CR Ambre by forum

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akodosho
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Message par akodosho »

Suite à l'exil fort fort lointain d'un joueur pour quelques années, nous avons entamé une partie de jdr par forum. Après quelques discussions, nous avons fait le choix d'Ambre : nous avons tous lu les romans, certains d'entre nous plusieurs fois, et pratiqué régulièrement le jdr. Pas de dés à gérer et l'opportunité de multiplier plus facilement les apartés que pour une partie de jdr classique... ce qui est plutôt bien pour ce jeu ou la notion de groupe est... ténue. 

Donc un démarrage avec 4 joueurs puis un désistement et une arrivée. La plupart ont choisi des contributions que je me propose de publier ici. Si vous avez des questions sur la campagne en elle-même, c'est à moi qu'il faut demander ;).
Dernière modification par akodosho le dim. avr. 22, 2018 10:17 pm, modifié 1 fois.
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akodosho
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Message par akodosho »

Après une phase d'enchères épique, les personnages par ordre alphabétique : 


Bérenger, fils de Bleys :
Bérenger a passé son enfance au château d'Ambre et dans ses environs proches, de Rebma à Arden. Brillant élève, il a survolé ses études alors qu'il entassait les cours supplémentaires, curieux de tout et avide de tout savoir.

Bérenger apprécie son foyer, mais Ambre change peu, ce qui est grandiose mais aussi lassant à la longue pour un hyperactif comme lui. Depuis qu'il a passé la Marelle, Bérenger aime parcourir les ombres, fasciné par la diversité des paysages et des cultures en dehors d'Ambre. 

Toujours habillé de couleurs vives, Bérenger est souvent vu à cheval, un magnifique alezan aussi roux que lui. Il passe souvent voir les oncles et tantes résidant à la périphérie d'Ambre : Gérard au port, Julian en Arden, Llewella en Rebma, au départ et à l'arrivée de ses expéditions en ombre. Durant ses séjours au château, il recherche la compagnie des rouquins : Bleys et Fiona, au cas où ils daigneraient lui donner un conseil pour ses recherches. Certains membres de la famille le comparent à un orage bref mais violent : il peut assaillir de questions, mais ne s'attarde pas.

Enthousiaste et toujours pressé, Bérenger déborde de projets, ce qui le rend difficile à suivre. Il peut partir explorer des ombres lointaines puis brutalement revenir pour expérimenter pendant de longs mois dans le laboratoire qu'il a installé dans les combles du château. Bérenger a toujours deux fers au feu, histoire d'avancer sur un projet quand un autre piétine. L'ennui est une sensation qui n'a jamais effleuré son esprit, toujours occupé. En fait, il semble ne pas savoir ne rien faire, et n'est que rarement vu aux fêtes d'Ambre.   

Toujours courtois, Bérenger reste toutefois évasif sur ses recherches. Il se porte souvent volontaire auprès des autorités du château pour toute tâche nécessitant de chevaucher, ce qui au fond est sa seule passion hormis ses études.

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Emetrios, fils d'Eric (dont le joueur, faute de temps, abandonne la partie)
Emetrios est un homme de stature moyenne et relativement quelconque physiquement. La plupart du temps, il se rase proprement et agit avec des gestes mesurés. Son attitude discrète lui assure d'être laissé tranquille lorsqu'il voyage.

Le palais d'Ambre n'est pas sa résidence principale, Il préfère séjourner longuement en ombre pour y voyager des jours, des semaines, des années... Quand il revient de ses voyages, il passe du temps avec les hommes et les femmes qui travaillent au château et ne dédaigne pas à les assister dans leurs tâches. Parlant peu avec sa famille, il pourrait passer pour un soldat de la garde. Régulièrement il s’entraîne avec la garde et passe certaines veillées auprès des cantinières du château. Leurs discussions simples semblent le contenter.

Emetrios passe aussi de longues heures dans la bibliothèque où il enrichi son savoir sur les nombreux écrivains recensés en Ambre. Il aime déguster des alcools forts venus d'ombre pour accompagner ses lectures. Parmi les chambrières, il se dit qu'il y dissimulerait un recueil personnel. Bien sûr il ne fait rien pour étouffer cette rumeur qu'il laisse courir pour s'amuser des regards complices ou interrogateurs des serviteurs et de sa famille.

Il reste toujours courtois lorsqu'il est en relation avec sa famille et ne semble pas chercher à les connaitre plus. La chambre qui lui a été attribués est impersonnelle, il n'y séjourne que peu et préfère aller vagabonder en ville où il se sent réellement chez lui. Si la famille devait le désigner par un symbole, ce serait le loup, une chevalière ornée à tête de loup habille son auriculaire gauche. Il se plait à raconter qu'il l'a gagné d'un ennemi honorable vaincu en ombre. 
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Lystrella, fille de Caine
Lystrella Rougecrin est un jolie brin de femme d'environ 1,75m pour une 60ene de kilos. Athlétique toujours vêtu d'une chemise de soie blanche et de chausse de cuir. Sa taille est ceinte d'une large étoffe rouge et orange dont elle ne se sépare jamais. On la voit souvent affublé d'un impressionnant sabre d'abordage de 4 pieds de long, bien plus grand que les modèles conventionnels.

Elle dégage du charme et de la désinvolture et aime bien se faire donner du "capitaine" mais on la surprend souvent a jeter des coups d’œils, jaugeant ses interlocuteurs ou tout simplement les personnes qu'elle croise. Alors qu'elle n'y a jamais mis les pieds elle a l'air de connaître toutes les rues et ruelles d'Ambre par coeur mais aucun de ses commerces ni de ses maisons. Elle s'amuse même de l'emplacement de certaines boutiques et tavernes.

Avenante, elle manque peut être un peu de retenue et rit fort volontiers aux blagues pas toujours du meilleur goût.

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Tristan, fils de Random
Membre mineur de la famille royale d'Ambre, Tristan a passé la plus grande partie de sa vie loin du Cercle d'Or. Il fréquente depuis quelques temps le château d'Ambre, tour à tour émerveillé, effrayé ou déçu par ce qu'il y découvre. Le personnel a rapidement adopté le jeune artiste, rêveur et introverti, aux accès de grandiloquence un peu ridicules, mais toujours courtois et aimable. Ses oncles et tantes se méfient davantage, mais paraissent l'apprécier depuis qu'il a passé la Marelle, assumant ainsi son illustre héritage.

Sa mince silhouette est donc devenue familière. D'allure élégante, sans trop d'ostentation, Tristan oublie néanmoins souvent de coiffer ses cheveux bruns, mi-longs. Ses yeux bleu-vert s'illuminent devant les merveilles que recèlent Ambre, paysages, monuments ou jeunes dames. Son maintien irréprochable, son aisance à la Cour et ses talents de danseur traduisent sans doute une éducation aristocratique. Tristan respecte d'ailleurs l'étiquette avec soin et scrupules.

Le jeune chevalier a adapté ses couleurs, turquoise et or parfois rehaussées de noir, à la mode locale. Il préfère les vêtements légers, en soie ou dans d'autres tissus aussi solides que précieux. Boutons et fermetures, fibules, broches, épingles, aiguillettes ornées de ferrets, sont de véritables pièces d'orfèvrerie, des entrelacs finement ouvragés. Tristan ne s'encombre pas d'autres bijoux, à l'exception d'une chevalière gravée de son sceau.
Un accessoire le quitte rarement : une robuste ceinture de cuir brun, équipée d'une petite besace. Tristan chausse le plus souvent des bottes de cavalier, assorties à ce ceinturon. Il s'adonne volontiers à l'équitation mais reste aussi éloigné que possible des maîtres d'armes du château.

Son sceau a été dûment enregistré dans les registres : cinq nœuds celtiques formant une roue.

Ces derniers temps, Tristan a été aperçu aux quatre coins du château, un carnet de croquis à la main. Il n'hésite pas à demander, toujours avec délicatesse, la permission de  dessiner un portrait.

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J'annoncerai le nouveau venu quand il arrivera :).
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akodosho
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Re: CR Ambre by forum

Message par akodosho »

Pour le début, j'ai lancé une scène séparée pour chaque perso. L'idée était de leur permettre d'affiner leurs personnages et de lancer les premiers germes de l'intrigue.
Bérenger - Journal Avisé, Résumé Des Incidents Notables. Car il faut cultiver son J.A.R.D.I.N.

