[CR] [Trône de fer - Chroniques de Barrowlands]

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Vorghyrn
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Re: [CR] [Trône de fer - Chroniques de Barrowlands]

Message par Vorghyrn »

Arkady a écrit : (Et là, j'imagine la tête de tous ceux qui se sont précipités en croyant que la suite du CR était là... :twisted: )
Mossieux arkady, sachez que vous fûtes vil de faire cela :escrime

edit : 1000ème post + hdp, ça déchire !
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le Zakhan Noir
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Re: [CR] [Trône de fer - Chroniques de Barrowlands]

Message par le Zakhan Noir »

hello
bon on a joué hier et c'est moi (Volken) qui vais me charge du CR. Sauf que.. j'ai appris que Lady Lyanna avait joué deux séances pour illustrer son voyage dans la région des marais chez le seigneur Reed. Avec des "guest stars" potes du meujeu qui vont rédiger le CR de ces séances.

J'attendrai donc qu'il soit "publié" pour refiler le mien qui prend place après chronologiquement.
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pelon
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Re: [CR] [Trône de fer - Chroniques de Barrowlands]

Message par pelon »

pas bête cette idée de faite jouer des "solos" des PJ principaux avec des guest stars
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le Zakhan Noir
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Re: [CR] [Trône de fer - Chroniques de Barrowlands]

Message par le Zakhan Noir »

ben oui dans un monde ouvert où chacun a ses motivations et où on est très très rarement censés être ensemble dans un couloir sombre et humide, c'est un peu indispensable.

A bien y réfléchir, on tord un peu le réalisme d'en faire si peu et de jouer ensemble, mais bon, heureusement qu'on le tord!
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Taho
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Re: [CR] [Trône de fer - Chroniques de Barrowlands]

Message par Taho »

J'avoue qu'on s'est éclaté comme des p'tits fous sur ce spin-off. Il y avait quelques lecteurs de CR dans les joueurs, et des gros aficionados du Trône de Fer, donc la mayonnaise a vraiment bien pris.

Le CR est presque fini, je l'attends incessamment sous peu. Je vous le communiquerai.

Et qui sait, peut-être quelques unes des personnalités des marais viendront faire des guest-stars à notre table !
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le Zakhan Noir
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Re: [CR] [Trône de fer - Chroniques de Barrowlands]

Message par le Zakhan Noir »

Ok alors voilà voilà

Les aventures de Lyanna dans les marais ayant été assez denses, il y a 2 CR qui le relatent. Un joueur "des marais" les écrit, il a fini le premier et bientôt le second. Comme souvent chez nous, c'est du gros pavé, donc vous attendez pas à le lire en 3 minutes. Mais perso, je l'ai trouvé très bon. Une fois les 2 CR des marais "publiés", vous aurez celui de Volken pour notre dernière séance.


Chapitre 38, Le Neck plus ultra (1ère partie)


Au cœur des marais.

...Me voilà de retour à Greywater Watch pour répondre à la convocation de Howland Reed. Le seigneur du Neck s'est enfin décidé à réunir ses bannerets. Trois ans que je ne m'étais pas rendu à notre capitale. Mon dernier passage avait été écourté suite à des quiproquos concernant plusieurs pécores que j'aurais rossé. Si je devais me souvenir de tous les incapables que j'ai la bonté de corriger... Un seigneur n'a pas à être blâmé pour des peccadilles, et encore moins le maître de la puissante maison Cray ! Ce titre me revient car mon père n'en est plus digne. Il est trop occupé à pleurer la mort de mon regretté frère depuis quinze longues années. Le mieux qui puisse encore lui arriver est de se noyer dans ses larmes. S'il aimait tant son fils aîné, le rejoindre lui apportera sans doute la paix.

Pendant que Hugh Cray se morfond à Stonefall, Howland Reed fait de même à Greywater Watch. Notre seigneur affiche une mine vieillissante qui va de pair avec ses cheveux devenus blancs comme neige. On dit que l'hiver a gagné son cœur depuis la mort d'Eddard Stark. Au regard de ma dernière visite, j'ai l'impression qu'une décennie s'est écoulée quand je regarde cet homme aigri et solitaire. La décrépitude le ronge. Le fait qu'on ignore le sort de ses héritiers n'arrange rien. Jojen et Meera Reed étaient à Winterfell quand la place-forte est tombée. Tous deux y ont probablement trouvé la mort. Dommage car j'avais prévu de séduire la jeune et farouche Meera pour obtenir un mariage profitable. La triste réputation dont je suis victime n'éclipse en rien mon charme, aussi serais-je parvenu à l'amadouer elle et son fichu caractère. Heureusement d'ailleurs que les femmes de la maison Reed ont une volonté bien trempée ! Notre seigneur serait perdu s'il n'avait pas le soutien incontesté de son épouse. Dame Jyana est une femme solide qui ne se laisse jamais abattre. Elle est même persuadée que ses enfants sont toujours vivants. Reed a rassemblé les seigneurs du Neck sur ses bons conseils, afin que nous discutions ensemble de l'avenir qui attend les marais en ces temps de guerre.


Guerre et politique ; même combat.

Le royaume des Sept Couronnes vit une époque tumultueuse, particulièrement au Nord où la mort de Robb Stark ne fait que rajouter au chaos ambiant. Le jeune « roi » a été tué par Roose Bolton, le traître qui baise le cul des Lannister et de leur maudit larbin Walder Frey. Le seigneur sangsue revendique déjà le titre de Gouverneur du Nord mais il n'est pas le seul à vouloir sa part du Loup. La résistance s'organise et la guerre a encore de beaux jours devant elle. Chaque partis en lice souhaite faire grossir ses forces en ralliant les différentes maisons du Nord. Plusieurs ambassadeurs ont donc approché Howland Reed, conscients de l'avantage incontestable que représentent nos marais. Chacun espère le voir renoncer à la neutralité dont il est coutumier. Cela fait longtemps que le Neck n'a pas accueilli autant d'étrangers. Notre seigneur a même accepté la venue d'une délégation Frey qui lui a transmis les exigences de lord Bolton. Hélas, sentant le vent tourner, ces crevures ont déguerpi juste avant que je n'arrive à Greywater Watch. Reed n'aurait jamais dû les laisser partir indemnes. Pour nous autres Crannogmen, c'est une tradition de saigner les Frey comme des pourceaux ! Heureusement, j'allais bientôt apprendre que leur émissaire n'était plus qu'un cadavre en sursis...

En attendant, j'étais furieux d'avoir raté un massacre si prometteur. J'ai donc passé mes nerfs sur l'autre ambassadeur reçu par notre seigneur : le dénommé Enry Florent. Il est l'envoyé de lord Stannis Baratheon qui souhaite rallier à sa cause les bannerets orphelins du Nord. Quand comprendront-ils qu'ici, dans nos marais, le Trône de Fer et ses machinations ne nous préoccupent guère ? Non pas parce que nous sommes les arriérés qu'ils imaginent, mais en raison de la liberté que nous offrent nos marécages. Le discours assommant que me tint Florent sur la politique de Westeros était d'un ennui profond. Je ne tarda pas à le frapper pour qu'il taise ses bavardages incessants. L'os de son nez se brisa sous mon poing ! Cet imbécile ne pouvait plus ouvrir la bouche sans avaler le flot de sang qui s'écoulait de son tarin. L'instant fut délicieux malgré les remontrances que cela me coûta. Il est important de rappeler à Enry Florent que le roi dont il fait inlassablement l'éloge n'est pas le mien, sans même parler du Dieu étranger qu'il vénère. J'ai bien assez à faire avec ceux du Nord pour me soucier de ce R'hllor, en gageant que toutes ces divinités ne se résument pas à des histoires de bonnes femmes.


Entre gens de bonne compagnie.

Si lord Reed a peu apprécié le sort que j'ai réservé à Enry Florent, il m'a quand même chargé d'accueillir ses derniers invités. Je veux parler de lady Lyanna Blacksword qui vient des Barrowlands. Elle représente une coalition de plusieurs maisons souhaitant un Nord libre et indépendant. Rêver est un moindre mal.

Je devais attendre cette délégation au niveau de la route royale qui borde nos marais. Nous étions plusieurs à avoir été dépêché par Howland Reed. A mes côtés se trouvait notamment son frère bâtard, Lence Snow. Un bon gars solidement charpenté et grandement apprécié par la populace dont il partage les maigres aspirations. Il n'en est pas moins un solide guerrier avec qui j'ai combattu au nom du gros Baratheon durant ma jeunesse. En patientant, je profitais également de la présence du mestre Adlan. Ce mystérieux personnage est en poste à Greywater Watch depuis environ trois ans. Jamais les marais n'avait connu de mestre. Je dois avouer qu'il ne correspond nullement à l'image que je m'en faisais. Le vieil homme jouit d'une forme physique remarquable, allant jusqu'à manier lance et bouclier à la perfection. Il suffit d'assister à son entraînement matinal pour comprendre comment il a pu atteindre un âge aussi vénérable. Si Howland Reed a encore fait preuve de faiblesse en acceptant un mestre à son service, c'est bien la première fois que ça se révèle payant. Adlan sait se montrer utile. Il y a tout de même une personne qui semble se méfier, si ce n'est de l'homme, au moins de sa charge. Il s'agit de dame Elna Blackmyre. A vingt et un an à peine, la damoiselle est déjà à la tête de sa maison. Elle n'était qu'une enfant trop curieuse lorsque je l'ai rencontré pour la première fois. C'était il y a quinze ans, durant la guerre de l'usurpateur. Je l'avais alors arraché aux mains de ses ravisseurs : des mercenaires retors embauchés par les Targaryens que je me fis un plaisir de trucider. Aujourd'hui, lorsque je vois la belle et jolie jeune femme qu'est devenue Elna, je m'enorgueillis de l'avoir sauvé. Il ne faut toutefois pas se laisser berner par sa douce apparence car elle sait dorénavant manier l'épée. Cette soif de combat qui l'habite n'est pas pour me déplaire.

Elna était pressée de rencontrer notre invitée, dame Lyanna Blacksword. Elle aussi est connue pour sa maîtrise des armes. Le fait qu'elle soit née Mormont n'est pas un hasard. Sa réputation de farouche guerrière la précède et on ne compte plus le nombre d'ennemis tombés sous sa lame. Il paraîtrait qu'elle fait plus de six pieds de haut ! C'est pourquoi nous fûmes surpris de voir débarquer un petit bout de femme tout de mailles vêtu... En réalité, Lyanna Blacksword mesure trois coudées et demie, ce qui fait d'elle quelqu'un de petit même pour nous autres gens des marais. Cela ne l'empêche pas d'avoir de l'allure dans laquelle on peut reconnaître une attitude guerrière. La surprise qu'elle nous réservait ne concernait pas son gabarit mais la teneur de son cortège. D'abord, hormis ceux qui portaient ses effets, il n'y avait pas le moindre bonhomme parmi son escorte. Sa garde se compose uniquement de femmes soldats aussi attirantes qu'un prurit mal placé. Mais plus surprenant encore, dame Lyanna a emmené avec elle ses deux plus jeunes enfants ; des jumeaux qui n'ont que quelques mois ! Une idée bien saugrenue. A croire qu'une ourse ne se sépare jamais de ses petits, même quand elle vient s'embourber dans des marécages. Espérons que les nourrissons ne contractent pas la fièvre des marais.

