[CR] Tenga - La Montagne révoltée

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Macbesse
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Re: [CR] Tenga - La Montagne révoltée

Message par Macbesse »

Séance d'XP !
On fait le point sur les valeurs, le karma, et l'ambition, mais aussi sur les relations entre personnages pour mettre à jour la carte des relations. C'est l'heure des confessions.
A part pour Gempachi le cynique, il y a peu de changements de valeur. Les PJ ont souvent été confirmés dans leurs croyances, déjà hautes.

Le groupe a progressé sans son karma "Provoquer les massacres de chrétiens et la fermeture du Japon" et réalisé un Accomplissement "Infliger un revers au seigneur ou au chrétiens".

Interlude : Evolution des Relations, Avancée sur l'Ambition et le Karma

Kayaku

- Jizo : C'était un vrai éteignoir mais il semble que ça s'améliore. En cas de coup dur, c'est un client sérieux et on peut compter sur lui.
Gempachi : Je garde un mauvais souvenir de l'épisode du village, j'aurais pu être ce gosse et il s'est comporté en vieux con. Depuis, il a montré sa valeur et je le prends plus au sérieux.
- Morikaze : elle est à la fois attirante et lointaine, idéale, mais elle doit grandir, elle est encore une enfant. (un point de confiance depuis l'épisode de la poudre d'or).
- Mayumi : je la désire, elle m'intrigue au point de devenir un fantasme, une obsession. De toute façon, elle a vraiment besoin d'un homme.
- Susumu : bien qu'il nous ait rejoint récemment, il a l'air très impliqué et il nous a montré sa débrouillardise dans la nature.
- Fumi a été un peu retrait. Peut-être avait-elle peur de se confronter à un kami, vu que c'est peut-être un yokai. Elle est étrange mais nous avons nos petits arrangements. (Un point de confiance, pas de changement).
- Pas de changements de valeurs.
- Avancée du karma « faire de mon artisanat un art » - bloquée en ville.

Dame Mayumi

- J'ai apprécié que Kayaku, Susumu et Gempachi aient une attitude très respectueuse du sanctuaire (Jizo, c'est normal).
- Jizo fait des progrès et se montre toujours aussi volontaire, ce qui remplit mon cœur de joie. A ce rythme là, je pense que j'investirai un 2e point de confiance au prochain scénario (on va voir s'il prend des initiatives au temple d'Hachiman).
- Susumu est sûrement quelqu'un de bien. J'aimerais mieux le connaître. Pas de point de confiance en vue pour l'instant mais l'opinion est favorable.
- J'apprécie Nobuka Morikaze mais elle ne s'applique pas à elle-même ses critères de jugement et elle demande aux autres une ouverture et des efforts qu'elle ne fournit pas. Elle me fait penser à un escargot craintif. Vu ce que je sais de son passé, je peux comprendre mais il faudra qu'elle évolue, qu'elle se confronte au monde des hommes. La perspective d'un point de confiance s'est éloignée.
- J'ai été très touchée que Kayaku me (et nous) révèle son art secret. Je vois ça une marque de confiance et je sais qu'il est plus responsable qu'il ne s'en donne l'air. Il est sympathique, mais surtout très attirant et j'ai très envie de lui. Cela faisait si longtemps que personne ne m'avait regardée comme une femme et pas comme une miko ou un monstre terrifiant. Cela me fait du bien. A ce rythme là, je pense que j'investirai un 2e point de confiance au prochain scénario.
- J'ai peut-être mal jugé Gempachi. Il parle beaucoup à tort et à travers mais il agit bien et c'est le plus important. Je le trouvais vide et fermé mais il est possible qu'il soit en train de s'ouvrir, même si cela reste à confirmer. J'investis un point de confiance.
- Mes valeurs changent un peu : Yuki-Ona en hausse (4) ; Shinto en baisse (3).
- Rachat du Revers « Vieille Blessure – Pneumonie » et achat du Privilège « Libérer l'Esprit ». A découvrir bientôt...
- Avancée de l'Ambition « Préserver les sources du shinto ».

