[CR Solo] [DD5] Tombe de l'annihilation

Critiques de Jeu, Comptes rendus et retour d'expérience
BenjaminP
Dieu d'après le panthéon
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[CR Solo] [DD5] Tombe de l'annihilation

Message par BenjaminP »

Suite à une partie en demie-teinte au cours de laquelle, plutôt mal inspiré, je me suis demandé à quoi je servais, une révélation : mais oui, au fait ? À quoi sert un MJ ? D'où l'idée de tenter l'aventure solo, dans une optique un peu littéraire, un peu ludique. C'est donc parti pour les aventures de Kass, ranger tieffline débarquée à Chult à la recherche du Psychophage. J'utilise le ranger de l'UA Class Feature, pour ceux que ça intéresse. Le projet est de bifurquer vers la sorcière ensuite. Le tirage au dé des caracs démarre sur les chapeaux de roue : 80 en tout, de quoi blinder la Dex, le Charisme pour la suite et les mondanités, puis la Wis. Constitution à 12, un peu juste, mais ça colle avec le perso. Background criminel, maîtrise en Acrobatie, Histoire, Perception, Discrétion et Survie (celui qui trouve d'où vient l'inspi du personnage gagne un bouquet garni avec un dinosaure dedans).

J'utilise les tables de CRGE et du Covetous Poet's pour les oracles et les intrusions, mais je conserve toute la mécanique DD pour les tests. J'ai eu un peu de mal à doser l'adversité mais tant pis, on verra bien où ça va nous mener !
Les parties en italiques sont les aspects techniques. Je ne sais pas si c'est utile de vous les laisser, vous me direz.


***

Je m’appelle Kass et j’ai la peau couleur de brique. Je le dis tout de suite parce que c’est toujours la première chose qu’on remarque, alors autant crever l’abcès. En vrai c’est pratique, on ne me voit jamais rougir. J’ai eu une enfance compliquée. Normal, me direz-vous : pour des parents, difficile d’accepter une fille pareille, sa peau bizarre, ses cheveux couleur de cendre épais comme des brindilles, sans même parler de ses cornes. Mon père a essayé de m’aimer je crois, mais il n’a pas réussi. Ma mère n’était pas méchante, seulement très triste, pour elle comme pour moi. À ma naissance, le choc était tel qu’ils n’ont pas réessayé de sitôt, et je suis restée fille unique jusqu’à mes treize ans. Et puis ma sœur Gladys est arrivée. Elle était normale. Un réel soulagement, pour tout le monde. Mon frère l’a suivie de près. Amos, un joli petit garçon tout blond. Je suis partie le jour de ses deux ans. Ça valait mieux. Pour tout le monde.

La Porte de Baldur n’est pas une ville facile pour une jeune fille seule. Alors avec ma tête, vous pensez. Mais j’avais quelques talents cachés dans mes bottes. Déjà, je n’ai pas froid aux yeux. Sûrement parce que je ne tiens pas à la vie tant que ça. Et puis je suis habile de mes mains. Et de mes pieds. Et de ma queue. Oh et je ne vous ai pas parlé de ma queue ? Eh oui, depuis la chute des reins jusqu’aux chevilles. Pas toujours facile à cacher, je le confesse. Heureusement, j’avais très jeune pris l’habitude de vivre sous un long chaperon noir. Ça tombait bien puisque dans le milieu que je me suis mise à fréquenter, c’était l’uniforme. Quelques rapines ici et là. Mais je ne suis pas voleuse dans l’âme et j’avais envie de voir du pays, de vivre l’histoire ailleurs que dans les livres.

Parce qu’il ne faut pas croire : mes parents m’ont caché autant qu’ils ont pu, mais ils m’ont quand même donné une bonne éducation. Enfin, ils m’ont appris à lire, et ils m’ont autorisé à piocher à loisir dans leur très vaste bibliothèque. Ça les arrangeait bien : je passais ainsi le plus clair de mon temps dans ma chambre, loin des regards indiscrets de leurs invités de marque. C’est de là que m’est venue ma passion pour l’histoire. Les peuples disparus. Les civilisations passées. La magie des anciens. Le premier artefact que j’ai déterré était un cristal gros comme le poing, la Lentille de Dürn. Un joli coup que j’avais monté toute seule, sur la foi d’un manuscrit planqué dans le carré interdit de la Grande Bibliothèque (je vous raconterai un jour ce que je faisais là). Le Balafré n’en revenait pas quand je le lui ai montré, il a roulé des yeux grands comme des soucoupes et n’a pas même pas marchandé quand je lui en ai demandé deux cents pièces ; c’était sans doute une première pour lui.

C’est devenu ma spécialité depuis : arcanologue, ou pilleuse de tombe, comme disent les mauvaises langues dont je fais partie. Ça ne s’est pas fait en un jour, surtout, ça s’est fait grâce à quelqu’un. Syndra Silvane, c’est son nom. Vous le connaissez peut-être. À la Porte de Baldur, tout le monde le connaît. C’est elle qui acheté le cristal au Balafré, et le Balafré lui a permis de remonter jusqu’à moi. Une première, encore une fois. Ça la fiche mal, un receleur qui balance ses sources. Je crois qu’il n’avait pas le choix. Depuis, le Balafré raconte partout que mieux vaut se méfier de la fille à la peau brique.

Syndra m’emploie depuis à son service. Je lui dois la vie, en quelque sorte : elle a payé ma dette à la Guilde (une autre longue histoire à raconter). J’essaye de la rembourser, et ça dure depuis quelques années déjà. Deux ou trois. Ça ne promet pas de s’arrêter bientôt. Syndra m’envoie déterrer des objets aux quatre coins du monde. En de rares occasions, elle m’y accompagne. Aujourd’hui, nous sommes arrivés à Port Nyanzaru.

*

Chaleur moite, soleil éclatant, ciel transpercé d’orages d’une violence inouïe, maisons en adobe, toutes peintes de couleurs vives. Cette ville me convient bien. Elle sent bon. Syndra est allée négocier les détails de notre expédition auprès d’un prince marchand nommé O’tamu. Et comme je ne suis pas du genre à l’attendre bien sagement sur le perron d’une villa pimpante, je suis partie faire un tour en ville. Comme toujours dans ces cas-là, je commence par les bas-fonds. À Port Nyanzaru, les bas-fonds sont hors les murs, trois faubourgs miteux où s’entassent les trognes habituelles. Les pauvres se ressemblent sous toutes les latitudes. Le plus proche du Dôme d’or et de la belle villa d’O’Tamu, c’est la Vieille Ville, un dédale de cabanes en bambou et en stuc construit au petit bonheur sur des ruines fantastiques, des sortes de pyramides à degrés dont la fonction est perdue depuis des siècles. Ce sont à présent des marchés aux puces. C’est aussi dans la Vieille Ville que se trouve la Piste aux condamnés qui, pour le coup, n’a probablement jamais changé d’usage : on y fait détaler voleurs et criminels sous la menace de bêtes sauvages, aujourd’hui comme hier, comme tous les hiers depuis l’aube des temps.
— S’il vous plaît ! Ayez pitié !
La voix est chevrotante. Le désespoir s’y entend trop. J’ai envie de détourner la tête et d’accélérer le pas mais il m’attrape par la manche.
— Tenez ! Tenez, dit-il en me fourrant cinq grosses pièces dans la main. C’est tout ce que j’ai. C’est tout ce que nous avions. Aidez-moi ! S’il vous plaît !
Il doit y en avoir pour un quart de talent. De quoi se payer une nuit à l’auberge, peut-être, si vous n’avez rien contre les punaises de lit. S’il m’avait donné plus, j’aurais peut-être hésité. Mais un homme dont toute la fortune tient dans sa paume crasseuse et qui est prêt à la donner au premier étranger qui acceptera de l’aider, ça élève l’âme. La mienne en tout cas.
— Que se passe-t-il ?
— Ils vont le tuer ! Ils vont tuer Draza ! C’est le prochain sur la piste. Aidez-le, aidez-moi !
Je ne sais pas qui est ce Draza, je n’ai aucune idée du forfait qu’il a commis. Cela n’a aucune importance. Depuis le premier gradin, je jette un œil à la Piste en contrebas. Deux reptiles vicieux, gros comme des halflins, se disputent la carcasse d’un tire-laine. Au bout, la grille en bois se soulève. Un homme chétif tremblote derrière, tourne le dos à la piste mais les lances emplumées des geôliers le repoussent. Le voilà sur le sable, la grille retombe et dans le public la rumeur enfle. Les paris sont ouverts, des hommes s’échangent des bourses, des femmes vitupèrent, des enfants jettent de petits cailloux sur les bêtes pour les exciter un peu. Si Draza parvient jusqu’au bout de la Piste, une course de 200 pieds, puis à se hisser jusqu’aux gradins par les cordes qui y pendent, il sera sauvé. Il n’a aucune chance.

J’aime les combats perdus d’avance, pourvu que j’entrevoie la possibilité de les remporter en filoute. Problème : personne ici ne verrait d’un bon œil que j’intervienne dans ce qui est, après tout, une façon comme une autre de s’en remettre au destin en matière de jugement.
— Pousse-moi. Fort.
— Quoi.
— Pousse-moi vers la Piste !
Sans comprendre, l’homme s’exécute. Mollement. (Comprend-il ce qu'il doit faire ? 37 : Non.)
— Mieux que ça !
Sa deuxième tentative n’est pas meilleure (45 : non). Sur la piste, l’un des reptiles a cédé la dépouille à son comparse en découvrant une nouvelle proie potentielle. Le pauvre Draza, qui s’approchait à pas feutrés, se fige sur place. Autour de moi la foule est dense, excitée, nerveuse. J’aperçois un groupe de gros bras qui pourraient faire l’affaire. Je m’en approche. Il va falloir la jouer fine. (Tromperie : 19 +4 !)
J’en bouscule un, il réplique comme prévu. J’exagère un peu ma chute, je bascule le dos contre la rambarde (Acrobatie : 20 +6 !) et boum ! Après une chute parfaitement amortie, me voilà sur la piste juste devant Draza, bien contre mon gré du point de vue de la foule. Parfait. Cinquante pas me séparent du premier monstre, pas assez pour sentir son haleine de chacal, mais je la devine. Le reptile infect se hisse sur deux pattes et se lance vers moi à une vitesse surprenante, bientôt suivi par son collègue. Je n’aurai pas beaucoup de temps. Pas assez pour me servir de mon arc comme prévu. (Peuvent-ils m'atteindre rapidement ? 68 : oui.)

La première bête fond sur Draza qui recule juste à temps et se réfugie dans mon dos pendant que la deuxième se jette sur moi gueule en avant. Je pivote ma cheville droite, passe sous son encolure et laisse traîner une lame dans son cou avant de me dégager pour éviter qu'il ne m'écrase en s'effondrant. Il dégorge son sang à gros bouillons dans le sable de l’arène sans même m’éclabousser. La deuxième bondit dans ma direction, tente de m’accrocher la gorge avec ses canines. Je recule. Ses dents passent à une paume de ma jugulaire et cette fois, son haleine est bien là. Elle tente de m’attraper les tripes d’un coup de griffe pour me ramener à elle mais finit trop court. Elle n’aura pas de troisième chance. Ma lame est lancée. Elle achève sa course entre ses omoplates, comme on tue les taureaux.

La foule hésite un instant devant ce déroulé surprenant, dont la régularité doit se contester ici ou là dans les gradins. Le silence s’abat, puis viennent les acclamations, discrètes, puis nombreuses. Elles finissent en rugissement (Réaction de la foule : contente du spectacle ? 83 : Oui et). J’essuie une lame sur ma botte. L’autre n’aura pas servi. Je me retourne vers Draza et lui tend la main. Nous traversons la piste à pas lents. Au bout, je l’aide à se hisser sur les cordes. En haut l’attend son homme, qui le prend dans ses bras et le serre du plus fort qu’il peut (ce qui veut dire pas bien fort, comme nous l’avons vu). Je m’approche d’eux et leur rends leurs piécettes. J’ajoute même un talent d’or. Puis je remets mon chaperon et me fonds dans la foule.