Nous avons accueilli lady Lyanna comme il se doit. Je profitai des présentations pour faire valoir l'amabilité qui me caractérise, avant qu'elle n'ait vent des calomnies qui m'accablent. Nous commençâmes ensuite un long périple dans les marais pour conduire notre prestigieuse invitée à Greywater Watch. Exceptés de piètres patrouilleurs appartenant à la maison Boggs que je renvoya manu militari (c'est du haut valyrien), notre balade ne connut aucun désagrément. C'était lady Elna qui nous guidait au travers des marécages, bille en tête. Elle n'a pas sa pareille pour dénicher les rares chemins de terre qui n'ont pas été avalé par la fange, ou encore les pontons mobiles qui permettent de progresser dans ce bourbier. Elna redoublait d'effort afin d’impressionner dame Blacksword qu'elle tient en haute estime. Elle n'a pourtant rien à lui envier. Toutes deux ont le même âge, la mine avenante, portent l'épée avec une assurance indéniable et se moquent de crotter leur toilette dans les marais. L'avantage va tout de même à la belle Elna qui garde sa prestance jusque dans la boue. Un atout certain car nous allions précisément plonger dans un sacré merdier !


Feu de tourbe.

Il ne nous restait plus qu'à traverser le lac qui borde notre capitale pour arriver à destination quand le temps tourna à l'orage. Nos canots voguaient sur l'eau dans un silence religieux. On pouvait enfin voir le fort de Greywater Watch se dessiner à travers la brume. Soudain, Lence Snow crut entendre un cri étouffé provenant du fort. C'est là qu'une silhouette fit son apparition au loin, perchée sur la plus haute tour du château, l'arc bandé dans notre direction. Je réagis au plus vite en sommant lady Lyanna de se coucher dans la barque. Snow annonça que l'archer allait foutre le feu au canot. Il eut le nez creux car c'est ce qui se produisit : une flèche enflammée se ficha dans la barge qui s'embrasa rapidement ! Le feu avait d'étranges reflets verdâtres. Il était trop vorace pour être maîtrisé. Nous ne pouvions sauter à l'eau où la vase nous aurait englouti, sans parler des lézards-lions à l'appétit dévorant. Les autres barques de notre cortège étant trop éloignées pour nous secourir, l'unique solution était d'atteindre la berge avant que le canot ne soit plus qu'un tas de cendres. Lady Elna et Lence Snow se mirent donc à ramer frénétiquement mais nous étions encore trop lent. Par conséquent, je n'hésitai pas à pousser par dessus bord les deux gardes qui m'accompagnaient pour alléger l'embarcation. J'attends de mes hommes qu'ils se rendent utiles d'une façon ou d'une autre. Leur sacrifice s'avéra payant puisque nous réussîmes à gagner la terre ferme juste à temps. J'aidais dame Lyanna qui enserrait ses enfants à s'extirper des flammes prestement. Ils étaient indemnes. Tout le monde était d'ailleurs sain et sauf à l’exception de menues brûlures. Nous venions d'éviter la catastrophe ! Même mes soldats furent arrachés à la vase par mestre Adlan qui nous suivait à bord d'un autre canot. Quelques cerfs d'argents suffirent à taire leurs jérémiades dont je me moquais éperdument. Une seule chose m'obsédait : trouver cette saloperie d'archer ! Mais la garde de Greywater étant ce qu'elle est – à l'image de son seigneur – l'homme s'était volatilisé ! Il a laissé derrière le lui le cadavre d'une sentinelle qui a dû croiser son chemin, avant de filer grâce à un grappin au sud du fort pour gagner les marais. C'est en tout cas ce que nous étions censés croire...

Enquête de vérité.

Lady Lyanna fut escortée auprès de Howland Reed qui n'en menait pas large suite à l'attaque. Un accueil en bonne et due forme, de quoi jeter la honte et le discrédit sur le peuple des marais. L'infâme archer se trouvait dans le château lorsqu'il est passé à l'action. Jamais pareilles choses n'auraient eu lieu entre mes murs ! Et comble de la bêtise, le seigneur Reed attribua cette attaque à un quelconque gaillard qui m'en voudrait compte tenu de mes frasques. Si de nombreux nuisibles en ont après moi, pourquoi agir maintenant ? Sans compter que j'ai récemment freiné mes écarts de conduite pour embrasser de nouveaux desseins... Le vieux Reed est simplement aveuglé par des paupières trop lourdes. Il ne voit rien, mis à part une simple coïncidence avec la venue de dame Lyanna. Il est pourtant clair qu'elle était la cible. Ce n'était pas un banal agresseur mais un tireur expérimenté, capable d'atteindre notre canot à une centaine de mètres en dépit du brouillard qui recouvre le lac. Cela ne correspond aucunement à un cornu dont j'aurais réjouit la donzelle il y a plusieurs lunes. Non, il est question d'un homme bien renseigné et déterminé. Il s'avère que mestre Adlan a identifié les flammes qui nous ont assailli comme étant du feu grégeois. C'est un procédé alchimique qu'on ne trouve pas dans nos marais.

Pour sûr, ce maudit archer n'est point un péquin lambda. Mais si on ne sais pas qui il est, on sait où il se trouve : le coupable est toujours parmi nous, au sein de Greywater Watch ! Il a laissé le grappin pour nous induire en erreur. Lady Elna et Lence Snow en eurent la confirmation en rendant visite à une villageoise qui vit au sud du fort. Une vieille peau que le bâtard doit monter de temps à autre. Après avoir dégusté une tarte aux cailloux, la rombière leur a assuré que personne ne s'était pointé dans les environs. Elle l'aurait vu étant donné qu'elle passe ses journées le cul vissé sur une chaise derrière sa fenêtre. De mon côté, j'étais en compagnie d'Adlan qui procédait à l'autopsie du garde. Feu Robert. Cet incapable s'est fait trancher la gorge d'un seul coup de lame. Plutôt avec une épée qu'un simple couteau d'après le mestre. Il estime que l'assassin était en face du soldat lorsqu'il l'a frappé. Seulement celui-ci n'est pas mort l'arme à la main. Cela pourrait vouloir dire qu'il connaissait son bourreau. A noter que l'abruti qui a trouvé son défunt collègue m'a rendu la bourse dont il avait allégé le corps. « Pour ne pas la perdre » m'a-t-il dit tout tremblant. Uniquement des piécettes qui écartent la théorie d'un possible employeur voulant effacer ses traces. Pas besoin d'aller chercher aussi loin pour savoir comment ce foutu archer a réussi son coup. La garnison du château est entièrement composée d'incompétents ! Ils n'en branlent pas une sous prétexte que jamais rien n'arrive. Tâter du fouet leur ferait le plus grand bien !

Face à l'empressement de Reed pour régler cette affaire, j'ai dû prendre les choses en main. C'est avec joie que je peux compter sur Dame Elna pour m'y aider. Le brave Lence Snow et le brillant mestre Adlan m'apportent également un soutien de poids, de même que Lyanna Blacksword. Elle ne compte pas rester les bras croisés à attendre une nouvelle attaque. Ma première action fut de rudoyer les gardes du fort. Nous apprîmes qu'ils verrouillaient rarement les différentes issues des tours pour faciliter leur ronde, et donc celle des promeneurs impromptus ! Ces raclures de latrines peuvent se réjouir de servir un seigneur autant laxiste. Le chef de la garde devrait nourrir les poissons à l'heure qu'il est ! Adlan et moi même allâmes ensuite vérifier les appartements alloués à lady Lyanna et sa suite. Ils ne recelaient aucunes menaces si ce n'est la bêtise crasse des guerrières de la maison Blacksword. Mes hommes m'ayant dit vouloir les trousser, je les mis en garde quant à la gent masculine rarement courtoise qui traînait dans les parages. Leur capitaine m'envoya paître tel un vulgaire grouillot. Vu que ces femmes aspirent à être traitées comme n'importe quel soldat, j’hésitai à lui servir une bonne fricassée de phalanges. Heureusement, Adlan remit l'affreuse à sa place séance tenante. Si leur maîtresse était aussi bouchée que ses guerrières, nous nourrissions quelques doutes sur la réussite de sa mission diplomatique...
Nous nous retrouvâmes plus tard devant la porte de notre premier suspect ; Enry Florent. Il aurait pu apporter avec lui ce feu grégeois qui évoque son Dieu tout feu tout flamme. Hélas c'eut été trop beau. Cet ahuri n'est pas assez dégourdi pour une telle machination. Il n'a pas bougé de sa chambre au moment de l'attaque. Le bougre a beau s'intéresser à la visite de dame Lyanna, il ne lui veut aucun mal. Il tenta même de se pavaner en se moquant de ma tenue boueuse qu'il me conseilla de changer avant le banquet donner en l'honneur des Blacksword. Je lui rétorquai alors qu'il avait taché de son sang ma plus belle tenue et que j'avais eu la courtoisie de ne point lui réclamer compensation. Devinant que ma journée avait été longue, Florent jugea bon de fermer son clapet. Il est vrai que le repas du soir fut le bienvenue.


A boire et à manger.

Howland Reed ouvrit le banquet avec un discours monotone censé honorer nôtre invitée. Il trinqua en l'honneur de leurs maisons respectives, après quoi je levai mon verre au nom de la mienne devant des yeux écarquillés. Il n'empêche que cette rasade de vin avait meilleur goût. J’eus la chance d'être en bonne compagnie durant le repas, installé entre lady Lyanna et dame Elna. J'appris à mieux connaître la première qui se révéla être autant plaisante qu'intelligente, quoi qu'un peu trop grave à mon goût. Quant à Elna, j'étais heureux que nous conversions ensemble. Son regard sémillant me fixait sans aucun mépris, contrairement à de nombreux convives présents ce soir là ! A l'instar d'Enry Florent ou encore d'Ashton Boggs. Nos deux familles sont rivales depuis des siècles, voilà pourquoi nous aimons tellement nous harpailler poliment. Ce borgne est le proche conseiller du seigneur Reed, ce qui explique beaucoup de choses selon moi. La seule réussite de Boggs est sa charmante fille Shana qui compte parmi la suite de Jyana Reed. Il faut savoir qu'à la cour, l'épouse de notre seigneur incarne la maison Peat dont elle est native. Parmi les autres représentants des grandes familles du Neck se trouve Conrad Fenn, un géant simple d'esprit. Son père est un ivrogne patenté. Conrad est amoureux d'Elna Blackmyre qu'il poursuit de ses assiduités. Il ne cesse de la demander en mariage quand il la voit, ce qui pourrait être amusant s'il n'était pas aussi insistant. Cet idiot mal dégrossi s'est d'ailleurs comporté comme une brute au cours des réjouissances, en forçant lady Elna à danser avec lui. Il fallut mon intervention et celle de son ami Snow pour calmer l'animal.

