[CR][BoL] La Tène !

Critiques de Jeu, Comptes rendus et retour d'expérience
Avatar de l’utilisateur
Hatnam
Profane
Messages : 32
Inscription : mer. juin 03, 2015 1:16 pm

[CR][BoL] La Tène !

Message par Hatnam »

Yo.

La semaine dernière, un de mes joueurs m’a demandé s’il y avait moyen de faire quelques parties pendant l’après-midi. Un truc simple, rapide, forcément sur le pouce puisque rien de préparé à l’avance.

Ce sera donc du Barbarians of Lemuria pour le système de jeu, avec sûrement quelques modifications (la première qui me vient à l’esprit concerne l’expérience : j’aime beaucoup le concept vendu par BoL mais comme il ne s’agira pas à proprement parler de Sword & Sorcery, je vais me cantonner à une distribution d’expérience au doigt mouillé).

Pour l’univers, ce sera le nôtre vers la fin du Vème siècle av. J.C. dans les très grandes lignes (c’est pas un cours d’histoire, plutôt un pastiche d’inspirations variées) ; le surnaturel y aura la part belle.

Hop, la première partie :

Livre est Vélitas, fils de Lugurix, fils de Borsus. C’est un ambacte séquane [Vigueur 2, Agilité 0, Esprit 1, Aura 1 ; Bagarre 1, Mêlée 2, Tir 0, Défense 1 ; Vitalité 12 ; Noble 1, Fermier 2, Mercenaire 1, Marchand 1 ; Récupération rapide]. En tant que membre de l’aristocratie guerrière, il possède terres, chevaux et armes. Au service de son roi, il se bat pour lui quand le moment est venu.

...

Un brasier s’élève devant lui et défie l’obscurité. Cette maison qui brûle, c’est celle de son père, et de son père avant lui. Lugurix, justement, gît face contre terre à quelques pas du perron. Ses mains sont encore crispées autour de la lance qui l’a tué. Vélitas est arrivé trop tard. Ce matin pourtant, combattant sous la bannière de son roi Adcomaros, il a senti l’odeur de la défaite. Sachant le sort réservé au vaincu, il a couru, espérant devancer les maraudeurs éduens du roi Andostène.

Sa maison est située à l’extérieur du village, elle jouxte la forêt. N’ayant vu aucune trace de ses deux sœurs, le héros séquane observe le pillage. Il décide de s’en approcher et parcours les ruines fumantes, lorsqu’un Éduens le hèle. Lui et un de ses camarades sont en train de fouiller la demeure du boulanger. Tout à son ouvrage, l’homme ne reconnaît pas le guerrier séquane et l’invite à se joindre à eux. Vélitas s’approche de lui et tâche de passer pour l’un des leurs, guettant le bon moment pour agir. Mais quand le second guerrier se tourne vers lui afin d’exhiber sa récente trouvaille, une grande amphore délicatement ouvragée, le héros sait qu’il vient d’être démasqué. Sans perdre de temps, il poignarde le premier guerrier à la gorge et assomme le second du pommeau de l’arme.

Continuant sa progression dans le village, Vélitas avise un attroupement en son centre. Sous la garde d’une dizaine d’Éduens, il y a plusieurs familles. Si le Séquane y aperçoit ses sœurs, il remarque également la présence de Cotus le forgeron. D’un air détaché, tirant pleinement profit de la confusion, il s’approche des captifs et attire l’attention de ses sœurs. D’un geste, Vélitas tranche leurs liens et le forgeron tire de toutes ses forces sur les siens, faisant chuter deux Éduens. Le guerrier le plus proche n’a pas le temps de réaliser ce qui vient d’arriver que le héros l’envoie à terre d’un coup d’épée. Au milieu des cris de guerre qui résonnent maintenant dans le village, Vélitas voit converger vers lui trois Éduens. Il lance sa hache au forgeron, tire son coutelas, et se rue à l’assaut. Malgré les coups qui pleuvent sur lui, sa cotte de maille le laisse indemne, alors même qu’à ses pieds gisent trois corps.

Il n’a pas le temps de savourer sa victoire que le martèlement des chevaux se fait entendre. Deux cavaliers traversent le village en direction des prisonniers. Vélitas exhorte ses sœurs à le suivre et tous trois prennent la direction du nord. Avant même qu’ils n’aient rejoint la forêt, un défi retentit dans le dos du Séquane. C’est un des deux cavaliers. Comme Vélitas lui fait face, l’Éduens réitère son appel. À l’instar du héros, c’est un ambacte : il porte une cotte de maille et son manteau est retenu par une fibule au cerf d’argent. Vélitas enjoint ses sœurs de gagner le couvert des bois, puis accepte le défi de l’Éduens, à la seule condition qu’il mette pied à terre.

