Inspi historique

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killerklown
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Re: Inspi historique

Message par killerklown »

quel texte ou langue se cache derrière ce texte inintéressant de la vie de saint Martin?

On oublie souvent quelles perles scénaristiques peuvent être créées avec ce genre de technologies et techniques :yes:
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Qui Revient de Loin
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Re: Inspi historique

Message par Qui Revient de Loin »

On a frôlé l'apocalypse nucléaire. Plusieurs fois.
Deux anecdotes historiques à faire frémir:
*Man Who Saved the World From Nuclear Armageddon in 1983 Dies at 77 http://paleofuture.gizmodo.com/man-who- ... 1818501062
*This Heroic Captain Defied His Orders and Stopped America From Starting World War III http://paleofuture.gizmodo.com/another- ... 1738998649

Des idées de situations dans lesquelles mettre les PJ ?
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Aran MacFiona
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Re: Inspi historique

Message par Aran MacFiona »

Sur le sujet je vous conseille la lecture du dossier "Guerre Froide" dans la revue Guerre et Histoire actuellement en vente. C'est surprenant et bouscule pas mal d'idées reçues.
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XO de Vorcen
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Re: Inspi historique

Message par XO de Vorcen »

Je réalise que ma réponse dans un sujet à Beyond the Wall a sa place ici. Désolé pour le doublon.

Ego' a écrit : dim. sept. 24, 2017 4:42 pmPense également que la pyramide des âges médiévale n'a strictement rien avoir avec la nôtre : population très jeune, natalité élevée. A moins que des sortilèges de contraception n'existent et que la culture accepte cette pratique...
Oui mais non. ;)
Il y a une natalité élevée compensé par une mortalité infantile élevée (acception large, pas seulement les décès à moins d'un an). Si on regarde l'espérance de vie brute, elle avoisine les 40 ans. Si on regarde l'espérance pour la population ayant atteint l'âge adulte, elle bondit à passé 60 ans et des vieillards de 80 ans ne sont pas rares.
Wiki a écrit :Au XVIIIe siècle en Europe, un enfant sur quatre meurt avant 1 an et un sur deux seulement arrive à l’âge adulte ([font]source[/font]).
Vous noterez que nous sommes déjà sorti du moyen-âge pour cette référence.
Voici quelques [font]données intéressantes[/font] en vrac même si je ne peux juger de leur fiabilité dont voici l'extrait le plus sympa à mes yeux de metteur en scène / modeleur de monde :
Au Moyen Age, un riche vit en moyenne 10 ans de plus qu'un pauvre.
Au Moyen Age, une épidémie/famine peut emporter 2/3 ou 3/4 des enfants de moins d'un an.
Au Moyen Age, un feu équivaut à 4-5 habitants.
Au Moyen Age, d'après un plan, il y a en gros 40 maisons par village. Et les villages sont distants de 1 a 5 km. Il y a 1 a 7 villages par paroisse. 1 château important tous les 30 km, 1 château tous les 10 km
Entre 2 naissances, il faut un intervalle de 16 mois. Les femmes peuvent avoir des enfants de 12-15 ans à 50 ans.
Au 11ème siècle, une ville de 3000 habitants a besoin pour vivre, d'une dizaine de terroirs villageois, soit 8,5 km2.
Enfin il y a cet [font]article sur la démographie médiévale[/font]. Je ne doute pas qu'un spécialiste pourrait trouver à y redire mais pour inspiration d'un bâtisseur d'univers, c'est pain béni.
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Ego'
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Re: Inspi historique

Message par Ego' »

Si tu observes l'explosion démographique qui eu lieu en Europe entre l'an 1000 et l'an 1300 (démographie médiévale), elle s'oppose à une partie des données que tu exposes. Pour que la population de l'Angleterre puisse passer de 1 million à 5-7 millions en l'espace de 200 ans il faut une population très jeune et une natalité élevée. Comme un pays en développement aujourd'hui.

A l'échelle de l'Europe, la population passe de 35 à 80 millions entre 1000 et 1347 (source).

Un déclin démographique important eu lieu ensuite et le niveau de population du moyen-âge ne sera atteint à nouveau ou dépassé que plusieurs siècles plus tard (la Toscane par exemple doit attendre 1850 pour retrouver sa population de l'an 1300).

La France ne réussit à dépasser définitivement sa population de 1345 (20 millions) qu'à partir de 1730 (source). 
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Re: Inspi historique

Message par Ravortel »

Ton déclin démographique s'appelle "peste noire" et "Guerre de cent ans" (plus les famines induites par ces guerres que les pertes directes, d'ailleurs)...
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Re: Inspi historique

Message par Ego' »

Ravortel a écrit : lun. sept. 25, 2017 1:30 pmTon déclin démographique s'appelle "peste noire" et "Guerre de cent ans" (plus les famines induites par ces guerres que les pertes directes, d'ailleurs)...
Il ne me semble pas avoir soutenu que ce déclin était dû à l'utilisation de la pilule contraceptive ou à une explosion des IVG... :lol:
Dernière modification par Ego' le lun. sept. 25, 2017 1:57 pm, modifié 1 fois.
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Re: Inspi historique