Il y a tout de même des gens civilisé à la cour, notamment l'élégante Dalla Greengood. Elle préfère vivre à Greywater Watch plutôt que sur ses terres qu'elle considère semblables à un trou à rats. Dame Dalla demeure à la capitale avec son fils Jareck qu'elle a reconnu pour héritier. Personne ne sait qui est le père. Ce mioche de dix ans est un véritable démon. Il ne tient pas en place ! Sa connerie est sans limites car sa mère lui laisse tout passer. Durant le repas, il est allé jusqu'à tirer les cheveux de dame Lyanna tout en se moquant de sa taille. Afin d’éviter un incident, j'ai rendu la politesse au petit Jareck en lui répétant qu'il n'avait pas de père parce qu'il était mort. « Mort de chez mort » que je lui ai dit en m'esclaffant. Le morveux a fondu en larmes pour partir se moucher dans les jupons de sa mère. Celle-ci m'en tient rigueur mais c'était ça ou une torgnole au travers de la mignonne frimousse de son moutard. Je parierais que je ne suis pas le seul à honnir ce gosse. J'ai même deviné du soulagement dans les yeux de l'honorable Malcolm Quagg, trop content de poursuivre sa discussion avec la belle Elna une fois le calme rétabli. Ce jeune homme est revenu dans les marais il y a moins d'un an après avoir combattu aux côtés de Robb Stark. La mort de son roi l'a chamboulé.

L'héritier de la maison Quagg approuve la venue de lady Blacksword. Il souhaite que les marais prennent position contre les Bolton et les Frey, ce que Reed n'envisage nullement pour le moment. Peut-être qu'il changera brusquement d'avis si son étrange conseillère lui fait part d'une nouvelle vision absurde ? Je parle de la dénommée Arina qui siège à sa table. Cette manante a l'oreille de notre seigneur. Lors de mon dernier passage ici, j'avais envisagé d'approcher la jeune sorcière pour profiter de ses charmes mais elle manipule déjà assez de serpents d'où elle tire ses poisons et autres saloperies. On dit qu'elle a le don de vervue qui lui permettrait de faire des rêves inspirés par les Dieux... A moins que cela ne soit dû aux abus des étranges potions qu'elle concocte ? Je ne suis pas de ceux qui redoutent cette diseuse de bonne aventure mais je m'en méfie. Arina fait tout son possible pour déstabiliser les gens. Le mestre Adlan reste néanmoins serein face à ses sinistres présages. Elle lui a pourtant prédit que de terribles menaces planaient au dessus de sa tête. Il a répondu qu'à son âge, la mort était une amie. J'aime son cynisme. Finalement, la sorcière voit dans le mestre un concurrent de poids. Elle s'inquiète de l'influence qu'il peut avoir auprès de Reed. Sa jalousie prouve qu'elle est comme nous ; humaine.

Des pistes savonneuses.

Le lendemain matin, malgré un sommeil réparateur, c'était encore une longue journée qui s'annonçait. Je la débutais avec mon entraînement quotidien pour préserver mes talents martiaux. J'eus le bonheur d'être rejoint par dame Elna. Elle voulait croiser le fer avec moi afin de s’exercer. Je dois bien reconnaître que cette jeune femme est talentueuse. Aussi gracieuse que redoutable. Le premier phallocrate venu serait surpris par son habileté à l'épée. Ce fut mon cas. Je n'en appréciai que davantage ce moment partagé avec lady Blackmyre. L'apparition de Conrad Fenn changea la donne. J'ai pour habitude d'enseigner le maniement de l'épée à cet âne bâté. Il espère paraître plus civilisé grâce à cette pratique. Mais s'il sait manier sa lourde hache avec brio, le géant fait un déplorable escrimeur. Elna ne s'y est pas trompée. En acceptant de s’entraîner avec Fenn – à sa plus grande joie – elle lui a infligé une sacrée correction ! C'était distrayant à regarder. Elle fit payer à cet idiot son goût du harcèlement. Malheureusement, cette raclée ne calma pas ses ardeurs d'amoureux transit. L'arrivée salutaire de mestre Adlan permit de nous éclipser en prétextant un rendez-vous urgent. Nous laissâmes le colosse satisfait de ses blessures qui pour lui n'étaient que des égratignures, voire des preuves d'amours.

Nous étions toujours dans la cour du château quand nous décidâmes d'aller trouver ce gredin de Bendan Glover. C'est le misérable qui commande la garnison de Greywater Watch, connu pour être le fidèle clébard du seigneur Reed. Il s'occupe des affaires douteuses. Ce fichu expatrié s'empressa de nous dire qu'il avait sévèrement recadré ses hommes suite à l'attentat, rapport au chef de la garde qui avait mouillé ses chausses lors de notre entretien. Toutes les portes du fort sont dorénavant verrouillées à double tour. Plutôt que de l'insulter, je préférai profiter de ses talents de vieux briscard. Je lui ai demandé qui maîtrise assez bien le tir à l'arc pour faire mouche à plus de cent mètres dans une purée de poids. D'après lui, s'il est maintenant trop âgé pour accomplir cette prouesse, ce n'est pas le cas d'Ashton Boggs qui en serait encore capable en dépit de son œil mort. Idem concernant le jeune Malcolm Quagg et ses hommes. Tous sont des guerriers expérimentés. Quant à Florent, Glover ne l'a jamais vu s'exercer à l'arc...

En privé, nous débattions de notre enquête avec lady Lyanna quand Lence revint de son escapade au village. Il a fait jouer ses fréquentations douteuses pour savoir si le feu grégeois a été vendu par un trafiquant local. Il n'en est rien. Les contacts de Snow sont certains d'une chose ; le coupable n'a jamais quitté le château. Ces racailles des bas-fonds le sauraient si quelqu'un s'était réfugié au village ou dans les marais. Pour ceux qui n'en étaient pas encore convaincus, nous savons maintenant avec certitude que ce pourri d'archer est parmi nous ! Et c'est probablement quelqu'un d'influent, voir même un seigneur. Dame Jyana nous a donné carte blanche pour démêler toute cette histoire. Nous mis à part, on dirait qu'elle est la seule à s'en soucier. Son époux s'intéressait davantage au conseil restreint qui nous attendait l'après-midi. L'affaire était d'importance. Lady Lyanna allait devoir nous convaincre de rejoindre le combat des Blacksword et de leurs alliés contre Roose Bolton.

D'ici là, nous nous rendîmes au bois sacré de Greywater Watch. Dame Lyanna souhaitait s'y recueillir. Nous profitâmes de l'occasion pour nous entretenir avec la sorcière Arina. Tous les moyens sont bons pour débusquer le traître. Certains pensaient qu'elle nous y aiderait en se fendant d'une vision divine. Il va sans dire que je n'y croyais pas. En arrivant au bois sacré qui est probablement le plus dense du Nord, nous vîmes la sorcière en train de prier devant un barral. Elle nous invita à patienter sans même nous avoir vu. Dame Elna était terriblement mal à l'aise en ces lieux. Je lui proposai mon bras pour l'assister, sourire aux lèvres, prétextant que cela m'aiderait également. La belle accepta. La sorcière vint nous saluer une fois sa prière terminée. Elle se fit alors un plaisir d'embrasser Elna dont la gêne semblait la ravir. Lady Blakmyre est l'aimable incarnation des marais. Elle se méfie à raison de ce qui nous est étranger – comme les mestres – et redoute l'influence des Dieux qui est omniprésente dans notre folklore. Je suis bien placé pour savoir que la force réside dans la crainte qu'on suscite. Cependant, s'il y a bien une personne que je ne souhaite pas effrayer, c'est Elna... De son côté, Adlan déconcerta une nouvelle fois la jeune Arina qui est incapable de le cerner. Ses tours ne prennent pas avec lui. La sorcière en était bougonne. Tant mieux ! Elle ne fut d'aucune utilité pour nos recherches. Aucunes prétendues visions ! Soi-disant que les Dieux n'opèrent pas de la sorte. Ainsi soit-il ! Que tout le monde se garde d'agir. Peu importe, rien n'empêchera mes compagnons de fortune et moi-même de débusquer le chien qui est derrière l'attentat !


Un conseil houleux.

L'après-midi venu, nous laissâmes de côté notre enquête pour prendre part au conseil restreint. Conseil qui portait bien son nom car dame Lyanna demanda au seigneur Reed de congédier Enry Florent. Elle ne voulait pas qu'il soit informé des négociations que nous allions tenir. Les deux émissaires avaient beau s'entendre, ils n'en étaient pas moins rivaux au regard des faveurs que Howland Reed leur accorderait ou non. Ser Florent était déçu de ne pouvoir participer à notre assemblée. Avant qu'il ne parte, je l'invitai à sécher ses larmes en désignant les torches de la grand-salle : « Puisque votre Dieu de flammes est partout, nul doute qu'Il vous rapportera nos conversations. » Le bêcheur ne goûta pas mon humour. Lady Lianna, elle, se fendit d'un sourire crispé. Elle nous a dit connaître une prêtresse rouge dont la magie est aussi puissante qu'effrayante. Balivernes ! Lord Reed lui demanda davantage de détails mais elle resta vague. Elle se contenta de dire que sa maison accueillait également un émissaire de Stannis. Quelqu'un de haut rang pour ce que j'en ai compris. Le prétendant au trône leur aurait dépêché un proche de sa famille. Cela signifie qu'il accorderait davantage d'importance aux Blacksword qu'aux Reed. Howland ne manqua pas de le faire observer.

Dame Lyanna nous conta les récents événements qui ont secoué sa maison. Elle fit valoir les siens qui ont repoussé les Fer-nés hors des Barrowlands. Les Blacksword déjouèrent également un complot ourdi par les Lannister qui visait à les assujettir. Dernièrement, ils ont même repris Torrhen's Square aux mains de l'envahisseur Fer-né. C'est fort de ses succès que la maison Blacksword souhaite former une coalition entre tous les nordiens qui ne veulent ni Roose Bolton comme suzerain ni Joffrey Baratheon comme roi. Il s'agirait de se battre pour un Nord indépendant. Cette douce chimère est l'héritage de Robb Stark. Or les Blacksword ont déserté l'armée du jeune loup juste avant qu'il ne trouve la mort durant les Noces Pourpres. Ils ont fait sécession à l'instar de la maison Karstark dont le seigneur fut décapité par le « roi » Robb. Il lui aurait désobéi en assassinant deux jeunes otages Lannister pour venger la mort de ses fils tombés sur le champ de bataille. Une manière stupide d'honorer les siens. Jorren Blacksword, frère du seigneur Blacksword, s'opposa vertement à l’exécution de lord Rickard Karstark. Cela lui valut d'être pendu haut et court ! S'il avait été plus judicieux, ce pauvre bougre se serait dressé contre le massacre des deux gamins prisonniers pour éviter tout ce fracas... Non content de pleurer le célèbre Jorren, les Blacksword se sont sentis insultés par sa pendaison qu'ils estiment être une fin indigne d'un seigneur. Certains veulent des privilèges jusque dans leur façon de crever. Que ça soit par l'épée ou la corde, la guerre charrie les cadavres aussi sûrement que l'hiver est glacial.