Init :
Raptors 21
Draza 20
Kass 14
1er round : Les deux raptors foncent pour arriver au contact, l’un de Draza, l’autre de Kass.
Draza se désengage et recule. Kass attaque : 19 ! Dégâts 9, Un raptor mort (9 PV tirés aux dés !). Action bonus : Hunter’s mark sur le deuxième.
2e round : le raptor veut rattraper Draza mais Kass est sur son chemin. Il l’attaque. 9 et 1 : raté. Draza tremblote au fond de la piste. Kass attaque avec Hunter’s Mark. 15 et 3. Une attaque passe : 10 ! Raptor mort (10 PV tiré aux dés !).

Suite à ce combat, Kass passe niveau 2.


Un message de Syndra me parvient : elle en a encore pour quelque temps, je ferais mieux de commencer à me renseigner de mon côté en ville pendant qu’elle négocie le financement de notre expédition avec O’Tamu. Elle me rappelle notre objectif : nous sommes à la recherche du Psychophage, un puissant artefact nécromant capable de dévorer les âmes, la sienne en particulier. Il est à Chult, mais où ? Le pays en entier n’est qu’un gigantesque point d’interrogation qui n’a jamais été cartographié au-delà de ses côtes. La tâche est ardue. Qui connaît le mieux cette jungle ? Où recruter un guide ? Je fais le tour des puces et pose quelques questions à un marchand d’antiquités dont je me dis qu'il doit sûrement les récupérer dans les terres. Il s’appelle Ozu, gros type plutôt désagréable, bouffi de son importance. Je l’entreprends sur l’histoire de la région pour tenter de le mettre dans ma poche. (Histoire DC 12 : 1 !) Évidemment, je confonds tout et bafouille. Son mépris grimpe en flèche et, me croyant particulièrement sotte, il essaye de me refourguer sa camelote. Je décline poliment et tente malgré tout de tirer les vers de ce nez dégoûtant. Il me parle d’un temple à 30 lieues vers le sud. Bonne piste ? (non : j’ai demandé à l’oracle si le marchand allait en profiter pour embobiner Kass et c’est oui ! J’ai ensuite tiré pour voir si elle le croirait, oui aussi !) Ça mérite d’être exploré, à mon avis.

Je pars vers le quartier du port dans l’espoir d’y trouver un guide. (06 : non, mais). Cuisant échec, on me prend partout soit pour le rejeton du démon (j’ai l’habitude), soit pour une bille (ça moins). L’accent, sûrement. En revanche, un garçonnet pas bien propre me tire par la manche et m’explique qu’il peut me présenter quelqu’un. C’est dans la Gorge de Malar, me dit-il, un faubourg hors les murs. (Une mauvaise rencontre, là-bas ? 96 ! Oui, et contre toute attente... !) J’y vais confiante, il m’a l’air sympathique et j’ai toujours eu un faible pour les enfants. Je n’aurais pas dû. Le soir tombe et me voilà loin de la garde, étrangère dans une ville inconnue. Nous empruntons une ruelle, puis deux, et me voilà bientôt au fond d’un cul-de-sac. Il faut croire qu’Ozu avait raison : je peux vraiment être sotte, parfois. Dès que je m’aperçois du piège, je fais volte-face et me voilà nez à nez avec trois gros bras qui font résonner des gourdins dans leur paume. Parmi eux, je reconnais le type que j’ai bousculé au-dessus de la piste.
— Dis donc peau de brique [je soupire], tu m’as coûté 10 sacs là-bas tu sais. Des parieurs mécontents qu’il a fallu rembourser. Maintenant c’est toi qui va cracher au bassinet, si tu vois ce que je veux dire.
Je crois voir, en effet, mais pas précisément. Dix sacs ? J’ignore ce que ça représente. Ils sont trois, plutôt costauds. Je n’ai aucune marge de manœuvre dans ce réduit, et je ne connais pas le dédale qui s’étale au-delà. Mauvais plan. J’ai quatorze talents en poche. Dix suffiront-ils ? Je leur tends. (49 ! Non.)
— Tu te fous de ma gueule, rouge-gorge ? Je te demande dix fois plus !
Aïe. Je commence à entrevoir la rouste. Le petit a filé. Si j’arrive à me débarrasser de l’une de ces grosses brutes, je pourrais peut-être tenter d'en faire autant. Je fais mine de chercher dans mon dos. J’y trouve mon arc. Je suis plus rapide qu’eux, autant en profiter.
Ma flèche vient se planter droit dans le crâne de ce bavard peu inventif qui s’écroule. J’y ai inséré une surprise de ma confection : tandis que les deux autres regardent interloqués les spasmes fatidiques de leur camarade de beuverie, le bois explose et les couvre d’échardes. Ça n’a pas l’effet escompté malheureusement, il faudra que je perfectionne la technique, et les voilà tous deux aussi rouges que moi, qui se ruent à ma rencontre en agitant leurs gourdins. Et c’est qu’ils savent cogner, les bougres ! Le premier coup m’étourdit, le deuxième manque de m’envoyer dans les vapes. Mon arc tombe au sol, je dégaine mes épées mais je suis trop faible pour m’en servir. Un troisième s’abat sur mon crâne. Je m’écroule. Fondue au noir.

Init !
Kass : 19
Les bandits : 4
Action bonus : Hail of thorns. Attaque : 13 +6 touché, dégâts : 9. Jets de sauvegarde : le blessé : 4, raté. Les deux autres : 5 et 17, raté et réussi. Dégâts 3. Le premier s’effondre, le deuxième prend 3, le troisième 1.
Ils foncent et m’encerclent. Les deux touchent. 13 pts !
Je laisse tomber l’arc et dégaine. 5 et 3, raté. Ils enchaînent : 13 et 13. Dégâts 6, KO. Ils me laissent sur le carreau. Death saves : échec. Est-ce que quelqu’un vient ? 55 : Oui. Est-ce qu’il peut me sauver ? 41 : non. Death save : succès. Est-ce qu’il peut m’amener à quelqu’un qui le peut ? 86 : Oui, et : "plot thread pops up". On dirait bien que j'ai trouvé un guide, finalement.
Dernière modification par BenjaminP le sam. déc. 11, 2021 2:25 pm, modifié 3 fois.
Enjeu Solo, l'émulateur de MJ qu'il est beau ! Pour toutes vos parties sans MJ, Enjeu Solo contient les oracles qu'il vous faut. Dynamisez la narration, adaptez-la au rythme du récit, tenez compte des enjeux et surprenez tout le monde, vous le premier.
BenjaminP
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Re: [CR Solo] [DD5] Tombe de l'annihilation

Message par BenjaminP »

Suite des aventures de Kass. J'ai un peu fait évoluer la table du CRGE pour n'avoir plus qu'un oracle principal (j'en parle sur le Discord pour ceux que ça intéresse).

Je constate aussi à l'usage que D&D contient finalement beaucoup d'outils adaptés au solo (que sont donc les tables de rencontre aléatoire, sinon ?), et que suivre une aventure publiée complète, sans autre système que DD, doit être tout à fait possible, bien que peut-être un peu plan-plan par moments. C'est l'oracle (et ses interruptions) qui fait tout le sel du déroulé, je le constate en écrivant : tant qu'il n'intervient pas, le récit suit un cours prévisible et rapidement ennuyeux. Je me demande donc si je ne vais pas l'utiliser un peu plus. À l'origine, mon raisonnement était le suivant : pour toutes "questions au MJ", le système de DD est censé suffire (Est-ce que je le vois ? Est-ce qu'il a l'air dangereux ?). Pour toutes "questions de MJ" (Qui est le coupable ? Le roi va-t-il en profiter pour envahir la Syldavie ?), il faut consulter l'oracle. Vous verrez que j'évolue en fait au fur et à mesure, et que je remets par exemple la question de la confiance entre les mains de l'oracle.


*

Je me réveille avec un mal de crâne épouvantable dans une chambre inconnue. Enfin, une chambre : un réduit de dix pieds sur dix. Couchée sur une planche, un linge plié sous la tête. Une lucarne diffuse la lumière de la lune. Je porte ma main à mon front douloureux et j’y sens une pâte gluante qui diffuse une forte odeur de camphre. Je tente de me relever mais la tête me tourne. Je tâte mes flancs : ma bourse a disparu (Très probable : 57, oui). Heureusement que je n’avais pas gardé la fortune de Draza et son amant. Je regrette seulement de ne pas leur avoir donné toute la mienne, elle leur aurait mieux servi qu’à ces brutes. Mes armes sont disposées sur mon paquetage dans un coin de la pièce. C’est déjà ça.
La porte s’ouvre et une femme entre deux âges s’avance vers moi. Elle a l’air satisfaite de me voir éveillée et me demande comment je me sens.
— Comme si j’avais servi de matelas à un tricératops.
(Réaction sur 2d6 : 12 ! Interested + Interrupt ! Plot thread pops up ! Décidément, les dés veulent qu’Eku participent à l’aventure)
Elle rit et se présente, elle dit s’appeler Eku. (Kass lui fait-elle confiance ? Elle est « slow to trust » : peu probable, 35, non). Elle me demande ce que je faisais seule dans la Gorge à cette heure. Je ne compte pas lui déballer toute mon histoire et reste évasive pour le moment.
— Kass. Je me suis fait embobiner. Je cherchais un guide, j’ai trouvé des ennuis.
— Un guide ? Allons bon. Je suis guide. Où comptiez-vous aller ?
C’est là qu’il s’agit de la jouer fine. Cette femme m’a peut-être sauvé la vie mais je ne sais rien de ses intentions, je ne suis pas encore disposée à lui faire confiance. J’opte pour la tangente.
— Je voudrais partir à la recherche d’antiquités pour Ozu, des puces de la Vieille Ville. Il m’a indiqué un bon endroit pour ça.
— Ozu est un escroc, vous ne devriez pas le croire. En tous les cas, si vous cherchez un guide, vous devriez parler à Jobal, le prince marchand, et mon employeur accessoirement. Avec un peu de chance, il vous recommandera mes services. J’aurais moi-même à faire, dans la jungle. Y retourner me démange.
Je hurle de douleur : Syndra cherche à me contacter. D’habitude, ça me picote, là j’ai l’impression qu’on me trépane. Eku tente de me calmer et pose une main sur mon front, chaude et apaisante.
— Je te cherche depuis des heures, le temps presse, tu le sais. O’Tamu accepte. As-tu trouvé un guide ? Demain à la villa. Première heure.
— J’ai eu de petites ennuis. Oui, je crois que j’ai trouvé. Enfin, il faut en parler à un certain Jobal.
Je n’attends pas de réponse de sa part et n’en obtiens pas. Dès que Syndra arrête de me fouailler l’esprit, la migraine régresse et laisse place à une pulsation sourde mais supportable. Je rassure Eku du regard.
— J’irai voir ce Jobal demain. Il faut que je rentre.
— Pas question. Passez la nuit ici, vous n’êtes pas en état. Rassurez-vous. Vous êtes en sécurité.
(La croit-elle cette fois ? 52 : non, toujours pas.)
— C’est aimable, mais je préfère rentrer.
J’essaye de nouveau de me lever, sans plus de succès que la première fois. Je suis trop faible. Je parviens toutefois à m’adosser au mur.
— Je vais seulement prendre mon temps.
— Comme vous voulez. Je ne vous propose pas de l’eau ni de riz parce que j’ai peur que vous refusiez, mais n’hésitez pas à m’en demander. Je serai juste à côté.
(Repos court pour gagner des points de vie : 11.)
Je tente de penser à autre chose que la douleur. Mes yeux papillonnent. Je tombe rapidement dans un lourd sommeil réparateur, assise sur le lit. Comme une idiote.
(Finit-elle par s’endormir rompue de fatigue ? JdS de constit : 3+1, oui !)
Le jour se lève, la fraîcheur rentre enfin dans la chambre. (Eku a-t-elle laissé une assiette de porridge devant le lit ? 52, oui) Une assiette de porridge fume sur un tabouret posé à côté de ma couche. Je la respire, en goûte une miette. (Survival DC12 : 14, réussi.) Avoine et lait de chèvre. Rien d’ajouté. Pas d’odeur louche. Pas d’acidité ni d’amertume. Je le dévore en un trois cuillerées goulues. Suni que ça fait du bien. Ma tête est encore lourde. Je vais m’inspecter dans un petit miroir très propre accroché au mur de bambou. Sur le front, une bosse dont la couleur violacée a commencé à couler sur mon œil me fait une troisième corne. J’ai des contusions sur les côtes, probablement dans le dos aussi. Une mèche de cheveux poisseuse : j’ai probablement beaucoup saigné, ce qui signifie qu’Eku m’a lavé le visage. Je soupire, attrape mon paquetage, passe mes épées à ma ceinture et mon arc sur le dos. Je sors de la pièce.
(Eku est-elle toujours-là ? 6 – 2, non et contre toute attent : 2, résolution ; décidément, cette histoire de guides doit s’arrêter ; pas le choix, confiance ou pas, Kass doit s’engager avec Eku)
La minuscule maison est vide. La porte n’est pas condamnée, n’importe qui pourrait rentrer. Eku m’a laissé un mot sur une table : « Je serai chez Jobal ce matin, rejoignez-moi si vous le souhaitez. Donnez ces pièces à Deren, le garçon d’à côté, il vous accompagnera. » Une poignée de pièces de cuivre étaient posées sous la lettre. Mais que me veut cette Eku, à la fin ? Tant de gentillesse m’inquiète. Ça cache forcément quelque chose… Mais ça donne aussi envie de creuser.
J’ouvre la porte d’un geste brusque et sort dans le même mouvement, que j’interromps aussitôt pour me raccrocher à la poignée : je suis au bord du vide. La maison d’Eku est construite à flanc de falaise, comme toutes celles qui l’entourent, à gauche, en bas, en haut, en face. Le chaos que forme ces habitations de fortune est indescriptible. Chacune paraît érigée à la verticale d’une autre pour former un empilement improbable de joncs et de bambous. De maigres palissades horizontales font office de coursives et permettent de circuler le long des parois de ce large ravin qu’un enchevêtrement de ponts en lianes tressées permet de traverser. Je comprends mieux à présent le nom de l’endroit, la Gorge de Malar. Avec une petite pointe d’inquiétude, je fais selon les instructions et franchit les quelques mètres vers l’habitation la plus proche. Un garçon est en train de jouer aux osselets devant la porte. Ses jambes pendent dans le vide.
— C’est toi Deren ?
— C’est toi Kass ? répond-il du tact au tac en tendant la main.
Je lui souris et dépose les pièces de cuivre dans sa paume.

