[CR Le Métal Froid des Anneaux de Cerbère] KrugerSpark Station

[Cryoban]

Merci pour ce CR ça permet de voir comment fonctionne ce jeu qui m'intriguait

[Sammael99]

Merci pour ce CR ça permet de voir comment fonctionne ce jeu qui m'intriguait

C'est pas fini ;-)

[Sammael99]

Relations Publiques

Après s'être équipé d'armes non léthales (electrogun pour la plupart, mais Blomkamp prend un blaster sonique à l'armurerie...) nos agents de sécurité sautent dans le fourgon. Kruger arrive en dernier. En effet il vient d'envoyer via la messagerie codée d'un second communicateur qu'il dissimule sur sa personne un message à Yossarian Venusta: "INTERVENTION DE SECURITE SUR LA PLACE DU GOUVERNEUR. INSTRUCTIONS?"

Quelques minutes plus tard, avant qu'ils arrivent sur site, une réponse lui parvient: "JEUNES NON AFFILIES. AUCUNE INSTRUCTION PARTICULIERE." Effectivement, la place est noire de monde, plusieurs centaines au moins, peut-être plus d'un millier. Dès qu'ils sortent du fourgon, les agents de sécurité sont assaillis par le bruit. Des banderoles colorées, parfois soutenues par des drones égaient la scène: "ASSEZ DE BLABLA, ON CREVE ICI BAS!", "GOUVERNEUR, T'ES SANS COEUR, TES SERVICES SONT DES VOLEURS!" et autre joyeuses protestations.

L'atmosphère est tendue. A l'instant où ils se mettent en position, la foule est hostile mais aucun acte de dégradation ou d'assaut n'a encore été perpétré. L'arrivée de la sécurité ne fait qu'échauffer les esprits un peu plus. Une voix tendue envoie des instructions en boucle:

"N'INITIEZ PAS LE COMBAT. RESTEZ PRÊTS À INTERVENIR MAIS NE PRENEZ PAS D'INITIATIVE SANS ORDRES DIRECTS."

"Des clous, oui..." s'exclame DeBeer. Lui n'a pas pris un electrogun, mais un bokken; et il compte bien s'en servir. Il cherche dans la foule quelqu'un qui pourrait bien être un meneur, histoire de provoquer un assaut. Il identifie une étudiante syndiquée, une certaine Latissa, et lui adresse directement la parole:

- "Alors, on ne sait pas quoi faire de productif de son temps alors on vient chouiner auprès du gouverneur, hein ? C'est sûr que c'est plus marrant de venir pique niquer dans le parc que de bosser, hein ?"

Quelques membres de l'entourage de la jeune femme font mine de s'avancer vers DeBeer, mais elle les retient.

- "N'y allez pas, il fait ça pour faire porter la faute d'une réaction violente sur nous. C'est un connard."

Plus loin, Halter décide de suivre le règlement à la lettre. Elle pointe son electrogun vers la foule, et récite les droits des émeutiers avant de leur ordonner de se coucher au sol. A sa grande surprise, ça fonctionne, et une vingtaine de jeunes gens s'allongent au sol, les mains devant.

Smythe cherche à voir s'il y a un endroit où ça chauffe. Il aperçoit une femme vêtue de manière cossue. Elle porte un enfant qui pleure dans les bras. Elle est coincée dans un angle de la place du Gouverneur, et la foule pressée l'insulte copieusement et lui lance des objets divers. Smythe se rue pour essayer de soulever la femme et de la mettre avec son enfant en sécurité. Malheureusement, il est bousculé et va s'enfoncer dans une vitrine, l'épaule la première. Il se relève et fait face aux manifestants, electrogun dans une main et bouclier protecteur dans l'autre. Il jette un oeil autour de lui pour essayer de protéger la femme, mais elle s'est enfuie avec son enfant. Ca aura au moins servi à ça.

Kruger et Case, eux, ne font même pas semblant. Kruger s'est mis à l'écart, tranquillement adossé à un mur. Il sort deux cigs d'une pochette et en tend une à Case.

