[CR] Ryuutama rencontre De Chorographia

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Moonchewe
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[CR] Ryuutama rencontre De Chorographia

Message par Moonchewe »

La première fois que j'ai posé le regard sur De Chorographia du Grümph, le PJ en moi voulait explorer chaque recoin de ces cartes. Comme MJ, c'est naturellement que je me suis orienté vers Ryuutama et son système de voyage et son côté mignon pour y faire pérégriner mes joueurs. Des cartes tirées au hasard avec 1d10+1d20-1, une création commune du monde et un peu de préparation, il n'en faut pas plus.
Voici donc les CR de nos modestes parties rédigés par notre chroniqueuse, Sully Sallivan qui interprète le personnage de Tsugumi la guérisseuse. Merci à elle :)


Au commencement était un énorme dragon. Celui-ci donna naissance aux hauts dragons des climats. Eux-mêmes engendrèrent les dragons des paysages. Devant la beauté de sa création, le dragon primordial se laissa submerger par l'émotion et versa une unique larme de joie : Lipta, le larmonde. Seulement, depuis quelques mois, l'expression tant aimée des anciens n'a jamais été aussi vraie : Il n'y a plus de saison ! En effet, deux anomalies sont apparues : les climats sont totalement déréglés, il pleut abondamment dans les zones arides, de la neige tombe sur les jungles et un soleil brûlant point dessus les montagnes. En même temps, de mystérieuses forêts poussent en une nuit de manière totalement aléatoire, engloutissant parfois des villages, croissant même au centre d'autres forêts ou encore en plein cœur des lacs. Néanmoins, au moins une chose demeure : une fois dans son existence, chaque individu se doit d'effectuer un pèlerinage afin de contempler le bout du monde, à l'extrémité de la goutte.

Les habitants de ce monde sont aussi divers que variés. On y trouve, évidemment, diverses communautés humaines, tels le peuple des marcheurs, des ermites pérégrins, génies ou savants. Le peuple de Yubiko, humains arborant une queue et des oreilles félines, dictateurs impitoyables de la mignonitude. Ou à l'inverse, les Nekogobs, des chats évolués, parlant et marchant sur deux pattes comme des humains (mais assez peu appréciés des Yubiko), laissant parfois libre cours à leurs origines sauvages. Enfin, d'autres êtres plus ou moins étranges peuplent également Lipta. Mais ceci, nous le verrons plus tard.
Dernière modification par Moonchewe le mar. févr. 27, 2018 10:01 pm, modifié 2 fois.
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Moonchewe
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Re: [CR] Ryuutama rencontre De Chorographia

Message par Moonchewe »

Première séance : Carte n°25

Début de l'aventure : Mission feuilles de Feuines 
Ça y est, mon voyage m'a menée vers le point le plus éloigné de Kokuriko depuis mon départ de la maison. Bobby et moi avons pris un bateau à destination de Port-Camphre, non sans un certain pincement au cœur au moment de dire adieu à nos terres natales. Mais j'ai vite oublié mon vague à l'âme lorsque j'ai rencontré Sayanel et Nekori. Nous avons très vite sympathisé, et nous nous sommes si bien entendus que nous avons décidé de poursuivre notre voyage ensemble ! Ne plus voyager seule me soulage et me rend heureuse, d'autant plus que mes nouveaux compagnons sont très talentueux. Sayanel est un météomancien qui maîtrise la magie automnale, et Nekori (une Yubisan qui a des oreilles et une queue de chat très mignonnes) est une chasseresse qui a l'air des plus habiles. J'ai très hâte de découvrir ce que nous pourrons accomplir ensemble !

Notre équipe est arrivée à Port-Camphre un beau matin. C'est une ville charmante, peuplée de Yubiko tous plus élégants les uns que les autres. L'étonnante spécialité du coin n'est cependant pas le poisson, comme dans une cité portuaire classique, mais le camphre. Dans les rues, dans la nourriture, ce produit semble s'être faufilé partout ! Mais le plus intéressant étaient les roches camphrées. Finement ouvragées pour représenter une tête de dragon, ces petites pierres seraient dotées de vertus antiseptiques et anesthésiques très puissantes. C'est ce que nous ont affirmé Toshi et Masa, les deux « apothicamphres » qui nous les ont présentées. Je dois dire que la guérisseuse que je suis a eu un peu honte de n'en avoir jamais entendu parler.
Nous avons voulu nous en procurer, mais ces roches coûtent 400 pièces d'or à l'unité ! Mes compagnons et moi avons décidé de négocier avec les deux marchands. Si nous leur apportons des feuilles de Feuines, ingrédient dont ils ont besoin pour réaliser un insecticide efficace, nous pourrons certainement bénéficier d'une ristourne sur les roches camphrées. Masa nous a dit que ces fameuses feuilles poussaient à l'extrémité de la queue de petites fouines (les Feuines) vivant à l'ouest d'une ville appelée La Ferté-des-chaînes. Laquelle ville serait touchée par une calamité depuis peu, liée au soudain adoucissement du climat...

Nous sommes partis peu après, à pied et motivés, sous un ciel bleu magnifique, guidés par Nekori pour qui les cartes semblent n'avoir aucun secret. Nous avons traversé la Lande des pierres patientes, où nous avons passé une nuit à la belle étoile. Ce nom poétique vient des pierres qui y reposent, lesquelles ne sont ni plus ni moins que les roches camphrées à leur état brut... à savoir des déjections de belettes de Kapur, farouche petit animal local. Comme je m'étais blessée à cause de ma maladresse légendaire, j'ai pu constater qu'une simple application permettait effectivement de désinfecter la plaie. Une comparaison avec les produits de Toshi et Masa nous en apprendra certainement plus sur les secrets de ces étranges cailloux.
Tandis que je n'arrivais pas à monter le camp (je suis résolue à faire des efforts!), Nekori et Sayanel m'épatèrent par leurs talents. Tout d'abord, Nekori rapporta une belette de Kapur qu'elle avait chassée en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Après l'avoir débarrassée de sa fourrure, elle l'a tendue à Sayanel, qui l'a transformée... en marmelette. Juste avant, il avait changé du poisson en confithon (il a l'air d'avoir un certain penchant pour la confiture... c'est incroyable à regarder!).

Nous avons fait une halte à La Ferté-des-chaînes après un jour et demi de voyage, dans la ferme intention de vendre du poisson et du matériel trouvés dans la Lande. La Ferté-des-chaînes, c'est une drôle de ville entièrement faite de métal (bâtiments, véhicules, même les arbres sont en fer!!) et dans laquelle il régnait un boucan si infernal que nous avions du mal à entendre nos propres conversations. Là-bas, tout le monde porte la moustache, homme comme femme. A première vue on aurait pu croire que c'était ça, l'étrange calamité qui frappait la ville. Mais un robuste aubergiste nous a informé que les problèmes venaient surtout d'une invasion de fourmis rouilles, qui comme leur nom l'indique répandent la rouille partout sur leur passage. D'après ce que nous avons compris, leur installation serait due au soudain radoucissement du climat local. Lorsque nous avons évoqué le projet d'insecticide de Toshi et Masa, l'aubergiste nous a immédiatement proposé d'aller en parler aux membres du Conseil de la ville, qui seraient selon lui très certainement intéressés par ce produit.


J'ignore comment il a fait, mais nous avons obtenu un rendez-vous avec le Conseil le soir même. Une ribambelle de personnages plus étonnants – et moustachus – les uns que les autres nous ont accueilli, non sans une certaine réticence. Cependant l'un d'entre eux, nommé Drumm Gond, est un ami de Masa, qui la veille nous avait conseillé d'annoncer que nous venions de sa part. Une fois ce contact établi, Sayanel, Nekori et moi avons pu nous exprimer. Comme l'avait prévu l'aubergiste, cet insecticide sembla intéresser les membres du Conseil.

Ils se sont toutefois renfrognés à l'évocation des Feuines. Apparemment, leur récente religion leur interdit de s'approcher de ces créatures. Ils nous ont confié qu'ils craignaient un Feuine géant, à plusieurs têtes, qui se serait installée sur la Presqu'île des Sacrifiés, un peu plus au sud. Il serait tenu à distance grâce à un « hurleur », mais c'est là un point qui demeure encore mystérieux pour les étrangers que nous sommes.


