Pour ma part, c'était dépucelage total en maîtrisant du PbtA avec le scénar de convention
Vol de données en centre-ville pour
The Sprawl, avec 3 joueurs eux aussi novices en la matière.
Et ca a été un délicieux échec
Le scénar contient avant tout des outils pour créer très vite un micro-contexte et des personnages liés à celui-ci et entre eux. Les détails étant, comme avec tous les PbtA je présume, à créer pendant la fiction. Autre particularité du scénario, il est conçu pour durer dans les 2h, et possède un système de flash-back à activer pour créer de la fiction autour de chaque perso.
Pour ma part, les joueurs ont décidé d'infiltrer une société de bionanotech dont l'ordinateur quantique central était au coeur du système. Il y avait un Infiltré, un Pilote et un Soldat.
Première particularité, le Pilote a choisit un véhicule amphibie et un de ses drones était aquatique, donc j'ai placé la société en bord de canal, mais les joueurs ont assez peu rebondit sur l'aspect "aquatique" que je pensais pourtant important pour le Pilote.
La rencontre avec l'employeur a été un moment assez étrange, car finalement, le scénar est très flou sur les infos du job (et pour cause, c'est à créer en cour de jeu), les infos que l'on peut en attendre sont assez métagame dans The Sprawl (des points de ressource nommé "info" que l'on dépense et justifie à postériori lorsque le besoin se fait sentir). Du coup, le scénar propose des questions pour jouer la scène et préconise de ne pas y passer plus d'1/2h, mais cela a été vite expédié faute de contenu fictionnel suffisant...
Pas grave, nous passons à la phase de récupération d'info/matos et de création de contexte. Celle-ci fonctionne globalement bien, même si je reste un peu en attente quant aux manque de détails que les joueurs me fournissent sur la société, son allure, ses sécurités ("il y a beaucoup de caméras"
) bref, ce qui peux me donner du grain à moudre. J'ai eu l'impression de tirer le maximum que j'ai pu des joueurs, mais soit je m'y suis mal pris, soit ils n'ont pas assez bien communiqué leur vision. Du coup, j'ai du faire pas mal de proposition sur le décors et son fonctionnement immédiat.
Puis ce fut l'heure de la création du plan d'infiltration. Je l'ai joué comme préconisé en agitant la carotte: en sortant le chronomètre et expliquant que s'ils y arrivent en moins de 5min, ils auront 1 XP. Et ben ca marche! :P En 4'50, ils ont réussi à se mettre d'accord sur un plan d'action à peu prêt crédible.
Donc voilà la scène d'action à proprement parlé, et où tout est parti en quenouille. L'Infiltré remplace depuis quelques jours un employé des services de nettoyage qui a malheureusement un "rhume des cervicales" et loupe totalement son
entrée subreptice (6-). Du coup, il se sent relativement à poil pour continuer à se balader dans le complexe, surtout qu'il croise assez vites des gardes visiblement en renfort (le compte à rebours de mission avait avancé pendant la phase d'investigation, j'ai décidé de le mettre en scène à ce moment là). De difficultés en difficultés, l'Infiltré cherchent à récupérer un uniforme de nanotechnicien et rejoindre la zone technique mais enchaîne les 6- pour ce faire.
De l'autre côté, le Soldat avait fait son repérage en prétextant que son riche employeur allait venir faire une visite en vu d'un éventuel investissement substantiel (rôle étant donc dévolu au Pilote). Le jour de l'infiltration, le Pilote joue donc ce rôle mais cherche à tout prit à ce que le Chargé de clientelle lui explique avec moult détails comment la sécurité est assurée, et qu'on le laisse seul dans les locaux les plus sensibles avec des "gens du peuples" (aka: des ouvriers et techniciens; dans l'espoir que l'Infiltré les rejoigne). Et c'est là où ca a bloqué pour moi: je trouvais la demande peu crédible (ainsi que les autres joueurs), et en roleplay, j'ai indiqué par des signaux de moins en moins subtil que le chargé de clientelle trouvait ca de plus en plus louche. Mais le Pilote s'est acharné dans cette optique. je lui ai laissé l'opportunité de le
baratiner (sur lequel il a sorti un magnifique 10+), mais nous n'avons pas du nous comprendre à ce moment là car sa demande explicite n'allait pas le sens du plan. Bref, ce moment a été assez laborieux et peu créateur de fiction interressante, surtout que le Soldat, cantonné à son rôle de garde du corps, n'a jamais osé remettre son "employeur" en question en public
Heureusement, pour dynamiser, on pouvait compter sur l'Infiltré et ses galères qui, malgré tout, réussi à se faire passer pour un ouvrier. Sauf que voyant que les autres n’avançaient pas, il décida de tenter de se rapprocher de l'ordi quantique par lui-même. Malheureusement, sa rencontre avec un caméra de sécurité le mit dans une position délicate l’empêchant d'avancer. Il choisi de déclencher l'alarme en cassant la caméra, histoire de focaliser les gardes dans ce coin du complexe pour mieux descendre vers leur cible. Mais le joueur eux du mal à m'expliquer comment déclencher l'alarme faciliterait son évasion à lui du secteur, et il finit dans l'évacuation des déchets industriels, avec le corps sans vie d'un des gardes qui faillit le découvrir (enfin un 10+ pour l'Infiltré!).
