[CR] L5A 4e édition & règles maisons - L'âge de l'exploration (début de l'Acte III)

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Thibor
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Re: [CR] L5A 4e édition & règles maisons - L'âge de l'exploration (début de l'Acte III)

Message par Thibor »

L'introduction est finie, avant de passer aux récits glorieux de nos victoires, quelques PNJs qui rejoignent l'équipe, puisque certains anciens vont prendre leur retraite bien méritée. L'idée étant de jouer les enfants et générations suivantes, et de pouvoir jouer à nouveau des Rang 1 ou 2 et pas seulement des monstres d'expérience (j'adore mon perso d'origine, mais il est tellement optimisé qu'on ne fait plus les jets de des lors des conflits sociaux. Aller négocier des accords avec des factions gaijins avec lui n'est pas très intéressant, donc va se permettre d'autres expériences. Idem pour Zankoku, le shugenja le plus puissant des colonies. Nendo c'est différent, c'est le physique du groupe et il a 3 en Terre. Il est toujours jouable... :mrgreen:

Nazheem : orphelin, esclave, suffisamment habile et astucieux pour apprendre la magie du sceau d’Hakhim mais pas suffisamment pour éviter les multiples et musclées réprimandes qui ont marqué sa jeunesse. Nazheem en effet aime les richesses et, si ses maîtres appréciaient son goût pour la dérobade et le cambriolage lorsqu’il obéissait strictement aux ordres donnés, ils se montraient intraitables avec lui lorsque ses initiatives ramenaient un voisin mécontent ou un concurrent furieux à leur porte. Après le coup d’Etat de Shosuro Tokujitsu, lorsque les rapports avec sa maison naissante ont commencé, les maîtres de Nazheem s’étaient déjà lassés de ses excès. Le jeune sahir fut offert en cadeau diplomatique aux dirigeants de ce qui était désormais appelé Miyako Seichi. Nazheem a un rapport très ambigu à la sorcellerie. Il apprécie l’utilité de sa pratique mais les horreurs auxquelles il a été confronté lorsqu’il était esclave à Medinaat al-salaam l’ont marqué. Il se méfie de toute forme de magie et, à moins de le convaincre du contraire, considère toute sorcellerie comme l’apanage d’hommes dépourvus de morale, donc maléfique. Sa propre magie échappe à cette conception étroite car il est persuadé d’avoir le cœur pur. Il est néanmoins surpris de découvrir chez les rokugani une magie au service du peuple et de leurs besoins religieux. Les sorciers, appelés shugenja, sont des prêtres qui officient lors des cérémonies religieuses, qui protègent contre les esprits maléfiques, qui ont visiblement une morale, un code d’honneur, comme le reste de ce peuple aux yeux tirés. Aurait-il finalement trouvé sa place, au sein d’un peuple respectueux et vertueux ?


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Kochako Kisan : chargé de surveiller, voire, le cas échéant, d'exécuter les traîtres ralliés à Tokujitsu. S’est lié d'amitié avec Kisaan-devenue-Tokujitsu Alisha lors de sa formation à Rokugan en 1178. En veut à Shosuro Tokujitsu d’avoir causé sa mort. Lorsque la guerre civile a éclaté, il n’était pas suffisamment haut placé dans la hiérarchie de la famille pour que ses actions soient utile, aussi a-t-il conservé son anonymat, devenant un proche de Sushruta, un médecin ayurveda et lieutenant de Tokujitsu Rokuro, le ministre de la médecine. Lorsque ce dernier a pris sa retraite en 1183, Sushruta a prêté serment à la famille Tokujitsu pour devenir le nouveau ministre. Hélas, deux ans plus tard il est retrouvé mort dans une forêt, mordu par un serpent alors qu’il cueillait des fleurs médicinales. Désormais ministre, Kochako / Tokujitsu Kisan est arrivé au sommet de l’arbre, et peut veiller sur les intérêts du Clan...

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Yindhû Rhabya: "N'est pas un bon soldat celui qui ne songe pas à devenir général."Survivante de la maison Yindû élevée dans ce qui est devenu Watashi no Mura par Kumar, le dirigeant de facto du dernier village ivinda indépendant d’Aïbori Masuku, ainsi que dans le respect des traditions guerrières de sa caste. Kshatriya ayant vu les vestiges de sa civilisation absorbés par le Masque du Renouveau et des Opportunités (surnom de Tokujitsu utilisé par Kumar - l’un d’entre eux, le moins offensant). Elle souhaitait prendre une place digne de son rang de guerrière au sein de l’armée, et grimper rapidement toutes les marches vers l’état-major. Ses actions lors de la guerre civile lui ont valu d’être remarquée, et quand Tokujitsu Hiresh a été appelé pour rejoindre le conseil de Shosuro Tokujitsu, et devenir son hatamoto, il l’a recommandé pour le poste de général. Elle partage maintenant cette tâche avec Tokujitsu Sadatomo, un des rares officiers Scorpions à avoir pris parti contre les loyalistes pendant la guerre civile.

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Tokujitsu Yomi: Yomi est le portrait craché de son père, Shosuro Tokujitsu, belle, manipulatrice, Scorpion jusqu'au bout des ongles. Elle a trouvé dans son apprentissage le moyen d'exprimer ses dons pour les jeux de Cour et d'amour. Marionnettiste des sentiments, elle maîtrise le cœur de ses soupirants comme les kamis qui répondent à ses prières, d'un mot. Nul ne doute parmi son entourage qu'elle deviendra une immense shugenja, ou pire, une dirigeante révérée...

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Tokujitsu Tenjiro: Tenjiro est le portrait craché de sa mère, Asahina Yukiyo, doux, aux dons artistiques évidents, c'est un esthète qui considère la magie des kamis comme un don permettant d'embellir Rokugan et le monde. Musicien et séducteur à ses heures perdues, il désespère de trouver l'âme soeur, comme ses parents, et d'échapper à un mariage arrangé pour le Clan. Passionné, il cherche également à obtenir un poste de shugenja de Cour, pour mettre à profit ses capacités uniques alliant l'art et le Don.

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Shosuro Nijuushhin : Avant le départ pour les colonies, Saburo a eu un fils caché, avec une geisha de Ryoko Owari Toshi. Il ne s'est en effet jamais marié, consacrant sa vie à servir son seigneur. Ayant mauvaise conscience, il a payé une fortune avant de partir dans les colonies pour que le petit qui avait 4 ou 5 ans, soit élevé correctement. Bien entendu sa famille d’accueil l’a jeté à la rue, lui et un autre enfant placé, pour profiter pleinement de l’argent. A 8 ans ils tuent leur premier homme pour quelques zeni, à 10 ils dirigent un quartier  et à 11 un magistrat Shosuro les recrute puis les adopte pour les former. Ils sont deux faces d’une même pièce, aussi inséparables que ne le permet leur formation. Quand Nijuushin propose à son frère des rues de partir dans les colonies pour retrouver son père, il accepte sans se poser de question. Mais Nijuushin meurt à quelques jours seulement du départ. Et son ombre, dévastée par le chagrin, ne sait pas quoi faire. Alors il prend son nom et sa vie, et décide d’accomplir la dernière volonté de son ami: rejoindre “son père” et devenir le plus puissant parrain que la terre n’est jamais porté. Il élimine un des lieutenants de Saburo et prend sa place, attendant que le vieux samouraï parte à la retraite pour prendre le contrôle, et étendre le réseau sur l'ensemble du continent, ou même du monde... C'est le parrain mais il a 18 ans.