Afin d'approfondir mes compétences récentes de sorcier, je me suis dégotté une ombre de désir où l'expérimentation sera facile. Je me suis exercé pendant plusieurs jours à préparer et lancer les sorts les plus divers : combat, protection, déplacement, discrétion, sans oublier les effets cosmétiques. Mais malgré des débuts prometteurs, je commence à me lasser. La magie est certes puissante mais lente, et sa portée ne dépasse pas l'Ombre où je me trouve. De plus, je ne maîtrise pas encore l'art subtil de la conjuration. Du coup j'ai l'impression de courir à cloche-pied, ce qui n'est guère pratique, et ne permet pas d'aller bien loin.

Il me faut choisir mon prochain sujet d'étude, et le choix est difficile entre apprendre la Conjuration ou perfectionner la Marelle. Ces deux matières sont si différentes et si utiles l'une et l'autre que je n'arrive pas à me décider. J'ai l'impression de tourner en rond, ce qui est finalement prévisible en courant à cloche-pied !

J'ai besoin de prendre du recul, un conseil ou un peu de repos pourrait même m'être utile. Mais je ne suis guère doué pour me reposer alors que ma famille me trouve fatigant, ce qui est finalement un paradoxe amusant.

J'appelle mon cheval, le fidèle Rouxpoil, témoin muet de mes interrogations stériles, et je commence mon voyage de retour vers Ambre.

- Holà Rouxpoil, il est temps de rentrer au bercail !

Mes rimes sont toujours aussi nulles, voilà au moins une certitude avérée. Une deuxième vient immédiatement : utiliser la Marelle en chevauchant Rouxpoil est toujours un plaisir. Voilà qui me remonte vite le moral.

Afin de gommer le paysage désertique et rouge orangé choisi pour mes recherches, je rajoute petit à petit de la végétation, puis des animaux. Je m'efforce d'intégrer la vie exubérante caractéristique d'Arden.

J'arrive à l'orée d'une forêt quand Rouxpoil, qui a pourtant l'habitude de traverser les ombres, devient nerveux. C'est suffisamment inhabituel pour que je me montre prudent. Je croise plusieurs animaux : sangliers, oiseaux, qui s'enfuient affolés. Je n'ai pas le temps de m'interroger. Un craquement sinistre me fait sursauter.

Je calme Rouxpoil, et m'écarte prudemment. J'aperçois une paire de yeux jaunes dans les fourrés, puis une autre non loin. Un brouillard sombre suinte du sol, tandis que deux énormes loups surgissent et tentent de m'encercler. Ces créatures semblent faîtes de ténèbres, leurs griffes sont longues et acérées , et ils se pourlèchent les babines avec des langues démoniaques.

Je n'hésite pas et pique des deux. Rouxpoil fonce droit devant nous tandis que je commence une Descente aux Enfers afin de me débarrasser des deux loups démons. Mon coeur bat la chamade. Ces créatures semblent convoquées, et si je suis leur cible, leur créateur les a sûrement dotées de la capacité de me suivre en Ombre.

Bénie soit la Licorne de m'avoir donné un si fidèle destrier ! Seule l'endurance de Rouxpoil, lancé à plein galop, me permet de prendre de l'avance. Les loups s'avèrent plus rapides et plus rusés que je ne l'aurais crû. A plusieurs reprises, j'ai même l'impression qu'ils se fondent dans une ombre avant de ressortir d'une autre plus loin. Je commence à m'inquiéter sérieusement.

Mon intuition se révèle hélas rapidement exacte. J'ai beau changer d'Ombre, ces loups continuent à me traquer. La colère me saisit, je ne vais pas leur faciliter la tâche !

Je me dirige vers une ombre volcanique, et imagine un lac d'acide traversé par un fragile pont de verre. Un bref coup d'oeil derrière moi me permet de vérifier que j'ai toujours deux loups à mes trousses, mais j'ignore si c'est toujours les mêmes. Rouxpoil bondit sur le pont en galopant ; le craquement du verre me fait sourire, une de ces créatures est tombée dans l'acide. Bien fait pour elle.

Je dois vite trouver un refuge, et décide de me concentrer sur un parent capable de m'aider. Ma tante Florimel me paraît le meilleur choix : je me suis déjà rendu chez elle, sur l'ombre Terre, et elle dispose de chiens bien capables de croquer des loups.

A ma grande surprise, ma descente aux enfers aboutit pourtant près d'Ambre, sur une route se dirigeant vers une cité côtière. Je reconnais avec peine la citadelle blanche et ses flèches dorées sise au milieu de la cité. Je me trouve dans l'Ombre de Callistra, du cercle d'or médian.

La ville est bondée, mais je parviens à trouver une auberge munie de vastes écuries où Rouxpoil pourra se reposer. Le garçon d'écurie m'apprend que la cité est fort occupée par les préparatifs du prochain mariage royal. Je manque défaillir. Ma tante Florimel s'est décidé à se caser ! Par quel prodige... Je vais décidément de surprise en surprise.

Après m'être rendu présentable, j'arrive au palais. Une fois mon identité révélée, je suis conduit sous bonne escorte, prudence est mère de sûreté, dans une antichambre luxueuse. Mon attente est de courte durée. Ma délicieuse tante franchit la porte, et m'accueille avec effusion. C'est à dire que je suis pris par le col et soulevé de terre. De charmantes paroles s'élèvent de ses lèvres adorables :
- "Si tu gâches ma surprise en parlant de ce que tu sais à qui que ce soit en Ambre, je t'arraches les parties génitales et je les fais frire. Compris ? Sinon, quel bon vent t'amène cher neveu ?"

Ma tante se décide à me reposer au sol afin que je puisse répondre. Hélas, ces moments de tendresse sont trop rares dans notre famille. Je rassurai immédiatement ma tante sur ma capacité à garder un secret, et lui racontai en quelques mots ce qui m'était arrivé. Florimel me dit qu'elle allait envoyer une patrouille de forestiers vérifier s'il restait une piste, et m'invita au souper royal.

L'horrible piège des obligations familiales se refermait sur moi. Cependant, un repas officiel vaut bien mieux que de servir de repas à des loups démons, même pas de la famille !

Un peu plus tard, vêtu d'un costume de cour choisi par ma tante, j'affrontais avec dignité cette épreuve. Les plats étaient excellents, et sûrement testés en vue du menu du mariage. Mais l'étiquette était à peine supportable. Mes ambitions de devenir un jour sorcier de cour fondait comme neige au soleil.

Je crus mourir d'ennui. Heureusement, ma tante veillait sur moi, tel un ange gardien. J'étais assis à côté d'une jeune duchesse, fille d'un allié historique du roi. Florimel mise à part, c'était la plus jolie fille de la soirée.

Je plaignais sincèrement cette pauvre fille, qui devrait supporter toute sa vie une étiquette épuisante, et dont le mariage sera décidé en haut lieu sans tenir compte de son avis. Je lui avouais que seule sa présence rendait ce repas supportable. Je lui contais  combien Ambre étais bien plus une famille qu'un royaume, et je louais l'indépendance de mes tantes. Je finis par m'excuser d'être un médiocre courtisan.

Ma franchise la fit sourire, ce qui est déjà ça. Je commençai une discussion agréable avec cette demoiselle, aussi belle qu'intelligente, quand je ressentis le fourmillement caractéristique d'un début de contact par atout. Mon père, Bleys, me dérangeait au pire moment, comme à son habitude. Il m'invita à le rejoindre immédiatement, et tendis sa main.

Je présentais de nouveau mes plus plates excuses à la jolie duchesse, et en évitant de croiser le regard de Florimel, acceptais le passage.

Bien entendu, je n'allais pas tarder à le regretter.
Journal de bord du Lys Carmin, Capitaine Lystrella Rougecrin, Protectrice du pacte des 9 mers, Princesse de Marbe et d'Ambre :

3 ème Dimar du mois de la Haute Marée d'été, Année 164 du calendrier du port libre de Marbe.


- Aujourd'hui, alors que j'attendais avec impatiente un émissaire de mon si mystérieux parrain, j'ai eu l'extraordinaire surprise de voir débarquer un oncle et une tante inconnues voguant à bord d'un magnifique voilier arborant une licorne qui cabre.
J'ai été à la fois déçu de ne pas en apprendre plus sur celui qui m'offre chaque années de si somptueux cadeaux, mais émerveillé de me découvrir ces nouveaux parents.
Lui était un solide marin barbue et elle ressemblait à une frêle demoiselle rousse toute de vert vêtu.