Et si les Blacksword peuvent être fiers de leurs exploits, ils ont dû en payer le prix. Le simple fait que dame Lyanna ait emmené ses nourrissons avec elle en dit long sur les menaces qui pèsent sur sa maison. Son vieil époux a d'ailleurs trouvé la mort il y a peu, quand bien même l’appelait-on l'Immortel. Du haut de ses dix neuf ans, c'est le beau fils de dame Lyanna qui a repris le titre de son père. Edrick junior, seigneur des Barrowlands ! Tout le monde se dit « immortel » à cet âge où la naïveté fait encore loi. Le jeune homme est parti à White Harbor pour tenter de rallier les puissants Manderly. Peut-être aura-t-il davantage de réussite que sa belle-mère ? Une belle-mère qui le considère comme son propre fils malgré leurs deux ans d'écart. Ayant pu jouir du caractère de lady Lyanna, les réunions de famille avec Junior doivent être mouvementées. Quoi qu'il en soit, il faut reconnaître que la maison Blacksword ne manque pas d'ambitions ! Pour ce qui est de la lucidité, c'est une tout autre histoire. Une fois les Bolton vaincus – si tant est qu'ils y parviennent – les Blacksword souhaitent fonder un conseil indépendant avec les seigneurs nordiens qui auront combattu à leurs côtés. La maison Ryswell fait notamment partie de leurs alliés ; pour un Nord indépendant qui n'aurait plus aucun compte à rendre au Trône de fer... Conneries !

Admettons que les foutus Boltons soient défaits, une telle victoire aura un coût. Un Nord entre-déchiré, exsangue, incapable de résister aux troupes des Lannister, des Frey et des maisons soumises à Joffrey Baratheon. Autant d'ennemis qui ne manqueront pas de nous faire passer le goût de l'indépendance ! Et si nos marais sont imprenables, nous autres Crannogmen serions tout de même les premiers à souffrir d'une invasion car nous sommes au sud de Moat Caitlin. Il y a également la question du commerce qui se pose, sans oublier celle de la gestion du Mur et de la Garde de Nuit... En substance, un Nord libre serait une bien mauvaise chose. Durant notre conseil, Howland Reed affirma d'ailleurs n'avoir jamais soutenu Robb Stark dans ses rêves d'indépendance. Il estime que le jeune Loup n'était pas assez réfléchi. Ses prétentions ont eu raison de lui, à l'inverse de son défunt père qui était un homme bien plus raisonnable selon Reed. Ce fut risible d'entendre ça de sa bouche lorsqu'on sait que notre seigneur nous impliqua dans le guerre de l'Usurpateur qui ne nous concernait nullement. Un conflit que chaque maison des marais paya de son sang, tout cela pour suivre aveuglément Eddard Stark dont Reed était visiblement épris. Suis-je donc le seul à assumer mes actes, aussi infamants soient-ils !?

En définitive, les propositions de dame Lyanna furent rejetées par le seigneur Reed. Les offres de mariages influents et autres engagements n'y firent rien. Pas plus que sa fougue. A ma demande, la représentante des Blacksword alla jusqu'à nous proposer Moat Caitlin en cas de victoire. Des promesses qui resteront lettre morte. Comment pourrait-elle se porter garante des prétentions de ceux qui formeront cette fameuse coalition ? Les seigneurs s'opposeront pour obtenir les meilleures terres. Sans compter que les Blacksword voudront siéger en bonne place au sein du conseil qu'ils auront eux-même formé... Leur folle entreprise est à peine créée, et la voilà déjà condamnée. Le Neck à bien plus à y perdre qu'à y gagner. Il n'est pas question de ployer le genou devant les Bolton pour autant, loin s'en faut ! Je me torcherais le cul bien volontiers avec la missive que ces charognes nous ont fait parvenir. Ce ne sont que des larbins des Lannister et des Frey. Puisse le roi Joffrey s'étouffer en suçant son pouce ! Quant à Stannis Baratheon, je ne sais pas de quel bois l'homme est fait mais il ne peut pas être pire que les Lannister. A mon sens, il représente même la seule chance de réussite pour les Blacksword. Dame Lyana rejette catégoriquement toute allégeance mais, si elle avait de la jugeote, elle ferait en sorte que sa maison soit à Stannis ce que les Bolton sont à Joffrey.

Toujours est-il que notre seigneur a pris la bonne décision en refusant de s'impliquer, une fois n'est pas coutume. Nous allons donc conserver la neutralité propre à nos marais. Ni les Reed ni leurs bannerets ne prendront part à l’énième guerre qui se profile. Howland a insisté auprès de Malcolm Quagg qui est le seul à vouloir combattre les Bolton ouvertement. Même Boggs et moi sommes d'accord quant aux directives de Reed. A noter que Conrad Fenn ne fut pas prévenu de la tenue du conseil, trop stupide qu'il est pour servir correctement les marais. Il n'aurait fait qu'importuner Elna. Elle aussi n'a pas transigé avec lady Blacksword, et ce malgré l'estime qu'elle lui voue. En essuyant cette fin de non recevoir, notre prestigieuse invitée est tombée de haut malgré sa petite taille. Elle avait l'air si sûre d'elle. L'insouciance de la jeunesse d'après ce cher Adlan qui a le triple de son âge, ou peu s'en faut...


Le coupable idéal.

Le lendemain matin, je fus réveillé par cette saleté de Glover. Il m'informa qu'une rumeur avait gagné le château. On disait Enry Florent responsable de l'attentat ! C'était les gardes qui l'avaient propagée, sans être foutus de remonter à la source. Quel heureux hasard. Probablement une machination du véritable coupable. S'il tente de noyer le poisson, cela veut dire qu'on cherche dans la bonne direction. J'allai donc retrouver mes acolytes du moment pour poursuivre notre enquête.

Nous allâmes sans tarder aux appartements de Florent pour l'interroger de bon matin. Il parut s'effondrer lorsque nous lui fîmes part de la rumeur qui le visait. Ce n'était pas un signe de sa culpabilité mais uniquement de sa couardise. Il clama son innocence. Nous ne doutions pas de sa bonne foi mais il nous fallut fouiller ses quartiers pour faire illusion. Durant nos recherches, dame Lyanna s'invita à la fête. Elle avait eut vent de ce qui se disait et tenait à connaître le fin mot de l'histoire. Elle espérait encore pouvoir faire fléchir Reed une fois sa tentative d'assassinat résolue, en le persuadant qu'ils avaient des ennemis communs. Nous ne pouvions la mettre à l'écart vu la situation. Avec Elna, elles interrogèrent Florent et Celest, sa sœur, ainsi que leur personnel. Ils se trouvaient tous dans leur appartement lorsque cette salope d'archer avait tenté de nous brûler vif. Pourtant, sans réelle surprise, je trouvai sous le lit de notre ami poltron l'arc du tireur. En le saisissant hâtivement, je fis tomber la flasque qui se trouvait avec. Heureusement, les réflexes de mestre Adlan nous épargnèrent des brûlures lorsqu'il rattrapa ce maudit feu grégeois ! Il faut savoir vivre dangereusement...

Enry Florent devint blanc comme le derrière d'un nouveau-né. C'était à se demander s'il n'allait pas fondre en larmes. Il jura sur son Dieu qu'il n'y était pour rien, que la fiole et l'arc n'étaient pas à lui. Cela me coûte de l'admettre mais, pour une fois, il ne racontait pas de sornettes. Tout cela était bien trop facile. Nous n'étions pas dupes. Lence Snow était formel : l'arc avait beau être de bonne facture, seul un expert pouvait réussir un tir d'une centaine de mètres. Ce n'était pas le cas d'Enry le péteux ! Pour ma part, j'envisageais que la délégation Frey ait soudoyé un soudard local pour semer la zizanie avant de prendre le large. Je faisais fausse route. À ma grande joie, dame Elna nous confia s'être occupée des Frey. Ils eurent le malheur de se perdre dans les marais pour finir sur ses terres. Le seul survivant en est l'ambassadeur, Allister Frey. Il croupit actuellement dans les cachots de Hawkdown où il profite de l'hospitalité locale. Il aurait donc avoué avoir ourdi un complot si tel était le cas. Décidément, la belle Elna est pleine de ressources, ce qui ne fait que rajouter à ses charmes.

Nous avons donc un fauteur de troubles dans les murs de Greywater Watch. En incriminant Florent, le fautif vise les délégations reçues par Howland Reed. Ce fut confirmé par lady Blacksword qui daigna nous dire qu'on lui avait fait parvenir en douce un étrange message. L'auteur l'invitait à un mystérieux rendez-vous pour traiter d'une alliance avec les Bolton et les Frey. Il s'agit de notre homme qui veut encore semer le trouble ! Probablement un piège pour finir le boulot qu'il a commencé sur le lac. La rencontre allait avoir lieu au bois sacré le lendemain. Nous avions alors décidé de tendre une embuscade au scélérat. Peu importe qui il pouvait être, j'étais bien décidé à lui faire payer le prix de sa vilenie !

De plus en plus noir.

En attendant la rencontre, nous dûmes décidés du sort de Florent qui se trouvait être le dindon de la farce. Il craignait pour sa vie à juste titre. Personnellement, je voulais taire notre découverte afin de pousser l'instigateur à se dévoiler. Dame Lyanna, elle, estimait qu'il était plus prudent de jouer le jeu en livrant Enry au seigneur Reed. Elle ne voulait pas éveiller les soupçons du traître – c'est le terme approprié – avant le rendez-vous au bois sacré. Son plan était subtil mais dangereux pour Florent. Je pense que la veuve Blacksword ne se souciait guère de son sort... Reste qu'elle parvint à convaincre Elna qui se rangea derrière elle. Il est vain de vouloir dissuader des femmes de cette trempe. Au cours de nos conversations, je crus d'ailleurs comprendre que ce vieux filou d'Adlan appréciait lui aussi les donzelles de caractère. Mais s'il se plia à l'avis de dame Lyanna, il ne se faisait aucune illusion quant au sort que Reed allait réserver à Enry Florent. Lence est encore le mieux placé pour parler de l’opiniâtreté de son frère. D'après lui, cet entêtement est cultivé par Bendan Glover. Ce rebut est toujours derrière son seigneur, comme un chien qui suit inlassablement son maître pour mieux renifler ses pets.

Glover était présent lorsque nous livrâmes Florent à la vindicte de Reed. La découverte de l'arc et du feu grégeois suffit à convaincre notre estimé seigneur de la culpabilité de son invité. Il se moquait d'en savoir davantage, trop heureux de pouvoir clore l'incident qui ternissait son nom. Au mépris des lois de l'hospitalité, il condamna Florent à être exécuté pour ses crimes dès l'aube prochaine ! Le fait que Dame Lyanna exprima ses doutes sur la culpabilité de Florent ne changeait rien. Une fois encore, la jeune femme tomba de haut. Elle s'insurgea face à la décision de Reed qu'elle jugeait trop arbitraire. Elle voulait qu'un procès équitable soit organisé pour statuer sur le sort de Florent. Si ce genre d'arrangement a lieu dans les Barrowlands, il n'est pas en vigueur dans nos marais. Quant au duel judiciaire, Florent était condamné d'avance. Ce qui ne changeait pas grand chose finalement. J'eus beau détailler les zones d'ombres de notre enquête, Howland ne voulait rien entendre, pas plus qu'il ne voulait voir à quel point la situation était grotesque. C'était la victime qui défendait son soi-disant agresseur !

Heureusement, mestre Adlan et Lence Snow surent tempérer l'ardeur de Reed. Ils parvinrent à le faire revenir sur sa décision : les aveux de Florent seront extirpés sous la torture avant qu'il ne soit exécuté dans trois jours ! C'est le temps qu'il nous reste pour résoudre cette fichue affaire. Je crois que Bendan Glover voit ce délai d'un mauvais œil, d'autant que le supplice de Florent ne lui a pas été confié. C'est Adlan qui s'en chargera. Mais la torture n'est qu'un prétexte pour nous faire gagner du temps... Un détail qui fut difficile d'expliquer à Enry Florent. L'infortuné n'a fait que balbutier maladroitement pour se défendre durant son jugement tant il est désemparé. Il peut tout de même me remercier car, au dernier moment, j'ai réussi à convaincre Reed de commuer sa condamnation à mort contre un manteau noir. Si nous venons à échouer, Enry Florent rejoindra donc la Garde de Nuit !


