Furetons se sont mis à se gratter de plus en plus. Ils ont été obligés de quitter les lieux, boursoufflés. On dirait que les araignées sont un moyen de défense efficace! Heureusement que notre Parma Magica nous protège!

Nathanaël et Uderzo sont partis explorer les catacombes pour trouver une autre piste. Les gardes squelettes réagissent à la présence du fantôme mais ne peuvent rien lui faire. Encore une idée inutile du Tytalus ; ils n'ont rien trouvé!

J'ai utilisé ma magie pour ouvrir la porte de la chambre d'Estrella. Un homme magnifique, nu, attendait, immobile. C'est un zombi alors je lui ai fait du gringue et j'en ai profité pour lire dans son esprit. Il n'avait pas vu Estrella depuis longtemps mais c'est son amant! Elle couche avec un mort! Sur un guéridon près du lit j'ai découvert un étrange journal qui a enregistré un mois de souvenirs d'Estrella. Elle y discute avec sa "conscience". Elle s'apprenait la nécromancie à elle-même. C'est louche...

Je suis retourné dans le laboratoire et j'ai dissipé mes piliers de pierre. Un deuxième squelette s'est animé et je l'ai empalé avant de le découper comme le premier! En fouillant la pièce, laissant la plupart des livres et objets en place j'ai récupéré un livre sur les Diedne que cette nécrophile dissimulait! J'ai quitté précipitamment les lieux pour le laboratoire de Picard puis la bibliothèque! A nous les secrets cachés de la Maison maudite!

Extrait du journal de Nathanaël de Tytalus.

Mélisandre décide de partir se coucher parce qu’elle est très lasse (et bien honteuse d'avoir défoncé et pillé le sanctum d'un autre Magus, sous les yeux de tous). Il reste alors dans les sous-sol de Calebaïs : Picard, Orion, Altaïr, Nasseri et moi-même. Picard voit grâce à son monocle qu’il s’est passé quelque chose, mais refuse de pousser ses inspections plus loin. Le traumatisme causé par la perte de sa dulcinée semble encore trop frais (l’endroit où nous nous trouvons et les éléments qui viennent de se dérouler l’ont grandement affecté, même si il n’en laisse rien transparaître). Picard quitte donc à son tour l’assemblée après avoir décrété qu’Estrella était passée par le couloir des squelettes, mais qu’elle n’en est apparemment jamais ressortie, contrairement à un homme inconnu habillé comme un mérovingien. L’alerte est alors immédiatement donnée pour le retrouver. Il précise également avant de s’en aller qu’Estrella avait l’air particulièrement pâle lors de ce passage à sens unique, son regard semblait absent et sa démarche très calme, voir lente…

Refusant d’abandonner les recherches et sa camarade, je demande à Nasseri d’aller voir dans l’allée souterraine s'il ne trouve pas trace de la Maga, mais sans résultat. Cependant cela permit de découvrir un des fonctionnements des défenses de l’alliance : les grands squelettes réagissent à la présence de Corporem, les petits à la présence de Mentem. Je décide alors d’aller voir cela de plus près ce tunnel et utilise mon sort de toile d’araignée pour emprisonner les différents squelettes. Une fois l’allée sécurisée, la petite communauté reprend les fouilles amorcées par Nasseri et observe méthodiquement le sol et les murs. Si le sol en terre battue ne révélera rien il en sera différemment des parois. Sur la gauche de l’une d’entre elle un élément dénote avec le reste et c’est grâce à la magie que nous révélons que le coude du tunnel dissimule un passage vers une autre pièce.

Dans cette pièce repose un lourd sarcophage, orné de différents motifs, semblable en tout point à celui découvert lors des aventures de Tarascon. Certaines défenses semblent avoir été mises en place et après quelques expériences qui réduisent en poussière certains squelettes et des furetons (non je déconne mouhahaha) les pièges sont désamorcés et la petite assemblée peut pénétrer dans ladite pièce secrète et ouvrir son tombeau. Quelle n’est pas alors notre surprise d’y découvrir Estrella, comme endormie, au fond du sarcophage. Une rapide observation permet de s’apercevoir qu’un enchantement la maintient emprisonnée et qu’aucune communication avec elle n’est possible. Après analyses, Orion révèle qu’il faut remplacer le corps en place par un autre corps, que tout deux doivent être vivants et que ce geste doit être volontaire (ou tout du moins « consenti »). On va donc chercher le zombie sexuel d’Estrella.

Ravi de retrouver sa maîtresse, le zombie se jette dans le cercueil. Il tente quelques mouvements douteux sous les yeux attentifs de l’assemblée puis perd peu à peu connaissance tandis qu’Estrella revient à elle et sort de cette imposante tombe, désormais occupé par son amant en kit. Estrella demeure très faible et a l’esprit embrouillé, c’est à peine si elle arrive à parler. Cette expérience l’a visiblement fortement éprouvée ; elle semble vider de ses forces. Estrella remonte dans son Sanctum pour se reposer, épuisée mais contente d’avoir été libérée (elle remercie chaleureusement Nathanaël et lui dit qu’elle lui est redevable). En l’examinant on ne nota rien de spécial, mis à part deux petites blessures rondes sur son poignet, légèrement espacées, semblables à de fines incisions, ou à une trace de morsure…

Post-scriptum : une fouille minutieuse de l’Alliance ne permettra pas de trouver trace de l’inconnu habillé comme un mérovingien, mais tout porte évidemment à croire qu’il est le responsable des malheurs d’Estrella. Lorsqu’on interroge les gardes en charge de l'entrée de l’alliance au moment de l’apparition de cet inconnu, on remarque qu’il leur manque une partie de leur mémoire à propos de cette soirée. Une conclusion s’impose à tous : le "Méromercurien" qui « sommeillait » sous nos pieds est maintenant hors de l’alliance et peut être n’importe où… Des messages sont rapidement envoyés à nos alliés (proches et lointains) pour les prévenir et leur demander d’ouvrir l’œil afin de nous aider dans nos recherches. L’idée étant de nous prévenir immédiatement si ce « mérovingien » venait à être aperçu ou si des blessures similaires à celles observées sur le poignet d’Estrella venaient à être constatées.
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Thibor
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Re: [CR] Ars Magica 3eED (campagne et blog complet)

Message par Thibor »

Après une longue coupure, pour cause de "pas le temps et mieux à faire", la suite des aventures épiques de notre Troupe en Occitanie au XIIe siècle. Pour information, les deux discours prononcés lors de la tenue du Tribunal furent rédigés en amont, les accusations pesant sur notre Alliance étant connues des joueurs. L'organisation de notre défense et des négociations en amont nous évitaient le risque d'un vote où nos nombreuses incartades au Code Hermétique auraient pu nous causer du tort.

D'un Tribunal d'Occitanie qui tint ses promesses (été 1165)
 
A quelques jours du solstice d'été, les Magi de Calebaïs se préparèrent pour le Tribunal d'Occitanie qui devrait décider de leur sort. De nombreuses accusations avaient été portées contre leur Alliance, chacune d'entre elle suffisamment grave pour avoir de sévères répercussions sur leur foyer. Tous décidèrent de se rendre à Doïsseteppe, à l'exception de Picard d'Ex-Miscellanea qui resta dans le puits pour veiller sur l'Alliance. Quelques compagnons et servants prirent la route avec les Pontifex au grand complet, pour la première fois sans doute depuis plus d'une décennie.

En cette saison, et avec l'aide de quelques sortilèges, le voyage fut aisé et rapide. La Domus Magnus du Tribunal occupait une position stratégique, au sommet du mont Célidar, à la frontière entre le compté d'Armagnac et l'Aragonais. Une sente étroite partait du village d'Osprey, passant entre une falaise rocheuse et un terrifiant précipice. C'est à partir de là, encore aujourd'hui, que la majestueuse Doïsseteppe apparaît à ses visiteurs, émergeant de la brume telle une vision fantasmagorique. L'Alliance en elle-même est un immense complexe de bâtiments et de souterrains. Masse lugubre hérissée de tours et de flèches, reliées par d'innombrables passerelles, elle réunit en un tout éclectique les fruits de diverses cultures, les réalisations de nombreux érudits et les produits d'une magie effroyablement puissante. Minarets, tours gothiques et rotondes romanes y côtoient des bâtiments romains.

Alors que l'extérieur parait froid et désolé, les visiteurs sans doute effrayés par tant de gloire passée, l'intérieur laisse apparaître de tout, de la touffeur décadente des bains jusqu'à la nuit glacée de souterrains oubliés. Les diverses salles à colonnes, corridors et passages abritent d'innombrables niches, renfoncements et alcôves, ornés de statues représentant d'obscurs héros classiques ou des créatures mythologiques étranges, parfois rassurantes, parfois terrifiantes.

Arrivés à destination les Magi furent accueillis par Valenus, factotum major de Doïsseteppe, et conduits à des appartements qui leur serviraient de Sanctum pendant leur séjour. Deux jours s'écouleraient avant le début officiel du Tribunal, et ils n'eurent pas long à s'apercevoir que négociations et marchandages divers étaient en cours. Nombre de promesses et de vœux pieux avaient été faits et entendus en sept ans, depuis le dernier Tribunal, et chaque Magus veillait à s'assurer que pactes et traités seraient respectés lors des votes. Gilles de Jerbiton en particulier, mais également les autres Magi, à l'exception notable de ma maitresse qui souhaitait se concentrer sur les débats, se mirent en quête de leurs alliés et obligés, rappelant à tous que s'ils étaient encore des vassaux de Doïsseteppe il fallait néanmoins compter avec la Nouvelle Calebaïs.

Ce fut la plus ancienne construction de Doïsseteppe qui acceuillit le Tribunal, le temple romain de Mercure. Le plafond, décoré de fresques superbes, du grand bâtiment rectangulaire repose sur plusieurs rangées de colonnes à caryatides ; le sol et les mursd sont couverts de mosaïques qui luisent doucement dans le clair de lune, que laissent passer les grands jours pratiqués sous le toit. Une statue dorée de Mercure occupe l'extrémité de la salle principale ; derrière elle pend un lourd rideau de brocard qui dissimule le Saint des Saints, interdit, sous peine de mort, à tout autre que les prêtres du dieu. Des bols où brûlent des flammes sont posés à intervalles réguliers dans le forum. Le milieu du temple est occupé par un cercle de 30 pieds de diamètre, dont le tracé est intégré aux mosaïques du sol. Exactement au-dessus du disque ainsi défini, le plafond est noirci et bosselé. Le cercle, doté d'une puissante aura magique, a été enchanté grâce à un rituel mercurien exécuté en collaboration par de nombreux Magi. Il accueille les Certamen mais également les orateurs désireux de s'adresser à leurs pairs pendant le Tribunal.

Au crépuscule du mercredi, jour de Mercure, une unique cloche au son éclatant sonna à la volée, marquant officiellement l'ouverture du Tribunal. Les portes du temple de Mercure furent poussées, et les prêtres précédèrent jusqu'à leur trône le Praeco et le Quaesitor observateur, balayant respectueusement devant eux la poussière des mosaïques, respectant un rituel à la signification depuis longtemps oubliée. Les Magi entrèrent à leur suite et se répartirent dans le vaste forum, où ils resteraient debout, tandis que le Praeco, Oxioum de Tytalus, se laissa tomber sur son trône posé sur une estrade juste devant la statue de Mercure. Le Quaesitor invité d'un autre Tribunal pour présider aux votes et observer que les débats se déroulent selon les antiques lois de l'Ordre se trouvait non loin de lui, à une petite table. Par un concours de circonstances heureux pour Dame Mélisandre, il s'agissait du Magus de Crintera Hermenegild, qui avait particulièrement apprécié ma maitresse lors de sa venue au-delà des Alpes. La magie était palpable dans la salle, chaque délégation ou presque avait redoublé d'attention dans le choix de ses enchantements afin d'impressionner ses adversaires hermétiques. 
Toutes les Alliances du Tribunal étaient représentées, à l'exception de Val Negra, considérée comme éteinte par tous, bien que les Magi de la Calebaïs sachent qu'il n'en était rien. Doïsseteppe comptait vingts thaumaturges présents contre neuf à Bellaquin, sa principale rivale. La Crête des Brumes, le Carrefour des Vents, Bérinor, Bentalone, Lariandre et la Rhune avaient elles aussi envoyé des délégations, certes moins fournies. D'autres Tribunaux, comme celui d'Ibérie, de Normandie et même celui de Transylvanie étaient représentés. Le Praeco du Tribunal présenta l'ordre du jour, ouvrant officiellement les débats. Je ne traiterai point ici des quatre jours de débats, car il suffira au lecteur curieux de se rendre à Doïsseteppe pour y consulter les minutes du Tribunal, mais uniquement des points concernant directement ou indirectement la Nouvelle Calebaïs.

Il est de coutume lors des Tribunaux que le premier point traité soit celui du passage d'apprenti à Magus à part entière, afin que le jeune magicien puisse participer aux débats et voter pour la première fois. Hélas le Praeco à toute latitude pour décider si le rituel officialisant le jeune Magus se déroule avant les débats, ou après. Afin de rappeler à l'Alliance de Bellaquin sa préséance, Oxioum de Tytalus ordonna deux jeunes apprentis de Doïsseteppe dès les premières minutes du Tribunal, tandis qu'il repoussa le rituel pour ceux de Bellaquin à la fin d'i-celui, entraînant des remous parmi ces Magi et leurs alliés. D'autres sujets furent abordés avant que les premières accusations contre notre Alliance fussent portées à l'oreille de tous.  Il s'agissait d'une dénonciation anonyme, imputant à ma maitresse et ses compagnons de commercer avec les Démons et la Maison mille fois maudite Diedne. Des murmures parcoururent la salle lorsque le Praeco lut l'accusation, entraînant un froncement des sourcils du Quaesitor qui jeta plusieurs sortilèges sur le parchemin avant de noter quelques mots en souriant.