Le Conseil nous a promis de réfléchir à l'aide qu'il nous fournirait. En tout cas, nous avons obtenu l'autorisation de traverser la Ferté-des-chaines, afin de nous rendre dans les territoires de l'ouest et recueillir les feuilles de Feuines. Il ne faudra pas oublier que pour la récolte, il faudra qu'une Lune soit présente dans le ciel. Ni oublier cet étrange avertissement qui nous a été fait : « attention aux cunitaures »...

Tsugumi.
Dernière modification par Moonchewe le ven. mars 02, 2018 6:06 pm, modifié 1 fois.
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Sammael99
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Re: [CR] Ryuutama rencontre De Chorographia

Message par Sammael99 »

Très sympa et pouétique !

FYI y a une répétition de quelques lignes à trois para de la fin.
Mozart n'a pas écrit que le Boléro de Ravel. Mais aussi plein d'autres trucs beaucoup moins connus (comme le canon de Pachelbel). - Le Grümph
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Ego'
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Re: [CR] Ryuutama rencontre De Chorographia

Message par Ego' »

Merci pour le CR, ça donne envie :wub:
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Re: [CR] Ryuutama rencontre De Chorographia

Message par Moonchewe »

Sammael99 a écrit : jeu. mars 01, 2018 12:51 amTrès sympa et pouétique !

FYI y a une répétition de quelques lignes à trois para de la fin.
Oups, c'est corrigé, merci !
 
Ego' a écrit : jeu. mars 01, 2018 1:36 pmMerci pour le CR, ça donne envie :wub:
Merci ! :)
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Re: [CR] Ryuutama rencontre De Chorographia

Message par Moonchewe »

Deuxième séance : Carte n°25, suite
 
Dans la salle commune de notre auberge à La Ferté-des-chaînes, nous avons rencontré un nouvel équipier. C'est un jeune cordonnier jovial et très sympathique, qui s'appelle Artémis Baltazar (« AB », pour les intimes). Je ne sais pas exactement où il se rend, mais comme nous allons suivre la même direction pendant quelques temps, nous avons décidé de faire route commune.
Nous nous sommes réveillés après avoir dormi sur des lits de fers, déterminés à trouver des informations sur les Feuines avant d'aller chercher leurs feuilles. Nous nous sommes d'abord renseignés auprès de Bogon et Bora, respectivement vieil habitué et tenancière de l'établissement. Non seulement la chasse aux Feuines risque d'être compliquée, mais en plus, le Feuine géant existerait véritablement. Il serait bel et bien tenu à distance par ce mystérieux « Hurleur », qui psalmodie des prières chaque nuit depuis la Pointe qui porte son nom. Cette région est décidément pleine de surprises...

J'en ai profité pour demander ce que sont ces fameux « Cunitaures » contre lesquels le Conseil nous avait mis en garde la veille. Bogon nous a expliqué que ce sont des créatures à corps de cheval, torse humain et tête de lapin, vivant à l'ouest de la ville. Nous avons cherché d'autres renseignements au travers de la ville.
Un certain Monsieur Broc, rencontré dans un cabinet médical (dont le fer est littéralement ravagé par les fourmi rouilles), nous a indiqué que les Cunitaures sont particulièrement friands de dents. Ces dents leur serviraient aussi bien d'outil que de monnaie. Apparemment, on en trouvait autrefois facilement à La Ferté-des-chaînes, lorsque le commerce avec les Cunitaures intéressait encore les habitants. Cependant Broc nous a dit que ce n'était plus le cas, car les Cunitaures vendaient avant tout des feuilles de Feuines.

Forts de ces intrigantes informations, nous avons décidé de faire une escapade à la bibliothèque pour nous renseigner davantage, notamment sur les races endémiques. L'un des nombreux livres (de fer) disponibles nous a appris que les Cunitaures sont dotés d'un langage et d'une culture qui leurs sont propres. Doués en commerce, ils seraient effectivement friands de dents et attentifs à leur taille : plus elles sont longues, plus ils les apprécient.
Mais surtout, nous avons lu que les Cunitaures raffoleraient de feuilles de Feuines, qui constituent leur principale nourriture.

Le livre nous a renseigné sur deux autres races animales présentes dans la région, lesquelles sont les Feuines (bien entendu) et les Lepotaures. Nos cibles tout d'abord s'avèrent être de grandes fouines dotées d'une dentition longue et acérée, ainsi que d'une feuille de vigne au bout de la queue. Elles vivent en groupe et sont réputées pour leur vivacité. Les Lepotaures quant à eux sont des créatures à tête de cheval, pattes de lièvre et aux dents tout à fait immenses.

Toutes ces informations en poche nous ont fait dire que partir directement à la chasse des Feuines n'est sans doute pas la solution efficace pour récupérer leurs feuilles. Nous avons donc décidé de passer par l'intermédiaire des Cunitaures bien meilleurs spécialistes des Feuines que nous. La question qui nous a taraudés cependant, c'était de savoir où trouver les dents nécessaires au dialogue ?.

Nous sommes allés sur la place du marché, où nous avons pas mal tâtonné. La seule chose intéressante à en tirer, c'est que Sayanel y a rencontré un Neko-gobelin nommé B'xhoti, qui tout comme lui fait partie de la légendaire Guilde des Marcheurs. Une telle rencontre est très rare, suffisamment pour être réputée impossible. Avant de s'éclipser, B'xhoti a donné à Sayanel deux pans d'une étrange pierre blanche, la pierre-sèche, en lui conseillant de prendre garde à ne pas la montrer au peuple des Av si nous venions à les rencontrer. Nous n'en savons guère plus pour le moment...
Après un déjeuner bizarre et quelques emplettes, nous nous sommes mis en marche vers la Garenne Menace, la terre des Cunitaures. Comme nous n'avons pas trouvé de dents satisfaisantes, Sayanel a suggéré que nous utilisions la pierre-sèche en guise de leurre. Faute d'un meilleur plan face à l'heure qui tourne, nous n'avons pu que nous résoudre à cette solution peu honnête.

Notre chasseresse nous a encore une fois guidés à merveille. Moi, j'ai dû finir le voyage sur le dos de notre aimable Chocobo, à force de tomber. D'ailleurs, j'ai cru voir une drôle de créature au cours de ma chute, ce que nous avons pu vérifier la nuit même en apercevant une petite lueur dans la forêt jouxtant notre camp. Sayanel, AB et moi nous sommes approchés, et avons vu un spectacle magnifique : celui d'un Maheru, un dragon des forêts au long cou et portant des végétaux sur sa carapace. Malheureusement, notre présence l'a effrayé et il s'est enfui avec autant de ferveur qu'un animal traqué par des braconniers. Nous en avons eu le cœur brisé jusqu'au lendemain matin...

Le jour levé, nous avons repris la route et sommes entrés sur le territoire des Cunitaures par la Baie des Hurles. Il y règne un boucan assez intense, un mélange de vagues qui se brisent contre la falaise et d'étranges... psalmodies hurlées ? Je ne sais pas vraiment comment qualifier cela. AB s'est approché de la falaise, et a crié joyeusement son enthousiasme d'être ici. Nous avons tous très distinctement entendu une voix lui répondre « Stop ». A la question « pourquoi ? » posée par Sayanel (sous nos yeux éberlués), la voix à répondu quelque chose d'incompréhensible. S'est-il agi du fameux Hurleur ? Nous n'avons pas eu de réponse à ce stade.

Le soir-même, nous sommes arrivés chez les Cunitaures, qui peuplent des terriers si grands qu'on croirait de loin que ce sont de petites collines. Nous avons tous été impressionnés par leur imposante stature, qu'ils utilisent pour communiquer entre eux. Ils avaient tous l'air très occupés, mais ils nous ont néanmoins accueillis très cordialement.
Pour leur expliquer la raison de notre visite, Sayanel et moi nous sommes adonnés à d'étranges chorégraphies. L'évocation des feuilles de Feuines les a grandement intéressés, et ils ont décidé d'organiser une battue pour aller en chercher lorsque Sayanel leur promit de faire apparaître une pleine Lune dans le ciel (laquelle n'était pas prévue pour ce soir-là). Ils nous ont pris sur leur dos, malgré quelques réticences, et nous nous sommes tous mis en route vers le territoire des Feuines.

Ce territoire est une lande déserte de toute végétation, à l'exception de petit arbustes faiblards qui n'enlèvent rien au morne du paysage. C'est là que nous avons enfin vu, et pour la toute première fois, les Feuines, qui paissaient paisiblement. Ce que nous avions vu à la bibliothèque était bien vrai : chacun arborait au bout de sa queue une large feuille de vigne, qui rend très gracieux chacun de leur déplacement. Mais d'après les Cunitaures, ces feuilles peuvent être encore plus grandes lorsqu'elles sont exposées à la lumière de la pleine Lune.

