Motorisé par une interprétation très personnelle de Diceless Dungeon, voici le second épisode de la saga des Donjons Déjantés, qui voit cette fois ci nos aventuriers rejoint par l'énigmatique Hémoglobine, voleuse et assassine.
Les personnages sont les mêmes mais les joueurs sont différents.
Le premier épisode se trouve ici :
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La trame du scénario :
Nous voici donc de nouveau dans une taverne, où cette fois ci l’assassine-voleuse Hémoglobine a rejoint Fringant le bellâtre et Castrogne l’irascible autour d’une pinte de cervoise. Nous sommes dans la riante Contrée de la Zamorie, connue pour les moeurs sévères de ses femmes, son fromage de glapignoule et ses cyclopes fumeurs de pipe.
Et puisqu’on parle de fromage de glapignoule, Milster le fromager, le nez dans la mousse de sa pinte, l’air déconfit, pousse sa complainte auprès de nos héros : les affaires vont mal, pas facile de joindre les deux bouts, mais il pourrait recouvrer une lourde somme d’or que lui doit un créditeur, si seulement…
Castrogne, toujours plus prompt à alourdir ses poches qu’à les vider, exhorte le brave homme à s’épancher, tout en l’invitant à lui offrir une bière de plus pour prix de sa compassion.
“Hé bien, Taar-Nak le Ténébreux me doit une forte somme pour une cargaison importante de fromage de glapignoule, que je lui livrai il y a trois mois. Or, je n’ai point de nouvelles de lui, et il n’est point paru dans le village depuis. Si je ne peux récupérer cet argent, je suis sur la paille. Si d’aventures, quelques individus bien disposés auraient l’amabilité de pousser jusqu’à son antre pour lui réclamer mon dû, je saurai les gratifier d’une bonne commission...”
Or, il se trouve que nos héros accumulent les petits boulots depuis quelque temps pour se remplir la gamelle, aussi tendent ils l’oreille, bien que Fringant rechigne à s’abaisser à jouer les huissiers, drapé dans sa fierté de Paladin.
C’est alors que se joint à eux le débonnaire et rougeaud Bardamu, un prêtre de Zol-Nar, ami du fromager et il commence son soliloque habituel, rendu quelque peu balbutiant par l’excès de boisson forte. “Sachez que je suis Bardamu, le grand prêtre de l’ordre honorifique de la balance cosmique, chevalier suprême de la vertu outragée, défenseur des âmes tourmentées et guide glorieux des moutons éparpillés et que je me glorifie de servir le dieu Zol-Nar, le tisseur des destins improbables, le pourfendeur des vices innommables, l’ordonnateur des coincidences innombrables...J’ai oui dire que votre compagnie comptait se rendre dans l’antre de Taar-Nak le Ténébreux. Et bien sachez que mon Ordre m’a chargé d’enquêter sur les activités louches de cet être maléfique et que je vous saurai gré de m’accepter parmi vous. Je pourrai vous assister : je suis sous la protection de Zol-Nar, et...j’ai de l’eau bénite”
Milster tente de minimiser le côté bad-boy de Taar-Nak, argument qui pousse Castrogne à réclamer une prime de risque exorbitante, mais on comprend vite qu’il ne s’agit pas d’un client ordinaire. “Oh vous savez moi, du moment qu’il paie, il peut être maléfique, ça ne me regarde pas” s’indiffère Milster.
Fringant le paladin bellâtre s’enflamme : cette mission prend soudain une tournure qui sied à ses idéaux nobles : faire triompher le beau, le bien et le vrai. Un rayon de lumière frappe sa chevelure éblouissante, il se redresse, une lueur d’audace vertueuse brûle dans son regard franc et pur : “et bien, soit, nous irons.” Comme il s’agite, l’odeur capiteuse de ses parfums se répand.
Bardamu, interrogateur, se penche vers Hémoglobine et lui sussure :
- “Dites moi, cette odeur vient elle de vous ?”
- "Non, c’est le Paladin, il passe un temps furieux à se pomponner chaque jour, jugez en vous même à sa rutilante cotte de maille et son ondoyante chevelure."
-"Ah il n’aura donc point fait voeu de saleté, comme c’est mon cas ?"
- "En effet."
S’ensuivent de longues tractations sur les primes de pénibilité, les compensations pour risques imprévus et force majeure, les provisions pour blessures et dommages dans l’exercice des fonctions principales et subalternes, négociation ayant lieu entre Milster et un Castrogne qui ne lâche rien.
Enfin, on va se coucher, la panse alourdie de bière tiède, et des songes d’aventure plein la tête.
Au petit matin, après deux bonne heures d’attente devant l’unique salle de bain de la taverne, où Fringant n’en finit plus de s’apprêter, Castrogne finit par crocheter la serrure. Sursaut, ricanement, indignation : Fringant s’épilait les jambes avec du miel, soucieux de l’effet qu’il produira sur les autochtones de contrées lointaines.
Aussi le soleil est il déjà haut dans le ciel lorsqu’on se met en route. Voyant un ultime profit possible, Castrogne conclut son marché avec Bouiboui le quincailler : contre quelques pièces d’or, l’âne-sandwich arborera deux panneaux de bois vantant les mérites de “chez Bouiboui, clous et marteaux”, dans les milles lieux qu’ils parcoureront, attirant une clientèle nouvelle à son affaire périclitante.
Enfin, après un pénible progression dans des contrées arides écrasées par un ciel bas et gris, sous le regard patient des volapüks carnivores, tenus à distance par la puanteur et les prières du bon Bardamu, se dessine enfin un monticule sombre de pierres mangées par des végétations épineuses, marquant l’entrée du donjon où séjourne Tar-Naak le Ténébreux...