Message par Ravortel »

L'éventration par des ex-mercenaires en rupture de ban est-elle considérée comme une forme d'IVG ? ;)
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Re: Inspi historique

Message par Lord Foxhole »

Les infanticides sont des crimes  provoquant généralement l'incompréhension... Comment peux-t-on tuer un enfant ?
Le crime est encore plus incompréhensible quand l'assassin est lui-même un enfant.
Ce fait divers n'est pas neuf, mais  le  cas a  défrayé la chronique en son temps...
https://fr.wikipedia.org/wiki/Mary_Bell
https://web.archive.org/web/20150209235 ... dex_1.html

La jeune Mary Bell (née en 1957) a été été jugée coupable en décembre 1968 du meurtre de deux garçons (âgés de 4 et 3 ans)...
Elle sera  relâchée en 1980, après avoir passé douze années en prison et se verra accorder l'anonymat pour commencer une nouvelle vie sous un nouveau nom.

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Gary Gygax réveille-toi ! Ils sont devenus fous !
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Lotin
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De Bello Antediluvio

Message par Lotin »

Hey ! Ca faisait longtemps que je ne vous avais pas gratifié d'un petit pavé ? Ca vous manquait je suis sûr ! Non ? Je remballe ? Bon, on sait jamais, ça peut intéresser les deux du fond.


Il y a quelques soirs, j'ai failli jeter ma télé par la fenêtre et comme je suis un garçon primaire, je me suis dit un militaire avec un peu de bol se la mange en pleine tête... mais je m'égare. Quoique pas tant que ça. J'ai regardé un reportage sur Otzi, la momie des glaces, celui dont personne ne voulait et que tout le monde se dispute maintenant. Regardé est un bien grand mot, subi serait plus juste. Il était question de conflits préhistoriques et les âneries débitées m'ont convaincu de vous glisser une petite bafouille sur le sujet*. Pas Otzi mais les violences préhistoriques, la naissance de la guerre.


! Spoiler alert ! : ça va être long mais ça peut (je crois) fournir quelques inspirations de descriptions, certaines situations archéologiques sont assez impressionnantes.


_________________________



Quand j'ai besoin d'amour ou de fraternité, j'vais voir Caïn cherchant Abel pour le plomber.**


Pour beaucoup, et ce depuis longtemps, la guerre est perçue comme inhérente à l’espèce humaine (Freud, entre autres pour qui l’homme est doté d’une forte somme d’agressivité), primordiale même (Girard). Parfois même certains ont jugé qu’elle était nécessaire, voir même indispensable à l’évolution de l’homme (Hegel, Proudhon par exemple). Cette violence est-elle inscrite en nous ? Sommes-nous des singes tueurs ? Avons-nous hérité du premier assassin, Caïn, cette violence ?


Petite introduction

Bellum omnium contra omnes

Globalement, deux écoles, deux conceptions de la violence s’opposent depuis quelques siècles maintenant. La première est « la guerre de tous contre tous » depuis l’aube des temps défendue notamment par T. Hobbes. La seconde a pour figure de proue J.-J. Rousseau pour qui « l’homme naît bon, c’est la société qui le corrompt » (mais aussi Cartier et Montaigne, Levi-Strauss dans une moindre mesure) à contre-courant d’une vision plus évolutionniste. Quelques-fois des voies médianes peuvent être portées par d’aussi célèbres voix, Denis Diderot, je pense à toi et à ton Supplément au Voyage de Bougainville même s’il s’entend avec d’autres auteurs sur le caractère corrupteur de la colonisation et de la religion chrétienne. Mais, oui il y a un mais, il affirme aussi que l’homme n’est pas intrinsèquement mauvais.

La première théorie a été reprise il n’y a pas très longtemps encore, par exemple par Laurence Keeley dans son War before civilization, un ouvrage qui a marqué les années 1990 et resurgit de temps à autre. L’hypothèse est simple, la guerre est inhérente à l’homme et elle répond à des stimuli sociaux et environnementaux. Et l’on voit donc resurgir l’opposition nature/culture. C'est aussi la Horde primitive de Freud. Dans les années 20 se développa la théorie de l'ancêtre commun, un singe tueur, un Caïn originel. Une idée mise en avant par Raymond Dart (dont vous connaissez un des enfants, c'est lui le découvreur de l'Australopithecus africanus et de l'enfant de Taung). Le constat est simple, l'homme est un prédateur, la violence n'est que le prolongement de l'acte de chasse.

L'archéologie de la violence et de la guerre fait son retour depuis les années 1990*** et elle fait partie de ces facettes de la discipline très médiatisée et médiatisable.

Avant d’aller plus loin il faudrait définir ce que nous entendons par le terme de « guerre », surtout appliqué au cadre de populations « primitives ». L’une des définitions modernes, à savoir que la guerre est « un état de conflit armé entre plusieurs groupes politiques constitués » ne peut pas s’appliquer aux populations les plus anciennes. Du coup, vous verrez que mon propos s’attachera plutôt sur la violence en règle générale et comment l’archéologie la retrace à travers les vestiges.