Susumu

- Fumi : elle s'est montré absente. Ce que Susumu pense être une composante spirituelle chez elle aurait pu être troublé par la présence des gaijins... Toutefois elle n'était pas là et n'a pas prévenu. Petite baisse de considération pouvant toutefois être pondérée par sa réapparition
- Jizo : Il se pose comme un excellent sabreur et commence à s'ouvrir aux esprits, en plus d'être un bon compagnon... Susumu lui renouvelle sa confiance (un point)
- Nobuka : Elle est mal à l'aise dans son corps, c'est une horreur, mais quelle impressionnante capacité à obtenir des informations ! Assez proche des vues de Susumu, elle agit sans excès et sans se laisser à la démesure. J'investis un point de confiance.
- Kayaku : Bon contact, bonnes idées. Il lui manque peut-être (un peu) de vieux bon sens. Susumu lui renouvelle sa confiance (un point)
- Gempachi : Il veut éliminer sans chercher à comprendre l'adversaire. Il craint la corruption de notre culture et de nos esprits, Susumu est plus... disposé à s'approprier le savoir de l'adversaire pour l'engager là où il croit être en sécurité. Gempachi est un peu fermé, il est sûrement un peu malheureux, mais Susumu lui marque davantage de considération
- Mayumi : Susumu n'a pas pris conscience qu'elle était à l'origine de la réaction ayant eu cours dans la grotte (au moins pas le coup de gong). Il pense qu'elle est fanatique mais dispose de puissants pouvoirs, dont lui ne dispose pas... mais elle s'expose trop... gare à la chute. En parallèle, elle a partagé sa source d'information et a ouvert les portes du monde des esprits à l'ensemble du groupe... participant ainsi à le souder, un pas important dans le sens de la destinée... J'investis un point de confiance.
- Pas de changements de valeurs.
- Avancée sur le Karma et Ambition [qu'on aimerait connaître]

Morikaze

Fumi : pas de changement. Elle est toujours aussi efficace, prévenante et digne de confiance (un point).
Jizo : Il est courageux et progresse sur son dangereux chemin spirituel mais il suit un peu trop Mayumi comme un chiot.
- Kayaku : Il s'est montré courageux. Il est intriguant, j'apprécie sa créativité et c'est quelqu'un qui se soucie des autres (un point de confiance, investi après l'épisode de la poudre d'or – Morikaze n'a pas la moindre idée de sa provenance).
- Susumu : Il est courageux, efficace... et mystérieux.
- Gempachi : Je suis habituée à sa présence depuis longtemps. En général, il se préoccupe des autres. Ces derniers temps, je le trouvais un peu absent mais il a fait des efforts et il s'est montré courageux. Il est donc toujours aussi digne de confiance (un point, depuis le début).
- Mayumi : Elle est rigide et fait ce qui lui plaît sans tenir compte des autres ni des risques que cela entraîne. C'est dommage, c'est la seule personne avec qui je puisse parler. La perspective du point de confiance s'est éloignée.
- Pas de changements de valeurs.
- Avancée du karma : « accepter ma véritable nature »

Jizo

- Dame Mayumi : Je suis désormais certain que j'ai choisi la bonne personne pour me guider. J'ai beaucoup de respect pour elle. J'investis un deuxième point de confiance.
- Kayaku : En plus d'être ouvert et sympathique, il est fiable et sait assumer ses erreurs. J'ai investi un point de confiance après le règlement de l'affaire des palanquins.
- Gempachi : Il est un peu distant mais on se comprend. Il s'est encore montré très fiable. J'investis un point de confiance.
- Nobuka Morikaze : Elle m'a aidé à me libérer du rejet que je croyais voir chez les autres et à franchir l'épreuve que me faisait passer Dame Mayumi. J'ai investi un point de confiance dès le rachat de mon Revers - Disgrâce.
- Susumu : C'était déjà un bon compagnon de voyage et il s'est souvent révélé très efficace. J'ai investi un point de confiance après l'affaire des palanquins.
- Pas de changements de valeurs.
- Avancée de l'Ambition « Comprendre le monde des esprits ».

