Orlov a écrit : ↑ven. avr. 07, 2017 1:26 pm
Où est l'inspi ? Ben imaginez qu'en fait l'île de Maplin soit un lieu un peu ancien, qui date d'avant la transgression flandrienne, un lieu où les hommes du Madgdalénien (je sais pas si c'est pertinent, Lotin donnera la bonne parole le cas échéant, mais ça sonnait bien) honoraient leurs cultes les plus sombres et qu'un truc vraiment monstrueux loge sous le banc de sable et rende le tout impraticable pour les travaux. Messieurs de la Laverie, les Brittons vous regardent !
Badam Tshaak !
Alors la préhistoire de la Grande-Bretagne, c'est assez simple au final, je vous en dresse un portrait très rapide sans trop entrer dans les détails. Le peuplement préhistorique et l'occupation pérenne du coin dépend de deux facteurs qui sont très liés : la couverture glaciaire et le niveau des océans. Les premières présences humaines sont datées d'environ 450 000 ans, probablement à vieillir de 250 000 ans car des découvertes toutes récentes montrent des signes de présence sporadique vers - 700 000 ans, voir peut-être plus vieux encore. Les quatre grosses dernières glaciations (Beestonian* (= Günz), Anglian* (= Mindel, Wolstonian* (= Riss), Devensian* (= Würm) ont fortement conditionné l’accès au coin. Il faut imaginer qu’en Grande-Bretagne, l’inlandsis mesure plusieurs centaines de mètres d’épaisseur et descend jusque dans le sud de l’Angleterre actuelle. Cela exclut toute possibilité d’occupations humaines. Par contre, cela va peut-être en étonner certains, la manche est totalement émergée, elle n’existe pas. Il s’agit d’une grande plaine. De plus, l’Irlande est toute proche de l’Angleterre, séparée par un bras de mer tout fin parfaitement négligeable. Cette succession de glaciations alterne avec les interglaciation, où il pèle encore mais la vie y est plus favorable/douce (quand on part de 0 ce n’est pas très compliqué ceci-dit), car ça reste des hivers à plus de -20°C et des étés qui ne dépassent pas les 5°C. C’est durant ces courtes périodes que cette partie est investie, nous en avons quelques traces. Le problème, oui il y en a un, c’est que les glaciations ont gommé les occupations précédentes (faut s’imaginer un mur de glace qui avance en poussant tout sur son passage, ça oblitère pas mal de chose). Autre point, beaucoup de cavités et grottes seront inaccessibles pendant très longtemps. Vers -11 000/-10 000 c’est la fin de la dernière glaciation, le climat se réchauffe, on entre dans l’Holocène. Parmi les conséquences évidentes, le niveau de l’eau va fortement augmenter (entre 100 et 200 mètres, à l’échelle d’une cote c’est colossal). Cette transgression marine fait que vers -9 000 l’Irlande se sépare vraiment du reste. La Manche ne se formera qu’entre -8 000 et -6 000, et encore, uniquement dans sa partie occidentale. On peut encore la traverser à pied sans souci plus à l’est (jusque vers -5 000), au niveau du doggerland.
Au niveau des peuplements humains. Comme on l’a vu, les bonhommes, pas fous, profitent du recul de l’inlandsis et d’une amélioration climatique pour occuper le coin, de manière discrète. Ils n’occuperont de toutes façons que le sud jusqu’à l’Holocène (pour rappel, le nord n’est tout simplement pas accessible). On trouve des traces de cultures anciennes (je vous les fais pas toutes dans le détail) : Clactonien, Acheuléen pour les plus vieilles. Elles sont portées par Homo heidelbergensis (répétez moi ça trois fois très vite, à vos souhaits ! C’est une étape entre Homo antecessor (même s’il a été considéré jusqu’à il y a peu comme un erectus tardif) et l’Homme de Denisova (même si pendant un temps on a cru qu’il s’agissait d’un proto néandertalien, mais il montre une certaine dérive génétique par rapport à ce dernier et se rapproche plus du Denisova)). Les sites ne sont pas nombreux et il n’y a quasiment aucun restes humains (que du mobilier archéo lithique). Entre -100 000 et -60 000, le coin est déserté (marre de la sauce à la menthe ?). Puis le Paléolithique moyen commence, avec le Moustérien, LA culture de Neandertal. Vers -31 000/-30 000 arrivent Sapiens et l’Aurignacien, en deux vagues peut-être d’après des analyses récentes (la seconde vers -29 000). Sapiens et Neandertal auraient cohabité. Quelques occupations gravettiennes ont laissé quelques traces puis le dernier maximum glaciaire a refoulé les hommes qui ne reviendront que bien plus tard. Le Magdalénien