Ce peuple adonc, nouveau fils de la Terre,
Dardant partout les foudres de la guerre


Un truc qu’on aime bien faire en archéologie, c’est de l’ethnoarchéologie (dans un pur comportement contemporanéiste) avec tous les défauts liés à cette « méthode ». On observe des populations dîtes « primitives » (ou « traditionnelles ») car leur structure sociale, économique, religieuse (et autres) nous semblent proches de ce que l’on s’est imaginé pour nos populations préhistoriques (raisonnement circulaire, biais de confirmation, etc. vous voyez où je veux en venir et je sais de quoi je parle, argument d’autorité attention, je me suis adonné à cette méthode sur un sujet très particulier et un peu chiant). Sauf que ces groupes ne sont pas des « fossiles vivants » et ce que l’on apprend d’eux ne constitue pas forcément un modèle applicable à nos paléopopulations.

Alors que disent les ethnologues de la violence et de la guerre dans ces sociétés ? Pour eux, la messe est dite, la guerre est un phénomène universel (Izard, Descola, Clastres, Lévi-Strauss, Mauss, pour l’exemple) mais aux formes très diverses. S’ils s’accordent pour considérer que la guerre est universelle, est-elle universellement souhaitée par tous ? L’homme est-il toujours dans la volonté de violence. Sur ce point, plusieurs groupes humains ont montré que leur idéal de société passait par une véritable volonté pacifique (chez les !Kung par exemple, et oui le point d’exclamation est bien à sa place). Par contre, là ou leurs observations divergent (oui, je sais ça fait beaucoup pour un seul homme) c’est sur la nature et l’origine de ces violences. Pour Lévi-Strauss, la guerre est liée aux échanges, c’est une forme d’échange qui a échoué. Pour Clastres, la guerre est liée à l’émergence de l’état, d’une société régie par des lois. D’autres encore essaieront de concilier les deux théories comme la tentative de Otterbein qui propose l’existence de deux stades de guerre préhistorique, l’un inhérent à notre genre et vieux de deux millions d’années et l’autre ayant à peine 5000 ans et qui accompagne les agriculteurs du Néolithique et qui sont capables de « se lancer dans des conquêtes militaires » (Otterbein 2004). Il existe tout un tas de variables entre les deux extrêmes. Notons la résurgence de cette idée que la guerre est liée à l'émergence des inégalités, de la propriété, des hiérarchies, que la violence est portée par le Néolithique. Vous la sentez l’odeur du Bon Sauvage ?

On remarquera aussi que la violence et/ou la guerre a une véritable importance historiographique impliquant un biais de sureprésentation qu’il faut garder en tête (un peu comme le cannibalisme, néandertal, etc.). Une idée largement développée par J. Haas et M. Piscitelli notamment par rapport au poids des données ethnographiques sur nos modèles de préhistoriens (The Prehistory of Warfare).


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Dans l’imaginaire populaire, l’homme préhistorique est un sauvage fruste tout juste bon à caillasser la margoulette de son voisin pour lui prendre sa femme (par les cheveux si possible), son feu, ou tout autre chose qu’il estime de valeur. Depuis la fin du XIXe cette imagerie d'une sauvagerie à la violence extrême sera largement diffusée par les représentations artistiques et reprise par la littérature (souvenez-vous de La Guerre du Feu qui est loin d'être le premier roman traitant de la préhistoire c'est 1911), puis par le cinéma (déjà Buster Keaton en 1900 dans The Three Ages), jusqu'au fils des âges farouches que tout le monde connait, etc. Le mal est fait, diffusion de valeurs virilistes, projection évolutionniste, etc... et il n'est que le miroir d'une pensée contemporaine (de ses auteurs pas de nos pauvres gars à la massue) : colonialisme, racisme, eugénisme, construction identitaire nationale, etc...


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C'est bien beau toutes ces théories, mais au fait, qu’en dit l’archéologie ? et les faits ?

Une première limite s’impose logiquement, celle de la conservation des vestiges permettant l’identification d’indices de violence (en gros des ossements). Autant le dire tout de suite, les restes « humains » antérieurs à h. neandertal, h. sapiens, et les autres représentants du genre ayant vécu avant les quelques derniers millénaires sont extrêmement rares. Il est presque impossible de s’en servir pour investiguer l’émergence de la violence, des faits de guerre/violence, etc.
Un assez récent travail de synthèse a été effectué par N. Thorpe cataloguant les vestiges osseux indices de violence. Pour le Paléolithique (et donc les chasseurs-cueilleurs) les vestiges osseux présentant des traces de blessures violentes sont extrêmement rares, mais vraiment rares. Par exemple, l’examen par Brennan de 209 individus du Paléolithique supérieur du sud-ouest de la France n’a montré que 5 traces de blessures. Pour couronner le tout, ces blessures peuvent être la conséquence d’accidents de chasse, pas facile donc de déterminer la motivation et l’origine exacte de la blessure. Rapporté à l’échelle des temps, nous avons donc un cas de violence (lato sensu) tous les 20/30000 ans. Et, celles ayant entrainé la mort de la victime sont encore plus rares.