Après de rapide présentation ma tante se dirigea au palais rencontrer Mère, alors qu'avec mon oncle Gérard, nous filions vers une des meilleures taverne du port boire ce qu'il se fait de mieux à Marbe. Il fut plutôt évasif sur ma nouvelle famille mais me confia une lettre qui m'appris que j’étais princesse d'une contrée nommée Ambre et le roi, un autre de mes oncles, me conviait à une réunion qui avait pour but de rassembler tous mes cousins et mes cousines.
Malgré une petite rixe assez habituelle dans ces lieux je pris la nouvelle plutôt bien.

Nous sommes retournés au château pour que je puisse m'entretenir avec Fiona. Elle semblait être très intéressée par le plus grand secret de notre citadelle.

Le lendemain, je l'ai conduite au fin fond des geôles, dans la partie interdite du palais pour lui montrer la salle au tracé étrange. Une inscription labyrinthique lumineuse parcouru d'une unique fissure recouvrant le sol. Je l'ai traversé à sa demande pendant qu'elle m'observait méticuleusement.

Et me voila dans la mer marbienne, je distingue les lueurs du port au loin. Heureusement que je suis bonne nageuse, il m'a bien fallu trois heures pour rejoindre les quais !

Quelques jours plus tard nous avons enfin levé l'ancre pour Ambre. Une paisible traversé de quelques jours. Rien à voir avec mes expéditions périlleuses lorsque j'explorai les Ombres proches. Leur façon de voyager est clairement plus "parfaite" que la mienne.

8 ème Dimercre du mois de la Haute Marée d'été, Année 164 du calendrier du port libre de Marbe.

- Me voila enfin a Ambre. Magnifique citadelle aux nombreuses splendeurs. J'ai erré dans la citée histoire d'en apprendre un peu plus sur les lieux. Puis j'ai gagné le château afin qu'on me conduise a ma chambre. Malheureusement la reunion n'etait pas pour tout de suite et j'ai malheureusement dîné seul le soir.
Espéreront que les jours prochains soit plus propice à la rencontre de membre de ma famille.
Tristan a eu une introduction plus calme :
Tristan - Journal en marge d'un carnet de dessins

Salle du trône d'Ambre, presque vide en ce milieu d'après-midi.

Je commence les esquisses préparatoires pour un Atout de Dame Margot. La maîtresse du protocole n'a pas autant de travail qu'elle le souhaiterait sous le règne de mon père, mais elle pourrait être une alliée utile dans cette cour étrange. L'étiquette informelle imposée par Random me déstabilise un peu, comme beaucoup de choses que font les Ambriens. Ou ne font pas.
Margot me rappelle les matrones de ma Maison, et même la duchesse Zeydon : une beauté sans âge, parée d'or, dont la courtoisie sans faille souligne plutôt qu'elle ne dissimule une volonté des plus inflexibles. Bien sûr, de nombreuses différences subsistent. Margot est vêtue d'argent plutôt que d'azur. Elle n'a pas de cornes sur la tête ni de crânes de démons désobéissants à la ceinture. Surtout, son sourire ne révèle pas des crocs avides mais une sage gaieté.
J'avoue avoir attiré mon modèle dans la salle du trône sous le fallacieux prétexte d'un cours de danse, qui s'est vite transformé en séance de pose, au grand amusement des gardes. En fait, je n'ai plus besoin de leçon de chorégraphie mondaine, depuis longtemps. Dans ce domaine, j'ai eu les meilleurs professeurs. Une fois à Ambre, j'ai appris les pas à la mode... au pas de course !

Donc, le visage délicat de Dame Margot prend forme sur la toile, lorsque le roi m'interrompt. Je pose mon fusain. Je n'ai pas si souvent l'occasion de parler avec mon demi-dieu de père. Random veut réunir toute la famille et a une mission à me confier. Je dois prévenir Emetrios, fils d'Eric, le roi martyr. Je me souviens un peu de ce cousin. Un bretteur maussade, préférant frayer avec la domesticité, au mépris de toutes les convenances.

Une réunion de famille ?  Je n'ai jamais vu le panthéon au complet. J'éprouve à cet instant un mélange d'excitation et de peur. Un frisson parcourt même mon échine, mais la fraîcheur des températures en est peut-être la cause. L' hiver s'annonce précoce.

Bien sûr, je refuse de décevoir Random. Je vais ramener Emetrios à Ambre le plus rapidement possible. Voyager à travers Ombre, depuis le centre de toute la réalité, prendrait bien trop de temps, alors qu'un simple contact d'Atout suffit. Je n'ai jamais eu le temps de peindre son image, mais peut-être sa carte figure-t-elle dans les jeux laissés à la disposition de la famille, à la bibliothèque ?

Bibliothèque d'Ambre, seul avec Rinaldo. 

Je découvre que mon oncle Bleys a rationné les Atouts. 

Cette décision surprenante améliore sans doute ma position au sein de cette cour, puisque je sais dessiner ces cartes magiques. Mais ma mission se complique.
Mon cousin Rinaldo, roi de Kashfa, consulte des atlas. Il accepte bien volontiers de me prêter assistance. Il a laissé une partie de ses Atouts chez lui, dont celui d'Emetrios. Cependant, il peut m'aider à terminer un croquis du fils d'Eric, doté de suffisamment de pouvoir pour un seul contact. Ses souvenirs complètent les miens. 

Je me concentre sur notre œuvre. Emetrios m'apparaît. Sous une table, en bien fâcheuse posture. J'ai bien fait de me hâter, de toute évidence. Je tend ma main vers lui et le conduit à l'abri.

Bibliothèque d'Ambre, avec Emetrios et Rinaldo.

Je viens de sauver la vie d'Emetrios. Mon morose cousin a maintenant une dette envers moi. Je ne sais pas s'il est opportun de le souligner, tant il est déjà d'humeur chagrine. Le voilà qui déniche une bouteille d'eau-de-vie et entreprend de la vider. Je lui remets tout de même l'invitation de Random. Emetrios la lit en maugréant. 

Il explique qu'une dizaine de chiens de l'enfer l'ont poursuivi à travers ombre. J'essaye de prévenir Random par Atout, en vain. Je contacte Vialle et constate que la reine supervise l'aménagement d'une aile du palais. De nombreux invités sont donc attendus, pour une durée indéterminée. Elle paraît très occupé, mais je lui transmets tout de même le message.

Emetrios continue de discuter avec Rinaldo. Il montre l'illustration d'un livre de conte et décrit une sorte de loup aux yeux verts, avec de grandes oreilles et une langue fourchue d'un pied de long. Nous manquons d'éléments pour identifier l'animal, mais Rinaldo évoque l'hypothèse de bêtes du Chaos. Je partage cet avis, mais je me garde bien de le dire à haute voix. Du reste, les personnes qui pourraient me renseigner sont trop loin pour être contactées par Atout.

Rinaldo nous salue avant de retourner dans ses appartements, voir son épouse. Je le remercie une fois de plus de son aide, tout en m'interrogeant sur les nombreuses rumeurs entourant Corail, la reine de Kashfa.

Bibliothèque d'Ambre, coincé avec Emetrios. 

Je me retrouve en tête-à-tête avec mon atrabilaire cousin. Emetrios veut à tout prix enquêter sur les fauves qui ont manqué de le tuer. Il semble considérer ma participation dans cette entreprise comme acquise. Quitte à me traîner derrière lui. 

Suivant le conseil de Vialle, et même si cela m'en coûte, je préfère appeler mon oncle Julian par Atout. Le dieu de la chasse, le grand veneur d'Ambre, le cavalier à la monstrueuse monture, le maître des hordes hurlantes d'Arden. Je dois le reconnaître, j'ai été marqué, durant mon enfance, par les cérémonies sanglantes se déroulant dans sa chapelle, cachée au cœur de la première Plaisance.

Julian m'écoute. Il estime qu'Emetrios n'était pas vraiment en danger, vu qu'il sait se servir d'une épée et s'entoure souvent de combattants. Je n'ai pas vu ces derniers sous la table où mon cousin s'était réfugié. Bref, il va tout de même prévenir ses hommes, nous en parlerons plus tard.

Un peu rassurés, Emetrios et moi nous séparons.
 
Si vous voulez des explications ou un abstract, n'hésitez pas. La suite arrive plus tard.
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Re: CR Ambre by forum

Message par akodosho »

La suite. Bérenger qui rejoint son père et se découvre une sœur :
Bérenger - Journal Avisé, Résumé Des Incidents Notables. Tomber de Callistra en Scylla.

Ma première impression est de me faire renverser par une vague de chaleur écrasante. Je me trouve dans une vaste tente, où d'épais tapis recouvrent un sable rouge. Je suis observé par une jeune femme assise en tailleur sur un coussin, à côté de mon père. Sa chevelure auburn tirant sur le roux m'aide à comprendre son identité. Bleys me présente ma soeur, Clara, et m'invite à boire du thé.

