[CR] Warhammer V3->V2 - Balades en Reikland

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Lotin
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Re: [CR] Warhammer V3->V2 - Balades en Reikland

Message par Lotin »

La suite, première partie à Middenheim qui correspond à l'acte 2 de The Enemy within, soit The Enemy Without :
Spoiler:
JOURNAL DE H. VAN BAUMER
Middenheim, le 11 Nachgeheim 2521

Après un court repos, dès hier après-midi, notre première visite à Middenheim fut pour le temple de Sigmar. Nous souhaitions ramener la relique du père Dietrich et commencer à recueillir des informations sur l’endroit où nous pourrions trouver Adèle Kentzenblum. Il nous semblait que des prêtres de Sigmar pourraient connaitre la sinistre répurgatrice.

Par chance le temple de Sigmar se trouvait tout prêt de notre logement. C’est un temple de taille impressionnante, ce qui m’étonna un peu sachant que nous sommes dans la Cité du Loup Blanc.
En entrant, nous fûmes accueillis par un prêtre-guerrier, un géant unijambiste, s’appuyant sur une béquille qui devait bien faire ma taille. Son ascendance Kislévite ne faisait à peu près aucun doute, mais je ne pus m’empêcher de penser à mon cher maître en le voyant. Il se présenta comme le père Peter Gospodin. Il nous demanda avec froideur la raison de notre visite, voyant que nous ne nous dirigions pas vers les autels de prière. Nous lui racontâmes notre traversée de la Drakwald avec les réfugiés jusqu’à la mort du père Dietrich et son vœu au moment de rendre l’âme. Puis Grunilda, lui tendit la petite relique. Alors, son visage s’éclaira, il héla un prêtre plus jeune qui passait par là, afin qu’il aille prévenir un autre père, certainement de rang plus élevé. Il prit la relique avec d’infinies précautions, bredouillant des prières. Son supérieur, au visage fermé et à l’air agacé, arriva alors. En voyant le petit portrait, son attitude n’exprima plus qu’une surprenante bienveillance dont j’aurais cru incapable les austères serviteurs de Sigmar. Il nous demanda de nouvelles explications, que nous n’avions pas car le père Dietrich n’avait guère eu le temps de nous dire d’où il tenait ce trésor et nous ignorions qu’il avait une telle valeur. Le prêtre nous expliqua que ce portrait devait remonter à l’époque de Sigmar lui-même, il avait de toute évidence était réalisé par un artiste nain et la facture du cadre, comme le style de la peinture, montraient son ancienneté. Selon lui, il devait commémorer la grande victoire de Heldenhammer contre les hordes de peaux-vertes. En outre, l’état de conservation était extraordinaire, voire miraculeux. Les deux prêtres se confondirent en remerciements et nous bénirent.
Nous les questionnâmes sur Adèle Kentzenblum mais ils nous dirent ne pas la connaitre. En revanche, ils nous suggérèrent d’interroger Gregor Helstrum, un chasseur de sorcière très connu dans la ville et aujourd’hui à la retraite ; il connaissait beaucoup de monde et pourrait certainement nous aider. Il passait ses journées à l’auberge du Repos du Graf dans le quartier cossu du Nordgarten.
Avant de partir je demandais à mes compagnons de m’attendre dehors et je pris quelques minutes pour me recueillir à la mémoire de mon maître qui était un fervent adepte de Sigmar. Le père Peter me vit certainement et s’approcha de moi.
- Puis-je prier avec vous ? C’est bien le moins que je puisse faire.
- Je prie pour mon maître, répondis-je en montrant ma chasuble rouge et jaune. Il est mort avec sa garnison dans une embuscade sur le front de l’Ostland.
Il regarda ma robe puis mes yeux dont j’essayais de chasser les larmes et son visage s’assombrit. Mais je n’aurais su dire si c’était à l’idée de prier pour un mage ou si les circonstances actuelles l’amenaient trop souvent à prier pour des hommes morts au combat. Mais en fait, son discours ensuite me fit comprendre que les raisons étaient toutes autres.
- Nous ne devons pas être tristes pour nos braves. Je comprends que cela puisse être difficile mais leur sacrifice contribue à nous libérer des forces du Chaos. C’est au contraire une chance de mourir dans cette lutte, vous et moi devrions aussi être là-bas, souffla-t-il en serrant les dents et je compris sa frustration et son impuissance car je les ressentais aussi. Vous, plus particulièrement en raison de votre condition (il faisait clairement allusion à ma pratique de la magie), vous devez veiller à suivre son exemple et à vous garder des tentations néfastes. Je ne dis pas ça pour vous blesser, croyez-le bien ! La perte d’un être cher est toujours un cap ardu et nous traversons des temps pénibles où la corruption et le mal sont partout. Vous ne devez vous laisser submerger, ni par la tristesse, ni par la peur, ni par le découragement, ni même par le désir de vengeance ou la colère. Nous devons rester forts… inébranlables. Servir l’Empereur et l’Empire. Combattre tous ses ennemis.
Je sentis sa lourde main s’appuyer sur mon épaule. En général, je ne portais guère d’attention aux leçons moralistes des Sigmarites, mais cette fois, ses paroles me touchèrent et je me sentis apaisée et revigorée.

