[CR] The Sprawl : L'enfer du cyberjeu - la Conurb' Shenzhen-HK-Macao

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Vorghyrn
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Re: [CR] The Sprawl : L'enfer du cyberjeu - la Conurb' Shenzhen-HK-Macao

Message par Vorghyrn »

James Wong

Un petit bureau miteux et sombre au deuxième étage d’un building défraichi de Néo-Mongkok, au milieu d’un marché has been de jade artificiel, ça n’avait pas l’air flatteur mais en fait c’était plutôt un luxe. La plupart des concurrents de James Wong n’avait pas de bureau physique et les rares qui possédaient un endroit pour recevoir des clients utilisaient de vieux chalutiers retapés ou des containers rouillés sur un port. James était plutôt un privilégié. En même temps c’était peut être aussi le meilleur de la conurb’ dans sa partie. Objectivement, le bureau ne lui était pas réellement nécessaire pour ses affaires, la plupart de ses clients étaient trop importants pour venir à Néo-Mongkok en personne. C’était James qui se déplaçait, quand les discussion n’avaient pas lieu dans d’élégants salons matriciels perpétuellement animés par une armée d’informaticiens au service d’un gros ponte. Non, en fait James avait prit ce bureau pour une seule raison : c’était peut être le seul endroit où il pouvait lire des e-journaux sans que sa mère ou sa femme ne l’appelle toutes les cinq minutes. Il passait des heures à lire divers titres de presse, surtout des petits journaux d’investigation qui sortaient parfois des histoires croustillantes. James explorait chaque fait divers, cherchant, au hasard d’un détail anodin, une connexion avec une affaire en cours, un business à monter ou, cas rarissime, un élément en lien avec sa « marotte », comme l’appelait son ex-collègue du HKPD, Nathan Lee. Il explorait un article sur une affaire de synthé-viande contaminée, quand un événement inhabituel se produisit : un client tapait à la porte de son bureau. Une cliente plutôt, à en juger par l’intense fragrance de « guerre d’opium 3.0 » qui émanait d’elle. Elle entra après que James eu déverrouillé la porte par commande vocale et elle s’approcha du détective, qui s’était levé pour l’accueillir. Une chinoise, belle, grande, génétiquement modifiée pour sécréter son parfum à lieu de la sueur, le look rétro des années 2010 qui était à la mode il y a plus de trois semaines, l’air perdue, mais dangereuse.« M. James Wong ? »sa voix se brisa« vous seul pourrez m’aider »Elle lui tomba presque dans les bras. James sut qu’il n’allait pas rentrer chez lui tout de suite. Et il sut qu’il allait au devant des ennuis.
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Il était en planque dans sa voiture Toyota Yaritsu. Oui, il aurait pu acheter quelques drônes, à Durian par exemple, et faire ses filatures à distance comme beaucoup, mais James préférait voir les choses de ses yeux (augmentés, certes), qu’à travers une caméra sur un bout de métal planant, via un flux numérique piratable. C’était pour ce genre de raison qu’il avait une réputation de privé fiable, soigneux de son travail et tenace. Il faisait les choses lui-même, jusqu’au bout et bien.Il surveillait l’entrée du « Champs fleuris des huit bambous », un bar branché, depuis trois bons quart d’heures quand sa cible sortit accompagnée de deux imposants gardes du corps. Wei Qong Lo, un ancien Deputy Security Officer, au « Mint of Rock », un casino de bon standing de Imperial Heaven Real Estate. Il avait déclaré un enfant avec Marilyn Fan, une Game Authority Officer. Le problème ? Elle avait une autorisation d’enfanter, mais pas lui, mais il ne lui avait pas dit. Quand l’Agence de la Population et du Planning Familial a commencé à s’intéresser à la petite famille, il a pris la tangente. Pour des types comme lui, dont la note était descendue au minimum, il ne restait guère qu’une option : aller supplier la Guilde Industrielle et Commerciale pour la Justice et pour la Paix, autrement dit une triade, de l’accepter de ses rangs. Mme Chen lui avait confié un petit trafic de nerfs synthétiques de mauvaise qualité – dont étaient équipé ses gorilles d’ailleurs. Il avait changé de nom et s’était refait une vie de petit caïd de trottoir. Qu’est ce que James vient faire là ?, c’est simple, la cliente de James, c’était Marilyn. Le gosse avait disparu hier et la mère craignait que son père ne l’ait enlevé. Elle ne pouvait évidement pas aller à la police, Harmonie Céleste l’avait démantelée depuis longtemps et de toute façon, son enfant n’était qu’à moitié légal. Des gens comme James étaient son seul recours.