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Tokujitsu Akae : Vierge de Bataille du Clan de la Licorne, devenue rônin après le massacre de son unité lors d’une bataille contre les Ra’Shari et le culte de Boyoh. Comme les survivants, elle a rejoint la maisonnée de Shosuro Tokujitsu, devenant peu à peu une fervente partisane de l’alliance avec les Ivindas, notamment au contact de Kisaan Alisha. Sa mort fut une véritable tragédie pour celle qui était devenue Tokujitsu Akae, ses plus proches subordonnés murmurant que des liens plus forts qu’une simple amitié la liait à son amie Khsatriya. Elle a pris la tête de la garde personnelle de Shosuro Tokujitsu, et désormais de sa fille Kunihime. Elle considère cette dernière comme une ingénue qui profite de son rang, et les sujets de crispation sont nombreux, notamment avec Rokugo Katsuko.

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Rokago Katsuko : Avec le retour de la famille Tokujitsu dans le giron du Scorpion sont arrivés des cadeaux, comme Rokago Katsuko. C’est un fanatique, un excellent yojimbo et un admirateur sans borne de la mission du Clan du Scorpion. Il a pris la place du Kaishaku, la première lame du daimyo, aux côtés de Kunihime. Grand et au visage vulgaire pour un Scorpion, il compense son manque de beauté par une grâce athlétique inhumaine quand il manie le Kusarigama, dont il est un des maîtres incontestés. Une attirance contre-nature s’est développée entre Kunihime et lui, à laquelle ils résistent encore...

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Tokujitsu Bakenokawa : Besh était une des nombreuses enfants de Kujabehari, un des leaders des Vashya Ivindas à l’arrivée des Rokugani dans la région. Elle est immédiatement tombée amoureuse de ces hommes au visage de statue qui chevauchaient comme si la terre leur appartenait. Elle a fait des pieds et des mains pour que son père accepte qu’elle parte pour Miyako Seichi, où elle a rejoint la suite de Tokiko. Bourreau de travail, elle a été rapidement remarquée par la secrétaire particulière du daimyo, mais ce n’était pas assez. Elle ne voulait pas seulement maîtriser la langue et la culture, elle voulait être Rokugani. Alors, avec la complicité de sa supérieure, elle s’est créée une identité d'emprunt, Bakenokawa, arrivée avec une des dernières vagues de colonisation. Grimé en homme Rokugani, le visage en partie dissimulé par un masque, elle peut enfin donner son plein potentiel. Il/elle a été recommandé par Tokujitsu Tokiko après son départ pour les provinces de l’est.

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Thibor
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Message par Thibor »

Prise de notes de la 27e partie, où... Non, je laisse le suspens faire son œuvre. Disons que certaines fois les choses s'emballent sans que vraiment on ne comprenne pourquoi tout part en cacahuètes alors que le plan était bon, vraiment bon...
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1185. La Seconde Cité. Une ville rokugani, encore jeune. Les rues sont droites, peu d’Ivindas… Alors que Tokujitsu Nendo se rend à la rencontre annuelle des Inquisitions en tant que premier Magistrat de Jade des colonies, il est interpellé par un samuraï. 
 
“Nendo-sama ! Je suis Morito Tsuki et je souhaite vous présenter quelqu’un. Il est important que vous le rencontriez avant de vous rendre à votre réunion.”
 
Tsuki cherche à présenter à Nendo un samouraï du Clan du Lièvre. Ce dernier tente de convaincre le Scorpion de sa démarche, en jouant sur le fait qu’ils soient tous deux membres d’une famille vassale, et qu’il sache ce que c’est que de devoir travailler d’arrache-pied pour peu de reconnaissance. Nendo est pressé, mais le samuraï insiste. Il demande à Nendo d’appuyer la création d’une Inquisition dirigée par le Clan du Lièvre. Le Magistrat lui promet d’y réfléchir puis prend vivement congé après avoir convenu de se retrouver par la suite, au grand regret de Morito Tsuki. 
 
La réunion se tient dans un jardin, sur une terrasse rokugani, à l’intérieur d’un grand bâtiment. Sont installés un homme masqué, chef de la délégation Kuroiban, le moine Asako qui avait irrité Nendo au Festival du Renouveau, ainsi qu’un Kuni. Tous leurs yojimbos sont au garde à vous. Seul le Kuni en est dépourvu. Nendo congédie les siens, afin de donner l’illusion de la force à ses interlocuteurs. Ils se saluent et commencent à lister les provinces des colonies où l’Inquisition doit intervenir. Dans la liste il y a une province de Aïbori Masuku, Nishinokuni. Ils présentent l’endroit comme celle où Zankoku le cruel s’est fait un nom. Nendo intervient pour défendre le nom de son ancien compagnon d’armes. Ils reprennent en l’ignorant. Ils racontent des histoires de serpents géants, de nezumis, d’apparitions de fantômes des vierges du Rajah Kalidas, etc. Nendo finit par intervenir pour dire que la Magistrature de Jade n’interviendra pas, sa position de gouverneur impliquant de possibles conflits d’intérêts.
 
Une fois la réunion terminée, les Inquisiteurs lui font visiter l’immense bâtisse, où Nendo dispose désormais de bureaux et de personnels, notamment un certain nombre de soldats. Lorsqu’il sort, il décide de rejoindre son rendez-vous avec Morito Tsuki et le représentant du Clan du Lièvre, Ujina Ukita. Ce dernier semble paranoïaque, ou prudent… Nendo leur propose de les soutenir à devenir une Inquisition officielle s’ils retrouvent le Rakshasa responsable de biens des crimes en Aïbori Masaku.
 
De retour à Miyako Seichi, quelque temps plus tard …
 
En palanquin, Shosuro Tokujitsu est troublé : Pachali porte des vêtements qui appartenaient à Asahina Yukiyo, sa défunte épouse. Le Masque du Changement lui concède la main, mais pendant le trajet Pachali prend dans le regard du samuraï l’apparence de Yukiyo, dans sa jeunesse. Tokujitsu questionne “discrètement” son frère, en train de boire plus que de raison, se plaignant de son nouveau rôle de responsable religieux. Il essaye d’en savoir plus sur les fantômes mais Zankoku/Mujitsu semble déjà au courant, le rassurant. A Atarashi no Mura, ils sont rejoints par Tokujitsu Nendo. Ils dépassent une des pyramides de Kali-Ma. Les hommes sont nerveux. Mujitsu les questionne et ils lui disent de bien observer. Une silhouette humaine, à quatre pattes, se déplace sur les marches du temple. Mujitsu fait arrêter tous les navires, et avec Nendo et quelques hommes, se rend sur place.
 
Il n’y a plus personne mais les éclaireurs finissent par trouver des traces de Nezumi. Tokujitsu Nendo indique à Mujitsu que les nezumis doivent se faire plus discrets car l’Inquisition risque d’enquêter sur la région. Ils décident de faire un tour rapide, montant jusqu’au sommet de la pyramide pour vérifier l’autel sacrificiel. Alors qu’ils arrivent au sommet, des dizaines de nezumis surgissent du temple et les encerclent. Immédiatement les yojimbos des deux sommités sortent leurs armes. Mujitsu parle aux nezumis, leur donnant son identité. Un vieux nezumi intervient pour leur demander de poser leurs armes pour prouver leurs dires. Les esprits s’échauffent. Le Magistrat de Jade ordonne à ses hommes de rengainer leur arme qui hésitent, un premier homme-rat vient de darder son arme vers un bushi qui l’a paré d’un coup de katana. Le samouraï borgne se tourne sèchement vers ses bushis qui rengainent sous les provocations des nezumis. Les nezumis insistent sur le fait que les peaux-rose n’ont rien à faire ici, et s’écartent pour les laisser passer.
 
Le lendemain, ils débarquent sur l’autre rive et commencent la traversée de la forêt des éléphants. Les pachydermes regardent passer le convoi, et certains se mettent même à suivre Mujitsu. Une fois la forêt passée, au pied des montagnes, une grande vallée est fermée par une muraille. C’est un lieu habité depuis des siècles, le site d’une ancienne ville Chamakadaar. Les routes sont parfaitement entretenues. Ils arrivent jusqu’à une ville qui comporte des bâtiments Ivinda comme Rokugani. Une domestique les conduit jusqu’à un temple, où Iweko Shibatsu, en tenue de moine Rokugani, termine une cérémonie devant une statue de Kali-Ma, dans un temple de Rhumal.
 
