L'auberge noyée
Arrivés sous des trombes d'eau à l'auberge du vieux pont, le groupe s'installe auprès du feu et commande à boire et à manger.
J'installe
ma flip-mat maison sur la table, sous une tranche de nappe cristal super épaisse pour pouvoir dessiner dessus (on me fait remarquer aussitôt l'absence sur le plan de la cheminée décrite en jeu... chose que je rectifie instantanément au velleda) et je sors les pions cartonnés, dont une bonne part fabriqués à la hâte dans l'aprèm. Oui, je voulais en mettre un peu pleij la vue à cette fine équipe, mais le choix d'un scénario alternatif m'a obligé a bricoler pas mal alors que la boite regorge de matériel tout prêt, je sais...)
Très vite, les joueurs se lancent dans une série d'interactions, chacun décidant vers quel groupe ou PNJ ils vont discuter. je suis étonné de voir que l'aspect "interaction / dialogue" leur est naturel, en revanche il me faut un peu expliquer qu'on ne peut pas passer sans cesse du rôle (bonjour Messieurs, est-ce que vous connaissez le messager Jerro, s'il vous plaît ?") au hors-roleplay ("c'est bon papa, pas la peine que tu écoutes ce que murmurent les deux types, je suis assis à coté d'eux, j'entends tout !") dans ce genre de phase, mais cela ne pose pas de vrai souci.
L'ambiance s'installe :
- l'aubergiste est cantonné à son rôle commerçant
- le vieux Nick, père de l'aubergiste, apporte une touche humoristique ("boudiou, y pleut des cordes !")
- un climat de défiance s'instaure instantanément avec les deux chasseurs humains racistes (le groupe étant composé de 0% d'humains)
Après une petite phase de mise en route, pendant laquelle le papa et la grande soeur essayent d'expliquer à Kevin, alias Karoom le prêtre nain, qu'il ne peut pas commencer à essayer de voler tout et n'importe quoi sans raison, les joueurs ont d'emblée l'intuition qu'il se passe quelque chose de louche lorsqu'ils entendent des bruits étranges en s'installant dans leur chambre. Un test de Perception plus tard, ils sont convaincus que quelque chose se passe dans la cave.
Une forte bourrasque et des arbres qui craquent et tombent fournissent la diversion nécessaire pour que les compères décident de visiter discrètement la cave, l'aubergiste se rendant à l'extérieur pour voir les dégâts sur son bâtiment.
Pendant que Felandir fait le guet dans le couloir, Maella et Karoom descendent l'escalier de la cave. C'est alors qu'un vacarme de cris et de coups les fait sursauter. Petit succès de mise en scène : en me mettant à taper fort par dessous la table et à crier sans prévenir, je parviens à faire sursauter les joueurs aussi ! (renversant le matériel posé sur la table au passage, heureusement sans dommage).
Comprenant qu'il se passe quelque chose d'étrange dans cette cave, mais loin d'imaginer la vérité, le groupe retourne vers la grande salle. Felandir, espionnant l'aubergiste et les braconniers, surprend une conversation où l'on parle d'une personne enlevée (je"rro) et d'une autre morte (la licorne). Karoom essaye de visiter la chambre des deux types discrètement, mais c'est un prêtre nain et il réussit à les attirer aussitôt !
Une rapide explication s'engage avec l'aubergiste et les ruffians. L'aubergiste parvient à calmer le jeu, renvoie les PJ dans la grande salle pendant qu'il "s'occuppe du problème" de la cave avec ses deux compères...
Les joueurs en profitent pour établir leur plan, mais Karoom (Kevin, 14 ans, attiré par les images de coffres au pied des lits sur la flip-mat...) décide de fouiller l'auberge pour voler de l'or. Félandir redevient son père et Maella sa grande soeur le temps d'une leçon de morale, mais je reste MJ et je prend en compte les actions décrites par le joueur : lorsqu'ils reviennent ainsi de la cuisine, c'est eux qui sont traités de voleurs, par les braconniers et l'aubergiste !!!