En chemin, j’interroge Deren sur les alentours, particulièrement les vieilles choses et les légendes locales (table des rumeurs de ToA). Il n’est pas fin connaisseur de la région en dehors de Port Nyanzaru, mais il me parle sur le ton de la confidence d’une cité en ruines sur le Tath, au-delà des gorges de Kahakla. Il se dit en ville que personne n’est jamais allé jusque-là mais lui affirme que c’est faux. Seulement, ceux qui l’ont découverte n’en parlent plus jamais. Mais lui sait, allez savoir comment, que le gardien des ruines est un gentil naga, une créature mi-homme mi-serpent.
La villa de Jobal est plus opulente que celle d’O’Matu, à peine distante d’une centaine de pas. En chemin, Deren m’a expliqué que les sept princes marchands de la ville habitaient sur la colline au pied du Trône d’or, sûrement parce qu’il est plus commode, contre le ressentiment des pauvres, de protéger un seul quartier où s’entasse l’opulence. Devant la porte, deux grands gaillards en armure de bambou croisent leurs yklwas à notre approche. Deren leur fait salut de la main et s’assoit en tailleur sur les marches avant de ressortir ses osselets. Je m’annonce et demande à parler à Jobal. Contre toute attente, ils hochent la tête de conserve et écartent leurs armes pour me laisser passer. Les portes s’ouvrent sur un vestibule décoré d’une fontaine intérieure, au bord de laquelle je retrouve Eku, en pleine discussion avec un homme trop richement vêtu pour sa trogne de bourlingueur.
— Kass ! Je te présente le prince Jobal, maître des guides. Si tu en cherches toujours un, c’est ici que tu le trouveras.
— Madame, enchaîne Jobal, j’ai fait appelé mes meilleurs éléments, parmi lesquels vous pourrez choisir.
— Inutile. Je partirai avec Eku.
Jobal hausse le sourcil. (Réaction : 8, crédule… Pas facile, ça. Et comme j’ai fait un double, je tire sur la table des interruptions : demande d’aide, le PJ se trouve impliqué.)
— Eku a posé quelques conditions cependant. Son tarif est élevé, et elle m’a signalé qu’elle l’élèverait encore pour vous, et que, pour une raison que j’ignore et que je vais vous demander de préciser, il fallait impérativement vous en informer sans rien cacher.
Eku est maline. Elle savait que je me méfierai si elle proposait une ristourne, alors elle fait le contraire.
— La raison de ce surcoût est évidente, prince. Eku ne veut pas donner l’impression de me forcer la main, car elle sait que je refuserai. Combien ?
— Cinq talents par jour, trente jours payables en avance. Je conserverai la somme ici.
— En y prélevant votre commission, j’imagine. Ça me convient.
En réalité, je n’ai aucune idée de ce que O’Tamu a accepté de financer, mais cinq talents quotidiens me paraisse former une enveloppe raisonnable pour Syndra.
— Parfait. Eku ?
— La deuxième condition, complète le guide, sera de passer par le bassin d’Aldani.
Voilà qui me surprend davantage, ou plutôt, voilà qui explique tout. Comme je le soupçonnais, Eku a ses raisons de participer à ce voyage. Quelles sont telles ?
— Puis-je savoir pourquoi ?
Eku soupire avant de répondre. J’en profite pour jauger sa sincérité (Perspicacité : 7+2 = 9, échec, kass se méfie toujours). Je ne lui trouve pas beaucoup de naturel.
— Il existe là-bas un village nommé Mbala dont tous les habitants ont disparu. J’aimerais savoir pourquoi.
Intéressant. Si son côté bonne samaritaine est une façade, elle se donne beaucoup de mal pour le tenir. J’acquiesce.
— Je réunirai la somme ce matin même. Nous partirons dès que possible, une fois le matériel réuni.

Je prends congé du prince et donne rendez-vous à Eku au port, pour que nous embarquions en direction de l’embouchure du Soshenstar que nous remonterons le plus haut possible, jusqu’au Camp de la Vengeance peut-être. En chemin, nous pourrons faire escale à la hauteur du temple dont m’a parlé Ozu. De là, nous pousserons jusqu’à Mbala, et pourquoi pas jusqu’au Tarth. Si les finances de Syndra nous le permettent, nous pourrions envoyer un navire de l’autre côté de la péninsule. Ce plan constitué, je file en direction de la villa d’O’Tamu.
Le palais de Jobal était tout en soieries, draperies et fanfreluches perchées au milieu des trophées de chasse ; celui d’O’Tamu est une merveille de sobriété géométrique. Tout y fait angle. Il semblerait que le syncrétisme ne se soit pas arrêté aux affaires religieuses : l’architecture de Port Nyanzaru est une merveille de diversité. Dans un petit salon carré, Syndra prend le tej en compagnie du prince. Elle s’effraie à la vue de mes ecchymoses.
— Où es-tu encore allée te fourrer ?
— Peu importe, ma Dame. J’ai trouvé un guide, probablement compétent, un itinéraire potentiel et quelques pistes intéressantes.
— Parfait.
— Je partirai cet après-midi si les vents le permettent, après avoir rassemblé le matériel. Ce qui m’amène à…
— À l’or. Voici pour les premiers défraiements.
Syndra me tend une bourse dodue. Je ne prends pas la peine de compter.
— Il faudra y ajouter le salaire du guide.
— Évidemment.
— Cent cinquante talents, payables au prince Jobal.
Je scrute la réaction d’O’Tamu, qui ne montre rien. Il garde son sourire.
— Je m’en charge. Va. Et sois prudente. Si tu en es capable.
— Rien n’est moins sûr. Adieu, ma Dame. Prince.
Je m’incline et sors. C’est le moment de faire des emplettes.

Je commence par le port pour réserver deux places sur un navire. Sans surprise, le capitaine de port, un certain Zindar, fait le difficile. Pas de navire aujourd’hui, dit-il. J’insiste un peu, fais les yeux doux (Persuasion : 12+4, oui !). Il me demande mon itinéraire. Je reste évasive sur l’objectif mais je parle de remonter le Soshenstar et ses yeux s’illuminent.
— Ah ! Je cherche justement à compléter un équipage en partance pour le camp de la Vengeance, proche de la source. Vous n’avez rien contre Torm ?
— Torm ? La fureur de la Loi ? Je ne peux pas dire que j’en ferai mon camarade de chambrée, mais je ne crois pas l’avoir jamais froissé.
Il me désigne un grand bout de femme, une demi-orc sur la jetée, les yeux perdus vers la mer.
— Vous embarquerez sur la Fille de Waukeen avec elle, Undril Silvertusk. Elle doit se rendre à son camp au plus vite. Le départ est fixé dans trois heures. Dix talents par tête.
J’aime quand les choses se goupillent à merveille.

Eku est déjà sur le port, je l’informe de la nouvelle et l’envoie rencontrer tout de suite Undril pour juger rapidement de son caractère avant de nous lancer en mer en sa compagnie. Moi, j’ai des courses à faire. Je trouve rapidement une hache d’arme de belle taille qui me servira de bâton de marche, un récupérateur d’eau de pluie, des provisions pour quelques jours et un tonnelet de tej pour me mettre les marins dans la poche. Entre la place en bateau et mes emplettes, la bourse est déjà aux trois quarts vides, mais ajouté à mon équipement habituel j’ai là tout ce qu’il me faut. J’envoie le tout sur la Fille de Waukeen. Il me reste une heure à tuer, j’en profite pour laisser traîner mes oreilles au milieu de quelques conversations de marins. Un groupe de vieux loups de mer espèrent que les esprits de la jungle seront avec eux. Ils en parlent comme de petites créatures bienveillantes, apparemment inoffensives mais dotées de puissants pouvoirs magiques. Je croirais entendre les histoires de lutin de la forêt de Thétyr, ça me rappelle le pays. L’heure tourne, et voilà qu’il est temps.
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Re: [CR Solo] [DD5] Tombe de l'annihilation

Message par BenjaminP »

Suite de l'aventure en solitaire, avec un premier donjon entièrement créé aléatoirement à la volée avec les outils du DMG. Il s'agit de la fausse piste plantée au début par l'antiquaire Ozu. Un épisode très plaisant à jouer, avec des résultats surprenants qui ont envoyé l'histoire dans une direction tout à fait imprévisible.