Il prend un bâton et se met à marcher à côté du palanquin. Shosuro Tokujitsu s’inquiète et lui demande de monter avec lui. Dès qu’il disparaît, des dizaines de samouraïs Souillés sortent de partout et les entourent, menaçants. Tokujitsu Nendo donne des ordres pour que la troupe se réfugie dans le temple, ce qui amène le daimyo et le fils de l’Impératrice à sortir du palanquin. Ce dernier explique que ce sont ses gardes du corps, mais qu’il ne les contrôle pas. Une fois la tension retombée, ils les suivent jusqu’à la rivière où Shosuro Tokujitsu décide de leur confier un navire, et charge Mujitsu de “veiller” sur eux. Ils passent le voyage à se menacer, se défier et à s’entretuer à la moindre insulte.
 
Les navires finissent de remonter l’affluent et arrivent jusqu’au pied des Monts de l’Ouest. La rivière s’enfonce dans une gigantesque grotte, clairement transformée par l’homme. Un fort abandonné défend l’entrée. Les hommes ne cessent de voir des yorei, des oni, des monstres et une fois dans le noir, les terreurs superstisieuses des marins empirent. Les navires peuvent continuer à naviguer sur la rivière, éclairée par des torches. Le courant semble avoir changé de sens, ce qui est naturellement impossible. Il les entraîne désormais, toujours plus profondément dans la montagne. Lors de leur premier arrêt, d’immenses statues de Nagah semblent veiller sur la rive. Pendant la “nuit”, les hommes paniquent à de nombreuses reprises, réveillant tout le monde lors de fausses alertes où ils jurent avoir aperçu des femmes sous l’eau ou des créatures sur la rive.
 
Tokujitsu Nendo fait le tour des navires pour donner du baume au cœur aux équipages, et à certains samouraïs qui sont terrorisés par les lieux. Sur le navire occupé par les membres de l’Araignée, une poignée de bushis a capturé un membre de l'équipage, et compte le sacrifier à la Sombre Fortune du Sang. Mujitsu essaye de s’interposer mais ils se moquent de lui. Il finit par laisser apparaître son singe aux défenses d’ivoire et ils rentrent dans le rang.
 
Pachali vient trouver son seigneur pour le prévenir que lorsqu’ils sortiront de la caverne, la déesse qui contrôle les lieux, la Reine des Profondeurs, viendra prendre son dû. Après une discussion rapide où Mujitsu explique qu’une déesse Nagah règne et choisit des serviteurs parmi les équipages, ils décident de protéger toutes les personnes importantes dans les cales, ne laissant que quelques membres d’équipage à la merci de ce qui sortira de la rivière. Sur le navire des Araignées, Mujitsu arrive à garder ceux qui lui paraissent les plus intelligents et gérables avec lui, tandis que les autres restent sur le pont. Ils affrontent quelque chose, avant qu’un bruit de reptation ne se fasse entendre. Les hommes d’équipage, eux, ont disparu.
 
Les navires sortent enfin de l’obscurité, et arrivent dans une partie des Royaumes d’Ivoire encore indépendante de Rokugan. De nombreuses statues immenses, des palais, des cités à moitié à l’abandon, le cœur des royaumes en ruine. En quelques jours, grâce aux grottes enchantées, ils ont traversé la moitié de la région. Ils arrivent jusqu’à la capitale, où de très nombreux Kshatriyas gardent le port. A la vue de Pachali ils se retirent, mais de nombreux serviteurs viennent s’allonger devant eux. Pachali prend la main de Shosuro Tokujitsu, et ils marchent sur le dos d’hommes au torse huilé.
 
Dans la foule, des cris “mort aux usurpateurs!”. Les Khsatriyas chargent, découpant dans le peuple sans se soucier des morts innocents. La troupe arrive jusqu’au pied d’un escalier, que Pachali dit nettoyé tous les jours grâce aux fluides des domestiques. Ils traversent le palais pour arriver jusqu’à la salle du trône où siège la Maharani, ceinte de deux tigres qui mettent le tigre blanc du Masque du Changement mal à l’aise. Il fait face à la Reine des Rois, mais refuse de s’incliner et la fixe. Les deux souverains se fixent mutuellement, longuement. Au bout d’une dizaine de minutes, la Maharani bouge légèrement pour rajuster le coussin dans son dos. Tokujitsu ne s’incline toujours pas. Au bout d’une demi-heure, Tokujitsu et la Maharani se font toujours face tandis que le reste de leurs suites respectives se restaurent et font la fête. Au bout d’une heure, Tokujitsu et la Mahrani sont seuls à mener leur combat social. Au bout de deux heures, Tokujitsu et la Maharani sont toujours seuls à se faire face. Certains des membres de leur suite sont partis se coucher, d’autres commencent à discuter avec les locaux, voire à s’éloigner et profiter du luxe des lieux.
 
Des sectateurs de Boyoh viennent chercher Mujitsu pour discuter “politique”. Ils expliquent que des représentants de tous les cultes, même de Seimei, sont ici. Il y a même des Rokugani, même si eux ne sont pas là volontairement. Ils reprennent une ancienne discussion. Ils proposent à Mujitsu de lui arracher le cœur, en échange de quoi les Tokujitsu ne les chasseront pas. Ils sont ici tolérés, car l’immense majorité des Ivinda souhaite les voir morts. Seule la Maharani, en tant que protectrice de toutes les religions, accepte qu’un représentant de leur culte se trouve au palais. Ils offrent l’éternité à Mujitsu, lui rappelle son âge. Ils lui disent qu’ils l'attendent à l’extérieur de la cité.
 
Tokujitsu Nendo lui fait sensation, du moins son sabre. Les Kshatriyas ne comprennent pas comment une arme aussi fine peut être une arme d’homme. Nendo leur propose une démonstration et fait des katas. Ensuite ils lui demandent de se battre réellement. Le samouraï borgne se vante quelque peu, et finalement affronte quatre guerriers Ivindas. Il est blessé à de nombreuses reprises, plusieurs fois les Ivinda veulent cesser le combat et appellent des soigneurs. A chaque fois il se relève, et demande à continuer. Ils le chargent à nouveau, le blessent, etc… Couvert de sang, le Rokugani finit par désarmer les combattants et les assommer dans un assaut qui restera dans les légendes des Kshatriyas locaux.  
 
La nuit tombe. Cela fait des heures que Shosuro Tokujitsu se tient immobile face à la Maharani, assise sur son trône. Celle-ci finit par céder à la pression des yeux sombres, qui ne cillent pas, du courtisan préféré de l’Impératrice. Elle fait mander un serviteur d’un geste sec de la main, et lui parle en haut Ivinda. Ce dernier traduit à Tokujitsu qui relâche ses muscles lentement. Il présente la Maharani, et demande dans un Rokugani emprunté à leur hôte de se présenter. Pachali est à ses côtés et déclame à voix haute les titres de Shosuro Tokujitsu: Accoucheur de dieux, Père du renouveau, Héritier des Brillants, Amant des Empires, Masque du changement, Élu de l’épouse des Dieux, Daimyo de Aiborï Masuku, les cinq provinces du Masque d'Ivoire, Seigneur de la Famille Tokujitsu. Lorsqu’elle termine, toute l’assemblée s’est détournée des  rafraîchissements et discussions à voix basse pour suivre la scène. La Maharani reprend la parole, traduite à nouveau. Elle questionne Shosuro Tokujitsu sur sa position dans l’Ordre Céleste, à quel titre se présente-t-il devant elle, en tant que Rajah au service d’un autre, ou comme Maharajah, le roi des rois? Il hésite un bref instant, sachant pertinemment que ce moment est un de ceux qui marque définitivement une époque. Mais sa loyauté à la Fille des Cieux est entière, et il ne trahira pas son serment envers elle et l’Empire. Hélas les paroles qui sortent de ses lèvres ne sont pas les siennes, ce sont celles de Pachali, qui triomphe à ses côtés:
 
“Je suis Shosuro Tokujitsu, Mahârâja-adhirâja, (grand roi des rois), Parameshwara, (seigneur suprême) et je n’ai nul seigneur au-dessus de moi.”
 