Des temps les plus anciens

Lupus est homo homini, non homo, quom qualis sit non novit

Quelle est donc la plus vieille trace de violence attestée ?

Je vais écarter de cette liste à la Prévert les vestiges osseux découverts il y a longtemps et fouillés dans des conditions qui ne garantissent pas l’intégrité de ces mêmes vestiges et des contextes. De nombreux vestiges identifiés comme portant des traces de violences montrent en fait qu’ils ont été marqués par l’acte de fouille (coups répétés de piochon sur un crâne à la Chapelle-aux-Saints, un coup de pioche dans le frontal d’un crâne de l’abri Cro-Magnon, le crâne percé d’une Gravetienne de l’abri Pataud, etc., j’ai par exemple moi-même scalpé un jeune mérovingien installé pour son dernier repos dans un ancien silo de stockage).

On a longtemps pensé que SK54, un Australopithecus robustus (paranthrope) découvert dans la célèbre grotte de Swartkrans en Afrique du Sud était l’un des plus anciens vestiges témoignant de violence. Les deux trous au sommet de son crâne ne sont en fait que les négatifs de crocs d’un léopard.

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En Chine, près de Maba fut découvert un crâne d’Homo sapiens archaïque âgé de 200 000 ans à 150 000 ans. Le crâne montre les traces d’un coup porté à la tempe droite qui a cicatrisé et qui ne fut donc pas mortel. C’est l’examen récent mené par un spécialiste E. Trinkaus qui a révélé cela. Il conclue d’ailleurs son étude en indiquant bien qu’il est impossible de déterminer s’il s’agit d’une blessure infligée par quelqu’un d’autre ou d’un accident de chasse (activité qui impliquait souvent un corps à corps avec des bêtes bien dangereuses équipées de cornes, bois et autres trucs contondants).

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En Charente, les restes de deux individus ont été découverts en 1947 dans la grotte de Fontéchevade (fouillée depuis 1870). Ils sont très parcellaires et datés d’environ 120 000 ans et attribués à des prénéandertaliens. D’autres restes humains appartiennent à des sapiens plus tardifs. La calotte crânienne a été mise au jour parmi des détritus culinaires et à proximité des restes d’un feu (cannibalisme nous voilà).

Toujours dans la même région, en Charente-Maritime, les restes d’une néandertalienne découverte à Saint-Césaire, sur le site de la Roche à Pierrot, en 1979 montrent un coup porté au côté droit de son crâne. Elle est âgée de 36 000 ans et a survécu au moins quelques mois à sa blessure.

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En Croatie, des vestiges contemporains ont été découverts dans la grotte de Kaprina. Le crâne d’un néandertalien présente une blessure. Une toute récente étude a montré des similitudes avec des traces d’outils portés par des crânes amérindiens décharnés après un long moment de décomposition et déposés dans des sépultures secondaires.

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En Slovaquie, un autre crane de néandertalien a été découvert en 1961 à Sala dans les gravières d’une rive de rivière.

En Italie, la grotte Guattari a livré aussi des restes néandertaliens qui ont longtemps alimenté le débat sur le cannibalisme de néandertal. Un nouvel examen a montré que les traces observées sur les ossements ont été provoquées par l’action des carnivores, probablement des hyènes.

Au Kurdistan (Irak), plusieurs squelettes de néandertaliens ont été découverts dans le réseau de grottes de Shanidar. Ils sont datés de 60 000 à 50 000 ans et l’un d’entre eux, mis au jour en 1957, présente des traces des traces de blessures à la face, notamment l’orbite gauche qui a été fracturée. Cette blessure aurait dû le laisser aveugle. Son bras droit était atrophié et polyfracturé. Toutes ces blessures se sont ressoudées et l’homme n’en est pas mort. Il a donc été entretenu par sa communauté. L’archéologue en charge de la fouille souligne que les marques sur les os sont peut-être liées à l’éboulement du plafond après l’ensevelissement du corps. Shanidar III, un néandertalien de plus de 40 ans présente une cote perforée et Shanidar V a reçu un projectile au front. La révision récente des données semble démontrer que la plupart des blessures (crânes et bras notamment) correspond à des blessures liées à la chasse. Ce site est important car il assure de manière assez certaine que Néandertal enterrait bien ses morts (c’est encore plus impressionnant pour Shanidar IV et la tombe aux fleurs).

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Le site de Skhül en Israël a aussi livré des restes humains portant des traces de violence mais elles concernent des sapiens archaïques (considérés pendant un temps comme des néandertaliens). Skhül I est un enfant au crâne perforé et fracturé. Skhül IX, un homme adulte, a été traversé par une arme en bois durci. De plus, il semble avoir été achevé par un coup à la tête.
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Très récemment, en Espagne, à la Sima de los Huesos, un squelette daté de 430 000 ans porte les traces « nettes » de deux impacts sur le front. Les blessures n’ont pas cicatrisé. Les auteurs de la découverte semblent certains qu’il s’agit là d’un homicide. De nombreux restes osseux plus récents (environ 200 000 ans) ont été découverts sur le site qui est interprété comme un trou dans lequel était jeté les corps de « victimes ».