C’est donc sur le plancher des vaches que se déroule le duel. Les deux guerriers commencent par échanger quelques coups, afin de se jauger mutuellement. Rapidement, la fatigue se fait sentir et Vélitas a le dessous. Son adversaire parvient par deux fois à le toucher au défaut de son armure, tandis que lui-même ne parvient qu’à l’effleurer. Confiant, l’Éduens lui laisse même le loisir de reprendre son souffle. Arguant du fait « qu’une mort honorable, ça lui fait une belle jambe », le Séquane feint une attaque et lance son coutelas au visage de son adversaire. Comme ce dernier esquive de justesse le projectile, Vélitas fait volteface et prend la fuite.

Il récupère ses deux sœurs, et avec elles il court droit vers le nord, droit vers les profondeurs de la forêt. Mais le héros est fatigué, et ses jeunes sœurs n’ont pas l’habitude d’une telle course. Le groupe finit par tomber de fatigue. C’est la froideur d’une lame posée sur sa joue qui tire Vélitas d’un sommeil trop court. Au-dessus de lui se tient l’homme à la fibule au cerf d’argent. Pendant que d’autres guerriers réveillent ses sœurs, l’ambacte éduens lui intime de se lever. Lentement, la petite troupe refait le chemin de la veille en sens inverse. Finalement, alors qu’ils sont désormais proches du village, l’ambacte fait arrêter la marche. De la pointe de son épée, il pousse Vélitas à s’éloigner de quelques mètres.

Dans une petite clairière, l’Éduens fait s’agenouiller le héros séquane. Mais quand il lève sa lame afin d’exécuter Vélitas, le héros se jette sur lui et le propulse à terre. Dans le corps à corps confus qui s’ensuit, c’est cette fois le Séquane qui a l’avantage : il parvient finalement à ramasser l’arme de son adversaire et lui assène un terrible coup dans la poitrine, dont il ne se relèvera pas. Attirés par le bruit, deux Éduens font également les frais de sa colère, non sans infliger une nouvelle blessure au Séquane.

Courant afin de rejoindre ses sœurs, Vélitas déboule dans une clairière plus grande. Quatre Éduens, surpris et effrayés par cette apparition sanglante, s’empressent de battre en retraite. À la grande frustration du Séquane, l’un d’entre eux se sert de l’aînée de ses sœurs comme d’un bouclier et la menace de sa lame. Mais c’en est trop pour Vélitas : la fatigue de la veille, ajoutée à celle des combats et à sa douleur, ne fait qu’attiser sa fureur. Il se rue sur ses adversaires, en abat promptement deux, tandis que la plus jeune de ses sœurs est emmenée de force vers le village. Le dernier Éduens, terrorisé, menace une fois de plus l’aînée. Mais plus rien ne peut empêcher le Séquane de réclamer la mort de son adversaire. S’il décapite sauvagement l’Éduens, c’est un prix bien élevé qu’il doit payer.

L’une de ses sœurs étant morte, l’autre aux mains des Éduens, Vélitas fait à nouveau volteface et s’enfonce rageusement dans les bois. Il court pendant des heures et se perd, foule du pied un sol qui n’a pas connu de présence humaine depuis des siècles. Confusément, il choisit la direction de l’est, celle des montagnes. Le Séquane, épuisé, finit par s’effondrer dans une clairière alors que la nuit tombe.

Au petit matin, Vélitas ne sent plus la douleur, ni la fatigue. Même la soif et la faim semblent l’avoir délaissé. Le guerrier marche des heures durant jusqu’à trouver une sente courant vers les montagnes. C’est en la suivant qu’il arrive devant une arche faite d’un bois grossier, à laquelle sont accrochées plusieurs crânes d’animaux. Le Séquane passe sous le portail et continue de suivre le sentier. Pour autant, il n’a pas l’impression de progresser : autour de lui le paysage ne varie pas, ou si peu qu’il lui est bien difficile de savoir s’il tourne en rond ou progresse bel et bien. Détail inquiétant, il aurait déjà dû rejoindre les contreforts alpins.

Et puis, doucement au début, puis de manière plus insistante, il entend ce qui s’annonce comme un vacarme assourdissant venant de l’ouest. Quelque chose de massif, lancé au grand galop, semble fracasser à son passage les arbres qui entourent le sentier. Vélitas s’écarte du chemin mais, au moment où la chose aurait dû le dépasser et continuer vers l’est, celle-ci bifurque à son tour et se précipite vers le Séquane. Alors, comme la veille, Vélitas court. Pendant des heures, sans que la fatigue ne se fasse ressentir, il maintient son avance sur le monstre.