Abasourdi par les mots qu’il vient de prononcer, il voit le regard du fils de l’Impératrice s’arrondir tandis qu’il fixe les centaines de témoins Ivinda qui s'inclinent, et la Maharani annoncer que sera organisée bientôt un ashvamedha, le sacrifice rituel du cheval sacré, afin que Shosuro Tokujitsu soit reconnu de tous. Pour la première fois de sa vie il ne sait comment réagir. Il sait qu’il a été piégé mais se remémore les promesses faites, une nuit d’égarement, à la devadasi. Il pourrait la tuer, là, maintenant, mais le mal est fait et déjà son esprit se prépare aux prochains coups politiques qu’il devra jouer pour sauver les intérêts, et la vie, de sa famille. Il se retire, suivi comme son ombre par Pachali, qui lui murmure des conseils à l’oreille, lui assurant qu’il peut la mettre à mort si telle est sa volonté, car elle a accompli sa destinée. Alors qu’il s’apprête à la congédier, Nendo s’approche de lui, encore couvert de sang, bien que ses blessures aient été soignées par la magie de Mujitsu/Zankoku. Un espion de Saburo s’approche alors des deux hommes, et leur apprend que Mujitsu se rend auprès de serviteurs de Boyoh pour se faire arracher le cœur. Le daimyo reste interdit un instant avant de donner l’ordre à Nendo de partir immédiatement pour l’en empêcher. 
 
Il est guidé par son shugenja qui le rend invisible aux yeux des gardes de Boyoh. Ils parviennent jusqu’à une salle, dans les égouts. Des membres de la secte entourent Mujitsu, allongé sur un autel. Une main momifiée tient une dague sacrificielle. Il est immobile, on lui fait respirer des fumées et son esprit s’assoupit peu à peu. Tokujitsu Nendo intervient au nom de la Magistrature de Jade, implorant Zankoku d’arrêter. Ce dernier lui rétorque qu’il n’a pas d’ordre à recevoir d’un suppôt du Dragon de l’Ombre. Les hommes de Boyoh se jettent sur Nendo et le shugenja. Ils seraient vites submergés par le nombre s’ils ne tenaient pas l’entrée d’un tunnel, où les talents martiaux du Magistrat soutenu par les kamis lui permettent d’affronter une véritable armée. Mujitsu est proche de l’inconscience quand le chef du culte le réveille: “tuez-le”. 
 
Un djinn apparaît et se mêle au combat, appelé par des Jakklas au service du Chacal, mercenaires du culte de Boyoh bien peu impliqués, qui ne tardent pas à fuir dès que l’un d’eux est blessé. Mujitsu agrippe le bras du prêtre de Boyoh et lui ordonne de lui montrer comment marche le rituel. Nendo lui hurle de ne pas céder. Mujitsu lui affirme qu’il doit lui faire confiance et le laisser mener le rituel à bien. Il ordonne à ses gakis invisibles de se jeter sur le shugenja, obligeant Nendo à concentrer toute sa puissance martiale pour le protéger. Le shugenja finit néanmoins par succomber, et Nendo fuit dans les égouts, poursuivi par les créatures. Pendant ce temps, le prêtre de Boyoh mène le rituel à bien, arrachant le cœur de Mujitsu encore conscient. Ce dernier se retrouve sous l’emprise de Boyoh. Il est désormais un Khadi immortel, mais aussi un esclave du plus puissant maho-tsukai gaijin des Royaumes d’Ivoire. Blessé gravement, Tokujitsu Nendo disparaît dans les Ombres et arrive à retourner au palais. Il tombe à genoux devant son daimyo et lui apprend ce qui s’est passé. Il demande à se faire seppuku. Le Masque du Changement refuse ; il doit d’abord récupérer le cœur de Zankoku, ensuite il aura le droit de s’ôter la vie s’il le souhaite.
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Re: [CR] L5A 4e édition & règles maisons - L'âge de l'exploration (début de l'Acte III)

Message par Thibor »

Je tease, mais après une longue pause (de mise au propre des notes et de la campagne), on s'y remet. Sous peu, la partie 28! :rock
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Re: [CR] L5A 4e édition & règles maisons - L'âge de l'exploration (début de l'Acte III)

Message par Thibor »

Quelques textes d'ambiance avant de recommencer les comptes-rendus de partie. La folle aventure de la famille Tokujitsu dans les colonies continue!
 
Premier récit
 
L’Impératrice est en pleine visite officielle du Mur Khol, un prolongement de la muraille Kaiu sur les terres ancestrales du Clan de la Licorne, à Rokugan. Le Mur n'a jamais été achevé et sert plutôt de frontière symbolique à l'Empire d’Emeraude.
 
La visite est interrompue par l'arrivée d'un émissaire Scorpion. Un courtisan avec des vêtements de cavalier, et un masque de tigre. Il descend de cheval avec précipitation et se dirige vers la Fille des Cieux en ignorant les avertissements des yojimbo impériaux. Il s’arrête avant d’être trop proche, puis se prosterne. L’Impératrice le regarde agacé.
 
"Ohayo gozaimasu, Scorpion, êtes-vous en train d'interrompre l'une de mes visites pour encore me parler de Tokujitsu Shosuro-san ?"
 
Le courtisan relève la tête, ses yeux parlent à sa place, c'est bien la raison de sa venue, il s'incline à nouveau.
 
"Laissez-moi deviner, poursuit l’Impératrice, des nouvelles graves vous sont arrivées des colonies. Qu'a-t-il fait de si grave cette fois ? S'est-il remarié avec une Ivinda ? A-t-il prié publiquement un dieu gaijin ? Ou s'est-il autoproclamé Empereur ? Ou...
 
Le courtisan fait un petit son. Une sorte de "Groumf" d'approbation... L’Impératrice soupire.
 
"Bien sûr, il ne vous manque que ça pour le discréditer. Il se prétend supérieur à l'Ordre Céleste et je devrais lui envoyer le shogun ? Et qui est votre informateur cette fois ? Encore un obscur bushi aux techniques de shinobi mais qui n'est pas shinobi ?"
 
Le courtisan se permet de se relever et bien que la question soit rhétorique, malgré l’étiquette, se permet de répondre.
 
"Non Impératrice-tennô, notre informateur est votre fils, Iweko Shibatsu-sama en personne. Il a assisté à la rencontre officielle de Shosuro Tokujitsu et d'une Maharani Ivinda et a déclaré être son seul maître, un roi des rois."
 
L’Impératrice fronce les sourcils... Son samuraï préféré serait-il devenu fou ?

Deuxième récit
 
Le domaine des Tokujitsu à la Seconde Cité était au départ une maison fortifiée située à deux heures de marche de la ville, le long du fleuve. C’est aujourd’hui presque un petit village, qui ne cesse de grandir, doté d’une magnifique demeure traditionnelle rokugani en son cœur, où Tokujitsu Kunihime aime flâner dans le jardin.
 
Depuis quelques jours, elle qui passe beaucoup de temps à visiter les nombreux courtisans de la capitale des colonies, est invisible. Et les rumeurs sur la folie de son père, et de sa trahison envers le Trône d’Émeraude, sont de plus en plus pressantes. Les palais des notables bruissent des bruits les plus fous.
 