- "Cig?"
- "Contrebande?"
- "Sans doute. Ca te gène?"
- "C'est meilleur..."
- "Purée, ils y connaissent rien ces mômes... Regarde moi cette organisation de merde... Ils savent même pas ce qu'ils veulent, y a pas deux slogans qui sont raccord..."
- "La fougue de la jeunesse..."
- "Conneries, oui. Je peux te dire que le Syndicat est capable d'actions autrement bien organisées, j'en sais quelque chose..."

Blomkamp, lui, a vu Halter faire se coucher les manifestants devant elle, et son perfectionnisme est piqué au vif. Il lève son blaster sonique, et récite à toute vitesse les droits des manifestants avant d'ouvrir le feu. L'onde sonore résonne dans la Place et se réverbère. Plusieurs vitrines en synthiglass se fendillent sous l'effet des ultrasons. Les manifestants devant lui tombent comme des mouches, qui se tenant les oreilles, qui le nez en sang.

- "J'AVAIS DIT DE NE PAS TIRER SANS ORDRE, BORDEL!" résonne la vois dans leurs communicateurs.

De l'autre côté de la place, la surprise a laissé place à la colère et cette fois-ci les choses deviennent sérieuses et... violentes. La foule se rue sur les agents de sécurité, on se piétine, des armes improvisées surgissent. Les choses sont en train de dégénérer très vite.

- "AGENTS DE SECURITE, MASQUES RESPIRATOIRES EN PLACE!" hurle la voix.

Une nuée de gros drones citernes apparait des côtés de la place, survolant la foule. Ils déversent un gaz coloré en rose, qui dénote avec le chaos engendré par le gaz. Saisis de nausées violentes, les manifestants se roulent au sol, qui vomissant, qui en convulsions. Il ne faut que quelques minutes pour qu'ils soient mis hors d'état de nuire.

- "TOUS LES AGENTS SUR DES AFFAIRES URGENTES, RETOURNEZ À VOS DOSSIERS. LES AUTRES, VOUS RESTEZ, ON VA EN COFFRER UNE CINQUANTAINE POUR FAIRE BONNE MESURE."

Blomkamp fait signe à l'équipe, et ils reprennent la direction de la station.

- "Pourquoi tu as tiré?" demande Halter.
- "La plupart des meurtres se résolvent dans les 24h. On a pas deux heures à perdre avec ces conneries..."

[Herlkin]

Ambiance parfaite, la phrase finale est sublime, digne d'un très bon polar !
 

[Le Grümph]

énorme !
 

[Cryoban]

Bah, c'était de la légitime défense le tir de Blomkamp! Smythe était clairement sur le point de se faire lyncher par ces jeunes drogués, il a bien fallu que quelqu'un agisse.

[Sammael99]

L'Heure Tourne

Conscient qu'il faut agir vite, les agents se répartissent en trois groupes: Blomkamp et DeBeer vont interroger les commerçants et les passants à proximité de la sortie de Sphère dans le secteur Hotel. Smythe, Case et Kruger se rendent dans le secteur Echo pour interroger les dirigeants de CyberTantrics. Quand à Halter, elle reste au QG et commence à réunir un dossier tout en mettant la pression au labo d'analyse pour que les résultats de l'autopsie leur parviennent au plus vite.

Blomkamp et DeBeer ont peu de succès dans un premier temps. Il faut dire qu'ils n'ont aucune description de leur suspect. Ils abordent donc les échoppes proches de la sortie de Sphère en demandant si certains auraient aperçu ce matin quelqu'un dans un état de panique, portant sur lui des objets visiblement lourds, peut-être dans un sac. C'est finalement au détour d'une conversation qu'ils identifient peut-être un premier indice:

- "Il y avait bien cette femme, qui traînait sa fille derrière elle. Elle a laissé tomber un objet lourd, une sorte cube. Elle l'a vite ramassé en regardant autour d'elle. Je me souviens m'être dit qu'elle avait du le voler..."
- "A quoi ressemblait-elle?"
- "Je dirais la trentaine, cheveux bruns. Sale, des habits rapiécés. Désolé, j'ai pas fait plus attention que ça..."
- "Et la petite fille?"
- "Elle pleurait, mais je n'ai pas vraiment pu la voir de près. 5 ou 6 ans, je dirais..."
- "Merci beaucoup."

