Les Champs rouges, premier mois de la Guerre 1043 dN.
[Dans la version métallique de Bloodlust, les mois lunaires influent sur les gains et les pertes de tension liées aux motivations des personnages. Ici, ils s’appliqueront à leurs réactions. Au cours d’un mois de la Guerre, les regains de tension liés à une réaction cupide ou violente sont majorés de 1 tandis que ceux liés à une réaction savante sont minorés de 1]
Dans le Grand nord,
Koto et
Moyka sont deux jeunes Thunks de la tribu des sentes. Le premier est un artisan-tanneur réputé parmi les siens, le second un éleveur de chevaux qui a soif de découvertes. Lorsque
Moyka s’est décidé à quitter l’Errance pour voyager de par le monde,
Koto en a profité pour sauter sur l’occasion et le suivre dans ses pérégrinations. Après avoir rapidement et discrètement traversé les terres piorades en évitant autant que faire se peut les communautés humaines – une guerre millénaire opposant les deux peuples, les deux Thunks ont fait étape à Croisée. Cette ville qui abrite près de vingt-mille âmes, située très exactement à la frontière entre l’Empire dérigion et l’Hégémone vorozionne, fut leur premier contact avec la civilisation et avec l’un de ses aspects les plus étranges à leurs yeux : l’argent.
Quant à
Wulfrid, qui est presque plus Alweg que Piorad, il a quitté ses chères montagnes sur l’impulsion de visions et entrepris un voyage initiatique à travers le monde. Tout comme
Koto et
Moyka, il s’est rapidement rendu compte que dans les contrées civilisées se pratiquait un drôle de troc : plutôt que d’échanger directement ce qu’on voulait, il fallait d’abord l’échanger contre des morceaux de métal ronds puis échanger à nouveau ces rondelles contre ce qu’on voulait. Autant dire que cette pratique laissait le montagnard perplexe et sans le sou.
C’est ainsi que les trois hommes ont fait la connaissance d’Ali an Aphaziroum, riche épicier et trafiquant au long cours. Le Batranoban les a engagés pour transporter un coffret et le remettre à son associé Marek, lequel tient boutique à Glassud, capitale régionale de la Kiine Maud, près de neuf cent kilomètres au sud-est. Bien qu’il ne se soit pas épanché à ce propos, le contenu du coffre est sans nul doute parfaitement illégal. C’est pourquoi l’épicier a clairement spécifié qu’ils devraient éviter les grands axes, au moins jusqu’à ce qu’ils aient dépassé la Pointe, porte d’entrée officieuse de l’Hégémone, après quoi les contrôles devraient se raréfier.
Suivant les consignes d’Ali, les trois cavaliers ont rapidement quitté la route des elfes et décidé de progresser sous le couvert des massifs forestiers qui bordent sa partie septentrionale. Très vite, guidés par
Koto, ils s’enfoncent prudemment dans les contreforts boisés.
[Jusqu’à preuve du contraire, un personnage ne fait pas particulièrement attention à son environnement. S’il souhaite se montrer attentif, il doit miser de l’énergie pendant toute la durée de la scène, énergie qui ne peut être utilisée pour un autre test]
Au cinquième soir, alors que
Moyka ramasse du bois, son chien se met brusquement en arrêt et grogne face au sous-bois. Le Thunk tend l’oreille et entend quelque chose de massif s’éloigner. Il appelle immédiatement ses compagnons à haute voix
[réaction « lâche » à 2] mais, lorsqu’ils accourent, le sous-bois est à nouveau calme. Pas rassuré pour autant,
Moyka demande à
Wulfrid d’aller jeter un œil. Mais le Piorad se moque bien de ce qui a pu effrayer le fragile petit Thunk et retourne au camp s’allonger près du feu
[réaction « fainéant » à 2].
Koto fait alors quelques pas dans le sous-bois et découvre des traces ; celles d’un petit ours aux griffes étonnamment longues.
[Ayant totalement foiré son test de pistage, Moyka dépasse pour la première fois sa limite de tension] À la vue de ces empreintes, le jeune éleveur de chevaux est pris de tremblements et retourne en courant vers le camp
[réaction « lâche » à 3], malgré les appels répétés de
Koto. Il faudra toute la diplomatie de l’artisan pour calmer son camarade.
Au matin, les voyageurs sont réveillés en sursaut par les hennissements affolés de leurs montures. Aussitôt, le chien de
Moyka se met à grogner en direction des fourrés. Les trois compagnons ont à peine le temps de se lever qu’un petit ours au museau bizarrement allongé et au pelage rayé fait irruption dans le camp. Tandis que
Wulfrid pousse un rugissement et se rue à la rencontre de l’animal
[seul le Piorad a réussi son test de courage],
Koto et
Moyka reculent précipitamment de quelques pas.