Lorsque dans une clairière il avise une grande maison entourée d’une palissade démesurément haute, Vélitas s’y précipite. Il pénètre dans l’enceinte de ce domaine par une immense ouverture dans le mur. Une forme énorme et charnue, vêtue de nippes nauséabondes, semble dormir à même le sol. Mais le Séquane a cessé d’entendre le martèlement monstrueux des sabots. Quand il se retourne, il peut maintenant voir un gigantesque taureau qui mugit de frustration devant l’entrée du domaine.

Alors, dans son dos, il entend une voix profonde. Le propriétaire de ces lieux se relève de toute sa hauteur. Son visage rubicond, sa taille effroyable et son habit grotesque contrastent avec la noblesse de son timbre. Délaissant le Séquane, le seigneur des lieux s’approche du taureau et lui tient un discours dans une langue que Vélitas ne comprend pas. Mais le taureau, dans un signe de soumission, baisse la tête et s’éloigne pesamment.

L’ogre, qui se présente comme étant Camulixus, se tourne alors vers le « petit homme » et lui reproche son manque de savoir-vivre : quoi, il ne s’est même pas présenté et il a l’outrecuidance de pénétrer chez autrui ? Sans même prendre la peine de toquer, quand bien même il n’y a pas de porte ? Sans doute, cela mérite réparation ! Quant au prix demandé, il est d’abord question d’un bras ou d’une jambe, mais le Séquane n’étant définitivement pas disposé à se séparer d’un de ses membres, il en vient à menacer l’ogre.

Camulixus, amusé, lui propose alors un défi. Un jeu aux règles fort simples : chaque participant choisit son arme, le premier frappe le second ; si ce dernier est encore debout, il peut à son tour frapper le premier. Bien sûr, celui qui doit être frappé ne doit en aucun cas tenter de se défendre. Pour prouver sa bonne fois, l’ogre est même disposé à laisser au Séquane le privilège de frapper le premier ! Vélitas, la mort dans l’âme, accepte le défi, non sans avoir tenté par deux fois de prendre la fuite. Camulixus s’assied alors sur une souche, mettant ainsi son torse à la portée du Séquane.

Le héros prend son élan et frappe de toutes ses forces. Il vise la gorge de l’ogre. Mais ce dernier, par roublardise, baisse légèrement le menton et l’épée vient frapper un bourrelet de chair. Camulixus essuie distraitement le filet de sang tandis que Vélitas proteste : l’ogre a bougé ! Lui s’en défend : c’est simplement le soleil qui, l’éblouissant temporairement, a provoqué cet involontaire et léger mouvement de recul. Comme le « petit homme » n’en finit pas de récriminer contre lui, Camulixus convient d’un second coup et promet cette fois de ne pas bouger. Vélitas lui assène son épée droit sur la tempe, mais la lame se heurte à des os plus solides que l’acier. À nouveau, l’ogre passe une énorme main sur la coupure. C’est qu’il pique, ce « petit homme ». Et bientôt c’est à lui de frapper : Camulixus se relève, saisit la souche sur laquelle son séant était posé, et la lève bien au-dessus de sa tête. Une dernière fois, il rappelle au Séquane les règles du jeu, puis abat sa gigantesque massue sur le guerrier. Vélitas n’a pas bougé.

Il se réveille dans la clairière. Il sent à nouveau la fatigue et la douleur. N’était-ce qu’un cauchemar ? Mais alors d’où viennent les victuailles qui l’entourent ? Il y a là une outre pleine de vin, ici un peu de viande séchée et même quelques fruits un peu trop mûrs. Aux appels de Vélitas, personne ne répond. Il se restaure donc, et prend le chemin de l’est. Il marche quelques heures et tombe sur un sentier qui court vers les montagnes. En le suivant, il arrive devant ce portail qu’il a cru traverser dans un songe. Mais cette fois il ne passe pas dessous, il le contourne seulement et continue de suivre le sentier vers l’est, vers les montagnes.
Dernière modification par Hatnam le mer. juin 14, 2017 7:53 pm, modifié 1 fois.
Avatar de l’utilisateur
Lotin
Dieu d'après le panthéon
Messages : 2153
Inscription : jeu. août 30, 2012 9:31 pm
Localisation : Back to the trees !

Re: [CR][BoL] La Tène !

Message par Lotin »

Très sympa !!