DeBeer communique ces informations à Halter qui lance un logiciel d'examen des feeds de sécurité du secteur Hotel à l'heure dite, mais il y a trop de monde, et aucun résultat concluant n'en sort. Saisi d'une intuition, DeBeer décide alors d'écumer les étalages aux alentours de la sortie Sphère pour trouver un éléphant rose en peluche. Sans succès. Blomkamp rentre au QG pour aider Halter à monter le dossier.

Pendant ce temps, Smythe, Case et Kruger entrent dans le salon CyberTantrics VR du secteur Echo. Les locaux sont vastes, propres sans être particulièrement luxueux ou inspirés.
- "Pas étonnant," dit Smythe. "Les clients sont là pour le virtuel, pas pour le réel..."
- "En tous cas, ils sont nombreux... Je compte une quarantaine de cabines... Ces gars doivent brasser une sacré pognon..."

Alors que nos trois agents s'avancent, ils sont abordés par un hôte légèrement vêtu, les parties apparentes de son corps parsemées de paillettes multicolores.

- "Qu'est-ce qui vous plairait, mes mignons?" demande-t'il d'une voix suave.
- "Que tout nous présente au patron" répond sèchement Kruger en brandissant son badge sous le nez du rabatteur.
- "Ah, ben suffisait de le dire." reprend l'homme d'une voix normale cette fois-ci.

Assis dans le bureau de la dirigeante de l'antenne de CyberTantrics, Souala Miguen, Kruger sort d'une pochette la photo de Martin Okade:
- "Cet homme a été tué ce matin. Il est un de vos clients réguliers. Nous aurions besoin de toutes les données que vous pouvez avoir le concernant."
- "Vous savez bien que je ne peux pas faire ça sans mandat. C'est contre la loi de protection sur les données personnelles..."
- "Ecoutez, c'est simple, on peut faire ça de deux manières: la première c'est qu'on attend tranquillement un mandat, et pendant ce temps la presse fait des choux gras du fait qu'un client de CyberTantrics est soupçonné de viols sous coercition à répétition. J'imagine déjà les titres: "le VR Sex explique-t'il la recrudescence d'agressions sexuelles? Une étude de l'université de Perséphone semble le démontrer." Ou encore: "Pourquoi CyberTantrics refuse de collaborer avec la police? Qu'ont-ils à cacher?"
- "Mais..."
- "L'autre option, bien sûr, c'est que vous collaboriez dans un esprit constructif en sachant pertinemment que le mandat arrivera en temps et en heure. Vous aidez à appréhender le meurtrier, le comportement déviant de la victime - votre client - est passé sous silence, et votre réputation de citoyenne respectueuse des autorités de la station est renforcée. C'est votre choix."

Miguen hésite un instant, abasourdie, puis appuie sur son oreille. "Ermin, vous voulez bien venir, s'il vous plait ?"

Quelques instants plus tard, un jeune homme entre dans le bureau. Miguen l'informe de la requête des agents de sécurité et lui demande de collaborer avec eux. Une dizaine de minutes plus tard, il leur remet une micro-puce comportant, dit-il, toutes les informations demandées. Kruger et Smythe repartent pour le QG, mais Case décide de rester pour, dit-il, "tester la marchandise". En fait, une fois dans la cabine, il hacke le système et récupère les données associées à Okade lui-même, au cas où CyberTantrics auraient essayé de leur cacher quelque chose.

Plus tard, au QG, l'équipe analyse les données récupérées par Kruger (Case a fait une comparaison avec celles qu'il a hackées, et il n'y a pas de différence significative).