J'ai à peine le temps de goûter un thé brûlant à la menthe poivrée que mes parents se lèvent, se couvrent le bas du visage d'un foulard et enfilent une paire de lunettes. J'ai l'impression d'entendre au dehors une tempête s'approcher. Mon père me désigne une caisse et m'invite malicieusement à m'équiper, sous le regard narquois de ma soeur. Je me prépare rapidement, et sors juste derrière eux.

Nous sommes au centre d'un camp composé de centaines de tentes. Au loin, une tempête de sable approche, parcourue de multiples éclairs. En plissant les yeux, j'aperçois une armée de dragons dorés au loin, qui s'apprête à s'abattre sur nous comme une nuée de sauterelles. Le camp s'affaire, des hommes enfourchent des pégases écailleux pendant que d'autres arment des balistes. Plonger un étudiant en sorcellerie qui sait à peine dans quel sens se tient une épée dans une telle galère, je sais de qui je tiens mon abominable sens de l'humour. J'échange quelques mots avec ma soeur alors que nous nous approchons d'un groupe de trois montures ailées, dont l'une est plus massive et davantage caparaçonnée.

-"Chère soeur, me permettez vous de vous accompagner ? Mes capacités de combattant restent hélas à désirer, mais je ferai de mon mieux pour ne pas vous gêner."
Ma sœur daigne enfin m'expliquer la situation.
-"Après tout, je dois bien m'occuper de toi, puisque je suis ta grande sœur. Les cavaliers volent en groupe de trois, associés à une baliste au sol. Les dragons tempêtes produisent de l’électricité en volant : le cuir de leurs ailes frotte le sable en suspension, du fait des battements. Ils se chargent comme un accumulateur puis déchargent l'énergie par leur queue - comme les hommes en somme - vaporisant tout ce qui les entoure, à l'exception de leurs congénères. Le rôle d'un escadron est simple ; il s'agit de les asticoter pour qu'ils se chargent plus vite, tout en les harcelant pour qu'ils restent peu ou prou au même endroit. La monture de tête gère la queue ; les deux autres la gueule et les griffes. Au point de limite, ils deviennent aussi lumineux qu'un générateur tesla, c'est là que les balistes interviennent. Les carreaux sont chargés positivement et sont attirés par la charge négative des dragons. Si le tir part trop tôt, en général le coup ne porte pas ou ne pénètre pas ; si le tir part trop tard, les cavaliers sont électrocutés".

Notre père nous attend déjà, juché évidemment sur la plus grosse des trois montures, l'air goguenard. La chasse commence. Ma sœur se place en premier devant la gueule d'une bête, et l'occupe en lui assénant des coups de son épée sur le museau. En même temps, Bleys passe sous la créature et la frappe pour la forcer à se retourner. A chaque revers, Clara en profite pour la frapper. Mon rôle, surveiller les griffes, est plus en retrait, ce qui me convient parfaitement. Tout se passe bien avec le premier dragon. Il devient de plus en plus lumineux, et Clara pousse un cri afin de me prévenir de m'écarter. Aussitôt, un trait volant se fiche dans le torse du dragon, qui s'écrase au sol.

Bien sûr, il faut continuer avec un deuxième, puis un troisième. La fatigue se fait sentir, mais je m'efforce de serrer les dents et de paraître le plus à l'aise possible. La quatrième bête est la plus retorse, et je me retrouve vite dans une position périlleuse, bloquée entre la bête de plus en plus lumineuse et une autre équipe de cavaliers. Je hurle à la cantonade.
-"Je décroche !"

J'entame une descente en piqué. Le carreau fuse. Mon cri a alerté ma sœur qui s'est également écartée. Un des cavaliers n'a pas eu ce réflexe : le carreau a arraché l'aile de sa monture. Quelques morceaux de chair tombent au sol, suivi par le pauvre malheureux qui s'écrase dans un hurlement.

Je retrouve ma famille au sol, fourbu mais en vie. Tels des fourmis dépeçant des carcasses de souris, les habitants du désert débitent les dragons : crocs, griffes, cuir, glandes... tout est récupéré.

Tristan, qui réfléchit aux limites imposées aux atouts :
::Chambre de Tristan.

Être fils du roi a ses avantages. J'occupe une vaste chambre, où j'ai pu aménager un espace de travail. L'inconvénient restant le chauffage, surtout en cette fin d'automne glaciale. Je demande à un valet de m'apporter du bois. Lorsque la température redevient confortable, j'étale mes Atouts sur mon bureau. J'essaye, encore une fois, de contacter mon autre famille. 

Image Image Image Image 

En vain. Les Atouts n'atteignent pas l'autre extrémité de l'univers. Contrarié par ce nouvel échec, je passe une bonne partie de la nuit à recouvrir des pages de mon meilleur papier. Non pas de dessins, pour une fois, mais de calculs et de schémas. Je consulte tous les ouvrages à ma disposition sur le fonctionnement des Atouts. Il doit bien y avoir un moyen d'augmenter la puissance, la portée des cartes. Je me plonge dans ma mémoire. Lors de mes études dans la Plaisance de l'Esprit, j'avais fait de nombreuses expériences sur les ondes de toutes sortes. Peut-être qu'un ou plusieurs relais, alimenté par des sources d'énergie locales... 

Je consacre donc l'essentiel de mon temps à l'étude. Après plusieurs heures, ou journées peut-être, exténué, je laisse mon crayon vagabonder sur le papier. Ce qu'il faudrait, c'est une sorte de relais entre le Serpent et la Licorne, peut-être du côté de l'arbre servant de frontière entre les domaines du chaos et de l'ordre, le mythique Ygg. Comme une antenne redistribuant de l'énergie, de l'électricité. Ou quelque chose de plus prosaïque ?::
 
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akodosho
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Re: CR Ambre by forum

Message par akodosho »

Après ces péripéties individuelles, les personnages sont réunis à proximité du palais pour une cérémonie d'allégeance ou de renouvellement des vœux.
Cela me permettait d'introduire une partie des PNJs et de voir les alliances ou projets de chacun.
Bérenger : Journal Avisé, Résumé Des Incidents Notables. La Chute continue de Scylla en Ambre.

Pris d'un léger vertige suite à cette expérience mémorable, je succombe à une impardonnable faiblesse. Je prie par avance tout lecteur de mon journal de bien vouloir accepter mes plus plates excuses pour cet égarement passager. Je dois être dans un état second, puisque je suppose bien imprudemment que mon père pourrait avoir l'obligeance de m'apporter quelque aide ou conseil suite à l'attaque des loups-démons que j'avais subie précédemment.

J'aurais bien sûr dû m'en douter, il m'écoute à peine, préférant m'informer que nous étions en retard à une réunion de famille. Il agite ensuite les doigts pour invoquer des tenues plus conformes à l'étiquette, et contacte aussitôt ma tante Fiona par atout pour nous faire passer.

J'ai à peine le temps de prendre une inspiration que me voilà de retour en Ambre, dans les jardins du palais. Mon père sourit et salut l'assemblée.
-"Chère famille, je vous présente Clara". Sans plus de cérémonie, Bleys dit quelques mots à voie basse à sa soeur avant de se diriger vers les fauteuils encore libres.

Notre petit groupe forme une intéressante variation de couleurs chaudes. Clara, mince et athlétique, est vêtue d'une robe en cuir rouge foncé, en accord parfait avec sa peau cuivrée et ses cheveux auburn. Elle fronce les sourcils, et ses yeux noirs défient l'assemblée. Quand à moi, je suis habillé d'une tenue de cavalier jaune-orangé, avec un écharpe rouge clair terminée par un liseré en or blanc. Je ne dois pas être à mon avantage, ma fatigue doit marqué mes traits, tant pis.
Entre ses deux enfants, Bleys resplendit. Son pantalon serré rayé orange et rouge vif, ainsi que sa chemise rouge écarlate mettent en valeur sa musculature d'escrimeur, alors que son pourpoint  rouge couvert d'inscriptions cabalistiques dorées rappelle ses compétences magiques. Son épée est ceinte à son côté, dans un fourreau transparent mettant en valeur le dessin de la Marelle.

Lorsque nous rejoignons nos places, il devient évident que nous formons un charmant tableau vivant : j'ai les couleurs du soleil au petit matin tandis que Clara semble l'incarnation d'un splendide coucher de soleil. Notre père est bien sûr le soleil au zénith venu illuminer l'assemblée de sa présence.