de Grande-Bretagne (nommé jusqu’il y a peu Creswellien avant qu’on se rende compte qu’il ne s’agissait probablement que d’une phase récente du Magdalénien et qu’il n’y avait pas de raison de l’en déconnecter, oui c’est un peu compliqué mais pas tant en fait) occupe l’espace entre -12 500 et -11 500, environ. Puis la Grande-Bretagne retrouve des conditions glaciaires avec le dernier spasme glaciaire de la dernière glaciation, le Dryas récent. Ensuite, c’est la fête, comme dit plus haut, l’Holocène se fait jour et les conditions climatiques sont outrageusement plus favorables. A partir de -10 000, les températures sont plus favorables, les précipitations augmentent, le niveau des océans et des mers monte, les forêts s’étendent, la mégafaune s’éteint en partie, etc. Grosso merdo, les populations humaines correspondantes, les cultures du Mésolithique (les derniers groupes de chasseurs-cueilleurs-collecteurs avant l’arrivée des groupes néolithiques et leur économie de production), occupent quasi-totalité du territoire et elles connaîtront les plus grandes transformation du coin. Elles montrent des affinités avec le Mésolithique du Danemark et des Pays-Bas. Le Mésolithique de Grande-Bretagne est assez impressionnant, avec des sites présentant un matos de dingue (Starcarr, Howick, etc.), à mes yeux je vous l’accorde. Ensuite, et comme ils ne font rien comme le reste de l’Europe, la colonisation néolithique intervient assez tard, un millénaire après les côtes nord françaises, vers -4 000. Une tentative antérieure aurait été détectée, un peu plus tôt, dans le sud-ouest de l’Irlande (quelques ossements d’un bœuf et d’un mouton mis au jour à Ferriter’s Cove, ce pourrait être une preuve de contact entre des néolithiques de l’ouest de la France et des mésolithiques irlandais). Cette résistance est un peu étonnante car on sait que les mésolithiques du sud étaient tournés vers la mer et que les côtes françaises (néolithisées) étaient bien visibles depuis les côtes anglaises (mais il n’y a aucune trace de contact entre les populations mésolithiques des différentes îles non plus, un compartimentage culturel fort ?). En gros, le Néolithique met les pieds sur l’île vers -4 000 de manière attestée (avec ses espèces domestiquées, sa céramique et sa nouvelle économie). La suite, est une autre (pré-)histoire (Stonehenge et les henges en général, le phénomène campaniforme, l’âge du bronze (qui intègre en même temps métallurgie du cuivre, de l’étain et du bronze), etc.) !!
En résumé, quand il y a glace, pour l'homme il n'y a plus la place !
*C’est une histoire de référence, chez nous on utilise les Alpes du nord en référentiel et eux un référentiel plus septentrional. Dans le tas, si je me suis pas trompé de forum, il y a un nom qui doit faire tilt !
Donc après cet exposé, si on considère la proposition de caler un culte des Maplin sands durant le magdalénien du coin (soit vers -12 500/-11 500, soit l’ancien Cresswellien et soit la toute fin du magdalénien de chez nous (pour les parisiens, le magdalénien c’est Pincevent par exemple)), faut avoir en tête que le coin ressemblera à une plaine de toundra où les arbres sont assez rares. L’île de Maplin en elle-même n’en serait pas une, éventuellement un très léger relief mais à la surface beaucoup plus importante, la Manche n’existe pas encore. Bien entendu elle est aussi rattachée à la Grande Bretagne (et à l’Irlande), le tout n’étant qu’une extension du continent européen. J’ai pas de souvenir précis à propos de la Tamise qui a du pas mal bouger, lors de la dernière grande glaciation elle avait pas trop la même tête (l’extrémité du front de l’inlandsis charriant des boues et des argiles a considérablement affecté son cours). Avant la constitution de la Manche, elle était reliée au Rhin et à la Meuse et suite au dégel, le poids sur la masse continentale a fait se relever une partie des terres (isostasie, en gros car c’est plus complexe). Donc pourquoi pas, rien ne s’y oppose mais avec un environnement totalement différent. Et puis si le nom de magdalénien sonne bien, je ne peux qu’encourager à ce qu’il serve d’inspiration
!! En plus, la grotte de Cough a révélé des traces de « cannibalisme » (avec beaucoup beaucoup de réserves, pour l’inspi c’est top mais pour la réalité des faits on repassera et on restera très prudents).
Lotin, qui avait en tête un supplément fanmade à Würm, "Holocène"...