Kruger se rend compte que la fréquentation de CyberTantrics par la victime suit un cycle similaire aux données vitales collectées par VitalSigns et ses semaines d'entretiens indiquées par le chef d'Okade. Les semaines d'entretien, il ne se rend pas aux cabines de VR, les autres semaines il y va trois à quatre fois.

Smythe, qui a reçu une formation médicale poussée à l'armée, se rend compte en examinant les données médicales (ce qu'il n'avait pas encore fait) que les signes vitaux lors de ces semaines d'entretiens montrent des signes d'activités physiques intenses de courte durée.

- "Ca ressemble à des relations sexuelles..."
- "Quelle différence avec la fréquentation de CyberTantrics ?"
- "On voit les mêmes pics sur les courbes en fin d'activité, mais en VR il n'y a pas d'accélération significative du rythme cardiaque avant la conclusion..."

Case quant à lui a analysé les scénarios VR qui semblaient stimuler Okade. C'est peu plaisant à voir: ses partenaires virtuelles y sont contraintes, d'une manière ou d'une autre, généralement sales et vêtues en lambeaux révélateurs. Case ne s'attarde pas à voir les préférences de la victime en matière d'actes, mais c'est suffisant pour ses faire une idée.

Tout le monde se regarde, et Blomkamp prend la parole:

- "Bon, notre hypothèse de travail fait plus que se confirmer. Notre victime était selon toute vraisemblance un agresseur sexuel régulier qui utilisait sa position de force dans l'autorisation des permis de séjour pour obtenir des faveurs sexuelles des immigrés qu'il était sensé interroger."
- "Ce qui voudrait dire" reprend Halter "qu'il devait statistiquement valider plus de permis que ses collègues... DeBeer, tu peux vérifier auprès de Doorensplet ?"
- "Avec grand plaisir" répond DeBeer, un sourire carnassier aux lèvres.

Il appelle le fonctionnaire, lui demandant de vérifier certaines statistiques sur l'octroi de permis de séjour par Okade. La conclusion est sans appel: Oui, Okade octroyait en moyenne plus de permis par entretien effectué que ses collègues. La différence n'est pas énorme, mais elle reste significative. A titre de curiosité, DeBeer lui demande également de comparer au sein des octrois si la moyenne par genre est différente, mais elle ne semble pas l'être: Okade ne validait pas statistiquement plus de femmes que d'hommes.

- "Bon", déclare Blomkamp. "Je crois que notre dossier est solide, il ne nous manque plus que les résultats du labo, en espérant que ça nous donne une piste plus solide pour localiser le suspect. Je vous rappelle que selon toute probabilité il s'agit d'une femme brune de taille moyenne, morphologie terrienne standard, peau blanche ou légèrement brune. Mais surtout, elle a avec elle une gamine d'environ 5 ans. On sait que c'est une immigrée. Je vous propose qu'on s'arrête là pour ce soir. Je vais faire un tour au labo pour leur dire de se magner le train, et on se retrouve à H08 demain. Avec un peu de chance les éléments du labo seront déterminants."

[Herlkin]

...on se demande bien sur quel os ils vont tomber...parce que ça ne va pas être aussi "simple" ? (T'as de trop bons/efficaces joueurs)

[Sammael99]

Dénouement

Au petit matin, alors que Halter arrive à la station de Black Ifang, son datapad émet un tintement caractéristique des messages internes: ce sont les résultats d'analyse du laboratoire.

Pour l'essentiel, l'autopsie confirme les éléments de la thèse: la mort est le résultat d'un trauma crânien effectué à l'aide d'un objet lourd et anguleux. Des traces de résidus minéraux laissent à penser qu'il s'agit d'un objet rocheux fabriqué sur la station avec du rebut minier. D'autre part, l'autopsie indique que les tâches sur le caleçon de la victime ne sont probablement pas le résultat d'une éjaculation, mais plus probablement d'écoulements liés à un état d'excitation sexuelle. Enfin, l'autopsie confirme la condition cardiaque qui a mené à la pose de l'implant de monitoring.