Ce fut Nathanaël de Tytalus qui assura la défense de l'Alliance, et voilà ses propos retranscris avec la plus grande précision:

"Nous avons été accusés de pactiser avec le Démon, de rendre un culte au Diable et ses serviteurs mis au ban de l'Ordre, la trois fois maudite Maison Diedne. Nos accusateurs sont, nous en sommes certains, des parangons de justice et de vertu, qui, dans l'heure, apporteront leur sceau à nos propres accusations. Car l'Alliance de la Nouvelle-Calebaïs souhaite que soient accusées les Maisons Tytalus et les Maisons Tremere, qui sont, nous en sommes certains, à la pointe de la lutte contre l'influence démoniaque sur notre Ordre. Que les Quaesitores qui ont enquêté il y a deux siècles sur la corruption de la Maison Diedne soient également couverts d’opprobre ! Que la Maison Bosinagus dans son ensemble, pour avoir accueilli en notre sein les traîtres serviteurs du Démon, soient désavoués ! Comment ? Cessez ces hurlements et ces cris d’orfraie ! Ne sommes-nous pas accusés pour ces raisons ? Pour les mêmes crimes ? Nous pourchassons le Démon et ses séides partout où nous le débusquons, car le tentateur cherche depuis la création de l'Ordre à poser sa main sur nous ! N'a-t-il pas réussi une fois ? N'avons-nous pas souffert dans notre chair et notre âme la trahison de nos frères Diedne ? N'avons-nous pas payé le prix fort de notre passivité ? Devons-nous cracher au visage de la Maison Tytalus et de la Maison Tremere pour leurs actes héroïques ? Pour la défense et la sauvegarde de nos connaissances et de nos savoirs ancestraux ! Par Mercure ! J'étais là lorsque une puissante créature démoniaque s'attaqua à notre convoi dans les froids marais au nord de la Domus Magnus Bjornaër. Nous fûmes assiégés pendant de longues heures, par une nuit sans Lune, sous la protection du Pourfendeur de Démons. Car c'est sous ce nom que vous me connaissez, éminents membres du Tribunal ! Épuisé, je frappais tant et si bien la bête qu'elle finit par s'effondrer. Nous étions saufs, mais à quel prix ! Ceux qui travaillaient à notre perte avaient invoqué à nouveau cette créature de l'Enfer, cette fois aux portes de notre Alliance. Car nous sommes une gêne pour le Démon ! Comment expliquer cela sinon ? Devons-nous laisser le Diable et ses séides en paix, corrompre et détruire, s'emparer des apprentis de l'Ordre, de nos savoirs, de notre histoire ? C'est la défiance et la paranoïa qui détruisit la première et la grande Calebaïs. La corruption de l'âme des puissants, qui s'étaient détournés du cœur de notre office : comprendre le monde pour la plus grande gloire de l'Ordre. Que Mercure me foudroie si nous avons manqué à notre devoir ! Nous avons chassé chaque indice d'intervention sataniste sur les terres de l'Alliance, dans de vieux ouvrages comme dans l'esprit des Vulgaires. Et nous avons extirpé le mal, jusqu'à dans l’Église ! A chaque fois que ce fut possible, notre intervention fut la plus légère possible. Une lettre de dénonciation, un accident dans les ruelles étroites d'une ville enneigée, une preuve dissimulée au bon endroit au bon moment. Mais l'ennemi riposta, et la Bête s'attaque à notre Alliance. Notre intervention diminua les risques encourus par l'Ordre, car la Bête fut vaincue et les vulgaires apaisés. Que serait-il arrivé si la Bête avait ravagé plusieurs villages, ne pouvant s'en prendre directement à nous ? Serions ici si nous avions laissé l’Église s'occuper des brebis galeuses en son sein ? Vous craigniez une délégation papale. Mais la dernière était en partie composée de suppôt de Satan ! Aurions-nous du laisser nos ennemis enquêter sur l'Ordre ? Sur le Carrefour des Vents ? Sur la Crête des Brumes ? Sur Bellaquin ? Sur nos autres voisins hermétiques ? Qu'en serait-il aujourd'hui ? Alors je vous le dis, amis et confrères du Tribunal, nous condamner sur ces accusations rien moins que fallacieuses, que dis-je, médiocres, reviens à laisser le Démon festoyer sur les restes moribonds de notre Ordre ! Nous nous y refusons !"

Aucune preuve n'étant avancée par l'accusation et le discours de Nathanaël de Tytalus ayant fait son effet, toutes les charges furent abandonnées. Le spectacle illusoire conçu par Dame Mélisandre pour illustrer le discours joua sans aucun doute un grand rôle dans cette disculpation. Une nouvelle plainte, cette fois du Carrefour des Vents, accusait l'Alliance d'interférer directement dans les affaires des vulgaires, notamment dans la baronnie de Blancastel. Ce fut Gilles de Jerbiton cette fois qui défendit les intérêts de Calebaïs:

« Nous étions il y a encore quelques années de simples apprentis de la puissante et glorieuse Alliance de Doisseteppe. Tous s'accordent du Tribunal d'Ibérie jusqu'au loin Tribunal du Levant, pour affirmer qu'il s'agit de le plus grande concentration de savoirs et de connaissances depuis la destruction de la bibliothèque d'Alexandrie. Nous avons été formés par nos pairs ici présents. Nous avons été bien formés. Nous connaissons l'histoire de notre Ordre, de ses plus hauts faits jusqu'aux sombres périodes dont nos maîtres frissonnaient en nous contant combien nous étions proches de l'oblitération. Nous étions de simples apprentis et nous sommes aujourd'hui une Alliance vassale de Doisseteppe. Nous sommes partis de peu, notre volonté et l'appui affirmé de nos anciens maîtres, désormais nos pairs, et nous avons rebâti une Alliance oubliée, abandonnée par des Magi pourtant d'une puissance que beaucoup jalousaient et jalousent encore. Nous avons recruté quelques Sodales, quelques compagnons de route nous ont rejoint, et nous avons essayé de vivre en bonne entente avec nos voisins. Ici un puissante créature magique immémoriale, dont la Crête des Brumes pourra sans doute mieux parler que nous, qui aujourd'hui laisse en paix villages vulgaires et églises du Dieu crucifié. Là des cours féeriques, antagonistes, dont l'influence courre jusqu'aux portes de notre Alliance. Plus loin une tribu de créatures aussi vieilles que notre Ordre, qui aux portes de la guerre avec l’Église et les mortels, choisit une alliance avec l'Ordre et la dissimulation à un baroud d'honneur qui aurait lancé croyants et croisés sur nos traces. Nous avons pacifié la région qui entoure notre Alliance, et ce pour la plus grande gloire de l'Ordre ! Qu'en-est-il des vulgaires maintenant, que l'on nous accuse de manipuler ? Calebaïs est entourée de villages, de villes et de castels mortels. Nous ne sommes pas isolés sur un pic oublié de tous, dissimulé à la vue des vulgaires par des enchantements centenaires. Nous ne sommes pas Doïsseteppe. Lorsque les seigneurs des environs ont ouï le retour des étranges savants qu'ils savaient vivre dans l'ancienne Alliance, ils nous ont courtisé, sondé, ont cherché à nouer des contacts et des relations avec nous. Au pied même de la colline où se situe Calebaïs, à quelques heures de marche à peine, se trouvent des villages, des fermes, des champs. Qu'aurions-nous du faire très chers pairs ? Ne pas nous nourrir ? Ne pas habiller nos sodales, les équiper et assurer la sécurité de l'Alliance ? Comment justifier au Seigneur de Blancastel, à son suzerain le comte de Foix, que des hommes vivaient désormais sur leurs terres sans payer la dîme, la gabelle, et ne participaient pas aux corvées ? Nous sommes des Magi, et malgré les recherches de notre Ordre, nous sommes dotés de corps de chair ! Nous ne pouvons nous passer des vulgaires pour vivre ! Alors nous avons noué des relations amicales avec les seigneurs des environs, faciliter mariages et alliances entre familles, en prenant à chaque fois nos conseils auprès de la famille Jerbiton pour ne pas affaiblir l'Ordre, pour ne pas dépasser nos prérogatives, pour ne pas rompre notre serment. Aujourd'hui les Seigneurs d'Acqs, de Blancastel, de Lacombe et même de Foix nous considèrent comme des voisins dignes d'intérêt, des amis ou des clients à protéger. Nous mettons au défi les Alliances du Tribunal qui vivent au contact des Vulgaires de ne pas avoir les mêmes relations avec leurs voisins ! Qu'ils viennent ici, sur leur sceau, jurer qu'ils n'ont et n'auront aucune relation avec leurs voisins ! Nous sommes mêmes reçus en amis par des prêtres, par des sœurs ayant voué leur vie à Dieu ! Grâce à nous l'Ordre n'est pas vu comme un danger, abritant de dangereux sorciers aux pouvoirs démoniaques, mais comme d'illustres intellectuels échappant au monde pour se consacrer à leurs recherches. Nous attendons des questions précises qui pourraient remettre en cause nos actions, car nous avons agit en toute sincérité pour protéger l'Ordre, dans le respect de la Charte et de nos engagements." 

Malgré les interruptions de Jiphrega de Jerbiton pendant son discours, puis ses tentatives pour décridibiliser Gilles de Jerbiton, les arguments du Carrefour des Vents furent facilement balayés par les interventions des Magi de notre Alliance. A la demande du Quaesitor, une commission de travail se réunirait et proposerait d'ici la fin du Tribunal une interprétation susceptible d'éviter de telles accusations quand au commerce avec les vulgaires. Une troisième accusation avait été portée contre Calebaïs, au sujet de nos interférences avec les Cours féériques, mais nos accusateurs, la Crête des Brumes, avaient retiré leurs charges suite aux nouveaux accords entre nos deux Alliances. Le reste du Tribunal fut beaucoup plus calme, bien que Gilles de Jerbiton défia le Carrefour des Vents pour avoir proférer mensonges et billevesées à notre encontre. Orion de Verditius affronta notre accusatrice et la vainquit, emportant l'estime du Tribunal et une tour de Virtus du vaincu. Afin de renforcer leur aura sur leurs confrères, les Magi de Calebaïs offrirent à chaque apprenti ayant accompli le rituel au cours de ce Tribunal une saison dans nos murs. Nathanaël de Tytalus fit grand bruit avec son projet de jeux Calebaïtiques qui verraient s'affronter créatures magiques et thaumaturges dans des épreuves dignes des plus grands. Un Tremere venu de Transylvanie évoqua la question cathare et bogomile, et Gilles de Jerbiton l'invita à Acqs afin qu'il puisse rencontrer Radoslav à ce sujet. Les envoyés de Barcelone évoquèrent la Reconquista tandis que ceux de la Rhune firent état de leurs recherches sur la Dimension de la Raison, entrainant de nombreux murmures incrédules parmi les spectateurs. Enfin les deux Magi du Tribunal de Normandie, issus d'une Alliance sise sur le plus haut sommet d'Auvergne s'entretint avec ma Maitresse au sujet de la cérémonie introduisant le Tribunal. D'après Dame Mélisandre il laissa entendre que là-bas anciens rites Diedne et Mercuriens coexistaient.
 
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Thibor
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Re: [CR] Ars Magica 3eED (campagne et blog complet)

Message par Thibor »

De mémoire on a joué ce scénario à deux joueurs (un Mage, Mélisandre de Merinita, et un compagnon, Luigi l'apothicaire). Lorsque ma maga s'est perdue en Arcadie j'ai switché sur un autre Mage, PNJ, Gilles de Jerbiton.

Du retour de la Cour de Lumière, première partie (été 1166)
 
Conseil des Magi de l'été 1166 ( à la veille du solstice d'été):
 
Le retour d'Estrella de Bonisagus permit d'organiser un conseil où tous les Magi de la Nouvelle Calebaïs participèrent.
 
Étaient présents:
Estrella de Bonisagus, Pontifex
Gilles de Jerbiton, Pontifex
Melisandre de Merinitas, Pontifex
Nathanel de Tytalus, Pontifex
Orion de Verditus, Pontifex
Picard d'Ex Miscellanea, Flamen
Altaïr, Légat
Luigi Vasco di Firenze, Légat
Nasseri, Légat
Soeur Malores, secrétaire de séance
 
Mélisandre de Merinita exposa les problèmes liées à la domination de la Cour de l'Ombre sur la forêt annulaire entourant l'Alliance. Le départ de la Cour de Lumière, le renforcement du pouvoir d'Iltor et de ses suivants Trolls, les divers accords entre l'Alliance et Doria, Princesse Fae en charge de la forêt ont renforcé l'aura féérique de la région, et par ricochet l'aura magique de l'Alliance. Hélas la puissance de la féerie de l'hiver, sans contrepartie estivale, avait des conséquences fâcheuses sur les loups-garous d'Acqs. Sombres sentiments et passions ténébreuses se renforçaient et perturbaient la vie des villages lupins et Tederic, le premier parmi les sages des hommes loups était venu quérir l'aide du Conseil.
 