C'est là que Sayanel a exercé sa magie : après s'être concentré et avoir récité une incantation poétique, les nuages dans le ciel se sont écartés pour laisser apparaître une petite boule lumineuse, qui a grossi, grossi, pour se transformer en définitivement en une énorme sphère lunaire qui nous a illuminé presque autant qu'en plein jour. Les feuilles des Feuines se sont instantanément mises à pousser, à tel point que leurs porteurs en ont été totalement recouverts. C'était aussi beau qu'incroyable !
Les Cunitaures ont acclamé Sayanel, et se sont goinfrés de feuilles, tout à fait euphoriques. Quant à nous, nous avons ramassé cinq feuilles chacun. J'espère que cela aidera vraiment Toshi et Masa à faire leur insecticide. Résultat des courses, on n'a même pas eu à se servir de la pierre-sèche.
Pour terminer cette fructueuse soirée, les Cunitaures nous ont proposé de dormir chez eux. Leurs lits en terre semblent bien plus agréables que les lits en métal que nous avons testés la nuit précédente !

Une dernière précision, avant de me coucher... Pendant la récolte, notre équipe a vu un drôle de petit être parmi les feuilles géantes. C'était une autre feuille, mais bien plus petite, je pense de la taille d'un lutin sylvain. Elle avait tourné son petit visage malicieux vers nous et nous a adressé un sourire avant de s'évanouir au milieu des Feuines. Nous en avons discuté, et nous avons conclu qu'il s'agissait d'un Feuill'-Fadet. Je dois dire que je n'en avais jamais vu avant aujourd'hui. Une idée un peu folle nous a traversé l'esprit... Et s'il s'agissait de l'Homme-dragon qui veille sur notre voyage ?

Tsugumi
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Moonchewe
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Re: [CR] Ryuutama rencontre De Chorographia

Message par Moonchewe »

Troisième séance : Carte n°25, suite
 
La fin d'un fléau : défi relevé à grand coup de gel

Les Cunitaures nous ont ramené à La Ferté-des-chaînes dès le lendemain de notre mission, dans la matinée. Il était temps, car l'état de la ville était bien plus critique que nous l'avions cru. Preuve en a été que Sayanel a failli se blesser grièvement à cause d'un pont qui s'est effondré sous ses pas. Nous avons alors compris qu'il fallait se rendre à Port-Camphre au plus tôt. Mais comme la caravane censée nous y ramener ne serait pas prête avant l'après-midi, nous sommes allés nous restaurer dans l'établissement de L'nukeh (oui, celui qui sert des brochettes de vis tout ce qu'il y a de plus bizarre).

Nous avons été interrompus par Bogon junior, l'homme qui avait arrangé une rencontre entre notre équipe et le Conseil municipal. Il s'est montré étrangement impatient de nous voir repartir vers Port-Camphre, puisque d'après lui nous avions déjà les feuilles de Feuines nécessaires à l'insecticide. Cela m'a semblé étrange, car nous n'avions encore parlé à personne de notre expédition, ni de son résultat !
Aussi intriguée que moi, Nekori a décidé de suivre ce bonhomme, fermement décidée à découvrir ce qu'il avait derrière la tête. Sayanel lui est venu en aide lorsque nous l'avons vu essayer de s'enfuir parmi la foule, en jetant un sort qui a fait pleurer notre cible « comme une jouvencelle », ainsi qu'un autre qui l'a enfoui sous un tas de feuilles mortes (ses incantations revêtent des intitulés et des fonctions visiblement très variés...).

Le malheureux s'étant retrouvé coincé, il nous a expliqué que son père (Bogon, le vieil habitué de l'auberge où nous avions logé lors de notre première nuit dans la cité) est l'unique responsable de l'arrivée des fourmi-rouilles. Comme il n'a pas souhaité nous en dire plus à ce moment-là, Sayanel a négocié notre silence contre 150 pièces d'or, et ce qui ressemble à un bon de réduction dans la boutique de Masa et Toshi (j'ai l'impression que nous réglons toujours tout par l'argent, ce qui ne me rend pas fière, bien que j'ai conscience que c'est ce sens des affaires qui nous permettra de réunir la somme correspondant au prix des roches camphrées).

L'après-midi étant arrivé, nous sommes allés au lieu de rendez-vous pour prendre la caravane. De magnifiques créatures blanches à la fourrure cotonneuse, ressemblant à des chevaux, nous ont accueilli sur leur dos. Nous nous attendions à ce qu'ils galopent, mais après avoir pris un peu d'élan, nos montures se sont envolées haut, très haut dans le ciel, si bien que nous avons côtoyé les nuages peuplant le ciel de la Lande des pierres patientes. Nous avons compris que ces nobles créatures étaient des Kumoryuus, des dragons-nuages. La légende raconte que ce sont eux qui, comme leur nom l'indique, seraient à l'origine des nuages. Nous sommes passés à côté d'un troupeau entier, qui paissait paisiblement sur des cumulus. C'était tout à fait magique !

Grâce aux Kumoryuus, notre voyage n'a duré que trois heures. Après les avoir caressé et salué, nous sommes allés retrouver Toshi et Masa. AB nous fait remarquer qu'il n'apprécie pas du tout cette ville pour s'y être fait arnaquer éhontément il y a peu (ce que nous acceptons de croire pour ne pas le vexer).
Sayanel ne s'est guère fait discret au moment de remettre les précieuses feuilles de Feuines à nos commanditaires. Si bien que nous avons attiré l'attention d'une indiscrète marchande voisine, nommée Kyosa, laquelle ne serait autre que l'auteur de l'embrouille dont AB aurait été victime. Tandis que Sayanel et Nekori remettaient les feuilles à Masa, émerveillée par leur qualité, AB a commencé à se disputer avec cette Yubiko quelque peu arrogante. C'est Bobby, mon caméléon, qui est parvenu à nous en débarrasser, à force de lui... baver dans l'oreille à coups de langue (glorieuse péripétie). Cela a eu le mérite d'éloigner cette dame, ainsi que de lier un lien d'amitié très fort entre mon compagnon et AB. Masa se serait certainement fâchée si je n'avais pas fait ce que je fais le mieux : la nunuche empotée qui s'excuse.

Comme nous avons de la chance de traiter avec quelqu'un qui a un aussi bon caractère, Masa nous a annoncé que l'insecticide serait certainement près dès le lendemain matin.

C'est le moment où Nekori et moi avons décidé d'aller acheter des rations, lesquelles commençaient à sévèrement manquer. J'ai été impressionnée par sa capacité à gérer notre argent tout en anticipant de quoi nous aurions besoin et à quel moment (nous avons opté bien entendu pour des thons, en vue de préparer à nouveau ces confithons délicieux... !). Heureusement que Nekori a le sens des réalités, car notre intendant et AB ont préféré aller à la taverne plutôt que de préparer la suite de notre voyage. Mais comme l'a dit notre chasseresse : un travail d'équipe suppose une bonne répartition des tâches !

Oh d'ailleurs, en passant près d'un étal, j'ai vu un Poing-de-géant ! Ces pierres qui permettent de faire des tisanes « jambes-légères » sont très courante chez moi, à Kokuriko, mais je n'aurais jamais imaginé en trouver dans ces contrées aussi éloignées. Je me suis dit que ce serait bien utile pour les andouilles dans mon genre qui ne peuvent faire trois pas sans se casser la figure. Mais bien entendu, c'est CHER : Port-Camphre est une ville dans laquelle l'humble voyageur est systématiquement rembarré à son statut de pauvre). L'aimable vendeur, avec qui j'ai partagé (GRATUITEMENT) mon précieux savoir de guérisseuse, m'a dit qu'on les trouvait à l'état naturel dans le Golfe du Brocq... Croisons les doigts pour en trouver !