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D'autres sites comme Kébara, Tabun, La Ferrassie, la Chapelle-aux-Saints, etc. Ont livré des vestiges qui sont autant de preuves de traumas.

Pour cette première partie de la préhistoire, on voit donc plusieurs points se dégager. Même si elles sont extrêmement rares, il existe des traces de violence. La plupart sont imputables à des accidents de chasse, de mauvaises interprétations ou des perturbations post-dépositionnelles (soit les aléas de la conservation, passez quelques dizaines de millénaires en terre et on verra ce qu’il reste de vous…). Il reste au final très peu de témoins sûrs. Plusieurs explications sont mobilisées pour expliquer la rareté de ces conflits. La principale est la très faible densité de population impliquant de très rares rencontres entre groupes. Qui plus est, les contacts entre ces groupes devaient être majoritairement bien plus pacifiques pour des échanges matrimoniaux par exemple (ce qui a été observé pour des groupes de néandertaliens espagnols, El Sidron, par exemple où les individus mâles du groupe appartenaient à la même lignée alors que trois lignées féminines différentes ont été repérées). Le cas des vieilles fouilles est aussi problématique car les méthodes ont changé, les ossements se sont baladés et sont souvent perdus, les informations souvent lacunaires, etc.


Les derniers Chasseurs

Des armes, au secret des jours,
Sous l'herbe, dans le ciel et puis dans l'écriture,
Des qui vous font rêver très tard dans les lectures
Et qui mettent de la poésie dans les discours


Et qu'en est-il de la fin de la préhistoire**** ?

On dénote pour la fin du Paléolithique une augmentation du nombre de traces de violence, parfois spectaculaire. Il suffit de voir les vestiges de San Teodoro, de Grimaldi, Montfort-sur-Lizier (pour ne parler que de la France) pour s’en rendre compte. L’introduction des armes de jet/propulsés/de tir à ce moment est assez marquant mais il ne faut pas se leurrer et oublier un biais méthodologique important. Cet accroissement des données n'est qu'un effet mécanique logique car la documentation anthropologique est plus riche. En effet, plus on se rapproche de nous chronologiquement plus les vestiges sont importants, ce sont les règles de la conservation différentielle. Les blessures cependant restent tout de même rares, les données de la paléopathologie montrent d’ailleurs qu’Homo Sapiens étaient moins soumis aux traumatismes (en tout genre) que Neandertal.

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Grimaldi, Grotte des enfants

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Monfort-sur-Lizier

Deux sites africains concentrent l’attention. Le premier, le site 117 ou Jebel Sahaba a été fouillée dans les années 60 à la frontière entre Egypte et Soudan. C’est une nécropole***** d’une 60aine de squelettes qui a été mise au jour. La moitié des individus inhumés montrent des traces de blessures (tête, thorax, dos at abdomen surtout), l'autre moitié est bien trop abîmée pour pouvoir y lire quoique ce soit. Certains en sont morts alors que d’autres montrent des blessures avec divers degré de guérison témoignant d’un état de violence sur le long terme. Plusieurs pointes de projectile ont été retrouvées encore fichées dans des os. Plusieurs squelettes montrent qu'ils ont subi des tirs alors qu'ils étaient déjà à terre. Ont-ils été achevés ? Le site est daté d’il y a 12 000 à 10 000 ans. Les méthodes de datation utilisées à l’époque ne sont pas fiables et les collections d’os ont été dispersées. Les données de ce site témoignent d’une pression sur le groupe (liée à la concurrence menée par un autre groupe pour accéder à des ressources).

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Le second est un site découvert tour récemment (2012) au Kenya, Nataruk. La fouille a montré 27 squelettes. 12 d’entre eux n’ont pas été enterrés mais laissés tels quel après leur décès. Une large panoplie de blessures a été identifiée sur les os et témoigne de l’utilisation de trois types d’armes : des projectiles (flèches), des contondantes comme des massues et des tranchantes (en cause de profondes lacérations). Deux personnes ont été tuées avec les mains liées. Les raisons exactes restent inconnues et ce massacre est daté, de manière à peu près certaine, d’il y a 10 500 ans à 9 500 ans soit un groupe de chasseurs-cueilleurs. Ce site est considéré comme le premier « massacre de masse » attesté de l’histoire de l’humanité et nous sommes en contexte de populations de chasseurs-cueilleurs. Il en dit beaucoup aussi sur le comportement de sapiens, notamment qu'il n'a pas eu besoin d'attendre l'agriculture, la sédentarité pour se foutre violemment sur la yeule.

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On y est donc ! C'est probablement, pour le moment et jusqu'à ce que la prochaine découverte me fasse mentir, autour d'il y a 13 000 à 10 000 ans que se montrent les premiers vrais actes de violence attestée, collective qui plus est.

