[CR] Ars Magica 3eED (campagne et blog complet)

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Thibor
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De l'Exploration des Profondeurs de Calebaïs, la suite (printemps 1155):

Comme à leur habitude, les Magi commencèrent à explorer le onzième niveau par le nord. Ils ne firent cependant pas la même erreur que pour le niveau précédent et récupérèrent avec précaution l'eau qu'ils évacuaient, facilitant ainsi le travail de reconstitution des ouvrages d'Estrella de Bonisagus. Le fond du puits était utilisé comme cercle de Certamen, ce que les colonnades placées en cercle faisaient deviner.

Pénétrant dans un nouveau Sanctum, les Magi découvrirent une pièce étrange, aux murs biscornus et courbés. Dans une seconde pièce à la forme ovoïde une lourde table de pierre semblait constituer une étrange pupille. En son centre reposait une statue étrange, d'une petite créature courbée et chétive. Le fantôme de l'Archimagus Uderzo apparut alors à la Troupe et ma Maîtresse ne pût s’empêcher de le provoquer, assurant qu'elle se moquait de sa présence et de ses droits sur le Sanctum. Gilles de Jerbiton eut toutes les peines du monde à pacifier la conversation, avec l'aide de Nathanaël de Tytalus qui lui proposa un Certamen pour régler ce différent.

Les deux Magi, le vivant et le mort, s'affrontèrent au centre du cercle, sous l’œil attentif du reste de la Troupe. Deux serpents d'énergie intangibles essayèrent de entre-dévorer pendant quelques instants avant que celui d'Uderzo n'avale entièrement celui de Nathanaël et le recrache. Un ricanement narquois sembla agiter et faire vibrer l'énergie condensée de l'Archimagus. Le ver s'enroula autour de Nathanaël, le dominant sans lui faire de mal. Pendant ce temps Mélisandre de Merinita s'était saisi du crâne d'Uderzo, et s'amusait à livrer des commentaires du combat depuis un banc de pierre où elle contrôlait par magie les ossements du Magus, altérant sa voix pour simuler une conversation. Suite à la défaite de Nathanaël de Tytalus Gilles de Jerbiton défia à son tour Uderzo mais fut rapidement mis hors de combat comme son compagnon. Altaïr sentant la colère monter en son cœur souhaitait défier en duel le Magus mais Estrella de Bonisagus le rappela à l'ordre.

Cette dernière joua alors son va-tout, tentant de négocier un dernier Certamen à des conditions difficiles pour l'Archimagus, mais ce dernier refusa. Il proposa quant à lui de devenir le professeur de Certamen de l'Alliance. Estrella, intransigeante, signifia que ce n'était pas suffisant et Uderzo, cette fois-ci réellement en colère, la posséda. Heureusement pour la Troupe Altaïr veillait et l'assomma, comme il l'avait fait dans le Laboratoire d'Eono quelques saisons auparavant. Ma Maîtresse continua à le provoquer depuis son banc mais obtint quelques informations sur le passé de Calebaïs et l'Embrasement.

Ainsi la Troupe apprît que Sespsus, le familier serpent, avait été possédé peu de temps avant ou après la mort de Malevolus Videri, chasseuse de démons réputée. Il raconta également le conflit qui le liait, même au-delà la mort, au Praeco Tremere de Doïsseteppe, coupable selon lui d'avoir fui un Certamen au sujet d'un apprenti, aujourd'hui alchimiste réputé. Selon lui, et cette information ne manqua pas d'intriguer et d'inquiéter les Magi, Ventus Gurges, Eono et Ornath étaient encore en vie. Il raconta également son arrivée à Calebaïs, alors que les fondateurs venaient d'enchaîner le dragon au fond du puits. C'est à la même époque qu'Ornath avait détruit la baronnie entourant l’Alliance. Krenval était contre ces méthodes et une rivalité était née à ce moment entre les deux Magi. D'après lui le démon qui abusa Krenval ne le fit que lorsque la Cloche l'eut suffisamment affaibli. Certains Magi suggérèrent même l'idée à l'époque que la construction de Calebaïs avait été inspiré par l’œuvre d'un démon.

Les Phénix de Pitsdim avaient été quant à eux ré-enchantés par Mormool, par le biais de cristaux de quartz prenant place dans les yeux de pierre. Selon ce dernier en empêchant les sorts au-delà de la vue il romprait l'atmosphère de paranoïa qui gagnait l’Alliance. Hélas, ne pouvant plus s'espionner les Magi virent grandir leurs pires craintes et virent dans les autres Membres une menace non plus potentielle, mais réelle. Il refusa néanmoins d'indiquer à la Troupe le rôle de la mosaïque qui pave la salle du Conseil. Pour lui le Dragon était toujours habité par le Rêve du Dragon Ulaxarian, et les Magi commencèrent alors à comprendre l'étendue de la colère du Dragon Sigusen, et les risques à vivre dans un tel lieu de pouvoir.

Sur ces dernières déclarations ô combien inquiétantes, Nathanaël de Tytalus défia une nouvelle fois l'Archimagus Uderzo. Porté par sa première défaite et sa colère, il réussit à vaincre le Maître en duel magique, et obtint l'accès à son Sanctum. Uderzo accepta également d'enseigner son Art à ceux des Magi qui le souhaiteraient pour autant qu'ils le laissent en paix et ne viennent pas troubler sa quiétude mortuaire. Abandonnant le Laboratoire du Magus de l'Esprit, la Troupe se dirigea vers ce qui leur semblait être le nœud de l'Embrasement, le Sanctum de Krenval.

Un mur de pierre qui s'avéra être une illusion protégeait l'entrée du Laboratoire. Étrangement les sorts de Mélisandre de Merinita ne suffirent pas à ouvrir le passage et Nathanaël de Tytalus dût s'employer grâce à sa capacité à sentir le mal à trouver la véritable entrée. Procédant par étape, il activa son sortilège de protection contre les démons. Quelque peu rassurés, ils pénétrèrent dans un Laboratoire ravagé, saccagé. Ils y découvrirent un cylindre de pierre d'une trentaine de centimètres, très certainement magique. Derrière une porte, ils remarquèrent un mur d'eau qui semblait retenir des hectolitres de liquide et empêchait par la même d'accéder au reste du Sanctum. Avant qu'ils ne puissent réagir, des restes d'instruments enchantés se mirent à jouer horriblement faux, obligeant les Magi à danser une gigue folle à travers la pièce.

Nathanaël de Tytalus finit par interrompre le sort, libérant ses compagnons du piège magique. Orion de Verditius assura alors qu'il ressentait de la magie active derrière la porte d'eau. Mélisandre de Merinita réitéra l'expérience du Laboratoire de Dargaud et fit apparaître une souris qu'elle jeta à travers. Le pauvre animal implosa dès qu'il eut franchi la barrière. Fouillant la pièce, les Magi découvrirent de nombreux Textes de Laboratoire traitant de potions de longévité. S'impatientant, Nathanaël de Tytalus s'attaqua magiquement à la porte d'eau, la faisant exploser et pénétrer dans la pièce principale une grande quantité d'eau. Des tentacules liquides, charriant les débris du Sanctum, s'en prirent immédiatement aux Magi, et les sorts ne semblaient que la ralentir. Robin le Vif fut gravement blessé, Gilles également, avant que Nathanaël de Tytalus ne parvienne à abattre la créature d'eau. Cette dernière arriva cependant à s'échapper et à se réfugier dans la source enchantée du Laboratoire d'Ornath.

Mélisandre de Merinita battit le rappel de ses Furetons, une vingtaine divisé en équipes de 4 pour couvrir les deux niveaux de l'Alliance. Tandis que ma Maîtresse se reposait dans le cercle de Certamen, une équipe disparut en direction des catacombes. Dame Mélisandre s’énerva et partit les retrouver. Malheureusement un premier corps mourant, puis un deuxième, la remplirent de colère. Laissant éclater son ire par ses sortilèges, elle fit jaillir des piliers de marbre au milieu des squelettes, déclenchant leur réveil. Mélisandre de Merinita recula et se tint suffisamment près pour regarder tout en ne pouvant pas être encerclée.

Les autres Magi arrivèrent avec Igack puis remontent très vite au niveau au dessus, discutant avec les Furetons puis poussant des cris pour attirer Mélisandre. Celle-ci remonta mais refusa de ne rester à ne rien faire tandis qu'un de ses enfants risquait sa vie. Nathanaël de Tytalus lui expliqua que le Laboratoire de Krenval était encore largement inexploré et sans doute dangereux. Se retrouver entre le marteau et l'enclume pourrait se révéler catastrophique. Boudant et menaçant Nathanaël, Mélisandre reconnut néanmoins le bien fondé de son idée et ils pénètrent dans l'antre démoniaque.

Ils ne tardèrent pas à comprendre que leurs pires craintes étaient fondées. Un des angles de la pièce semblait vibrer tandis que la pierre laissait apparaître un visage grimaçant. Afin d'affaiblir l'engeance démoniaque, Mélisandre de Merinita transforma un pan entier du mur en chair animale afin de la rendre plus accessible aux sorts destructeurs de Nathanaël de Tytalus. Ce fut donc une créature de chair, un scolopendre monstrueux de plus de neuf pieds que même les sorts les plus puissants de Nathanaël de Tytalus eurent du mal à réduire à néant. Orion de Verditius suivit le lien mystique du démon à partir du Virtus mais un tunnel intangible s'ouvrit, entrainant de puissantes convulsions chez le Magus. Altaïr l'assomma avant qu'il ne puisse se faire du mal mais Orion de Verditius continua à convulser au sol au risque de se briser le crâne ou un membre. Mélisandre de Merinita lui fit boire une potion de retour au foyer et en but une également. Les deux Magi atterrirent devant le Sanctum de son Parens. A Calebaïs une voix puissante et ignoble résonna : « bien joué mortels, mais la partie ne fait que commencer» avant d'éclater d'un rire macabre. La réponse de Nathanaël fut tout aussi catégorique bien que quelque peu présomptueuse: « pour nous aussi ».

Arriva alors le fantôme d'Uderzo qui hurla sa colère et sa peur que nous ayons dérangé ce qui dormait en ce lieu maudit. Nathanaël de Tytalus lui répondit posément qu'il avait réussit à chasser le démon ce qui entraîna un long silence surpris de l'Archimagus. L'élémentaire d'eau n'était quant à lui à ce niveau que parce que les niveaux étaient envahi d'eau et donc un parfait refuge pour lui. Maintenant que tout était asséché il avait regagné son antre naturel dans le Laboratoire d'Ornath.

Orion de Verditius fut quant à lui séquestré à Doïsseteppe par les Magi du Conseil. Mélisandre de Merinita, ne pouvant rien faire de plus, repartit avec le bourdon d'Orion. Elle se transforma en loup et rentra à Calebaïs en trottinant.
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Thibor
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La libération de la Reine Dryade, extraits de journal de Mélisandre de Merinita (Été 1155):

1155, trois jours avant le solstice d'été

La forêt annulaire est excitée. Une sensation d'attente exacerbée se fait de plus en plus vive. La Cour de Lumière doit sans doute préparer un évènement d'importance pour le solstice. Il faut que je pense à demander à Nathanaël s'il souhaite m'accompagner ; il a besoin de se dérider.