***

[Eku apprécie-t-elle Undril ? 42 : Non. Undril apprécie-t-elle Kass ? 27, non. Undril apprécie-t-elle Eku ? 12 – 4, non, mais. Ce n'est pas irrémédiable.]
La Fille de Waukeen est un bien frêle esquif. J’imaginais un trois mats, me voici sur un radeau. Une voile, une coque de dix mètres pour deux mètres de maître-Bau. Nous y sommes cinq, nous trois et deux marins, Abakar et Manguito, vaillants et concentrés. Nous arrivons à l’embouchure dans la soirée et mettons pied à terre pour installer le camp.
Nous parlons peu entre nous. J’arrive tout de même à décrocher quelques mots à Undril autour du feu de camp [Persuasion DC15 : 15+4]. C’est une prêtresse de Torm, en effet, représentante de l’ordre du Gantelet. Elle me prend rapidement de haut, et je la comprends un peu. Je ne suis pas du genre qu’apprécient immédiatement les représentants de la loi et de l’ordre. Eku lui laisse entendre que sa cotte de mailles risque de lui tenir un peu chaud dans la jungle, mais elle la rembarre. Formidable. Je monte mon hamac entre deux arbres un peu à l’écart et me plonge dans un sommeil réparateur jusqu’à mon quart.
[Rencontre aléatoire : 19 ! 34 : Vélociraptors. Nbre : 8. Discrétion des bestioles : 20 ! Surprise. Ça va être chaud.]

Je suis réveillée en sursaut par des hurlements. Autour du feu dont seuls des braises subsistent, mes quatre compagnons de route sont encerclés par huit de ces reptiles que j’ai combattus dans l’arène. Undril est au centre, un bras en sang. Elle dégage violemment une bête qui s’en était pris à la jambe d’Abakar, mais Mankido est déjà submergé. Je saute lame en avant depuis mon perchoir, directement sur le dos d’un reptile qui s’effondre sous moi et me débarrasse d’un deuxième en lui enfonçant ma deuxième lame dans la gorge. Alors que ces odieux bouledogues à écailles s’apprêtent à emporter Mankido avec eux, Undril s’auréole de formes éclatantes, aux contours angéliques, qui entourent rapidement tout le camp. À leur contact, les reptiles tombent comme des mouches.
Avant même que le silence ne soit tombé, Eku se précipite vers Mankido et appose ses mains sur ses tempes brûlantes. Ses râles s’apaisent, ses blessures se referment. La regardant faire d’un œil curieux, Undril se frotte distraitement le bras avec le symbole de Torm et voilà ses plaies qui disparaissent. Je ne suis pas fâchée d’avoir été bien entourée. [Kass se doute-t-elle aussi de quelque chose en voyant Eku employer la magie ? Peu probable. 68 : oui.] Je commence même à me dire que cet entourage est inespéré, en réalité.
[Je passe les détails du combat qui seraient fastidieux à lister, il a d’ailleurs été un peu fastidieux à gérer, en particulier pour Eku dont rien dans le livre ne dit quel stat block employer quand elle est sous forme humaine. Le coup de bol, c’est d’avoir été ainsi disposé en tas, ce qui permet au sort Esprits Gardiens de toucher tous les adversaires à la fois (4,5 m de rayon, soit une sphère de 30 pieds) pour 3d8 de dégâts. Sans ça, c’était cuit pour tous les PNJs, à part peut-être Eku. Et j’aurais dû me casser la tête pour sauver Kass. Sans doute que les raptors n’auraient pas pu dévorer toutes leurs proies à la fois ?]

[La blessure d’Abakar le handicapera-t-elle pour la suite ? 84, oui et : et Mankido ne compte pas tenter plus loin l’aventure, il ramène son ami.]
Nous faisons brûler un grand feu pour tenter de passer la fin de la nuit tranquille. Le lendemain, Mankido nous explique qu’il ne peut pas naviguer avec Abakar dans cet état, il faut le ramener à Port Nyanzaru. Bien. Le voyage en bateau aura été de courte durée. J’hésite à faire demi-tour aussi pour retrouver un équipage, mais j’entends d’ici Syndra me le reprocher, et ce n’est presque pas une figure de style. Je décide de poursuivre à pieds avec Undril et Eku. Nous faisons les adieux et nous enfonçons dans la jungle.
Nous avançons guidés par Eku. Pendant qu’Undril marmonne dix pas devant en suant à grosses gouttes dans sa cotte de mailles, je cherche à en apprendre davantage sur Eku qui m’intrigue de plus en plus. [Kass apprend-elle qu’Eku n’est pas ce qu’elle prétend être ? 10, non mais, le doute subsiste et n’est pas dissipé] Eku n’a pas toujours habité Port Nyanzaru, m’apprend-elle. Elle n’a pas non plus toujours été guide. Elle dit regretter des temps plus cléments, quand les esprits de la jungle de Chult étaient apaisés. Elle espère les retrouver. Elle me parle de l’invasion des morts qui infeste certaines parties de la presque-île, ce qu’un événement récent à dû déclencher selon elle. Je garde pour moi ce que je sais : le Psychophage est quelque part dans ces parages. Si les morts s’y réveillent, ce ne peut être qu’à cause de lui. Mais tant que je n’en saurais pas plus sur les motivations d’Eku, je ne peux lui révéler. Syndra n’apprécierait pas. Je tente de savoir si Eku en a entendu parler, mais n’obtient rien de bien probant, si ce n’est le sentiment persistant qu’elle ne me dit pas tout.

Le deuxième jour, nous éloignons du cours du Shoshenstar pour bifurquer vers la zone indiquée par Ozu, malgré les réticences de mes deux compagnons de route. Eku pense qu’il a essayé de m’envoyer au hasard dans la jungle, mais quelque chose me dit que ce n’est pas le cas. De toutes façons, c’est moi qui paye. Le lieu dit est une petite clairière très encaissée, un creux dans la jungle probablement produit par un glissement de terrain. En son milieu, presque invisible au sein de la végétation qui l’a envahie, les deux derniers degrés d’une pyramide enfouie. [Distingue-t-on une entrée ? 89, oui, mais ce n’est pas l’entrée principale]. L’accès principal est sans doute plusieurs mètres sous terre mais je repère deux racines qui ont provoqué une fissure suffisamment large pour que je m’y faufile.
[Tout ce donjon a été généré avec le générateur aléatoire de donjons du DMG. Je n’ai aucune idée de ce qu’il contient, je sais seulement qu’Ozu m’y a envoyé volontairement pour me nuire.]
La fissure donne au-dessus d’une salle carrée de vingt pieds de côté. Je crie à Eku et Undril que je vais jeter un œil, elles n’ont qu’à m’attendre confortablement dehors. J’accroche ma corde et descend prudemment.
[Détection de la porte secrète : Perception 8+4, hmmm. Je dirais que non, mais comment savoir [Pensez à monter un générateur de DC]. Oracle, Kass voit-elle cette porte secrète ? Peu probable, 4 Non, et contre toute attente ! 19 : « Au secours ! » Est-ce un humanoïde qui appelle au secours ? 15, Non mais… ça l’a été, ou approchant. Est-ce un objet ? 96, Oui, et contre toute attente ! « De Mal en pis »… Ah. Un objet appelle à l’aide et il a été humanoïde ou du moins vivant, et tout va très mal se passer. Cool cool cool. Je tire sur une table de mots pour en savoir plus : 500, dégoût… Bigre.]

Une épouvantable odeur de mort m’assaille dès que je pénètre dans la salle. Un profond malaise m’envahit, une envie de vomir si puissante [JdS de constit DC12 : 3+1] que je rends sur le champs tout le contenu de mon estomac. La salle est vide, le sol couvert de terre mais ses murs en bon état. Les lieux ne sont clairement pas habités, je sens pourtant une présence lancinante, partout autour de moi. Je cherche des boules de camphre dans mon sac et me les enfonce dans les narines pour la suite. Mes jambes flagellent. [Kass est-elle affaiblie ? Oui (mal en pis), un niveau d’épuisement, tout mes jets de compétence se feront avec désavantage.] J’entends Eku qui m’appelle depuis l’extérieur.
— Tout va bien là dedans ?
— Oui !
Ma fierté me perdra. [de mal en pis]
Deux portes me font face, au nord et à l’est, et un couloir au sud. J’y jette un œil, il fait rapidement un coude vers l’est. Les deux portes sont barricadées, et le bois tient bon [de mal en pis]. Je n’ai pas le choix, je m’enfonce dans le couloir. Après le coude, il remonte rapidement vers le nord et débouche dans une vaste crypte. Trois sarcophages renversés devant moi. Des champignons ont poussé un peu partout, sur le sol et les murs. Des racines pendent au plafond. Une porte sur le mur est, et l’envie irrésistible de m’enfoncer un peu plus dans cette tombe, comme si une voix m’y appelait du tréfonds des âges. La porte est ouverte. Je la pousse.
Je me trouve face à une statue monumentale d’Ubtao, bras croisés et coiffé du crâne du tyran. Longtemps vénéré dans toute la péninsule, ce dieu est à présent tombé dans l’oubli. Sa présence ici date la sépulture et indique l’importance du défunt, dont l’âme est ainsi placée sous la bonne garde de la divinité. Derrière lui, une fresque le représente combattant un serpent monumental. À sa gauche, une lourde porte de pierre, scellée. Inébranlable. Certainement l’entrée de la tombe principale, le sanctuaire que garde la statue. [Jet de perception avec désavantage pour repérer le mille-pattes géant tiré aléatoirement : 12 // discrétion du mille patte : 16] Je m’approche, le sol est étrangement meuble. Et se dérobe sous mes pieds.
Un horrible mille-pattes gros comme une jambe d’ogre s’enroule autour de ma cuisse. Je me dégage et le coupe en deux, bien net, avant qu’il me morde. Ces charmantes bestioles sont très toxiques. J’essuie consciencieusement ma lame avant de faire le tout de la statue. [La statue a-t-elle un lien avec l’objet maudit ? 76, Oui, et… c’est Ubtao lui-même qui l’a maudit]. En frôlant la fresque, je sens un léger courant d’air sur ma joue. Je me tourne vers le mur et souffle la poussière, passe ma main sur les pigments écaillés. [Perception pour la porte secrète avec désavantage : 19 +4 !!!] Une rainure verticale apparaît, qui suit les contours du serpent. La voix m’appelle. Je pousse fermement, le pan de mur pivote et me voilà dans le saint des saints.

Une salle carrée de trente pieds. Quelques cadavres puants. Un sarcophage intact, sans ornementation. Je n’ai pas le temps d’en découvrir plus : devant moi, une parodie d’humanoïde coiffé d’un chapeau de champignon s’agite, dégageant un gaz répugnant. [Perception pour le piège avec désavantage : DC10 // 5+4 !] Les ténèbres ne me dérangent pas d’habitude mais l’abondance de ce gaz dans la pièce me trouble soudain la vue. Le champignon s’approche à pas lents, je vais pour me placer à l’autre coin de la place mais, plutôt que de rencontrer une dalle de pierre, voilà mes pieds qui s’enfoncent au travers d’un entrelacs de rhizomes et de mousse dissimulant une fosse. [JdS de dex dc10 : 7+6, réussi, heureusement que les jets de sauvegarde ne sont pas affectés par la fatigue niv 1] Je plonge et me raccroche in extremis au rebord. La créature est presque à ma hauteur, je n’ai pas beaucoup de temps. [Acrobatics check avec désavantage pour sortir du puits de l’autre côté : 11, pas top. JdS de dex pour ne pas retomber : 12, ouf] Je prends appui sur les parois de la fosse, me hisse et roule au sol, mais me voilà prise dans un nuage de ses spores. Je tousse, mes yeux brûlent. Au moment où je parviens à les rouvrir et à reprendre pieds, je sens sa chair spongieuse m’enlacer. Là où mon plastron de cuir ne l’a pas protégée, ma peau flambe comme si on y avait versé de l’acide. Je me dégage d’un coup violent et saute par-dessus le piège puis glisse par l’entrée secrète jusque sous la statue. À présent hors de la vue de la mycose, je grimpe de l’autre côté.
[Tout ça principalement grâce à Roving, le feature qui remplace Favored Ennemy dans le Ranger de l’UA et donne une vitesse de nage et d’escalade égale à la vitesse de marche, elle-même un peu augmentée // Je passe les détails techniques du combat pas très passionnants, disons que ça se passe mal au début, tout rate et Kass prend plein de dégâts de poison, d’où le désengagement]
Je l’entends approcher à pas lents. Elle entre dans l’antichambre sans me voir. [Stealth avec désavantage : 19 réussite ! Le tournant du combat] Je bande mon arc, ajuste, tire. La flèche vient se ficher dans le chapeau et explose en projetant ses éclats de bois. La créature, sa tête à moitié arrachée émet un son d’outremonde et se précipite dans ma direction en dégageant son épais nuage verdâtre. Je m’efforce de ne pas inspirer, ferme les yeux. Je sais où elle est. Je tire de nouveau. Le silence se fait. Dans ma tête, la voix est toujours là.