Promenade au bois sacré.

Le temps presse. Il nous faut démasquer le coupable au plus vite. Si les délégations furent les premières visées, Elna estimait qu'il ne fallait pas écarter les autres pistes pour autant. Elle envisageait même que le responsable puisse être Ashton Boggs. Tous connaissent l'animosité qu'il porte à ma maison. J'aurais aimé qu'elle ait raison mais je n'y croyais pas. Ce ne sont pas les méthodes de Boggs dont l'une des rares qualités est la droiture. S'il n'est pas exclu que nous finissions par nous entretuer, cela se fera en toute franchise. Non, il est certain que je ne suis pas la cible de ces machinations. Et puis Ashton Boggs a quitté Greywater Watch peu après le conseil. J'ai même ouïe dire que lady Blacksword a tenté de le rallier à sa cause avant son départ. Elle se serait proposée pour l'épouser lui ou son héritier, mais Boggs a poliment décliné l'offre. Une offre dont je n'ai point eu l'honneur. C'est là le fardeau d'être si séduisant qu'on en devient intimidant, probablement...

Plutôt que de spéculer davantage sur l'identité de notre fauteur de troubles, nous décidâmes de préparer le rendez-vous qui allait se tenir au bois sacré le lendemain matin. Je me proposai de passer la nuit sur place afin d'être le plus discret possible. Ainsi, je serai non loin de lady Blacksword lors de son mystérieux entretien, paré pour réagir à la moindre menace. Après avoir mis la main sur le salopard qui allait se présenter, j'escomptai bien lui tirer les vers du nez pour démêler cette foutue histoire. J'étais prêt à lui couper le blair avec si besoin. Le mestre me fournit un poison qui devait m'aider à capturer le bonhomme vivant, non sans provoquer d'atroces douleurs au passage. C'est le genre d'attention qui me va droit au cœur ! Adlan et moi sommes tous deux perfectionnistes.

Hélas, le rendez-vous ne fut pas si fructueux que nous l'espérions. L'homme qui se présenta n'était qu'un pauvre pouilleux censé recueillir la réponse de dame Lyanna concernant l'offre des Bolton. La guerrière fit mine d'accepter les termes de l'alliance. Plutôt que d'alpaguer cette vermine sur le champ, nous le suivîmes dans l'espoir de rencontrer son commanditaire. Lence Snow avait reconnu le messager. Il s'agissait d'un gros bras d'une taverne mal famée ; la panse des marais. Après de nombreux détours, l'homme finit par entrer dans une cabane que Snow savait être celle de sa régulière. L'olibrius ne nous avait même pas repéré, trop pressé qu'il était de forniquer. Mes camarades firent le guet. Ils attendaient que notre trouble-fête vienne s'enquérir de la réponse de lady Blacksword... Je n'avais pas leur patience !

Je me rua dans la bicoque où j'arrachai le gredin à sa gueuse qu'il était en train de trousser. Dame Elna batailla pour calmer la grue qui criait à gorge déployée. Dans un premier temps, Snow se mit sur mon chemin afin d'interroger lui-même l'homme qu'il connaissait. Il espérait qu'il soit raisonnable. Force fut de constater qu'il était assez stupide pour croire que nous l'étions également. Il clamait n'avoir rien à se reprocher. Son impudence n'avait pas de limite car, d'une certaine manière, il nous montrait du doigt. Je mis fin à son hardiesse en broyant ses maigres bourses de ma poigne, jusqu'à épargner aux marais toute descendance de ce déchet... Je me lavai les mains avec un picrate qui traînait là tandis qu'il criait désormais plus fort que sa bonne femme.

Gloussant comme une gamine, la vermine s'empressa de dire tout ce qu'il savait. Et à mon grand désarroi, ce n'était pas grand chose. Un homme encapuchonné l'avait hélé dans une ruelle pour lui confier ce boulot de messager. Il n'avait pas vu son visage, tout au plus serait-il capable de reconnaître sa voix. Le gros bras n'avait pas posé la moindre question car le commanditaire s'était montré très généreux. Plusieurs cerfs d'argent dont une bonne partie payée d'avance. Il devait simplement rencontrer dame Lyanna pour entendre sa réponse et alors juger de sa sincérité... C'est son mystérieux employeur qui est censé venir le trouver, ce qui explique pourquoi nous avons épargné cette raclure jusque là. Mais je laissai à mes compagnons le soin d'attendre l'éventuelle apparition du cerveau de l'affaire. Pour moi, il était temps d'agir !


Le temps venu, mieux vaut s'armer d'une épée que de patience.

C'en est trop ! Nous nous trouvions dans le village alors que le coupable était assurément au château. Quelqu'un qui ne regarde pas à la dépense, qui sait lire et écrire, qui se balade librement dans Greywater Watch... Ce sont là des pistes qui vont me permettre de prendre les devants. Il est hors de question d'attendre sans rien faire plus longtemps. Je dois réagir avant que ce damné boutefeu ne commette de nouveaux méfaits. Et s'il faut semer le désordre, je sais également y faire !

J'ai une liste de suspects – avec certaines préférences – aussi vais-je procéder par « élimination »...
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pelon
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Re: [CR] [Trône de fer - Chroniques de Barrowlands]

Message par pelon »

en effet, il est très bien ce CR
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Re: [CR] [Trône de fer - Chroniques de Barrowlands]

Message par Ravortel »

J'adore la procédure "par élimination" ;)
Mais qui est le narrateur ?
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le Zakhan Noir
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Re: [CR] [Trône de fer - Chroniques de Barrowlands]

Message par le Zakhan Noir »

c'est vrai qu'il n'a pas signé, mais c'est un membre de la maison Cray apparemment. Sinon, c'est un joueur occasionnel nantais, qui refera peut-être une apparition qui sait...

Il doit livrer bientôt la seconde partie des aventures des marais, et ensuite j'embraye...
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Re: [CR] [Trône de fer - Chroniques de Barrowlands]

Message par pelon »

le seigneur Cray s'est perdu dans les marais?

PS: ça correspond à quel épisode dans la timeline de la série, j'ai un pote qui demande avant de venir lire pour ne pas se spoiler
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Re: [CR] [Trône de fer - Chroniques de Barrowlands]

Message par le Zakhan Noir »

ça arrive cette semaine, c'est ce qu'on m'a promis (faut être indulgent le gars avait tout fait il y 3 semaines, mais son PC a crashé... il a dû tout recommencer)

pour la série je ne sais pas, j'ai pas maté la saison 4. Dans les bouquins VF on commence à osciller entre le 9 et les événements du 13, 14, 15.

Mais bon, on commence à sentir de plus en plus le côté uchronie suite à nos actions et celles du mj, donc c'est de moins en moins simple de faire le parallèle.


Les marais, c'est pas trop abordé dans les bouquins, la série je sais pas.
Spoiler:
La lutte contre Bolton, par contre là on est un peu dans le spoil, sur le principe même et notamment le rôle crucial de Moat Caitlin.

Ce qui n'est pas arrivé encore chez nous (ou du moins on en sait rien): la prise de Moat Caitlin à venir, les événements de Winterfell, et la menace venue du Nord avec Stannis qui aide à sauver le Mur, la mort de Joeffrey, avec tout le procès et compagnie, la mort de Tywin,
Bref lisez les bouquins les gens. C'est plus sûr, et puis, c'est mieux!
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Re: [CR] [Trône de fer - Chroniques de Barrowlands]

Message par le Zakhan Noir »

Et voilà, la suite arrive, toujours de la plume de du noble des marais à qui j'ai soutiré des infos.

Il s'appelle Jonn "Scarlett" Cray. Il doit son surnom d'écarlate à la guerre de l'Usurpateur, lorsque des mercenaires alloués aux Targaryen percèrent les défenses des marais pour y semer la mort. Du haut de ses 15 ans, on le retrouva couvert du sang de ses nombreux ennemis qu'il avait occis jusqu'au dernier. Ce fut également à cette occasion qu'il sauva Elna Blackmyre qui n'avait alors que 5 ans... Jonn Cray est désormais un homme à la sinistre réputation (on le dit sanguinaire), probablement le banneret des marais le plus craint. Et donc le plus respecté.


Bon je me tais, et je vous laisse lire ( comme toujours, prévoyez un peu de temps lol). Le chapitre 39 sera posté dans quelques jours


chapitre 38 Le Neck plus ultra ! 2ème partie


Les masques sont enfin tombés. Et n'en déplaise à certains, je suis encore vivant. Tous ne peuvent pas en dire autant...


Le début d'une longue journée.

Je me trouvais donc dans la cabane de cette vermine appelé Merle, à débattre de son sort avec dame Elna et Lence Snow. Ils voulaient qu'on surveille ce vaurien au cas où l'homme qui l'avait employé viendrait le trouver. Pour ma part, je ne voulais pas sous-estimer notre ennemi. Celui qui était derrière tout ça nous avait possiblement repéré durant notre filature. Seul cet abruti de Merle était assez ignare pour ne pas remarqué que trois personnes lui collaient aux basques. Je me fis d'ailleurs un plaisir d'alarmer cette raclure en lui disant que son employeur finirait par le tuer tôt ou tard, histoire d'effacer ses traces vu l'importance de l'affaire. Cette sous-merde était complètement dépassée. Son regard s'emplissait de peur à ma plus grande joie. Je lui donnai même quelques piécettes pour qu'il profite de « ses dernières heures ». Pris de panique, il supplia Elna et Lence de le protéger. Tous deux acceptèrent. Lady Blackmyre allait confier cette tâche à l'un de ces hommes. Elle aussi semblait vouloir prendre les devants car elle mobilisa bientôt sa garde personnelle dans l'espoir de prévenir le prochain incident...


L'ébauche de mes desseins.

De mon côté, déterminé à agir, j'étais retourné au bois sacré en sifflotant. J'y retrouvai le mestre et dame Lyanna entourée de sa garde d'ogresses. Une fois informés des dernières retombées, lady Blacksword et Adlan comprirent que nous n'étions guère plus avancés. Ce dernier m'invita alors à le retrouver dans sa tour en fin de matinée. Il s'agissait de mettre en branle le projet que je lui avais soumis auparavant. J'avais effectivement décidé de me reposer sur le vieux mestre pour mettre mon plan à exécution. Bien m'en a pris ; Adlan est quelqu'un de confiance... Dame Lyanna aurait aimé savoir de quoi il était question. Je tentai d'endormir sa curiosité en conversant avec elle pendant que je la raccompagnais au fort, mais c'était peine perdue face à son obstination. En arrivant dans la cour du château, je vis Conrad Fenn qui m'attendait pour notre entraînement matinal. En voyant ce lourdaud, j'eus l'idée de proposer à lady Lyanna quelques passes d'armes. Elle s'empressa d'accepter. Son engouement pour le combat mit un terme à la discussion qui m'incommodait. Et s'il n'était pas facile d'éluder les questions de dame Lyanna, j'allais apprendre qu'il était bien plus difficile encore de parer ses coups !