1155, solstice d'été

Nathanaël a accepté de me suivre. La forêt murmure son excitation et sa hâte mais mon compagnon ne semble pas les percevoir. L'herbe de Momool et un peu d'eau de vie féerique font rapidement leur œuvre et je suis presque obligée de veiller sur lui. Ce grand idiot se prend pour un poisson et m'oblige même à utiliser ma magie pour lui éviter de se faire mal.

Plus nous pénétrons au cœur de la forêt et plus les sensations sont puissantes. Je peux entendre les arbres gémir de contentement sans même me concentrer. Les animaux comme les fées semblent se rendre auprès du cercle de chênes que j'ai planté il y a quelques saisons. Je sens l'aura des lieux devenir de plus en plus puissante. Mon sang bout et mon esprit ne pense plus qu'à prendre du plaisir. La partie Fae de mon être se sent libérée. Nathanaël est un parfait exutoire pour mes pulsions et je ne pense pas que l'eau de vie soit responsable de son état... J'ai néanmoins gardé une once de contrôle de moi-même, au cas où. Des triplés sont bien suffisants.

Une fois un peu calmés nous avons entendu une mélodie au loin. Je reconnais immédiatement la flûte de pan du Satyre musicien. Une nouvelle fois sa magie entraîne une valse d'émotions chez ceux qui l'écoutent. Nous passons de la colère à la paresse, de la concupiscence à la faim dévorante. C'est presque en transe que nous parvenons en une immense clairière, longue de plusieurs centaines de pas. Nimbée de lumière, elle est parcourue de ruisseaux de vin, les arbres tendent leurs branches pour offrir leurs fruits murs au peuple de la forêt tandis qu'une orgie phénoménale agite créatures des bois, fées et même certains de nos suivants au sang féerique qui n'ont pu résister à l'appel de l'Arcadie. Même Soeur Malores est là!

Tout autour de nous les arbres s'animent, dansant autour des corps exaltés. Les fleurs prennent vie, volant, dansant, chevauchant les êtres féeriques. Elles forment d'étranges farandoles, ondulant dans la brise. Peu à peu tous les êtres présents forment une immense ronde autour du musicien Satyre et se mettent à réaliser une formidable gigue endiablée. Au dessus de nous un arc en ciel apparaît tandis qu'une légère bruine vient apaiser nos corps épuisés. La puissance de la féerie est telle qu'il me semble apercevoir des sensations que je n'ai perçu que lors de ma visite en Arcadie il y a de cela quelques années. Et puis, tout s'apaise, tout cesse lentement. La lumière décroit, la farandole se brise, chacun semble retrouver ses esprits. J'ai précieusement conservé contre mon sein un peu de vin et quelques fruits, afin de faire profiter Sylvia de la fête. Je ne peux qu'imaginer la peine qu'elle ressent. Si près de sa véritable nature et à jamais prisonnière...

1155, lendemain du solstice

Nous avons passé la nuit dans la forêt avec Nathanaël. Il faut que je fasse attention, je pense qu'il est en train de tomber amoureux. Je ne sais pas s'il comprend que nous autres Fae ne pensons pas comme les humains à ces choses triviales... En rentrant vers Calebaïs, perdue dans mes pensées, je m'aperçois que les fleurs sont toujours animées. Nathanaël ne voit pas les fleurs chanter et gambiller mais, selon lui, elles sont pleines de Virtus. Il faudra un jour que je vérifie si tous les êtres féeriques sont des sources de Virtus potentielles...

Nous apportons les mets récoltés la veille à Sylvia qui pour la première fois me révèle qu'elle est la Princesse de la Cour de Lumière de la forêt. Jadis Mormool la lia à la Colline pour contraindre la féerie à se plier aux règles de l'Alliance. Moi qui pensais que Mormool était sympathique... Je propose à Nathanaël de la libérer et ce dernier n'y voit pas d'inconvénient. Et puis après tout je suis chargé de veiller aux rapports avec l'Arcadie selon le Conseil. On verra bien ensuite ce qu'ils diront... Heureuse d'être bientôt libre, elle m'offre une orchidée que je plante peu après dans le jardin du cinquième niveau. Elle est un peu prétentieuse, mais je pense que l'on va bien s'entendre.

1155, deuxième jour après le solstice

Nous retournons au cercle de chênes pour demander l'aide des sujets de Sylvia. Les guirlandes de fleurs semblent attentives, et même les Satyres cessent leurs activités pour nous écouter. Une farandole invisible (enfin, pour Nathanaël) dépose alors à nos pieds des centaines de fruits. Ils nous sont offerts par un Centaure, que je salue bien bas. C'est le consort de Sylvia me glisse une des fées en gloussant. Il est très beau en tous cas. Les fruits sont plein de Virtus Herbam selon Orion, mais ils doivent être transformés pour être utilisables. Heureusement Marthe se souvient d'un vieil alambic inutilisé qu'elle a mis au rebut lors de notre installation. Luigi Vasco de Firenze, notre alchimiste, trouve enfin une utilité et se met immédiatement au travail. Selon lui il faudrait près de 3 lunes pour distiller le Virtus et le rendre utilisable. Il va falloir attendre pour sauver Sylvia.

1155, quinzième jour du huitième mois

L'alchimiste nous apprend que le Virtus est fin prêt. Orion glousse de plaisir en découvrant quinze pions. Je ne comprendrai jamais sa fascination maladive. Enfin... Heureusement que je n'ai rien dit sur mon intention de le dépenser pour libérer Sylvia.

[Intermède humoristique: Le meujeu tanne les joueurs pour qu'ils nomment enfin les enfants de Mélisandre et Nathanaël. Pour l'enfant-plante, futur Mage Herbam, Cyril propose Sylvestre, sans aucune réaction du meujeu. "On peut l'appeler gros-minet sinon, concluera-t-il...]

Douegar et Maenwenn ont demandé à venir pour la cérémonie. Leur nurse est là pour les surveiller. Je crois avoir eu une magnifique idée en trouvant une sang-mêlée féerique pour s'occuper d'eux... Je demande à Sylvia de rejoindre la lisière de son domaine, au plus prêt de la forêt annulaire. Les fées font de même de leur côté. Ils sont si proches qu'ils pourraient se toucher mais ils ne peuvent franchir l'invisible barrière. La Dryade se met à pleurer, libérant des milliers de pétales qui s'envolent. Heureusement, j'ai le réflexe de les récupérer. Je ne sais pas encore ce que j'en ferrai mais ça peut toujours servir. Le beau Prince de Sylvia est venu. Je lui fais des sourires mais je ne suis pas sûre qu'il ne me voit.

J'ai longtemps réfléchi à la manière de concentrer l'énergie des Fae au service de Sylvia à notre magie hermétique. Malheureusement je ne connais aucun rituel capable de briser un enchantement. Je décide finalement d'utiliser la vieille prière de la Maison Diedne et d'improviser au fur et à mesure. C'est une approche spontanée, mais qui sait ... Le musicien Satyre m'accompagne à la flûte, s'inclinant profondément devant sa Reine et le Prince consort. Soeur Malores que je n'ai pas vu arriver chante doucement de sa belle voix. De nombreux suivants ont ressenti l'appel de la Cour et sont présents. Il y a même des villageois de Lacombe, c'est dire ! Finalement, je verse mon sang à l'aide de l'antique dague Diedne juste sur la frontière entre la forêt et la colline, et j'offre en sacrifice les quinze pions de Virtus Herbam et une tour de Virtus Imagonem.

La première chose que je pense c'est cela a dû marcher. En effet, la Cloche d'Ibyn se met à sonner pendant trois longues minutes. De nombreux habitants de l'Alliance sortent pour comprendre ce qui se passe. Nathanaël jette un sort pour leur dissimuler notre action. Il me semble qu'il a fait apparaître une grande comète dans le ciel. Je crois que c'est à ce moment que je me suis évanouie. D'après ce qu'il m'a dit, Sylvia et son Prince sont partis dans la forêt, escortés par la Cour dans son ensemble ainsi que les Satyres du Sauvage. D'après Nathanaël, l'aura de l'Alliance comme celle de la forêt ont immédiatement augmentées suite à la destruction de l'enchantement. Je suis fatiguée mais heureuse.

1155, seizième jour du huitième mois

Le réveil est difficile. J'ai offert beaucoup de mon sang à la Terre mais cela en valait la peine. Nathanaël m'a dit que Douegar et Maenwenn étaient partis dans la forêt à la suite de la Cour. Je suis trop faible pour aller les surveiller mais ils ont presque quatre ans, ils pourront se débrouiller pendant quelques jours. D'après Orion un cerisier est en train de pousser à l'endroit où mon sang a été versé. Il mettra plusieurs années à atteindre sa taille définitive mais ce sera un bel arbre m'assure-t-il. J'ai oublié de le noter mais il semblerait que Drininkeana possédait un second Laboratoire, ou du moins un Sanctum, dans la forêt. Lorsque j'aurais le temps, une petite promenade pourrait être bénéfique... Sylvia me guidera peut-être ? Nathanaël ne veut pas que l'on parle du rituel Diedne aux autres. Je crois qu'il ne leur fait pas entièrement confiance. En même temps les Tytalus sont connus pour leur culture du secret et du non-dit. Mais il est vrai que la Maison Diedne fut anéantie et son nom maudit par l'Ordre ; ne pas ébruiter l'affaire ne peut pas faire de mal.

1155, vingtième jour du huitième mois

Les enfants m'ont demandé de rester quelques temps avec les Fées. Après tout, ils feront moins de dégâts à la Cour que dans un Laboratoire. Sylvia est très heureuse de sa libération et m'a présenté son consort. Il est un peu timide pour un Fae, mais en même temps c'est un Centaure. La Cour nous offre le plein usage d'une source de Virtus Herbam pour nous remercier de notre aide. J'espère qu'Orion râlera moins pour les dépenses occasionnées quand il sera au courant...
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Thibor
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D'un lointain voyage vers la Montagne Tremouins (Été 1155):

A l'appui d'une des assiettes découvertes dans le Laboratoire d'Ierimyr, le Conseil des Magi décida de lancer une expédition vers la Montagne Tremouins. Orion de Verditius, Nathanaël de Tytalus et Mélisandre de Merinita furent accompagnés par deux guerriers de la Turbula, ainsi que de Wulfgär, Atlas, Altaïr et Robin. Sur la route, plusieurs paysans issus des hameaux directement assujettis à Calebaïs se plaignirent à la Troupe de voir leurs troupeaux de moutons attaqués par des loups depuis quelques temps. Des humains furent même attaqués à la dernière pleine Lune. L'un d'eux se remettait péniblement au village, victimes de griffures importantes au torse.

Mélisandre de Mérinita utilisa sa forme de loup pour chercher des traces de la meute. Les trouvant non loin du village, elle les suivit jusqu'à un chemin de chèvres qui descendait le long d'une imposante falaise. Pour ma maîtresse la piste était curieuse car les loups n'utiliseraient pas volontairement un tel passage. Poursuivant sa route elle perdit le contact avec la meute non loin d'un village de la seigneurie d'Acqs, appartenant au chevalier Gilbert de Montpallier et désormais Seigneur d'Acqs.