Je descend de mon perchoir et rentre prudemment dans le sanctuaire. J’inspecte rapidement les cadavres : une troupe d’aventuriers à moitié dévorés par l’acide. Leurs peaux sont devenus mousseuses, des champignons violets leur poussent entre les côtes, entre les yeux, entre les dents. Je fouille leur sac : ils ont nettoyé les lieux avant de trouver leur fin. Petits objets funéraires, reliquaires, gemmes désenchâssées. Il y en a pour une petite fortune. Je récupère les gemmes et ne m’encombre pas de ferraille. Je prends aussi un petit reliquaire en argent. Puis je me tourne vers le sarcophage.
[Le sarcophage contient-il une momie ? 1 ! Non, et contre toute attente : 16, « révélation » ; Contient-il l’objet maudit ? 86 Oui, et il EST l’objet maudit. La malédiction s’active dès lors qu’on ouvre le sarcophage.]
Son couvercle est toujours en place. Je l’inspecte à la recherche de pièges. [Perception avec désavantage : échec]. Tout m’a l’air normal. Je le pousse. Dès qu’un filet d’air s’en réchappe, une cohorte d’ombres écailleuses s’élève et m’environne, s’insinue en moi par la bouche, les yeux, les narines. Je me débats sans effet. J’ai tout juste le temps d’apercevoir que la tombe est vide et je ne suis bientôt plus dans ce monde. Je suis passé dans le suivant.
Je suis au-delà du temps, au-delà de l’espace. Un serpent titanesque a avalé l’univers. Je suis dans ses entrailles et je suis au dehors. Il m’observe et m’avale. Je suis en lui mais il me fixe encore de ses pupilles fendues. Je me fonds en lui et me mélange à lui. Je vois par ses yeux tandis qu’il dévore le premier cauchemar. Je vois par ses yeux une ville d’or entourée de falaises que la jungle engloutit en un battement de cils. J’entends par ses oreilles son hurlement quand Ubtao l’enferme de par le monde dans neuf tombeaux scellés. Je vois par ses yeux la fin des temps, quand il jaillit du Pic de la Flamme pour dévorer le soleil et qu’Ubtao lui-même ne peut plus l’en empêcher.
Je reviens au monde et c’est à mon tour de hurler. Le serpent est en moi, je le sens. Je l’entends. Je suis condamnée. [Folie : culpabilité étouffante // Maudite : Kass va se transformer petit à petit en serpent, mais tout ça va l’amener vers Omu (« révélation ») // Et un niveau passé à l’issue de cette exploration, un niveau de Sorcier bien sûr !] [fin du mal en pis]

[Eku a-t-elle senti quelque chose ? 85, Oui, et… elle sait comment aider Kass : l’emmener voir le naga]
Je reviens sur mes pas en trébuchant jusqu’à la salle par laquelle j’ai entamé cette fouille tragique. Je ne cherche même pas à visiter le reste de la tombe. Là-bas, la corde est toujours en place. Je me hisse péniblement au dehors. L’air pur me fait du bien mais le plaisir est de courte durée. Je porte une chape de plomb sur les épaules. Au bas de l’édifice, Undril grille un lapin au feu de camp. Eku est tournée vers moi. Elle a l’air inquiète.
— Que s’est-il passé ?
[Kass va-t-elle lui raconter ? Peu probable. 78, oui !]
Je n’ai pas la force de lui mentir. Je lui raconte tout, j’ai besoin que ça sorte. À la fin de mon récit, Eku soupire. Undril me juge en silence, le menton couvert de graisse de lapin.
— Le serpent… C’est Dendar, le dévoreur des mondes, enfermé par Ubtao. Tu as absorbé une partie de son essence et ce faisant tu t’es liée à lui. Il va te pousser à le libérer.
Quelque chose me gratte. J’ôte mon plastron. Eku pousse un cri. Undril s’arrête de manger. Sur mon épaule, ma peau a laissé place à des écailles de serpent. Je m’effondre en sanglots. J’ai envie de mourir, mais je ne suis même pas sûre que cela me délivrerait du mal.
— Probablement pas.
Eku m’a répondu comme si j’avais parlé tout haut. Elle hausse le sourcil. [Sorcier du Grand Ancien, télépathie]
— Il faut t’emmener voir le naga.
— Le naga ? Pour soigner le mal par le mal ?
— Non. Le naga d’Orolunga n’est pas fille de Dendar, au contraire. Elle protège la jungle si bien, depuis si longtemps, qu’elle a vu Ubtoa de ses propres yeux quand il foulait de son pied le sol de Chult. Si quelqu’un sait comment déjouer la malédiction de Dendar, c’est elle.
— Et où est Orolunga ?
— Au-delà du bassin d’Aldani, au pied des monts brumeux.
— Mieux vaut se mettre en route, alors. Plus tôt on aura fini, plus tôt je pourrais rentrer à Port Nyanzaru planter cet escroc d’antiquaire.
Undril plisse le front. Sûrement désapprouve-t-elle mon désir de vengeance.
— Repose-toi donc un peu, propose Eku. Nous partirons ensuite. Notre amie doit bien avoir laissé un peu de lapin ?
[La malédiction empire-t-elle le lendemain ? Peu probable, 42. Non]

***

On notera donc ô combien l'oracle est capable de diriger l'histoire, et qu'il se mêle bien aux mécaniques déjà présentes dans le jeu lui-même. Le "mal en pis" a ainsi été redoutable et voilà mon perso obligé de s'attaquer à cette affaire avant toute chose, même si le "révélation" a permis de relier les deux (d'où le serpent). Il a aussi affecté la mécanique proprement dite (la fatigue) tout en la laissant respirer tout de même (sans quoi c'était fini).
Je n'aurais jamais osé aller aussi loin avec un joueur, ç'aurait été faire dérailler son perso de manière trop importante. Pourtant, le résultat est bon du point de vue de la dramaturgie, cela donne beaucoup de corps au personnage et de direction à son histoire personnelle, au-delà de la quête de base toujours un peu arbitraire.

Le générateur de donjon a aussi donné toute satisfaction (il s'agit juste de savoir l'arrêter, le mieux pour ça étant de se fixer un nombre de salles au départ, et de considérer les portes pas encore ouvertes comme des culs-de-sac une fois ce nombre atteint). C'était la première fois que je le testais, le résultat est convaincant.
Dernière modification par BenjaminP le ven. déc. 04, 2020 5:50 pm, modifié 1 fois.
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Re: [CR Solo] [DD5] Tombe de l'annihilation

Message par Cryoban »

BenjaminP a écrit : ven. oct. 02, 2020 6:30 pm On notera donc ô combien l'oracle est capable de diriger l'histoire, et qu'il se mêle bien aux mécaniques déjà présentes dans le jeu lui-même. Le "mal en pis" a ainsi été redoutable et voilà mon perso obligé de s'attaquer à cette affaire avant toute chose

C'est une des difficultés du jeu solo, savoir parfois juguler l'oracle sous peine de voir l'histoire se transformer en succession d'aventures qui ne se termine jamais vraiment et qui déraille de plus en plus.
Pour le moment tu t'en tires bien. Je n'ai pas pu reprendre ma partie, mais j'avais commencé la même campagne avec le système d'Ironsworn, c'est assez amusant de voir les points communs de nos aventures et les différences. Par contre j'ai pris le contrepied de la campagne en jouant dans le camp des méchants, histoire de pouvoir lire le contenu de la campagne au fur et à mesure mais en limitant l'impact du divulgâchage.
Cthulhu Invictus: Limes Obscurus. Certaines forêts sont plus sombres que d'autres
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Un cadavre encombrant Un prologue alternatif à La Ville en Jaune
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Re: [CR Solo] [DD5] Tombe de l'annihilation

Message par BenjaminP »

Cryoban a écrit : lun. oct. 05, 2020 10:31 am C'est une des difficultés du jeu solo, savoir parfois juguler l'oracle sous peine de voir l'histoire se transformer en succession d'aventures qui ne se termine jamais vraiment et qui déraille de plus en plus.

Tutafait. Il faut savoir ne pas lui poser de questions de temps en temps, quand on veut aller vers une conclusion plutôt que de diverger encore.
J'utilise aussi pour ça un oracle en trois parties, découverte, conflit, résolution, où la répartition des péripéties change : il y a bien plus de chances de tomber sur un "mais" ou un "contre toute attente" en phase de découverte que lorsque la scène ou l'enjeu considéré se dirige vers sa résolution. Ça permet de construire organiquement un scénario en diamant, qui s'évase au début pour se resserrer ensuite.

Je réfléchis beaucoup à cette histoire de divulgâchage aussi, dans le cadre du solo pour jouer des campagnes écrites. Pour l'instant, ma méthode est de lire le passage concerné uniquement quand il devient pertinent, ce qui donne un mélange de surprise et de "prémonition". Par exemple, je ne sais pas du tout ce qui m'attend à Omu, ni à Orolunga, mais je sais qu'à Mbala, Eku va me demander de combattre, puisque c'est dans la description d'Eku. Il y a bien sûr un aspect "saut de la foi" là-dedans, puisque je peux partir dans une direction qui sera contredite plus tard par le livre, mais tant pis. Par exemple, la malédiction de Dendar pourrait ne pas coller du tout avec la suite, ce qui provoquera de sérieuses divergences. Mais c'est aussi le jeu !

C'est ma première expérience solo, je ferais donc certainement de grossières erreurs, mais j'en tire déjà beaucoup de plaisir et d'enseignements.
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Re: [CR Solo] [DD5] Tombe de l'annihilation

Message par Cryoban »

j'ai fait comme ça pour ne pas me divulgâcher La Tombe (et ca marche plutôt pas mal):

Cryoban a écrit : mar. mars 03, 2020 3:15 pm - Je commence par ne pas lire le scénario! :lol:
- Les campagnes D&D du commerce sont toujours formatées peu près de la même façon avec une découpe par chapitre en fonction des lieux et du niveau. Il y a des cartes avec des numéros qui renvoient à des paragraphes
- A partir de là, je commence à jouer en repérant sur la carte l'endroit ou je suis (ici Port Nyanzaru) et je lis uniquement le petit paragraphe d'intro de la zone qui décrit dans les grandes lignes le lieu mais qui dans les publications WotC au moins, ne donne pas d'information par rapport à l'intrigue, seulement par rapport au lieu. Ca me permet d'orienter la narration.
- Ensuite quand je cherche à savoir quelque chose, trouver un PNJ ou un batiment, des renseignements, des rumeurs etc (et que donc en général je vais faire un move) je commence par parcourir le sommaire du livre de campagne pour voir si quelque chose me saute aux yeux. Si ce n'est pas le cas, je parcours le chapitre de la zone ou je me trouve, mais sans lire le blocs de textes je regarde juste les en-têtes et les premières phrase ou les présentations de PNJ qui en général annoncent clairement leur rôle/status. Donc une lecture superficielle.
A - Si je repère un élément qui se rapproche de ce que je recherche, alors je vais lire les détails pour m'en inspirer et gérer mon Move
B - Si au cours de cette lecture je découvre un secret/spoil ça veut dire que ça devient un enjeu éventuel de la scène. S'il s'agit d'une intrigue secondaire sans trop d'intérêt, je l'ignore purement et simplement, si au contraire ça me parait intéressant j'introduis l'idée dans ma partie mais pas en suivant ce qui est écrit dans le scénario. Exemple: si je découvre qu'un Prince marchand de nyanzaru a payer un groupe de voleur pour suivre notre expédition dans la jungle afin de nous empêcher de découvrir la vérité. Je garde seulement l'essence de l'idée: a savoir que quelqu'un ne veut pas qu'on sache la vérité. Mais c'est le fonctionnement de l'oracle d'Ironsworn et les opportunités d'ntroduire un twist (double résultat sur dés de challenge) qui me donneront l'occasion d'introduire cette trame, mais ca sera selon toute vraissemblance avec un autre PNJ qui use d'un tout autre moyen (ex ca sera plutot un mage Chultien qui nous observe via sa boule de Clairvoyance et qui va tenter de nous lancer des sorts de possessions à distance).
C - Si rien n'attire mon attire mon attention, dans ce cas je laisse faire l'Oracle pour me donner une situation
D- Les tables de rencontres aléatoires, les tables de rumeurs et autres truc pré-formatés propre à D&D sont aussi un grand avantage pour créer de la narration sans se spoiler