Il avait fallu moins d’une demi-journée à James pour retrouver Wei, à partir d’une simple photo. Il était sûr que Wei n’y était pour rien. Pas le profil à se préoccuper d’un gosse de cinq ans. Par contre la cliente, malgré son joli minois et ses parfums, ne semblait pas en mesure de le payer, en cred, tout du moins. James avait donc bien l’intention de s’assurer que le petit caïd « sponsoriserait » l’enquête.Il sortit avec sa batte de base-ball et poussa un soupir. Ca l’ennuyait d’impliquer les deux gardes du corps, des pauvres gars charcutés avec du mauvais cyberware, mais les types comme Wei le foutait en rogne. Lui aussi n’avait pas l’autorisation d’enfanter quand il avait rencontré sa femme. Il avait bossé dur et l’avait eu. James savait que la Guilde ne lui en tiendrait pas rigueur. Wei n’était pas un type important et Mme Chen était à cheval sur la morale parentale. En plus, Mme Wong mère était une partenaire de Mah-jong de Mme Chen. James planqua sa batte dans son large imper et se dirigea d’un pas déterminé vers Wei et ses mastards...

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Encore des nouilles de mauvaises qualités et un biscuit-bonheur où on lui prédisait que sa note allait augmenter. Mais James n’était pas là pour la gastronomie. Old Sheung Wan était un quartier où même lui n’aimait pas aller. Mais ce soir une femme bien particulière y serait aussi. Lin Wan Heung arrivait justement. Voiture de fonction à peine déguisée, trois mercenaires dont la cyber valait plus que l’ensemble du pâté de maisons, y compris les biens et les salaires à vie des habitants et au moins deux drones de combat dans les environs. Evidement que ça puait la corpo, Lin Wan Heung n’était rien de moins que l’Administrative Chief Commander, de la branche « police de proximité » de Harmonie Céleste. James ne se demandait pas ce qu’elle faisait dans ce quartier miteux. Il le savait, de même qu’il savait ce qu’il y avait dans l’immeuble dans lequel elle s’apprêtait a entrer. Une autre horreur de cette société sans morale. Et quelques ennuis en perspective pour Mme Heung.Ce qui se passait là-dedans n’était pas du joli-joli et le patron du « business » local, Désiré Shikori alias « capitaine crochet », ne tenait pas vraiment à ce que quelqu’un d’extérieur à sa clientèle ne s’en mêle. Il avait mis un type ou une nana à toutes les issues, du genre pas commode et gonflé au cyber ou au chémo. Il les payait plutôt bien, sauf que pour certains, le fric n’était pas tout. James n’avait eu qu’à creuser un peu pour découvrir que Presca « l’ogresse » remuait ciel et terre pour retrouver son père, disparu après le rachat complet d’un quartier, dans le cadre de la politique d’ « aération respectueuse et soutenable » de la ville. Lui donner la localisation précise du centre de virtualisation et le numéro de la matrice commune où il avait été virtualisé chez Avatar, c’était s’assurer sa gratitude au-delà de ce que le capitaine crochet pouvait payer. James entra donc comme chez lui, pour la deuxième fois.
Les couloirs étaient glauques. Une vieille odeur de moisi et de produits probablement pas très sains assaillaient les sens dès qu’on pénétrait la vieille usine de cosmétique. Mais c’était moins pire que le spectacle qu’offrait l’ancienne cuve. Les combats à mort entre guerriers et/ou péquins lambda avaient été banalisés par Phénix Entertainement. Pour exciter une clientèle « exigeante », il fallait surenchérir. Le capitaine crochet s’était donc spécialisé dans le combat d’enfants-gladiateurs. Ca ne coutait pas cher en matériel, ni en cage pour les garder entre les combats et, avec tous ces gens qui enfantaient sans permis, il était facile de se procurer des nouvelles recrues dans la conurb’. Le capitaine crochet avait même poussé le vice jusqu’à kidnapper des enfants de familles ayant une notation autour de 2 pour pimenter l’affaire. Ceux-là serait confronté avec des enfants moins bien noté, qui pourraient leur faire payer leur statut de « privilégiés ». Les 4,8+ adoraient ça. C’était ce qui attendait le fils de Marilyn ce soir. Jusqu’à ce que James Wong s’en mêle…
 Lin Wan Heung avait besoin de se détendre. Assister à un match privé où un gamin de pauvre allait se faire massacrer par une fille encore plus pauvre, allait lui faire du bien. On lui avait promit un combat avec des armes contondantes, c’était ce qui donnait les matchs les plus sanglant. Elle s’approcha donc de la cuve, quand son commutateur interne lui signala un message de priorité cinq. Zut ! Pas moyen d’être tranquille ! Elle l’ouvrit en réfléchissant mentalement quel subordonné elle pourrait accabler en lui reléguant ce… comment ça, sa sécurité personnelle était révoquée ?? Elle se tourna vers ses gardes du corps qui avait dû recevoir le même message et étaient en train de quitter la zone sans poser de question. Elle en saisi un par la manche, le menaça, le supplia et reçu pour unique réponse « désolé madame, ce sont les instructions de la branche sécurité du personnel. Contactez le Chief for VIP Security Officer pour plus d’informations ». Elle était seule, au milieu d’un des pires coin de la conurb’... 