De son côté Nathanaël de Tytalus s'assura de la défense du village. Les troupeaux furent rassemblés dans les hauteurs, sous la surveillance de plusieurs bergers armés de lance et accompagnés de plusieurs chiens. Le paysan blessé fut dédommagé s'il acceptait de passer la nuit menotté par des liens d'argent dans une pièce à l'écart. Un piège fut installé devant la porte pour permettre de suivre le loup-garou potentiel.

Une fois le troupeau rassemblé Orion de Verditius et Nathanaël de Tytalus tentèrent de lancer plusieurs sorts pour assurer leur protection et la traque des loups. Malheureusement Orion de Verditius s'évanouit après un grand flash lumineux argenté qui aveugla les environs. Les paysans, bien qu'armés, s'énervèrent et s'apeurèrent, voulant allumer des feux et retourner au village ... Une odeur de brûlé envahit les lieux et Nathanaël de Tytalus envoya Altaïr vérifier l'état du village. Dans les bois les loups hurlaient et semblaient encercler les villageois et leur troupeau. De grands feux étaient allumés tout autour du troupeau pour éloigner les bêtes de la nuit.

Ma Maîtresse revenue de ses recherches au plus profond des bois accélérait le pas en vue du village, l'odeur d'incendie se faisant de plus en plus forte. Regagnant sa forme humaine elle pénétrait dans une des maisons du hameau pour se rendre compte que les remugles de bois calcinés n'étaient qu'illusions. Se transformant une nouvelle fois, elle prit sa forme de combat, un terrifiant loup de la taille d'un poney et gagna au plus vite le plateau assiégé. Par malheur elle ne fut pas reconnue par Robin dit le Vif qui lui piqua une flèche dans l'épaisseur de la fourrure. Découvrant les loups, ma maîtresse se méprenant sur leur origine, et encore aujourd'hui maintient contre vents et marées qu'il s'agissait d'êtres féériques malgré les rires des autres Magi du Conseil. Enfin, des rires qui résonnent une fois qu'elle a tourné le dos et reprit ses occupations.

Nathanaël de Tytalus tenta de rentrer en communication avec les loups, ou plutôt avec leur maître qu'il croit Membre de l'Ordre. Il menaçait la meute au nom de Doïsseteppe qui risquait de réclamer réparation pour les dégâts. Mélisandre de Merinita suivit quant-à elle la horde, essayant d'entamer la conversation avec le loup géant qui menait la meute. Ce dernier resta silencieux, même après l'arrivée de Nathanaël et Robin qui n'arrangèrent pas les choses en entamant une discussion de sourds sur la nature des loups. Après le départ des loups, Nathanaël de Tytalus monta sur ma maîtresse pour les suivre mais ils perdirent leurs traces en bas de la falaise, comme la première fois.

Le lendemain matin Dame Mélisandre souhaitant se moquer du sérieux guindé d'Orion de Verditius, cousit un petit animal mort dans la doublure de son manteau et dissimula de petites crottes dans diverses bourses et écrins à ingrédients à sa ceinture. Toujours inconscient et la peau couleur argent, ce dernier eut la grande chance de voir arriver Gilles de Jerbiton qui se rendait chez le chevalier de Montpallier. Gilles informa la Troupe de la disparition d'Atlas de la Nouvelle Calebaïs et se rendant compte de l'état d'Orion, décida de l'accompagner à Doïsseteppe pour le remettre aux meilleurs médecins de l'Ordre.

Nathanaël de Tytalus rétribua le possible loup-garou pour qu'il nous guide vers l'Estagnol. Il faut plus d'une demi-journée à la Troupe pour gagner le pied de la montagne et commencer l'ascension. Le sentier rocailleux est dangereux et étroit, et tout regard vers le sommet permettait d'apercevoir les neiges éternelles. En fin de journée ils gagnèrent un repaire de montagne, situé sur une éminence surplombant le vide. Pendant la nuit, les même rêves semblaient les traverser : avalanches, personnes emprisonnées sous la neige, expéditions de secours trouvant des corps démantibulées, forêts de sapins dévastées par les éléments, bourrasques de vent si mordantes que les dormeurs se réveillèrent. Mélisandre de Merinita, habituée à être parcourue par de sombres visions de l'avenir attribua un caractère prémonitoire à ces rêves et en informa ses compagnons.

Au petit matin une avalanche d'une force incroyable entraina des tonnes de pierre tout autour du promontoire et les membres de la Troupe remercièrent les esprits de ne pas se trouver dans la vallée. Au cours de la journée, les Magi découvrirent du Virtus Terram dans des cristaux de quartz parsemés dans la roche du promontoire. Pendant les longues heures de prospection une étrange brume remonta les parois abruptes les recouvrant d'un voile impénétrable jusqu'au relais. Wulfgär le muet disparut dans la brume et ma Dame s'y précipita pour le retrouver, ignorant les appels de Nathanaël de Tytalus. Ce dernier encorda les suivants et Altaïr pour pouvoir explorer la brume et ils parvinrent à retrouver Mélisandre qui discutait à bâtons rompus avec son servant-bouclier. Si si ! ils conversaient ! Le brouillard issu de l'avalanche avait des propriétés magiques pour redonner la parole à un muet. Malheureusement pour eux le Virtus qu'ils venaient de découvrir avait disparu des réserves.

A la nuit tombée, de nouveaux rêves et de nouvelles visions remplirent leur esprit. Provenant cette fois du passé, ils s'emparent de ma maîtresse: elle observa alors la vallée qui entourait le promontoire sous son apparence passée. Forêt, pâturages, oratoire religieux avaient été remplacés depuis par un désert de rocailles. A l'aube Mélisandre de Merinita interpella les esprits de la brume qui semblaient lui répondre, dessinant un tunnel qui désignait le sommet d'une montagne au Sud : la Gnioure. La Troupe décida de tenter sa chance vers le pic rocheux, faisant un long détour pour éviter les escarpements les plus abrupts. Le paysage semblait transformé, les pierres plus tranchantes, plus acérées !!!

Les Magi et leurs compagnons voulurent faire étape en Acqs, demeure de Gilbert de Montpallier pour s'équiper en vue d'une longue et éprouvante ascension. Le destin en décida autrement ...
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D'une visite amicale qui se transforme en chasse au Démon (été 1155):

Gilbert de Montpallier fut heureux de voir arriver la Troupe, bien qu'il fut quelque peu étonné car il attendait Gilles de Jerbiton. Il présenta aux Magi sa fille, Jeanne, âgée de quelques mois. Nathanaël de Tytalus l'interrogea sur les attaques de loup et il s'excusa d'avoir poussé les fauves à se rendre sur les terres de Calebaïs à force de battues successives, bien qu'il ne comprit pas en quoi cela pouvait nuire à ma maîtresse et ses proches. Le seigneur d'Acqs accepta de fournir l'équipement permettant de se rendre au sommet de la Gnioure.

Invités à la table de Gilbert, les Magi découvrirent la Dame de leur hôte, une femme magnifique et souriante, innocente qui plus est, selon les dires de Nathanaël de Tytalus. Il détecta une profonde corruption dans le cœur de sa dame de compagnie, Mirehla, également nourrice de leur enfant. Nathanaël s'enquit de ses soupçons auprès du chevalier qui ne voulut rien en croire et se déclara incompétent. Il proposa au Magus de rencontrer le Père Blaise, un bedonnant et jovial curé porté sur la boisson. Le religieux s'avéra lui aussi suspicieux et expliqua qu'une nonne de Sainte-Douceline devait arriver d'ici les premiers mots de l'enfant pour s'occuper de son éducation, et contrebalancer l'influence néfaste de la nourrice.

Suite à un étrange quiproquo avec Nathanaël de Tytalus, le Père Blaise décida de rendre visite à Dame Mélisandre qui venait de rater la messe des mâtines. Inquiet de ce que pourrait dire ma maîtresse au prêtre, le Magus fit sonner les cloches de l'église à tout rompre pour détourner l'attention. Il raccompagna le curé et l'invita à boire un verre. Rapidement convaincu, le Père Blaise sortit un tonnelet d'hydromel et accepta un défi à base de gages lancé par le Magus. Aidé par sa magie, il parvint à lui faire effectuer diverses épreuves que je qualifierais d'hérétiques comme réciter le Notre Père à l'envers ou encore déclamer un Ave Maria sur un air de chanson paillarde. Le bon curé s'effondra finalement, vaincu par des pouvoirs qui le dépassait et un hydromel d'une qualité certaine.

Nathanaël de Tytalus rejoignit ma maîtresse et ils commencèrent à bâtir un plan pour se débarrasser de la nourrice maléfique. Ils ne purent cependant mener leur plan à exécution. En effet, un accident coûta la vie à la seconde nourrice en charge de Jeanne, Clotilde, une jolie jeune femme, amie d'enfance de Frénégonde de Pamiers, désormais épouse de Gilbert. Mélisandre de Merinita profita de l'occasion pour se rapprocher de Mirehla et lui lança un sort, l'affligeant d'anormalement brillants yeux de chat. Souriant de son idée, elle se rendit en cuisine pour déjeuner, oubliant la mort de la pauvre nourrice.

Isolée au milieu de marmitons apeurés par la présence d'une Dame, elle brisa la glace rapidement en s'inquiétant de leur condition et en les questionnant sur la vie au château. D'après les rumeurs qui bruissaient dans les cuisines, le noble chevalier de Montpallier aurait eu une aventure avec Dame Clotilde. D'après les jeunes serviteurs, les provisions rassemblées pour tenir l'hiver ne seraient pas suffisantes, et combinées aux attaques de loup, cela faisait gronder les villageois. Le Père Blaise quant à lui était ouvertement considéré comme un ivrogne, responsable de plus de nombreux désagréments pour les habitants depuis qu'il avait installé de nombreuses ruches pour développer sa distillerie d'hydromel.

Sans nul doute inspiré par un bon repas, Dame Mélisandre décida d'ourdir un artifice sophistiqué pour piéger la nourrice maléfique. Elle créa à l'aide de plusieurs sorts fantasmatiques trois visages de Clotilde sur les murs de la salle à manger. Ils reçurent pour consigne d'apparaître à l'entrée de Mirehla, de Gilbert et du Père Blaise et de prononcer quelques mots en latin: "Mirehla m'a tué". Nathanaël de Tytalus quant à lui parcourut le manoir fortifié à la recherche d'autres personnes corrompues. Un garde et un palefrenier correspondirent à ses critères stricts mais il décida de conserver cette information par devers lui.