Après nous avons retrouvé les garçons, l'heure du repas du soir étant arrivée. Mais c'était sans compter sur la nourriture absolument épouvantable qui nous a été servie par la tenancière de la taverne où nous sommes allés. Je comprends que les Neko-gobelins soient proches des chats, mais tout de même... les souris, c'est pas super appétissant. Surtout quand des touffes de poils peuplent l'assiette. Sayanel et AB nous ont alors expliqué que c'est ici qu'ils sont venus boire un verre, et qu'ils ont joué à un jeu d'argent avec une Neko-gobelin et un Yubiko, A'gaabthu et Noboshi, la première n'étant autre que la patronne de l'établissement. Elle est visiblement très mauvaise perdante, à moins qu'ils n'aient triché ? Nous sommes partis en vitesse avant qu'une bagarre n'éclate à cause des provocations d'AB et d'un croche-patte bien placé de la part de Nekori, qui a fait chuté notre hôte caractérielle.

Cette drôle de soirée nous a décidé à aller dormir en dehors de la ville, sur la Pointe d'Aché, une falaise proche de la mer. Il y pousse des Couronnes d'Aché, sortes de céleris élégants qui ont la réputation de conférer de beaux rêves pour qui en porte sur la tête. AB et moi avons décidé d'en coiffer nos fiers cuirs chevelus avant d'aller dormir.
Je ne sais pas vraiment ce qui s'est passé par la suite. J'ai eu l'impression qu'une voix très lointaine, profonde, portée par le vent, m'appelait à l'extérieur. Cela semble angoissant, décrit ainsi, mais je n'ai pas eu peur. Au contraire, j'étais tout à fait sereine, j'avais l'impression de flotter. Quand je me suis approchée de la falaise, j'ai remarqué qu'AB était là lui aussi. Il regardait, comme moi, la forme indistincte et gigantesque, qui appelait notre nom depuis l'Île des Prières. Au moment où j'allais faire un pas de plus, qui aurait pu m'être fatal, j'ai senti un petit être me retenir par la jambe. C'était ce Feuille-Fadet que nous avions vu chez les Cunitaures. Il nous a conseillé de rester où nous étions. Quand nous lui avons demandé qui était celui qui nous appelait, il a répondu que c'était un imposteur qui reprenait les prières du Hurleur à son compte. Avant de nous renvoyer nous coucher, le Feuille-Fadet nous a ordonné de garder nos couronnes sur nos têtes. J'ai très mal dormi par la suite.

J'ignore encore si j'ai rêvé ou non. Si c'était un rêve, AB m'a confié avoir fait le même que moi (à ceci près qu'il aurait entendu quelqu'un l'appeler à table, et non par son nom). Les couronnes, quant à elles, avaient disparu. Notre récit a laissé Sayanel et Nekori assez dubitatifs. Nous sommes allés chercher notre insecticide chez Masa sans plus attendre.

Elle nous a remis le précieux produit, qui se présentait sous forme de gel (dans un seau) et ne nécessitant qu'une infime couche d'application sur la zone à traiter. Les Anciens de La Ferté-des-Chaînes ont cependant cruellement manqué de discernement lorsqu'ils nous ont vu revenir avec l'insecticide. Alors que nous faisions une démonstration, tous se sont jetés sur le seau pour badigeonner avec excès leur seule salle de réunion. L'effet remarquable du produit de Masa, faisant partir en fumée les fourmis-rouilles, leur a fait perdre la tête. Nous n'avons pu sauver qu'un reliquat léger au fond du seau, ainsi que ce qui était resté sur nos doigts un peu poisseux. Sayanel a dû sortir en emportant le seau pour être sûr que plus aucun gâchis n'aurait lieu. Il était totalement furax. Je l'ai suivi pour le calmer.

Nekori, qui ne perd jamais son sang froid, en a quant à elle profité pour s'entretenir plus sérieusement avec Bogon Junior. Comment diable des fourmi-rouilles avaient-elles pu être ramenées par son père, Bogon premier du nom ? Celui-ci s'était rendu il y avait de cela quelques temps dans la Ville des Angoisses, de laquelle tout visiteur repart en portant sur lui la matérialisation d'une angoisse profonde, qui dort dans son esprit. C'est ainsi que Bogon est rentré à la Ferté-des-Chaînes, porteur d'une fourmi qui serait bientôt la reine de la colonie destructrice.

Nous n'avons pas perdu espoir, car même si le gel insecticide est presque entièrement utilisé, nous savons que pour atteindre les fourmi-rouilles en profondeur, il suffit d'atteindre cette reine. Laquelle était cachée depuis le départ dans la maison familiale. Bogon Junior n'avait rien osé nous dire, pour préserver l'honneur de son père. Nous n'avons pu que rester modestes face à ce modèle de loyauté filiale.

Nous nous sommes immédiatement rendus chez Bogon père, afin d'en finir avec cette reine une bonne fois pour toutes. A l'intérieur, tout était rouillé, rongé, attaqué du sol au plafond. Après un petit jeu de cache-cache un peu angoissant, un étrange bruit de mastication nous attire dans une pièce au fond de la maison : nous nous sommes retrouvés face à une affreuse fourmi de la taille d'un chien, couleur ocre-rouge. J'ai failli tourner de l’œil, tant elle était laide et répugnante. Heureusement mes camarades se sont montrés courageux : ils ont utilisé le tout petit reste du seau ainsi que du reliquat sur leurs mains pour badigeonner la reine. Cette créature de cauchemar s'est consumée dans un crissement effroyable et déchirant. Il n'en est pas resté une miette.

C'est ainsi que nous avons réussi à débarrasser La Ferté-des-chaînes du fléau des fourmi-rouilles.

Mais qu'en est-il des conséquences de leur si long séjour ? La banque locale a vu ses économies (en fer, bien entendu!) totalement dévorée par les insectes voraces. Il faudra certainement encore un peu de temps à la ville pour se remettre totalement sur pied !

Ce soir-là, nous avons dormi à l’œil dans notre auberge, remerciés pour l'immense service rendu à la population, et surtout enchantés de retrouver ces lits de fer tout ce qu'il y a de plus... rigides. Juste avant de dormir, j'ai entendu un petit « toc-toc-toc » à ma fenêtre. Quand j'ai ouvert, le Feuille-Fadet m'a tendu un Point-de-géant. En m'adressant un clin d'oeil, il m'a fait promettre de garder ce petit événement secret.

Je ne crois pas avoir rêvé, car en me réveillant ce matin, j'avais cette fameuse pierre dans ma main. Comme il est troublant, ce petit bonhomme.

Tsugumi.
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Quatrième séance : Carte n°25, fin - Carte n°18

A notre réveil à La Ferté-des-Chaînes, nous avons trouvé un petit mot laissé par AB, sur une feuille de métal gravée maladroitement. Il nous y indiquait « Merci mes camarades, à bientôt. PS : je ne développe pas plus car c'est vraiment difficile d'écrire sur ce genre de feuille ». Ça nous a bien fait rire. J'espère que nous le recroiserons bientôt !

On s'est retrouvé de nouveaux tous les trois, avec Nekori et Sayanel. Nous avons décidé de prendre la direction de la forêt du Mahéru. La légende raconte que c'est lui qui l'aurait faite pousser. Notre ambitieux voyage s'est un peu mal passé cette fois, car les déplacements en forêt se sont avérés accidentés et difficiles. Nous nous sommes totalement perdus. Il a fallu que Nekori grimpe en haut des arbres pour voir où nous en étions. Elle a aperçut une clairière au loin, au dessus de laquelle le vent déviait de sa trajectoire. Nous nous sommes dirigés illico vers cet endroit.

Cette clairière n'était autre que l'antre du Mahéru. Il avait cependant une apparence légèrement différente de la dernière fois (il s'avère qu'il peut changer son aspect en fonction de ses émotions, en adoptant tantôt une posture agressive et tantôt une posture bien plus avenante). Il était encore plus majestueux à la lumière du jour. Sayanel et moi avons eu peur de l'effrayer de nouveau, ce sont donc Nekori et Mushu qui ont permis d'établir le contact avec lui. Tout d'abord méfiant, il a fallu nous débarrasser de nos armes pour que nous puissions parler avec lui : sa voix caverneuse semblait résonner à l'intérieur de nos têtes. Très émue de me retrouver face à lui après mon comportement de l'autre jour, j'en ai pleuré d'émotion, ce qui a grandement étonné notre impressionnant interlocuteur. Il s'est montré curieux à notre égard, nous questionnant sur qui nous étions (humaine, Yubisan, Marcheur, il y avait longtemps qu'il n'avait plus croisé des personnes comme nous).