Une fois qu'une intrigue est ainsi lancée, elle vivra sa vie et je ne chercherai pas à la ramener vers ce qu'il y'a de prévu dans le scénario. Seuls l'objectif initial du protagoniste importe

Donc au final, l'histoire suit à peu près la trame de la campagne car je retrouverai les lieux, les principales motivations des protagonistes, les protagonistes principaux qui sont inscrits en dur dans le background de la campagne et donc incontournables
Exemple: c'est le cas de Valindra dans ToA mais elle n'a pas du tout le même rôle que dans ma partie où seules ses motivations sont les mêmes: comprendre et s'approprier ce qu'il se passe avec la Malédiction. Donc je me suis spoilé ce qu'elle faisait dans la campagne, mais j'ai tout viré et garder seulement l'essentiel: son objectif. La portée du spoil est ainsi très limité.

Ainsi même si je me divulgache certains éléments, le fait de les réinjecter dans la moulinette de l'Oracle permet de garder la fraîcheur de l'intrigue. Donc ma partie sera du Tomb of Annihiliation...sans vraiment l'être. Bref, ça revient un peu à garder l'esprit mais pas la lettre. ;)

Par contre je pense que cette démarche ne marche pas avec tous les scénarios, c'est la linéarité traditionnelle des campagnes D&D officielles qui permet de gérer ça comme ça. Une campagne un peu sand-box avec une carte relationnelle complexe ne pourrait pas être gérer de cette façon, il vaudrait mieux dans ce cas là se contenter de prendre la situation de départ et utiliser l'Oracle pour générer toute la suite, comme on le fait classiquement avec Ironsworn
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Re: [CR Solo] [DD5] Tombe de l'annihilation

Message par BenjaminP »

Cryoban a écrit : lun. oct. 05, 2020 11:32 am j'ai fait comme ça pour ne pas me divulgâcher La Tombe (et ca marche plutôt pas mal):

Oui, j'avais vu ! C'est à peu près ce que je fais, d'ailleurs. (Il faut dire aussi que je ne suis pas très sensible au divulgâchage en général.)
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Re: [CR Solo] [DD5] Tombe de l'annihilation

Message par BenjaminP »

Je mets la suite, pour la peine (et j'ai encore deux parties en réserve !). C'était une session un peu curieuse, parce qu'il s'agissait de jouer un "gauntlet", une série linéaire de pièges. Je ne dirais pas que c'est ce qui a le mieux fonctionné (passer le piège nécessite de comprendre un gimmick, mais en solo cela ne peut se faire autrement que par un coup de dé...), mais l'essentiel est que ça a quand même fini par générer de la fiction et à influencer considérablement la suite des événements.

***

Deux jours plus tard, nous tombons un matin sur une construction en bois proche de la rivière où nous passons la nuit, mais je me lève le matin très fébrile. Eku repère une piqûre d’insecte sur ma nuque et suppose qu’il s’agit d’une fièvre frissonnante. Heureusement la journée suivante se passe sans encombre malgré ma faiblesse qui nous ralentit quelque peu, et je me réveille bien plus fraîche. Les berges du Shoshenstar sont infestées de rat. Certains nous suivent un petit bout de temps, presque intrigués.
[La malédiction empire-t-elle ? Peu probable, 57. Non]

Le quatrième jour, autour de midi, nous distinguons le long de la rive une statue de crocodile si haute qu’elle dépasse le faîte des plus hauts banyans. Eku nous enseigne qu’il s’agit de la Maison du Crocodile, un très vieux sanctuaire abandonné. Selon Undril, un camp du Gantelet devrait se trouver à ses pieds. Nous approchons sans trop de crainte mais ralentissons le pas quand nous découvrons que le camp a été déserté à son tour. Une odeur de graisse brûlée nous agresse les narines. Les premières tentes sont déchirées, visiblement à coup de griffes ou de lames. Le mildiou a déjà dévoré les tissus. Un bruit attire notre attention sur notre gauche, presque un gémissement. Dans son enclos, une bécache bien mal en point gémit au milieu de cadavres de porcs au dernier stade de la décomposition. Je soulève la barrière et lui donne un peu d’eau qu’elle boit goulument avant de filer vers la jungle. Derrière cet enclos, une tranchée au pied de la statue monumentale devait constituer les latrines du camp. L'odeur est indescriptible.
[Kass a-t-elle l’idée saugrenue de fouiller ces latrines ? 23, Non.]

Nous nous en éloignons pour explorer la vaste tente qui devait abriter le commandement. Elle est en meilleur état. L’intérieur a été méthodiquement nettoyé. [Undril en déduit-elle quelque chose ? 89, Oui, mais… elle se trompe] Undril suppose que les templiers qui l’occupaient ont pris le temps d’emporter tout ce qui importait. Perché sur un petit tumulus qui la surplombe, un sanctuaire de bois en l’honneur de Torm a brûlé. Undril se signe et s’y dirige. Elle repère un objet brillant accroché à un brandon éteint, qu’elle décroche. C’est un symbole sacré.
— Il n’a pas fondu. Torm ne les a pas abandonnés.

Nous nous tournons enfin vers la statue. Ce n’est pas un crocodile en réalité, mais un homme qui porte un crocodile sur son dos.
— Une légende locale, nous explique Eku. Aux premiers jours du monde, un homme se tenait au bord d’une rivière qu’il ne pouvait franchir. Un crocodile vint le voir en nageant et lui demanda : “Qu’est-ce qui te chagrine, mon cousin l’homme ?” L’homme lui répondit : “Je ne peux traverser ton domaine car tes frères y pullulent.” “C’est vrai, répondit le crocodile, mais je peux t’aider si tu me promets de me retourner la faveur. Monte sur mon dos.” L’homme s’exécute et traverse la rivière sain et sauf sur le dos du crocodile. Parvenu sur l’autre rive, il lui demande : “Comment pourrais-je te rendre la pareille ?” Le crocodile répond : “J’aimerais traverser le domaine des hommes mais ne le peux parce que tes frères y pullulent. Transporte-moi sur ton dos et j’y arriverai.” L’homme avait été berné, mais une parole est une parole, et il transporta sur son dos un crocodile pour le reste de sa vie. Il jura à sa mort que jamais plus un homme ne s’entendrait avec un crocodile, et sa promesse a tenu jusqu'à aujourd’hui.
Je suis intriguée.
— Belle histoire. Mais ce sanctuaire, qui honore-t-il, dans ce cas ?
— J’ai toujours considéré qu’il honorait la rivière, mais je n’en sais rien en réalité.
— Et ce passage entre ces jambes ? Il semble s’enfoncer dans la colline.
— Oui. On dit qu’il recèle de terribles pièges, que jamais personne n’en est sorti vivant.
Eku me regarde avec inquiétude en prononçant ces paroles. Elle sait que je ne pourrais pas résister. Undril intervient :
— La dernière fois que tu as voulu aller seule dans une vieille ruine de ce genre, tu as libéré un des plus grands fléaux de ce monde. Cette fois, je t’accompagne.
— Bien. Comme ça, nous libérerons le prochain fléau toutes les deux.
Undril n'apprécie pas mon humour. Elle grogne et me pousse en avant.

Je passe entre les jambes de la statue. Le sol y est fait de pierre glissantes couvertes de boue. D’une main, je le balaye du manche de ma hache d’arme en avançant, conservant l’autre main pour écarter les toiles d’araignée. [Perception DC 13 avec désavantage : 16+4 !] Je repère ainsi facilement le premier piège, une plaque de pression que nous évitons scrupuleusement. Le couloir s’élève ensuite brusquement de 7 pieds. Je monte la première et, encore à moitié en équilibre dans le vide, j’observe. [Perception DC 13 : 15+4 !] Des tranchées d’un pouce de large sont visibles dans les murs de chaque côté. [Kass a-t-elle une idée pour le désamorcer ? Non, et... elle pense que oui] Je m’avance pour en bloquer ce que je crois être le mécanisme mais me prend les pieds dans une corde. Deux gigantesques faux jaillissent des murs comme des pendules lancés à toute allure. [JdS de Dex : 12+6 = 18, réussi] Je me jette en avant et me lance d’une main dans un deuxième bond pour les éviter toutes deux. Je passe de justesse, au prix d’une belle éraflure sur la cuisse. Je me sers ensuite de la lame de ma hache pour stopper petit à petit les pendules avant de déclarer à Undril que la voie est libre. Devant moi, une autre de ces marches de sept pieds. J’escalade avec encore plus de prudence. J’aperçois sur le sol des dalles, mur à mur, gravées de symbole. [Perception : 15+4 = 19] En face de moi, au sommet d’une troisième de ces marches de sept pieds, une porte où les symboles se répètent. L’un d’eux brillent d’une faible lueur. Il ne me faut pas longtemps pour comprendre. Je saute sur la dalle correspondante. La lueur change de place. Je suis. Cette fois, plus rien. [Perspicacité : 17+2 ! Kass comprend] Elle est sans doute trop basse, cachée par la marche. Soudain je saisis tout !
— Undril, porte-moi sur tes épaules !
Undril a l’air outré que j’ose proférer une telle demande.
— Pardon ?
— Porte-moi sur tes épaules ! Comme le crocodile !
[Undril accepte-t-elle l’humiliation ? 62, oui]
Elle grommelle mais s’avance. Je lui indique le chemin de la première dalle et de là saute sur épaules et prenant appui sur le mur. [Acrobatics DC 12 : 9+6] De là haut, je distingue parfaitement la troisième lueur. Nous parvenons ainsi sans encombre jusqu’à la marche et l’escaladons. Quatre symboles y sont illuminés, deux en haut, deux en bas. [Kass comprend-elle ? 58, oui.]
— Je remonte !
Et sans même attendre son avis, je me perche de nouveau sur les épaules de la demi-orc.
Nous approchons. J'appose ma paume sur un des symboles à ma hauteur, puis les deux. Undril fait de même. La porte s’ouvre dans un gros claquement. Derrière, une pièce immense, au sol jonché d’os, chacun aussi grand que moi. Des toiles d’araignées pendent du plafond jusqu'à son centre, où un escalier en colimaçon s’élève et s'achève sur un autel. Des bas-relief de l’homme au crocodile l’ornent tout du long. Nous nous lançons dans cette ascension périlleuse, moi toujours perchée sur les épaules d’Undril. [Acrobatics : 20+6 !] En son sommet, une jarre est posée sur un piédestal. Je m’en saisis. Nous restons un moment immobile. Rien ne se passe. J’entends Undril souffler en contrebas. J’espère qu’elle tiendra jusqu’au bout… Nous nous lançons dans la descente. [Athletics : 4… Non]
Alors que nous arrivons aux dernières marches, Undril tangue et je bascule. Je roule du mieux que je peux jusqu'en bas de l'escalier en préservant la jarre [Acrobatics avec désavantage DC 15 : 12+4, réussi] tandis qu’un grondement se fait entendre au-dessus de nos têtes. D'énormes rochers tombent du plafond et viennent s'écraser sur les os qui jonchent le sol en un fracas épouvantable. Le sanctuaire est en train de s’effondrer autour de nous. Je jette un œil en arrière, Undril évite les débris du mieux qu’elle peut mais l’un d’eux lui a salement amoché le cuir chevelu [2 jds sauvegardes de Dex chacun, Kass réussi les deux, Undril en rate un]. Elle saigne abondamment. Nous fonçons vers la sortie. La porte est toujours ouverte, je saute d’un bond par-dessus les dalles puis me retourne. Undril va être un peu courte. Prenant appui sur mes mains, je l’agrippe de mes deux jambes avant qu’elle touche le sol et redirige sa chute en dehors des dalles [Acrobatics DC20 : 19+6 !!!!]. Nous nous relevons toutes les deux alors qu’un mur menace de nous engloutir dans sa chute et passons le piège des faux. Eku nous attend à l’entrée. Elle nous crie de ne pas oublier le premier piège. Nous jaillissons tandis que tout s’écroule.
La tête colossale du crocodile est tombée en plein milieu du chemin, ce qui nous force à quelques acrobaties pour nous tirer de là enfin. Je passe la première et me retrouve face à une dizaine de pointes de lance tenues par de petits êtres aux visages dissimulés derrière des masques de bois. Je lève les mains et jauge la situation. Ils sont sept en tout. Undril et Eku arrivent derrière moi et lèvent les mains à leur tour.
J’ouvre les négociations.
— Que voulez-vous ?
— Trésor ! Trésor !
— Il n’y avait rien là-dedans.
[Deception 7+4, ils n’ont pas l’air très convaincus. Sûrement parce que Kass tient une jarre magique dans la main.]
— Trésor ! Sinon, couic !
— Et si trésor ?
[Les gobelins sont-ils disposés à nous laisser partir vivantes ? 34, Non.]
— Couic quand même !
C’est bien ce que je pensais. Mes muscles me tirent, je suis à bout de souffle. Je jette un œil à Undril et Eku, qui ont l’air plus affûtées que moi. Je jette la jarre vers celui qui m’adressait la parole et dégaine mes lames tandis qu’il s’empêtre et lâche sa lance pour recevoir mon offrande. Derrière moi, Eku prononce quelques mots et une douce lumière m’envahit. Mes muscles se délassent. Alors une chose effrayante se produit : de sinistres tentacules semblables à des serpents noirs de jais sortent du sol et enserrent les créatures qui m’entourent, au point d’en étouffer trois. Les petits êtres encore debout serrent les coudes et nous dardent de leurs pointes, mais Undril reproduit la magie qu’elle avait déployé contre les reptiles et nous redonne de l’air. Le combat tourne ainsi rapidement en notre faveur et nous mettons en fuite les survivants.