Mais plus important que tout ça, un document annexe présente les résultats de l'analyse de l'éléphant en peluche. Des traces de salive ont été retrouvées sur la peluche. L'analyse ADN de la salive lie l'éléphant à Mirna Svochkoff, une petite fille de 5 ans arrivées il y a quelques moins sur la station dans le cadre d'un programme de réfugiés économiques de l'ancienne Confédération Russe. Mirna est arrivée sur la station avec sa mère Svetlana Svochkoff. Halter fait une recherche rapide et voit que Svetlana a fait une demande de permis de séjour "en cours de traitement" dans les systèmes de l'immigration. L'adresse répertoriée de Svochkoff est dans le secteur Foxtrott. Autant dire qu'elle n'a pas d'adresse: ce secteur c'est les bas-fonds des Coursives de la station. Qui plus est, depuis le détachement du secteur Oscar il y a quelques mois, une partie des habitants d'Oscar qui ont échappé à la catastrophe se sont installés à Foxtrott, dont la population était déjà passablement dense.

Le reste de l'équipe arrive peu à peu. Halter les briefe sur les nouveaux éléments, et indique qu'elle va aller travailler des contacts pour essayer de retrouver le lieu ou réside Svochkoff. Elle espère la localiser, et si elle y parvient, suggère une intervention rapide. Le reste de l'équipe prépare l'opération pendant qu'elle se rend sur le secteur Echo. Là, dans les rues du marché de Hope Street, elle cherche un mendiant qu'elle connaît bien. Une fois qu'elle l'a repéré, elle lui achète un kaffé chaud, puis se rend à ses côtés. L'homme est assis contre un mur. Il est visiblement handicapé, une de ses jambes est allongée devant lui et fait un angle étrange avec le reste de son corps. Deux cannes de fortune sont posées à ses côtés, et devant lui il y a de nombreuses figurines en fil de fer qu'il troque en échange de nourriture.

- "Salut Enrique..."
- "Eh, Faye! Content de te voir, ça fait longtemps..."
- "Et oui, le nouveau job..."
- "Je comprends, je comprends..."
- "Tiens, un kaffé pour toi."
- "Merci, sers toi!" répond-il en montrant les petites figurines.

Halter, qui sait qu'Enrique ne supporte pas d'avoir l'impression de mendier, choisit une petite figurine d'éléphant...

- "Tiens, ça me fait penser, on cherche une réfugiée dans le cadre d'une affaire là. Une jeune femme avec une petite fille. La gamine a un éléphant en peluche violet avec elle. Tu l'aurais pas vue ?"
- "Vous lui voulez quoi ?" demande Enrique.
- "Elle a fait une connerie. On voudrait éviter qu'elle se fasse expulser pour ça, mais il faut qu'on la trouve vite avant que les choses ne s'aggravent. Tu as une idée d'où elle pourrait-être ?"
- "Peut-être bien, oui. Y a un contingent de réfugiés slaviques qui sont arrivés il y a quelque mois. Ils trainaient dans les coursives ici, mais surtout à Foxtrott. Et puis il y a eu la tragédie du secteur Oscar. Des pans entiers de Foxtrott ont été aspirés avant que la brêche ne soit scellée. Des grands hangars vides, sans aucun service, ni eau, ni lumière. Je crois que les slaviques s'y sont installés, si on peut appeler ça s'installer."
- "Et la femme elle-même tu l'as vue ?"
- "Je crois. J'ai pas trop fait attention à elle, mais la gamine avait regardé mes figurines. L'éléphant que tu as pris lui avait tapé dans l'oeil. Mais sa mère n'avait rien à me donner en échange, et... il faut bien manger."
- "Je comprends bien. Merci Enrique, je repasserais te voir bientôt. Tu m'as filé un fier coup de main."