Gempachi

- Mayumi : la miko n'est pas fiable (le coup de gong, bon sang !) et tient un discours contradictoire. Ce n'est pas un charlatan comme je l'ai cru, mais c'est sûrement une sorcière. Je ne suis pas non plus d'accord avec sa vision des kamis. Il ne faut pas les déranger pour un oui ou pour un non comme elle le fait sans cesse, mais faire ce qu'on pense être bon pour eux.
- Nobuka Morikaze : je l'aimais bien, et elle m'a ouvert aux kamis. Je lui en suis reconnaissant. Je suis beaucoup plus proche de sa vision des kamis que de celle de Mayumi. Je sais qu'elle aussi fait des choses étranges, mais je l'accepte. (Un point de confiance depuis le début).
- Jizo : C'est un homme de valeur et il est fiable. Il est malheureusement trop influencé par la miko. (Un point de confiance depuis l'épisode des palanquins).
- Kayaku : C'est finalement un peu plus qu'un gentil voyou. Il s'est montré concerné et a pris ses responsabilités quand il le fallait.
- Susumu : Son discours est totalement incohérent mais il est fiable dans l'action et il a un peu de bon sens militaire.
- Changement de valeurs : création de la valeur « Soldat des kamis » (1).
- Avancée sur le Karma : « Trouver une cause ».

J'ai fait de petites modifications sur les posts précédents. Il y avait quelques erreurs factuelles.
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Macbesse
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Laver l'injure

La mission de Susumu

Toutes ces expériences mystiques ont bouleversé Susumu. Il se sent une affinité nouvelle avec les kamis. Avant le départ, il va trouver la vieille Sadako, mais elle est partie s'occuper du sanctuaire de Susanoo. Alors, Tomoe lui propose de l'accompagner dans un petit sanctuaire côtier avec Aki et Kaori, les deux jeunes filles. Il amène l'urne de son maître et la pose devant lui. Il demande aux jeunes femmes d'appeler Susanoo. Après tout, c'est de lui que vient sa bénédiction et il sent toujours sa présence. Et Susanoo répond. Les embruns viennent fouetter le rivage et la pluie tombe dru. Susano est en colère car les gardiens se meurent. Susumu accepte-t-il la mission de retrouver ses descendants ? Il accepte. Susumu sent que son maître est là et qu'il approuve cette décision. Sur la plage vient s'échouer un sceau. Avec lui, il pourra se faire reconnaître et faire valoir la volonté du Dieu. Les trois femmes semblent n'avoir rien remarqué et le rituel s'achève.

Laver toute trace du blasphème

Au même moment, Morikaze et Mayumi sont très occupées à effacer toutes les marques blasphématoires. Elles s'attellent d'abord à purifier la statue du sanglier gardien et sont soulagées de la voir recouvrer son intégrité. Seulement, les marques sont nombreuses. Il y en a plus d'une dizaine, un vrai jeu de piste. Jizo est donc mis à contribution. Il finit par réussir à en effacer une tout seul, et Mayumi lui dit avec chaleur combien elle est fière de lui. Ces petits rituels les occupe toute la matinée et ils finissent par revenir au niveau de la première marque. Fumi était restée là, mais personne jusqu'à présent ne s'en était fait la réflexion. Elle fait chauffer des brochettes de champignons et d'oeufs et les accueille avec un « Enfin vous voilà ! ». Le sol est jonché de reliefs de repas. Kayaku et Susumu se jettent sur la nourriture. Personne ne pense à lui raconter ce qui s'est passé.

On achève bien les chevaux

Contrairement à ce que préconisait Gempachi, le convoi force l'allure. Kayaku, Susumu et Jizo sont désormais plus à l'aise en selle et ils entraînent le groupe. Dame Mayumi chemine aux côtés de son disciple. Grâce à ses conseils, elle parvient à conserver le petit trot sans faillir [Utilisation du point de confiance]. Trois des chevaux gaijin ont été emportés pour servir d'animaux de bât. Ils portent les arquebuses et les documents trouvés dans les fontes. Bien organisé, le convoi, désormais sous la direction de Jizo, traverse la rivière sans difficulté et atteint le hameau avant le soir.