Le Mésolithique (qui n'est pas une culture mais une période, enfin vous le saviez), soit les derniers hommes à vivre d'une économie stricte de prédation (de -10 000 à l'arrivée du Néolithique), a livré de nombreux cas de violence. Ce n'est pas le cas de toutes les sociétés mésolithiques, il y a des variations géographiques et chronologiques importantes, mais c'est notable. Alors que les 400 individus découverts en contexte mésolithique au Portugal ne montrent quasiment aucune trace de violence (si ce n'est des blessures domestiques ou liées au quotidien), les rives du Danube ou l'Ukraine ont livré des témoins contemporains d’interactions violentes.

Une grosse synthèse récente (2006) a examiné les données de 418 individus issus de sites datés de 8200 à 5500 av. n. è. en rive droite du Danube des Gorges des Portes de Fer dans les Balkans. Ces données ont été comparées avec celles obtenues par le site contemporain situé en rive gauche, en face des précédents. Il y a sept cas de violence en rive droite soit 2%, soit guère plus que pour le Paléolithique. Par contre, en rive gauche, ils étaient un peu plus chauds, on arrive à un taux de 33% de traces de violence.

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En Europe, le pourtour méditerranéen et la façade atlantique sont quasiment exempts de traces de violence. Sauf à Téviec où un jeune homme a deux flèches plantées dans les vertèbres et les deux femmes de la sépulture aux bois montrent de nombreux coups sur le crâne. L'Europe centrale et septentrionale à l'inverse montre quelques cas intéressants. Nous avons déjà vu le cas des Balkans mais d'autres cas sont à souligner.

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Le site d'Ofnet, fouillé au début du XXe siècle en Allemagne a livré deux nids à crânes. Deux fosses contenant les crânes de 38 individus. Les têtes ont été déposées peu de temps après la mort (présence des mandibules inférieures et des premières vertèbres). Ce sont surtout des enfants. Une vingtaine de têtes montre des traces évidentes de blessures. Les crânes des individus mâles portent le plus de blessures mais aucun genre ni aucune classe d'âge ne sont épargnés. Les têtes n'ont pas simplement été jetées dans un trou, elles ont été ocrées, et déposées avec des parures (craches de cerf (une canine résiduelle très utilisée au mésolithique) et coquillages en très grande quantité). Pour finir, ils n'ont pas été déposés tous en même temps mais sur un temps plutôt long. Mais comment interpréter tout ça ?

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La Scandinavie semble être des coins les plus violents. Plusieurs nécropoles ont fourni de nombreux restes humains portant encore des projectiles fichés dans leurs os. Beaucoup d'ossements attribués à des hommes ont des blessures infligées par des armes contondantes de grosse taille.

Les 12 squelettes anciens d'Amérique du nord (-12000/-6000) montrent un taux de violence encore plus élevé, la moitié d'entre eux portent des traces d'impact, de fractures et autres traumas. Une telle fréquence est assumée comme reflétant l'existence de conflits courants. Ensuite, entre –6000 et –500, les traces de violence explosent. Les blessures par projectiles sont communes et les cas d'individus tués par arc de moins en moins rares. Mais pas partout, par exemple, les Grandes Plaines du Canada et des Etats-Unis ne montrent aucune trace de violence jusqu'à une période récente (950 de notre ère).

Pour la période, on estime que la semi-sédentarité et l'attachement accru à un territoire donné a abouti à ces formes de violence tout comme l'accès à certaines ressources ou zones très riches ainsi que l'émergence d'une hiérarchisation au sein des groupes avec un esprit de compétition accru. Qu'en est-il exactement ?



Et le paysan, il en dit quoi ?


Toi, t'es bien d'un autre village.
T'as pas les mêm'sabots que nous.
Sur ton épaul' c'est du plumage
Et nous aut' on a du burnous.

Quand on fait chacun son fromage,
Ça lui donne un tout autre goût.
T'as pas les mêm'sabots que nous,
Ça fiche un tout autre tapage…


Il existe une frange de temps très particulière, celle du contact entre le "front de colonisation néolithique" et les populations autochtones mésolithiques. Est-ce qu'elle témoigne d'une guerre menée par les nouveaux venus et expliquant la disparition des derniers chasseurs-cueilleurs ?

Comment s'est traduite l'arrivée de ces groupes différents en de nombreux points (je me limite à un territoire européen) ? Probablement par tous les cas de figure possibles mais il n'y a peu ou prou de traces de violence entre les deux groupes. Absence de preuve n'est pas preuve d'absence.

On a par contre des indices de violences inter-groupes néolithiques et ce dès le début de la période. Fi des groupes d'agriculteurs paisibles et solidaires, ils se mettaient aussi sur la tronche. La découverte impressionnante faite dans les années 1980 d'une véritable fosse commune à Talheim en Allemagne a marqué les esprits. Il s'agit d'un trou dans lequel ont été jetés 34 corps, enfants, femmes et hommes, tous les âges (sauf les 0-4 ans). Exclusivement des morts violentes. Beaucoup ont été agressés de dos, debout, les têtes étaient visées en premier. Il y a de nombreuses blessures aux genoux qui semblent indiquer que ces gens ont été achevés une fois blessés. Avec quelles armes ? Surtout des haches emmanchées, les impacts de flèches sont rares. Il y a aussi des traces d'utilisation de gourdins. Les études génétiques ont montré qu'il s'agissait d'un groupe composé de deux ensembles familiaux. L'absence des enfants en bas âge suggère que cette population ne reflète pas une image miroir du groupe, ceux-ci ont soit survécu soit ont été tués ailleurs.