Avant d'appeler le QG, Halter se dirige vers le secteur Foxtrott pour essayer d'identifier le squat des réfugiés. Elle s'enfonce et se perde dans les coursives, mais trouve finalement un point de repère difficile à rater: un sas externe flambant neuf au milieu d'une coursive pourrie. C'est là que le secteur oscar s'est détaché du reste de la station il y a quelques mois. Halter a du mal à imaginer l'horreur que ça a du être pour ceux qui ont été emportés, mais aussi pour ceux qui sont restés. A quelques minutes de là, elle trouve une entrée obscure le long d'une coursive abandonnée. Il flotte une légère odeur de fumée et, glissant un oeil à l'intérieur, elle aperçoit un immense hangar dans lequel brûlent quelques feus. Elle décide d'ignorer cette violation manifeste de la sécurité de la station pour se concentrer sur la problématique immédiate.

Elle active son communicateur et parvient malgré une réception instable à indiquer le lieu au reste de l'équipe. 20 minutes plus tard, ils débarquent au grand complet, combinaisons de protections et armes étourdissantes en sus. Avant qu'ils ne s'engagent dans le hangar, Blomkamp prend la parole:

- "Je sais ce que vous pensez tous. On s'apprête à aller arrêter une femme agressée qui s'est défendue contre un pervers qui abusait d'une position de supériorité. On pourrait la laisser courir, et notre sens de la justice n'en serait pas affecté le moins du monde. Mais c'est une conclusion erronée: Svetlana Svochkoff ne peut pas s'en sortir sans nous. D'abord parce qu'elle ne pourra jamais avoir un permis de séjour si la situation reste comme elle est. Ensuite parce que tôt ou tard on retrouvera une trace, une marque ADN, un témoin, et qu'à ce moment là plus rien ne pourra la sauver. En l'arrêtant aujourd'hui, juste après le meurtre, nous aurons le contrôle maximal sur le dossier, et nous pourrons le construire de sorte que la légitime défense soit évidente. Alors on se concentre, on évite à tout pris d'envenimer la situation, et on faut le nécessaire pour que cette femme et sa fille aient une vie décente."

Tout le monde hoche la tête excepté DeBeer qui se cure les ongles. Puis le groupe s'engage dans le hangar.

Il y a là des centaines de réfugiés, allongés à même le sol, parfois sous une tente de fortune. Il faut très froid, le système de régulation thermique de la station ne fonctionne pas. Ca et l'absence d'éclairage explique les feux de camp. Le groupe avance lentement, armes baissées mais néanmoins apparentes. Certains réfugiés s'éloignent doucement vers les issues, espérant ne pas trop attirer l'attention. DeBeer avance en tête, l'éléphant rose bien en évidence dans sa main. Au bout de quelques minutes, il entend comme une exclamation vite étouffée, mais il a compris: la petite fille a vu sa peluche. Il fait signe à ses collègues et tous se dirigent vers un vague campement au centre duquel flambe un feu malodorant.

- "Svetlana Svochkoff ?" demande Blomkamp d'une voix ferme.

Parmi les réfugiés, des regards qui lui permettent d'identifier la silhouette vers laquelle tout le monde se tourne.

- "Il faut nous suivre madame. On sait ce qui s'est passé à l'immigration, il faut venir nous raconter ça en détail."

La tension monte d'un seul coup. Svetlana se lève, avec sur son visage l'air d'une biche aux abois. Deux hommes se lèvent également, avec à la main des barres métalliques.

- "Tout le monde se calme", reprend Blomkamp. "La légitime défense nous semble évidente, mais pour que vous puissiez la plaider et espérer avoir votre permis de séjour, il faut venir avec nous."

La jeune femme regarde un des hommes, puis baisse la tête d'un air défait. Elle commence à avancer.

- "Maman?" demande une petite voix derrière-elle.
- "Reste avec Michal", répond la femme d'une voix brisée.

La petite fille se blottit dans les bras d'un des deux hommes à s'être levés.

Halter prend l'éléphant en peluche des mains de DeBeer, et s'avance vers l'homme et la petite fille.

- "Mirna, il est à toi cet éléphant, non ?"

La petite fille hoche la tête.