Au préalable, je m'échauffai en affrontant Fenn. Affronter est un bien grand mot lorsqu'on combat un tel idiot. On lui prête la force d'un taureau mais il a le regard bovin qui va de pair. Sa puissance fait de lui un adversaire redoutable avec une hache. En revanche, l'épée à la main, on croirait voir un enfant s'amuser à guerroyer. Un gamin stupide incapable du moindre progrès. Comme tout enfant turbulent qui ne veut pas apprendre ; il méritait une correction ! Alors quand il baissa sa garde une énième fois, je fis un pas de côté pour le frapper violemment au bras. Nos épées d'entraînement avait beau être émoussées, je le blessai jusqu'au sang. Il lâcha son arme pour mieux fondre en larmes, geignant comme un nourrisson. C'était une simple estafilade. Fenn était pathétique ! Le fait d'avaler la morve qui ruisselait sur son visage ne l'empêchait pas de se plaindre. Son bras lui faisait atrocement mal disait-il. Aucune dignité. Une leçon pourtant méritée pour cet arriéré qui ne lèvera plus la main sur dame Elna. Il n'aurait pas dû la contraindre à danser durant notre dernier banquet ! Je fis semblant de me soucier de son sort en faisant mander le mestre qui ne tarda pas. Avant qu'il ne s'en aille soigner le pleurnicheur, je lui précisai que tout arrive pour une bonne raison. Là-dessus, Adlan et moi échangeâmes un regard entendu.


Des femmes résolues, résolument belles.

Vint le moment de s'entraîner avec lady Lyanna, la belle et farouche guerrière des Barrowlands. Quel homme pourrait refuser pareille invitation ? Mais si dans un premier temps, je m'amusai de la situation, j'eus tôt fait de déchanter. C'est une véritable pluie de coups que j'essuyai ! Elle se rua au combat. Chacun de ses assauts étaient réfléchis. Des attaques plus précises les unes que les autres. Et lorsque je trouvais enfin une faille dans sa garde, c'était pour mieux me feinter. Cela faisait longtemps que je n'avais pas affronté un tel adversaire. J'en étais bien aise. On devinait en elle l'expérience d'authentiques batailles. Je dus faire preuve de toute mon adresse pour contrer les coups de la veuve Blacksword. Mes bravades ne l'intimidèrent guère mais mon escrime sut freiner ses ardeurs. Nous combattîmes ainsi longuement, sans jamais parvenir à nous départager. Il m'aurait fallu salement ruser pour prendre le dessus... Mon sourire enjôleur n'aura pas suffi à la déstabiliser. En temps normal pourtant, je me serais fait un devoir de séduire une femme si habile de ses mains.

Seulement, dame Lyanna a beau être attrayante, c'est le jolie minois de la belle Elna qui habite mes pensées. Nul doute d'ailleurs que lady Blackmyre deviendra elle aussi une guerrière pareillement redoutable. Je serais ravi de m’exercer avec elle en ce sens si possible, et ce sous toutes les coutures... Après avoir félicité dame Lyanna pour ses dons d'épéiste, je prétextai néanmoins être diminué en raison de diverses courbatures dues à ma nuit passée dans le bois sacré. Cette excuse ne tenait pas la route face à ce petit bout de femme qui avait mis bas des jumeaux quelques mois auparavant. Ma plaisanterie visait surtout à la dérider, et je me félicitai de lui avoir arraché un sourire en dépit des menaces qui planaient alentours. Je laissai Lady Blacksword aux bons soins de la ravissante Elna. Dame Jyana les avait convié dans son boudoir pour discuter des tristes événements que connaissait Greywater Watch...


Entre chien et loup.

Durant l’entraînement, j'espérais avoir brillé aux yeux d'Elna qui faisait partie du public. Le combat s'était éternisé au point de subjuguer les gens du château, et notamment les soldats. Ils nous avaient félicité pour nos prouesses martiales. Je ne pouvais blâmer ces incapables qui, une fois encore, se montraient autant inflexibles qu'un foutu roseau dans l'exercice de leur fonction. Au moins eurent-ils l'intelligence de reconnaître mes talents. Bendan Glover ne voyait pas ce relâchement d'un bon œil. Il houspilla les gardes pour qu'ils reprennent leur poste séance tenante, allant jusqu'à en malmener certains. De quoi se mettre ses hommes à dos. Ce chien pouvait grogner, il était trop tard pour faire bonne figure. Personne n'était dupe. Je me gaussais de ses aboiements et du défi que je devinais dans son regard. Assurément, ce cabot me jalousait. Je lui donnai rendez-vous le soir même afin de l'informer des avancées de notre enquête. Il était temps de rendre des comptes...

Comme convenu, je retrouvai mestre Adlan dans sa tour. Nous y avions convié Lence Snow. Était également présent celui qu'on surnomme le Busard, Hoster Grey de son vrai nom. Il s'agit du chef de la garde de dame Elna. Celle-ci étant occupée avec lady Jyanna, c'est lui qui la représenta durant notre réunion privée. Ce briscard est un homme loyal entièrement dévoué à sa maîtresse. Il allait être utile pour mener à bien nos projets. Le moment était venu. J'expliquai à mes compagnons de fortune qu'il fallait passer à l'action. Pour moi, le responsable du chaos qui régnait alors à Greywater Watch était tout désigné : Bendan Glover !

Tous les éléments que nous avions allaient dans sa direction. Un guerrier expérimenté connu pour avoir été un bon archer. Un homme qui s'occupe du sale boulot depuis assez longtemps pour savoir où embaucher des crapules comme Merle. On ne peut pas connaître une taverne aussi sordide que la panse des marais sans être un expert de la capitale et de ses bas-fonds ! Et surtout quelqu'un pour qui le château n'a pas de secrets, capable de s'y déplacer comme bon lui semble. D'autant que le valet de Florent m'avait certifié fermer à double tour les appartements de son seigneur dès lors qu'il s'absentait. Seul celui qui en avait les clés pouvait donc y rentrer afin de cacher l'arc et le feu grégeois. Or, en tant que chef de la garde, le lourd trousseau de Glover lui donnait accès aux moindres recoins du fort. Autant d'arguments qui allaient justifier ce que nous nous apprêtions à faire...

Car si ces déductions ne constituaient pas des preuves, il suffisait de garder à l'esprit que Bendan Glover était une raclure de premier ordre ! Lence Snow partageait mon opinion. Il nous apprit que les hommes de Glover eux aussi ne l'appréciaient guère. La plupart le jugeait despotiques, toujours à rejeter la faute sur ses subordonnés malgré ses responsabilités. En outre, Snow n'appréciait pas l'influence que Glover avait sur son frère. Comme si ce salopard s'évertuait à maintenir Howland Reed dans une certaine langueur en cette période difficile. Le mestre acquiesça ; Glover était un intrigant dont il fallait se prémunir. Il représentait davantage un handicap qu'un atout pour les marais. Par conséquent, Adlan et moi exposâmes le plan que nous avions échafaudé à nos comparses... Nous irions trouver Bendan Glover à la tombée du jour pour le confronter. Et là, quoi qu'il advienne, j'allais le tuer !


Se draper dans sa vertu au point de s'y empêtrer.

Le Busard prévint lady Blackmyre pour qu'elle se joigne à nous le soir venu. Jusqu'à présent, j'avais joué cartes sur table avec mes camarades et cela s'était révélé payant. Ils me faisaient confiance ! Dame Elna aussi s'en remit à moi. Elle soutenait mon plan, prête à en découdre. Seulement, dans son élan, elle fit part de nos projets à sa nouvelle amie lady Lyanna. Cette dernière ne partageait pas le même enthousiasme. Elle estimait que mes conclusions étaient trop hâtives. Rien ne prouvait que Glover était le coupable. Et alors ? Nous en étions tous conscients mais cela importait peu ! Fautif ou non, la mort de Glover allait servir les marais. Il y avait de bonnes chances pour qu'il soit l'instigateur de ce bourbier et – si ce n'était pas le cas – il n'en était pas moins responsable en tant que chef de la garde. Les faibles et les incapables n'ont pas lieu d'être.

Dame Lyanna affirmait que mon initiative se résumait à un assassinat. Elle n'avait pas tort. Mais en brandissant sa morale de la sorte, elle oubliait le destin qui attendait Enry Florent. L'infortuné était sur la sellette, pour ne pas dire sur le billot ! Peu importe qu'il trouve la mort ici ou au sein de la Garde de Nuit, cela nous porterait préjudice vis-à-vis de Stannis. En comparaison, Glover n'était qu'un fichu clébard sans importance et autrement plus condamnable. Mestre Adlan appuya mes dires en expliquant qu'il était censé torturer Florent alors que nous étions tous persuadés de son innocence ! Reste que lady Blacksword n'en démordait pas. Elle maintenait qu'il n'y avait aucune gloire dans ma manière de procéder. La belle affaire ! La gloire n'est que de l'arrogance mal placée, ni plus ni moins. Je laisse ça aux seigneurs bouffis d'orgueil. Par ailleurs, dame Lyanna argua qu'elle ne pouvait pas me faire confiance compte tenu de ma triste renommée. Lady Jyana n'avait pas dû être tendre à mon sujet durant leur entrevue. J'étais déçu que notre invitée prenne toutes ces histoires pour argent comptant. Je lui ai rappelé que les réputations ne sont pas toujours avérées, sans quoi elle ferait six pieds de haut comme le chantent les troubadours ! Même la fière dame Lyanna dut s'incliner devant la pertinence de mes propos. La farouche guerrière est une femme intelligente, loin de l'ingénue qu'elle laisse parfois paraître.

Puisque lady Blacksword ne souhaitait pas être mêlée à nos agissements, je lui proposai de faire comme si de rien n'était. Elle accepta de garder le secret. N'étant pas originaire des marais, je comprenais parfaitement qu'elle ne veuille point s'immiscer dans nos affaires. Elle se montra cependant contrariante car, à défaut de soutenir notre action, elle désirait tout de même y assister. C'était peine perdue que de vouloir l'en dissuader. Il fut donc convenu qu'elle se tiendrait non loin de la caserne au moment de passer à l'action... L'obstination de dame Lyanna avait mis ma patience à rude épreuve, aussi étais-je pressé d'affronter Glover pour laisser libre cours à ma colère !


Mise à mort.
Au couchant, Lence Snow, mestre Adlan, dame Elna et moi-même nous rendîmes au fameux rendez-vous. Bendan Glover était avec plusieurs de ses lieutenants lorsque nous arrivâmes dans les baraquements. Il organisait les tâches pour les jours à venir, telles que les rondes et cætera. Confortablement installé derrière son vaste bureau, le chien n'eut pas la moindre considération à notre égard. Il nous salua sèchement puis nous fit attendre le temps de terminer sa réunion. La plupart de ses hommes finirent par sortir. A noter que l'un d'entre eux demanda des consignes à propos d'une énigmatique besogne. Glover coupa court à ses questions en le renvoyant dare-dare. Adlan lui emboîta le pas. Il allait bientôt éclaircir ce point... Mais d'ici là, le sang coulerait !