Participer à mon corps défendant à ce spectacle me déprime considérablement, et ce n'était que le début des festivités. La cérémonie commence réellement par un sermon du grand prêtre de la Licorne. Je n'écoute que d'une oreille le bla-bla habituel sur les Ambriens et la Marelle. Je finis toutefois par comprendre que faire partie officiellement de la famille implique une allégeance à Random.

Une idée incongrue traverse ma tête.  Mon père, vêtu de rouge, finira par ressembler au père Noël de l'Ombre Terre quand cheveux et barbe auront blanchis. Mais ça, je ne le dis pas. Je lui murmure plutôt :
-"Et dire que nous devons tous y passer. Cela va être long... J'aurai les cheveux gris quand ce sera mon tour."
-"Mais non, pauvre idiot, tu as déjà prêté hommage quand tu étais plus jeune."

Je suis à la fois soulagé et surpris. Je déteste tellement ces cérémonies que j'ai dû à l'époque ânonner un serment insipide vite appris mais bien plus vite oublié.
-"Ah oui maintenant que vous le dites...."

Je me tais devant l'air irrité de mon père. J'ai encore manquer l'occasion de marquer des points, ou plutôt de ne pas en perdre. Je finis par avoir l'habitude, autant sourire et hausser avec fatalisme mes épaules. Je chuchote à Clara :
-"Comme je n'arrête pas de le répéter, je suis un bien piètre courtisan."

Random se lève et les cérémonies d'hommage commencent.

La première concerne Dalt, un oncle au passé trouble de rebelle, d'où une certaine tension tandis qu'il marche jusqu'à Random. Heureusement, il prête allégeance par un serment court et clair. La tension retombe.

Tristan, fils de Random, est ensuite appelé. Pendant qu'il prête serment, je ne peux m'empêcher de le plaindre. Deuxième dans l'ordre de succession au trône, je ne souhaiterai pas ça à mon pire ennemi. A mon père, à la rigueur... Bon au moins Tristan peut encore espérer reculer dans la liste : Random et Vialle sont encore capables d'enfanter. Ils devraient d'ailleurs s'y mettre avec entrain au lieu de nous faire subir cette cérémonie, qui couperait toute envie à Obéron lui même.
Je fais un signe amical à destination de Tristan quand il retourne s'asseoir. Cependant, mieux vaut lui que moi. Je me penche vers Clara et chuchote :
-" Peut-être bientôt à toi, chère soeur. Cela devrait bien se passer. Le secret c'est de ne pas se faire trop remarquer. Hélas notre branche de la famille n'est guère doué dans ce domaine."

Le suivant est Emetrios, fils d'Eric. Mon attention baisse, cette cérémonie manque dramatiquement d'ambiance.  J'en viens à imaginer une équipe de pom-pom girls, ce qui donnerait de suite un rythme beaucoup plus soutenu :
Je veux un "D", je veux un "A", je veux un "L", je veux un "T" ! D - A - L - T et Ambre pour toujours ! Bon pour Emetrios, c'est trop long, il faudrait évidemment trouver un autre slogan.

Je finis par comprendre le protocole : d'abord les enfants d'Obéron, puis ceux du roi, enfin les cousins dans l'ordre de la généalogie. Se succèdent ensuite deux filles inconnues jusque là : Cassandre, fille de Deirdre et Nora, fille de Llewella. Vient alors le tour de Clara. Son hommage me paraît très formel, presque ampoulé, elle a l'air de prendre cette cérémonie bien trop au sérieux.

Je finis par comprendre le protocole : d'abord les enfants d'Obéron, puis ceux du roi, enfin les cousins dans l'ordre de la généalogie. Se succèdent ensuite deux filles inconnues jusque là : Cassandre, fille de Deirdre et Nora, fille de Llewella. Vient alors le tour de Clara. Son hommage me paraît très formel, presque ampoulé, elle a l'air de prendre cette cérémonie bien trop au sérieux.

Les dernières appelées sont Lystrella, fille de Caine, et Victoire, fille de Julian. Je ne peux m'empêcher de penser que la première n'a pas de chance. La réputation de Caine, oncle retors présumé mort, peut être un fardeau. Je trouve toujours le nom de la deuxième difficile à porter : Victoire, c'est dur à assumer. Mais comme c'est la peste de la famille, c'est plutôt bien fait pour elle.
Tristan - Jardins du Château d'Ambre, Chapelle de la Licorne, de bon matin.

La réunion de famille décidée par le roi aura lieu aujourd'hui. La journée commence par une cérémonie, un peu trop matinale à mon goût. Dois-je rivaliser d'élégance avec ma parentèle ?  Je préfère revêtir un costume dans lequel je me sente à l'aide. Je sors de mes valises le plus sobre et le plus confortable de mes manteaux : une belle redingote turquoise, aux gros boutons dorés. Avec un pantalon assorti et une épaisse chemise noire, elle fera l'affaire, même si la coupe et la couleur paraîtront sans doute un peu exotiques par ici.

Je m'apprête avec soin, échouant comme souvent à dompter ma sombre crinière. Je me demande parfois si mes capacités de métamorphe, latentes selon mes précepteurs, ne se manifestent pas dans mes cheveux. Juste pour me contrarier, me punir d'avoir choisi la Marelle plutôt que le Logrus. En tout cas, je n'arrive qu'à les aplatir un peu, à grands coups de brosse.

J'arrive un peu en avance, le temps de trouver une place près de Martin, mon demi-frère. Je ne reconnais pas tous les membres de l'assistance, notamment une jeune femme près de Gérard. Certains de mes parents font une entrée remarquée. Emetrios, en retard, est rejoint par un certain Dalt, qui essaye de le dérider. En vain, bien sûr. Martin et Rinaldo m'apprennent qu'il s'agirait d'un oncle, redoutable et revanchard. Un mercenaire haïssant Ambre - autrefois impliqué dans les intrigues de Rinaldo. Fiona fait venir via Atout Bleys et ses deux enfants, le trop brillant Béranger et une fille que personne ne connaît, Clara.

Le temps, froid et humide, me conforte dans mon choix de vêtement. Le roi d'Ambre arrive enfin, accompagné à ma grande surprise du nouvel empereur du Chaos. Il manque quelques-uns d'entre nous, Bénédict, Florimel et Corail, au moins. Mais les rituels vont pouvoir commencer. 

J'observe les officiants, aux toges brodées de Licornes triomphantes. Un prédicateur des plus éloquents célèbre la légitimité de la famille royale à régner sur les ombres, puis rappelle celle-ci à ses devoirs. Je comprends que tous ceux qui ne l'ont pas déjà fait vont devoir prêter allégeance au roi. Dans la Passe Zeydon, chaque convention de vassalité aurait été négociée avec acharnement, chaque terme soupesé avec soin, chaque serment personnalisé à l'extrême. Nos matriarches ont très fortes à ce petit jeu. Ici, à Ambre, ce sera tout ou rien. Je m'inquiète de la réaction des dieux les plus querelleurs devant le reste du panthéon. 

Le premier à devoir reconnaître Random comme suzerain est ce fameux Dalt, fils d'Obéron. Martin me glisse qu'il a survécu à un duel avec Bénédict. L'individu s'avère habile : il s'est assis à côté d'Emetrios et, par contraste, fait presque figure de boute-en-train. Il prête serment devant une assemblée tendue.

Je suis ensuite appelé. Cachant sans mal sans surprise, je me vois légitimé par Random et nommé Duc de l'île du Levant. Des émotions contradictoires m'assaillent. Réserver ma loyauté à Ambre et prendre ma place dans l'ordre de succession m'expose davantage que je ne l'aurais voulu. De bien des façons. Ce choix, pourtant, je l'ai fait il y a longtemps. Que dirait ma mère ?  Peut-être que c'est la forme que j'ai voulue, que je dois assumer et magnifier. Si le hiérophante à côté de mon père entendait mes pensées, il hurlerait sans doute au blasphème.

La cérémonie suit son cours. Les formalités m'apaisent. Cinq cousines, très différentes, se succèdent. Je note que Corwin, Fiona et Gérard n'ont pas présenté d'enfants. Bénédict et Florimel, tous deux absents, non plus.

Dans un labyrinthe végétal, près de la Chapelle, après la cérémonie.