[Cas rigolo, Wulfrid et le glouton ont tous les deux mis des pions en initiative pour frapper en premier, ce qui les amène tous les deux à 16. J’ai traité ça comme une simple confrontation : celui qui l’emporte applique sa marge de réussite sur le perdant] Le montagnard assène un violent coup de sa massue qui envoie l’animal au tapis. Tandis qu’il s’apprête à frapper une seconde fois, une flèche vient s’enfoncer dans le coup de la bête qui s’effondre, agitée de spasmes d’agonie.
[Wulfrid tape comme une brute : son unique coup a provoqué 4 points de blessure et 8 points de choc ! Avec autant de points d’énergie immobilisés, le glouton n’est pas en mesure d’encaisser le tir de Moyka, qui a repris ses esprits] Koto, pendant ce temps, use de ses talents pour calmer les chevaux mais aussi ses camarades : qu’ils aient vaincu la bête est pour lui un bon présage
[réaction « superstitieux » à 2].
Ayant repris leur route, les voyageurs chevauchent quelques jours.
Koto, qui les guide, sait qu’ils sont en train de dépasser la Pointe, quelques dizaines de kilomètres au sud, et qu’ils vont désormais traverser le Vauzan. En fin de journée, il aperçoit une bâtisse perchée sur une colline. Partant du principe qu’il doit s’agir d’une auberge ou d’une ferme, les cavaliers décident d’y faire halte. En s’approchant du lieu, un sentiment étrange les saisit : il n’y a personne en vue, ni humains, ni chevaux. Alors qu’ils hésitent, à mi-chemin du bâtiment, des flèches s’abattent autour d’eux et l’une d’elles vient se ficher dans la cuisse de
Wulfrid [qui vient de rater son test de perception faute d’avoir misé de l’énergie]. Le Piorad avise plusieurs assaillants devant et derrière eux. Il pique des deux vers l’auberge, suivi par ses compagnons, puis oblique brusquement vers l’est
[réaction « tête brûlée » à 3, majorée à 4]. Surpris, les assaillants qui leur font face s’égayent tandis qu’un tir précis
[Moyka est une bête d’archer] jette l’un d’eux à genoux.
Chevauchant à toute berzingue au milieu des arbres, les cavaliers doivent faire appel à tous leurs talents pour éviter l’accident. Après quelques minutes de folle chevauchée,
Koto arrête brutalement sa monture et, affolé, se met à hurler : « La forêt est en train de mourir ! Ce n’est pas un lieu pour les vivants, il faut rebrousser chemin ! ».
[Il vient de dépasser sa limite de tension]. Éberlués, ses deux compères le regardent montrer de la main un bosquet d’épineux où, en effet, le tapis d’aiguilles empêche toute végétation de se développer dans le sous-bois. Lui-même très proche de paniquer,
Moyka tente de ramener le Thunk à la raison
[et loupe] mais l’effroi de ce dernier est contagieux
[ce qui le fait également dépasser sa limite de tension]. C’est un
Wulfrid atterré qui voit les deux Thunks faire demi-tour au grand galop
[réactions « superstitieux » à 5 pour les deux] et se précipiter dans la gueule du loup à bride abattue. Il décide fort heureusement de les suivre : son talent au combat lui permet une nouvelle fois de disperser un groupe d’assaillants et d’ouvrir la voie vers le sud.
Alors que la nuit tombe, après qu’ils aient estimé avoir semés leurs poursuivants, les trois voyageurs mettent pied à terre. Sommés de s’expliquer sur leur comportement par le Piorad
[réaction « provocation gratuite » à 2, majorée à 3],
Koto et
Moyka s’excusent confusément. Lui considère avoir suffisamment travaillé pour la journée
[réaction « fainéant » à 3 puisqu’il ignore purement et simplement la flèche plantée dans sa cuisse. Jusqu’à ce qu’il décide de la faire soigner quelques jours plus tard, il passera avec succès plusieurs tests afin d’éviter que sa blessure ne s’infecte] et s’allonge pour piquer une sieste, bien vite imité par les deux Thunks épuisés tant physiquement que mentalement. Peu avant l’aube,
Koto se réveille et va s’occuper des chevaux, qui n’ont pas totalement récupéré de la veille. Toujours aux aguets malgré sa fatigue, il surprend des éclats de voix à quelque distance de là. S’éloignant de quelques pas du campement, il aperçoit entre les arbres plusieurs individus qui progressent avec difficulté et sans chercher à être discrets :
« Bordel, je t’ai dit qu’on les a perdus ! »
« La ferme ! J’ai senti des chevaux. »
Koto reste caché et parvient à compter une dizaine de silhouettes, mais il peut en entendre d’autres aux alentours. Derrière lui,
Moyka commence à se relever doucement quand un cri retentit : « Oh les gars ! Ils sont là ! ». Aussitôt le sous-bois résonne d’ordres et de jurons.