- "Il vaut mieux qu'elle nous accompagne", dit Halter à l'homme que Svetlana a prénommé Michal. "Elle a été témoin d'événements traumatiques, et elle a besoin de suivi psychologique. Et puis elle comme sa mère seront mieux si elles sont ensemble. Je vous assure qu'on s'occupera bien d'elles."

L'homme semble un instant peser le pour et le contre, puis il ouvre ses bras, laissant Mirna descendre à terre. La petite fille prend l'éléphant dans ses bras d'un geste hésitant, et va mettre sa petite main dans celle de sa mère qui pleure doucement. Les agents escortent la mère et la fille vers un hover parqué à l'extrémité du secteur Echo. Le véhicule démarre dans un quasi-silence, troublé seulement par les sanglots d'une mère...

[Sammael99]

En réponse à @Herlkin, c'était en effet aussi "simple". Il y a plusieurs raisons à cela:

- d'abord toute cette partie, création de personnages compris a duré trois heures et demi. Je n'avais plus de budget temps pour compliquer les choses.

- ensuite, les détails du crime étant improvisés par un des joueurs (à l'aide de la carte mentionnée plus haut, façon Oltrée!), je n'avais pas pu préparer mon crime pour le rendre plus compliqué. Je reviendrais sur ce point dans mes commentaires plus bas.

- enfin, dans une optique de procédural je pense qu'il faut éviter que chaque crime soit complexe. J'ai même imaginé une mécanique pour décider du degré de complexité au moment de l'exposé de l'affaire, mais je ne l'ai pas encore formalisée ou mise en oeuvre.

Dès que j'aurais le temps je vous fais un retour sur le système, le genre, mes ajouts et des réflexions d'ensemble sur le procédural.

[Le Grümph]

Là, on a eu le Law... Il faudrait que je bosse sur une version Order pour la seconde partie de l'affaire !
LG, Ceci est leur histoire...

[Sammael99]

Alors en vrac, mon ressenti sur le jeu et sur sa mécanique:

- clairement, le pitch du jeu tient ses promesses. Créer la station est un investissement temps non négligeable (mais on a réussi à le faire à distance par un groupe wechat, ce qui me semble une bonne approche) mais une fois que c'est fait, on part d'une base que tous les joueurs connaissent et dans laquelle ils ont un investissement.

- le décor SF marche tout seul, même sans en avoir spécifié les détails lors de la création. Il suffit de suivre le courant: le joueur dont le perso est un peu hacker me dit qu'il parle à un autre hacker dans la matrice ? OK, il y a donc une matrice. Pour aller plus loin dans les thématiques SF par contre, il y a du boulot à fournir et là LMFDADC n'aide pas beaucoup. J'y reviendrais.

- le système est simple sans être simpliste. La logique des trois dés, l'un pour l'action, l'un pour la compétence et l'un pour l'équipement offre pas mal d'options tactiques, les avantages et les désavantages ajoutent à ça de manière intéressante (par contre, faut changer les noms quand ils ont joué à D&D...), et les joueurs n'ont pas le sentiment que c'est sans saveur.

- par contre, j'ai trouvé que la mécanique rendait les choses extrêmement faciles. A aucun moment je n'ai eu le sentiment que les joueurs en chiaient (pardonnez l'expression) et je n'avais pas le sentiment d'avoir beaucoup d'atouts en main pour augmenter la difficulté. La modif sur le système de base indiquée par LG (av. et désav. s'annulent au lieu de se cumuler) simplifie les choses, mais je trouve qu'il est dur d'être dur avec les joueurs. J'envisage de tester avec une réussite franche à 9-10 au lieu de 8-10.

- le flou du oui, mais / non, mais ne me plait pas. Je préfèrerais que ce soit un peu plus prescriptif. En même temps c'est facile à modifier.

- quelques capacités spéciales des compétences, surtout augmentées par le talent adapté, me semblent trop puissantes et surtout anti-climatiques. Je pense aux réussites automatiques sur des négociations en particulier, ou sur l'administratif. Elles ont été utilisées massivement en fin de partie, pour éviter que les choses ne dégénèrent avec les réfugiés, pour convaincre Michal de laisser la gamine partir, etc.