La majorité des invités s'éclipse. J'entame une conversation avec mon demi-frère. Martin semble désireux de connaître mon avis sur la cérémonie et les personnes qui y ont assisté... ou pas. Il m'entraîne dans un labyrinthe végétal, un peu à l'écart. Là, il me fait part de ses inquiétudes : l'absence de Bénédict lui paraît de fort mauvais augure. Il finit par me convaincre d'enquêter, avec discrétion, à ce sujet.
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akodosho
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Re: CR Ambre by forum

Message par akodosho »

Après cette cérémonie, plusieurs conciliabules ont lieu en attendant les festivités du soir. Chacun creuse les sujets qui l'intéresse et notamment les attaques récentes. 
Bérenger : Journal Avisé, Résumé Des Incidents Notables. De l'art difficile du rebond.

Cette longue, fastidieuse et inutile cérémonie m'a largement laissé le temps de réfléchir. Il est temps de rebondir. J'en ai plus qu'assez de voir ma vie menacée. Il me faut réagir plutôt que subir. J'entrevois une ouverture possible lorsque Victoire termine la cérémonie et rejoint son père, Julian. J'aurai bien besoin de l'avis du Grand Veneur d'Ambre sur les loups démoniaques qui m'ont agressé tantôt.

Je me présente immédiatement à elle, et à son austère père. J'ai peu d'atomes crochus avec ce côté de la famille, mais je suis quand même un cavalier passable, ce qui pourrait me valoir un brin de considération de Julian, qui adore les chevaux. J'espère que la présence de sa fille l'amadoue quelque peu, lui si avare de mots d'habitude. Autant faire bref pour ne pas trop l'indisposer.

- "Je vous présente mes hommages, mon oncle, ainsi que mes félicitations à vous, cousine. Je dois hélas vous avertir que, récemment, en tentant de rentrer en Ambre par Arden, j'ai été poursuivi par des loups démoniaques capables de me suivre en Ombre. J'ai eu le plus grand mal à les semer. Avez-vous reçu d'autres rapports à ce sujet ? Je crains que vos gardes ou d'autres membres de la famille aient pu subir des attaques comparables."

Julian hausse un sourcil à mes propos, et jette un coup d'oeil à Victoire, qui fait un geste négatif de la tête. 
- "Tu n'es pas le seul à me raconter une telle histoire. Tristan m'a contacté pour me dire qu'Emetrios avait connu semblable mésaventure. Je n'ai par contre eu aucun rapport m'indiquant des incidents semblables, de prêt ou de loin."

Ayant sans doute entendu son nom, mon cousin interrompt brusquement la conversation. Quelques leçons de politesse lui feraient le plus grand bien.
- "Veuillez excuser ma curiosité, j'ai été victime d'une attaque similaire qui m'a laissé quelques stigmates douloureux. Le sujet est d'autant plus fâcheux que ces molosses sont capables de voyager en ombre et qu'à ce que je comprends, il s'en prennent à des membres de la famille".

Emetrios montre son bras, que Victoire étudie avec attention. 
- "Une sale morsure. Des soins conventionnels risqueraient de ne pas être suffisants, ajoute-t-elle. Je n'ai rien vu de cette nature en Arden récemment... Dommage qu'aucun de vous deux n'ait été capable d'en capturer un. Sont-ils si terribles ?" 

Bien sûr, comme à son habitude, Victoire se moque ouvertement de nous. Etrange que Julian, si habile au dressage des bêtes, laisse tout passer à sa fille. Au moins, moi je m'en suis sorti indemne. Les manières cavalières d'Emetrios n'ont que peu d'utilité... sans un bon cheval. Merci Rouxpoil ! Ayant besoin d'aide, je ne suis pas en situation pour me formaliser. De plus, tout le monde connaît mon peu de goût pour l'escrime, matière hélas tant appréciée par ma famille. J'ai déjà subi dans le passé pas mal de quolibets à ce sujet, il me faut faire avec.

- "Eh bien, chère cousine, je ne suis qu'un humble étudiant en sorcellerie, surpris par des bêtes redoutables alors que je rentrais en Ambre. Seul et légèrement équipé, j'ai opté pour une retraite stratégique. J'ai tout de même fait tomber par ruse une de ces créatures dans un lac d'acide, ce qu'elle n'a pas apprécié. Mon cousin, Emetrios, a opté pour une approche plus directe, et nous voyons le résultat alors qu'il est spectaculairement meilleur que moi, et sans doute que vous, à l'épée."

Je désigne le bras d'Emetrios pour appuyer mon propos. Ce dernier réagit aussitôt.
- "Je n'aime pas me battre sans savoir où je vais. Capturer un molosse n'aurait probablement pas servit à grand chose, ils devaient avoir un veneur. Ou bien, ce sont des démons sous contrat. J'ai fais appel à des soigneurs compétents. Mais selon l'évolution des cicatrices, un oncle ou une tante versé dans l'art du soin me sera de la plus grande aide."
Emetrios prend une pause vaguement héroïque et se masse le bras, sans doute pour se faire plaindre.
- "Et ne te moque pas Victoire, l'âge commence à faire effet, la boisson et la fatigue étaient toutes deux mes compagnons d'infortune lors de cette rencontre. Et je pense après coup que j'ai dû y perdre une bonne trentaine d'amis".
Je ne m'étais pas trompé, quel comédien ! Je souris alors qu'il se tourne vers moi.
- "Si nous retournions dans les ombres où ces molosses nous ont surpris, peut être pourrions nous y trouver quelques indices les concernant et en apprendre un peu plus! Si nous apprêtions un navire nous pourrions rapidement être dans l'ombre où ils m'ont trouvé. De plus je pense que la présence de Tristan pourrait être un plus considérable, il serait une porte de sortie efficace et sûre en cas d'attaque massive."

Je ressens un léger vertige à l'écoute de ces paroles, et ne peux empêcher mon sourire de s'élargir.
- "Bouh, Tu resasses des pensées bien morbides. Tu es encore jeune. Il faut positiver dans la vie : tu serais le premier Ambrien avec une trentaine d'amis. Certes morts, mais quand même."

Je me tourne vers Julian et Victoire afin de faire oublier le plus vite possible cette ridicule idée de partir par bateau. 
- "Je me dirigeais vers Arden quand j'ai été attaqué, et j'ai semé ces bestioles en arrivant au Cercle d'Or. Peut-être qu'elles ne peuvent entrer dans des ombres trop près d'Ambre. Cela irait dans le sens de bêtes démoniaques originaires des Cours du Chaos. Je pense au contraire d'Emetrios que capturer l'une d'elles serait plein d'enseignements, et ferait un magnifique trophée. J'aurais tendance à partir d'Arden solidement entouré et équipé. Mais je suis un piètre chasseur, et je demande humblement conseil et assistance aux spécialistes de la famille."

Je m'incline respectueusement devant Julian et Victoire. Un peu de flagornerie ne fait jamais de mal. Après un bref instant de réflexion, mon oncle reprend.
- "Dans tous les cas, apprendre que ce genre de bêtes rodent en Arden, ou à sa frontière, ne me plait pas. Mais j'aurais tendance à penser qu'elles ont suivi ta trace depuis l'extérieur. Si elles avaient guetté en Arden, nous l'aurions su. La manière dont elles ont attaqué Emetrios semble confirmer une traque. Il faudra aller voir sur les lieux pour tenter d'en apprendre plus."

Ma cousine Victoire ne laisse pas passer l'occasion, bien trop belle :
- "Je pourrais vous aider, puisqu'à priori... vous ne pouvez pas vous débrouiller. J'avais un gibier plus intéressant en tête mais ça pourrait être distrayant. Cependant, pour le moment, je dois me préparer pour ce soir."
Elle hoche brièvement la tête, puis s'éloigne d'un pas leste. Elle ferait bien de ne pas trop secouer sa caboche, son petit cerveau risquerait de cogner contre son crâne.

Julian s'approche de nous, son regard glacé nous fixe sévèrement. La menace ne tarde pas.
- "Je compte sur vous pour qu'il n'arrive rien à ma fille. N'est-ce pas ?" 

S'ensuit une longue discussion stérile entre les mérites comparés d'une expédition maritime, souhaitée par Emetrios, et un départ d'Arden, vanté par mes soins. Tout nous oppose, méthode, horaire, équipe. La présence de Victoire, indispensable à mon plan et dédaignée par Emetrios, cristallise le débat, qui finit par tourner en rond, aucun de nous n'acceptant de se rendre. J'essaye d'y échapper tant bien que mal.

- "J'avais oublié combien ce côté de la famille pouvait être obstiné. Je continue à penser que partir d'Arden avec des gardes forestiers est une meilleure option. Et Victoire, de par ses compétences de chasseuse, me paraît indispensable sur le terrain. Plus que, par exemple, Tristan, que je vois plus en soutien, afin de nous extraire par atout en cas de problème.  Au pire, si nous ne sommes d'accord sur rien, autant faire deux expéditions. Chacun la sienne. Après tout, l'émulation fait partie des traditions familiales."