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Est-ce un cas unique ? Non, loin de là. En Basse-Autriche, à Asparn-Scheltz, un habitat entouré par un fossé (ce qui n'est pas toujours preuve de conflits, le fossé peut simplement servir à contrôler la divagation des troupeaux) a livré dans celui-ci presque 80 squelettes. Là aussi que des morts violentes. L'intégralité du fossé n'a pas été fouillée, juste une portion, l'estimation du nombre de morts est de 300 individus environ. A la différence de Talheim, les corps ont été laissés sur place tels quels, il n'y a pas de volonté de les enterrer. Les jeunes femmes sont rares ce qui laisse suggérer qu'elles ont peut-être été enlevées.

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Un troisième site, Herxheim confirme ces violences extrêmes. C'est un habitat ceinturé par un double fossé couvrant une surface de 5 hectares. Dans des poubelles et autres trous mais surtout dans les fossés ont été découverts presque 500 individus (et seule la moitié du site a été fouillée). Les restes osseux montrent de très nombreuses manipulations, par exemple beaucoup de calottes crâniennes ont été découpées. Cependant, ce site n'est pas l'image d'une bataille même s'il témoigne d'une violence envers les corps. Deux hypothèses expliquent cette situation : il s'agit soit d'une nécropole où les gens venaient déposer les corps des défunts (entiers ou parcellaires) soit d'un pique-nique géant. L'étude des ossements de 2009 a montré que les squelettes avaient été dépecés, les os longs fracturés pour extraction de moëlle et mâchonnés. Les cas d'anthropophagie en contexte néolithique ne sont pas rares mais ils n'en sont pas les initiateurs.


Deux sites français ont livré des restes comparables à Talheim et Asparn, il s'agit d'Achenheim et de Bergheim où des squelettes ayant été violemment traités ont fini dans des silos et des fossés. Dans le cas d'Achenheim, les archéologues pensent qu'il s'agit d'une petite force armée étrangère au village qui s'est faite massacrée. L'image d'Epinal de la fin du XIXe voulait que le Néolithique avait permis à l'homme de sortir d'une époque cannibale (Morgan notamment qui pensait que le cannibalisme permettait de compenser l'état de famine perpétuel des misérables populations paléolithiques).
Il apparaît dans cette région (au sens large) qu'une crise au tournant du 5e millénaire avant notre ère a impulsé des massacres.

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Quelle est la cause de ces violences néolithiques ? Est-ce que l'explosion de la démographie au Néolithique est un vecteur de violence ? C'est un argument souvent mobilisé mais on a vu que de véritables conflits (même si à petite échelle) ont existé bien avant l'avènement du Néolithique. De plus, des études montrent qu'il existe des sociétés qui sont en état de guerre en cas de sous-population, causée notamment par des stress climatiques. Des sociétés guerrières sont assez représentées dans des cadres de densité de population très faible. Pour l'instant, il n'est pas possible de lier un stade économique ou une forme d'organisation sociale à un état de guerre (ou de paix). La notion d'identité du groupe semble plus pertinente. C'est donc plus compliqué qu'il n'y paraît.


Pour le reste du Néolithique, en se concentrant sur le territoire français, on assiste à une amplification des actes de violence. Une cinquantaine de sites ont fourni des preuves de blessures (mortelles ou non). Elles sont majoritairement infligées par des flèches. La situation est là aussi contrastée sur le territoire. Les premiers temps du Néolithique sont avares en preuves archéologiques de violence dans les midis alors que le nord-est est déjà plus tendu comme nous venons de le voir. Quelques rares cas sont recensés pour la phase moyenne mais c'est vraiment dans les derniers instants du Néolithique (4e et 3e millénaire) que se remarque une recrudescence des violences sur deux espaces géographiques : les midis et la Marne. Les restes osseux témoins de violences armées ne sont pas rares mais on reste loin de conflits de masse. Il existe un seul site pouvant témoigner d'un massacre. C'est la bien nommée "couche de guerre" de l'hypogée de Roaix (Vaucluse) qui a été fouillée dans les années 60. 35 squelettes ont été mis au jour sur un même niveau, certains avaient des pointes de flèches encore fichés dans les os. Un cas plus connu est celui de l'homme de Similaun, Otzï. Il a fallu que la plus vieille momie de l'humanité découverte soit morte à la suite d'une rencontre plus que musclée. Pour rappel son équipement porte le sang de 4 personnes différentes et sa mort a été provoquée par la section d'une artère par une flèche bien placée tirée dans son dos.

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Si dans le premier acte vous dites qu'il y a un fusil accroché au mur, alors il faut absolument qu'un coup de feu soit tiré avec au second ou au troisième acte.