Quand je lui ai dit être guérisseuse, le Mahéru m'a présenté ses énormes pattes de devant, portées sur des pierres qui lui servent de « sabots » : il y avait une forme purulente et sombre qui les parcourait et qui s'insinuait sous sa peau d'écorce. Je n'avais jamais rien vu de tel... Une énigme posée par lui-même nous permis de comprendre qu'il était victime d'un champignon. J'ai aussitôt préparé une décoction contre les mycoses, qui a semblé le soulager dès la première application. Je suis heureuse de lui être venue en aide (d'autant que pour me remercier, il m'a appelée « bienfaitrice » ; me voilà de nouveau en paix avec moi-même !).

Avant de nous en aller, nous avons eu le droit d'interroger le Mahéru à raison d'une question chacun. Sayanel lui a demandé quelle était l'origine du dérèglement climatique, survenu brutalement il y a de cela deux générations. « Ceci est lié à la folie du peuple des AV ». Par folie, le dragon des forêts nous a dit entendre « chasse », qui ne vise désormais plus les seuls animaux, mais aussi ses « parents ».
Quant à moi, j'ai demandé pourquoi les forêts se sont mises à marcher sur le Larmonde. « Le peuple des Leteth a des réponses ». Là encore, il serait question de la responsabilité du peuple des AV, qui aurait libéré « quelque chose qui les dépasse ». Il nous faudrait nous rendre au nord pour rencontrer les Leteth.
Enfin, Nekori l'a questionné sur l'endroit où nous pourrions trouver le peuple des AV. « Au Nord-Ouest se trouve leur royaume ».

Les réponses du grand dragon se sont avérées très mystérieuses, ce qui m'a donné le sentiment que notre quête était loin d'être terminée. Mais sans lui, nous n'aurions certainement jamais su où aller. Pour cela, nous lui sommes tous infiniment reconnaissants.

Le moment était venu de faire nos adieux au Mahéru. En nous dirigeant vers l'orée de la clairière, nous sommes tombés sur un drôle de personnage : un être humanoïde, mais plus petit qu'un homme, qui nous faisait des grands signes pour attirer notre attention. Son corps est fait de feuillages, de tiges, de lianes et de racines, ce qui lui donne une allure des plus gracieuses. Désigné par le Mahéru comme l'un de ses confrères, il nous a salué d'un air malicieux et nous a dit se nommer Isilassëa. « Pour vous servir ! » nous a-t-il lancé. Nous avons compris qu'il n'était autre que le petit feuille-fadet sous sa véritable forme, à savoir l'Homme Dragon qui veille sur notre voyage. Quel soulagement d'apprendre que toutes ces petites apparitions n'étaient pas le fruit d'une folie de mon esprit distrait !

Isilassëa nous a confié qu'il avait besoin que nous prenions part à son aventure, tout comme lui suivait les nôtre. La mission qu'il nous a assignée est en rapport avec les dérèglements importants ayant frappé le Larmonde depuis ces dernières décennies. Sayanel s'est vu offrir un carnet d'un ancien Homme Dragon, nommé Morn (et porté disparu), auquel il manque de très nombreuses pages. L'objectif d'Isilassëa consiste à récupérer l'ensemble des pages, afin de reconstituer le carnet de son congénère. Notre travail consistera désormais à retrouver les précieux feuillets et à les remettre dans leur emplacement d'origine.
Mais comment trouver ces pages ? Elles se seraient tout simplement dispersées le long du dernier voyage de Morn. Petit détail, non négligeable... personne ne sait quel en a été l'itinéraire ! J'ai comme l'impression que nous ne sommes pas sortis de l'auberge (pourvu que cela ne soit pas celle d'A'gaabthu...).

Le sympathique Isilassëa a englouti notre confithon avant de s'éclipser et de nous laisser une petite bourse d'argent de poche derrière lui. Il n'y avait plus de temps à perdre : nous sommes sortis de la forêt en milieu d'après-midi. Direction le nord ! Que nous avons confondu avec l'Ouest ! Ce n'était décidément pas notre jour. C'est ainsi que nous nous sommes retrouvés à l'orée d'un nouveau territoire : les Terres Vengées. Mais comme nous avions tous besoin de repos, nous y avons établi un campement (Nekori nous a d'ailleurs ramené de superbes lapins, que Sayanel a encore transformé en Gelapin, une sorte de gelée des plus appétissantes).

La nuit a été inquiétante. Il a fait très froid (ces contrées le sont généralement), il y avait beaucoup de vent, et nous avons reçu deux visites assez désagréables. On entendait à l'extérieur de la tente comme le murmure de quelqu'un qui râlait. Il s'agissait en réalité d'une drôle de créature, faite de pierres grossièrement agglomérées, au travers des fentes desquelles un vent plaintif sifflait d'une façon atroce. Deux coqs se sont également approchés. Enfin, quand je dis coqs, c'est du moins en ce qui concerne leur tête : ils étaient par ailleurs dotés de quatre pattes, d'une queue au bout de laquelle vacille une fronde, et faisaient la taille de deux gros chiens.
Quand toutes ces créatures se sont faites menaçantes, Nekori et Sayanel sont parvenus à les chasser à coups d'arc et de magie. Les coqs – peut-être des Coquatrix ? - se sont éloignés en poussant eux aussi des cris affreux. Voilà qui n'augure rien de bon.

Malgré cette drôle de nuit, je me suis réveillée le lendemain matin dans une forme monumentale. Ma réconciliation avec le Mahéru ainsi que la rencontre avec Isilassëa m'ont comme fait pousser des ailes ! Je ne suis même pas tombée. Mes amis et moi avons décidé de prendre la direction de la ville la plus proche : Mirabille.

Mirabille est une bourgade faite de maisons assez basses, sortes de longères à un seul étage, dispersées dans des petites rues faisant songer à un décor de carte postale, comme nos grands-mères pouvaient nous en montrer jadis. Peut-être était-ce le froid, mais nous n'avons croisé personne dans les rues. Il y a là-bas une place du marché, deux magasins, ainsi qu'une petite auberge tout ce qu'il y avait de plus accueillante. Nous y avons pénétré et avons été accueillis par une enfant.
Quand Nekori l'a appelée « ma petite », l'intéressée, nommée Batobra, a haussé les sourcils et nous a dit d'un air parfaitement mature qu'elle n'était pas une enfant. Elle a accepté de tout expliquer aux étrangers que nous sommes, en nous menant dans la pièce voisine, où nous avons rencontré Rec, un petit garçon à moustache (je crois que je ne me ferais jamais à cette pilosité faciale, qui semble être l'apanage de ce continent!).
Rec et Batobra, très aimables, nous ont expliqué qu'ils étaient des adultes dans des corps d'enfant, et que c'était également le cas de l'ensemble des habitants de Mirabille. La spécialité de l'endroit, ce sont les billes. Jeu d'enfant légendaire, elles sont à cette période de l'année le sujet principal d'une fête qu'ils nomment les Joutes Savoureuses. Lors de cet événement, les habitants de Mirabille doivent concocter le mets en forme de bille le plus savoureux de la ville, dans le but de remporter un prix exceptionnel : une bille de jouvence, qui octroie une jeunesse infantile pour toute l'année à venir à son possesseur.

Nous hôtes espèrent fabriquer des billes de Saumon Merveilleux, un poisson très fameux qui vivrait près du lac voisin des Chutes de la Licorne. Lesquelles ont cependant cessé de chuter, pour une raison qui leur est totalement inconnue. Le lac s'est ainsi tari, et les Saumons Merveilleux auraient déserté la région.
Personne n'a eu le temps de dire « ouf » que Nekori, les yeux brillants de passion, de détermination et très certainement d'envie de poisson, s'est triomphalement levée et a promis sur son honneur de Chasseresse qu'elle ramènerait à Batrobra et Rec les précieux Saumons. Le couple s'est montré très enthousiaste à cette idée, d'autant plus que Sayanel leur a assuré de son côté qu'il les aiderait à confectionner des billes de confisaumon grâce à son sort de confiture. Voilà qui assurera la victoire des deux aubergistes sans le moindre doute, d'après eux-mêmes.

Forts de ce nouveau partenariat, nos hôtes nous ont fait partagé leur repas (d'étranges pains venus de Lameneuve et du Moulin-Coutel). En discutant avec eux, nous en apprenons davantage sur les créatures qui nous ont visités la nuit précédente : les drôles de coqs seraient des Belus, qui chassent depuis quelques temps dans les Terres Vengées loin de leur territoire habituel. Ils recherchent la Roche Symphonique, créature qui murmure en vérité des insanités (quel contraste entre la beauté de ce nom et l'inélégance de cet animal).