L'alarme déclencha une évacuation des VIP au moment où le riche investisseur se soulageait aux toilettes (l'action était coordonnée grâce aux cybercoms +cryptés du Soldat). Ainsi, ils purent se débarrasser (létalement
) de leur nounou un peu trop collante. Mais ce faisant (7-9), une des chercheuses avec qui ils avaient discutés précédemment, les vit et alerta plus tard la sécurité (justifiant pour moi une éventuelle augmentation du compte à rebours de mission).
Arrivé au niveau de l'ordi quantique (une grande verrière de 3 étages en zéro absolu et gaz inerte dans lequel on ne peut rentrer via un sas qu'en combi "cosmonaute" et relié à un tuyaux d'oxygène), l'Infiltré est déjà en train de s'équiper lorsque le groupe se reforme enfin. Conformément au plan établi, la dernière sécurité, le sas, sera bypassé en créant une coupure d'électricité dans un sous-réseau particulier, grâce à des
recrues du Soldat.
L'Infiltré pu donc accéder à l'ordi quantique et il insérer sa clé pour copier les - volumineuses - données cibles. Mais c'est alors que le courant revint trop tôt (7-9 sur
Recruteurs: l'équipe choisie était professionnelle et a donc réagit pile au moment voulu, mais elle n'avait pas les compétence suffisante et l'effet de la coupure n'a pas duré assez longtemps). Chose donc ils se rendent compte lorsque l'ascenseur s'ouvre libérant un exosquelette énorme de sécurité.
Là a nouveau, l'affrontement fut plutôt laborieux car les jets
d'employer la manière forte ont été des échecs retentissant. J'ai choisi de prime abord d'infliger des dégâts, car d'une part cela semblait logique avec la fiction décrite, et qu'il s'agissait sans doute du combat final et donc du climax de l'action.
Mais ces échecs leurs donnèrent du mal à proposer autre chose qu'un ènième affrontement physique. Je pense avoir réussi à proposer des rebondissement satisfaisant:
- le Soldat se jetant au sol pour éviter une rafale du Pilote et ne se dégageant pas assez vite pour finir écrasé sous le poids du pied-plateforme de l'exosquelette;
- le Pilote repère les tuyaux hydrauliques les plus sensibles de l'exosquelettes (10+ en évaluer) mais en arrache les mauvais côtés finissant recouvert d'huile bouillante et l'aveuglant (6- en employant la manière forte contre les tuyaux);
- toujours lui se loupe à nouveau sur un jet, et je lui fait parvenir un message de son véhicule amphie, positionné à la sortie du bâtiment comme prévu: ses senseurs ont reperré une activité hostile à son égards. Le Pilote reçoit les images et est glacé d'effroi: une escouade d'agent de sa corpo mère semble l'avoir retrouvé et cherche soit à craquer le verrouillage de son véhicule, soit à trianguler sa liaison avec lui. Il envoi donc son bébé bien plus loin, et le laisse en mode automatique;
- prisonnier et le bras à moitié déchiqueté sous l'exosquelette, le Pilote dépense son dernier matos pour sortir une grenade EMP et disjoncter le contrôle neural reliant l'exosquelette à son pilote.
- pendant que l'agent de sécurité se désarçonne de l'exosquelette pour finir à mains nues ces saleté de voleurs, l'Infiltré est rentré avec la clé chargé des précieuses données, a enlevé le gant de son scaphandre et tire avec son pistolet sur l'agent. 7-9, il le tue juste avant qu'il marrave le Pilote, mais la clé tombe de sa combi et fini juste en équilibre sur les grilles métalliques du sol, au dessus de plusieurs mètres de vide. Le moindre geste indélicat pourrait la faire disparaître
Dans la mêlée cependant, tous prirent cher: le Pilote est aveuglé donc, mais un mauvais coup détraqua son interface neurale de contrôle des véhicules (et donc l'accès à ses drones); le Soldat est à 23h en Blessure; l'Infiltré se blessa en forçant le sas à s'ouvrir sur le retour.