Mélisandre de Merinita détailla son plan pour entraîner le retour de la Cour de Lumière et en premier lieu Sylvia, la Dryade jadis enfermée par les Magi de la première Calebaïs. 
Elle proposa que soit restaurée la pureté de la source de Virtus Herbam détruite et corrompue par le démon lors de son attaque contre Calebaïs. Les loups-garous mèneraient un rituel en ce sens si l'Alliance leur fournissait le Virtus divin nécessaire. Cinq pions de Virtus Terram et cinq pions de Virtus Muto seraient nécessaires pour mener à bien leur cérémonie.
Elle proposa que soit restauré le cercle de chênes féeriques issus de Grand-Père Chêne, dont les arbres féériques s'étaient éteints lors du départ de Sylvia. En fonction des étoiles et du temps, à chaque lune, et au moment le plus chaud de la journée, un des glands du Roi Fae, ranimé à l'aide de la magie Herbam, serait planté. Le dernier gland serait planté au solstice d'été, et sera l'occasion d'une grande fête. Treize pions de Virtus Herbam féérique seront nécessaires pour ranimer le cercle de chênes féeriques.
Au solstice d'été, et en présence d'Hybacus, seigneur du Sauvage de la forêt annulaire, et de Syndarion, demi-fae et barde, les Magi réunis autour de la Maga Merinita chanteront pour appeler la Cour de Lumière. Liqueurs, nourriture et champignons féeriques hallucinogènes seront distribués largement lots de la fête. En offrande, le corps d'un des enfants de Grouik, servant de Sylvia, ramené à la vie par la magie féérique de la Maga Merinita, sera déposé aux pieds de la Dryade.
 
Satisfaite de son exposé, Mélisandre de Merinita laissa les autres membres du Conseil intervenir. Orion de Verditius proposa que Luigi Vasco di Firenze se voit confier la mission de produire des potions de stérilité temporaire pour les Magi de l'Alliance. Il ne souhaitait pas voir des bâtards féériques naître au sein du Conseil lors d'une nouvelle orgie féerique. Il proposa par contre que soient distribuées des potions de fertilité aux loups-garous afin que leur nombre augmente et avec lui l'aura magique d'Acqs. 

Estrella de Bonisagus suggéra que soit utilisée l'Église, et notamment le couvent de Sainte-Douceline, afin de faire baisser l'aura féerique de la région. Elle s'attira l'ire de Mélisandre de Merinita, et le conflit oral entre les deux Maga ne cessa pas du Conseil. Gilles de Jerbiton proposa lui qu'une délégation se rende auprès d'Ariel, Princesse de la Cour de Lumière de la forêt de Grand-Père Chêne mais les Magi décidèrent de garder cette solution en dernier recours, craignant de voir deux Cours d'affronter et les tensions s'accroître plutôt que diminuer. 

La discussion dériva sur le cas du Prince Fae Iltor. Tous étaient d'avis qu'il ne laisserait pas son pouvoir s'effriter sans rien faire, et que si un accord pouvait être trouvé avec Doria, il faudrait trouver des mesures plus énergiques contre lui. Orion de Verditius souhaitait que soit expérimenter la possibilité de faire d'un être fée enchaîné une source de Virtus. Considérant cela comme de la torture, Gilles de Jerbiton et Nathanaël de Tytalus s'y opposèrent mais Picard d'Ex Miscellanea rappela que les êtres féeriques n'ont pas d'âme selon l'Ordre. Mélisandre de Merinita rappela au Conseil qu'Iltor les avaient trahis et manipulés à de nombreuses reprises et qu'il méritait son sort. Elle affirma qu'elle préparait les moyens de régler une bonne fois pour toute le problème Iltor en le capturant et en le retenant à l'Alliance. 

Picard d'Ex Miscellanea questionna le Conseil sur l'existence d'une prison dans l'Alliance. Orion de Verditius lui aussi intrigué par l'absence d'au moins une geôle dans une communauté de cette taille, alla chercher le fantôme Uderzo, dernier "survivant" de l'ancienne Calebaïs pour lui demander. L'esprit de l'Archimagus affirma que Malevolus Videri enfermait les rares prisonniers de l'Alliance dans son Sanctum, dans une pièce spécialement adaptée à ses besoins particuliers. Frissonnant, les Magi décidèrent d'installer une pièce aux portes renforcées derrière la salle des gardes en attendant de trouver une solution plus définitive. Mélisandre de Merinita et Estrela de Bonisagus reprirent leur échange peu amène mais Picard d'Ex Miscellanea détourna la dispute sur le cercueil où lui et Nathanaël de Tytalus avaient découvert la thaumaturge. 

Selon elle il s'agissait d'un objet d'étude ; le sarcophage appartenant à Granordon. Il était mort et elle ne comprend pas comment il a pu se servir d'elle pour s'échapper. Picard d'Ex Miscellanea proposa de lever sa Parma Magica pour que Mélisandre de Merinita lise ses souvenirs de l'homme, acquis à l'aide de sa magie, afin d'en recréer une image pour le Conseil. Luc, sculpteur de son état, fut mandé pour réaliser un portrait à l'aide de l'illusion projetée par la Maga. Bien fait de sa personne, grand brun à la barbe fournie, le visage franc et charismatique, il portait une cuirasse de cuir richement décorée et une amulette représentant un soleil. Quelques recherches permirent aux Magi de comprendre qu'il s'agissait du Sol Invictus, un culte très présent au sein des légions romaines. Le Conseil acta que Estrela de Bonisagus, si elle refusait d'étudier plus avant le sarcophage où reposait désormais son zombie de compagnie, mènerait l'expédition qui enquêterait sur cet homme et les moyens magiques qu'il avait employé pour quitter l'Alliance. 

Orion de Verditius énonça une liste d'animaux magiquement actifs apparus ces dernières années à Lacombe et dans les environs et ses projets de les faire se reproduire afin de récolter à terme du Virtus. 

Picard d'Ex Miscellanea suggéra de renforcer l'aura magique de la colline à l'aide de plantes éveillées et se proposa pour partir en quérir dans un Regio de sa connaissance [le Regio où vit le druide Diedne]. 

Mélisandre de Merinita présenta au Conseil une dernière possibilité pour modifier les équilibres féeriques des environs. Dans les premières années de leur présence à Calebaïs, Robin, leur meilleur archer, désormais décédé, avait passé de longues saisons à poursuivre et chasser un grand cerf blanc. Il n'avais jamais réussi à l'abattre mais avait ramené ses bois à l'Alliance, bois encore exposés dans la salle de réception et contenant une magie puissante et du Virtus Rego. Selon elle cette créature pourrait les mener à un puissant être féerique, peut-être même un monarque régnant sur de nombreuses Cours. Elle entraîna les Magi en haut des deux pics dominant le puits afin que les sortilèges Intellego fonctionnent et demanda à Orion de Verditius de se servir des bois comme lien mystique pour découvrir la cachette du cerf. Selon ses dires, il se trouvait non loin du village de Montferrier, Gilles de Jerbiton les informa que le chevalier de Lavelanet, un des vassaux de sa famille, les Mirepoix, arborait comme blason le fameux cerf blanc. 

Une expédition fur organisée avec à sa tête Mélisandre de Merinita. Igack, le draco, Isangarda, sa femme et spécialiste des animaux fantastiques, et Lugi di Firenze, l'herboriste, se joignirent à elle. Il fallut un long moment à ma maitresse pour rassurer Igack mais finalement tout le monde pris place sur son élémental Herbam. La route vers Montferrier fut marquée par les vomissements de Luigi qui ne supporta pas le mode de transport si particulier. Avant d'arriver au couvent de Sainte-Douceline qui marque la fin de l'aire d'influence directe de l'Alliance, la Troupe traversa la forêt de Labat. Des milliers de papillons s'envolaient régulièrement des arbres, les laissant dénudés. Du moins ce fut le récit fait par Dame Mélisandre. Plus prosaïquement Luigi parla d'étranges phénomènes de feuilles s'envolant au vent malgré la saison. 

L'expédition passa plusieurs hameaux sans s'y arrêter, les évitant même: le Sout, Fressenet, le Gabachou [noms à vérifier]. Montferrier était composé de sept fermes, adossées les unes aux autres et comptait une cinquantaine d'habitants. Utilisant sa magie, Mélisandre de Merinita entraîna son élémental vers Frémis, au sud-ouest, suivant la piste mystique laissée par le cerf blanc. La forêt est pentue, sombre, composée majoritairement de conifères. Igack ne cessait de se plaindre du trajet, obligeant ma maitresse à couvrir sa voix grâce à sa magie. Elle n'entendit donc pas le cor de chasse qui résonna, annonçant l'arrivée de chasseurs de la noblesse. A la demande de Luigi, elle écourta son sortilège et conduisit la Troupe vers les bruits. Avant d'y parvenir, tous aperçurent dans les branches d'étranges créatures, des écureuils aux mains d'enfants transportant des pommes de pins. Tous ayant traversé au moins une fois le Voile aux Énigmes de l'Alliance, ils reconnurent des êtres ressemblant étrangement à un des guides de la colline, l'ancien familier de l'Archimaga Drininkeana. Mélisandre de Merinita essaya de leur adresser la parole mais l'un d'eux s'enfuit en laissant tomber son précieux chargement tandis qu'un second tenta de lancer ses pommes sur la Troupe. Igack prit le contrôle de l'animal et lui ordonna de descendre, s'apprêtant à le dévorer. Isangarda stoppa son geste et lui demanda d'ordonner à la créature magique de nous guider jusqu'au cerf blanc. 

La conversation avait couvert l'arrivée des chasseurs. Encerclés, tandis que des cris stridents résonnaient dans les branchages, Luigi se résolut à apostropher les chasseurs avant qu'un geste malheureux ne risque de blesser l'un des membres de la Troupe. Un écuyer s'avança alors à travers bois, se présentant comme Blandin de Lavelanet, fils du chevalier du même nom. Il expliqua chasser avec ses hommes dans un duel amical contre un de ses cousins de Montségur. Luigi présenta ses compagnons et lui-même comme des servants de la Dame Esclarmonde de Blacnastel, cherchant des herbes médicinales pour soulager ses douleurs. Essayant de détourner les chasseurs de la piste du grand cerf blanc, il indiqua au jeune homme avoir aperçu des traces d'un ours plus bas dans la vallée. Un autre chasseur vint rejoindre Blandin. Assez âge, le teint pâle, Meynard de Montferrier est l'écuyer du chevalier de Lavelanet et en charge de la formation du jeune homme. Il questionna Luigi sur la manière dont ils avaient pu parvenir en ces lieux sans chevaux. Punissant son pisteur pour sa négligence, il ne crut pas un mot de la tentative de Mélisandre de Merinita pour détourner la conversation. Il invita Luigi et ses gens à rejoindre la demeure de son seigneur pour le repas du soir, leur offrant l'hospitalité pour la nuit. 

Mélisandre de Merinita, essayant elle aussi de les envoyer sur une fausse piste, utilisa ses pouvoirs pour créer l’illusion d'un brame loin de la piste du cerf. Pris par le temps, elle tenta de rentrer en communication avec le cerf et fut surprise d'entendre la puissante voix de l'être fée résonner dans son esprit. Il lui indiqua la connaître depuis son enfance, et lui donna un indice permettant de trouver sa cache. Grâce à ses pouvoirs et son intelligence hors du commun, ma Dame guida la Troupe jusqu'à un bosquet d'arbres plusieurs fois centenaires. Guidant Isangarda et Igack au sein du Regio, ils s’aperçurent bien vite que au cœur de l'aura féerique les arbres n'en formaient plus qu'un, d'une taille titanesque. Posant sa paume contre son écorce rugueuse, elle entra en contact avec l'esprit millénaire pour lui demander où se dissimulait le grand cerf blanc. A l'intérieur d'une souche de la taille d'un château, une clairière prit forme sous leurs yeux. Les branches étaient emplies de chenilles tissant lentement une toile d'une beauté toute féerique. Dans une grande niche couverte de mousse, le cerf, à la taille d'un lourd cheval de guerre, attendait. 

Mélisandre de Merinita présenta ses hommages au Roi féerique, car il en était un, et présenta sa requête au sujet de la Cour de Lumière de la forêt annulaire. Elle offrit son présent, Igack et ses pouvoirs particuliers, à la créature féerique. Hélas le draco reprit sa forme naturelle et cracha le feu vers le ciel afin de démontrer ses pouvoirs au cerf. Mis en colère par ce qu'il considéra comme une offense, le Roi Fae permit aux branches de l'arbre d'envelopper Igack et de le soulever plusieurs pieds au dessus du sol. Les chenilles débutèrent alors leur travail de tissage autour des branches, débutant la construction d'un cocon d'un blanc laiteux. Tentant de sauver la négociation, Mélisandre de Merinita s'empressa de s'installer auprès du cerf pour lui gratter le museau et les oreilles. D’abord surpris, le cerf se laissa faire de bonne grâce. Il accepta finalement d'écouter la requête de Dame Mélisandre, et lui offrit un passage vers l'Arcadie pour aller chercher Hypion, le conjoint de Sylvia. Selon lui Hypion serait en mesure de reprendre le contrôle des satyres de la forêt annulaire et d'ainsi affaiblir le Prince Iltor en attendant l'été suivant et la tentative des Magi pour faire renaître le cœur de la Cour de Lumière et revenir Sylvia, sa Princesse. Isangarda demanda la libération d'Igack mais son vœu fut refusé par le Roi Fae, qui lui proposa de rester cependant avec son époux. Sans un regard en arrière et sans même prévenir Luigi di Firenze resté à l'extérieur du Regio, Dame Mélisandre suivit le cerf jusqu'en Arcadie.  