Marrant de voir surgir le Tarvos Trigaranus et une version de Camulus, ça commence fort. A suivre.
Avatar de l’utilisateur
Arthus
Pape
Messages : 648
Inscription : lun. mai 30, 2016 4:53 pm

Re: [CR][BoL] La Tène !

Message par Arthus »

Un compte-rendu vraiment magnifique et inspirant, que j'ai dévoré! :D

Je suis aussi époustouflé et admiratif que tu aies réussi à improviser tout ça sur le pouce, tout en intégrant à ton histoire cette ambiance celte légendaire si pariculière, mais pas forcément facile à interpreter (de mon point de vue).

Comment as-tu fait? De quoi t'es-tu inspiré pour l'ambiance et le matériau historique/mythologique? Et quelle a été ta méthode pour improviser ton scenario?

En tous cas, hâte de lire la suite! :)
"Blowing out someone else's candle doesn't make yours shine any brighter."
Avatar de l’utilisateur
Arkham
Initié
Messages : 184
Inscription : mar. févr. 18, 2014 10:48 pm
Localisation : Lyon

Re: [CR][BoL] La Tène !

Message par Arkham »

Héhé, très sympa!
Cela évoque furieusement Même pas mort de JP Jaworski ;-)
En tout cas belle adaptation !
The most important aspect of a story is how it affects the characters in it, not whether the characters manage to save the world in the end.
Jeepform rpg piece of cake
Avatar de l’utilisateur
Hatnam
Profane
Messages : 32
Inscription : mer. juin 03, 2015 1:16 pm

Re: [CR][BoL] La Tène !

Message par Hatnam »

Merci :oops:
Lotin a écrit : mer. juin 14, 2017 10:15 am Marrant de voir surgir le Tarvos Trigaranus et une version de Camulus, ça commence fort. A suivre.
Arkham a écrit : mer. juin 14, 2017 12:51 pm Cela évoque furieusement Même pas mort de JP Jaworski ;-)
Et oui, j'ai tâché de reproduire l'ambiance si particulière instillée par Jaworski dans Même pas mort (pour le coup, je pense que mon compte-rendu s'en approche un peu plus que mes piètres qualités de conteur :mrgreen: ).
Arthus a écrit : mer. juin 14, 2017 11:48 am Comment as-tu fait? De quoi t'es-tu inspiré pour l'ambiance et le matériau historique/mythologique? Et quelle a été ta méthode pour improviser ton scenario?
Je suis parti de vagues notions d'histoire et de mythologie celte, d'idées de scénario tirées de mes lectures, de films ou d'autres jeux de rôles (parfois lus à la va-vite dans le train, d'où le joyeux mélange que cela produit dans ma tête). Pour cet épisode d'introduction, je voulais planter le décor en donnant au personnage des attaches (et le goût de la vengeance. C'est bien, une vengeance). *snip : spoil possible*
Dernière modification par Hatnam le jeu. juin 15, 2017 12:42 am, modifié 2 fois.
Avatar de l’utilisateur
LivreOrange
Profane
Messages : 6
Inscription : mer. mai 10, 2017 8:57 pm

Re: [CR][BoL] La Tène !

Message par LivreOrange »

Hatnam a écrit : mer. juin 14, 2017 8:21 pm Et puis l'idée de la forêt, de Taruos et du Seigneur des Forts est venue en allant.
Spoil? :(
Avatar de l’utilisateur
Hatnam
Profane
Messages : 32
Inscription : mer. juin 03, 2015 1:16 pm

Re: [CR][BoL] La Tène !

Message par Hatnam »

LivreOrange a écrit : mer. juin 14, 2017 9:44 pm Spoil? :(
Pas tellement, ma version n'est qu'une pâle imitation. Je n'ai repris que les très grandes lignes de la rencontre figurant dans Même pas mort.
Dernière modification par Hatnam le jeu. juin 15, 2017 1:09 pm, modifié 1 fois.
Avatar de l’utilisateur
LivreOrange
Profane
Messages : 6
Inscription : mer. mai 10, 2017 8:57 pm

Re: [CR][BoL] La Tène !

Message par LivreOrange »

Hatnam a écrit : mer. juin 14, 2017 9:51 pm Pas tellement, ma version n'est qu'une pâle imitation. Je n'ai repris que les très grandes lignes de la rencontre figurant dans Même pas mort.
Non mais du scénario.
Avatar de l’utilisateur
Hatnam
Profane
Messages : 32
Inscription : mer. juin 03, 2015 1:16 pm

Re: [CR][BoL] La Tène !