A la mi-journée les Magi rejoignirent la vaste salle à manger avant que les autres acteurs de la tragédie ne s'y rendent. Ils n'eurent pas longtemps à attendre pour voir arriver Mirehla qui déclencha le premier visage illusoire. Nombre de convives crièrent et hurlèrent, notamment en constatant le regard démoniaque de la nourrice. Mélisandre de Merinita s'amusait follement et eut de grandes difficultés à jouer la comédie devant l'assemblée médusée. Affolée la sectatrice démoniaque tenta de fuir la pièce avec Jeanne dans les bras. Elle n'eut le temps que de faire quelques pas, quand une seconde tête apparut sur le mur opposé, déclamant les mots fatidiques. Gilbert de Montpallier venait de pénétrer dans la pièce. Se sentant piégée, Mirehla saisit un couteau et menaça l'enfant. Le chevalier devança l'action des Magi, et dégainant son gigantesque espadon le projeta d'un seul mouvement en direction de la ravisseuse, la clouant au mur, comme une aiguille l'aurait fait d'un insecte. Avant que quiconque ne puisse se questionner sur la force nécessaire pour un tel exploit, le bébé tomba des bras de la moribonde et ne fut sauvé que par la magie de Nathanaël de Tytalus. Frénégonde d'Acqs arriva sur ses entre-faits, et interloquée, se précipita vers sa fille. Gilbert de Montpallier, demeurant coi, desserra les dents pour ne laisser échapper que deux mots: « A table! ».

Le corps ensanglanté toujours cloué au mur, le repas ne fut égayé que par les rires et les bons mots de Dame Mélisandre qui ne semblait que peu affectée par les derniers évènements. La suite lui fut plus déplaisante. Toute la maisonnée, de la Dame à la dernière souillon, fut conduite à l'église par les hommes d'armes qui fermèrent les grilles du castel puis se cloîtrèrent dans le lieu consacré avec l'ensemble des habitants des lieux. Ma maîtresse tenta de se placer au plus loin de l'autel, mais en tant que noble invitée, elle ne put que mettre quelques pas entre elle et le rituel qui débutait. Nathanaël de Tytalus secondait le Père Blaise lors d'un exorcisme censé libérer le corps de la nourrice abattue du démon. L'office faisait son œuvre et une nauséabonde fumée ébène s'échappa de la bouche du cadavre. Elle fut dissipée peu à peu par les chants du prêtre et ses aspersions d'eau bénite.

Malheureusement pour Mélisandre de Merinita l'épreuve n'était pas terminée. La Maison de Tytalus est réputée pour savoir débusquer le démon et Nathanaël fit honneur aux anciens chasseurs de Démons. Un jeune diacre vêtu de blanc prit feu et des flammes bleues commencèrent à le consumer. Le Père Blaise tenta d'éteindre l'incendie qui ravageait l'adolescent hurlant de douleur en lui versant les fonds baptismaux dessus mais il ne fit qu'empirer la Géhenne du jeune homme. Ce dernier finit en quelques instants en un cadavre cramoisi et recroquevillé au sol. Peu après le berceau prit feu à son tour et Jeanne fut légèrement brûlée avant d'être retirée des flammes par sa mère. Mélisandre retira le berceau loin de l'attention des témoins et récupéra les restes carbonisés d'objets servant au culte de Satan.

La fatalité semblait s'être abattue sur Acqs et une longue messe qui mit au supplice ma maîtresse fut célébrée dans la foulée ; Gilbert de Montpallier ne laissa nul de ses hôtes choqués rejoindre ses pénates. Jeanne reçut un long et éprouvant baptême pour purifier son corps et son âme. Tentant de détourner son attention d'une cérémonie qui la mettait mal à l'aise, Mélisandre se concentra sur les participants. Elle détecta plusieurs objets magiques au sein de l'assemblée, et notamment une magnifique hallebarde entre les mains du chef de la garde, Siccard Pajerol, un homme d'une quarantaine d'années au visage taillé à la serpe, froid et laconique. Elle se rendit compte également que Frénégonde de Pamiers portait au cou un collier dont l'aura magique ne faisait aucun doute.

N'oubliant rien des lourds besoins hermétiques de l'Alliance, les Magi invoquèrent des impératifs magiques incontournables pour récupérer la cendre des deux corps démoniaques au pied de leur bûcher. Bien leur en prit car ce fut une grande quantité de Virtus qui rejoignit les coffres de la Nouvelle Calebaïs. Le repas du soir fut triste et silencieux, sans compter l'absence d'une partie de la maisonnée qui s'était faite porter pâle. Au petit matin un groupe de paysans en colère fut reçu par le chevalier de Montpallier. Ce dernier dut de plus faire face aux révélations des Magi au sujet du Baron de Pamiers, son beau-père, qu'il nia en bloc. Il accepta néanmoins d'envoyer le Père Blaise rendre compte de la situation à l'évêché, à Carcassonne. Le seigneur d'Acqs préviendrait également son suzerain de se tenir sur ses gardes. Les Magi le convainquirent par ailleurs d'accepter un de leurs suivants pour assurer la protection et la surveillance de sa fille Jeanne jusqu'à l'arrivée de la nonne du couvent de Sainte-Douceline. Jasmine, dissimulée par la tenue de troubadour Arlequin, gagnerait Acqs dès leur retour à Calebaïs.

Lors de la discussion avec le maître des lieux, Dame Mélisandre fut intriguée par une tête de loup blanc empaillée, d'une taille inhabituelle, fixée au mur. Elle se souvint soudain avoir aperçue cette bête des années auparavant, lors de son Gant. La bête accompagnait alors un loup noir gigantesque, un Magus de la Maison Bjornaër selon elle. La Troupe apprit que les paysans étaient venus se plaindre des attaques répétées des loups contre des villageois, qui étrangement ne comptait que des blessés. Craignant une contagion massive de métamorphoses à la prochaine Lune, les Magi décidèrent d'envoyer Luigi Vasco, leur herboriste, faire le tour des hameaux pour recenser les blessés sous couvert de les soigner. Biccente, Eduardo et Tederic, soldats de la Turbula, accompagneraient le Maître artisan.

Avant de quitter le castel, Nathanaël de Tytalus mena des recherches sur la famille disparue de la seigneurie d'Acqs. De grands mystères règnent depuis des siècles sur nombre de disparitions étranges, mutilations, attaques de loups... Il fut impossible à la famille régnante de venir à bout de cette malédiction dont ses membres furent eux aussi victimes. Brûler et traquer les maudits ne suffisait pas à protéger la région, qui peu à peu se vida de ses habitants jusqu'au début du millénaire où les archives perdent trace de la famille d'Acqs, sans doute disparue suite aux purges et massacres. La seigneurie fut alors abandonnée par la famille de Blancastel et seuls quelques hameaux à moitié vides subsistaient autour du village d'Acqs moribond.

La destruction des démons ne semblait pas suffire aux esprits taquins qui peuplaient la seigneurie maudite d'Acqs. De nouveaux dangers et mystères attendaient ma maîtresse et ses compagnons dans les mois qui allaient suivre.
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Re: [CR] Ars Magica 3eED (campagne et blog complet)

Message par Qui Revient de Loin »

Hé bien, bravo !
Je n'ai pas lu, mais j'ai parcouru le blog pour voir sa structure, étant moi-même un rolo-blogueur des campagnes auxquelles je jouent, et c'est très impressionnant. A quelle fréquence et pendant quelle durée jouez-vous ?
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Re: [CR] Ars Magica 3eED (campagne et blog complet)

Message par Thibor »

Qui Revient de Loin a écrit : sam. avr. 08, 2017 7:46 pm Hé bien, bravo !
Je n'ai pas lu, mais j'ai parcouru le blog pour voir sa structure, étant moi-même un rolo-blogueur des campagnes auxquelles je jouent, et c'est très impressionnant. A quelle fréquence et pendant quelle durée jouez-vous ?
Alors en gros il y a eu trois étapes/types de jeu dans la campagne:
-une grosse semaine annuelle où on se retrouvait entre copains dans un lieu assez idyllique avec jeu de rôle et nourriture liquide à volonté. Les partiess pouvaient durer des dizaines d'heure et couvrir plusieurs scénarios.
-des weekends intensifs de deux ou trois jours avec une forte amplitude horaire mais beaucoup plus d'eau
-depuis quelques mois nous avons réussi à remonter une table hebdomadaire en semaine, avec deux joueurs (dont moi-même) chez le MJ et un en visio).

Pas mal de joueurs sont sortis de la campagne, notamment pour des raisons de vie à l'étranger (incapables de sacrifier leur vie pro et perso pour faire vivre une campagne de jdr...pfff...) mais les deux personnages cadres sont toujours là (Mélisandre et Nathanaël) ce qui permet à l'histoire de rester cohérente et très agréable à voir progresser. Dans le dernier scénario par exemple le MJ nous a fait ressortir des grands méchants dont certains étaient apparus il y a plus de cinq ans irl. Assez génial dans ce cas d'aller fouiller le blog pour ressortir ce que l'on savait d'eux à l'époque. Totalement impossible à gérer sans ça je pense.
Dernière modification par Thibor le dim. avr. 09, 2017 1:34 pm, modifié 1 fois.
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Message par Ravortel »

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Re: [CR] Ars Magica 3eED (campagne et blog complet)

Message par Thibor »

Ravortel a écrit : dim. avr. 09, 2017 1:11 pm Vous êtes de grands malades, mais enviés !
C'était beaucoup de boulot au début, surtout que nous ne sommes que deux à bosser dessus, le MJ et moi, mais maintenant à part les CR de parties que je rédige c'est plutôt du suivi et de la mise à jour qu'un boulot de fond. Mais il y a un réel plaisir à suivre une campagne de cette manière, surtout sur autant d'années et de parties. Et puis j'adore le meta-jeu en dehors des parties, là c'est juste la version pour psychopathe du mail envoyé au MJ entre deux sessions. :charmeur
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Re: [CR] Ars Magica 3eED (campagne et blog complet)

Message par Ravortel »

C'est rigolo de retrouver ce vieux scénario d'AM (l'Alliance brisée de Calébaïs), que je n'ai pas relu depuis... 20 ans ? Mais que j'ai reconnu tout de suite :)

Et après ça continue ? Vous voulez faire "Ars Magica Next Generation" aussi ? ;)
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Re: [CR] Ars Magica 3eED (campagne et blog complet)

Message par Thibor »

Note pour faciliter la lecture: Les loups-garous ne sont pas joués dans l'esprit Ars Magica (malédiction et rareté). Le MJ est parti sur une version allégée et adaptée du Mondes des Ténèbres au fur et à mesure qu'ils prenaient de l'importance dans la campagne, en simplifiant voire en sabrant les huitaines de tribus et octante pouvoirs de Werewolf. Vu que l'on arrive à général à s'en sortir sans rentrer dans le lard des méchants, ça n'a jamais posé de soucis, les règles étant créées à la volée si le besoin s'en fait sentir.

D'une battue aux loups qui dévoile des secrets ancestraux (automne 1155):

Orion de Verditius, ravagé par la puissante magie qui faillit le tuer, est désormais porteur d'une malédiction qui ne fera que renforcer l'aversion des vulgaires à son égard : sa peau est désormais totalement et irrémédiablement argentée. Tandis qu'il tentait échapper aux galéjades de ma maîtresse, Jasmine fut envoyée, vêtue du manteau des quatre ordres qui permet de changer d'apparence, servir de nourrice auprès de Gilbert et de son fils.