Étonné de ne pas voir revenir ses compagnons, Luigi finit de son côté par rejoindre le lieu de rendez-vous convenu avec les chasseurs, cherchant à trouver l'excuse la plus probable à l'absence de ses gens. L'écuyer Meynard ordonna au jeune Blandin d'offrir à l'herboriste sa monture mais le futur chevalier se rebiffa, l'invitant à le faire à sa place. Luigi se contenta de flatter leur ego à tour de rôle, les accompagnant en marchant jusqu'à Lavelanet. Le village disposait d'une rudimentaire fortification de pierre surmontée d'une palissade de bois. Devant l'église, le dernier membre de l'Alliance prit le temps de s'agenouiller et de réciter une brève prière, sans nul doute pour écarter tout soupçon. Il croisa le Père Angelo, un de ses compatriotes originaire de Turin, jadis au service de l'évêque de Carcassonne et remercié de ses années de travail par la cure de Saint Jean d'Aygues-Vives, à une demi-heure de marche. Invité au château par le chevalier, il se joignit aux chasseurs.
 

Le donjon était une grosse tour carrée, sans grâce, protégée par une herse. On y accédait par une échelle étroite. Passant du rez-de-chaussée au premier étage, Luigi y découvrit une grande pièce simple, à la grande cheminée éteinte, où les serviteurs commençaient à dresser la table. Il croisa Bruninanda, la nourrice de la plus jeune fille de la famille, Clarissa, que Blandin s'empressa d'embrasser. Meynard salua de son côté Octavian, l'intendant du domaine, un robuste jeune homme auquel il remit les résultats de leur chasse infructueuse, quelques perdrix et lapins.Le reste de la maisonnée entra peu à peu dans la salle alors que la table finissait d'être dressée. Dame Isabault de Lavelanet, fille du seigneur de Montségur, était une belle femme bien plus jeune que son époux. D'après les rumeurs, c'était une séductrice qui avait elle-même arrangée son mariage et n'était pas la plus fidèle des épouses. Sa fille aînée, Larasina, aussi belle que sa mère, était elle bien plus proche de l'Eglise et du Père Angelo, passant son temps à triturer une croix portée en sautoir. Le dernier à venir saluer Luigi fut son hôte. Le chevalier Oton de Lavelanet était un homme d'âge mur, imposant. Il prit place immédiatement entre Luigi et sa femme, dissimulant celle-ci au regard de son hôte. Il engagea la conversation sur Blancastel et les voyages de Luigi à travers la région. Il demanda par la suite au prêtre d'honorer la Saint-Jean d'un discours, mais ce fut sa fille qui développa un long monologue de près d'une heure sur le saint homme. 

Tout au long du repas la discussion revenait insidieusement sur les derniers événements du Comté, de la croisade contre la maison de Pamiers aux plus récents troubles à Tarascon. Luigi fit de son mieux pour calmer soupçons et susceptibilité, prenant le temps d'observer les nombreux trophées de chasse aux murs. Malgré leur état de conversation déplorable, il reconnut de nombreux animaux magiques ou féeriques parmi les têtes suspendues: ours-hibou, hippogriffe, griffon, cerf colossal, draco, taureau, licorne noire... Il proposa au chevalier d'utiliser ses talents pour restaurer les pièces en restant quelques jours au château. Oton de Lavelanet accepta après avoir reçu l'assurance que son intendant ne quitterait pas Luigi des yeux, jetant fréquemment des regards en direction de sa femme. Le repas se termina sur la préparation de la chasse du lendemain, nouvelle chance pour le jeune Blandin, très superstitieux, de s'illustrer en abattant le majestueux cerf blanc emblème de sa maison.Le Père Angzlo insista longuement sur la nécessité de se débarrasser de ce symbole païen, et éloigner ainsi la maisonnée de toute résurgence de culte démoniaque selon lui. 

Luigi se réveilla au milieu de la nuit, en sueur, se souvenant de sa fuite loin de l'Italie. Il se lava le visage et décida de faire quelques pas dans le village pour se changer les idées. Il croisa le prêtre, la fille du chevalier et quelques  villageois se rendant à l'église pour les matines. Alors qu'il observait la forêt, il distingua devant lui un halo de lumière au-dessus du point d'eau. Haussant les épaules, il se détourna et retourna se promener, saluant les villageois qu'il connaissait de ses nombreuses visites comme herboriste et guérisseur. 

A l'aube, Gilles de Jerbiton, inquiet de ne pas voir revenir la troupe et de n'avoir aucune nouvelle, essaya de contacter Dame Mélisandre. Sans réponse, il s'enquit auprès de Luigi qai lui raconta la disparition de la Maga et de ses compagnons, ainsi que les aléas politiques de Lavelanet. Craignant un nouveau faux pas alors que les souvenirs de Tarascon étaient encore frais dans les mémoires, il se décida à le rejoindre. Au château la chasse débuta à peine le soleil levé, et gagne rapidement de l'altitude. Le premier arrêt autour d'un feu et de quelque gibier à la broche vit apparaitre trois hommes de Montségur: un paysan, un forestier et un simple d'esprit. Ils se présentèrent à Oton au nom de son cousin, pas plus avancé que Blandin dans sa chasse. Le chevalier offrit alors à ses gens une forte récompense au premier qui débusquerait le cerf blanc. 

Gilles de Jerbiton, utilisant sa monture aux fers magiques, ne mit que quelques heures à faire le trajet jusqu'à Lavelanet, puis jusqu'aux chasseurs grâce aux indications de serviteurs restés au château. Pendant ce temps la troupe des chasseurs retrouva la piste du cerf, ce qui revigora la poursuite. Un bruit de galop poussa tout le monde à couvert et au silence, à l'exception de Luigi qui essaya plus ou moins discrètement de prévenir la créature de la présence des hommes de Lavelanet. Il ne s'agissait que du Magus, qui fut accueilli assez froidement par Oton, obligeant le thaumaturge à user de ses pouvoirs pour être accepté avec empressement parmi l'équipée. 

Peu après un des éclaireurs signala la présence du cerf. Au détour d'un sentier, l'immense seigneur de la forêt apparut dans la lumière du jour déclinante. Gilles de Jerbiton fut subjugué par le pouvoir et la puissance de la créature, au point de presque en oublier la raison de sa présence. Se reprenant, il utilisa sa magie pour forcer un des forestiers à se blesser gravement, entraînant dans sa chute le jeune Blandin et sa monture. Pendant que tous s'occupaient des blessés et notamment du jeune noble, ils sentirent autour d'eux une étrange présence. Le cerf, dans le plus grand silence, s'était approché des chasseurs et vaquait au milieu d'eux, sans crainte, se dirigeant vers Blandin. Gilles de Jerbiton le salua au nom de sa famille et plus discrètement au nom de l'Alliance, tandis que le jeune homme éberlué caressait le large museau de l'animal. Une vive lumière éblouit alors l'assemblée, et tous se regardèrent, craignant d'avoir rêvé. Le soleil se coucha à cet instant dans un dernier assaut orangé. 

Luigi fut le premier à distinguer des traces de sang au sol ne correspondant pas aux blessés. Et plus étonnant encore à se rendre compte que la blessure de Blandin avait disparu comme par magie. Pour Gilles de Jerbiton alerté par son compagnon l'humeur au sol était de couleur bleue. Un des hommes de Montségur, le soit disant paysan, tentait de dissimuler une dague. Après une brève discussion avec Luigi, il lui remit l'arme, demandant à ce qu'elle soit remise au jeune seigneur. Gilles de Jerbiton essaya de pénétrer dans l'esprit de l'homme, mais en fut empêché par une puissante magie. Intrigué plus qu'inquiet, il se décida à observer le servant de la famille Montségur et à enquêter plus avant de retour à Lavelanet. Le blessé, le crâne enfoncé par un coup de sabot, était moribond et nécessitait la plus grande prudence dans son transport. Grâce aux efforts de Luigi, il résista au voyage retour jusqu'au château où il fut confortablement installé pour tenter de se remettre. L'homme à la dague, quant à lui, avait disparu! 

Le Magus, tentant de reconstituer les événements, comprit que le prétendu paysan avait quitté la troupe alors qu'elle quittait la forêt féerique pour gagner une aura divine. Il s'agissait sans nul doute d'une créature féerique, et d'une forte puissance pour résister à ses sortilèges. Seul Iltor semblait en capacité de mener une telle attaque contre son roi et le plus grand danger contre son pouvoir naissant. Tandis que tout l'entourage d'Oton et de Blandin fêtait l'événement, Gilles de Jerbiton et Luigi étudièrent la lame. La garde en bronze se terminait par une fine lame de fer couverte d'une substance naturelle mais extrêmement virulente, un poison mortel. Grâce au lien mystique issu du sang, le Magus se décida à affronter son serment de ne plus s'aventurer au cœur d'une forêt féerique, et se rendit dans les profondeurs du Regio. Il arriva devant l'immense clairière sise dans une souche de la taille d'une cathédrale, sous un ciel étoilé magnifique. Au-dessus de lui les branches ondulaient comme des serpents, tandis qu'un monticule de mousse surmonté de bois géant tremblait au centre de la trouée. 

Le Magus tenta de lui parler, et de lui proposer son aide, expliquant les agissements d'Iltor et la possibilité pour l'Alliance de guérir ses maux. Alors qu'il s'avançait toujours plus prêt du roi blessé à mort, le sol se mit à grouiller et des milliers de feuilles tourbillonnèrent, créant un bouclier impénétrable lui dissimulant l'être féérique. Le cerf, ou plutôt sa forme spectrale, bleutée, apparut au dessus du monticule, répétant inlassablement que seule Ariel pouvait le sauver. Tout autour de Gilles les branches, le sol et les milliers d'esprits féériques heurtés dans leur chair par la douleur de leur seigneur s'agitaient. Apeuré, terrifié même d'être à nouveau victime de la féérie, le Magus essaya de contacter Dame Mélisandre, mais ses efforts furent pire que vains. Sa magie l’aspira à travers le portail menant en Arcadie, pœcile verdoyant ouvert en ce lendemain de solstice. 

Le monde des Fae apparut comme un vrai cauchemar à Gilles de Jerbiton, qui eut le plus grand mal à se concentrer pour contacter la Princesse Fée dont ses derniers souvenirs remontaient à l'épreuve de son Gant. Se concentrant sur la voix de l'être aux ailes moirées, il expliqua la raison de sa venue et Ariel accepta de le suivre auprès de Frémis, son roi, afin de le guérir. Elle écouta attentivement le thaumaturge et souscrivit à la proposition de Gilles de venir pendant un an avec sa Cour dans la forêt annulaire pour circonscrire le pouvoir d'Iltor. Ariel réussit à soigner le cerf, mais le Magus n'eut qu'une brève vision de la créature au faîte de sa puissance, avant d'être expulsé du Regio et de se réveiller au petit matin au pied d'un arbre. 

Ma Maitresse, de son côté, revint sans se douter nullement des derniers événements dans la clairière désertée par le Roi Fae Frémis, accompagnée d'Hippion, le centaure compagnon de la Princesse Sylvia. Elle fut emplie de joie de retrouver Ariel, et ses jeunes années à jamais perdue, qui lui demanda de retrouver la trace d'une Maga de ses amies, Églantine de Merinita. Elle guida les deux puissants êtres fées jusqu'à la forêt annulaire, et leur promit de tout faire pour les aider dans leur mission. Hippion, charmé par la bonne volonté de Dame Mélisandre, lui apprit que la laboratoire de Drininkeana, l'Archimaga disparue, était accessible à qui le cherchait et l'encouragea en ce sens. 

A Lavelanet, comme promis au chevalier, Luigi Vasco di Firenze passa une semaine à restaurer les trophées de la famille. La femme d'Oton, disparue pendant trois jours, réapparut sans explication, créant une dispute familiale d'ampleur qu'il fit de son mieux pour éviter. A l'instigation de Gilles de Jerbiton, Orion de Verditius vint au château étudier les têtes et leur pouvoir. Il expliqua aux Magi que comme la tête de cerf exposée dans la salle à manger de l'Alliance, elles agissaient sur le comportement des membres de la famille. Il fut établi que les restes ayant une influence néfaste seraient ponctionnés de leur magie, afin de faciliter les rapports entre Calebaïs et la maisnie de Lavelanet. Ainsi la licorne noire, qui renforçait les pulsions destructrices, et le taureau de Camargue, celles liées à la sexualité, furent vidées de leur Virtus. Le Draco, signe de spontanéité, le cerf, d'ordre, l'hippogriffe, l'aventure, et l'ours-hibou, le changement, semblèrent être positifs et restèrent donc en place.
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Thibor
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Re: [CR] Ars Magica 3eED (campagne et blog complet)

Message par Thibor »

Une partie à deux joueurs, avec deux personnages compagnons, pour introduire un nouveau joueur qui rejoint notre campagne:
 
De l'arrivée d'un nouveau loup-garou à l'Alliance (printemps 1167):

Depuis cinq ans le chevalier bogomile Radoslav d'Acqs était en charge de la sécurité de Tarascon (voir scénario). Le Comte de Foix, son suzerain et celui de la cité, satisfait de son œuvre, ne semblait pas prêt à nommer un nouveau capitaine des gardes et le compagnon de l'Alliance vivait à cheval entre ses terres et la ville commerçante. Il fut convoqué au printemps par le premier Consul pour donner son avis sur le projet d’agrandissement des portes et la plantation de châtaigniers visant à renforcer l'autonomie alimentaire. Calebaïs faisait des émules.