Il est à noter l'essor durant cette même période de la fin du Néolithique des armes comme marqueur social au sein de la sphère masculine. Le trio arc-poignard-hache constituera l'essentiel des symboles masculins. La représentation guerrière émerge et annonce celle du guerrier de la protohistoire.


Résumé/Conclusions

Que peut-on conclure après ce long exposé ? Les premiers temps de la préhistoire montrent que les très rares cas de violences ne sont probablement pas du à des conflits armés, au pire à des violences interpersonnelles, mais elles restent rarissimes. Ensuite, pour la fin des derniers chasseurs-cueilleurs, il semble y avoir une multiplication de ces violences interpersonnelles mais elles ne sont jamais d'ampleur et visiblement on n'hésitait pas à prendre les armes pour régler un problème. Les cas africains de Nataruk et Jebel Sahab restent exceptionnels. C'est avec le Néolithique, et dès sa phase ancienne pour l'Allemagne par exemple, que se manifestent des conflits de "masse" que l'on pourrait rapprocher de guerres. Mais cela reste des conflits collectifs qu'il est encore malaisé de comprendre comme de véritables guerres. Celles-ci, tout comme le corps social du guerrier/soldat, n'émergeront qu'à la toute fin de la préhistoire. Ce n'est que durant l'âge du Bronze, courant du 2e millénaire avant notre ère que naîtra véritablement le soldat et les conflits organisés et socialisés. On assistera d'ailleurs à la création d'un équipement strictement dédié au combat (épée, bouclier, lance, char) à cette période. Avant, il y a une certaine porosité entre les équipement de chasse et outillage et ceux utilisés pour meuler la trogne du rival.




Nous voilà donc bien loin de l'imagerie collective du préhistorique ultra-violent.


Des conseils de lecture ? Contentez-vous de lire l'ouvrage des sieurs Guilaine et Zammit : Le sentier de la guerre. Ce n'est pas le plus récent (2001) mais il dit déjà tout et surtout c'est érudit et très accessible. Oubliez par contre celui de Pathou-Mathis. Je vous conseille le film Humains, excellemment interprété par un acteur-historien de talent.******


_________________________


* Je vous mens un peu, j'ai commencé à préparer ce petit point d'info il y a un moment mais je me disais que ça n'intéresserait personne, mais au final pourquoi pas. Et ça me faisait une bonne introduction. Ça peut être utile, surtout s'il y a des joueurs de Würm dans la salle.
** Je vous laisse deviner de qui sont les citations, ça me permettra de voir si vous êtes allés au bout de la lecture.
*** En parallèle à l'émergence de conflits qui ont marqué : Koweit, Yougoslavie, Rwanda, Tchétchénie, Libéria, Algérie, Sierra Léone, Somalie, Ethiopie/Erythrée, Congo, etc. L'archéologie est souvent à considérer en regard de l'histoire pour en comprendre l'évolution, comme beaucoup de choses.
**** Ce que j'entends pour la fin de la préhistoire : la fin du Paléolithique supérieur, le Mésolithique et le Néolithique. Il existe un "débat" pour savoir si cette dernière étape de l'évolution culturelle de l'homme est toujours de la préhistoire ou déjà de la proto-histoire, voire de l'histoire.
***** Encore un phénomène attribué au Néolithique alors qu'il n'en est rien. Les populations du Mésolithique sont probablement à l'origine de cette nouvelle façon de concevoir le monde des morts : les regrouper dans un espace dédié (soyez fiers amis bretons d'avoir les sites de Téviec et Hoëdic, certes fouillés par un collabo convaincu, mais, pardonnez-moi la vulgarité, putain quels sites !!!).
****** Ouais j'ai osé, il fallait bien terminé sur une pointe d'humour nan ? En fait, je ne vous conseille aucun film sur la préhistoire. Ouais je suis cruel.
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Romain d'Huissier
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Re: Inspi historique

Message par Romain d'Huissier »

Passionnant, merci !
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Re: Inspi historique

Message par killerklown »

Apparemment, c'est moi le 2ème du fond :lol:
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Gridal
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Re: Inspi historique

Message par Gridal »

On est trois ! Merci Lotin, c'est passionnant.
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XO de Vorcen
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Re: Inspi historique

Message par XO de Vorcen »

Un régal dans les transports ce matin qui m'a tiré de ma léthargie. La frustration du trajet "trop court" pour tout lire et l'attente d'une pause pour finir, c'est dire à quel point j'ai apprécié ton message comme à ton habitude.

Une petite suggestion : je vois que tu as bien adapté ton texte à la lecture sur forum (courts paragraphes et lignes de séparation) et je t'en suis gré. Même sur smartphone ça passe. Mais plutôt que des notes en fin d'article serait il possible à l'avenir de les intégrer entre parenthèses, crochets ou accolades sous les paragraphes concernés ? La lecture par défilement de texte se prête mal au note de bas de "page".
Ravortel
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Re: Inspi historique

Message par Ravortel »

Lu par petite touches pendant la journée, passionnant.
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