Je salue respectueusement mon oncle avant de mettre un terme à la conversation.
- "Nos cousins auront sans doute des suggestions à apporter. Et je demanderais volontiers de l'aide à ma soeur. Je propose d'aller retrouver Tristan."

Julian hoche la tête. Lui aussi devrait faire attention.
- "Je vous laisse décider. Si vous passez par Arden, vous pourrez compter sur mon aide. Dans tous les cas, il me parait appréciable que vous décidiez de vous occuper de cette affaire. Nous nous croiserons ce soir."

Tandis que notre oncle s'éloigne avant de sortir un atout et de disparaître, Emetrios et moi nous dirigeons en silence vers le Labyrinthe végétal où quelques cousins se sont aventurés.
 
Lystrella : 2 éme Diercrem du mois du Requin-Baleine, Année 164 du calendrier du port libre de Marbe. Ambre, matin.

- Nous voila arrivé le jour de la cérémonie. Je suis descendu, au petit matin, dans un des parcs du palais, dans une belle robe verte, faisant ressortir mes cheveux de feu et ma ceinture mandarine.
Des sièges sont disposés en rangées, Dame Margot gère les préparatifs et le personnel.
Je suis allé directement m’asseoir auprès de Gérard vu que je ne connais vraiment pas grand monde.
J'ai constaté certaines réactions à l'arrivée de quelques invités. Tout d'abord un brun vêtu de noir et d'argent, plutôt en retard, puis un colosse blond pour lequel l’assemblée s'est tut. Un certain Dalt.
Nous sommes au grand complet à la Chapelle de la Licorne, excepté cinq fauteuils vide et un retiré. La célébration commence. D'abord un prêche puis Random se lève et commence à appelé des membre de la famille un à un. Un oncle puis beaucoup de cousins et cousines. Apparemment tout ce qui n'ont pas déjà prêté allégeance officiellement à la couronne de Ambre doivent y passer.
A mon tour, et une fois le serment réitéré envers le Roi, me voila fait Comtesse de la Péninsule d'Azur, je ne sais pas vraiment à quoi cela correspond mais cela en jette !
Une fois tout le cérémoniel passé et mes hommages rendu au roi et à la rein, j'ai repéré les fils du roi s’éclipser en direction d'un labyrinthe végétal et j'ai donc décidé de les suivre.
Les présentations faites les descendants de Random m'on fait fort impression et je sens déjà un élan de sympathie pour ce coté de la famille. Nous voilà rejoins par Emetrios, taciturne guerrier, difficile de se prononcer sur le sujet, puis par Bérenger, rouquin hyperactif. Nous nous lançons dans un débat frénétique au sujet des préparatifs d'une éventuelle expédition.
Bien sur, et même si j'y met la meilleure volonté, nous n'arrivons pas à nous mettre d'accord. Tristan voudrais une armée, Emetrios même pas une poignée alors qu'il a failli succomber à l'assaut de deux bêtes, Bérenger met de l'huile sur le feu avec de folles élucubrations et Martin donne des conseils avisés qui finiront par payer car la compagnie finit de se disloquer pour de plus mures réflexions. Et puis nous devons nous préparer pour la réception du soir même.:
 
Tristan : 

Une de nos cousines nous rejoint. Lystrella, fille de Caine, le dieu de la mort. Cette maîtresse femme plutôt délurée vient à peine de découvrir notre famille et sollicite quelques conseils. Devant cette inconnue, Martin retrouve sa prudence habituelle. Il sait mieux que personne qu'il ne faut tourner le dos à aucun de ses parents. Mon demi-frère incite Lystrella à la méfiance et à la mauvaise foi, deux alliées de poids à Ambre. Je complète son propos : nos aînés comprennent les manipulateurs et se défient des gens trop honnêtes. La fourberie est donc de rigueur. Lystrella manifeste sa déception. 

Nous en venons à débattre de la reproduction des comportements parentaux et de la transmission des schémas familiaux... Je regrette de n'avoir pas autant étudié la psychologie lors de mes séjours dans la Plaisance de l'Esprit, lui préférant les sciences dures. Bref, nous convenons que les petits-enfants d'Obéron, moins traumatisés par le premier roi d'Ambre, pourraient être plus sociables et plus francs que leurs aînés.

En parlant de traumatisme : voilà Emetrios qui s'amène, Bérenger sur les talons. Ce dernier a également été attaqué par des loups. Mon lugubre cousin s'efforce une nouvelle fois de m'embrigader dans une expédition visant à retrouver le commanditaire de ces attentats. Les fauves qui ont manqué de le dévorer étaient suivis par des arbalétriers, bien décidés eux aussi à l'occire. Bérenger a le même but mais contredit Emetrios sur les méthodes. Le fils d'Eric envisage en effet un groupe de chasseurs le plus réduit possible, une poignée d'hommes à peine, se privant notamment de l'aide proposée par Victoire, la fille de Julian. Il préfère emprunter la voie des mers. Ses épanchements morbides et son flegme à évoquer son éventuelle disparition achèvent de me convaincre : l'individu est fasciné par la mort et se complaît dans la violence tout en étant horrifié par elle, en parfait masochiste. Il m'en coûte de l'écrire, mais le plan de Bérenger, acceptant toute l'aide disponible et passant par Arden, paraît plus cohérent.

Suite à ma conversation avec Martin et Lystrella, je décide pour une fois de me montrer franc. J'exprime une sincère consternation à passer du temps en compagnie de mes deux cousins, le brun atrabilaire et le rouquin surexcité, mais me montre prêt à rejoindre une campagne préservant le droit des princes d'Ambre à voyager à travers les Ombres. Je pose plusieurs conditions : que Bérenger s'occupe de la descente aux enfers, que l'escorte armée soit conséquente - deux mille hommes, par exemple - et qu'elle ne soit pas dirigée par Emetrios. Pourquoi pas par Lystrella, qui paraît habituée à commander ?

Retranscrire la suite de mes échanges avec mes cousins m'est pénible. Comment les Ambriens ont-ils pu gagner la guerre contre les Cours ?  Nous sommes incapables de nous entendre. 

Tous essayent de me convaincre de réduire notre escorte, même Martin - mais c'est bien le seul point sur lequel mes interlocuteurs sont d'accord. Devant l'entêtement d'Emetrios, Bérenger, toujours aussi agité, le soupçonne d'être contrôlé par le mystérieux commanditaire et d'essayer de nous attirer dans un piège. Son élucubration s'appuie sur la morsure subie par Emetrios, qui peine à cicatriser. Le fils de Bleys lâche le mot lycanthropie. J'essaye de calmer les débats et accepte de me contenter d'un demi-escadron de cavalerie, une soixantaine d'hommes. Personne ne saisit la perche tendue. 

Lystrella, la première à vanter les vertus de la franchise et de l'honnêteté, tente de me manipuler grossièrement en aiguillant mon orgueil : puis-je faire moins que Bérenger, prêt à partir en petit comité ?  L'argument n'a pas de prise sur moi. Je sais très bien que le fils de Bleys me surpasse dans tous les domaines auxquels il prête attention. Mon amour-propre en a souffert pendant que j'étudais la Marelle, mais j'ai côtoyé depuis de nombreux immortels bien plus impressionnants que lui. La compétition ne m'intéresse pas. Je veux juste trouver ma propre voie, ma propre forme.

Martin, lassé par la tournure de la discussion, nous quitte. Bérenger le suit, non sans répéter ses accusations contre Emetrios. Troublé par les obsessions, les caprices et les chicaneries de ma parentèle, je sort mon atout du port d'Ambre et trouve refuge dans un cabaret de ma connaissance. J'y commande quelques verres d'un alcool soit-disant en provenance directe des Cours du Chaos. Le goût et la force du breuvage me remettent d'aplomb, même si une pointe de nostalgie m'effleure. Je retourne au château me préparer pour le dîner.
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Re: CR Ambre by forum

Message par akodosho »

La version du conciliabule après la cérémonie d'allégeance, par Bérenger :
:Journal Avisé, Résumé Des Incidents Notables. Cousins ou oursins, ça pique pareil.

Le goût certain de mon cousin pour le mélodrame commence à me lasser sérieusement. Heureusement que je ne peux lire ses pensées, je m'y noierais forcément. A bien y réfléchir, cela ne vaudrait guère mieux que de suivre son plan puis se noyer en pleine mer une fois notre navire coulé par l'ennemi.
Arrivés au centre du Labyrinthe, nous voyons Tristan, Martin et Lystrella en pleine conversation. je laisse Emetrios les interrompre, il semble adorer cela.