Koto court vers le camp et saute en selle, bien vite imité par ses camarades. Dans la confusion,
Wulfrid et
Moyka perdent de vue le Thunk et chevauchent vers le sud-est. Ils sèment rapidement, et pour de bon cette fois, leurs poursuivants. Trois jours plus tard, ils feront halte dans un petit patelin en banlieue de la Pointe, où ils décideront d’y attendre leur compagnon et où
Wulfrid se fera soigner.
Mais
Koto, pendant ce temps, cavale plein nord. Lui aussi sème ses assaillants, mais se perd et s’approche dangereusement des contreforts de la Morcèle. En fin d’après-midi, il avise une cabane perdue au milieu des bois. Deux chevaux sellés paissent en liberté autour du petit édifice. Prudent, le Thunk décide de contourner le lieu mais, épuisé, ne parvient pas cette fois à flairer le danger à temps. Un colosse hirsute surgit à sa gauche et assène un violent coup d’épaule à son poney, qui chute lourdement. Malgré le choc,
Koto se réceptionne sans mal et fait face à l’individu, qui a tout du pillard morcelé. Reculant pas à pas, le Thunk s’aperçoit que d’autre pillards l’entourent. Goguenards alors même qu’il tente de les amadouer, ils perdent rapidement patience et s’avancent menaçants. Le Thunk détale alors à toute vitesse sans demander son reste. Alors qu’il longe en courant la clairière dans laquelle se trouve la cabane, il entend la voix d’un vieil homme dans sa tête :
« Gamin, hé gamin ! »
« Qu… hein ?! »
« Écoute gamin, tu m’as pas l’air bien futé mais on fera avec. Viens vers la cabane. »
Complètement déboussolé
[réaction « superstitieux » à 3] et souhaitant plus que tout quitter cet endroit décidément maudit, il prend ses jambes à son cou et fonce vers la forêt.
« Ah non, merde, je vais pas finir dans les mains d’un de ces abrutis congénitaux ! Tu ramène ton derche ici, TOUT DE SUITE ! »
Koto sent une pression envahir son crâne, comme s’il avait les oreilles bouchées et la tête sous un gros caillou
[il subit une puissante attaque mentale, Luciole étant une Arme ancienne plutôt balaise et disposant que quelques pouvoirs exotiques]. Une vive douleur le fait trébucher et puis tout devient noir.
Quelques temps plus tard, il revient à lui avec un mal de crâne de tous les diables. Il se tient debout devant la cabane. À ses pieds les cadavres de cinq pillards, dans sa main un long couteau de chasse en fer météoritique. Son esprit se recompose par à-coups, une succession de flashs douloureux
[et le Thunk écope d’une marque « prise de contrôle » à 3, qui immobilisera durablement autant de pions tant qu’il n’aura pas racheté cette marque] : il se voit entrer dans la cabane, ramasser ce même couteau sur un cadavre épinglé au mur par un vireton, puis il se rappelle la sensation dans ses bras des coups qu’il a donné aux pillards…
« Bon, ben c’était pas si dur tu vois ? Tu m’as l’air plutôt dégourdi en fin de compte, on va pouvoir faire des choses tous les deux. Je m’appelle
Luciole, au fait. »
Morceaux choisis :
Moi (Ali an Aphaziroum) : Il s’agit d’un petit coffre, facilement transportable. Vous n’avez pas besoin de savoir ce qu’il contient…
Livre (
Koto) : Mais attend, je comprends ce qu’il dit ?
Moi : Oui oui, bon il parle lentement pour pas vous perdre, pour vous c’est du petit nègre si tu veux.
Livre : Je suis pas un petit nègre moi, je suis un petit jaune. Un petit marron glacé.
Cielmarcheur (
Wulfrid) : On monte le camp. Je choisis un arbre.
Moi : Tu choisis un arbre ?
Cielmarcheur : Ouais.
Araky (
Moyka) : Mais tu fais quoi avec cet arbre ?
Cielmarcheur : Bah je prends un arbre.
Moi : Non tu prends pas un arbre !
Cielmarcheur : D’accord, ben j’en choisis un avec les branches les plus hautes les plus basses.
Les autres : ?!
Moi : C’est une sorte de petit ours, gros comme euh, comme la machine à laver.
Livre : C’est un cube ?
Moi : Non mais imagine qu’elle est couchée et qu’elle a quatre pattes.
Livre : C’est toujours un cube non ?
Moi : Elle vous fonce dessus !
Moi : Bon alors, de ta voix experte et…
Livre : Avec un doigt dans le cul.
Moi : Peut-être, peut-être, mais tu parviens en tout cas à calmer les chevaux.