Au cours de cette halte, la conversation finit par rouler sur les chevaux. Tous conviennent qu'il sera impossible de les garder sans attirer l'attention. Gempachi estime qu'il faut les tuer et faire disparaître les corps. Tout ce qui est étranger distend le lien entre les hommes et les kamis. Kayaku, soudain assez agressif, estime que ce qui compte, c'est l'esprit. Il veut les donner aux hinin du village pour qu'ils les mangent. Dame Mayumi écoute les arguments de Gempachi et fait semblant de leur accorder un peu de crédit pour ne pas le froisser mais conclut que les chevaux ne sont que l'incarnation de l'esprit. Une fois séparée de l'esprit, la viande n'est pas impure (du moins pas plus impure que toute chair morte). Nobuka Morikaze se demande bien pourquoi on fait tant d'histoires pour de la viande que de toute façon, elle ne saurait encourager à manger, gaijin ou pas. Quant à Jizo, il écoute et ne dit rien. Il se sent dépassé par les arguments avancés mais la conclusion l'intéresse beaucoup. S'il faut jeter la viande des chevaux, alors il faudra aussi jeter les arquebuses gaijn.

Morikaze quitte les débats assez vite. Kayaku accuse Mayumi et Gempachi de se comporter en nantis, en bien nourris qui ne laissent que les miettes aux hinins. Dame Mayumi temporise et propose de demander aux esprits pour trancher. Gempachi quitte la table sans rien dire. Trois minutes plus tard, Kayaku déclare qu'il a ses paquets à préparer. Dame Mayumi se dit que Gempachi est parti abattre les chevaux gaijin et que Kayaku va le suivre pour repérer les carcasses ou l'en empêcher. Elle a raison pour Gempachi. Un par un, il amène les chevaux à l'écart et les abat. Il va les faire brûler jusqu'à ce qu'il ne reste rien de comestible. La vivacité du feu le conforte dans sa conviction mais la tâche lui prend bien la moitié de la nuit. Par contre, elle a tort pour Kayaku, qui fait ce qu'il a annoncé. Il passe ses nerfs en faisant et défaisant ses paquetages puis raconte leurs aventures à Fumi, qui trouve l'attention délicate.
Mayumi, désormais seule avec Jizo, conclue par des augures que les esprits ne sont opposés ni à la consommation, ni à la monte des chevaux gaijin. Fumi a un sourire dur. Mayumi le remarque et lui demande si elle a une remarque à faire. Si elle est prête à les entendre, il se trouve qu'elle en a deux. Elle demande à Mayumi quel kami elle a consulté, ce à quoi elle répond qu'elle n'a pas précisé et que c'est donc sûrement celui de la maison qui a répondu. Fumi lui dit qu'elle aurait peut-être des réponses différentes en demandant à d'autres kamis, mais que ce qui compte, de toute façon, c'est l'esprit, pas l'incarnation. Mayumi soupire et répond que c'est exactement la position qu'elle a défendue et reconnaît avoir tiré les augures davantage pour apaiser les tensions que pour connaître la volonté des kamis. Fumi l'admet mais lui dit qu'elle n'est pas allée jusqu'au bout de sa réflexion sur les arquebuses. Dame Mayumi complète et dit qu'effectivement, il faut encore déterminer si un esprit habite l'objet, et avec quel esprit il a été fabriqué. D'un point de vue matériel, il est possible sans se corrompre d'adapter les techniques des gaijins mais pas de les adopter telles quelles. Fumi trouve le raisonnement meilleur et Dame Mayumi la complimente pour son affinité avec ses questions. Fumi reste évasive sur la source de ses connaissances mais a pour la première fois un franc sourire envers Mayumi, qu'elle dit considérer comme « la jeune génération ».

Les belles endormies

Tard dans la nuit, Susumu se met en tête d'observer ses compagnons dans leur sommeil. Il s'introduit subrepticement dans les chambres, à commencer par celle de Mayumi. Elle dort sur dos, étalée. Il fait froid, elle est nue et à peine couverte car elle a rejeté les couvertures dans son sommeil. Cela ne semble pas beaucoup la gêner. Elle a beau dormir, elle bouge beaucoup et semble très réceptive à ce qui se passe autour d'elle. Susumu renonce à la toucher pour contrôler sa température corporelle. Le moindre frôlement pourrait la réveiller. Il s'introduit alors dans la chambre de Gempachi. Il sent le brûlé et il dort habillé. Il est immobile comme une bûche. Des formes orangées dansent autour de lui, peut-être des chevaux, qui se dissipent quand Susumu tente de les toucher. Kayaku est vautré, il serre la literie et ronfle. Jizo dort comme un petit enfant. Il s'abandonne au sommeil. Il a l'air innocent. La principale surprise attend Susumu dans la chambre de Morikaze. Elle ne bouge absolument pas, dort d'un sommeil profond mais il sent qu'elle est là, éveillée, quelque-part, et qu'elle l'a vu. Fumi, elle, semble totalement immobile sous sa couverture mais Susumu reconnaît là une technique de dissimulation. Elle n'est pas là.