Débarrassé de leur ennemi et en possession des données, les PJs doivent désormais s'extraire alors que le bâtiment est en alerte intrusion et qu'ils ont été repéré. Ils en reviennent au plan d'origine, à savoir créer un mouvement de panique pour s'évacuer avec le personnel. Le Pilote réussi à conduire l'exosquelette "à l'ancienne" (aka: via les manettes, l'interface de pilotage étant grillée tant sur l'exosquelette que dans le crâne du Pilote), et se posta devant les escaliers de secours où descendaient des renforts (envoyée par la chercheuse qui les a précédemment repérré) et mitrailla à tout va. Vu la description (et l'heure!), j'ai fait cadeau du jet: les renforts ne devaient pas s'imaginer finir tirés comme des pigeons!
Les PJs réussissent à remonter après avoir mit le feu à l'huile de l'exosquelette, ce qui déclencha l'alarme d'évacuation générale prenant le pas sur celle de confinement-intrusion. Portant leur collègue Soldat extrêmement amoché, ils n'ont pas de mal à
baratiner sur le fait d'être de simple victime de l'incendie. Mais (7-9), sur l'esplanade extérieure de la corpo, au milieu de la foule, la chercheuse les croise à nouveau et en appelle à la sécurité alors qu'un avion militaire largue sa nuée de drone au sommet de la tour du complexe, en réponse au protocole intrusion.
Le groupe se rue toujours plus vers l'extérieur et dans la foule, ignorant les cris perçant de la seule témoin de leur infiltration mais le véhicule amphibie du Pilote, qui devait les attendre sur le canal à la sortie, n'est pas là. Seule issue, le yatch du VIP saoudien dans lequel ils sautent, dégageant facilement le prince bling-bling et ses pépées siliconnées. Puis ils s'enfuirent alors que les drones des médias commencèrent à arriver pour diffuser en live le drame qui venait de se jouer.
Au calme, ils contactent la commanditaire, qui semble inquiète et leurs donne rendez-vous sur rendez-vous pour s'assurer qu'ils ne sont pas suivit, et fini dans un territoire de gang où ils n'en mènent pas large. Elle est assez mécontente du manque de finesse proposée par l'équipe, mais lorsqu'ils lui tendent la clé, elle se détend. Ils sont payés et se quittent sans encombre, alors que le Pilote constate que ca ne couvrira même pas les frais du charcudoc chargé de réparer son interface de pilotage, et que l'nfiltré reçoit sur son smartphone les dernières news du moment: un groupe de terroriste s'en sont prit à une célèbre corpo locale, tuant 2 braves employés et détruisant de nombreuses années d'innovations, mettant au chômage technique nombre d'employé. Puis vint l'interview de la principale témoin des méfaits: une chercheuse du centre qui décrit avec précision les traits caractéristiques du Pilote et de son compagnon Soldat.
Alors, pourquoi j'ai parlé d'un échec délicieux?
Parce que globalement, pour un dépucelage sur le système PbtA, je me suis senti à l'aise et même si j'ai du prendre à plusieurs reprises quelques secondes pour proposer un rebondissement qui n'étaient pas des simples "t'as loupé, essaie encore" ou "prends des dégâts", j'ai l'impression d'avoir relevé le challenge correctement.
La fiction créée nous a plu et les joueurs m'ont dit s'être amusé et avoir apprécié le système.
Par contre, l'enchaînement de 6-, notamment en tout début d'Action, a créé une spirale négative, mettant dans la mouise les PJs, qui devaient tenter d'autres jets, et les loupèrent, et ainsi de suite. Peut-être n'ai-je pas été trop sympa avec eux, appuyant globalement là où ca faisait mal à chaque fois? Mais j'ai l'impression que c'était cohérent (conséquences prévues dans la fiction) et que ca a participé aux rebondissements finaux.
Les derniers éléments "négatifs" de cette partie, c'est que je ne me suis finalement absolument pas servit des flash-back prévus par le scénar. je les ai tout simplement oublié, prit par la fiction en cours. En même temps, ca n'a pas manqué au jeu, donc pas grave.
Et enfin, pour un scénar de convention censé durer 2h, nous avons jouer... plus de 7h!
(imaginez que je me suis bien fait moquer par les joueurs... et par ma femme ce matin lorsqu'elle a vu mes cernes!)