Invitant le magistrat à se rendre en son fief, afin de renforcer les liens entre Acqs et Tarascon, il le soutint dans ses desseins, proposant de faire venir quelques hommes de sa seigneurie pour encadrer les travaux ainsi qu'un architecte de sa connaissance originaire de la cité.

Le lendemain matin l'austère chevalier se décida à accompagner les premières expéditions dans les forêts des environs pour découvrir où implanter les châtaigniers. A la porte il croisa un colosse, qui l'interpella, lui demandant si le conseil des consuls versait une récompense à celui qui ramènerait la peau du prédateur responsable de la mort des fermiers des environs. Radoslav ne put s'empêcher de passer sa colère sur ses gardes, qui avaient omis de venir l'avertir au matin du massacre d'une famille à quelques lieues de la ville.

Il interrogea pendant ce temps le titan, qui lui affirma être un orphelin originaire de Pamiers. Inquiet que ce dernier ne fut jadis corrompu par les suzerains des lieux, il envoya un message à Calebaïs pour qu'un Magus vienne s'assurer qu'il ne représentait pas un danger pour l'Alliance et ses environs. Préférant le garder à l’œil en attendant, il se rendit à la ferme à ses côtés, lui promettant une récompense et une possible promesse de travail dans la garde suivant son efficacité.

Arrivés sur les lieux, ils découvrirent une porte enfoncée. A l'intérieur, trois corps, un homme et deux femmes, en partie dévorés, des morceaux entiers manquants à l'appel. Fouillant les lieux ils pistèrent des traces d'ours s'éloignant vers la forêt, à la suite de pas semblant fuir. Quelques centaines de pas plus loin ils aperçurent le corps sans vie d'une femme tentant malgré la mort de protéger des langes sanglants. Continuant à progresser dans les bois, ils perdirent la piste au pied d'un arbre, ne découvrant que quelques plumes dans les plus basses branches.

Intrigués, ils revinrent à Tarascon pour s'équiper plus avant. Un autre message fut envoyé à Calebaïs, décrivant la scène et les éléments rassemblés, notamment une plume. Quelques heures plus tard une carte des environs ornée d'une croix, transportée par Eule, le familier d'Orion de Verditius, permit au seigneur d'Acqs de préparer au mieux la traque. Il décida d'attendre le lendemain et l'arrivée de ses hommes, notamment pour surveiller le géant. Bernart de son prénom ne sembla pas se rendre compte tout au long du trajet qu'un des sergents ne le quittait pas des yeux, mais peu à peu ses questions inquisitrices éveillèrent sa méfiance. Lourdement équipés de cordes, de pièges à ours, d'un filet, ils parvinrent sans difficulté au pied d'une aiguille rocheuse.

Eule, parti en éclaireur, informa Radoslav de la présence d'une grotte au sommet, habitée. Se préparant au mieux à tendre un piège à la créature, ils furent surpris de voir non pas une, mais deux bêtes monstrueuses se jeter sur eux. C'étaient des monstres étranges, des ours d'une taille phénoménale dotés d'ailes de hiboux et de becs acérés! Ce furent finalement un mâle et une femelle, ainsi que six œufs qui prirent la direction de Calebaïs avec l'aide du Magus de Verditius. 

L'interrogatoire de Bernart se poursuivit, et finalement le chevalier acquit la certitude que du sang de métamorphe courrait dans ses veines. Il décida de l'amener jusqu'à Acqs pour qu'il y rencontre Tederic et les autres anciens de la tribu. Sous forme lupine, certains portant leur apparence de combat, peu à peu, encerclèrent le colosse et son guide. Une longue conversation s'engagea avec les anciens, ce qui permit au jeune loup-garou de comprendre peu à peu qu'il était plus qu'humain. Il fallut néanmoins à Radoslav l’agresser et le blesser pour que le sang ancien coulant dans ses veines ne se réveille. Dans un cri de rage et de douleur, il revêtit enfin sa véritable peau. Radoslav et les anciens, satisfaits, décidèrent de l'inviter à rester quelques temps dans les environs d'Acqs afin d'en apprendre plus sur son passé et sa véritable nature.
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Thibor
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Re: [CR] Ars Magica 3eED (campagne et blog complet)

Message par Thibor »

Trois joueurs ont été concernés (trois mages joués: Mélisandre, Nathanaël, Picard + un compagnon, Luigi) par ce scénario même s'il est possible que notre joueur en visio n'est fait qu'une séance sur les deux nécessaires à conclure le scénario. La dernière partie s'est jouée à moitié en meta-jeu pour conclure le scénario.

D'une étude mystique à une possession vampirique (automne 1167):
 
L'équinoxe d'automne était arrivée sur la région, apportant son lot d'orages et de pluies torrentielles. A Tarascon se tenait la dernière grande foire de l'année, et pour la première fois l'Alliance disposait d'une échoppe qui si elle n'était pas bénéficiaire, permettait de garder un œil sur la plus importante ville marchande dans la zone d'influence de Calebaïs. Les aller-retours plus nombreux avec la cité animent la Turbula, qui arrive à se plaindre que modérément des éléments, au grand soulagement des Magi qui ont encore de nombreux travaux à mener pour améliorer la vie de leurs gens dans le puits froid et humide.
 
Ce fut lors d'une nuit sans lune, le ciel couvert d'épais nuages ténébreux déversant leur fluide fardeau depuis des heures, que la Cloche d'Ibyn retentit. Immédiatement, défenseurs humains et Furetons se mirent à s'agiter tandis que certains Magi se hâtaient de découvrir l'origine du danger. Picard d'Ex-Misceallanea, absent pour ses recherches et études, ne pouvait utiliser ses talents élémentaires au profit de l'Alliance, aussi ce fut ma Maitresse, prenant son apparence lupine, qui sortit sur la Colline du Voile aux Illusions pour découvrir si le danger venait de la forêt. A l'intérieur, Orion de Verditius parcourait les différents niveaux de l'Alliance, tandis que Nathanaël de Tytalus, Estrella de Bonisagus et Gilles de Jerbiton restaient invisibles.
 
Geraldus, le plus jeune des héros Furetons dans la hiérarchie de la tribu, mena une troupe d'une demi-douzaine de ses congénères, d'abord dans les cuisines et celliers, afin de s'assurer de la capacité de l'Alliance à subir un siège. Rassuré, il entraîna les siens vers les quartiers des jeunes, l'avenir de son peuple, avant de les faire sortir pour vérifier l'extérieur et notamment les autres espèces animales, magiques ou non qui peuplaient Calebaïs. Ils aperçurent un grand brasier au loin, ne comprenant pas immédiatement qu'il s'agissait d'un des feux d'alarme des défenses extérieures, prévenant les différents postes de garde de l'alerte. 
 
Géraldus fut rejoint par Dame Mélisandre, qui, insigne honneur pour ceux de sa race, lui permit de monter sur son dos et de conforter son statut au sein de la tribu. Orion de Verditius avait gagné le faîte du puits pour communiquer avec ma Maitresse, et lui indiquer que tout était en ordre dans les niveaux inférieurs. Elle l'invita à trouver Estrella de Bonisagus, ne souhaitant pas provoquer plus avant la Maga, tandis qu'elle réveillerait Nathanaël de Tytalus et Gilles de Jerbiton, toujours aux abonnés absents. Reprenant forme humaine, et escortée par Géraldus et une poignée de ses enfants, elle ne put découvrir où se cachait le Tytalus, mais sembla réveiller Gilles d'un sommeil profond. 
 
Ce dernier ne semblait pas avoir entendu la cloche, et Dame Mélisandre dut parlementer avec lui pour que Géraldus pénètre dans le Sanctum, le Magus refusant catégoriquement qu'elle n'y pénètre, arguant des dégâts causés dans celui d'Estrella de Bonisagus. Haussait les épaules, ma Maitresse laissa le Fureton vérifier le Laboratoire sous l’œil torve de Gilles. En ressortant, Géraldus eut une réaction étonnante, accusant le Magus d'avoir mangé son serviteur, Alfred, avec une sauce aux fleurs! Le quiproquo finit par une dispute entre lui et Dame Mélisandre quand cette dernière comprit que le réveil difficile de Gilles était du à une ingestion trop importante d'eau de vie féerique. Boudant de ne pas avoir été invitée, elle planta là Furetons et thaumaturge pour aller maugréer contre les traitrises d'amis d'enfance dans son Laboratoire. Hélas ma Maitresse ne put ignorer bien longtemps la vie de l'Alliance ; au matin, le corps exsangue d'un des enfants de la Turbula, Michel, fut retrouvé à l'extérieur du puits. A l'aide du lien mystique qu'Orion de Verditius conservait avec tous les habitants de Calebaïs, le Magus mena en effet une enquête sur la disparition d'un des fils des cuisiniers, disparu pendant la cohue de la veille. Vérifiant leurs notes quant à la cloche d'Ibyn, les Magi comprirent que l'artefact avait sonné pour annoncer la mort d'un des membres de l'Alliance, et non pour signaler une intrusion. Le fait était d'une gravité sans précédent, car soit le meurtrier était l'un des habitants, soit il avait réussi à passer les défenses de l'Alliance sans les déclencher. Rassemblés autour du corps, les Magi découvrirent sans peine une piste quittant le puits et indiquant un homme portant un fardeau. La magie permit d'en apprendre plus, grâce au retour de Picard d'Ex-Misceallenea, qui mit ses talents au service du Conseil. Il apprit à ses compagnons, en visionnant le passé, que Gros-Tom, le cuisinier, le propre père de l'enfant, avait conduit son fils mort jusqu'ici, le déposant avant de retourner dans l'Alliance. Fouillant son esprit, Orion de Verditius confirma sans mal que le chef des cuisines n'avait aucun souvenir de son geste, tout ayant été effacé de sa mémoire. Picard d'Ex-Misceallenea demanda la présence d'Estrella de Bonisagus, spécialiste des arts nécromantiques, qui daigna quitter son Sanctum et se joindre à ses confrères. Les parents du jeune mort, hystériques, se jetèrent aux pieds de la Maga pour la supplier de ramener leur enfant à la vie, essuyant un refus ennuyé. Selon elle seul un miracle pouvait ramener un être à la vie. Ils auscultèrent le corps, ne découvrant nulle trace de blessure mais confirmant qu'il avait été vidé de son sang. Le Flamen protégea le cadavre en l'entourant dans une gangue de glace, tandis qu'il était décidé de rappeler l'esprit de Michel pour le questionner sur ses derniers instants. Le pauvre fantôme ne se souvenait de rien, si ce n'était de s'être levé dans la nuit pour se libérer d'un besoin naturel. Il n'avait aucun souvenir de s'être recouché. Utilisant leurs plus puissants sortilèges, les Magi se rendirent compte que le corps avait été modifié magiquement ; les blessures avaient été refermées grâce à une magie non hermétique. Boaz, le forgeron, capable de distinguer l’œuvre du Malin, fut convié afin de vérifier si un serviteur du Diable ne s'attaquait pas une nouvelle fois à Calebaïs mais il affirma que les blessures n'étaient pas d'origine démoniaque. Poursuivant leur enquête, les Magi découvrirent que le père avait quitté le puits avec le corps de son fils près de deux heures après sa mort, et sans éveiller les soupçons des gardes. Leur esprit révéla une manipulation mentale qui les avaient poussé à regarder ailleurs et à ne pas poser de question. Les événements, très semblables à la fuite hors de l'Alliance du prisonnier du sarcophage, inquiéta au plus haut point le Conseil, qui se réunit de manière extraordinaire en toute urgence. A la demande de Dame Mélisandre, les Furetons fouillèrent le puits de fond en comble à la recherche de toute odeur sortant de l'ordinaire mais ils revinrent bredouilles. Estrella de Bonisagus avoua avoir des souvenirs contradictoires de la période où elle étudiait le sarcophage et tous comprirent avec effroi que l'esprit de la Maga avait été manipulé comme un simple sodales. Effrayés par leurs découvertes, le Conseil se rendit là où était conservé le sarcophage, pour découvrir ce dernier vide. Le zombie d'Estrella de Bonisagus n'y était plus! Les pouvoirs d'Orion de Verditius et de Picard d'Ex-Misceallenea permirent de comprendre qu'il avait été réduit en cendres au moment où la cloche d'Ibyn avait sonné. Le sarcophage, quant à lui, ne contenait plus aucune magie. Ils descendirent alors dans les catacombes, et constatèrent terrifiés que les systèmes de défense de l'Alliance, et notamment les squelettes et la statue draconique, étaient liés au sarcophage ou à son contenu, et se trouvaient désormais inactifs. Bien que les enchantements fussent toujours présents, ils ne fonctionnaient plus! Les Magi décidèrent d’informer leurs alliés et obligés du danger. Ainsi des courriers partirent pour les domaines de Blancastel, d’Acqs, de Pamiers, la cité de Tarascon, le couvent de Sainte-Douceline et l’Alliance de Val Negra. Le Conseil s’employa également à interroger toutes les puissances magiques et féériques de leur connaissance, espérant ainsi dresser le portrait des capacités de la créature. Le grand dragon Sigusen leur expliqua qu’il s’agissait d’une antique malédiction lorsqu’ils décrivirent les traces de crocs. Maudites, les créatures qui en sont victimes sont vulnérables à la lumière du soleil mais deviennent insensibles à la vieillesse. Elles sont dès lors victimes de leur soif de sang humain et de pouvoir. Les loups-garous d’Acqs abondèrent en ce sens, crachant l’anathème sur l’être qui leur interdit l’accès à Tarascon, interdit encore actif à ce jour. Ce fut de Val Negra que vinrent les plus nombreuses informations, et notamment le nom de vampire. Selon les cacochymes sorciers, il existe chez ces créatures différentes maisons, comme pour l’Ordre d’Hermès, aux centres d’intérêt et objectifs différents. Elles descendraient toutes d’un personnage biblique, Caïn, premier fils d’Adam et Eve, et posséderaient des pouvoirs magiques considérables. Ayant déjà connus le Crépuscule, ils ne pourraient devenir des fantômes quand ils meurent définitivement. Armés de ces renseignements, les Magi tentèrent une nouvelle fois d’explorer l’Alliance pour comprendre le rôle de ce vampire dans les événements. Nathanaël de Tytalus interrogea l’esprit du dragon mort enchaîné dans le puits. Il n’était pas conditionné pour défendre les lieux, comme le croyaient les habitants, mais pour protéger Léosthène, la créature qui reposait dans le sarcophage. Habile stratagème de l’Archimaga Granordon, qui avait entreposé le corps dans un sarcophage au plus prêt de la caverne des araignées, afin que le vampire puisse absorber le Virtus et ainsi survivre malgré sa captivité loin de toute source de sang humain. Mélisandre de Merinita tenta de son côté de tendre un piège au vampire, en se rendant invisible pour parcourir l’Alliance après avoir placé des groupes de Furetons de garde à tous les étages. Malheureusement toutes ces précautions ne protégèrent pas Albert, le majordome de Gilles de Jerbiton, qui fut retrouvé exsangue dans le sarcophage, sans que nul n’eut rien vu. Les accusations incessantes de ma Maîtresse contre Estrella de Bonisagus entraînèrent son départ pour la Rhune, lourdement chargée d’ouvrages et de parchemins. Nathanaël de Tytalus reconnut alors qu’il soupçonnait le vampire de se dissimuler dans le laboratoire ou le Sanctum de la Maga, mais que rien ne permettait de le prouver. Des équipes de Furetons encerclèrent les lieux, tandis que Dame Mélisandre s’assurait que les lieux étaient bien vides. Seul un minuscule réduit, dissimulé derrière un mur des catacombes, fut découvert. Par quelque stratagème peu glorieux, Mélisandre de Merinita et Nathanaël de Tytalus pénétrèrent dans les quartiers de Gilles de Jerbiton, redoutant que la créature ne manipule le maître de sa dernière victime. De très nombreux objets et documents sur les romains parsemaient les tables du laboratoire où trônait un lourd plastron de centurion, découvert des années auparavant lors d’une expédition en forêt noire. Dame Mélisandre entreprit de porter l’armure, mais si elle ressentit une sensation étrange, ne put que constater son innocuité. Ils se résolurent à interroger plus avant leur ami sur ses expériences sur la cuirasse, soupçonnant son rôle dans les dernières vicissitudes de l’Alliance. Gilles de Jerbiton se moqua d’eux, mais lorsqu’il entreprit de porter le plastron pour dissiper leurs derniers doutes, ma Maitresse ressentit l’activation d’un puissant sort Rego Mentem. Nathanaël de Tytalus parvint à faire retirer l’armure à son compagnon, ce qu’attendait en trépignant d’impatience la fantasque demi-fae. Elle s’empara alors de la cuirasse d’un geste brusque et activa ses pouvoirs pour disparaître, quittant la pièce à toute vitesse. Elle commença par se dissimuler dans son Sanctum, espérant cacher l’armure dans les illusions pour quelques temps, mais des Furetons effrayés l’avertirent que les choses s’envenimaient dans les profondeurs du puits. Gilles de Jerbiton, comme possédé, utilisaient ses pouvoirs pour prendre le contrôle des soldats et servants de l’Alliance et menaçait de faire un sort pire que la mort à quiconque ne lui rendrait pas son bien. Recommandant à ses enfants de regagner leurs terriers et de s’y cloîtrer, elle fut rejointe par Nathanaël de Tytalus et Orion de Verditius et ils décidèrent de rejoindre le grand dragon Sigusen afin que ce dernier brise le pouvoir de l’objet et libère leur compagnon. Sigusen étudia l'objet maudit, expliquant aux Magi qu'il servait de prison à un fantôme vampirique vieux de plusieurs siècles et capable de posséder celui qui porterait l'armure. Les puissants enchantements protégeant le repère du dragon avait rompu la possession et Gilles de Jerbiton était de nouveau libre. Soulagé, le Conseil décida de laisser la cuirasse à la garde du dragon afin de limiter les risques.
Notes de Nathanaël de Tytalus :
 