Quand le feu rencontre la glace

Au petit matin, Kayaku profite de ce que tout le monde est parti vaquer à ses occupations pour frapper à la porte de Mayumi. Elle ouvre. Il entre, l'enlace, l'embrasse sur la bouche. Elle le repousse. Elle lui tient alors un discours compliqué qu'il ne comprend pas bien. Il aurait fallu qu'il demande, même si, dans le fond, elle le trouve très désirable. Il ne la contredit pas ouvertement mais il considère que le baiser constituait la demande et qu'il a même été beaucoup plus délicat que d'habitude. C'est d'ailleurs bien la première fois qu'une femme lui dit ça. Il se dit qu'elle n'aime pas être surprise et lui répond que c'est une forme de spontanéité, d'ardeur. Peut-être pour lui, mais elle n'aime pas du tout se sentir forcée et tout son désir s'est enfui avec ce baiser volé. Il est tout déconfit. Elle se radoucit un peu, ajoute que c'est vrai pour aujourd'hui, et que ce n'était de toute façon pas vraiment le moment, ce qu'il ne comprend pas plus que le reste. Il n'est toujours pas dans son assiette car il n'a pas l'habitude qu'on se refuse à lui, et encore moins qu'une femme qui avoue franchement le désirer se refuse à lui parce qu'il aurait dû lui demander. Il sort. Elle le suit. En descendant l'escalier, il est encore rouge comme une pivoine. Les autres sont dans la salle. Il a l'impression que tout le monde le regarde alors que ce n'est pas le cas. Mayumi est un peu déçue. Non seulement, elle n'aime vraiment pas qu'on lui force la main, elle doit choisir l'homme, le lieu et le moment, mais elle a également peur que Kayaku finisse par se révéler décevant en amour. Bien sûr, elle fait comme si de rien n'était et comme si la rougeur au front de Kayaku n'avait rien à voir avec elle.

Le convoi se met en route. Susumu tente d'approcher Fumi, qui chemine en croupe derrière Kayaku. Il a des choses importantes à lui dire. Il préférerait en parler en privé et ne voudrait pas que Fumi ait à tuer Kayaku en plus d'avoir à le tuer si ces choses venaient à être évoquées. Kayaku est goguenard et perplexe. Fumi pousse Susumu à parler publiquement mais montre déjà clairement qu'elle n'est pas très disposée à discuter. Susumu dit qu'il pense qu'ils ont des choses en commun, qu'ils savent faire des choses que d'autres ne savent pas faire. Fumi lui répond qu'ils n'ont rien en commun, n'auront jamais rien en commun et qu'il ne doit pas croire que les savoirs qu'il maîtrise sont sa propriété. Susumu, dépité et désormais très méfiant, s'éloigne.