Message par Hatnam »

LivreOrange a écrit : mer. juin 14, 2017 9:55 pm Non mais du scénario.
Ah sans doute oui. Quand même, je pense qu'il est difficile de voir arriver le passage en question et, dans ses enjeux comme dans son action, il se déroule de manière tellement différente... (et puis il y a prescription non ? Le bouquin a déjà 4 ans :mrgreen: ).

Dans le doute, j'édite quand même.
Dernière modification par Hatnam le jeu. juin 15, 2017 1:23 am, modifié 4 fois.
Avatar de l’utilisateur
Hatnam
Profane
Messages : 32
Inscription : mer. juin 03, 2015 1:16 pm

Re: [CR][BoL] La Tène !

Message par Hatnam »

La suite, garantie sans spoil :

Livre est Vélitas, fils de Lugurix, fils de Borsus. C’est un ambacte séquane [Vigueur 2, Agilité 2, Esprit 1, Aura 1 ; Bagarre 1, Mêlée 2, Tir 0, Défense 1 ; Vitalité 12 ; Noble 1, Fermier 2, Mercenaire 1, Marchand 1 ; Récupération rapide].

Cielmarcheur est Couertomolus. C’est un mercenaire Dace [Vigueur 1, Agilité 2, Esprit 1, Aura 0 ; Bagarre 0, Mêlée 2, Tir 1, Défense 1 ; Vitalité 11 ; Pirate 2, Chasseur 1, Sorcier 1, Marin 0 ; Maître des arcanes, Dur d’oreille].

...

Les semaines ont passé. Dans l’oppidum helvète de Genava, on trouve des geôles, et dans ces geôles on trouve Vélitas. L’histoire ne dit pas pourquoi. Son compagnon de cellule semble cuver de la veille et profite d’un sommeil que l’on devine agréable.

Au milieu de la nuit, tous deux sont réveillés par des bruits de pas provenant du couloir. Couertomolus, puisque c’est ainsi qu’il se nomme, décide de soulager sa vessie. Par jeu, il vise le judas et un jet d’urine passe dans le couloir, déclenchant une bordée de jurons. Comme on menace de lui raccourcir l’engin, le Dace termine promptement son affaire sous le regard amusé de Vélitas.

La porte s’ouvre sur le geôlier, qui insulte copieusement le Dace et lui intime de rester tranquille. À sa suite, un homme richement vêtu entre. Il dispose un tabouret devant l’entrée et s’assied dessus, observant tour à tour les deux prisonniers. Il se présente comme étant le roi Cenno et, s’adressant à Vélitas, lui tient à peu près ce discours : « Tu as beaucoup fait parler de toi, le Séquane. Par-delà les montagnes, on n’entend que ton nom. Il apparaît que tu as courroucé Andostène, que tu lui as tué quinze hommes. Sache qu’il paierait cher pour ta tête ». Vélitas ne répondant pas, Cenno poursuit : « Mais, vois-tu, je ne porte pas vraiment Andostène dans mon cœur. C’est un voisin des plus turbulents, quoiqu’il ne regarde pas vers l’est pour le moment. Moi, en revanche, j’ai besoin d’hommes de valeur. Acceptes-tu d’entrer à mon service ? ». Le Séquane, qui connaît la réputation du roi des Helvètes, accepte. Ce dernier se tourne alors vers Couertomolus et lui propose un travail correctement payé, ce que le Dace recherche précisément puisqu’il vient de dépenser ses dernières économies au fond d’une choppe.

Les deux héros sont alors rendus à la lumière du jour, leur équipement leur est restitué. Ils sont invités par le roi Cenno à partager son repas. Outre les Éduens et leur roi belliqueux, il a depuis peu quelques ennuis avec ses voisins du nord, les Rauraques. Tandis que la situation était relativement calme depuis des années, le roi a reçu ces dernières semaines des rapports de plus en plus alarmants provenant d’un village frontalier : on y parle d’esprits, de tués dans la nuit, de fumées rouge sang. Il a besoin d’un regard neuf sur la situation.

Vélitas et Couertomolus auront pour tâche de se rendre sur place, accompagnés d’un guide, et de se mettre à la disposition du chef local. Si problème il y a, ils devront enquêter et le résoudre. En guise de laissez-passer, le Séquane se voit remettre une broche en or figurant un serpent lové autour d’un tonneau.

Au petit matin, ils partent vers le nord guidés par Dovagni, un grand escogriffe roux auquel il manque la langue. La marque d’un traître ? Ou celle d’un homme loyal à outrance ? Ce n’est pas lui qui pourra le dire. Le trio entame alors sa marche et, après plusieurs jours, arrive en vue d’une petite bourgade adossée à flanc de montagne. À peine Vélitas l’a-t-il remercié que leur guide fait demi-tour et les laisse seuls.