Au printemps 1168, le Comte de Foix donne réponse à la missive qui lui avait été envoyée au sujet de celui qui s'était échappé du sarcophage enterré dans les profondeurs des catacombes de l’Alliance.
 
Il convoque Gilles de Jerbiton, auteur de ladite lettre, lequel se rend donc à Foix accompagné de Picard d'Ex-Misceallena et moi-même. Là nous découvrons qu'il s'appelle Léon de Niaux et qu'il est devenu le conseiller particulier du Comte sans la consultation de qui il ne prend plus aucune décision importante.
 
Au cours de l'entretien avec Léosthène, il apparait comme quelqu'un sûr de lui, pédant et manipulateur. Il assure toutefois que ses desseins sont nobles et qu'il vise uniquement la protection de son domaine, qu'il définit comme le Comté de Foix, ... rien que ça ! Ce domaine lui aurait jadis appartenu et il l'aurait défendu face aux assaillant, barbares, maures, ... Ce vampire, car il en est un, voue une haine viscérale aux loups garous. J'en ferais les frais suite à un trait d'esprit qui déplut au buveur de sang. 
 
Cet être surnaturel possède une force magique considérable, en particulier dans les sphères qui touchent à l'esprit. Gilles s'est d'ailleurs montré incapable de lui faire face dans ce domaine alors que c'est pourtant sa spécialité.
 
Léosthène exige le retour de ses biens, possessions qui lui ont été dérobées à Tarascon où reposait initialement son sarcophage. Il a ensuite menacé de se venger des détenteurs de ses effets s'ils ne lui étaient pas restitués.
 
Picard lui a fait goûter son sang ... avant de longuement discuter avec lui au sujet de la mort, de la non-vie et surtout des anciennes religions, celles qu'ont croyait éteintes et celles qui grandissent dans l'ombre. Le vampire, s'est montré particulièrement intéressé lorsque Picard évoqua la venue du Patriarche cathare de Constantinople en Occitanie, qu'il ne semble pas spécialement porter dans son cœur. Vestige d'un temps révolu, Léosthène semble avoir du mal à accepter la situation actuelle et désire remettre les choses en place. Comprendre ici : reprendre le pouvoir qui était le sien avant son long sommeil (depuis environ l'an 750).
 
Léosthène s'est ensuite entretenu avec Gilles à qui il a révélé les secrets du monde des vampires et ses imbrications politiques, religieuses et militaires.
 
Après étude de ses possessions, les Magi décident de lui restituer celles qui ne sont pas ouvertes à l'enchantement, et de conserver les 3 qui le sont. Ont été rendus:
-un bracelet (enchantement mineur dissipé) fabriqué en pierres de lune polies, en bon état, magie résiduelle mais aucune capacité. (origine: crypte sous le donjon de Tarascon)
-une coupe (enchantement mineur dissipé) fabriquée dans un crâne de loup-garou, ornée de motifs lupins, en bon état, magie résiduelle mais aucune capacité. (origine: crypte sous le donjon de Tarascon)
-un aspis, bouclier grec de type écu (enchantement mineur dissipé) fabriqué en cuir de loup-garou, orné d'un motif géométrique, en bon état, magie résiduelle mais aucune capacité. (origine: crypte sous le donjon de Tarascon)
-un espadon (enchantement mineur dissipé) fabriquée en fer, le pommeau est serti d'une hématite, en bon état, magie résiduelle mais aucune capacité. (origine: crypte sous le donjon de Tarascon)
-un fléau d'armes (enchantement mineur dissipé) fabriquée en argent, en bon état, magie résiduelle mais aucune capacité. (origine: crypte sous le donjon de Tarascon)
 
Ont été conservés:
-un fétiche loup-garou (enchantement majeur dissipé), fabriqué en plumes, griffes, crocs, gemmes liés à un bâton noueux, ouvert à l'enchantement avec 100 pions de Virtus Virtum ! (origine: crypte sous le donjon de Tarascon)
-une vouge (enchantement majeur dissipé) fabriquée en argent, ouvert à l'enchantement avec 32 pions de Virtus Virtum ! (origine: crypte sous le donjon de Tarascon)
-un miroir (enchantement majeur dissipé) fabriqué en verre de 6 pieds de haut sur 3 de large, avec un cadre d'argent, ouvert à l'enchantement avec 50 pions de Virtus Virtum! (origine: crypte sous le donjon de Tarascon)
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Thibor
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Re: [CR] Ars Magica 3eED (campagne et blog complet)

Message par Thibor »

L'équipe est désormais au grand complet avec quatre joueurs qui se partagent chacun un mage et un compagnon, et dans de rares cas d'autres personnages de l'Alliance. Les duos:
Nathanaël de Tytalus & Spyridon, un barde semi-fae
Mélisandre de Merinita & Radoslav, un chevalier bogomile devenu seigneur et PNJ, bientôt remplacé par un capitaine mercenaire
Picard d'Ex-Misceallena & Luigi di Firenze, alchimiste rationnel
Gilles de Jerbiton (repris par un nouveau joueur) & Bernart, un loup-garou colossal


De la vassalisation de pirates camarguais à l'édification de marais salants (printemps 1168):
 
Au printemps de l'an 1168, en un beau jour du mois de mai, une partie des Magi et des Flamen de l'Alliance se retrouvèrent autour d'un bon repas concocté par Geraldus, le cuisinier Fureton. Le festin fut en partie gâché par Nathanaël de Tytalus, comme à son habitude, lorsqu'il provoqua ma Maitresse en lui mentant éhontément sur la mort de son père, d'après lui mort des mains de l’Église en pleine mer. N'écoutant que son courage et son amour filial, Dame Mélisandre partit pour Mirepoix et la forêt de Boisétoile pour interroger un prêtre de la paroisse. Elle y apprit que son père avait rejoint les esprits de ses ancêtres cinq ans auparavant, de vieillesse. Courroucée, elle rentra à Calebaïs en jurant de faire payer ses mensonges au Magus.
 
Pendant ce temps dans la salle à manger de l'Alliance, la Troupe décida de partir pour la Camargue afin d'y acquérir par un moyen quelconque des marais salants, ressource importe s'il en est, et manquant cruellement à la Nouvelle-Calebaïs. Picard d'Ex-Miscellanea, furibond à cause des problèmes à répétition causé par les êtres invisibles à travers les différents niveaux du puits, menaça de geler jusqu'à la mort quiconque se dissimulerait de la sorte en sa présence. Orion de Verditius détourna l'ire du sorcier en orientant la conversation sur la constitution de l'expédition. Les deux Magi suscités et leur servant respectif, Gloïn et Boaz, accompagnés de Mélisandre de Merinita et trois de ses Furetons, Bernart le loup-garou ainsi que Spyridon, le barde semi-fae, et deux Batrophiens conviés de part leur vie dans les marécages de la région. Leur nom féérique étant imprononçable pour l'ensemble des voyageurs à l'exception de Dame Mélisandre, ils furent renommés simplement Merlick et Morlock.

Mélisandre de Merinita utilisa ses pouvoirs pour réduire la taille et le poids de ses compagnons, et libéra son élémental végétal pour les conduire à travers les forêts montagneuses des Pyrénées jusqu'aux portes de Narbonne. Dans le port de la cité Méditerranéenne, Spyridon charma le capitaine d'un petit vaisseau de pêche à la voile carrée afin de longer la côte jusqu'à la Camargue. Au petit matin, après avoir assisté pour la plupart à leur premier lever de soleil sur la mer, ils virent une brume magique entourer peu à peu leur navire.

Dégageant grâce à la magie de Picard d'Ex-Miscellanea une partie du brouillard, ils aperçurent une flottille de bateaux, couverts d'hommes couturés de cicatrices et au regard torve. Dame Mélisandre fit apparaître une hydre illusoire au-dessus de leur embarcation, mais les pirates, car ils étaient les redoutés flibustiers de l'Espiguette, se retrouvaient sous le charme de Spyridon. Le luth de ce dernier venait de retentir de quelques accords, et sa voix ensorcelante s'éleva au-dessus des flots. Les guerriers, aux muscles saillants et à la bouche prête à hurler leur haine du bourgeois, déposèrent leurs armes aux pieds de leur nouveau prophète, le fils de Neptune!