En Acqs, trente-sept paysans seulement sur la soixantaine recensée par notre herboriste répondirent à l'appel de leur seigneur. Dame Frénégonde organisa une fête à l'instigation de la Troupe afin de ne pas éveiller d'éventuels soupçons. Le Père Blaise était lui aussi de retour, porteur de tristes nouvelles. Près d'un quart du Comté de Carcassonne était en feu, ravagé par des incendies d'origine surnaturelle d'après ses dires. De plus en plus de gens étaient retrouvés errants, hagards. L'évêque appellait quant à lui à une enquête ecclésiastique.

Une grande battue fut organisée comme prévu à travers la campagne pour découvrir les terriers et caches des loups qui ravageaient les environs. Des hommes des baronnies environnantes furent mandés en prévision et lorsque les tanières de la horde furent découvertes sous la falaise qui délimitent nos terres de celle d'Acqs, le massacre put commencé. S'assurant que nul vulgaire ne pouvait l'apercevoir, les Magi ordonnèrent à Igack d'enfumer la principale tanière. Il en profita pour prendre le contrôle de l'esprit d'un loup et guider les chasseurs et les hommes d'armes qui tirèrent les bêtes sauvages comme des lapins. Une partie de la meute parvînt cependant au sommet de la falaise par d'autres issues dissimulées. Dame Mélisandre de Merinita, accompagnée d'un cercle de chasse Satyre, les prît en chasse. Les corps des loups furent présentés aux Magi, et ceux qui contenaient du Virtus mis de côté. Les autres furent offerts aux hommes de Paul pour que les fourrures ornent à l'avenir les couches des plus braves soldats de la journée.

Les gens d'armes de Paul partirent alors à marche forcée en direction du village où le loup possédé par Igack assurait que son chef de meute vivait. Le hameau fut rapidement investi par des soldats déterminés et deux loups-garous furent capturés sans combat dans la maison du chef, un adolescent et une jeune fille. La magie d'Orion de Verditius permit rapidement à la Troupe de comprendre qu'elle avait été leurrée. Le seigneur des loups se trouvait en effet actuellement au château, laissé sans protection ou presque. Sur le chemin du retour, et malgré l'urgence, les Magi décidèrent de ne prendre aucun risque et passèrent au peigne fin deux autres villages. Cinq autres loups-garous furent découverts et enchaînés, tous jeunes ou vieux incapables de se battre.

Au grand soulagement de tous, la forteresse qui domine Acqs semblait calme à l'arrivée de la troupe mais une rapide inspection magique de la garde et des alentours permit aux Magi de se rendre compte de la situation. Plus d'une trentaine de gardes et de serviteurs n'étaient pas ce qu'ils semblaient être, dont l'ensemble des soldats assignés à la surveillance des villageois infectés. Un véritable carnage se préparait si rien n'était fait pour l'empêcher.

Ce fut dans la chambre de Dame Frénégonde que l'intrigue commença à se dénouer. Le seigneur des loups tenait en otage le jeune enfant de Gilbert. Tandis qu'Orion de Verditius tentait de le convaincre de cesser cette folie, Altaïr, profitant de ses talents de dissimulation, réussit à se glisser dans son dos et à l'assommer. Le corps inerte fut couvert de liens d'argent et un interrogatoire rapidement mené pour ne pas attirer l'attention du reste de la meute. D'après ses dires, une grande partie de la famille Blancastel était jadis loup-garou, inféodée par les rites et le sang à la meute d'Acqs. Quand les chasses aux sorcières eurent débuté il y avait de cela près de deux siècles, les loups-garous de Blancastel laissèrent faire, afin de retrouver leur autonomie vis à vis de leurs suzerains.

Malheureusement pour la Troupe, les rires et les saillies de ma maîtresse énervèrent suffisamment le seigneur des loups pour déclencher sa métamorphose malgré l'argent, et ce dernier fuit dans la cour du château. Avant d'avoir put lancer l'assaut il fut défié par Gilbert de Montpallier. Le duel fut titanesque, digne d'être conté et chanté par moult troubadours. Mais malgré son armure brillante, ses reliques saintes et ses prières, le chevalier ne put vaincre la bête animée de toute sa rage et sa haine. Brisé, blessé à mort, dominé par le métamorphe couvert de sang, le seigneur d'Acqs attendait la fin quand un miracle fit cesser l'ordalie. Des colonnes de lumière descendirent des nuages pour frapper l’arène, traversées par des dizaines de chérubins chantant d'une voie d'ange les louanges du Dieu crucifié. Loups-garous, soldats comme Magi se sentirent apaisés, plein de félicitée et lorsque une licorne d'une beauté absolue perça la couverture nuageuse pour guérir d'un coup de corne les deux combattants, tous ou presque tombèrent à genou. Gilbert de Montpallier comme le loup-garou furent abasourdis, et aucun ne reprit le combat, tout à la contemplation de la bête miraculeuse qui disparut peu après. Le Père Blaise fut découvert priant avec ferveur non loin de la scène du prodige et la rumeur ne tarda pas à courir qu'il en était responsable, bien qu'il s'en défendit vaillamment.

Les Magi décidèrent d'intervenir rapidement pour tirer profit de la situation et éviter un bain de sang. Rejoignant les combattants encore hébétés ils poussèrent le peuple, humain et loup-garou, à applaudir et acclamer les deux seigneurs d'Acqs. Dame Mélisandre de Merinita complimenta le Père Blaise pour l'aide du « vieux barbu » (ce sont ses termes) alors qu'il apportait de l'hydromel aux deux guerriers pour trinquer à la paix.
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Re: [CR] Ars Magica 3eED (campagne et blog complet)

Message par Thibor »

Note de lecture: Syndarion est doté d'un joueur dont les jets de dés font pâlir un professionnel de Las Vegas (heureusement les 1 lui sont moins favorables avec son mage...). Ceci dit cela compense mes jets de dés catastrophiques. Et mon amour immodéré pour nous attirer des ennuis et tirer les scénarios dans des directions improbables.

L'arrivée de nos nouveaux Compagnons, extrait de journal (automne 1155):

Par la Grâce du Tout Puissant, nous arrivâmes à Marseille un jour pluvieux de novembre. Nous étions transis de froid et de fatigue, mais malgré notre infortune sur les routes de Provence, mes compagnons et moi-même étions sains et sauf. A ce moment de mon voyage, nous n'étions plus qu'une poignée. Sorina, ma vaillante combattante, était la dernière de mes compagnons d'armes. Son robuste bras magnait sa hache d'armes sans pareil, et sans elle nous reposerions sans nul doute dans quelque cul de bas-fosse. Ce brave Nicu, mon écuyer, était le plus éprouvé, mais il avançait vaillamment à mes côtés et fut le premier à nous indiquer notre arrivée sur la côte. Cassian et son protecteur, Falba, nous avaient bien guidé jusque là et méritaient amplement salaire, mais je leur demandais néanmoins de nous conduire jusqu'au fort dominant la cité afin de nous y reposer quelques jours.

Alors que nous patientions dans une des antichambres du vicomte Sebastien de Martigues, nous rencontrâmes un homme étrange, comme il y en a peu, même parmi ceux qui sont mes compagnons désormais à Calebaïs. Érudit et sauvage tout à la fois, un barde des anciennes chansons revenu hanter les rivages de la Mer intérieure, Syndarion. Ce dernier se proposa de nous guider jusqu'à notre destination par voie de mer, afin d'éviter les fléaux des routes de la région, mercenaires désargentés et pillards venus d'au-delà les Pyrénées. Décidant de rester néanmoins quelques jours, j'eus l'immense joie d'effectuer quelques passes d'armes avec le vicomte, qui fut bien moins intéressé par nos discussions théologiques, laissant ça à son frère évêque, que je n'osais entreprendre de telles questions.

Sur le navire il se passa une étrange chose, qui ne trouva pas d'explication. Alors que Cassian s’apprêtait à payer notre traversée, Syndarion s'entretint un moment avec le capitaine, et revint en faisant sauter dans sa senestre quatre livres d'or, un large sourire sur le visage. Je n'eus que peu de temps pour m’appesantir sur l’événement, la mer et le ciel tentant pendant neuf jours et neuf nuits d'abattre les espoirs des miens. Arrivés à Narbonne, une forte odeur de putréfaction nous agressa les narines. Personne ne semblait vouloir nous adresser la parole, nous regardant d'un air suspicieux. Toutes les tavernes étaient fermées. Nous mîmes pied à terre et partîmes plein ouest, abandonnant ce lieu de désolation. Il nous sembla que derrière une combe on faisait brûler de nombreux corps. Était-ce la peste ? Nous suivîmes la route et traversâmes deux hameaux déserts. Seules quelques fermes semblaient encore habitées, mais chaque âme en peine fuyait à notre approche. La région semblait sauvage et les habitations les plus isolées étaient solidement fortifiées.

Sorina nous réveilla à l'aube le lendemain à grands cris. Le campement était attaqué mais à ma grande surprise nos assaillants fuirent en voyant les visages des miens. Abasourdi, je vis que chacun d'entre nous était malade, le visage marqué. Je passais la journée en prière, suppliant notre Seigneur de me libérer de ma malédiction. Mais je fus une nouvelle fois seul, et je dus faire face à mes compagnons qui allaient mourir sans que je n'eu pu rien faire. Nous décidâmes, malgré l'épuisement de certains, de continuer notre route, espérant sans doute trouver quelqu'un ou quelque chose qui pourrait nous sauver. Nous arrivâmes près d'un étang splendide, entouré par des roseaux et de solides petits arbustes qui nous abritèrent du puissant vent que Cassian appelait Cers. J'appris par la suite que la tremuntana soufflait chaque année dans la région, emportant les plus faibles en hiver et rafraîchissant les paysans l'été.

Syndarion me demanda de le porter dans l'étang, afin de mourir près de l'eau qu'il aimait tant. Je ne pus qu'accéder à sa requête, voyant avec stupeur les poissons s'amasser autour de moi, semblant attendre, telle une meute de chiens non loin du loup. Syndarion voulut être immergé, comme le fit jadis Jean-le-Baptiste à notre Sauveur Jésus-Christ. Je ne pus m'empêcher de prier, et espérer de nouveau un miracle. Quand je repris conscience du monde qui m'entourait, je fus surpris de ne plus voir ou entendre nos compagnons. Laissant Syndarion profiter du soleil couchant, je suivis les traces qu'ils avaient laissées et pénétrais dans la forêt. Les arbres me semblèrent bien grands pour la région mais progressant, plié en deux pour ne pas perdre les traces, je n'y prêtais davantage d'attention.

Note de Mélisandre de Merinita: Syndarion me raconta à ma demande ce qui se passa dans l'étang. Sentant la vie l'abandonner, il appela à lui les esprits de l'eau. Une ondine, fantasque fae des eaux, répondit à sa supplique. Elle était suivie par sa cour de créatures aquatiques. Les branches des arbustes et les fleurs ondulaient dans leur direction, malgré l'absence de vent et la chaleur accablante. Elle raconta à Syndarion qu'elle charmait les voyageurs s'arrêtant sur les bords de sa demeure, pour les attirer dans les profondeurs et et rompre sa solitude. Il comprit qu'elle voulait le garder avec elle et tenta de l'hypnotiser. Il apprit ainsi qu'un ancien pouvoir au cœur de la forêt pourrait sans doute le guérir. Elle ne pouvait rien de plus pour lui si ce n'est envoyer un des siens le guider.