J’ôte le masque d’un mort : ce sont des gobelins. Des batiri, comme les appelle Eku. J’accroche un de leurs masques à ma ceinture et me dirige vers la rive où j’ai aperçu quelques canots amarrés. Je les inspecte. [L’un d’eux est-il utilisable ? Très probable, 24 – 6, Non et ! Et Kass ne le détecte pas.] L’un d’eux me paraît en état de naviguer. Je jette mes affaires à l’intérieur, y dépose la jarre avec précaution et propose aux autres de m’y suivre. Nous voguerons ainsi sur le Soshenstar jusqu’au camp de la Vengeance. Eku prend la barre et Undril le premier tour de rames. J’en profite pour sombrer dans un profond sommeil.
[Le canot va-t-il couler ? Conflit, 37, non] [Le canot va-t-il se briser sur un écueil ? 32, non] [Je tire sur la table de verbes pour en savoir plus : 368, pollue… Mmm…] [Le canot déclenche-t-il le courroux d’un esprit de la rivière par sa présence ? 94 +4 = 98, oui, mais, il sera possible de l’apaiser] [Est-ce la jarre dans le canot qui cause son courroux ? 65, oui !]

Un serpent m’avale et me recrache. Je me transforme en serpent, je perds mes jambes, je perds mes bras. Des écailles me recouvrent le corps. Je me réveille en sursaut quand la jarre est brusquement tirée de sous ma tête.

Je me relève juste à temps pour la voir filer sur la rivière en direction de la rive, comme animée d’une vie propre. Je plonge. [Athletics DC12 : 13 – 1 = 12] Je parviens à la rattraper juste avant la berge et la soulève hors de l’eau. Une cordelette est enroulée autour de son col, qui file jusqu’à la rive, jusque dans les mains d’un bonhomme haut comme trois pommes, dont les cheveux hirsutes dépassent d’un masque blanc. Je ne sais trop que faire. Eku et Undril m’observent depuis la barque. Je nage jusqu’à la rive et demande à Undril de venir par ici.
[Le Chwinga manifeste-t-il de l’intérêt pour Kass ? 46, Non.]
La petite créature tire sur sa cordelette à intervalles réguliers pour m’arracher la jarre des mains, sans me prêter la moindre attention. Eku rit en le voyant.
— C’est un chwinga. Un esprit de la jungle.
— Que veut-il ?
— Cela me semble évident.
— Mais que compte-t-il en faire ?
Eku hausse les épaules. Je tire un couteau et coupe la corde. Le Chwinga tombe sur ses fesses. Nous rembarquons.
[L’esprit de la rivière va-t-il gagner en force ? 24, Non. En nombre ? 52, Oui.]
À la mi-journée, alors que nous naviguions sur une eau plate comme la gaste, de brutaux remous agitent soudain la surface. Je m’accroche à la barque mais elle tangue bien trop et nous nous retrouvons toutes trois à l’eau. [Les Chwingas arrivent-ils à renverser la barque ? Très probable, 38, oui !] [Undril sait-elle nager ? Peu probable, 88+6, oui, mais... Mais sa cotte l’en empêche.] Dans sa cotte de mailles, Undril menace de couler à pic. Je nage à toute force vers elle et tente de l’en dégager en coupant les liens de cuir qui la ceignent mais je n’y parviens pas. [Sleight of hand, DC 15 : 8+4, échec]. J’aperçois du coin de l’œil la jarre qui disparaît au milieu des remous. [Eku va-t-elle se transformer pour sauver Undril ? Non, et contre toute attente : 2, résolution. Aïe.] Je plonge, Undril est déjà six pieds sous l’eau et dans cette eau agitée la vase m’empêche de distinguer quoi que ce soit. Je la perds de vue. Je ne peux plus rien. Je remonte et, émerge au milieu de la rivière. Eku a atteint la rive et s’en extirpe avec peine. Je l’y rejoins. Mon épaule me démange.

[La malédiction a-t-elle empiré ? 74, oui.]
Je plonge, plonge, plonge et replonge jusqu'à l'épuisement, sans jamais retrouver Undril. C'est terminé. Nous installons un campement pour sécher nos vêtements. Eku s’alarme de l’état de mon épaule, à présent complètement couverte d’écailles. Je la cache de ma main. De sombres pensées me gagnent. Tout empire. J’ai tué Undril [culpabilité étouffante] et je cours à ma perte.
Je suis tentée de rebrousser chemin mais Eku m’en dissuade. Il faut que j’aille voir le Naga. C’est à treize jours de marche selon elle, nous pourrions avoir le temps. La progression de la malédiction semble plus lente. Mais combien plus lente ? Ai-je un mois devant moi ? Deux ?
[Dois-je laisser une question pareille à l’oracle ? Je ne crois pas, ça tuerait la surprise et l’immersion. Je continuerai plutôt à jeter de temps en temps un dé de dégradation en suivant le fil du récit.]
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Re: [CR Solo] [DD5] Tombe de l'annihilation

Message par Cryoban »

j'ai bien aimé ton petit conte Cthulhien ;)
je pense qu'effectivement un dé de dégradation sera plus judicieux que l'oracle pour gérer la malédiction.

Je trouve que tu as été un peu dur avec le "Oui mais" de la noyade d'Undril, un oui mais est une réussite avec un prix. Ta question à l'oracle étant est ce que Undril savait nager, elle aurait pu s'en tirer. Tu aurais plutôt du demander à l'oracle si toi tu t'en sortais, le prix aurait alors pu être Undril mais un résultat Non aurait alors signé la fin de tes aventures ;)
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Re: [CR Solo] [DD5] Tombe de l'annihilation

Message par BenjaminP »

Cryoban a écrit : lun. oct. 05, 2020 12:58 pm j'ai bien aimé ton petit conte Cthulhien

L'homme et le crocodile ? Je n'invente rien, il est tel quel dans le livre ! Et j'en ai été surpris, je m'attendais à la métaphore du scorpion (parce que c'est dans ma nature gna gna).

Cryoban a écrit : lun. oct. 05, 2020 12:58 pm Je trouve que tu as été un peu dur avec le "Oui mais" de la noyade d'Undril, un oui mais est une réussite avec un prix. Ta question à l'oracle étant est ce que Undril savait nager, elle aurait pu s'en tirer. Tu aurais plutôt du demander à l'oracle si toi tu t'en sortais, le prix aurait alors pu être Undril mais un résultat Non aurait alors signé la fin de tes aventures

À la relecture, tu as raison, je me suis un peu précipité mais c'est que j'ai dans l'idée qu'elle pourra ressurgir, en réalité. Et comme j'avais fait (sans le savoir !) du foreshadowing avec cette histoire d'armure, ça me paraissait pertinent de le glisser là. Si Kass avait réussi son jet de Sleight of hand, tout aurait bien été.
Et j'évite de jouer la vie du protagoniste sur une question de l'oracle, du moins pour l'instant. Je laisse le système s'en charger à coups de points de vie et de jets de sauvegarde. Tu me diras, je pourrais laisser l'oracle m'imposer des JdS !
Tu verras dans la suite que la disparition d'Undril a eu en plus bien plus d'importance que je ne l'imaginais (en plus de me laisser à deux contre une adversité systématiquement conçue pour quatre personnages).
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Re: [CR Solo] [DD5] Tombe de l'annihilation

Message par Cryoban »

BenjaminP a écrit : lun. oct. 05, 2020 1:05 pm
L'homme et le crocodile ? Je n'invente rien, il est tel quel dans le livre ! Et j'en ai été surpris, je m'attendais à la métaphore du scorpion (parce que c'est dans ma nature gna gna).


Ah ben j'en suis pas encore arrivé là moi!

je vais peut-être arrêter de me divulgacher des choses en te lisant en fait :mrgreen:
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Re: [CR Solo] [DD5] Tombe de l'annihilation

Message par Berzerk »

Très sympa ce cr  :yes:

J'invoque @Vorghyrn qui serra peut être intéressé à le lire en tant que soloïste DD5 !  ;)
Le narratif, c'est fantastique ! :D

Mon blog sur le jdr en solo : https://herossolitaire.blogspot.com/
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Re: [CR Solo] [DD5] Tombe de l'annihilation

Message par BenjaminP »

Berzerk a écrit : mer. oct. 07, 2020 9:51 pm Très sympa ce cr

Merci ! Ça fait plaisir.

Voici la session suivante, où l'absence d'Undril se fait cruellement sentir, mais fait d'un épisode transitoire une vraie petite tranche de vie d'aventuriers ! En la jouant, j'avais vraiment le sentiment que le résultat aurait été assez proche à plusieurs autour d'une table : c'est tout à fait le genre de plans qui se créent lors des parties classiques, à la fois improbables, rigolos et expéditifs. Pas sûr que ça tiendrait la route dans un roman bien sûr, mais c'est terriblement rôliste.
Comme tout le développement est plus ou moins prévu à l'avance dans ToA, un seul jet d'oracle aura été nécessaire pour aboutir à ce déroulement. Mais quel jet ! J'ai eu envie de lui faire honneur.