Au repas, Susumu parle avec Mayumi de Susanoo. Il leur a confié, affirme-t-il, pour mission de rassembler le peuple Jomon. Il est très convaincant [Effort] mais Mayumi est un peu sceptique. Elle avait réussi à éviter cette responsabilité lors de son entretien avec le kami et, surtout, elle se demande comment sa responsabilité a pu être engagée alors qu'elle était en train d'accomplir un rituel de purification ailleurs. A force de faire répéter l'histoire à Susumu, mais surtout en jouant de la considération qu'il a pour elle [Effort + Prise de risque + utilisation du point de confiance ; 4 points de fatigue pour opposition aux valeurs !], elle acquiert la conviction que Susumu est en train de tenter de la manipuler. Elle lui dit franchement qu'elle ne le croit pas mais que cela ne l'empêchera pas de l'aider car elle pense que cette cause est juste. De plus, elle ne lui en veut pas. A sa place, elle aurait fait la même chose. Dame Mayumi préfère en effet le former plutôt qu'il fasse des erreurs tragiques face aux kamis. D'abord, s'il lui venait à l'idée d'engager vraiment tout le groupe, il faudrait venir les consulter et obtenir leur consentement. Ce serait plus délicat, d'autant que certaines personnes ont des engagements contraignants. Elle est tenue par la parole qu'elle a donnée à Yuki-Ona et Jizo s'est engagé auprès d'un kami. Plus généralement, Susumu doit savoir qu'il ne doit pas prendre d'engagements qu'il ne peut pas tenir ou qui rentrent en contradiction avec d'autres. Les kamis n'ont que faire de la faisabilité, c'est une notion qu'ils ne connaissent même pas, et la mort ne délivre pas de l'engagement. Susumu dit qu'il ignorait tout cela. C'est peut-être même la raison pour laquelle Susanoo s'est révélé à lui. Il demande à Dame Mayumi de partager son expérience avec elle et elle l'invite à passer l'hiver au sanctuaire. Les routes seront fermées et il pourra reprendre son pèlerinage au printemps.

Les hésitations d'un sanctuaire

Le chemin pour Yawata est avalé en quelques heures, à tel point que les moines du temple sont surpris de les voir revenir si vite. Le Prieur invite Nobuka Morikaze et Dame Mayumi pour discuter de la réponse que le sanctuaire d'Hachiman a donné à la prêtresse de Yuki-Ona. Le sanctuaire accepte, mais l'enthousiasme initial semble être retombé. Le Prieur leur montre les courriers. Dans le premier, pour qui sait lire entre les lignes, Dame Mayumi apparaît comme un secours inespéré dans une situation de profonde crise morale. Le deuxième et le troisième consiste en des demandes de confirmation. Dame Mayumi conclue aussitôt à une vilaine manigance politique. C'est tout à fait possible, renchérit, le Prieur, mais il ne faut pas écarter un conflit interne ou à la peur d'un des responsables du sanctuaire de perdre la face. Il ne semble pas mécontent que ses concurrents soient dans une situation délicate. Dame Mayumi le remercie pour ses éclaircissements et rédige sur le champ une réponse. Elle commence par s'excuser de n'avoir pas donné confirmation plus tôt. Elle ne saurait s'y dérober et le sanctuaire peut compter sur elle et sa volonté de célébrer de ce rituel. Enfin, elle se tient à la disposition des autorités du sanctuaire pour discuter des meilleurs moyens pour que cette cérémonie soit réussie. Nobuka Morikaze trouve la lettre habile. Sans renier le moins du monde sa volonté de célébrer le rituel, Dame Mayumi laisse la possibilité aux autorités de s'expliquer sur leur revirement et de ne pas perdre la face tout en ignorant superbement leurs atermoiements. Pour Dame Mayumi, de toute façon, ce sera avec les autorités ou sans elle. Déjà, elle prévoit de mettre en place des célébrations hors du sanctuaire en cas de refus. Hachiman et l'Empereur ont été insultés. L'offense doit être réparée, coûte que coûte.