Je marchais de longues heures dans la forêt, perdant toute notion du temps et des distances. Alors que j'allais m'abandonner au sommeil pour quelques heures, Syndarion surgit d'un épais fourré. Il essaya de me convaincre que cette forêt labyrinthique et obscure n'était pas maléfique. A partir de cet instant, les bois semblèrent créer une trouée pour nous laisser passer jusqu'à ce que nous parvînmes à un dôme de bois naturel dans lequel des meubles de racines soutenaient nos compagnons malades et épuisés. Je ne pus m'empêcher de me signer et de murmurer une courte prière. Avant que les derniers mots ne franchissent ma bouche, Syndarion et mes compagnons avaient disparu ! Je me mis à prier à voix haute, combattant l'esprit malin qui ne devait avoir manqué de posséder cet endroit. Les arbres se mirent à s'agiter et à s'animer, tordant leurs branches vers mon visage pour m'engloutir. Avant que je ne puisse dégainer ma fidèle épée, j'eus le sensation qu'il s'agissait d'une illusion démoniaque pour dissimuler la pureté de ce lieu béni de Dieu. Par mon aveuglement je m'apprêtais à commettre un grand péché. [Note au MJ: Syndarion hypnotisa Radoslav pour qu'il considère les lieux comme l’œuvre de Dieu.]

Dans la clairière, une femme vêtue d'une belle robe vert pâle au visage clair et noble, discutait avec mes compagnons. Je ressentis une impression de paix et de bien-être quand j’observais son visage empli de douceur et de pureté. Je sus qu'elle avait été touchée par la grâce quand elle apposa ses mains sur mes suivants et mes compagnons, les saluant d'un air majestueux en leur offrant le baiser de paix. Elle se présenta à nous sous le nom de Marlosie. Elle tenta de me convaincre que je me trompais de chemin, que j'étais dans les ténèbres et que d'autres voies menaient à la lumière. Pour me démontrer son pouvoir elle fit un geste de la main, écartant le dôme végétal qui nous entourait, libérant la lumière brûlante du soleil qui réchauffa nos corps fourbus. Elle promit la guérison à mes compagnons si nous nous occupions d'un démon abritant les flots de l'étang où nous étions reposés. Elle souhaita nous faire prendre conscience du danger inhérent aux flots et aux profondeurs où l'homme ne peut vivre, au contraire de la forêt accueillante et aimante.

La suite me paraît encore floue aujourd'hui. Syndarion discuta quelques instants avec Marlosie avant de s'absenter une petite heure avec elle. A leur retour elle soigna mes compagnons de ses mains d'albâtre. Syndarion me convainquit que les lieux étaient désormais dangereux pour nous, et nous reprirent la route, abandonnant cette clairière bénie, et la Dame aux mains thaumaturges. [Note au MJ: Syndarion hypnotisa Marlosie pour qu'elle tombe amoureuse de lui, et c'est après une petite session de jambes en l'air, qu'elle soigne l'équipée.]

Nous croisâmes une troupe d'une soixantaine de pèlerins, que nous informâmes des problèmes de peste dans la région. Ils décidèrent prudemment de ne pas longer la côte, a-priori plus touchée, mais de pénétrer à l'intérieur des terres à nos côtés. Nous passâmes la nuit à la lisière d'un village ; les environs semblaient avoir été touchés par de nombreux incendies. Au petit matin, le curé qui guidait ses ouailles dans leur procession pacifique nous bénît, et nous apprit à demi-mots qu'un légat papal devait venir enquêter sur des disparitions mystérieuses dans la région. D'après les dires d'un de ses proches au diocèse, les malheureux réapparaissaient hagards, les yeux vides de toute intelligence. C'est avec de plus grandes précautions que nous reprîmes la route, et si l'on nous interdît l'accès à Lesinhan de las Corbièras, où l'on nous mît en garde contre un dragon, nous n'eûmes aucune difficulté à traverser de nombreuses terres ravagées, aux champs et forêts calcinés.

Enfin, nous arrivâmes à Carcassonne, cité à nulle autre pareille dans toute l'Occitanie. Son seigneur, le Vicomte Raymond Ier Trencavel, est un des plus puissants nobles de la région. Nous fûmes présentés à l'un de ses premiers vassaux, et je lui présentai mes lettres de recommandation. Sans tarder on nous amena auprès de Gilles de Cominge et de Mirepoix, un jeune homme richement vêtu qui se présenta comme une des oreilles du seigneur des lieux, actuellement en visite à Toulouse. Avant que nous ne pûmes converser plus avant, des hommes d'armes arborant les couleurs du vicomté se jetèrent sur nous, malgré les protestations de Gilles. Syndarion utilisa un des charmes en sa possession pour détourner un des gardes de son devoir et ralentir ses compagnons, tandis que nous nous ruâmes vers l'extérieur afin de quitter les lieux au plus vite. Notre barde détourna l'attention des soldats sur les parapets grâce à son instrument, les plongeant dans un état d'excitation invraisemblable. Je ne sais comment ses tours fonctionnent, mais ils sont redoutables!

Avec diplomatie et force prudence nous parvînmes à quitter la cité, sans l'aide du seigneur de Cominge de Mirepoix, qui nous accompagnait pour tirer au clair ces agissements et s'assurer de notre sécurité, mais choqué, en semblait bien incapable. Moins d'une demi-journée après notre fuite éperdue, une colonne d'une dizaine d'hommes équipés de pied en cap apparut derrière nous et malgré tous nos efforts de discretion nous dûmes y faire face. Sorina et moi-même nous placèrent en première ligne pour absorber la violence du choc tandis que nos compagnons devaient s'attaquer aux montures ou aux combattants désarçonnés. Le combat fut d'une violence effroyable, bien qu'extrêmement court. Nous enterrâmes les soldats tombés au bord de la route, et nous nous éloignâmes d'une courte lieue pour dresser notre campement, désormais richement dotés en montures et en équipement militaire. Malheureusement, au matin, nos prises de guerre avaient disparu, de même que Gilles, qui s'était présenté comme un membre de la Maison Jerbiton. En lieu et place nous découvrîmes une bourse bien dotée, et un mot d'excuse nous invitant à rejoindre un petit village, Lacombe.

Guidée par une paysanne, nous arrivâmes au pied d'une étrange colline, dont les chemins la parcourant semblaient se mouvoir au rythme de notre progression. Après plus d'une journée de balade, particulièrement reposante et agréable, nous fûmes accueillis par Gilles de Jerbiton, tout sourire, nous souhaitant la bienvenue à la Nouvelle-Calebaïs. Mais ceci est un autre chapitre de mes pérégrinations en terres occitanes.
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Message par Ravortel »

"de pied en cap", rien à voire avec une cape, ici "cap" est pour "caput", la tête (comme dans "capital") ;)
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Message par Thibor »

Ravortel a écrit : dim. avr. 09, 2017 9:08 pm "de pied en cap", rien à voire avec une cape, ici "cap" est pour "caput", la tête (comme dans "capital") ;)
Merci, ça paraît en effet évident une fois réécris correctement!
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Message par Thibor »

De l'Exploration des Profondeurs de Calebaïs, la fin (hiver 1155):

Le onzième niveau n'avait pas encore livré tous ses secrets aux Magi de la Nouvelle Calebaïs et les catacombes conservaient notamment leur mystère. A l'entrée de ces dernières, sous le regard impassible de deux statues de guerriers squelettes, une réserve abritait du matériel pour les rites funéraires. Derrière les statues, des niches abritaient des dizaines voire des centaines de corps. Les Magi ne tardèrent pas à comprendre à leurs dépends qu'il s'agissait d'une des défenses de l'Alliance lorsqu'ils dérangèrent un des corps pour se saisir de quelque richesse magique, activant à la fois les statues et les squelettes. Wulfgär et Altaïr engagèrent le combat, épaulés par Nathanaël de Tytalus. Ma Maîtresse, n'écoutant que son courage, s'enfonça dans le sol pour, dit-elle encore aujourd'hui, trouver une solution définitive au problème des squelettes. Édifiant un solide mur de pierre entre les créatures et eux, les combattants tous sains et saufs attendirent avec patience que les ossements reprennent leur place et décidèrent pour l'instant d'ignorer les catacombes. La découverte d'une maxime non loin des statues, « Hic locus est urbi mors gaudet succurere vitae » (Ici est le lieu où la mort se réjouit d'enseigner aux vivants) finit de les convaincre.

A l'instigation de Mélisandre de Merinita ils tentèrent néanmoins de traverser le mur de la réserve grâce à leur magie pour découvrir par quels biais le labyrinthe du familier de Granordon communiquait avec les catacombes. Bien leur en prit puisqu'ils découvrirent non pas un tunnel mais le Laboratoire et le Sanctum de l'Archimaga. Un sarcophage contenant le corps de Granordon y fut découvert entraînant bien des questionnements des Magi. En effet le corps sans vie de l'Archimaga devait se trouver dans la caverne aux coffres, là où ils avaient affronté son fantôme. Quelque chose clochait.

Estrella de Bonisagus décida de prendre des risques, et lança un sort destiné à parler au corps. Malheureusement pour elle, c'est le fantôme de Granordon qui apparut. Ce dernier tenta de séduire Gilles de Jerbiton, sans prendre de gant. Ma Maîtresse lui proposa de lui rendre la paix de l'âme, comme pour d'autres habitants de Calebaïs, mais Granordon refusa. Elle lui proposa alors une nuit avec un bel homme, en la personne de Gilles. Le fantôme accepta sans hésitation, et posséda alors le corps de Mélisandre de Merinita qui ne résista pas. Elle demanda même aux autres de quitter la pièce pour profiter des plaisirs de la chair qui lui étaient interdits depuis bien longtemps.

Gilles de Jerbiton profita de sa folle nuit pour questionner l'esprit qui possédait ma Maîtresse, et passer des marchés avec lui. Ainsi Granordon accepta d'abandonner son Sanctum contre la vie d'une jeune fille qu'elle puisse posséder à volonté pour étancher ses passions. Malgré quelques grincements de dents le Conseil des Magi accepta finalement à l'unanimité. Elle expliqua également que les défenses des catacombes lui étaient liées, mais qu'elle en expliquerait le fonctionnement lorsque elle serait prête. Elle en ferait de même avec les protections de son Sanctum. Au sujet du squelette du dragon qui tenait tant à cœur à Nathanaël de Tytalus, elle se souvenait avoir participé à l'enchantement, mais elle était encore une jeune Maga et ne put en dire plus à Gilles. Enfin l'Embrasement ne l'avait pas perturbé. Ne se souvenant pas de qui la tua et n'ayant pas participé aux guerres fratricides, elle ne put en dire plus au Magus déçu.

Une nouvelle expédition fut lancée dans les catacombes, menée par le fantôme de Nasseri. Il découvrit de nombreuses richesses, bijoux, or, joyaux et l'accès officiel du Laboratoire de Granordon, gardé par deux statues identiques à celles de l'entrée des catacombes. Ne souhaitant pas déclencher la colère des squelettes voire de nouveaux pièges plus dangereux, le Conseil de Calebaïs décida de laisser cette zone en paix jusqu'à la passation de pouvoir entre Granordon d'Ex-Miscellanea et Estrella de Bonisagus.