Glover avait demandé à ses deux capitaines de rester. Il y avait notamment Bill le lèche-bottes que j'avais malmené suite à l'attentat du lac. Le regard qu'il me portait était mauvais, à l'instar de son maître. Celui-ci se donnait des airs d'importance, affalé dans son fauteuil alors que nous étions invités à demeurer debout. Il avait son épée et son bouclier à portée de main. La tension était palpable. Nous entrâmes rapidement dans le vif du sujet ! J'accusai Glover d'être un incapable. Si la bêtise de ses troupes était manifeste, cela ne suffisait pas à expliquer les nombreux manquements de la garde. Il rétorqua n'avoir aucun compte à me rendre. L'affaire était terminée puisque Florent avait été déclaré coupable. Et d'après lui, si quelqu'un du château était encore impliqué, c'était moi. Elna pris ma défense en reprochant à Glover d'être un scélérat. C'était lui qui nous avait informé des rumeurs incriminant Enry Florent. Pour finir de le mettre à mal, je jetai sur son bureau la fiole de feu grégeois (préalablement vidée par notre mestre). Il ne tressauta pas. Glover nia savoir de quoi il retournait. Mais l'homme s'énerva quand je l'accusai d'être le véritable fautif ! Il insulta dame Elna en insinuant qu'elle passait ses nuits à arpenter les couloirs du château pour d'obscures raisons. Je ne savais quelles mœurs il lui prêtait mais Glover était allé trop loin. Je le sommai de répondre de ses crimes lorsqu'il saisit ses armes prestement ! C'étaient les seuls arguments qui lui restaient pour défendre sa misérable existence.

Comme pour illustrer sa morgue, Glover bondit sur son imposant bureau pour mieux nous dominer. Ce fut dame Elna qui se jeta la première dans la bataille. Bill voulut la prendre à revers mais il fut surpris par Hoster Grey qui se tenait à l'affût. Le Busard venait de rentrer par une fenêtre, bien décidé à protéger sa maîtresse. Quant à Lence Snow, il s'occupait du deuxième capitaine. Elna tenta de frapper la jambe de Glover mais il dévia son épée qui ne fit qu'érafler sa genouillère. Le gredin était vêtu d'une solide armure, contrairement à nous autres qui n'avions pas voulu éveiller ses soupçons. Il fallait que le combat soit bref. Glover avait fort à faire face aux talents de dame Elna, mais le fait qu'il soit haut perché lui prodiguait un avantage déterminant. Pas assez toutefois pour triompher de deux adversaires ! Je pris part à la fête en abattant violemment mon épée sur le bouclier de Glover. Il chancela sous l'impact. Dans la foulée, je me servis de son écu pour guider ma lame jusqu'à l'intérieur de son coude, là où sa protection faisait défaut. Le sang gicla une première fois. Sous la douleur, ses membres se relâchèrent. Une nouvelle frappe lui arracha son bouclier. Elna, elle, bloquait son épée. Je n'avais plus qu'à relever la mienne pour terrasser Glover. Ma lame se logea dans son entrejambe, tel un porc qu'on castre pour taire ses ardeurs ! Les couinements étaient les mêmes tandis que je remontai mon épée jusqu'à son nombril. Je devais m'assurer de son trépas. Ce chien aurait eut une fin plus clémente s'il n'avait pas injurié la femme que j'ambitionne...

Jusqu'à son dernier souffle, Glover avait espéré que ses hommes viennent à son secours. Heureusement, le mestre s'était fendu d'une diversion pour couvrir nos arrières. Une fois sortis de la caserne, il lui avait fallu se débarrasser des questionnements d'une dame Lyanna toujours trop curieuse pour passer à l'action. Discrètement, Adlan avait provoqué un incendie calculé dans la cour du château. Il avait eu recours à quelques gouttes de feu grégeois, mobilisant dans l'urgence la garde de Greywater qui s'échinait à contenir le foyer. Voilà pourquoi aucun soldat ne s'était pointé dans la caserne malgré les râles de Glover. Il a eu ce qu'il méritait. Certes, mourir châtré est une fin affreuse, mais j'ai fait preuve de clémence en comparaison du sort réservé à Bill le lèche-bottes. Il ne restait rien de lui, hormis un amas de tripes et de chairs sanguinolentes qui recouvrait le Busard. Ce dernier l'avait rué de coups au point de l'éviscérer. Il était tellement enragé qu'il continua de frapper sa victime longuement après son décès. Il finit par reprendre ses esprits grâce à dame Elna. Cet homme a une bête qui sommeille en lui et c'est moi qu'on dit sanguinaire... A l'inverse, Lence Snow avait persuadé son adversaire de déposer les armes. Le larron s'était rapidement exécuté car il faisait confiance au bâtard. J'aurais préféré qu'il n'y ait pas le moindre survivant afin que personne ne contredise notre version des faits. Mais Snow se portait garant pour le capitaine que je me fis tout de même un plaisir d'intimider.


L'histoire est racontée par les vainqueurs.

Nous nous trouvions tous dans la cour du château quand Howland Reed arriva. Il donna quelques ordres aux soldats qui s’affairaient à maîtriser l'incendie. Lorsqu'il demanda après Glover, je lui annonçai que j'avais tué l'homme qu'il cherchait. Le seigneur Reed était sidéré. Avant qu'il ne m'arrête, je lui expliquai que notre enquête nous avais amené à suspecter Glover. En le confrontant, il avait préféré tirer l'épée plutôt que de se justifier. Une telle réaction faisait office d'aveux, alors je n’avais eu d'autre choix que d’occire le traître ! Reed m'aurait fustigé si dame Elna n'avait pas aussitôt confirmé mes dires. Elle lui récita notre version de l'histoire dans les moindres détails. Notre seigneur était atterré d'apprendre que Glover avait attaqué lady Blackmyre. Il était soulagé qu'elle soit saine et sauve, et inversement déçu de me savoir indemne. Le témoignage de Lence Snow finit de convaincre son frère, d'autant que le capitaine rescapé corrobora notre récit. Tout comme le mestre Adlan qui examina les lieux du crime. Le corps de Glover avait l'odeur caractéristique du feu grégeois selon lui. Normal étant donné que ce vieux renard s'était arrangé pour que ce fut le cas. Quant à l'incendie, il avait probablement été déclenché par un éventuel complice pour couvrir sa fuite...

En voyant l'étendu du carnage, Howland Reed manqua de dégobiller. Les restes du pauvre Bill n'étaient pas vraiment ragoûtants et, face aux boyaux qui habillaient le Busard, notre seigneur se fit une idée de la violence des événements. Il invita dame Elna et son lieutenant à regagner leurs quartiers pour y trouver un repos bien mérité. Tout le monde aspirait à une nuit dorénavant paisible. En ce qui me concerne, je fus chargé de veiller sur les lieux de la boucherie. Une punition puérile de la part de Reed. Ainsi, l'affaire fut mise en suspens jusqu'au lendemain matin où elle serait officialisée malgré les zones d'ombre. Enry Florent allait être disculpé. Je plaisantai avec le mestre Adlan en déplorant qu'il n'ait plus besoin de torturer l'émissaire de Stannis. Mais derrière cette dérision de façade, je savais que nous n'avions pas tué le véritable fauteur de troubles. Glover aurait réagi autrement en voyant le feu grégeois s'il avait été coupable. Mes comparses eurent beau me dire qu'il était un fieffé menteur, je restais persuadé que le responsable courait toujours. Après tout ce tohu-bohu, j’espérais qu'il se trahisse rapidement... Pendant que les soldats du château maîtrisaient l'incendie, je passais en revue les suspects de ma liste quand mon souhait fut exaucé.


Des cris dans la nuit.

Le répit fut de courte durée. Un cri strident déchira la nuit ! Au moment où lady Lyanna s'apprêtait à rejoindre ses appartements, la chef de sa garde se précipita à sa rencontre. Le laideron tomba à ses genoux, en pleurs. Quelqu'un s'était introduit dans la chambre de sa maîtresse... Il n'en fallut pas plus pour que Lyanna se rue auprès de ses enfants. Elle constata avec effroi que l'un des berceaux était vide. On avait enlevé son fils. En lieu et place du nourrisson figurait un message. La missive disait que l'enfant allait être retenu aux Jumeaux en qualité d'otage. Il ne lui serait fait aucun mal tant que sa mère se montrera docile envers les Frey et les Bolton. Pour preuve de son sérieux, le ravisseur avait laissé derrière lui les cadavres ensanglantés d'une garde et d'une dame de compagnie. Dame Lyanna hurla de désespoir ! Elle était désemparée.

Lence Snow fut le premier à rejoindre lady Blacksword. Il remarqua que les corps étaient encore chauds. Leur sang également. Le drame venait de se jouer. Sans la moindre hésitation, Snow enjamba la fenêtre par laquelle était rentré l'assassin. La traque commença ! De son côté, Elna rassembla ses hommes sous le commandement du Busard pour participer à la chasse. Le branles-bas de combat se répandit bientôt dans tout le château. Mestre Adlan avait rejoint dame Lyanna qui peinait à se ressaisir. En étudiant le message du ravisseur, il remarqua plusieurs fautes. Son auteur ne devait pas être très instruit. La jeune mère éplorée lui présenta la première lettre qu'elle avait reçue ; celle du rendez-vous au bois sacré. L'écriture était identique ; c'était notre homme ! Lyanna somma à ses guerrières de se reprendre. Elle ordonna qu'on lui ramène son fils.

Le fort fut passé au crible par les soldats. Howland Reed était aux commandes. Là encore, il n'en menait pas large. Le château était en ébullition. Tout le monde s'activait. La garde arpentait chaque recoins. Adlan s'en alla voir la sorcière Arina qui s'en remit aux Dieux. Snow suivait la piste du ravisseur là-haut sur les créneaux, talonné de près par dame Elna et ses hommes. Leur traque les mena hors de l'enceinte. Le fuyard s'était enfoncé dans la ville avant de gagner les marais, comme l'indiquaient ses traces de pas toutes fraîches. S'il avait une longueur d'avance, elle s'amenuisait face à la détermination de ses poursuivants. Ils débarquèrent à nouveau dans le village, au nord du château. Le ravisseur avait fait un long détour par les marécages dans l'espoir de les semer. C'était peine perdue ! Lence eut néanmoins plus de mal à le pister dans les rues de la ville. Apparemment, le fugitif retournait vers le fort. Soudain, dame Elna aperçut un homme encapuchonné qui reprenait son souffle dans une ruelle. Il n'y avait aucune trace de l'enfant mais c'était bien son ravisseur ! Celui-ci prit la fuite sur le champ. Il avait encore de l'énergie à revendre car il était sur le point de distancer ses poursuivants. Mais Snow le coupa dans son élan en lançant sa hache qui fendit les airs ! L'individu roula dans la poussière. Il se retrouvait avec une lourde hache au travers du corps, agonisant, la cage thoracique en bouillie. Avant qu'il ne meure, Dame Elna et Lence voulaient absolument savoir pour qui il travaillait, et où était le nourrisson ? Les mots furent difficilement audibles en raison du sang qui bouillonnait dans sa gorge mais, sourire aux lèvres, l'enfoiré murmura que Quagg était un con, qu'il avait vu trop grand. Ce fut les dernières paroles de Kester Hawk, le premier sergent de la maison Quagg. Dame Lyanna arriva sur les lieux pour le voir rendre son dernier souffle, horrifiée. Comment allait-on retrouver son fils !?


Des larmes aux rires.