Les marins de l'Espiguette abordèrent pour certains le bateau de la Troupe, et ma Maitresse se fit de nombreux amis par ceux, trop entreprenants, qui tentaient de lui ravir sa vertu. Quelques sortilèges plus tard, elle disposait d'une poignée de gardes du corps indéfectibles. Tandis que Spyridon et Bernart se disputaient l'attention d'une des seules femmes de la flottille, une ravissante naïade du nom de Marigot, Picard d'Ex-Miscellanea repérait un jeune homme en possession d'un certain talent magique. Selon les pirates, toutes les terres autour de leur village sont exploitables pour en faire des marais salants, encore faudrait-il trouver la main d’œuvre et les débouchées. Les terres des environs sont nominativement au Seigneur de Montpellier, un certain Guilhem, mais nul homme d'armes ou collecteur des impôts ne s'est jamais aventuré jusqu'à l'Espiguette.

Ravis d'avoir des hôtes, les pirates conduisirent les Magi et leurs compagnons jusqu'à la jetée servant de port à leur triste flottille. Ces derniers apprirent que la plupart étaient des exclus ou des réfugiés, fuyant qui la guerre, qui la justice seigneuriale, qui les impôts trop lourds. Certains parmi les plus jeunes étaient même nés dans les marais. Nombre d'entre eux avaient une famille, femmes et enfants qui les attendaient à terre. Ils avouèrent qu'ils ramenaient plus souvent que de l'or ou de la soie, poissons et crustacés, et qu'ils étaient tout autant pirates que pêcheurs et plongeurs. Ils racontèrent nombre de légendes sur certains endroits maudits de la région, ou les étranges hommes-chevaux vivants au Nord-Est des marécages.
A la grande joie de Mélisandre de Merinita, une partie de la population n'était pas chrétienne et ne s'en cachait pas. Quand aux fidèles du Dieu Crucifié, ils n'étaient pas parmi les plus revendicatifs des croyants. Elle s'évertua alors à convaincre les autres Magi de la nécessité d'entreprendre des relations de bon voisinage avec l'Espiguette, voire d'en faire leur pied à terre dans la région. Pendant ce temps Orion de Verditius, à l'aide de son familier, dressa une carte magique de l'ensemble de la Camargue, relevant notamment la présence des différents Regio. Il avertit ses confrères de la présence de très grandes auras magiques d'une puissance certaine (+7 pour les plus puissants, d'auras féériques non négligeables (+5 pour les plus puissantes) et plus inquiétant, d'une aura divine autour de Sainte-Marie-de-la-mer et d'auras démoniaques autour d'un marais putride situé à trois lieues de l'Espiguette vers le Nord-Est (aura de +3) et d'une épave cinq lieues à l'Ouest (aura de +5) ([url=http://Spyridon charma le capitaine d'un petit vaisseau de prêche]cf carte[/url]).

Chez les pirates, après que Spyridon eut une nouvelle fois charmé cette fois-ci les familles des marins qui avaient fuit en voyant apparaître Furetons et Batrophiens, une grande fête fut organisée en leur honneur. Il fut proposé au semi-fae, leur nouveau héros, de devenir leur chef et d'épouser la belle Marigot, ce qu'il accepta bien volontiers, une telle femme ne se représentant pas deux fois dans la vie d'un homme, même à la longévité surnaturelle. Hélas Spyridon ne pouvait imaginer son mariage sans une fête à la hauteur, autrement dit une orgie haute en couleur comme seuls les Fae peuvent les imaginer. Picard d'Ex-Miscellanea et Mélisandre de Merinita profitèrent de l'occasion pour expérimenter sur le loup-garou, l'enchantant à de nombreuses reprises pour que son énergie ne s'épuise jamais malgré la nuit de débauche. Il est dit dans certaines chroniques que neuf mois plus tard, six filles et deux garçons naquirent doter d'une force phénoménale et d'une taille qui ne l'était pas moins!

Au petit matin le réveil fut particulièrement difficile pour la plupart des habitants. Les Magi, qui dans leur grande sagesse n'avait en aucun cas abusé des liqueurs pirates ou des mélopées de Spyridon, remarquèrent vite la disparition d'un des équipages. Tous les marins d'un bateau à la proue ornée d'un taureau ailé avaient discrètement quitté les nuits à l'aube. En fouillant leur cahute, la Troupe découvrit des statuettes de taureau et en profita pour récupérer cheveux et poils pour permettre à Orion de Verditius de retrouver les pirates.

A une heure de navigation en barque la Troupe découvrit un hameau, Roselière, et un troupeau de taureaux noirs comme l'ébène. Éberlués, les Magi capables de percer les illusions s'aperçurent qu'ils possédaient des ailes! Mélisandre de Merinita se fit passer pour la Dame de l'Espiguette et offrit une pièce à chacun des habitants pendant que Bernart cherchait à retrouver les marins. Elle annonça sa volonté de créer des marais salants et la possibilité pour les habitants d'y travailler pour améliorer leurs conditions de vie, ce qui sembla laisser songeur celui qui se présenta comme le chef. Il expliqua que toutes les terres à perte de vue appartenait à un peuple sauvage et belliqueux qui obligeait les siens à quitter régulièrement leur hameau pour le rebâtir plus loin. Ils vivaient de la chasse, de la pêche et de la culture du riz, consacrant une grande partie de leur temps au bien-être des taureaux. Ces derniers sont des êtres libres et méfiants avec les étrangers qui n'hésitent pas à les chasser pour le sport ou la viande. Ils craignent notamment les hommes-chevaux qui vivent au Nord-Est, le fameux peuple cruel qui les traque pour les dévorer. Seuls les cours d'eau vive semblent les arrêter.

Ma maitresse prit alors sa forme corvine, et partit observer les centaures. Ces derniers, plusieurs centaines répartis en hardes nomades, vivaient dans des villages de yourtes de peaux, et semblaient concentrés dans les auras magiques les plus puissantes de Camargue. A son retour elle expliqua aux villageois que de grands événements allaient transformer la région dans les années à venir, et que désormais les taureaux seraient à l'abri de la prédation de leurs ennemis ancestraux. Regagnant l'Espiguette, les Magi mirent au point un plan pour s'accaparer les lieux et développer les fameux marais salants qui leur faisaient tant défaut.

Spyridon convainquit les pirates de désormais épargner les vaisseaux marchands se rendant à Lattes, le  port de Montpellier, ainsi que les pêcheurs des environs. Il passerait ainsi pour un héros auprès des Seigneurs des environs, et obtiendrait avec l'appui si nécessaire de la magie, un titre et des terres en Camargue. En exploitant la possibilité de la noblesse locale de s'enrichir sans dépenser un denier grâce au commerce du sel, l'Alliance pourrait développer peu à peu un port et des infrastructures.  Picard d'Ex-Miscellanea creusa des canaux au nord de la zone, pour isoler l'Espiguette des territoires centaures tandis qu'une partie des marais étaient réhabilitée pour exploiter le riz de Roselière. Chaque année des orphelins et des jeunes familles désargentées seraient invités à rejoindre le village, augmentant la population de personnes redevables. Cinquante livres furent d'ores et déjà dépensées la première année pour lancer les travaux, tandis que Mélisandre de Merinita se mettait à rêver d'une enclave païenne en plein cœur de la chrétienté. Un temple de Neptune, en l'honneur de Spyridon, et un second à la gloire de la Déesse, furent ainsi annoncés. Manades et élevages de chevaux ne tarderaient pas à suivre.
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Message par Thibor »

Première partie du scénario à quatre, seconde partie à trois joueurs (le joueur absent vit son personnage capturé et torturé par un moine chasseur de sorcière, ça lui apprendra à rater une partie!)

De la récupération d'un diadème de Quendalon perdu en terres basques (été 1169):
Depuis vingt ans la cloche d’Ibbyn dormait dans les tréfonds de l’Alliance, inutilisable à cause de l’absence de deux des diadèmes de Quindalon. L’arrivée à l’âge adulte d’un nouveau chaman Fureton, alors que le conseil des anciens était encore au complet, posait une question de tradition importante aux enfants de Dame Mélisandre, et les Magi ne préféraient pas interférer dans les coutumes et traditions de leur principal outil de défense. Aussi décidèrent-ils e partir en quête des deux diadèmes manquants.
 
D’après Orion de Verditius, les deux diadèmes se trouvaient aux alentours de Auch pour l’un, en constant déplacement dans la région, et pour l’autre à Bayonne, fixe celui-ci. Le Conseil des Magi décida de partir à Bayonne après s’être renseigné, notamment à Doïsseteppe, notamment sur les deux Archimagi à qui avaient dû appartenir les diadèmes. Nathanël de Tytalus s’enquérit de Ventus Gurges, dont il occupait l’ancien laboratoire et Sanctum, mais toutes les informations qu’il put obtenir du Tribunal confirmèrent la mort du Magus. Par contre il apprit qu’Ornath avait disparu lors d’une expédition vers Bayonne.
 
Un courrier fut envoyé à la Rhûne, où étudiait depuis quelques saisons Estrella de Bonisagus, afin de prévenir l’Alliance de la venue d’une Troupe de la Nouvelle-Calebaïs. Bernart se renseignant sur la région et apprit qu’une puissante tribu loup-garou dominait les terres sauvages depuis des siècles. Équipés et prêts autant qu’une expédition peut l’être, les Magi et leurs servants, enchantés par Dame Mélisandre, s’envolèrent à dos d’hippogriffes. Après trois heures de vol, Orion de Verditius et son familier, tous les deux en forme de hibou,se mirent à faire des cercles au milieu des nuages. Nathanaël de Tytalus dégagea le ciel encombré, et les deux hippogriffes plongèrent. Le terrain est une garrigue pierreuse, aux rochers imposants et nombreux. L’aura magique est puissante, et la Troupe en recoupant diverses informations, et notamment les récits de Gloïn, le compagnon de Picard d’Ex-Misceallena, comprit qu’elle se trouvait aux portes d’une cité naine.
 
Luigi di Firenze, écoutant d’une oreille distraite les propos irrationnels des Magi, se mit à ramasser des plantes et des feuilles sur les rares arbustes des lieux. Mélisandre de Merinita se retrouva dans l’obligation de l’enchanter pour qu’il accepte de prendre un champignon féerique et faciliter sa montée dans le Regio magique avec ses compagnons. Ils virent au milieu des nuages se dessiner une majestueuse forteresse aux tours élancées. Mais ils ne purent admirer plus longtemps l’édifice, occupés qu’ils furent à esquiver les projectiles qui s’abattaient sur eux depuis les murailles. Tandis que Nathanaël de Tytalus essayait de détourner les tirs de balistes, Dame Mélisandre et Luigi continuait à goûter aux champignons de la Maga, ignorant totalement les événements autour d’eux. Un griffon s’envola d’une des tours, et se rapprocha à grands battements d’ailes de la Troupe. Un nain, vêtu d’une magnifique armure et armé d’une arbalète, se mit à tourner au-dessus des compagnons. Il leur demanda de repartir, et ce malgré un temps d’arrêt au nom de Gloïn. Finalement il accepta que les voyageurs reviennent plus tard, en compagnie de Gloïn. Le nain leur dit s’appeler Rhugar et les salua avant de repartir pour la forteresse. Au soir, les deux hippogriffes se posaient à la Rhûne.
 
Austère, très peu peuplée malgré sa taille, l’Alliance de la Rhûne est un ensemble de bâtiments fonctionnels mais peu agréables à l’œil. A l’intérieur, de nombreuses décorations ursines et géométriques agrémentent murs, sols et plafonds. La Troupe est reçue dans la salle de réception par six Magi et Estrella de Bonisagus. De nombreux apartés ne sont pas reproduits en ces pages, mais les compagnons de Calebaïs récupérèrent une carte de Bayonne et des environs, et un servant basque pour les guider. Korbulon de Creamon, qui semblait être le Pontifex Maximus de l’Alliance, reconnut Dame Mélisandre du dernier Tribunal d’Occitanie et les envoya vers l’océan pour retrouver Murleta de Flambeau. Selon lui elle était la plus indiquée pour leur apporter des informations sur Ornath, Archimagus Aquam.
 
Pendant le voyage, les Magi, suspicieux, enquêtèrent magiquement sur leur guide et se rendirent compte qu’il servait de focus à des sorts Intellego permettant à ses maîtres de les espionner. Orion de Verditius réussit à briser les sortilèges l’enchantant, mais ressortit épuisé de ses efforts magiques et la Troupe décida de s’arrêter quelques temps pour le laisser récupérer. Luigi di Firenze s’éloigna pour chasser tandis que Bernart se métamorphosait en loup pour prospecter les environs. Il suivit une piste et rencontra un ours d’une taille peu commune. Ne prenant pas de risques, il se mit en posture de soumission avant de discuter avec la créature magique.
 
Sur une plage en contrebas d’une falaise, les voyageurs trouvèrent Murleta de Flambeau qui semblait naviguer sur une barque sans voile. Les apercevant elle ramena son esquif vers la grève et ils découvrirent une femme âgée, pieds nus, à la robe passée couverte de sel, arborant de nombreux bijoux de coquillages. Ma Maîtresse, surprenant ses compagnons, se jeta aux pieds de la Maga, pleurant, suppliant, se mouchant même dans les atours de la Flambeau pour obtenir des informations sur Ornath. Elle apprit ainsi qu’Estrella de Bonisagus était au courant pour Ornath, et pourrait les aiguiller. En remerciement ils offrirent une bouteille d’encre magique de Calebaïs. Murleta de Flambeau leur offrit en retour une coquille Saint-Jacques nacrée. Orion de Verditius, à la demande de ses compagnons, repartir pour la Rhûne et ramena Estrella de Bonisagus. Selon elle Ornath avait quitté Calebaïs afin de trouver une voie menant à l’immortalité. Selon elle il avait espionné Granordon en ce sens. Son objectif était de devenir une liche, une créature mort-vivante conservant une partie de ses pouvoirs magiques mais devant abandonner toutes ses possessions mortelles. Les Magi comprirent enfin pourquoi son Laboratoire et son Sanctum étaient totalement vides.
 