Note de lecture: dix ans en temps de jeu et cinq ans irl ont passé depuis ce scénario. Et le fantôme de Granordon s'est fait dézingué par un dragon (un peu par ma faute) avant qu'elle ne puisse révéler les secrets des catacombes. Nous sommes donc bons pour partir en expédition au milieu des morts-vivants, des statues qui marchent et autres pièges nécromantiques afin de sécuriser définitivement notre maison... :yes:
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Message par Thibor »

Première visite à la Cour de l'Ombre, extraits du journal de Mélisandre de Merinita (hiver 1155):

1155, journée du solstice d'hiver

La neige recouvre les montagnes aux alentours de la Nouvelle Calebaïs. Plus personne ne sort du puits depuis plusieurs jours. La colline du Voile aux Énigmes est couverte de neige elle aussi. J'ai décidé de rendre visite à la Cour de l'Ombre en profitant de la nuit la plus longue de l'année. Malheureusement le froid mord même à travers l'épaisse peau de loup qui me couvre les épaules. L'atmosphère se fait plus froide, austère au fur et à mesure que je pénètre dans la forêt annulaire. Même les arbres semblent hostiles, je ne les ai jamais vu ainsi. Mon manteau s'accroche aux branches. Même mes sens m'avertissent que j'approche d'endroits dangereux et qui ne veulent pas de moi. Pourtant je connais si bien ces bois en temps normal.

Majestueux, les pieds campés dans la neige, un lynx me fait face après une énième chute dans la neige épaisse. Grâce à mes dons avec les animaux, je sens qu'il monte la garde et attend quelque chose. Je lui demande gentiment de me conduire jusqu'à ses maîtres. J'observe bien vite qu'il évite des obstacles invisibles et je l'imite, n'arrivant pas à discerner la réalité derrière les illusions ... ou l'inverse. La pénombre est épaisse, on pourrait se croire en pleine nuit malgré l'heure matinale.

Soudain je dois esquiver de justesse un épieu qui sort de nulle part. Je me dissimule derrière un tronc d'arbre. Le lynx semble avoir disparu. Je l'entends hurler comme s'il avait vaincu l'ennemi, sans nul doute un Satyre qui ne m'a pas reconnu. Je me dirige dans la direction du cri. Trois Satyres, dont un se relève en se frottant la croupe, font face au lynx. Ils se retirent la queue entre les jambes. Enfin, s'ils en avaient une ils partiraient ainsi. La forêt semble complètement transformée par rapport à d'habitude. En pire ! Sous un tronc courbé par la neige, j'aperçois une lumière, sans doute la clairière où sont plantés les chênes féeriques.

Des flocons de formes géométriques me fascinent lorsqu'ils se posent sur ma peau et mon manteau. Ils me font étrangement penser aux fleurs de cristal de Drininkeana. Je n'en ai jamais vu de tels. Quelques Satyres observent la scène de l'autre bout de la clairière. Le lynx se trouve entre nous et les fixe. Un rapace se pose juste au dessus de moi, son cri est particulièrement grave, un beuglement loin des cris d'oiseaux habituels. Quelques lièvres viennent assister à la scène, le rapace pique sur l'un d'eux, le lynx poursuit les lièvres dans la forêt. Je danse quelques heures avec les flocons avant de m'abriter un moment à l'abri d'une épaisse peau d'ours. Je suis réveillée par des coups de pied qui me font basculer le long d'une légère pente de neige. M'ébrouant, je remonte vers la clairière où j'y découvre la silhouette d'un sanglier, Grouik qui cherche des glands dans le sol que ma chute vient de déneiger. Je le convaincs de partir avant que la Cour de l'Ombre ne fasse un rôti de lui. Il s'en va finalement après que j'ai bien insisté sur tous les termes de nourriture que je connais. Harcelé par les Satyres, il en charge un qui s'écrase contre un arbre. Ses compagnons sont morts de rire. Je sens que l'atmosphère est en train de changer.


1155, nuit du solstice d'hiver

Le ciel est de plus en plus obscur. La tension monte dans la clairière, comme si un drame allait se produire. Le rapace réapparaît et se pose sur un sapin. Chacun des monticules de neige qui parsème la clairière bouge, se déplace, vibre comme si il était habité par une taupe. Ils se multiplient même. Peu après, l'ensemble de la clairière semble veiné des conduits réalisés par les monticules mouvants. La neige redouble, toujours aussi géométrique, sans émotion, froide et belle. Les monticules se détachent du sol, montent en l'air et explosent en milliers de flocons qui semblent jouer et rouler les uns avec les autres. Ils stoppent leur mouvement avant de poursuivre un Satyre, le harcelant de leurs dards acérés jusqu'à le recouvrir sous un amas de neige si lourd qu'il ne peut plus bouger. D'autres Satyres essayent de l'aider. Les flocons lassés de leur jeu regagnent les airs où ils se poursuivent et forment de folles et sifflantes sarabandes.

La foudre fend le ciel. Je suis étonnée. Le temps était clair et dégagé. Du ciel, des éléments cristallisés tombent comme de la pluie, comme une nuée d'oiseaux, de la taille d'une main ouverte. Ils s'agglutinent peu à peu, formant ce que j'appelle faute de mieux un mausolée de glace. Planté au milieu de la clairière, entouré par mes chênes, il domine la forêt. Des trainées de brouillard, rampantes, noires, serpentent depuis la forêt et gagnent la clairière, s’engouffrant à travers les colonnes acérées pour pénétrer dans le bâtiment. Des bourrasques de vent sifflent autour de moi. Une silhouette se distingue derrière le monuments de glace et prend place à l'intérieur. Puis des ombres de plus en plus nombreuses sortent de la forêt, issues d'un rêve ou plutôt d'un cauchemar. Des cris stridents émanant du mausolée déchirent le silence comme pour convoquer les absents.

A côté de moi, un immense crapaud couvert de verrues suintantes, à la tête de rapace, me fixe. Il me semble familier. Je lui dis bonjour. Il me répond bonne nuit. Une discussion s'engage où il m'explique qu'il est une victime du jeu des autres fées. Elles s'amusent à le faire souffrir et à le blesser puisqu'il guérit de tout. Ils jouent avec lui au « hérisson ». Constatant que je ne comprends pas de quoi il s'agit, il décide de me montrer. Il se jette alors dans les airs vers le monument de glace. En un instant il est criblé de branches et d’épieux, comme un hérisson de ses piquants. Il revient vers moi et je l'aide à enlever les épieux, me rapprochant tout en parlant du mausolée. Le lynx s'approche de moi pendant que je libère le crapaud. Il régénère en quelques instants!

Hybacus débute une macabre et solennelle musique de sa flûte. Cela n'a rien à voir avec les dernières fois où je l'ai entendu jouer. Il glace le sang de son auditoire, y faisant naître colère, tristesse ou terreur. Des Satyres, des humanoïdes, des bouquetins, sans doute des cerfs, d'autres créatures plus petites se taisent, écoutent...Des myriades d'insectes semblent avoir envahi le mausolée. Je me rapproche de l'œuvre de glace tout en dansant avec les fées pour voir ce qui se passe à l'intérieur. Un grand bruit résonne alors dans la forêt ! La plupart des convives quittent la clairière pour aller en direction de l'agitation. Le lynx s'est dressé et m'a jeté un regard pour m'inviter à le suivre. Je me transforme en loup et l'accompagne.

Je me sens comme chez moi maintenant. Je prends naturellement ma place dans cette chevauchée mortelle. Je me lance dans la chasse avec les autres. J'en fais parti. Un cor résonne dans la vallée, appelant à la traque. Les Satyres hurlent et vocifèrent leur excitation. Mais qui est chassé ? Cette question est vite balayée par l'euphorie et la soif de sang. Je comprends mieux l'amour de la chasse des loups-garous d'Acqs. Et pourtant j'ai chassé bien des fois sous cette forme. La poursuite dure plusieurs heures sans que la proie n'apparaisse aux chasseurs quand soudain le cor résonne à nouveau. L'excitation est à son comble, le sanglier est acculé, encerclé par des Satyres, des loups, le lynx, des bourrasques de flocons qui le harassent de leurs dards.

Les Satyres se disputent le coup de grâce avant de lancer plusieurs épieux. Je me jette avec le lynx sur le sanglier. Moi à la gorge, le lynx sur l'échine de la bête. Son souffle se fait de plus en plus rauque, la vie s'échappant du corps puissant. Hybacus arrive, saisit le sanglier, le traîne sur le sol. De derrière les Satyres apparaît le Centaure, le compagnon de ma Dryade mais sa fourrure est étrange et différente. Elle recouvre l'ensemble de son corps, couvrant jusqu'à son visage en une lourde barbe. Il a lui aussi décoché une flèche sur Grouik. Le Centaure part avec le sanglier sur le dos et le lynx. Les Satyres multiplient les jeux macabres et violents pour fêter la victoire et la mise à mort.

Nous rejoignons la clairière. Les fumerolles noires s’amoncellent en une boule de noirceur qui semble surprendre, affoler et terrifier les participants. Hybacus lui même n'arrive plus à rester concentré et à continuer de jouer. Le point culminant est atteint et tous arrêtent leurs jeux, fixant la sphère qui prend progressivement une forme humanoïde. Elle prend les traits d'une femme à l'allure glaciale et morbide qui rehausse son obscure beauté. Elle est drapée d'une crêpe de soie noire qui laisse apparaître ses appétissants atours. Enfin je pense que Nathanaël les trouverait appétissants. Elle est parée d'un diadème d'obsidienne qui coiffe sa chevelure d'ébène. Son regard vert pailleté de violet est sans pitié ni scrupule. Elle attrape symboliquement Hybacus par la gorge, le jette à terre et lui ordonne de jouer.

Le premier à se présenter aux pieds de la Dame Obscure est le batracien qui s'incline devant elle avant de sauter dans sa main et d'y trôner, la présentant sous le nom de Doria. Tout le monde s'incline pendant qu'Hybacus joue. Elle prend alors la parole d'un ton ferme, solennel et autoritaire. Je vais essayer de retranscrire au mieux ses mots :

« Mes sujets, je suis fort aise de vous retrouver et de pouvoir fêter avec vous cette ténébreuse nuit. Cela fait déjà plusieurs années que je cherche le moyen de venger la mort de mon aimé et de le faire revenir d'entre les trépassés. J'en ai à présent les moyens. Il vous appartiendra de prouver votre loyauté et votre déférence en m'assistant dans cette tâche. Votre seigneur saura récompenser ceux qui auront été fidèles et utiles ».

Elle correspond à la princesse Fae croisée lors de mon Gant. Son époux, Iltor, avait été corrompu par des démons et tué par des arbres frappeurs. J'ai d'ailleurs récupéré son épée que je compte bien étudier un jour, quand j'en aurais le temps.