Dans le village, peu d’agitation. À mesure que les deux héros le traversent, ils constatent qu’une partie des maisons sont barricadées. En son centre, deux habitations ont brûlé : on n’en voit plus que les fondations. Questionné à ce propos, un paysan répond que ce sont les villageois qui les ont livrées aux flammes. Elles étaient selon lui maudites, ses occupants ayant été tués de manière horrible dans la nuit. Il évoque des peintures sanglantes recouvrant les murs.

Vélitas décide de se rendre immédiatement après du notable local, lequel doit être le propriétaire de cette grande demeure un peu à l’écart. Lorsqu’il toque, pas de réponse, alors il choisit d’attendre quelques minutes. Perdant patience, Couertomolus enfonce la porte d’un coup d’épaule et entreprend de fouiller le bâtiment. Dans la salle commune, il trouve un cadavre mutilé : il semble avoir été sectionné à hauteur des hanches et son sang est partout. Derrière-lui, sur le mur, un cerf grossier est dessiné avec le liquide rougeâtre.

Auprès des villageois, les héros apprennent qu’il s’agit de Caracus le marchand. Depuis la mort du chef il y a quelques mois, c’était lui qui faisait office d’autorité. Vélitas use de son charisme pour prendre la direction des opérations : on l’informe que les Rauraques n’ont pas été vus ici depuis des lustres, qu’ils restent habituellement de leur côté de la montagne. Mais ces derniers temps, leurs razzias se sont fait plus insistantes. Et puis des gens se sont mis à disparaître dans les fermes alentours. Il y a deux semaines, l’horreur est montée d’un cran lorsque l’on a retrouvé au petit matin les cadavres des deux familles les plus importantes du village. Comme personne n’a entendu ou vu les assaillants, et que les corps ont été atrocement mutilés, on pense qu’il s’agit d’esprits tueurs venant de la forêt.

Les deux héros souhaitent tirer cela au clair. Ils prennent quelques provisions et se dirigent vers le col qui mène aux terres rauraques. Il faut dire que Caracus avait envoyé une délégation auprès d’Allucius, le roi des Rauraques, mais elle n’est jamais revenue et les massacres ont continué. Vélitas et Couertomolus marchent donc vers le nord. Ils pénètrent dans une forêt bien calme, à l’ambiance pesante, mais la journée se déroule sans encombre et les héros font halte pour la nuit.

Peu avant l’aube, le Séquane est réveillé par une sensation étrange : il entend des murmures étouffés et surtout, il a froid en plein été. Sans bouger, il regarde autour de lui et aperçoit non loin un attroupement. Tandis qu’il réveille doucement Couertomolus, il distingue plus clairement les individus en question : une demi-douzaine d’hommes, désarmés et vêtus de haillons, se tiennent en cercle autour d’un véritable colosse. Lui est presque nu, et tout son corps est peint d’entrelacs bleus. Mais surtout, il porte sur la tête un massacre de cerf dont les orbites rougeoient doucement.

Les murmures s’interrompent une fraction de seconde, puis reprennent de plus belle. Ils se font plus insistants, plus aigus. Bien qu’il y ait plusieurs voix, toutes semblent provenir de cet homme. Aussitôt les hommes en guenilles s’activent : d’une démarche franchement désarticulée, certains de leurs membres prenant des angles surnaturels, ils titubent dans la direction des héros. Vélitas ordonne au Dace de prendre l’homme au massacre à revers tandis que lui retiendra les pantins. Confiant, il s’avance et tranche la tête du premier venu, mais ce dernier ne semble pas en faire grand cas. Pire, il continue d’avancer vers le Séquane ! Rapidement, les pantins menacent de submerger Vélitas qui taille à tout va dans la masse.

Couertomolus, lui, contourne le lieu du combat et charge l’homme au massacre, qui le regarde s’avancer sans faire un seul geste. Le Dace frappe une première fois de taille. Là non plus son adversaire ne se défend pas, et pour cause : l’épée du héros le traverse sans faire de mal ! Immédiatement, il enchaîne et enfonce sa lame dans le cou de l’homme-cerf. La plaie est béante, elle aurait tué n’importe qui, mais sous les yeux ébahis du Dace, la blessure se referme en fumant. Alors Couertomolus fait appel à ses dons les plus noirs. D’un geste vif il plaque sa main, paume en avant, sur le torse de son adversaire.