- la feuille de perso n'est pas vraiment pratique. Les packs d'équipement sont microscopiques au point d'être illisibles, et d'une manière générale il y a trop de choses, je pense. Si je rejoue je vais réfléchir à exporter certaines choses. Les packs d'équipement deviendront des cartes que chaque joueur aura devant lui, il faut que je voie comment ajuster le reste.

Bien qu'il y ait plus de points négatifs que positifs dans la liste, c'est vraiment un bon jeu, une base solide qui avec quelques petits ajustements me semble tenir la route malgré sa simplicité apparente.

[Le Grümph]

- par contre, j'ai trouvé que la mécanique rendait les choses extrêmement faciles. A aucun moment je n'ai eu le sentiment que les joueurs en chiaient (pardonnez l'expression) et je n'avais pas le sentiment d'avoir beaucoup d'atouts en main pour augmenter la difficulté. La modif sur le système de base indiquée par LG (av. et désav. s'annulent au lieu de se cumuler) simplifie les choses, mais je trouve qu'il est dur d'être dur avec les joueurs. J'envisage de tester avec une réussite franche à 9-10 au lieu de 8-10. 

Yop... Je me rends compte, après bien des discussions avec Wenlock, que je suis un bien piètre ludiste. En fait, ça me dérange pas tellement que les joueuses aient des "facilités" à réussir, parce que fondamentalement c'est pas ce que je demande au jeu et c'est pas là que je vais les "coincer" dans la partie.
D'une manière générale, si une joueuse a une bonne idée, ça m'intéresse qu'elle trouve un moyen de la mettre en oeuvre. Et si c'est une mauvaise idée, c'est bien aussi si elle peut se lancer dans la direction 
Du coup, dans mes systèmes, je mets souvent en avant la réussite devant l'obstacle "ludique" parce que l'obstacle narratif est plus intéressant pour moi : prendre des mauvaises décisions, se foutre dans la merde (chose que je déteste formellement, en vrai : je ne joue pas pour me planter exprès, sous prétexte de "créer du jeu" mais pour réussir. Mais si je me plante, je veux assumer les conséquences).
Dans Cerbère, ça passe effectivement par des chances de réussite importantes quand on lance plusieurs dés ; et aussi par les capacités spéciales des compétences...
La difficulté va alors provenir de l'attrition (quand tu as usé tes capacités, quand tu as perdu ton matos, quand tu est blessé, etc.) et aussi de la gestion des conséquences et des contraintes sociales, légales, etc. ça demande au MJ de bien prendre en compte des tas d'éléments extérieurs propre au contexte d'univers.
Et là, je me rends compte que je n'ai pas encore posé sur le papier les outils qui pourraient lui servir ! (et je n'ai aucune idée de la forme qu'ils pourraient prendre).

Mais dans l'ensemble, je sais que je ne suis pas au taquet sur l'aspect ludique des obstacles et des épreuves, comment les rendre mécaniquement compliquées ou difficiles. Je le fais mais dans la narration, dans le contexte, dans les circonstances, en donnant toujours des choix qui ont des conséquences compliquées.

[Sammael99]

Je comprends la logique de design @Le Grümph, et dans l'absolu elle ne me semble pas mauvaise, mais j'espérer pouvoir donner un feeling un peu plus gritty à la chose, ne serait-ce que pour forcer les joueurs à trouver des collaborations intéressantes pour générer des avantages. En l'occurence ils ne l'ont presque jamais fait.

Après, on a pas eu de combat, donc cet aspect là n'est pas ressorti.

Je me demande si @Carfax nous ferait un retour sur ces points, ressenti, etc.

[Sammael99]

Là, on a eu le Law... Il faudrait que je bosse sur une version Order pour la seconde partie de l'affaire !
LG, Ceci est leur histoire...

Au passage, je n'ai pas compris cette référence.