On raconte qu'il aime en secret et charnellement des divinités gaijin à plusieurs bras. On murmure également qu'en réalité ce ne serait pas des divinités mais des prostituées, que perdu dans l'alcool qu'il boit pour oublier sa femme, il souhaiterait comme son frère aîné se vouer aux cultes des déesses les plus sombres des Colonies, mais qu'il est trop affecté par l'alcool et la fumée pour faire la différence. Ou bien Shosuro Tokujitsu serait en train de ravager la Côte d’Ivoire à la tête d’une immense armée Ivinda, brûlant et massacrant les villages Rokugani. Moto Hakai quant à lui rassemble une puissante troupe pour marcher sur Aïbori Masaku depuis ses terres. Les forces de l’Outremonde auraient pris parti pour les Tokujitsu, marchant vers les colonies pour soutenir leur nouveau Champion d’Onyx. Pire, on murmure que le Clan de l’Araignée s’apprête à assassiner les gouverneurs, pour réclamer les colonies au nom de leur Sombre Seigneur Daigotsu. On suspecte qu'en secret à sa cour siègent des esprits du désert, faits de feu et de fumée, des hommes tigres et des hommes-oiseaux, et qu'ensemble ils complotent contre l'Ordre Céleste. On raconte également qu'en réalité dans sa folie, Shosuro Tokujitsu voit, dans les proches qui l'entourent et lui prodiguent des soins, des démons qui lui reprochent la mort de son frère et de sa sœur
 
Et Tokujitsu Kunihime est invisible, mais ses dames de compagnie ont été aperçues à de nombreuses reprises dans les différentes boutiques de la ville, commander de très grandes quantités de nourriture et de boissons pour le premier jour du mois du Coq, le mois de Bayushi. A chaque question d’un intriguant, elles détournent poliment le regard, murmurant des paroles de politesse en se retirant au milieu de leurs yojimbos au regard noir. Et Tokujitsu Kunihime est invisible.

Troisième récit
 
La Seconde Cité bruisse de mille bruits.

La famille Tokujitsu est silencieuse depuis des mois. Nul ne sait où se trouve le daimyo Shosuro Tokujitsu, et les services de renseignement sont sur les dents. Pourtant les Tokujitsu, s’ils restent silencieux sur les rumeurs de trahison de leur seigneur, continuent leur projet de développement des colonies. D’après de nombreux marchands, des colonnes de paysans et artisans Ivinda migrent actuellement depuis les provinces de Aïbori Masuku vers l’est, à travers le désert des Ra’Shari. La Seconde Cité bruisse de mille bruits.
 
La Seconde Cité bruisse de mille bruits.

Une forte délégation du Clan du Scorpion vient d’arriver en ville, Shosuro Aroru, le vénérable daimyo de la Famille Shosuro, est accompagné de nombreux courtisans et magistrats du Clan, tandis que les principaux gouverneurs du Clan des Secrets ont également fait le voyage, comme s’ils savaient ce qui se préparait. Des domaines entiers de la ville ont été privatisés par les notables récemment installés. D’après les espions les mieux informés, c’est Bayushi Shibata, le jeune sosie de Shosuro Tokujitsu, qui mène actuellement les négociations au nom du Clan, pour loger et entretenir la suite nombreuse de Shosuro Aroru. Ce dernier garde le silence. 
 
La Seconde Cité bruisse de mille bruits.
 
Quatrième récit
 
La voie du changement (1ere partie)
 
Au lendemain des vives discussions au sujet de Choujou-Akushin, les portes du village Tokujitsu, à deux heures de route de la Seconde Cité, s’ouvrent. Une vingtaine de bushis, des soldats de la famille Tokujitsu, arborant les mon familiaux et ceux du Clan du Scorpion, s’avancent, suivis par plusieurs palanquins, escortés par d’autres bushis et une nuée de domestiques. Au-dessus d’eux, porté par un cavalier en armure lourde, un immense uma-jirushi portant les couleurs de la Famille Tokujitsu. Chaque samouraï est en armure d’apparat, briqué de frais, un sashimono neuf arborant le mon du Clan du Scorpion dans le dos. La route est longue jusqu’à la Seconde Cité, mais très rapidement des centaines de heimins se pressent au bord de la route pour admirer le spectacle. Des domestiques quittent régulièrement le convoi pour distribuer des zenis parmi la plèbe, obtenant des cris d’approbation et de soutien à la famille Tokujitsu.
 
Lorsque les palanquins arrivent en vue de la ville, ce sont des milliers d’habitants qui sont sortis des murs pour admirer l’arrivée des Tokujitsu, toujours dissimulés dans les palanquins. Mais ils sont rapidement repoussés par un groupe de magistrats du Clan du Lion et leurs yorikis qui distribuent des coups de bâton pour rétablir le calme. Ils forment une ligne fine pour permettre aux soldats du Clan du Scorpion de pénétrer dans la ville, vigilants, tandis que les rideaux des palanquins sont toujours fermés. Une fois les murailles franchies, ils sont rejoints par des bushis arborant le Mon de la famille Shosuro, eux-aussi portant leur armure, et les murmures se font nombreux parmi la foule.
 
Ikoma Katsuru, le gouverneur vieillissant de la Seconde Cité, et Shosuro Aroru, entourés par des diplomates de moindre importance, attendent dans de lourds kimonos de cour. Une estrade a été installée, et des gradins se remplissent de tous ceux qui comptent dans la ville : notables, ambassadeurs, gouverneurs en visite, mais aussi riches marchands ou érudits réputés. Ils respectent un silence religieux, tandis que les palanquins viennent s’immobiliser au pied de l’estrade. Du premier sort Tokujitsu Kunihime, vêtue d’un splendide kimono de soie rokugani, un furisode, le vêtement traditionnel des femmes célibataires. Il porte de splendides broderies de fil de soie et d’or, rappelant la pièce de théâtre réalisée par sa mère. 
 
Des autres palanquins sortent Tokujitsu Ondori, karo des provinces de Aïbori Masaku, et Tokujitsu Hiresh, le rikugunshokan de la famille. Ils portent eux aussi de lourds kimonos aux couleurs de leur famille et du Clan. Ils se placent un pas derrière Tokujitsu Kunihime, qui s’avance lentement en direction du daimyo de la famille Shosuro, une des personnalités les plus puissantes du Clan. Elle s’incline devant lui, comme une égale, entraînant quelques exclamations outrées et de nombreux murmures dans la foule nombreuse. Shosuro Aroru lui rend son salut, doublant par la même occasion les rumeurs et les conversations à voix basse. Elle rejoint alors le  gouverneur et le daimyo sur l’estrade, suivie par trois de ses dames de compagnie qui portent un lourd paquet, entouré de fin papier de soie rouge.
 
Ikoma Katsuru et Shosuro Aroru s’écartent, la laissant prendre place au milieu d’eux. Elle adresse un salut de tête au Lion, avant de laisser tomber le uchikake, le sur-kimono, qui lui couvre les épaules. Ses dames de compagnie ouvrent le papier, déployant un lourd shiromoku, le costume traditionnel de la mariée rokugani. Avant de lui poser délicatement sur les épaules, ils présentent le kimono à Shosuro Aroru, qui l’observe avec attention, permettant à une grande partie du public de distinguer les Mons de la famille Tokujitsu...et de la famille Bayushi. Cette fois-ci, les discussions dans la foule atteignent leur paroxysme. Qui, qui va épouser Tokujitsu Kunihime, le plus beau parti des colonies ?
 
Cinquième récit
 
La voie du changement (2e partie)
 
Shosuro Aroru, le daimyo de la famille Shosuro s’approche de Tokujitsu Kunihime, et s’incline devant elle avant de se tourner vers les spectateurs, pendus à ses lèvres.
 
« Je parle au nom de Bayushi Nitoshi-heika, Champion du Clan du Scorpion, fils de Bayushi Paneki et Bayushi Miyako. Je suis ici pour annoncer le mariage de mon seigneur avec Tokujitse Kunihime-denka. »
 
Les chuchotements reprennent de plus belle, denka est un titre honorifique accordé aux daimyos des  Familles majeurs de l’Empire…
 
« Par la volonté de Bayushi-heika, Tokujitsu Kunihime-denka est placée à la tête de la famille Tokujitsu, qui prend désormais la place qui lui est due aux côtés des Bayushi, des Shosuro, des Soshi et des Yogo. »
 
Toujours immobile, son visage parfaitement impassible, Tokujitsu Kunihime observe la foule s’agiter de plus belle.
 