Quand le nourrisson de lady Lyanna fut enlevé, je venais de commencer ma garde devant la caserne où gisait le cadavre de Glover. Comme tout le monde, ce furent les cris qui m'alertèrent. Très vite, des soldats m'expliquèrent ce qui venait de se passer. J'avais aussitôt ordonné à mes hommes de vérifier les canots sur la berge du lac. Ils devaient également garder à l’œil les gens du château pour attester des réactions de chacun. Quant à moi, je n'allais pas attendre de recevoir des directives pour agir. Je décidai de délaisser le fort pour me rendre là où personne ne s'activait encore ; dans la ville ! J'enrôlai de force les gardes qui se trouvaient sur ma route. Je leur expliquai qu'ils avaient toutes prérogatives pour retrouver l'enfant de dame Blacksword. Nous pouvions passer chaque bicoque au peigne fin si nécessaire, mais il nous fallait tout de même agir subtilement. Nous ne devions pas créer la panique parmi les pécores. La nuit était calme et le silence qui régnait restait notre meilleur atout pour repérer le bébé. Nous tendions l'oreille afin d'entendre le moindre pleur, car c'est le propre d'un marmot de cet âge que de chialer à longueur de temps. Nos recherches allaient bon train lorsque je vis une faible lumière émaner d'une baraque. J'y trouvai une mère de famille qui s'empressa de répondre à mes questions. Elle venait de voir un homme encapuchonné confié un paquet à un deuxième larron. Le ballot gazouillait comme un nouveau-né. Je lui promis une récompense avant de partir dans la direction qu'elle m'indiqua : l'ouest ! C'était là-bas que se trouvait la plus proche porte pour quitter la ville.

Je me lançai dans une course effrénée, si bien que mes poumons me brûlaient. Les soldats qui m'accompagnaient me suivaient avec la même vigueur. Nous arrivâmes à la porte ouest juste à temps pour voir notre proie se faufiler dans les marécages. Les hommes du poste de garde n'avaient rien remarqué, trop occupés qu'ils étaient à badiner avec une catin bon marché. Je fulminais ! Si le scélérat s'enfonçait davantage dans les marais, il allait nous échapper ! A le voir sauter de buttes en chemins de terres, il était évident que ce type savait ce qu'il faisait. Étant donné qu'il nous semait, j'ordonnai à l'un des guerriers qui m'escortait d'utiliser son arc. Mon regard ne lui laissa aucun doute sur la fermeté de mon commandement. Il tira malgré les risques et fit mouche ! La flèche se logea dans le dos du fuyard qui tomba dans un marécage. Hélas, le nourrisson se retrouva également dans la vase où il s’enfonçait lentement. Un lézard-lion se dirigeait déjà vers lui ! Je me dépêchai de le rejoindre en marchant dans les pas du ravisseur pour ne pas chuter à mon tour. J'arrachai l'enfant à la boue de justesse. Les soldats, eux, repoussèrent les lézards-lions de leurs flèches. Dans une tentative désespérée, la vermine qui était embourbée dans la fange essaya de me poignarder. Cela ne l'empêcha pas de me supplier par la suite. Cet être répugnant ne voulait pas crever ici. Je le laissai aux bons soins des soldats qui l'extirpèrent des marais. Ils le saisirent par la flèche qui lui criblait le dos, la douleur étant un avant-goût de ce qui l'attendait. Il finira par regretter qu'on l'ait sauvé !

Le nourrisson me souriait, à croire que la balade lui avait plu. Alors que je le tenais emmailloté dans mes bras, l'enfant riait. Il se portait comme un charme. Je ne me le serais pas pardonné s'il lui était arrivé quelque chose... Dame Lyanna fut soulagée de retrouver son fils. Son visage s'illumina lorsqu'elle pris le petit Jorren dans ses bras. Elle me remercia de l'avoir sauvé. La guerrière était tout bonnement heureuse. Peut-être connaîtrais-je ce sentiment le jour où je serai père ?

Le fin mot de l'histoire.

Après cette nuit mouvementée, Howland organisa un conseil exceptionnel. Nous étions tous présents lorsqu'il fit arrêté Malcolm Quagg. Le jeune homme paraissait déconcerté. Il coopéra malgré tout, ordonnant à sa garde de déposer les armes. Il s’avérait donc que son premier sergent, Kester Hawk, était à l'origine des troubles qui chamboulèrent Greywater Watch. Malcolm nia en être le commanditaire. Je voulais bien le croire. Dame Elna et lui sont amis. Jamais il n'aurait pris le risque de la blesser, notamment durant l'attentat sur le lac. Et puis il est trop naïf pour être un intrigant. Après renseignements, nous apprîmes que le sergent était surtout un fidèle de Magnuss Quagg, le père de Malcolm. Kester Hawk et son seigneur étaient revenus de la guerre récemment, suite à la mort de Robb Stark. Nous tenions le véritable responsable ! Magnuss Quagg a-t-il fait ça pour venger le jeune loup ? Ou au contraire, a-t-il passé un accord avec les Lannister et leurs larbins pour semer la zizanie dans les marais ? Personnellement, je me fous de connaître ses raisons. Car quelles qu'elles soient, l'homme doit payer pour sa trahison !

Le seigneur Reed se montra aussi mou qu'à l'accoutumée. Il n'a toujours pas décidé des mesures qu'il va prendre contre son banneret rétif. Il a pourtant toute latitude car il tient son fils en otage. Il devrait exiger la tête de Magnuss Quagg, ou au moins le condamner à prendre le noir ! Malcolm deviendra ainsi le seigneur fantoche de la maison Quagg. Une maison sous bonne garde... Je prendrai les choses en main si Reed tarde à agir. Je ferai ce qu'il y a de mieux pour les marais, à l'image de la mort du parasite qu'était Glover ! D'ailleurs, en rossant un lieutenant de la garde, mestre Adlan découvrit qu'il était à la tête d'un trafic de denrées et autres objets précieux. Cela montrait à quel point Glover était avide, ce qui nous permit de convaincre Reed de sa complicité avec Kester Hawk. Celui-ci l'avait probablement soudoyé pour qu'il le laisse agir à sa guise dans le château. Howland Reed ne trouva rien à redire. Il était pressé de laisser toute cette histoire derrière lui.

Concernant l'homme qui tenta de s'enfuir avec l'enfant, il s'agit d'un brigand qui appartient à un groupe appelé les coureurs des marais. Des fripouilles qui n'ont pas leurs pareils pour arpenter les marécages. Hawk lui avait confié le nourrisson pour qu'il l'emmène jusqu'aux Jumeaux. Il prétendait ne pas savoir qu'il s'agissait d'un marmot aussi important. Durant l'interrogatoire, si le gus se montra coopératif, il n'en demeurait pas moins un foutu vaurien à qui le respect devait être inculqué. Détail dont je me chargerai personnellement. En attendant, il allait être utile pour en apprendre davantage sur le groupuscule dont il est membre. Je sais qu'il y aura toujours des malandrins et ça ne me pose pas vraiment de problèmes. En revanche, le fait que des gens des marais traitent avec les Frey est une toute autre histoire !


Tout est bien qui finit bien.

Cette même nuit, tandis que les premiers rayons de lumières pointaient au travers de la canopée, j'allais trouver dame Elna pour lui faire une demande bien particulière. Tout le monde était présent lorsque je m’agenouillai devant elle. J'étais encore couvert du sang et de la crasse de cette longue journée. Je lui fit part de l'adoration qu'elle m'inspirait. « Ma dame, je me présente à vous tel que je suis. On m'appelle l'écarlate car souvent je fais verser le sang. Mais à cet instant, je dois ce surnom à mon visage qui s'empourpre compte tenu du désir que je vous porte. Elna, accepteriez-vous que je vous fasse la cour ? En gageant que la brute que je suis sache se montrer digne de votre belle personne. » Quelle ne fut pas ma joie quand elle accepta mes avances. Son sourire était ravissant. Je peux être serein car j'ai confié mon cœur à une femme qui sait manier l'épée. Il est entre de bonnes mains. Avoir tué Glover ensemble nous a lié. Je lui ai promis que nous allions connaître d'autres moments tout aussi délectable...

D'ici peu, si tout va pour le mieux, je demanderai à dame Elna de devenir mon épouse. Un tel mariage servira nos deux maisons. La chance est de mon côté puisque les autres prétendants d'Elna sont sur la touche. Conrad Fenn est malade. Apparemment, sa blessure au bras s'est infectée. Le climat des marais peut être parfois bien cruel... Quant à Malcolm Quagg, s'il projetait de séduire son amie d'enfance, il peut revoir ses projets vu l'avenir qui attend sa famille. L'avenir est prometteur. La maison Cray – et donc la maison Blackmyre – a de beaux jours devant elle !

Au bout du compte, dame Lyanna est retourné dans les Barrowlands. Howland Reed n'était pas mécontent de la voir partir. Il osa même lui reprocher d'avoir été les causes du chaos qui avait quasiment submergé Greywater Watch. Elle avait surtout manqué d'en être la victime. Heureusement, dame Jyana se montra bien plus affable avec lady Blacksword. Elle lui confia la jeune Shana Boggs comme dame de compagnie. Si la neutralité des marais reste de mise quant à la guerre, ce geste représente malgré tout une avancée pour Lyanna. Du reste, dame Elna souhaite soutenir sa nouvelle amie d'une façon ou d'une autre, et ce malgré les directives de Reed. Je suis enclin à l'y aider. Il doit être envisageable de soutenir les Blacksword sans s'exposer directement. De la même manière, je prévois de me rapprocher d'Enry Florent pour saisir quelques opportunités. Je lui ai sauvé la vie après tout. Je saurai en tirer profit le moment venu... Enfin, la promotion de Lence Snow est également un atout. Il a repris la charge de Glover. C'est amplement mérité, et Reed ne s'en portera que mieux. Les hommes qui m'ont aidé à retrouver le petit Joren Blacksword ont été eux aussi promus. Quant au mestre Adlan, il est définitivement implanté à Greywater Watch. Il fait dorénavant partie des murs. Même la sorcière Arina reconnaît son utilité. Adlan est quelqu'un de réfléchi sur qui on peut compter. Un homme qui a des secrets mais qui sait garder les vôtres...


Ici, dans les marais, les événements vont dans la bonne direction : celle de la maison Cray !
Dernière modification par le Zakhan Noir le ven. oct. 10, 2014 2:23 pm, modifié 1 fois.
Expliquer une blague, c'est comme disséquer une grenouille. On comprend le mécanisme, mais elle n'y survit pas (Mark Twain, un peu modifié)
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pelon
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Re: [CR] [Trône de fer - Chroniques de Barrowlands]

Message par pelon »

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Re: [CR] [Trône de fer - Chroniques de Barrowlands]

Message par le Zakhan Noir »

ouep il est doué le monsieur je trouve...
Expliquer une blague, c'est comme disséquer une grenouille. On comprend le mécanisme, mais elle n'y survit pas (Mark Twain, un peu modifié)
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Re: [CR] [Trône de fer - Chroniques de Barrowlands]

Message par le Zakhan Noir »

alors c'est le désert de Gobi à part mister pelon? C'est pour nous faire payer les délais étendus nyarf? Je trouve qu'il s'est bien décarcassé notre John Cray pourtant, ça n'a plu à personne?
Expliquer une blague, c'est comme disséquer une grenouille. On comprend le mécanisme, mais elle n'y survit pas (Mark Twain, un peu modifié)
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