Complément d'enquête

Avant d'arrivée en ville, ces messieurs ont convenu qu'il fallait s'assurer qu'il ne reste aucun gaijin en ville susceptible de remonter la piste. Les chevaux semblent leur meilleure piste. Kayaku commence par rencontrer un receleur. Il n'a pas de cheval gaijin à lui proposer mais il peut lui en procurer un. « Combien tu es prêt à mettre ? ». Kayaku propose un autre arrangement : le receleur lui dit où en trouver un et il touchera une part sur la vente. L'homme réclament deux bu d'avance, mais Kayaku fait valoir qu'il est du milieu et réduit l'avance à un bu. Ensuite, il réfléchit aux endroits où pourraient loger des hommes souhaitant rester discrets et songe tout naturellement aux maisons closes. Certaines maisons, et pas forcément les plus luxueuses, sont même équipées en écuries. Il propose à Susumu de l'accompagner mais celui-ci affirme qu'il s'y sentirait très mal à l'aise. L'étonnement de Kayaku grandit encore quand il dit qu'il se sentirait tout aussi mal à l'aise dans les maisons de saké attenantes. Ils se séparent. Renseignements pris, aucune maison n'est équipée d'écuries mais Kayaku en repère une, d'un standing convenable, qui convient parfaitement à des hommes voulant rester discrets. Il s'y fait admette comme client et se cherche une prostituée qui pourrait avoir envie de passer du temps à discuter à lui avant l'amour, c'est-à-dire de faire une longue passe quitte à perdre quelques clients. Il repère une belle femme un peu fanée, le genre de femme qui a dû être somptueusement belle et même avoir son heure de gloire dans un établissement de haut niveau. Alors que Kayaku fait des efforts surhumains pour lancer la conversation et ne pas penser à autre chose, elle lui propose d'assouvir d'abord ses désirs et de prendre tout le temps qu'il faudra pour parler après l'amour. Après cinq jours d'abstinence et de frustrations, Kayaku est enfin soulagé. La discussion se révèle fructueuse. Les gaijins n'ont pas logé dans cette maison mais y sont venus. L'un d'eux a fait du tapage et ils ont dû verser une grosse somme pour réparer la faute. Elle ne sait pas ce qu'ils sont devenus car ils ne viennent plus. S'ils sont encore en ville, ils logent dans les bains de Mitzu. C'est un établissement de quartier, l'endroit idéal pour rester discret. Elle lui recommande cependant de se méfier. Mitzu tient son établissement d'une main de fer et son mari Kumazo est un indicateur de la police. Kayaku est très heureux de sa soirée. Il essaye de se montrer un peu tendre et laisse un généreux pourboire.
Susumu, de son côté, n'a pas chômé. Dans un quartier plutôt modeste, il a repéré une écurie, des chevaux et des harnachements gaijin, en cuir. Pour être sûr, il se met à quadriller un quartier plus cossu et croise un cheval gaijin monté par un cavalier japonais.

Curieux, Susumu le suit. Il le perd de vue mais sa piste mène au sanctuaire d'Hachiman. Susumu parvient à se glisser sous le temple pour écouter les conversations. Trois hommes parlent. Le ton monte. Le cavalier essaye de leur forcer la main. Susumu ne comprend pas trop à quel sujet mais l'affaire semble sérieuse. Les autres résistent et louvoient. Susumu se demande si c'est une résistance de pure forme ou si leur opposition est sérieuse. Il retourne vite au cheval et défait la sangle.
Il recommence à suivre le cavalier, pense comprendre à peu près le chemin qu'il va prendre, repère un arbre, se saisit d'une pierre. Le cavalier est long à venir. Il semble éprouver des difficultés avec sa monture, mais le pari de Susumu est payant. [Dépense d'un point de karma temporaire]. Alors, Susumu se laisse tomber de l'arbre et lui fracture le crâne. L'homme s'écroule inconscient. Le cheval fait quelques pas et commence à hennir devant une porte. Susumu pose la pierre à côté de la tête. Il ramasse en hâte le pli, une baguette marquée de divers signes sans significations que le cavalier portait nouée au poignet, peut-être du code, et la bourse, histoire de brouiller les pistes. Il se cache à nouveau dans l'arbre, juste à temps, car un petit groupe d'hommes sort de ce qui doit être la préfecture de Yawata.
L'agitation passée, Susumu s'éloigne tranquillement. La lettre qui vient du sanctuaire s'adresse au Préfet. Sa demande est irrecevable. Seul l'Empereur pourra les contraindre. Autant dire que c'est une fin de non-recevoir. Susumu est surpris, il ne les pensait pas si vindicatifs. Un violent conflit se dessine entre le sanctuaire et le pouvoir militaire et il se demande quel rôle Dame Mayumi va jouer dans cette partie. Il se demande si personne ne va tenter de l'assassiner.