« Shosuro Tokujitsu est relevé de ses fonctions de daimyo et de gouverneur, les preuves s'accumulent quant à la perte de ses facultés mentales. Nul ne peut être tenu de désobéir à son seigneur, même fou, et c’est pourquoi les actions entreprises au nom de Shosuro Tokujitsu par ses samouraïs sont pardonnées. Par ordre de Bayushi-heika, Shosuro Tokujitsu se retire dans un monastère du Clan, où il fera vœu de silence, et ce jusqu’à ce qu’il ait expié les péchés qu’il a commis envers l’Ordre Céleste. »
 
Le brouhaha couvre désormais la voie du daimyo de la Famille Shosuro, qui d’un geste de son éventail, rétablit le calme.
 
« Telle est la volonté de mon seigneur. Je vais maintenant lire le waka rédigé par sa main à sa future épouse :
 
Comme une chose familière
 
Sur la route, à son retour;
 
Ma bien-aimée regarderait-elle
 
La lune du matin ?
 
Moi je la vois aussi
 
Après l’attente de toute une nuit.
 
Puisse Musubi-no-kami et Hujokuko leur apporter le bonheur ».
 
Il se retire d’un pas, laissant Tokujitsu Kunihime s’avancer, resplendissante, un sourire modeste aux lèvres, ses yeux verts brillants d’impatience.
 
« C’est un honneur, Shosuro-dono, que vous me serviez de nakodo, dans une situation aussi délicate pour ma Famille. Je vous en remercie infiniment. Je repartirai pour Rokugan, et mon fiancé, dès demain, mais je tiens à rassurer tout d’abord nos alliés et amis des colonies. La déchéance de mon père, brisé par la mort de son épouse et de son plus jeune fils, ne doivent pas nous empêcher de continuer son œuvre, débutée il y a près de quinze ans à l’initiative de notre bien-aimée Impératrice, et  de Bayushi Miyako-dono. Nous avons bâti bien des ponts au cours de ces années, et je fais la promesse solennelle que nous en construirons encore des centaines dans les années à venir. Nos alliances et nos promesses ne disparaissent pas avec ce mariage, bien au contraire, elles en sortent renforcées. Et notre vision des colonies, unies au service de l’Empire, continuera. »
 
Elle marque une pause, prenant le temps de lancer un sourire complice à Ikoma Katsuru.
 
« En cadeau de mariage et au nom de la famille Tokujitsu, j’offre aux colonies une province. La Promesse des Tokujitsu, récemment colonisée, deviendra le symbole de l’unité et de la concorde que nous espérons de nos vœux. Cette province sera ouverte à tous, et les richesses qui y seront produites seront redistribuées, afin que tous profitent des largesses que nous offrent les kamis en nous envoyant dans les royaumes en ruine. Fukurokujin puisse nous apporter sa sagesse. »
 
Sur un envol de manches de kimono parfait, elle salue avec grâce le daimyo de la Famille Shosuro avant de se retirer dans son palanquin, qui reprend sous bonne garde la direction du domaine familial.
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Thibor
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Re: [CR] L5A 4e édition & règles maisons - L'âge de l'exploration (début de l'Acte III)

Message par Thibor »

Petit scénario en aparté autour de la malédiction de Zankoku, qui s’est offert en pâture à Boyoh, lors d’un scénario précédent. Les trois personnages-joueurs sont Zankoku bien entendu, Aot’Kla, un Ashalan aux tatouages magiques et Salila, qui sous le couvert d’une domestique au service du culte de Boyoh, abrite un fragment de l’âme du khadi immortel.
Image
1185 - L’âme de Zankoku
 
Les disciples de Boyoh lui ont offert son nom, ils ne se font donc plus appeler que par leur place dans la hiérarchie de la secte : premier disciple, second disciple… Seuls les disciples sans importance ont conservé leur nom.
 
Ils sont dans une tour, à l’architecture étrange pour la région, de forme carrée. Elle se trouve dans la cité abandonnée du roi Durian, près d’un lac isolé. La tour est surpeuplée, car dans la cité qui l’entoure, de nombreuses créatures agressives sont à l'affût. Les cultistes font très attention dès qu’ils sortent.
 
Zankoku, malgré sa puissance grandissante, est obligé d’obéir à son nouveau maître, mais il a conscience de lui-même. Le premier disciple n’a pas besoin de communiquer pour lui donner des ordres. Il ressent ce qu’il fait vivre aux esprits qu’il domine depuis des années. Il est installé sur un trône d’os, entouré par une demi-douzaine de femmes serviteurs et un Ashalan à la peau bleue. Habillé comme un kshatriya, il fait penser à une divinité Ivinda. 
 
“A genoux Zankoku… Voilà c’est bien!”
 
Il se tourne vers l’Ashalan.
 
“- Aot’Kla, on va s’assurer de sa servilité. Officie, pendant qu’il me lèche les pieds! Alors Zankoku, tu pensais vraiment profiter de la puissance sans en payer le prix ?
 
- J’en pense, premier serviteur de Boyoh, que quand viendra l’aube je rirai sur ton cadavre.”
 
S’ensuit un échange d’insultes avec Zankoku. Il ordonne à Salila de le raser. Pendant ce temps, il continue à poser des questions à Zankoku, se moquant de lui. Il commande à Salila de lui prendre une goutte de sang, et de la confierr à l’Ashalan, pour ses tatouages. D’un geste brusque et décidé, Salila l’égorge. Il essaye de se lever, de supplier. Dans un grognement de rage, Zankoku se jette sur lui et lui dévore la gorge.
 
Salila s’incline devant Zankoku, l’appelant le premier disciple. Les autres domestiques se jettent sur des tulwars mais Salila les convainc que Zankoku est l’envoyé de Boyoh. Elle lui explique que l’une des domestiques est fidèle au premier disciple assassiné, et qu’elle essayera de l’éliminer dès qu’il aura le dos tourné. A peine a-t-elle finit son avertissement que l’une d’entre elles se rue vers la porte en hurlant. Zankoku la saisit par le bras et l’étrangle, pendant que Salila récite la prière de mort du culte de Boyoh. Aot’Kla menace les trois autres qui ne bougent pas.
 
Zankoku demande où est son cœur, mais personne ne le sait. S'ensuit une discussion pour savoir quoi faire. Salila assure que Zankoku doit prendre le contrôle du culte. Une des servantes, apeurée, affirme que le repas du premier disciple sera bientôt servi. Aot’Kla a posé un de ses tatouages sur le cadavre du premier disciple, rendant immatériel le corps et le dissimulant dans le trône.
 
Des gardes et des jeunes garçons portant des plateaux pénètrent dans la pièce. L’un des gardes hurle pour demander où est le premier disciple. Salila se met à genoux et leur dit de s’incliner devant le nouveau premier disciple. Ils refusent et sortent leur tulwar. L’un d’entre eux se jette sur l’Ashalan qui le renverse au sol. Des tentacules de ténèbres surgissent du trône, à la grande surprise de Zankoku, et réduisent le garde au sol en pulpe. Les autres se retirent pour chercher du renfort.
 
Zankoku profite du court répit pour interroger les kamis de l’Air : Salila dit la vérité, les tentacules de ténèbres ne résultent pas d’un sort d’Air, toute la tour est magique mais elle ne contient pas son cœur... Les gardes passent à l’attaque. L’Ashalan se rapproche des fenêtres et jette une jarre en terre cuite dont de la fumée s’échappe. Zankoku se jette par la fenêtre, Aot’Kla également. Le fleuve où il tombe est d’un des lieux craints par les cultistes car il abrite des créatures monstrueuses. Les gardes sont suffisamment paniqués pour se ruer à leur poursuite sur la rive. Les flèches commencent à siffler. Ils sortent de l’eau, Zankoku se fait frapper par un bolas et tombe en arrière. L’Ashalan le prend sur son épaule et se met à courir, essayant de semer ses poursuivants. Ils ont le temps d’apercevoir des djinns qui se lancent à leur poursuite depuis les fenêtres de la tour. Ils se cachent dans les ruines et Zankoku, en appelant aux kamis, les fait entrer sous terre.
 