***

Nous reprenons la route à travers la jungle, toujours le long de la rivière. Loin au-dessus de nos têtes, un vol quetzacoatl se dirige vers le sud. Nous passerons par le camp de la Vengeance les prévenir de la mort d’Undril, c’est le moins qu’on puisse faire pour elle.
Deux jours plus tard, après une matinée passée à me sentir observée, comme si un œil reptilien était posé sur moi en permanence, nous arrivons en vue du camp. De nombreuses barques sont amarrées sur la rivière à sa hauteur. Il est très bien protégé, par de hautes palissades d’abord, une profonde tranchée ensuite, qui abrite un véritable charnier. Des carcasses humaines s’y mêlent aux charognes animales. Les mouches s’en donnent à cœur joie. L’arrivée n’est pas très réjouissante. [Insight DC 12 : 2+2 : Kass ne perçoit que l'évidence] Deux hommes montent la garde depuis un chemin de ronde. Je coiffe mon chaperon et m’annonce, dis que nous apportons des nouvelles d’une brave templière de la confrérie du Gantelet. Ils ouvrent la lourde porte.

Le camp est un taudis. Des flaques de boue partout, qui attirent les moustiques. Les habitants, des templiers pour la plupart, ont l’air épuisé, malades, apathiques. L’hôpital de campagne déborde et on ne saurait dire qui, des patients ou des médecins, a l’air le plus mal en point. La gangrène, la fièvre frémissante, la toux des sangsues sont partout. Dans l’enclos censé contenir suffisamment de bêtes pour nourrir cent personnes, quatre chèvres rachitiques chipotent une eau croupie. Une femme descend de la tour de guet.
— Lorsa Bilwatal, chef éclaireuse. D’où venez-vous ?
— De la jungle. De Port Nyanzaru. Nous avons suivi le Soshenstar depuis l’embouchure.
— Des mauvaises rencontres en route ?
Je hausse les épaules pour toute réponse. Je préfère détourner la conversation.
— Qu’est-il arrivé au camp du Juste, plus bas sur la rivière ?
— Des morts-vivants. Ils ont envahi la jungle, particulièrement à l’est du Soshenstar jusqu’à Mezro. Ils ont attaqué le camp en pleine nuit, par surprise. Nous avons dû filer en catastrophe et nous réfugier ici.
— La situation n’a pas l’air idéale.
J’ai un vrai talent pour l’euphémisme.
— Pas vraiment. Nous manquons de tout. Je vous amène au commandant Bone.
Nous la suivons. Elle nous indique une tente, au centre du camp, et nous salue d’un sourire las avant d’aller reprendre son poste.

Le commandant est penché sur une carte. Deux aides de camp, une femme et un nain, lui font un rapport peu glorieux sur l’état de leurs stocks. Il lève à peine la tête quand nous entrons.
— Nous apportons des nouvelles d’Undril Silvertusk. Elle devait se rendre ici. Elle est morte.
— Comme nous le serons tous bientôt.
Bone lève le nez et nous regarde un instant, chacune à notre tour. J’ôte mon chaperon. Il lève un sourcil.
— Vous avez l’air exténuées mais encore bien plus en forme que n’importe lequel de mes hommes. J’ai là dehors un détachement de quatre indigènes qui a besoin d’un commandement pour une patrouille de deux semaines entre le Soshenstar et le Tiryki. Vous partirez demain.
À mon tour de lever un sourcil.
— Nous ne sommes pas sous vos ordres.
— Vous n’étiez pas sous mes ordres. Vous l’êtes à présent. J’ai tout pouvoir de conscription sur ce camp. Demandez donc aux indigènes.
Je jette un œil à Eku, aussi surprise que moi.
— Nous ne sommes pas des soldats, commandant, précise-t-elle.
— Vous êtes ce que j’ai de mieux sous la main.
Cette situation est absurde et intenable. Je n’ai pas deux semaines à perdre.
— Je dois me rendre de toute urgence à Orolunga, Bone. C’est une question de vie ou de mort.
— Commandant Bone. Et je vous le confirme, c’est une question de vie ou de mort : obéissez ou je vous fais passer en cour martiale.
[Tout ce développement est prévu dans ToA. La présence d’Undril aurait pu tout arranger !]

Je suis prise de court. Comment réagir ? Partir avec la patrouille et nous enfuir ? Le Gantelet me considérerait comme une déserteuse. Et Eku n’accepterait jamais que nous nous débarrassions des soldats pour ne pas laisser de témoins. Résister et braver la cour martiale ? Je ne donne pas cher de nos chances. C’est le moment de se délier la langue. Je me tourne vers l’un des aides de camp et le fixe, droit dans les yeux.
— Je suis à la recherche d’un remède, le seul qui pourra me sauver. Mes jours sont comptés, chaque minute que je passe ici sont un risque que je prends. J’ai pourtant détourné ma route pour vous apprendre la mort d’Undril, par respect pour elle et votre institution. Me renvoyer vers l’est serait me condamner à mort.
[Persuasion DC15 : 3+4, échec]
Il détourne le regard. Bone est retourné à sa carte. Je porte tous mes espoirs sur la femme.
— Faites quelque chose, pour l’amour de Tyr ! Quel dieu de Justice permettrait qu’un commandant inepte, qui entraîne tout un camp vers sa perte, puisse ainsi condamner une innocente de plus ?
[Persuasion DC15 : 19+4, réussite]
Elle a l’air secoué. Je pousse mon avantage en interrompant Bone qui fulmine.
— Je m’appelle Kass. Kassandra Teneril Cadvallon. Et vous ?
— P-Perne, bégaye-t-elle. Perne Salhana.
— Perne, vous ne pouvez pas laisser faire ça. C’est arbitraire et inutile.
Bone est rouge de colère.
— Sortez de cette tente. C’est un ordre !
Je l’ignore et reste tournée vers Perne.
— Votre camp est dans un état misérable, si les morts-vivants ne vous tuent pas aujourd’hui, la dysentrie s’en chargera demain. Vous n’avez plus de vivres, plus d’hommes, seulement des barques en bon état. Rentrez tant qu’il est temps. Ne laissez pas un mauvais commandement sacrifier toutes vos vies.
— ARRÊTEZ CETTE CRÉATURE IMMÉDIATEMENT !
[Perne va-t-il oser tenir tête à son commandant ? 99 !!! Oui et contre toute attente : menace, un conflit apparaît, Kass doit l’éviter, combattre ou se mettre en danger. J’aime quand l’oracle a envie que ça bouge.]
Bone est hors de lui, mais Perne a l’air secoué. Elle sait que j’ai raison. Elle passe derrière Bone et lui plante son épée en travers de la gorge avant qu’il ait eu le temps de réagir. Le commandant déglutit son sang sur la carte et s’effondre.
– Vous êtes relevé de vos fonctions, commandant. Vous nous meniez au suicide.
Mais le nain n’a pas l’air de partager son goût pour la mutinerie, aussi justifiée fût-elle. Il tire une hache de sa ceinture. Je ne lui laisse pas le temps de s’en servir contre Perne et me jette sur lui, mais Eku intervient sur un ton que je ne lui ai jamais entendu, un ton d’autorité absolument irrésistible.
[Eku utilise son pouvoir de suggestion]
— Seigneur Nain, vous allez sortir de cette tente, sortir de ce camp et partir affronter l’ennemi véritable : les morts-vivants. Vous ne reviendrez pas avant.
À ces mots, le nain cesse d’abord tout mouvement. Puis il s’exécute et sort de la tente très calmement, en direction de la rivière et de la sortie du camp. Perne et moi sommes interloquées. Eku ne nous laisse pas le temps de lui poser la moindre question.
— Il faut faire vite, tranche-t-elle, si on veut éviter que le sang coule encore. Une mutinerie générale tournerait à la boucherie. Que proposez-vous ?
Heureusement, j’ai ma petite idée.
— Faites disparaître ce corps le plus discrètement possible. Je me charge du reste. Perne, ce n’est pas le moment de vous tracasser, vous aurez tout loisir de réfléchir à la portée de votre geste une fois que vous aurez sauvé tous les habitants de ce camp d’une mort certaine.
Perne a l’air hagard. Son épée dégoutte du sang de Borne. J’arrache la cape du commandant pour l’essuyer, avant de la jeter sur le cadavre en guise de linceul. Je jette la carte ensanglantée au feu, puis j’enfile mon chaperon et le rabaisse. Je ressemble à présent à s’y méprendre à ce commandant Bone, jusqu’à sa lourde armure. Un peu plus petit, un peu plus fin, mais l’illusion devrait fonctionner. Quand on a une tête comme la mienne, c’est un tour bien utile et qu’on apprend très jeune, pour peu qu’on en ait la possibilité.

Je sors de la tente à mon tour et accélère le pas jusqu’à me placer quelques mètres derrière le nain, en marche vers la rivière. Je fais de grands gestes, le plus de bruit possible. Je veux que tout le monde me voit. Je passe la porte, salue les gardes et me dirige vers la rive. Le nain suit la berge vers le nord. Je m’arrête au bord de l’eau, me retourne. Les deux gardes en faction m’observent, curieux. Je lève les bras en croix et me laisse lentement tomber en arrière dans la rivière, exagérant un peu l’éclaboussure.
[Kass a utilisé sa capacité raciale Disguise Self, et une illusion mineure au moment du plongeon. Performance DC 17 : 18+4 !!!]
Je coule sur quelques mètres pour être sûre d’avoir disparu à leurs yeux, puis je reprends mon apparence avant de me laisser emporter par le courant. Je n’émerge qu’une bonne centaine de mètres plus loin et remonte discrètement sur la berge. Je m’enfonce dans la forêt et revient vers le camp. Tout le monde s’agite autour de la rive. Armés de longs bâtons, plusieurs soldats sondent les eaux troubles à la recherche de leur commandant. Je fais le tour jusqu’au côté opposé et saute par-dessus la tranchée avant d’escalader la palissade. Je jette un œil discret à l’intérieur. Je suis au-dessus de l’hôpital de campagne. Toute l’attention du camp est dirigée à l’opposée. La rumeur du « suicide » de Bone s’est répandue bien vite et tout le monde voudrait en savoir plus. Je saute sans un bruit [Stealth DC 12 : 16+6] et retourne vers la tente de commandement. Perne s’y trouve seule, elle donne des ordres de droite et de gauche, déjà dans la peau de sa nouvelle fonction. Eku me tape sur l’épaule.
— C’est fait.
Je hoche la tête.
— Ne traînons pas ici.
Nous prenons le temps de saluer discrètement Perne avant de disparaître. Elle fera une très bonne commandante. Si elle ravale sa culpabilité, elle saura sauver le peu qu’il reste.
Dernière modification par BenjaminP le ven. déc. 04, 2020 5:51 pm, modifié 1 fois.
Enjeu Solo, l'émulateur de MJ qu'il est beau ! Pour toutes vos parties sans MJ, Enjeu Solo contient les oracles qu'il vous faut. Dynamisez la narration, adaptez-la au rythme du récit, tenez compte des enjeux et surprenez tout le monde, vous le premier.
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Re: [CR Solo] [DD5] Tombe de l'annihilation

Message par Vorghyrn »

Berzerk a écrit : mer. oct. 07, 2020 9:51 pm Très sympa ce cr  :yes:

J'invoque @Vorghyrn qui serra peut être intéressé à le lire en tant que soloïste DD5 !  ;)

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Re: [CR Solo] [DD5] Tombe de l'annihilation

Message par Berzerk »

Vorghyrn a écrit : jeu. oct. 08, 2020 7:55 am
Berzerk a écrit : mer. oct. 07, 2020 9:51 pm Très sympa ce cr  :yes:

J'invoque @Vorghyrn qui serra peut être intéressé à le lire en tant que soloïste DD5 !  ;)

:volute de ténèbres d'où émerge une forme indistincte, armée d'un d20 dans chaque main: Je suis déjà abonné au sujet :charmeur
J'aurais dû m'en douter !  :P
 
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