Un coup de tonnerre retentit dans la clairière, suivi d’un hurlement strident. L’homme-cerf recule de quelques pas. Sur son torse, l’empreinte de la main du Dace, comme marquée au fer rouge. Le prenant de vitesse, il assène au guerrier un coup d’un rare violence : Couertomolus est propulsé sur plusieurs mètres et finit sa course face contre terre. Vélitas, de son côté, sent que la situation leur échappe. Il ne sait pas ce qu’il affronte, et son camarade semble mal en point. Il rompt le combat avec les pantins et accourt vers le Dace. Il l’aide à se relever et tous deux prennent la fuite vers le nord.

Quand l’aube se lève enfin, ils sont sur le point de passer le col vers les terres rauraques. Pas une fois ils n’ont eu la sensation d’être suivis. Aucun des deux n’est en mesure d’expliquer ce qu’ils ont affronté aussi ils décident de s’en tenir au plan initial. Ils franchissent la passe et descendent dans une vallée somme toute similaire au pays helvète. Ils marchent quelques heures jusqu’à ce qu’une dizaine de guerriers se présentent à eux.

Leur chef se nomme Allucius, c’est le roi des Rauraques. Les deux héros lui expliquent les raisons de leur présence, et la noblesse de Vélitas l’enjoint à leur offrir l’hospitalité pour la nuit. Escortés jusqu’au village d’Allucius, ils sont invités à partager son repas. Le roi révèle que, bien qu’il sache qui est derrière les attaques qui touchent les Helvètes, lui-même n’y est pour rien. Il y a de cela plusieurs lunes, l’un de ses guerriers les plus doués lui annonça avoir trouvé un moyen d’obtenir une grande puissance. Au début bien sûr, Allucius en fut content : le guerrier menait razzia sur razzia, dormait de moins en moins et développait une force surhumaine. Mais il devenait aussi de moins en moins humain et finit par ne plus prononcer un mot. Un jour enfin, il se mit à massacrer ses propres camarades. Les Rauraques parvinrent à le chasser par-delà la montagne. Cet homme s’appelait Cottilus.

Malgré sa bonne volonté, Allucius ne peut répondre à toutes les questions des héros : c’est un druide qu’il leur faut, et un druide il y en a un non loin. Du moins, il y eut par le passé un ermite et peut-être est-il encore là-haut, dans son refuge. Le lendemain matin, Vélitas et Couertomolus partent trouver le vieil homme. Ils suivent les indications du roi des Rauraques et au sommet d’une montagne ils trouvent une minuscule demeure en pierre. Mais ce n’est pas un vieux sage qui les accueille : une jeune femme aux cheveux roux délaisse un temps son métier à tisser pour leur indiquer du doigt une tombe toute proche. Il semblerait que le druide soit finalement mort, mais sans doute peut-elle les aider, puisqu’elle-même fut l’élève du défunt.

Une seconde fois, les héros décrivent leur combat contre Cottilus. La druidesse déclare ne pas pouvoir le combattre, mais elle peut leur fournir une arme à même de blesser l’homme-cerf. Une arme qui puisse atteindre la chair comme l’esprit. Simplement, il faudra pour l’obtenir défier son gardien. Ce n’est pas le genre de chose à arrêter les deux héros, qui demandent donc à la druidesse de les mener à ce gardien. Peu après, ils se tiennent devant un amas végétal. Comme si la forêt ici s’était repliée sur elle-même, les arbres forment un semblant de grotte. La jeune femme fait halte à bonne distance et annonce qu’il s’agit là de la tombe d’un grand guerrier, tombé il y a des siècles et gardé depuis par un esprit vigilant.

Vélitas et Couertomolus s’avancent donc dans l’obscurité. À peine ont-ils fait quelques pas qu’une forme trapue fond sur eux. L’ours frappe le premier guerrier tandis que le second parvient à s’écarter. Encore une fois, sa cotte de maille évite le pire à Vélitas. Le Dace et lui attaquent de concert le gardien, évitant ses coups de griffes. Peu à peu ils constatent qu’en lieu et place des blessures qu’ils infligent à l’ours le vide se fait : l’esprit est en train de quitter ce monde. Dans un dernier sursaut, il surprend Vélitas et enserre son bras droit dans sa mâchoire. Alors que la pression devient douloureuse pour le Séquane, Couertomolus perce le cœur du gardien qui disparaît complètement. Maintenant seuls, ils pénètrent les ténèbres et débouchent dans une grande cavité. Là, au centre, une lance de bronze est fichée pointe en l’air dans un cairn. Le Dace s’en empare, puis ils ressortent à l’air libre. Dehors, la druidesse n’est plus là.