Une fois à l’abri, il interroge les kamis pour savoir où est son cœur. Ces derniers lui expliquent qu’il est dissimulé sous une gigantesque statue perdue dans la forêt. Zankoku les renvoie sous terre pour éviter les nombreuses créatures qui hantent les lieux. Ils arrivent alors jusqu’à une immense statue de Shiva aux nombreux bras, à l’entrée d’une grotte titanesque. Des archers ont pris place au pied de la colline, avec des braseros. Zankoku sort de terre à l’abri et prend pour cible une partie des archers, leurs yeux prenant feu pour leurs camarades alors qu’ils se mettent à hurler. Ceux qui ne prennent pas peur commencent à tirer des flèches au jugé. Salila se met à hurler de s’incliner devant le premier disciple. Des cultistes se dirigent vers eux. Zankoku lance un nouveau sort, broyant un des chefs des cultistes. Il aperçoit des kansens, qui le fixent, lui proposant de l’aider. Il refuse...pour le moment.
 
Quatre hommes torse nu portant des tatouages de l’Ashalan sortent de l’ombre et avancent en courant pour rejoindre les Kshatriyas. Pendant ce temps, l’homme-bleu s’éloigne pour essayer d’aller attirer une des créatures de la forêt. Il revient avec une statue de tigre énorme qui essaye de le jeter au sol, Aot’Kla l’esquive et il se jette sur les Kshatriyas. Les hommes tatoués s’envolent en direction de Zankoku. L’Ashalan essaye de se faufiler discrètement pour rejoindre l’intérieur du temple dissimulé dans la statue, l’entrée est entre ses pieds. Il pénètre dans le temple, esquivant les gardes. Les tatoués se rapprochent vite et Zankoku invoque une nuée d’esprits pour les arrêter. Deux d’entre eux les combattent mais les deux autres se jettent sur Salila et Zankoku. Salila est projetée dans les buissons. Alors que le second allait arracher la tête de Zankoku, il voit Danzo s’interposer. Akabashi, sorti des ombres, saisit Zankoku et lui dit que les renforts arrivent, dont Chamunda. Zankoku sent sa présence et les kamis qui affluent. Il lance un sort d’avalanche sur son adversaire direct. L’homme tatoué qui s’occupait de Salila se jette sur le rônin. 
 
Devant le danger qui menace le maître des assassins, Zankoku adresse (enfin) un hochement de tête approbateur aux esprits malins qui maintenant l’entourent de toute part. Deux d’entre eux se jettent alors au sol, jouant avec la terre comme si c’était de l’eau et générant une vague dans le sol qui renverse le kshatriya tatoué. Akabashi n’a que le temps d’esquiver : visiblement les kansen, s’ils ont compris que le kshatriya devait mourir, n’ont pas compris - ou ne veulent pas comprendre - que l’assassin vieillissant devait survivre. Le kshatriya tatoué titube, il a perdu son attaque. Deux autres kansen s’approchent de lui, tout sourire, leurs longs bras s’agitant autour d’eux.
 
A l’intérieur, l’Ashalan évite les occupants de la tour et attend patiemment que le second disciple de Boyoh et ses gardes du corps quittent la tour par la sortie arrière, baptisée “l’anus de Shiva”.
 
Salila est elle dans les arbres, observant l’avènement du maître du culte de Boyoh. Favorisé par les kami, Zankoku adopte une posture défensive pour se protéger de son adversaire tout en soignant Daizo, son fidèle yojimbo. Le kshatriya tatoué effectue une magnifique attaque qu’évite Zankoku d’un simple pas sur le côté. Daizo surgit de l’eau, totalement guéri, et se jette sur les hommes tatoués. Dans le feu de l’action, Zankoku lance à Daizo : “Daizo, au sol.” A cet instant, des rochers s’élèvent du sol, prenant la forme d’un terrible félin, et viennent empaler le kshatriya tatoué, qui meurt sur le coup. Mais son corps se relève, possédé, les tatouages bleus virant au rouge, hurlant “pour Boyoh”, avant que Daizo ne tranche le cadavre animé en de multiples morceaux épars.
 
Salila descend des arbres, comme si de rien n’était et vient se positionner à côté de Zankoku, marchant tranquillement à côté du tigre de pierre qui l’ignore. L’Ashalan à l’intérieur éteint le dernier brasero, plongeant le temple dans le noir, au milieu des cris du second disciple. Avec ses yojimbos, il se dirige vers la sortie à l’arrière du temple. Zankoku et Daizo, enflammé, entrent dans la pièce. L’Ashalan est suspendu au plafond, et dit à Zankoku qu’il a retrouvé son cœur. Salila ordonne aux derniers cultistes de s'incliner devant le premier disciple, et enfin, ils obéissent. 
 
Aot’Kla rend sa main immatérielle et caresse le coffre de pierre où est enfermé le cœur de Zankoku. Il explique à Zankoku que le second disciple a assuré à ses suivants qu’il ne pourrait jamais ouvrir le coffre. Le second disciple certifie que pour ouvrir le coffre il faut sacrifier quelqu’un qui le sert fidèlement et avec amour. Zankoku réfléchit longuement avant de demander à Salila si elle accepte de mourir pour lui. Salilia répond que pour les serviteurs de Salila mourir c’est renaître. Daizo s’interpose et affirme qu’il souhaite mourir à la place de la femme. Il ôte son kimono mais à ce moment Akabashi jette son wakizashi, transperçant le torse de Daizo, qui commence à se transformer en un avatar de la destruction. Il hurle “non !” en se précipitant vers Zankoku, après avoir jeté son katana sur Daizo, désormais grièvement blessé. Zankoku, devant l’attaque suicide de l’assassin, ouvre la terre pour enfermer Akabashi, qui l’insulte. 
 
[NDLR: Akabashi a reçu pour ordre de son seigneur, Tokujitsu Shosuro, de protéger Zankoku, son frère, de lui-même, et de ses tentations de rejoindre “le côté obscur”. A ce jour ce n’est pas une grande réussite…]
 
Le shugenja récupère sa lame pour décapiter Daizo, qui entame sa très attendue métamorphose en avatar de la destruction. Zankoku saisit sa tête et la pose sur le coffre, qui s’ouvre au contact du sang. Il contient trois boîtes qui portent chacune un nom en Ivinda. Zankoku comprend qu’elles contiennent les cœurs des premiers et seconds disciples de Boyoh, ainsi que celui de Zankoku. L’Ashalan et la servante se disputent au sujet de ce que doit faire Zankoku, servir Boyoh ou suivre sa propre voix. Zankoku ne tergiverse pas et récite ce qu’il a appris des enseignements de Fudo : il souhaite suivre sa propre voie, non celle d’un autre. Il s’éloigne après avoir donné l’ordre aux survivants de sortir Akabashi du trou où il est piégé et de le reconduire à la sortie de la forêt. Zankoku et Aot’Kla se retournent mais Salila a disparu. Les kami interrogés n’ont jamais senti sa présenc
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Message par Thibor »

A la suite de la partie précédente, le joueur de Zankoku écrit au joueur de son frère, Shosuro Tokujitsu, une longue lettre pour se faire pardonner. Ou justifier de sa conduite inqualifiable, selon les points de vue. En voilà la teneur...
 
Une nuit, portés par les kami du Vent, des murmures parviennent aux oreilles de Shosuro Tokujitsu. Ces murmures ont la voix de son désormais deux fois défunt frère...
 