Le D20 n'étant pas diplomate (malgré une belle tentative de bluff), après un échange d'invectives, une bagarre éclate bien vite, au départ à coups de poings. Le D20 se montre très capricieux pour les joueurs, qui accumulent les échecs et les blessures. Voyant qu'il ne tiendra pas longtemps à mains nues face aux deux types, tandis que Maella peine à faire le moindre mal et que Karoom le nain se ridiculise en voulant faire des acrobaties par-dessus le bar, le rôdeur Felandir convaincu que ces gens cachent un sinistre secret, finit par tirer l'épée. Le D20 décide de se montrer aussitôt clément : le premier braconnier est occis. le second fuit à l'extérieur, le rôdeur sur les talons.
Il s'est déroulé plus d'une heure de jeu, le repas va bientôt être prêt, j'ai ma fille (4 ans) sur les genoux qui me réclame des câlins, déplace les figurines, lance les dés. Bref, c'est le chaos à la table autant que dans l'auberge. Je profite que mon assistante MJ a monté les figurines en carton de mes kobolds (alternative aux hommes-rats du scénario, que je trouve trop types warhammer) et les a installées sur le couloir de l'auberge pour les faire intervenir aussi dans le récit : la porte de la cave a cédé et ils envahissent la salle, prêts à trucider tout ce qui se dresse entre eux et la sortie.
Les ennemis de l'instant d'avant se retrouvent pareillement acculés, et s'associent pour tenter de repousser l'assaut. Mais le D20 se montre encore très capricieux avec les joueurs, tandis que leurs ennemis multiplient les 15+. Maella, submergée, tombe bien vite à 0PV et s'écroule. Karoom met 4 rounds pour aplatir un unique kobold. Le dernier ruffian succombe très vite, et Felandir doit reculer pour éviter de partager son sort. Il est très mal en point, mais finit par avoir une bonne série de lancers qui lui permettent de mettre à terre deux kobolds.
Dès lors, le restant des petites créatures, décidant que cette sortie est décidément trop dangereuse, refluent vers la cuisine où ils cassent une fenêtre pour s'enfuir.
Il est temps de manger (merci Maharette pour ton dévouement pendant que tout le monde joue, même si'l m'a fallu m'occuper de la petite en contrepartie

), le délai est tenu pile poil. Tout les joueurs sont contents, et on brosse rapidement l'épilogue : libération de Jerro, en paraphrasant sans trop décrire (petites oreilles de mon assistante sur les genoux) la découverte de la carcasse d'une licorne et de sa corne coupée (j'ai trouvé que des tonneaux pleins de cornes de licornes, c'était carrément exagéré pour une bande de petits braconniers, et une carcasse dont ils ont mangé un ragoût en début de soirée cela choque tout autant les joueurs).
Il y a eu une ambiance, des interactions, de l'action, des compétences, des sortilèges, la résolution d'un mystère, un coup de théâtre : c'était une très bonne partie d’initiation, de mon point de vue.
Lorsque je leur explique que cette partie n'était qu'un avant-goût de la boite d'initiation, elle-même n'étant qu'un prologue à un jeu plus étoffé, tout le monde est d'accord pour conclure : vivement la suite !
LES CONCLUSIONS DU MJ POUR LUI MEME a écrit : ↑lun. janv. 22, 2018 4:31 pm
Bon, autant le dire tout de go, cette partie m'a emballée, mais le système D20 à bas niveaux, avec des probabilités de réussite des actions tentées qui sont de moins de 1/2, cela m'a ramené à une époque très lointaine, et je sais pourquoi Dungeon World m'a tellement convaincu. Les échecs successifs ont failli amener le groupe au TPK sans que je n'y puisse rien, et d'une manière générale, cela amène à des combats assez figés : c'est pas cool.
Je reste persuadé que COF est vraiment le bon outil pour initier de nouveaux joueurs, mais pour la suite, j'envisage déjà quelques adaptations :
- les joueurs lanceront tous les dés (mais c'est dommage de devoir déjà changer les fiches de perso pré-remplies)
- je vais essayer de trouver un moyen d'avoir des réussites/échecs partiels pour ne plus jamais revivre les échanges du style : j'attaque / je rate / l'ennemi attaque / il rate (un round complet et rien n'évolue dans la scène)
- je vais prendre le temps de discuter tactique avec les joueurs avant la partie (le groupe était un peu trop dispersé)
- plus jamais de JDR avec ma fille sans surveillance à côté, tant qu'elle n'est pas assez âge pour jouer avec nous (cela dit, papa fier d'avoir vu sa bibounette lancer son premier D20 et jouer avec les figurines sur le plan...)