L'heure de la sieste venue, Batobra et Rec nous ont laissé seuls dans leur auberge. Nous en avons profit pour regarder les livres présents, lesquels étaient essentiellement des livres de coloriage représentant Mirabille et ses alentours. Certains bois sont coloriés de vert, d'autres de violet. Il s'agit respectivement du Bois des Griffes et du Bois Venin. Il n'est sans doute pas très bon de s'y aventurer... Enfin, un dernier dessin représentait un très bel oiseau, grossièrement colorié pour sa part.

Nous avons décidé d'aller faire un tour du côté des Chutes de la Licorne, en coupant à travers le Bois des Griffes. L'atmosphère y était étrangement lourde, voire un peu malsaine (loin de ce qu'on peut imaginer en pensant à un bois), à tel point que Nekori et Sayanel ont fini par se sentir fiévreux et nauséeux. Pour ma part, je ne me suis pas sentie mal, et j'ai fait une petite potion pour chacun d'eux afin de les soigner. Ils se sont heureusement remis le lendemain matin (mais risquons nous encore de nous trouver mal ? C'est toute la question). Peut-être est-ce le froid qui les avait atteint, car il s'était mis à neiger. Bien entendu, j'ai fait une mauvaise chute. Les miracles n'en seraient pas s'ils survenaient tous les jours.
Notre route nous a mené au pied de la chaîne des Montagnes Fabuleuses. Nous n'avons cependant pu nous extasier de la beauté de ce paysage glacé et enneigé, car un être étrange ressemblant à un oiseau et prisonnier d'un piège suspendu a attiré notre attention. Cet oiseau ressemblait à un Belus, mais était bien plus joli, bien plus gracieux. Il s'agissait d'une Fassue.

Je me demande si c'est cet oiseau qui était représenté sur le livre de coloriage...

Tsugumi.
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Moonchewe
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Cinquième séance : Carte n°18, suite

De l'écorchure d'un nom et de ses regrettables conséquences...

Cette pauvre Fassue était prisonnière d'un piège qui d'après Nekori s'apparentait à un véritable instrument de torture. Issu d'un travail de braconnier, l'outil lui broyait la chair et les os dès qu'elle tentait de se débattre. Quand nous l'avons libérée, nous nous sommes faits hélés par un groupe de braconniers mécontents que nous ayons approché leur proie (un géant barbu de deux mètres, deux femmes et un Nekogobelin nommé R'ghis). Très remontés, ils nous ont expliqué qu'ils étaient perdus dans la forêt et affamés depuis quelques jours. Nous sommes parvenus à les calmer en leur indiquant la direction de Mirabille et en leur offrant un de nos pots de confithon. Pour nous remercier, ils nous ont offert une petite paire de ciseaux destinés à cueillir de l'amaranthacae (poussant près des Chutes de la Licorne). R'ghis nous a également tendu un feuillet du carnet de Morn ! Aussi, juste avant de s’éclipser, l'une des femmes a touché la patte blessée de la Fassue, qui fut guérie comme par magie. Je crois que c'était de la guérison vétérinaire. J'aurais voulu parler avec elle de ce talent, mais ils s'étaient déjà évanouis au travers des arbres.

Une fois notre campement dressé, nous avons passé une nuit sans rêve ni bruit, comme cela nous est rarement arrivé. En repartant, Sayanel s'est blessé : la piqûre que je devais lui faire pour le soigner a nécessité que Nekori m'aide à l'immobiliser (c'était amusant de voir un tel gaillard paniquer comme un petit enfant à la vue de notre seringue improvisée).
Nous avons repris notre route vers le lac. Celui-ci était quasiment vide, mais au fond subsistait le reliquat d'une rivière gelée et iridescente. La Chute, descendant le long d'une falaise très abrupte, s'avérait quant à elle plutôt mince. Pour connaître la raison d'une telle sécheresse, nous avons pris la décision de nous rendre tout en haut dès le lendemain.

Comme nous avions le temps, nous avons pu explorer un peu les environs. Pour ma part, je me suis dirigée vers ce qu'il restait de la cascade. Il y poussait des plantes, à même la pierre, en petits bulbes allongés et pustuleux (un peu comme des cornichons). Nekori de son côté a elle aussi remarqué des plantes, cette fois un peu coupantes, qui dépassaient de la surface du lac. Nous avons récoltés quelques échantillons dans le but d'interroger les habitants de Mirabille sur ces drôles de végétaux. Quant à Sayanel, il était absorbé par la lecture de la page du journal de Morn : elle contait étrangement le voyage d'aventuriers qui depuis Port-Camphre se sont rendus vers le nord – ce qui n'est pas très différent de notre propre trajet. A un détail près cependant : ces aventuriers étaient accompagnés de leur Homme Dragon, lequel était noir (ce qui a certainement une signification, mais c'est un peu flou à mes yeux...).

Que dire de la nuit que nous avons passée au lac... ? Je ne suis pas prête de l'oublier. Quelle histoire ! Nous avons été réveillés par des bruissements qui nous ont tout d'abord très grandement inquiétés car ils semblaient frôler notre tente sans aucune timidité. En mettant le nez dehors, nous avons découvert une véritable marée de Cotonoux (des créatures locales, toutes boulottes et pleines de poils blancs, absolument inoffensives). On les voyait à peine, sur la neige pâle. Ils se dirigeaient au pas de course vers le lac, afin de se gaver de Vertoudoux. Le spectacle de leur repas, « le ballet des Cotonoux » d'après Nekori, était très curieux : ils semblaient danser en regardant le ciel, ronronnant avec satisfaction dans l'air du vent.
A vrai dire, si nous nous sommes autant approchés, c'est à cause de Bobby. On m'avait pourtant assurer de sa docilité, lorsque je l'ai adopté... Ce petit obstiné s'était précipité au beau milieu des Cotonoux, dans l'espoir de goûter lui aussi à leur nourriture. C'est Mushu, le renard de Nekori, qui est parvenu à le ramener, tout plein de poils à cause des rayons lunaires (on aurait dit une serpillière à moumoute et écailles). C'était une nuit aussi hilarante que ridicule !

Le lendemain matin nous avons entrepris l'escalade de la falaise en nous encordant, Sayanel, Nekori et moi. Nous avons aperçu, au sommet des roches, un Iwaryuu, dragon des rocailles. La légende raconte qu'il bénit l’ascension de ceux qui ont la chance de le voir. Le fait est que nous sommes parvenus sans encombre à gravir les trois cents mètres de flanc de montagne ! Une fois en haut du massif des Fabuleuses, nous avons constaté que les plantes pustuleuses vues la veille sous la cascade poussaient là-bas en un véritable champ. Nous comprenons qu'il s'agit des amaranthaceae, qui ont pris racine au cœur du lit de la rivière qui alimente la chute. Leurs racines ont littéralement étouffé le cours d'eau, d'où la sécheresse en aval.
C'eut été trop simple s'il n'y avait eu trois autres plantes sortant du lot : deux amaranthaceae, plus imposantes que les autres, encadraient comme des gardes du corps une énorme Hellébore, grande comme un homme, dont les tiges et les épines rampantes empêchaient en grande partie les eaux de couler vers le lac. Nous comprenons que ce sont ses épines que Nekori a aperçu la veille, sur le lac gelé.
Au zénith du Soleil, l'Hellébore s'est épanouie comme une rose au beau milieu du printemps. Elle grandit plus encore, et se met à bouger comme si elle était animée d'une volonté propre. Pour la priver de lumière, Sayanel a créé une éclipse grâce à sa maîtrise de la météomancie. L'Hellébore a tenté de rentrer sous terre, tandis que les deux amaranthaceae la protégeant se sont mises à lui tourner autour. Sayanel et Nekori sont tout de même parvenus à passer une corde autour du pied de l'immense et monstrueuse plante afin de l'empêcher de s'enterrer. Mécontentes, nos adversaires se sont mises à nous attaquer.