James cala alors son fusil à lunette et visa. Le tir frappa exactement le talon aiguille de Mme Heung. Elle oublia son verni de VIP d’une puissante corpo, ses gros comptes en banque, son luxueux loft de quatre-vingt-dix mètres carrés, sa notation et fit comme tout animal face à un danger qu’il ne peut pas combattre : elle fuit. Ce fut un petit régal pour James : une vision dégagée, une cible affolée sans aucun réflexe de terrain… mieux qu’à l’entrainement. Il ajusta trois tirs parfaits: un dans le deuxième talon aiguille et deux à un centimètre de Lin Wan pour lui faire prendre la bonne direction. Son travail fait, il envoya le signal convenu à son ancienne collègue Ann Li, devenu journaliste d’investigation et sortit en saluant « l’ogresse ». Il se posta au coin d’une ruelle qui donnait sur la rue et attendit
Lin Wan eu de la chance, le tireur l’avait manquée quatre fois. Elle avait trébuché une fois mais avait trouvé refuge dans un couloir. Elle entendit une voix pressée et un bruit de moteur. Une planche de salut ! Elle se précipita et trouva le capitaine crochet, embarquant un peu de matériel vidéo dans un hybride terro-aquatique. Et un beau modèle qui plus est. Lin Wan était sa meilleure cliente, c’était grâce à elle qu’il pouvait se payer ce genre de bolide, il pouvait donc difficilement lui refuser de l’embarquer. Assise sur le siège passager, la porte du garage s’ouvrant, Lin se voyait déjà tirée d’affaire. Quelle ne fut pas sa surprise quand le véhicule se retrouva face à face avec la milice d’Avatar Inc débarquait. Le capitaine crochet avait quelque peu empiété sur le marché d’Avatar. La corpo avait fait voter des limites quant aux type de combats qu’on peut proposer, officiellement par respect pour la dignités des combattants, officieusement pour se prémunir de la surenchère d’autres acteurs du marché. Le capitaine crochet s’était adonné à un des pires crimes possibles aux yeux d’une corpo : concurrence déloyale. Encore un qui allait finir comme « candidat volontaire » à un jeu connu pour sa mortalité élevée… Et avec des malus, qui plus est ! C’était les risques du métier pour un type comme le capitaine crochet.
Lin, quant à elle, voyait l’arrivée d’une force de l’ordre corpo comme une aubaine. Elle allait retourner dans un monde qu’elle connaissait. Celui où la notation et le statut faisait loi. Et elle avait assez des deux pour s’en sortir. Elle ignorait que, grâce à James, Ann Li avait accumulé assez d’éléments pour endommager la précieuse réputation de la VIP. Harmonie Céleste menait depuis toujours une campagne d’exemple moral, pour garder, autant que possible, la coopération de la population. Dévoilés au grand jour, les penchants de Lin pour les combat à mort d’enfants, mettrait à mal des semaines de travail des équipes de com’ et couterait cher. Ce n’était pas un hasard si la sécurité de Lin avait été révoquée. Une équipe d’Harmonie Celeste accompagnait donc celle d’Avatar et elle allait exfiltrer Lin Wan, mais pas pour la ramener à l’arcolie. Lin allait voir de près à quel point le système de réhabilitation pouvait être efficace.
 James suivit avec un sourit satisfait l’arrestation de Lin Wan. Il la connaissait bien. Elle était membre du comité consultatif de modernisation de HKPD. Elle était en charge de proposer une alternative crédible à la reprise des services de police de proximité par Harmonie Celeste. L’absence de vision et le manque de crédibilité de sa contre-proposition avait été un des éléments qui avaient pesé dans la dissolution de HKPD et pourtant, Harmonie Céleste lui avait fait un pont d’or pour la recruter juste après… James n’avait pas été étonné de voir dans son dossier financier qu’elle avait pu s’acheter un quatre-vingt-dix mètres carrés, malgré son salaire de la HKPD. Il avait juste été surpris qu’elle ait des apports de source inconnue depuis aussi longtemps… Il soupira. Une de moins. Mais il en restait tellement d’autres ! Heureusement, il avait une autre raison de ne pas être blasé. Ann Li revenait vers lui en tenant un enfant de cinq ans par la main. Le gosse avait l’air d’un zombi. Pas sur qu’il s’en sorte sans séquelle, mais ça aurait pu être pire. Il avait sur lui cette horrible odeur, caractéristique du méta-benzo-olphoïde. Un composé résiduel qui avait été intensément utilisé dans l’usine avant son interdiction. Ca provoquait une infection très caractéristique, la même que ce fait divers de synthé-viande contaminée que James lisait quand Marilyn était entrée. En fait ce n’était pas de la synthé-viande, mais il valait mieux que les gens qui en ont mangé ne le sachent pas… En tout cas, ça avait mis James sur la piste.