Forts de ces informations, ils laissèrent la Maga Bonisagus à ses occupations et partirent pour Bayonne. Ils retrouvèrent la trace du diadème dans une boutique de bijoux en plein cœur de la cité, aux mains d’une femme rondelette qui accepta non sans mal de revendre l’objet magique. Elle n’avait point conscience de posséder un artefact d’une grande valeur, et négociation et magie aidant, la Troupe le récupéra pour une bouchée de pain.
 
Le lendemain, après une nuit de sommeil récupératrice, une partie de la Troupe se retrouva sur la terrasse d’une auberge, sur les bords du fleuve, tandis que Nathanël de Tytalus explorait la cité avec le guide basque. Les compagnons aperçurent une escouade de soldats anglais se diriger dans leur direction mais furent interrompus dans leurs observations par l’évanouissement sanglant d’Orion de Verditius ; son œil lié à son familier venait d’imploser ! Immédiatement et n’écoutant que son courage, Mélisandre de Merinita se fit passer pour une noble dame de Foix, tenta de récupérer le corps inanimé du familier du Magus. Le hibou effondré avait attiré l’attention de la faune locale, qui commençait à s’arracher des poignées de plumes. De justesse elle racheta une poignée de deniers l’animal qui semblait sans vie à un groupe d’adolescents gouailleurs, mais n’eut pas l’occasion de profiter de son triomphe. La troupe de soldats anglais repoussa sans ménagement les citadins qui ne demandèrent pas leur reste et s’enfuirent aussi vite qu’ils étaient arrivés. Ma Maîtresse se retrouvait encerclée par une douzaine d’hommes en armes !
 
Bien heureusement, sa magie et son esprit acéré lui permirent de tomber dans les bras du sergent menant les soldats, le suppliant d’accorder la protection des braves militaires à une pauvre femme en butte à une tentative d’assassinat. Fort à propos, une flèche venue de l’autre rive frappe la sol à quelques pouces seulement de la Maga, confortant ses propos. Accusant pêle-mêle révoltés locaux et agents du Comte de Toulouse voire du Roi de France, elle attira suffisamment l’attention sur elle pour permettre à Bernart de récupérer le hibou et de s’éloigner avec ses compagnons. Un jeune garçon, ils le surent peu après, au service de la Rhûne, les aida à se cacher sur les bords du fleuve, hors de portée des soldats et à l’abri des regards inquisiteurs.
 
De leur côté les soldats anglais partis en quête de l’archer revinrent bredouilles, et le sergent décida d’escorter Dame Mélisandre jusqu’à son auberge, y laissant un garde pour sa sécurité. Elle n’eut aucun mal à l’endormir et à quitter les lieux, déguisée en nonne ; son humour sans nul autre pareil nous étonnera toujours. Elle erra sur les quais à la recherche de ses compagnons, se risquant à quelques appels discrets par moment, et finit par buter dans un recoin obscur d’une jetée sur le corps invisible d’Orion de Verditius. Jurant en latin, elle n’eut pas le temps de prévenir ses compagnons et se retrouva à l’eau, projetée au loin par Bernart. Ses jurons peu flatteurs pour sa virilité ne les trompèrent pas longtemps et ils repêchèrent la Maga juste à temps pour apercevoir des soldats anglais se dirigeant vers eux. Le gamin de la Rhûne, envoyé par Luigi pour prévenir Nathanaël de Tytalus des derniers événements, surgit à ce moment des ombres et secoua ma Maîtresse, l’implorant d’utiliser sa magie pour les sauver. Surprise et emportée par son impulsivité, elle fit apparaître un dragon crachant le feu au-dessus de leur tête, terrifiant les soldats qui se jetèrent à l’eau sans réfléchir, mais risquant ainsi de rompre une des lois fondatrices de l’Ordre.
 
Le jeune garçon les informa de la disparition de Nathanaël de Tytalus et de leur guide. Selon les rumeurs de la ville deux hommes avaient été conduits à l’instigation d’un prêtre espagnol détesté des habitants dans les geôles de la garnison. Orion de Verditius et son familier reprirent peu à peu conscience, et se prirent immédiatement le bec. Selon le Magus, il était absolument impossible que les blessures subies par son hibou ne se répercutent sur son corps. Une puissante magie devait être à l’œuvre, et la Troupe se mit à craindre quelque trahison de la Rhûne. Surinterprétant peut-être leurs propos, Bernart assomma le jeune garçon par-derrière, au cas où il serve également à les espionner. Orion de Verditius remonta la piste du sortilège lancé sur lui à travers son familier, un étrange sort Muto Virtum Requisit Corporem Animal et les conduisit jusqu’à une maison de l’autre côté du fleuve ; il ne faisait aucun doute qu’il s’agissait de celle où l’archer avait tendu son embuscade.
 
Une famille de pêcheurs s’apprêtait à prendre son repas du soir, et contre quelques pièces ne se fit pas prier pour répondre à quelques questions et vendre à la Troupe du poisson séché et du pain. Ils montèrent à l’étage où des pièces indépendantes du rez-de-chaussée donnaient sur une loggia. Fouillant la pièce d’où le sortilège avait été jeté, ils découvrirent une cache dans la cheminée et quelques dizaines de deniers que s’empressa d’empocher Luigi. Bernart, utilisant ses sens aiguisés, les informa de son odeur : masculine, cuir mouillé, iode, sel, vase. Utilisant son don de Double-Vue, ma Maîtresse expliqua à ses compagnons que la pièce ne semblait pas inhabitée. Elle s’inquiéta également d’Orion, qui semblait en proie à un sortilège inhabituel. Luigi, aussi efficace qu’à son habitude, lui fit avaler une potion effaçant les effets de la magie Mentem. Mélisandre de Merinita, quant à elle, s’enquit de ses Furetons, et retrouva leur trace dans la soute pansue d’un navire du port. Après un festin de poisson salé, aliment inconnu pour ces créatures des montagnes, ils avaient découvert une réserve d’alcool et semblaient pour le moins saoul.
 
A l’aide d’une illusion les faisant passer pour des gardes anglais à moins qu’on ne les interroge, ils suivirent la piste magique jusqu’à la porte nord de la cité. Décidant de récupérer la Magus emprisonné avant d’en apprendre plus sur leur mystérieux agresseur, ils s’assurèrent de tenues de la soldatesque d’occupation en charmant un à un les poivrots d’un bordel du port. Se risquant à interroger les ribaudes, les compagnons apprirent que Nathanaël de Tytalus et le guide avaient été arrêtés à la demande expresse d’un moine, envoyé spécial du Royaume de Léon en la cité de Bayonne. D’après l’une des femmes, le prêtre psalmodiait en latin lors de l’arrestation, assez violente. Le moine était arrivé en bateau prêt d’un an auparavant, et s’était fait détester peu à peu de tous les habitants en questionnant à tour de bras du plus humble pêcheur au bourgeois ventripotent. Les voiles de son embarcation arborant les symboles de l’Église, les Magi se dirent qu’il ne coûterait rien d’y jeter un œil.
 
Sur le port, Bernart se porta volontaire pour monter sur le pont du navire et, à peine à bord, le sortilège d’illusion qui dissimulait sa taille colossale fut anéanti. Pris d’énervement, il commença à briser tout ce qui lui tombait sous la main. Il réussit par miracle à quitter le bâtiment et repris ses esprits. Intriguée, ma Maîtresse s’éloigna et attendit le passage d’une patrouille. Elle prit possession de l’esprit de son sergent, et l’envoya fouiller le navire. Rien ne vint interrompre ses recherches, et les Magi furent rapidement convaincus qu’une magie divine agissait sur les caractères de chacun, et sur certains sortilèges. Luigi di Firenze et Dame Mélisandre se proposèrent pour monter sur le navire, mais hélas leurs vices cachés prirent le dessus et tandis que l’alchimiste récupérait tout ce qu’il trouvait d’intéressant et le fourrer dans son sac, la haine de la Maga pour les chrétiens rejaillit. Je m’interdis de décrire par des mots ce qu’elle fit en ces lieux, mais elle finit par mettre le feu à des caisses et cordages, riant de voir un symbole monothéiste brûler. Bernart prit son courage à deux mains et se jeta sur le pont pour les pousser à l’eau, et rompre ainsi l’enchantement. Mélisandre de Merinita, redevenue elle-même, lança une illusion sur un des murs non loin de l’embarcadère où les anglais et leurs alliés pourraient lire qu’ils n’étaient pas les bienvenus ici.
 
Les compagnons se dirigèrent ensuite vers la garnison, esquivant les patrouilles se rendant rapidement vers le port. Sous un voile d’invisibilité, ils pénétrèrent dans les étages inférieurs, et trouvèrent sans grande difficulté les geôles. Luigi utilisa une de ses potions pour endormir trois gardes, mais le moine qui les toisait depuis le fond de la pièce ne sembla pas affecté. Il se mit à marmonner en latin mais avant que Mélisandre ne puisse essayer de lui jeter un sort, Bernart se faufila, malgré sa carrure, et l’assomma d’un coup de poing négligeant. Les compagnons déshabillèrent sans tarder le religieux avant de l’attacher, et découvrirent une relique de Saint-Jacques, qui disparut dans la poche du loup-garou. Ils récupérèrent également les tenues du moine, et tandis qu’Orion de Verditius s’imposait dans son esprit, désormais non protégé, Mélisandre de Merinita et Luigi se précipitèrent pour s’occuper des deux prisonniers. Il s’avéra que le moine avait torturé les deux hommes pour obtenir des informations, ce que l’inquisition mentale du Magus réveilla. Une congrégation de moines dominicains venus d’Espagne avec l’accord des Anglais, avait essaimé au nord-ouest des Pyrénées, chassant toute trace de sorcellerie. Pire, les moines semblaient au courant de la présence d’Alliances, dont la Rhûne, peut-être même de l’existence de l’Ordre.
 
Dame Mélisandre, passablement furieuse des tortures subies par Nathanaël de Tytalus, décida de se venger du moine. Elle lui donna grâce à ses illusions une apparence démoniaque : queue de lézard, cornes, croix inversée sur le torse et prit possession de son corps pour le pousser à déambuler dans les rues de la cité en jurant et en blasphémant. Très vite des habitants se jetèrent sur lui et le conduisirent au port, où il fut livré aux flammes de son propre navire. Justice immanente m’est avis ! Ce qui sembla être un démon grimaçant jaillit du brasier avant de disparaître, ce qui conforta ma Maîtresse dans ses objectifs de déchristianisation. Selon elle seule la disparition définitive de toute présence monothéiste pourrait enrayer la corruption démoniaque puisqu’il était maintenant évident qu’un démon se cache dans chaque religieux. [Une fausse lettre du moine fut également rédigée par Luigi, accusant un notable anglais de Bayonne d’être sodomite et hérétique. La missive fut abandonnée dans une des églises de la ville pour créer une fausse piste supplémentaire]. À l’aide de charbon et de tout ce qui leur tombait sous la main, les compagnons recouvrirent les murs de slogans appelant à lutter contre les Anglais tout en allumant foyer sur foyer dans la garnison, quittant les lieux en profitant des rumeurs de révolte à l’extérieur.
 
Profitant de l’agitation, Bernart partit récupérer les Furetons et les ramena à la porte nord, rejoignant ses compagnons qui avaient le plus discrètement possible chargé les deux blessés toujours inconscients. S’éloignant de la ville et suivant la piste olfactive laissée par l’agresseur d’Orion de Verditius, ils profitèrent d’un ciel dégagé et couvert d’étoiles. Hélas en quelques minutes des nuages parcourus d’éclair laissèrent tomber un déluge sur la petite troupe, perdant irrémédiablement les traces, même pour un pisteur comme Bernart. Les compagnons continuèrent sur le seul chemin, en direction du nord et des marais où selon Estrella de Bonisagus, Ornath, ou plutôt ce qu’il était devenu, avait trouvé refuge. Soucieux de la sécurité du Magus blessé, du moins ce fut la manière dont Mélisandre de Merinita présenta les choses à leur retour, ils repartirent pour le sud et la Rhûne.
 
Arrivés dans l’Alliance dans le courant de la journée, et après quelques heures d’un sommeil peu réparateur au milieu des bois, les Magi racontèrent les événements de Bayonne, ne négligeant pas les détails, et notamment la conviction d’avoir été espionnés. Le Conseil de la Rhûne avoua du bout des lèvres être au courant de la présence d’un sorcier non hermétique dans les environs, mais se refusèrent à donner plus d’informations. Au final, accusation contre accusation, les deux Alliances s’engagèrent à passer sous silence les événements de Bayonne et à enquêter sur la venue de ces étranges moines. Une réflexion serait engagée dans les saisons à venir pour la rédaction d’un contrat entre les deux Alliances, pour l’achat et la vente d’excipients de laboratoires ou de productions difficilement accessibles pour l’une ou pour l’autre. Satisfaits, bien qu’inquiets à l’idée d’une chasse aux sorcières généralisée dans les terres d’Oc, les Magi de Calebaïs reprirent leurs hippogriffes et repartirent pour la sécurité de leurs montagnes.
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