​Tokujitsu,
 
La liberté est terrifiante pour un rokugani. On ne peut être homme, nous a-t-on appris, sans connaître notre place dans l'Ordre Céleste. Pour les rokugani, pour les ivinda, cette connaissance de soi s'acquiert par la naissance, même si elle n'est maîtrisée que bien plus tard. Il s'agit, tu le sais bien, d'une des similitudes majeures de nos deux peuples sur lesquelles nous avons fondé notre œuvre de syncrétisme ces dernières années. La voie sur laquelle chacun se doit de marcher, dont les premières lignes ont été dessinées lors de nos vies antérieures, est ainsi toute tracée dès notre retour dans le monde des hommes et il en ressort une difficulté presque insurmontable d'en dévier. L'Ordre Céleste goûte peu les tentatives d'ascension.
 
La voie que se doit de suivre chaque homme est-elle immuable ? A cette question je sais que tu as déjà une réponse, toi qui a décidé de te séparer du Clan du Scorpion pour suivre ta propre ambition. Ta voie est, de fait, différente de celle qui était décidée pour toi. Ton ambition était prisonnière du carcan de ta naissance. C'est une faculté pour laquelle j'ai toujours eu la plus grande admiration, cette capacité à maîtriser le désordre, ce talent pour forcer ce qui t'entoure à se plier à ta volonté. En ça tu es et sera toujours un grand faiseur de prodiges et j'applaudis encore ta décision de t'affranchir du joug du Scorpion.
 
Vivant comprimé par le goulet de sa caste, l'homme n'est pas libre. Cet ordre a une utilité : pour la société hiérarchisée dans laquelle nous vivons, il permet non seulement de s'assurer que chacun joue son rôle au mieux de ses capacités mais également qu'il ne viendra à l'idée de personne de le contrarier dans ses principes fondateurs. Pourtant, la graine de la sédition est présente en chacun de nous, prête à germer. Si chacune ne donne pas naissance à un arbre portant les fruits maudits de la corruption de l'ordre céleste - nous ne pouvons pas tous être des Daigotsu ou des Iuchiban - nous avons pourtant tous la capacité d'aller à l'encontre de l'ordre établi. Là est le paradoxe. L'Ordre Céleste immuable est à chaque âge soumis à des changements majeurs. La chute de la lignée Hantei a vu l'avènement de l'âge des hommes, puis le retour des Cieux avec l'ascension de Kitsuki Iweko. Hida Kisada est devenu une Fortune, avant de rejoindre le monde des hommes. Cette mutabilité de l'Ordre Céleste ne concerne pas seulement Tengoku. Ainsi de la chute de Fu Leng, de l'avènement de Kali-Ma, l'aspect courroucé d'une divinité ivinda, ou de l'ascension de Daigotsu. Pour un ordre millénaire qui se targue d'être inamovible et immuable, il apparaît à l'observation bien plus perméable aux changements que ne voudraient le faire admettre les intermédiaires entre les Cieux et les mortels, comme si les cartes étaient constamment rebattues...
 
Ces intermédiaires sont les shugenja, certes, dont c'est le rôle social que d'être le pont reliant le monde occulte au monde des mortels, mais surtout la lignée de l'Impératrice et, avant elle, celle des Empereurs passés, exprimant par leur parole, par leurs actes, la volonté de Tengoku. L'Impératrice, tu le sais, a le pouvoir de déclarer une substance sacrée ou un mortel Fortune. Son affection est telle pour toi que je ne serais d'ailleurs pas surpris que tu n’atteignes ce statut après ta mort.
 
Mais je digresse. Ayant accompli des années durant mon rôle de shugenja, je m'interroge sur la nécessité d'intermédiaires dans le rapport de l'homme au divin et sur la notion de liberté. L'homme, facilement paralysé par la peur et l'incompréhension, se satisfait le plus souvent d'utiliser le carcan de sa caste comme une armure. Mais pour nous, capables d'être nos propres maîtres, pour qui les vertus sacro-saintes du bushido sont des expédients à n'utiliser que lorsque qu'elles sont nécessaires, qu'est-ce qu'une caste sinon un outil comme un autre ? Si la voie qui est la nôtre et qui est décidée par l'ordre céleste n'est qu'un outil, pourquoi se limiter à n'utiliser que celui-ci ? Puisqu'un outil est fait pour être utilisé jusqu'à ce qu'il se brise, pourquoi ne pas briser les chaînes de la continuation de nos vies antérieures ? Là est le second paradoxe, ou le corollaire du premier : l'ordre céleste se veut immuable, sans pour autant restreindre la capacité de chaque homme à désirer s'en affranchir. Comme si la liberté de se rebeller contre lui était essentielle à la pérennité de l'ordre céleste. Là réside le risque, le vertige et le blasphème : si Tengoku tolère la rébellion des hommes, la guerre que lui livre Jigoku fait-elle partie de son dessein ?
 
Tokujitsu, ces mots ne te parviennent pas par hasard. Je me suis affranchi du carcan de la mortalité. Akabashi est toujours en vie, du moins l'était-il la dernière fois que mes yeux se sont posés sur lui et que ses insultes me sont parvenues aux oreilles. Mon respect est grand pour le récipiendaire de la volonté de Musashi dans ces terres et, sans nul doute, ton maître des assassins retrouvera bientôt son chemin jusqu'à toi pour te narrer mes derniers errements. Nul doute également qu'il ne te réclame le droit de t'apporter ma tête et mon cœur, que tu lui refuseras, pas tant par affection, mais car tu vois encore en moi un outil, à utiliser comme les autres jusqu'à ce qu'il se brise. Cette idée ne me déplaît pas, petit frère, tu es un catalyseur autour duquel l'histoire s'accélère, face à toi l'immuable évolue. Tant que tu seras en vie, je serais de ton côté et, si tu devais mourir avant de voir ton œuvre achevée, je n'hésiterais pas à te guider sur le chemin du retour.
 
Je suppose que ton magistrat de Jade, à qui tu as sûrement refusé le droit de laver son honneur à nouveau sali dans le sang de ses propres entrailles, alimente le feu d'une juste rétribution à mon égard. Son intervention m'a coûté trois mois d'asservissement au culte de Boyoh, mais je ne lui en veux que très peu. J'en ai tiré certaines leçons et je me suis finalement affranchi de cette servitude, vraisemblablement par la volonté du sorcier lui-même. Même dans cette étrange histoire, il est possible d'apprécier l'obsolescence des intermédiaires entre l'objet et les pratiquants d'un culte.
 
Je regrette la mort de Kitsuon, le shugenja au service de Nendo. S'il ne s'était pas avéré aussi pathétique, tu aurais eu ma bénédiction pour utiliser Shibōkanmon (死亡関門, barrière de la mortalité), la porte de la mort, pour lui permettre d'achever l'oeuvre de la vie écourtée qui fut la sienne. Tu restes, bien entendu, seul maître de tes terres et de tout ce qui s'y trouve. Ton fils aîné est, je pense, tout à fait apte à t'assister dans son utilisation. Pense peut-être à lui rappeler qu'il a la capacité de parler aux kamis.
 
Si Yogo, notre ancêtre, n'avait pas cédé à l'invitation de Bayushi, nous serions tous deux nés Phénix et j'aurais arpenté la voie de l'homme bien plus tôt, comme nos trop lointains cousins Asako aujourd'hui. Mais le temps, mon frère, n'a pas d'importance pour celui sur qui la mort glisse comme le poids des kami de la Terre sur le hagoromo (羽衣, robe de plumes) d'une tennyo (天女, femme céleste). Je ne suis plus tenu d'obéir à son appel, de même que je ne suis plus tenu d'obéir aux disciples de Boyoh, de même que je ne suis plus tenu d'obéir à l'Empire d'Emeraude. Je suis désormais libre.
 
La liberté, Tokujitsu, est terrifiante pour un rokugani.”
 
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