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 Encore ce parfum… sa peau si proche, ses cils qui battaient avec tant d’intensité, ce tatouage vivant qui effectuait une danse hypnotique.« Merci M. Wong. Sans vous, je n’aurai jamais retrouvé Hector. Je… je n’ai pas de quoi vous payer, mais je suis sûr que le père de Hector... »James regretta que le sort soit si facilement brisé. Mais de toute façon, il n’aurait pas eu le loisir de se plonger trop longtemps dans ce regard violet infini. Mme Wong son épouse n’aurait pas mis deux minute à le percer à jour. Pour certaines choses, elle était une détective bien plus redoutable que lui. Pour certaines choses, elle était redoutable tout court, en fait.« De qui voulez-vous parler exactement ? »« Mais de Wei Qong Lo, l’homm… le salaud qui m’a abandonnée après la naissance de Hector parce qu’il n’avait pas de permis »« Ne vous inquiétez pas Mme Fan, M. Lo a fort civilement accepté de prendre en charge les frais de l’enquête. » elle eut un sourire soulagée. James se dit qu’elle était douée, quand même.« Cela dit, je suis très attaché à la précision des faits. C’est l’essence de mon travail. Il est exact que M. Lo vous ait quitté brutalement après la naissance de Hector et qu’il n’avait pas de permis d’enfanter, mais nous savons tous les deux qu’il n’est pas le père de Hector. A ce sujet, Hector semble porteur d’un allèle rare du gène YORT6 qui lui donne une forme d’oreille très particulière. Je vous conseillerai de lui faire faire une thérapie génique pour réinjecter l’allèle le plus courant, si vous ne voulez pas que le parallèle soit trop évident avec votre mari, épousé quelques mois après le départ de M. Lo, qui est porteur du même allèle... »Marilyn gifla James sans réfléchir. « quant à votre situation financière, je suis sûr que M. Hong rémunère généreusement les services que vous rendez à la Guilde en lui permettant d’écouler quelques fonds… difficile à expliquer »Ils se regardèrent silencieusement pendant un long instant. Marilyn passa de la confusion à la honte, de la honte à la colère et de la colère à la froideur.« Je transmettrai vos respects à la Tête du Dragon. Au revoir M. Wong »C’était une menace. Rien qui ne soit de nature à effrayer James, il en avait entendu d’autres. Marilyn Fan avait beau avoir un rôle important dans le blanchiment d’argent de la Guilde, elle n’avait pas les appuis nécessaires pour inquiéter James. Il savait montrer le respect qu’il fallait aux Anciens et sa mère ne gagnait jamais plus que de raison contre Mme Cheng au Mah-jong… Ah Zut ! il avait encore oublié le ginseng rouge ! Il se résigna à affronter une fois de plus les remontrances de madame mère en rentrant. Quelque chose qu’il craignait bien plus que toutes les Têtes de Dragons de la Guilde...
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Elijah Shingern
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Re: [CR] The Sprawl : L'enfer du cyberjeu - la Conurb' Shenzhen-HK-Macao

Message par Elijah Shingern »

C’est énorme :D
Vous nous voyez parmi les nations
Nous battrons-nous toujours pour la terre charnelle
Ne déposerons-nous sur la table éternelle
Que des cœurs pleins de guerre et de séditions
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Arkham
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Re: [CR] The Sprawl : L'enfer du cyberjeu - la Conurb' Shenzhen-HK-Macao

Message par Arkham »

Génial! :bierre:
The most important aspect of a story is how it affects the characters in it, not whether the characters manage to save the world in the end.
Jeepform rpg piece of cake
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