Un combat a commencé. Il n'a pas duré très longtemps, et je dois dire que je n'ai pas été très utile, malgré ma bonne volonté (j'ai beau vouloir défendre ou attaquer, je demeure une guérisseuse : plus douée pour apaiser la douleur que pour l'infliger!). Heureusement pour nous, face aux salves courroucées et violentes des énormes fleurs, Sayanel et Nekori sont parvenus à nous défendre à merveille, et à mettre au tapis ces répugnants végétaux. La mort de l'Hellébore a aspiré la vie de ses deux protectrices. En disparaissant, elles ont libéré le passage de la rivière. L'eau put recommencer à couler dans son lit, tout doucement, alimentant petit à petit la cascade sèche depuis trop longtemps.
Notre petit camarade Feuille-Fadet a choisi ce moment pour refaire son apparition. Tout heureux, il nous a remercié d'avoir épuré les célèbres « Chutes de Salicorne ». Une erreur de prononciation faite par un voyageur étourdi avait changé leur nom, qui au fil du temps s'est ancré dans l'esprit des gens alentours (qui avaient par là-même occulté le fait que le nom commun de l'amaranthaceae était effectivement « salicorne »).

Grâce à ce gentil Feuille-Fadet, le véritable nom des Chutes ne tombera plus jamais dans l'oubli.

Tsugumi
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Re: [CR] Ryuutama rencontre De Chorographia

Message par Moonchewe »

Sixième séance : Carte n°18, suite

Même les pierres ont un cœur !

Nous avons reçu la visite de ce bon Isilasseä, qui est arrivé en compagnie de notre ami AB que nous n'avions pas vu depuis un petit moment. Cette fois, notre Homme Dragon nous a confié la mission de lui rapporter un cœur de golem. Mis à part le fait qu'elle est faite de pierre, nous ne savons pas grand chose sur cette créature. Sans nous donner davantage de détail, Isilasseä est reparti, emportant Nekori avec lui (ce qui nous inquiète un peu, sachant que c'est elle qui nous nourrit en très grande partie!).

Sayanel a raconté à AB tout ce qui nous était arrivé pendant son absence. Comme nous étions toujours aux Chutes de Salicorne, nous avons entendu l'eau se remettre à couler petit à petit, pour se changer finalement en un véritable torrent qui à n'en pas douter alimentera de nouveau le lac très bientôt. En attendant, nous étions toujours à la recherche des Saumons merveilleux que nos amis Batobra et Rec convoitaient pour leur concours à Mirabille. Malgré le retour de l'eau, nous n'avons constaté aucune trace de leur arrivée.
Nous avons décidé de remonter le cours de la rivière, pour essayer de les trouver. Ce faisant, nous nous sommes dirigés vers La-Morène-Aux-Nains, espérant trouver en ses habitants de fins connaisseurs qui pourraient nous renseigner sur un cœur de golem. Pierre et nains vont souvent de paire, d'après les légendes.

Nos pas nous ont menés vers un lieu très étrange : un plateau où se trouvait une porte de bois au milieu de nulle part, donnant sur du vide. Sur le cadre étaient inscrits les mots suivants : « Par la première tu passeras ». Enfin, c'est ce que m'ont dit AB et Sayanel, en manquant de s'empoisonner avec le nectar d'un drôle de nénuphar ramassé sur notre route (j'ai dû concocter un anti-poison en urgence...). Toujours est-il qu'en passant la porte, rien ne s'est produit. Nous avons alors compris que nous étions face à une énigme, et nous nous sommes mis à la recherche de portails semblables, aux alentours.

La deuxième porte était quant à elle une arche de pierre, comportant elle aussi un message : « Il est nécessaire de renforcer la deuxième porte ». Quoi que cela veuille dire... Enfin, la dernière porte que nous avons trouvé était semblable à une cave, ses deux battants donnant vers le sol comme s'il y était creusé un passage derrière. Elle s'est ouverte normalement, et bel et bien sur un passage qui n'était autre qu'une cavité peu profonde.
La très grosse pluie qui s'est tout à coup déclenchée nous a contraints à nous précipiter à l'intérieur afin de nous abriter. Au sec, nous avons allumé une torche et avons décidé de nous reposer dans cette étrange mine de terre, sur les parois de laquelle il était inscrit « La troisième tu fermeras ». A part cela, tout est entièrement vide dans ce drôle de petit trou.

Pendant la nuit, nous avons entendu des rocailles tomber brutalement contre la porte. Un regard dehors nous a permis d'être témoins d'un combat terrible entre deux dragons (deux Iwaryuus, peut-être ?). La pluie battante a commencé à pénétrer notre abri, si bien que nous nous sommes retranchés à l'intérieur. Autant dire que le reste de la nuit s'est passé dans une agitation toute particulière.
Agitation qui ne s'est pas tarie lorsqu'un « toc-toc » sec et décidé s'est fait entendre derrière la porte...

Tsugumi
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Re: [CR] Ryuutama rencontre De Chorographia

Message par Moonchewe »

Septième séance : Carte n°18, fin - Carte n°6

Arrivée en terre inconnue !
Derrière la porte à laquelle on venait de frapper, nous avons retrouvé ce cher Isilassëa en compagnie de Nekori. Nous avons ainsi récupéré notre chasseresse, en échange d'AB-le-ronfleur. D'ailleurs, aucun de ceux qui restent ne sait vraiment où ils vont, lorsqu'ils disparaissent avec notre homme-dragon... peut-être aura-t-on un jour la réponse ?

Nous nous sommes réveillés sur le plateau de verglas entre La-Morène-aux-Nains et le Massif des fabuleuses, soucieux de résoudre l'énigme des trois portes. De retour vers la deuxième d'entre elles, nous avons réussi à la renforcer comme le préconisait la consigne, à l'aide d'une sorte de tête rocheuse (trouvée dans la rivière voisine) qu'il fallait poser au dessus de l'arche de pierre. La forme antique et légendaire qu'a ainsi pris l'édifice nous a rappelé certains arts primitifs du Larmonde. Au loin, nous avons entendu résonner le bruit très sourd d'un mécanisme qui s'enclenche.

De retour dans notre abri de la nuit précédente, nous avons découvert de nouvelles inscriptions donnant des indices sur nos fameuses portes : la toute première que nous avions croisée était en réalité la numéro 3. Afin de respecter la lettre de l'énigme, nous sommes retournés sur place, où un battant de bois est apparu comme par magie, là où jadis nous n'avions vu qu'un cadre donnant sur le vide. Ainsi, nous avons pu fermer cette fameuse troisième porte. Tout juste après que ce fut fait, le même bruit d'un mécanisme très lourd qui se déclenche s'est de nouveau fait entendre. Comme il s'était fait plus distinct, nous avons compris que ce bruit venait de la direction du Nord-Ouest. A bien y réfléchir, ce son semblait imiter celui de gonds géants ouvrant une porte gigantesque.

Les grands pouvoirs de Sayanel lui ont permis de dresser un rapace afin qu'il nous dise, depuis le ciel, s'il ne voyait pas un monument correspondant à cette description. Le faucon nous a guidé jusqu'à une immense porte de pierre, baillant sur une caverne où luisait une lumière qui battait comme une respiration. En entrant, j'ai eu le sentiment de pénétrer dans les entrailles du Larmonde, dans un endroit où personne n'était venu depuis très longtemps. Je dois dire que c'était assez envoûtant...
Nous avons passé la nuit dans cette étrange cavité, dont la respiration nous a tous plongé dans un sommeil aussi profond que réparateur. Le lendemain matin, elle s'était cependant refermée sur nous, si bien que nous n'avons pas pu revenir sur nos pas : il fallait nous enfoncer plus encore dans les méandres de la roche. Une fine mousse bleutée et fraîche tapissait le sol et les parois sur notre route. Voir quelque chose de vivant ici était assez rassurant, bien que rester enfermés ici nous a assez vite fait perdre nos repères spatiaux et temporels. Nous n'avions aucune idée de l'endroit où nous étions, ou de l'heure qu'il pouvait bien être. Nous n'avons croisé personne, ni aucune créature vivant dans les parages. Notre seule compagne de voyage, c'était cette drôle de mousse.

Après un temps que je ne saurais mesurer, nous nous sommes retrouvés au bout de la galerie, dans un cul-de-sac. En y regardant de plus près, nous avons trouvé que cet antichambre ressemblait à quelques détails près à notre abri de la veille (la porte 1), lequel nous avait protégés de la pluie. La principale différence était que sur la roche face à nous était dessiné un large cercle. Celui-ci était traversé par une flèche, qui oscillait en direction de Sayanel et semblait suivre le moindre de ses mouvements. C'était comme s'il était devenu le Nord pour cette drôle de boussole (elle le suivait alors qu'il faisait les cents pas pour réfléchir).
Cette comparaison lui donna l'idée de lancer un sort de Flèche-Boussole contre ce cercle. C'est alors que le dessin s'est illuminé, et que nous sommes sortis, au beau milieu de terres inconnues.