- "Salut Tristan, Martin et Lystrella. J'espère ne pas écorcher ton nom, cousine. Tristan, j'ai une requête à te faire. Souhaiterais tu nous accompagner en ombre pour nous aider à comprendre ce qui nous est arrivé ?"

La réponse fuse, immédiate et sans surprise pour qui connaît un peu notre artiste de cour.
- "Emetrios ! Si tu essayes encore de m'entraîner dans une chasse aux monstres... Je crains que mon agenda ne soit plein pour les deux années qui viennent."

Ma cousine souit, un peu goguenarde.
- "En effet cousin, c'est bien lisse-tré-la que cela se prononce. Par contre Martin tu mettais en garde contre de fausse promesse de grandeur et l'on me parle déjà de chasse aux monstres ? ". 
Elle se tourne vers moi, et fait une brève révérence.
- "Nous n'avons pas été présenté !? Un autres de nos nombreux cousin je présume ? ".

Martin nous salue. 
- "Je n'aimerais pas paraître trop curieux, mais quelle est cette histoire de "chasse au monstre" ? A titre personnel, j'y vois plus une méthode douloureuse de se suicider, plutôt qu'un moyen d'atteindre la grandeur..."
Puis, se tournant vers sa cousine :
"Lystrella, je te présente en effet Bérenger, fils de Bleys et cavalier émérite."

Enfin des membres de la famille polis et civilisés, cela va me changer. D'un geste élégant de mon chapeau, je salue l'assistance. Ce qui laiss hélas le temps à Emetrios d'ouvrir la bouche pour un long monologue.
- "Contrairement à Bérenger, je ne souhaite pas participer à une chasse au monstre, c'est plutôt une chasse à l'homme dont je voudrais te parler. Comme tu le sais, Bérenger et moi avons été attaqué, Bérenger s'en est mieux sorti que moi. Mais contrairement à lui, je veux connaitre l'identité de leur maître. Bérenger souhaite en capturer un.
Mon premier problème c'est que Victoire veut participer à cette chasse. Non pas que je n'ai pas confiance, mais je préfère ne pas m'attirer la colère de son père. Personnellement je préférerais faire sans elle. Et partir juste après la soirée, avant d'aller me coucher. Bérenger et moi ne sommes pas tout à fait d'accord sur la route à suivre, mais c'est un détail sur lequel nous pouvons nous accorder plus tard."
Tout en parlant, il s'assoit sur un banc de pierre et masse son bras. Impossible de l'interrompre sans faire preuve d'une grave impolitesse, ce qui me gêne bien plus que lui.
- "Mon second problème est de m'assurer une possibilité de fuite plus rapide que la Marelle. Tu es le seul de notre génération à avoir ouvertement fait part de ton amour des atouts. Tu es donc le seul qui puisse nous rapatrier en une pensée vers ici." 
Emetrios semble s'arrêter, mais reprend immédiatement la parole avant que quiconque puisse répondre.
- "Mais tu es aussi le plus à même de te faire une empreinte psychique des individus que nous pourrions rencontrer. Je suppose que l'individu que je cherche devrait assez être puissant pour te laisser une impression durable. Je pense que nous ne réussirons pas à l'approcher suffisamment pour que je puisse lui soutirer un objet personnel. Tu es donc le plus qualifié d'entre nous pour réussir à déterminer s'il s'agit d'un membre de la famille ou un tiers extérieur. Je ne veux pas récupérer un de ces molosses, je veux trouver leur veneur et en apprendre un peu plus sur lui."

Imperturbable devant cette logorrhée interminable, je fais trois pas de côté pour me démarquer de mon sombre cousin. Je recommence une profonde révérence devant Lystrella. Une petite plaisanterie devrait permettre de détendre l'atmosphère.
- "Chère cousine, je suis enchanté de faire enfin votre connaissance. Je vois que vous fréquentez déjà l'élite de notre génération, proche du trône. Vous voilà maintenant devant la lie de notre génération, poursuivie par des loups."
Je souris en replaçant mon chapeau sur ma tête.
-"Pour faire bref, nous voulons Emetrios et moi enquêter sur ces loups qui nous ont attaqués. A part ça, nous ne sommes d'accord sur rien. J'envisage une battue à partir d'Arden en descendant lentement en ombre. Le but est de capturer un loup afin de l'étudier. Mais si la tâche s'avérait trop complexe, recueillir le plus de renseignements voire le bout d'un loup serait déjà bien. S'ils viennent des Cours du Chaos c'est peut-être une nouvelle déclaration de guerre."

Tristan a l'air constipé, ce doit être l'effet d'une concentration un peu trop poussée.  Il parle enfin, d'une voix lente et grave.
- "Nous parlions, avant votre arrivée impromptue, sur l'intérêt de la franchise chez les petits-enfants d'Obéron. Devons-nous nous comporter comme nos aînés - des manipulateurs aussi retors que cyniques ?  Je vais essayer d'être honnête, plutôt que de recourir comme d'habitude à une prudence toute diplomatique."
Ouille, à mon avis cela ne va pas tarder à piquer.
- "La perspective de passer autant de temps avec vous deux, chers cousins, le brun lugubre et le roux surexcité... me consterne. Mais que des fauves attaquent les héritiers d'Ambre quand ils séjournent en Ombre, voilà qui ne peut être toléré. D'autant que mes études vont me conduire assez loin d'Ambre, du côté de l'arbre mythique, Ygg. Je pourrais donc envisager de me joindre à une expédition, si plusieurs conditions sont remplies..."

S'ensuit une litanie de conditions extravagantes. En résumé, il ne partira pas sans deux milles hommes et de longs préparatifs. Lystrella et Martin essayent de le convaincre d'opter pour une expédition bien plus petite, sans trop de résultats.
Emetrios intervient pour raconter ce qu'il lui est arrivé.
- J'étais en train de pisser quand j'ai entendu des combats dans les rues. Les hommes se sont précipités dehors. J'avais décidé de les laisser à leur sort depuis quelque jours. Il n'y avait plus rien qui me retenait dans cette ombre. J'ai effectué un glissement en ombre et je suis parti. Puis j'ai été surpris par deux molosses bientôt rattrapé par des arbalétriers. J'ai tenté de les distancer en ombre, mais ils m'ont suivi. J'en ai blessé une, mais pas assez fort pour la tuer. Acculé et proche d'un sort définitif, Tristan m'a appelé, je lui ai demandé s'il pouvait me faire passer."
Emetrios écarquille alors ses yeux et prend un air halluciné. Il balbutie que ces bestioles ont goûté son sang et peuvent le retrouver. Sa conversation devient de plus en plus inquiétante, et ses propos deviennent incohérents. Je ne peux m'empêcher de relever les plus grosses contradictions.

- "Je crains que les morsures de ces bêtes soient empoisonnées et brouillent l'esprit. Emetrios se lamente d'avoir perdu une trentaine d'amis dans cette rencontre avant d'avouer qu'il n'avait plus rien à faire d'eux et qu'il les a abandonné sans un regard en arrière. Il reconnaît l'immense danger de ces créatures, qui ont failli le tuer, et propose l'instant suivant de partir en tout petit groupe, ce qui me paraît particulièrement risqué si ces bêtes nous débusquaient. Un poison subtil pourrait expliquer ces divagations. A moins que..."
Une révélation soudaine me glace l'échine. 
- "Emetrios est peut-être contrôlé mentalement par l'invocateur de ces loups démons. Cela expliquerait son acharnement à nous envoyer dans ce qui ne peut-être qu'un odieux piège visant à capturer ou tuer des Ambriens !"

Je me fais immédiatement tancé par Tristan, tandis que Lystrella ricane à mes dépends. Décidément, je n'ai pas une bonne côte de fille ! Ma remarque, pourtant parfaitement fondée, énerve encore plus Emetrios. Je n'aimerai pas rester seul avec lui.
Martin toussote avant de prendre congé, lassé par notre conversation. Il nous prie d'essayer de ne pas nous étriper en son absence.

Emetrios ne paraissant pas particulièrement baver (enfin pas plus que d'ordinaire) et sa pilosité semblant rester sagement à sa place, le danger me paraît moins immédiat. Le départ de Martin fournit cependant une occasion de fuite qui ne se représentera pas de sitôt, Je me précipite derrière lui, en ne prenant que le temps de courtes excuse envers mes autres cousins.
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