Il peut désormais aller au point de rendez-vous, une auberge dans laquelle Kayaku a dit connaître du monde. Il s'aperçoit qu'une jeune femme en sort de temps en temps pour guetter la rue. D'un naturel prudent, il flaire le traquenard et passe par l'entrée de service, traverse les cuisines et entend la voix avinée de Gempachi résonner dans la pièce. Il se détend un peu. Kayaku et Gempachi sont assis devant de nombreux cruchons de saké. La fille qu'il a vu guetter fait son apparition et marque sa surprise. Elle est très familière avec Kayaku, qui l'appelle par son prénom, Hakone. Elle revient avec de l'alcool. Gempachi et Kayaku se demandent qui va payer tout ça puis font endosser l'addition à Susumu. Ils continuent à parler fort, y compris des gaijins que Kayaku a repérés. Susumu, lui, parle tout doucement mais commence à se laisse entraîner à la boisson. Eux se demandent ce qu'il a bien pu foutre au sanctuaire et à la préfecture alors qu'on avait dit qu'il fallait surveiller les gaijins. Kayaku change de sujet et dit entre ses dents qu'elle lui a dit non. Mais qui ça elle ? Ils n'en sauront rien, il respecte trop les dames pour le dire. Par contre il doit vérifier quelque-chose. Il va dans le couloir attrape la serveuse et l'embrasse. Dans un premier temps, elle se débat, puis s'aperçoit que c'est lui et se laisse faire. Kayaku en sort conforté dans ses convictions. C'est que Mayumi n'a pas l'habitude ou qu'elle a oublié comment on fait, c'est tout, il n'y a aucune raison de chercher plus loin. A son retour, Susumu parvient enfin à donner le signal du départ.
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Macbesse
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Re: [CR] Tenga - La Montagne révoltée

Message par Macbesse »

Pour plus de confort de lecture, la version .pdf mise en page et illustrée :

https://www.dropbox.com/s/q0r2ztrm3f93a ... C3%A9e.pdf

Je continuerai à poster ici, mais c'est tout de même plus agréable.
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Mugen
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Re: [CR] Tenga - La Montagne révoltée

Message par Mugen »

Petit pinaillage : c'est Yuki Onna, avec 2 "n", et il faut que les 2 s'entendent ;)
Après, il me semble un peu étrange que l'on porte un culte à cette figure folklorique, mais bon...
Sois satisfait des fruit, des fleurs et même des feuilles,
Si c'est dans ton jardin à toi que tu les cueilles.
Ne pas monter bien haut peut-être, mais tout seul.
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Macbesse
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Re: [CR] Tenga - La Montagne révoltée

Message par Macbesse »

Oui, c'est vrai, il faudra que je corrige, merci.

Dans la plupart des versions de sa légende, c'est vrai que ce serait plutôt un yokai (d'un autre côté, un yokai... c'est un peu un kami qui n'a pas de sanctuaire, non ?).
Vu la souplesse du panthéon shinto, ses variantes régionales voire locales et son caractère ritualiste (et notre adoration de Kwaidan et du film qu'en a tiré Kobayashi), on s'est dit qu'on pouvait bien prendre cette liberté et l'intégrer.

Ce n'est d'ailleurs pas vraiment la seule qu'on ait prise. :D

Edit : Il semble tout de même que dans certains coins, elle ait bien été considérée comme un kami. J'aimerais bien savoir s'il y a pu avoir localement des cultes, notamment dans les régions de montagne (avec appel à la clémence, ce genre de choses).
Edit : Je sais que Yuki-Jiji, parfois présenté comme son frère, avait des sanctuaires mais qu'ils ont progressivement disparu. Il faut dire que l'ère Meiji a été très normative.

Re-edit : décidément... généralement, le yamanokami (terme générique pour le kami de la montagne) est une figure féminine. Pour les agriculteurs, elle a un rôle modérateur à l'arrivée du printemps (qu'on retrouve dans certaines histoires de Yuki-Onna), pour certains montagnards, elle a 12 enfants par an (et cette fécondité, on la retrouve dans les histoires de Yuki-Onna où elle est gentille).

Tout cela ne me semble donc pas si incohérent : avant de passer dans la culture populaire, il y a un fond religieux.

Dans la version qu'on joue, Yuki-Onna agit comme un yamanokami (et les paysans ont des demandes de protection des récoltes et de protection des voyageurs, ce genre de choses).

Celle qui ressemble le plus au yokai vampirique des contes... c'est mon perso. :mrgreen:
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