Trois jours plus tard, après une halte au village d’Allucius, les deux héros sont de retour dans la forêt de Cottilus. Au milieu du sentier, Vélitas hurle son défi à l’homme-cerf qui finit par se montrer, seul. Pendant que Couertomolus se dissimule dans les fourrés et contourne le duel, le Séquane passe à l’assaut. Bien sûr, ses coups n’ont aucun effet, et il doit en plus éviter ceux de son adversaire. Il commence à perdre du terrain, les griffes de Cottilus frôlent dangereusement son visage. Alors il frappe juste : sa lame s’enfonce de quelques pouces dans le torse de l’homme-cerf, là où se trouve encore la marque de la main de Couertomolus. Cottilus se cabre violemment et hurle de mille voix. Si Vélitas titube sous le choc, le Dace bondit de sa cachette. De toutes ses forces, il empale l’homme-cerf de sa lance, dont la pointe traverse le torse et vient terminer sa course dans le sol. Le hurlement fait place à un fracas assourdissant. Dans une explosion qui projette fumée et sang aux alentours, Cottilus cesse d’exister. Restés debout, les deux guerriers contemplent le sol noirci.

Il ne faudra pas longtemps pour que chez les Helvètes se répande la rumeur. Deux héros auraient affronté et vaincu un esprit tueur, et l’image de ces guerriers jetant le massacre de cerf aux pieds du roi Cenno est sans nul doute de celles qui font les légendes…
Avatar de l’utilisateur
Matsu Ginroh
Mystique
Messages : 882
Inscription : mer. mars 02, 2005 12:14 pm
Localisation : Toulouse

Re: [CR][BoL] La Tène !

Message par Matsu Ginroh »

Excellent ! Très agréable à lire.
C'est rare de trouver un jdr sur ces époques et régions. A part "avant charlemagne", je ne crois qu'il n'en existe pas beaucoup.
BoL semble aussi très bien convenir à cette ambiance.

J'attends patiemment que tous les tomes de "Même pas Mort" soient sortis avant de m'y mettre, mais ça devient de plus en plus dur avec ce type de résumé de parties... :grmbl:
Avatar de l’utilisateur
Hatnam
Profane
Messages : 32
Inscription : mer. juin 03, 2015 1:16 pm

Re: [CR][BoL] La Tène !

Message par Hatnam »

Matsu Ginroh a écrit : jeu. juin 15, 2017 9:50 am Excellent ! Très agréable à lire.
C'est rare de trouver un jdr sur ces époques et régions. A part "avant charlemagne", je ne crois qu'il n'en existe pas beaucoup.
BoL semble aussi très bien convenir à cette ambiance.

J'attends patiemment que tous les tomes de "Même pas Mort" soient sortis avant de m'y mettre, mais ça devient de plus en plus dur avec ce type de résumé de parties... :grmbl:
Et encore, Avant Charlemagne c'est plutôt le haut Moyen-âge (mais on peut y faire de l'Antiquité tardive, ce qui est déjà pas mal, je n'en connais pas d'autre non plus).

Navré pour le spoil, je jure sur l'honneur qu'il n'y en aura plus :mrgreen: .
Avatar de l’utilisateur
XO de Vorcen
Dieu du brandy
Messages : 5413
Inscription : ven. août 29, 2008 10:18 am
Localisation : Savigny sur Orge (Essonne)

Re: [CR][BoL] La Tène !

Message par XO de Vorcen »

@Matsu Ginroh : Il y a Légendes Celtiques et Premières Légendes Celtiques qui ont fait référence en leur temps.

@Hatnam : un CR très agréable à lire, une époque dépaysante dont tu fais bien ressortir le parfum. Félicitations.
Avatar de l’utilisateur
LivreOrange
Profane
Messages : 6
Inscription : mer. mai 10, 2017 8:57 pm

Re: [CR][BoL] La Tène !

Message par LivreOrange »

Hatnam a écrit : jeu. juin 15, 2017 12:16 am et l’image de ces guerriers jetant le massacre de cerf aux pieds du roi Cenno est sans nul doute de celles qui font les légendes…
WUT?
Avatar de l’utilisateur
Hatnam
Profane
Messages : 32
Inscription : mer. juin 03, 2015 1:16 pm

Re: [CR][BoL] La Tène !

Message par Hatnam »

LivreOrange a écrit : jeu. juin 15, 2017 1:22 pm WUT?
Les gens racontent ce qu'ils veulent et les rumeurs s'amplifient rapidement. Bientôt ils parleront de deux demi-dieux terrassant une sombre incarnation de Cernunnos et son armée qui menaçait l'Helvétie toute entière :rock .
Répondre