Nous nous sommes retrouvés entre les Monts Nus et les Gastes, sur une terre blanche et rocailleuse, où ne poussait aucun végétal. Il flottait dans l'air une étrange odeur iodée, ce qui n'est pas sans rappeler la Lande des Pierres patientes, voisine de Port-Camphre. Mais ce paysage n'était pas apaisant comme celui de notre début de voyage (en tout cas, d'après moi...).

Je n'en suis pas tout à faire certaine, mais... je crois que nous sommes arrivés en Pays AV... !

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Re: [CR] Ryuutama rencontre De Chorographia

Message par Ego' »

Toujours aussi sympa à suivre :yes:
Ryuutama étant très particulier, ça serait intéressant, sans vouloir abuser, que tu ajoutes des commentaires techniques ou de mise en scène de ta part à toi, MJ. Mais quand tu auras le temps bien sûr.
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Re: [CR] Ryuutama rencontre De Chorographia

Message par Moonchewe »

Ego' a écrit : jeu. mai 10, 2018 9:16 pmToujours aussi sympa à suivre :yes:
Ryuutama étant très particulier, ça serait intéressant, sans vouloir abuser, que tu ajoutes des commentaires techniques ou de mise en scène de ta part à toi, MJ. Mais quand tu auras le temps bien sûr.

Merci ! Et c'est toujours aussi sympa à maîtriser :)

Je prends note de cette demande et je m'y attellerai dès que je serai un peu plus disponible en éditant les différents posts. Ça me permettra également de me questionner sur ma pratique. En attendant, je poste encore les résumés tels quels.
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Re: [CR] Ryuutama rencontre De Chorographia

Message par Moonchewe »

Huitième séance : Carte n°6
 
Arrivé à dos d'Isilassëa, AB nous attendait à la sortie de la grotte. De nouveau tous ensemble, nous décidons de nous diriger vers le Nord du côté de Dunak AV Krean, car ce serait dans cette région que l'on pourra trouver un cœur de golem d'après notre homme-dragon. Mais le voyage s'est avéré si compliqué que nous avons dû nous arrêter après quelques heures de marche (si bien que nous ne sommes pas du tout arrivés à destination).

Posés dans un petit coin de nature rocheuse, près d'une falaise. Très vite, nous avons remarqué qu'un campement se trouvait à proximité. Il appartenait à trois voyageuses, qu'étaient une Gobe-Miaw autoritaire, une Yubisan plus réservée, ainsi qu'une humaine. Assez accueillantes, elles nous ont appris qu'en pays AV, il ne faut jamais au grand jamais aborder les autochtones par la salutation « Avé », car celle-ci leur est réservée. Le faire serait pris comme un véritable affront !
Quelques instants plus tard, nous avons été rejoints par une quatrième personne. Je ne sais pas tellement quoi en penser... Elle nous a été présentée comme une femme, mais elle avait une allure plutôt androgyne. D'une taille très haute, cette voyageuse n'était pourvue d'aucun cheveux, ni cil, ni sourcil, et son corps tout entier était totalement glabre. Apparemment, il s'agit du type AV (ce qui n'est pas forcément plus surprenant que celui de la Ferté-des-Chaînes, où tout le monde porte la moustache).
Disons qu'après avoir traversé des contrées poilues, nous nous retrouvons dans des contrées sans poil.

Nous avons établi notre campement près de celui de ces dames. La nuit s'avéra très agitée et orageuse. Au petit matin, nous avons eu la surprise de nous retrouver seuls, nos compagnes ayant manifestement levé le camp sans prendre la peine de nous dire au revoir. Je me demande pourquoi...

Nous nous sommes dégourdis les pattes sur le rebord de la falaise où s'était précipité Bobby, comme subjugué par un homme en armure qui se morfondait sur le rivage opposé. Quand nous sommes arrivés à sa hauteur, nous avons compris qu'il était pris d'une très profonde mélancolie. Si Sayanel et moi avons gardé la tête froide, il n'en est pas allé de même pour AB et Nekori, qui se sont mis à pleurer toutes les larmes de leur corps !
Sans qu'on ait le temps de comprendre quoi que ce soit, l'homme en armure a bondi sur ses jambes et s'est mis à courir avec détermination en direction des Hauts de l'Exécuteur. Passablement agacés d'être dépassés par les événements, Sayanel et moi-même l'avons poursuivi pour avoir une explication. Sa soudaine ambition était en réalité due aux lieux dans lesquels nous nous trouvions : les Côtes de l'attente. Quiconque y pose le pied se voit étreint d'une si profonde mélancolie qu'il se voit poussé à grimper sur cette chaîne de montagnes au nom sordide. On y devient Aspirant pour l'Exécuteur, c'est-à-dire bon pour mourir dans un temps très court.

Hors de question de laisser quelqu'un courir vers la mort de cette façon... Nous l'avons harnaché sur Titi, et notre fidèle Chocobo s'est élancé à toute allure dans la direction opposée de ces Hauts. Après cela, il a fallu consoler nos deux amis pleureurs, en les câlinant et leur promettant double ration de confithon (après l'épisode des Cotonoux, je pense que cet épisode de notre aventure est notre second grand moment de gloire)...

Notre homme dragon (qui bien entendu avait assisté à la scène dans son coin) est intervenu pour nous aider à les remettre sur pieds et nous indiquer que Titi avait pris la direction du Sud. Isilassëa a également ajouté que tous ceux qui se précipitaient aux Hauts de l'Exécuteur s'avéraient être des aspirants au trône. C'était d'ailleurs le roi en personne qui les y poussait, en les envoyant sur les Côtes de l'attente, afin que la mélancolie qui gorge ces terres leur embrume l'esprit et les conditionne à l'idée de mourir. De cette façon, jamais personne ne prendrait le pouvoir à la place du souverain en place.
Je me souviens des sages paroles du Dragon des Forêts, qui nous avait dit combien la folie s'était emparée de ce peuple... Une si sinistre mascarade ne permet pas de penser le contraire.

L'heure était venue d'aller à la recherche de notre Chocobo. Avant de partir, Isilassëa nous a gratifié d'un énième conseil mystérieux. « Avant de vous rendre aux Monts du Roi récupérer le cœur de golem, dirigez-vous vers un endroit... en hauteur ! ». Au moins, nous avons appris le nom de la région où nous pourrions trouver l'objet de notre quête.

Après une petite marche à pieds, nous avons retrouvé Titi et l'homme à l'armure sur son dos (à l'armure incomplète devrais-je dire, car il ne portait aucune protection sur ses jambes nues). Face à eux se trouvait un drôle de petit dragon amphibien en piteux état, qui semblait totalement accablé par la chaleur. Touchés par sa détresse, nous décidons de lui venir en aide et de rapidement trouver un endroit aquatique afin qu'il reprenne des forces. Guidés par l'ubuesque militaire, nommé PaV, nous avons pu atteindre les Jardins de la Reine rapidement. Un bassin pu y accueillir le petit dragon, mais celui-ci parut tout à fait attristé de se retrouver là.

A l'arrivée de gardes (qui se saluent par « AV » et se disent au revoir par un fringuant « VA »), nous décidons de très vite prendre la poudre d'escampette – Pavé estimant qu'il valait mieux que n'importe quel cataclysme s'abatte sur nous plutôt que de nous attirer les foudres de la Reine. Mais nous avons tous été pris d'un remord... Que faire de ce pauvre dragon ?


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Ego'
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Re: [CR] Ryuutama rencontre De Chorographia

Message par Ego' »

Moonchewe a écrit : ven. mai 18, 2018 12:04 pm
Ego' a écrit : jeu. mai 10, 2018 9:16 pmToujours aussi sympa à suivre :yes:
Ryuutama étant très particulier, ça serait intéressant, sans vouloir abuser, que tu ajoutes des commentaires techniques ou de mise en scène de ta part à toi, MJ. Mais quand tu auras le temps bien sûr.

Merci ! Et c'est toujours aussi sympa à maîtriser :)

Je prends note de cette demande et je m'y attellerai dès que je serai un peu plus disponible en éditant les différents posts. Ça me permettra également de me questionner sur ma pratique. En attendant, je poste encore les résumés tels quels.

Patient je serai ;)
Et si tu n'as pas le temps, pas de soucis.
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