« Ainsi en ai-je décidé, il est temps pour Iltor de regagner la nuit ! Je vous somme à tous de hanter la région, de provoquer hantise, angoisse, cauchemars, peur, colère, ... pour qu'ainsi, de leurs sombres pensées, il puisse renaître à nous. Et si, l'un d'entre vous, par inadvertance, escomptait aller à l'encontre de mes plans, qu'il le dise immédiatement, et relève le défi, où s'incline comme l'exige mon rang ».

Hybacus baisse la tête, ... lui seul aurait pu la défier. Alors tout le monde baisse la tête également. Je prends ma forme de loup géant mais en reprenant mon visage humain et l'apostrophe: « Bonne nuit ! ». La Dame Obscure est surprise mais se reprend bien vite. Une discussion s'engage entre nous. Elle a besoin de quelque chose qu'on lui a pris. Je ne veux pas la gêner devant ses sujets et je lui dit qu'on parlera de ça plus tard. Hybacus entame une chanson d'une tristesse immense qui pousse tout le monde à pleurer, même la Dame, même moi. Le solstice s'achève ainsi, lentement, jusqu'au petit matin où tous se dispersent. En premier lieu Doria qui aux premiers rayons de lumière qui frappent le mausolée, se dissipe tel un nuage de brume, de même que son édifice. Les Satyres et tous les autres animaux, l'ensemble de ses sujets, regagnent les bois ou disparaissent en un souffle.


1155, premier jour après le solstice d'hiver

Épuisée, je rentre à Calebaïs pour me sustenter, prendre quelques notes et emporter des provisions pour les jours à venir. Je ne m'accorde que quelques heures de repos avant de regagner la forêt.


1155, première nuit après le solstice d'hiver


Le mausolée se reforme à la tombée de la nuit. Des nuages couvrent le ciel. La nuit est encore plus obscure que la veille : la lune est noire. Des loups hurlent dans la forêt. Sur son trône de glace, Doria siège, imposante de noblesse. Elle m'explique que Gilles doit venir lui rendre en personne ce qu'il lui a pris. Elle ne veut pas dire ce que c'est ni à quoi ça sert. En attendant d'en savoir plus, je lui propose que nous développions des relations de bon voisinage. Elle me remercie pour l'usage des glands de Grand Père Chêne et d'avoir ainsi renforcé l'onirisme du tertre. L'augmentation du grand nombre de païens dans les environs lui est également favorable. Je ne peux qu’acquiescer en ce sens. Plus ils seront nombreux à leur vouer un culte provoqué par leur crainte et leur ignorance et plus les Faes seront puissants et le voile de l'Arcadie sera mince. Cela m'arrange autant qu'eux. Elle me demande ensuite à qui va mon allégeance. Elle doit tout savoir de ma relation privilégiée avec Sylvia la Dryade. Je lui dis que je suis neutre et que je n'ai pas choisi de Cour. Doria sourit comme si je m'égarais. Elle me prend déjà pour son sujet et me dit que je ne peux revenir avant d'avoir accompli ma mission. Je lui souris en coin pour lui faire comprendre que je ne suis pas dupe. Après tout je n'ai rien de mieux à faire et cela m'évite de rester trois mois enfermés dans Calebaïs. Je vais aller chercher Gilles et l'on verra le reste ensemble.


1155, second jour après le solstice d'hiver

J'ai attendu le matin pour demander à Orion de m’emmener à Doïsseteppe. Gilles y effectue sa saison de service. Ce dernier est heureux de me voir mais reste interloqué face à mes demandes. Il ne se rappelle pas avoir volé un objet à Doria ou à son défunt époux. J'ai soudain une illumination et je me souviens qu'il a disparu quelques temps avec elle, soit disant éperdument amoureux. Enfin, il accepte de me suivre voir la Dame Obscure. Quelques sortilèges plus tard nous sommes au pied de la colline du Voile et prêt à rentrer dans la forêt. Je lui fais retirer tout son équipement de fer avant de nous rendre auprès de Doria à la nuit tombée. Nous parvenons jusqu'au mausolée où je présente Gilles de Jerbiton au trône vide. Doria apparaît en quelques instants et sourit comme une jeune vierge à la vue de Gilles. Voilà les mots qui furent prononcés:

«-Mon cher Gilles, je suis fort aise de vous revoir.

-Moi de même, mais ma mémoire faillit et je n'ai point de souvenir de ce dont me parle Mélisandre. Je ne me remémore aucun objet que j'aurais pu vous dérober. »

Doria semble soudain particulièrement vexée et son visage redevient de glace. Sa voix s'envenime et devient puissante

« Je n'ai jamais parlé d'un objet. Mais je suis fort marri de vous, humains, et de votre mémoire si fugace ! »

Les Satyres nous entourent et nous menacent de leur épieux sans même attendre un ordre de sa part. Elle avance vers nous, fulminante. Enfin, vers Gilles. Ce dernier se met à léviter pour s'éloigner des piques acérées pointées dans sa direction.

« Comment puis-je vous rendre ce que je vous dois sans en connaître la nature? »

Le corps de la Dame Obscure semble s'étirer vers le haut et comme un serpent de brume dont ses jambes prennent l'apparence, elle s'entoure autour du corps de Gilles. Elle siffle de frustration. Elle crie.

« Mon cœur ! Scélérat, mon cœur que vous m'avez dérobé ! »

« Je ne vous ai pas oublié mais je ne pensais pas que vous parliez de choses sentimentales. Je m'attendais à quelque colifichet. Mélisandre m'a induit en erreur. »

Je crois que je l'ai alors énervée en parlant d'Iltor et de son véritable amour, qu'elle ne pouvait pas avoir donné à Gilles puisqu'elle l'avait déjà perdu à la mort de son époux. Énervée est un euphémisme. Gilles tente d'influer l'esprit de la Princesse Fae pour lui envoyer de l'amour et l'apaiser. Malheureusement la Sidhe est sur son territoire et ses défenses magiques puissantes. Même les Satyres ont l'air d'avoir plus peur que nous de leur maîtresse. Hybacus qui restait silencieux accepte de jouer un morceau à ma demande. Peu à peu elle semble s'apaiser au son de la flûte.

Gilles évoque alors la bague qui l'avait fait tombé amoureux de Doria à l'époque et qui l'avait entraîné dans une folle équipée jusqu'aux portes de l'Arcadie. Heureusement pour les Magi, elle demeure dans son Sanctum depuis des années, négligée comme il avait dédaigné le souvenir de la Dame Obscure. Il nous fallait un plan.


1155, troisième jour après le solstice d'hiver

Nous avons longuement réfléchi à une solution au problème. Enfin, au problème de Gilles. Après tout, c'est lui dont elle veut retirer le cœur pour se venger. Je lui propose d'offrir Gilbert de Montpallier à la Dame Obscure en compensation. En lui offrant la bague et en le faisant tomber ainsi éperdument amoureux, je me débarrasse d'un poids qui me pèse depuis des années. Il faut juste que Nathanaël n'apprenne rien avant le dernier moment, où mieux, ne l'apprenne pas ... Gilles se charge de tous les détails après avoir accepté mon plan. Enfin je ne lui dis rien pour Nathanaël mais je mets en avant les précieux alliés métamorphes que nous gagnerons en donnant Acqs à Yann.

Gilles se rend auprès de Gilbert de Montpallier grâce à ses pouvoirs et lui offre la bague comme preuve de son estime. Immédiatement son esprit est possédé par les pouvoirs de l'Arcadie et il ne souhaite plus qu'une chose, rejoindre Doria. Grâce à Gilles, il parvient à la lisière de la forêt en un temps record, ne s'esbaudissant même pas de ce miracle. Gilles tente alors de lui retirer son épée, une puissante relique sainte, en manipulant son esprit. Mais c'est un échec. Sa Foi est trop forte. Ils sont attaqués par des Satyres qui les assomment, grâce à l'aide de Gilles qui gêne Montpallier et lui fait perdre son épée. Ils sont livrés à Doria sans plus de dommages, Enfin, c'est Gilles qui m'a raconté cette version, peut-être ont-ils eut droit à quelque désagrément d'ordre sexuel mais il ne s'en ait pas vanté.

Parvenu aux pieds de la Dame qui occupe toutes ses pensées, il se met à réciter poèmes, chansons d'amour et autres billevesées courtoises. Je suis étonnée mais elle se laisse charmer et disparaît dans le mausolée avec son nouvel amant. Je crois que hausser les épaules fut ma seule réaction. Enfin, j'ai récupéré l'artefact du Dieu crucifié et je l'ai enterré avec précaution sous un gros rocher non loin du couvent de Sainte Douceline, ainsi il ne polluera point les alentours de Calebaïs ou de la forêt féérique. Je l'aurai néanmoins sous la main au besoin.


1155, quatrième soir après le solstice d'hiver

Je retrouve Doria qui a l'air de fort bonne humeur et je lui propose mon aide, pour retrouver Iltor ou pour toute quête qui aiderait la Cour de l'Ombre. Fort hautaine, elle m'invite à aider ses sujets à apeurer les paysans de la région pour renforcer leur croyance dans les esprits de la forêt. Je lui souris pour signifier que ce n'est pas un problème et je pars hanter un des hameaux les plus isolés de Lacombe. Les rumeurs ne tarderont pas à parcourir les vallées et tous sauront que les elfes sont tout autour de nous.

Les illusions et quelques effets de manche suffisent à terroriser les habitants qui m'accueillent comme un sauveur lorsque je viens les aider. Il suffit de leur indiquer les anciens rituels de leurs ancêtres, offrandes et autres cadeaux aux esprits pour que le harcèlement disparaisse. Les Faes sont de nouveau au cœur de la vie des habitants de nos terres.

En revenant au tertre et à la clairière des chênes féériques, j'assiste à la fin de la cérémonie qui permet à Iltor de revenir parmi les siens. Gilbert, inconscient, flotte au dessus du sol enneigé. Les esprits des ancêtres parcourent les environs, je les sens sur ma peau mais c'est l'époux de Doria qui pénètre le chevalier. Il porte toujours la bague à son doigt et lorsqu'il se redresse je sais qu'il ne s'agit plus du seigneur chrétien. Son visage est froid et ses premiers mots, aussi acérés que sarcastiques, laisse à penser que son caractère n'a plus rien à voir. Il revêt une chemise de soie pourpre et pose sur sa chevelure d'ébène un diadème aux ornements proches de celui de la Dame Obscure.

Il trouve une grande satisfaction à être dans le cercle de chênes, qu'il convoitait depuis ses démêlés fatals avec Grand-Père Chêne. Il me considère avec intérêt, moi, la responsable indirecte de sa libération. Je découvre un nouveau trait de caractère de Doria, la jalousie. A de nombreuses reprises lors d'échanges entre Iltor et moi, elle m'agresse verbalement, certes à demi-mot, mais suffisamment pour m'obliger à réagir. Une fois seule avec elle je lui rappelle que je suis au courant pour « son incartade » avec Gilles quelques temps seulement après la mort de son époux et je lui remémore ma participation au retour de son tendre et cher. Je l'éclaire sur ses intérêts à se faire de moi une alliée, et non une ennemie. Cela fait du bien de dire les choses comme on les pense. On va me respecter au sein de la Cour désormais !
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