Après cela, nous repassâmes à l’auberge pour récupérer le battant toujours enfermé dans sa boîte hermétique et nous rendîmes au Collegium Theologica. Il s’agit d’un ensemble de bâtiments disparates, de tailles et de styles variés, construits sans plan cohérent apparent. De nombreux étudiants vaquaient sous les préaux, dans les allées tortueuses et ombragées, les bras chargés de livres et de rouleaux. Nous dûmes en interroger plusieurs pour trouver d’abord la trace du professeur Robertus von Oppenheim auquel nous avait recommandé Mauer le Lumineux, ensuite pour trouver son bureau dans ce dédale d’édifices, de cours, d’escaliers et autres corridors.
Quand enfin nous arrivâmes à la porte de son bureau, nous frappâmes mais personne ne répondit. Cependant, la porte s’entrouvrit légèrement et du bruit provint de l’intérieur. Nous entrâmes en appelant le professeur. Il y avait dans le bureau un désordre incroyable et on avait peine à croire qu’autant de livres puissent tenir dans un si petit espace. Un petit homme brun entre deux âge émergera alors de derrière une pile d’ouvrages et de parchemins. Son regard clair mais distrait, caché derrière de petites lunettes en demi-lune qu’il remontait sans cesse me fit instantanément penser à Maître Mauer. Nous le saluâmes et lui présentâmes notre lettre d’introduction. Il la lut lentement puis nous sourit : « Bien ! Bien, bien ! Je vous attendais, Max plus de chaises et faites du thé et apportez des gâteaux aussi ! » à notre grande surprise, un étudiant vêtu d’un robe grise rapiécée surgit de derrière une autre pile de livres et fila sans un mot.
Nous nous installâmes aussi bien que possible entre les montagnes de livres et les étagères surchargées. Le professeur posa délicatement le coffre du battant contre sa chaise. Nous en étions enfin débarrassés ! C’était un mélange de soulagement et d’incrédulité. L’étudiant revint et réussit à dégager un angle de table pour y poser un plateau chargé de verres dépareillées et de biscuits secs. Le thé était très fort et avait un goût fumé très prononcé, les gâteaux étaient aussi durs que de la roche.
Robertus commença par prendre des nouvelles de son ami Konrad. Il nous fallut quelques instants pour nous rappeler que c’était là le prénom de Mauer… Ils ne s’étaient rencontrés qu’une fois au deux, mais correspondaient depuis des années. Nous lui demandâmes ce qu’il savait des Skavens : « Ah oui, les hommes rats ! Le Comte Manfred en a défait en 1124, ajouta-t-il en remontant ses lunettes. Ce sont des créatures tout à fait curieuses… Sont-elles des hommes bêtes ou bien des mutants ? ou bien autre chose encore ? On ne trouve pratiquement aucune référence à leur existence. C’est un vrai mystère ».
Lorsqu’il parlait, il était difficile de savoir s’il s’adressait vraiment à nous ou s’il pensait à voix haute. Nous lui posions une question, à laquelle il répondait plus ou moins avant de dériver sur l’une ou l’autre de ses lectures.
Nous commençâmes alors à l’interroger sur la manière dont il comptait s’y prendre pour purifier le battant et avec appréhension, nous comprîmes alors qu’il n’avait encore jamais testé cette méthode. Il nous assura que tout était très simple ; il essaya de nous expliquer comment il en était venu à élaborer cette théorie, mais tout cela était extrêmement compliqué, il faisait référence à de nombreux livres dont je n’avais évidemment jamais entendu parlé et je saisis seulement que la plupart étaient très anciens. Il avait très sûr de lui et extraordinairement enthousiaste, mais cela ne nous rassura pas vraiment.
Le rituel devait se dérouler au Temple d’Ulric car nous avions besoin de la Flamme Sacrée qui brûle au centre du temple. Il avait déjà contacté les prêtres d’Ulric pour obtenir leur autorisation, mais en l’absence d’Ar-Ulric et des plus hauts membres du clergé, tous sur les champs de bataille, il était difficile de faire avancer les requêtes. Il nous demanda donc de nous rendre au temple et d’essayer de rencontrer les prêtres Frost ou Weiss qui s’occupaient du pèlerinage et qui étaient parmi les esprits les plus ouverts. Il nous conseilla de revêtir des peaux de loups pour nous rendre au temple : « sinon, on ne vous laissera pas entrer ». Selon lui, il fallait procéder à la purification aussi tôt que possible, idéalement le soir même. Enfin, pour le rituel nous devions nous procurer une rate de basilic. Devant nos mines circonspectes, il ajouta qu’on trouvait dans le quartier de nombreuses boutiques de composants rares ou magiques et il nous tendit une petite bourse pour subvenir à cet achat.
Il nous salua en nous donnant rendez-vous le soir-même au temple ; déjà persuadé que nous avions accompli la tâche difficile de convaincre les prêtres , et il se replongea fiévreusement dans ses livres.

Après plusieurs visites infructueuses nous finîmes par trouver une boutique où le vendeur, un Halfelin, ne nous regarda pas avec des yeux exorbités.
- Oui, oui… j’en avais un morceau mais il est déjà vendu, nous dit-il pour nous harponner.
- Hum… et combien le vendez-vous ? commença Lars
- Je ne le vends plus, il est déjà vendu…
- Alors combien l’avez-vous vendu ? juste pour information…
- 60 couronnes
- Oh ! c’est une belle somme !
- C’est très rare…
- Et quand pourriez-vous en avoir d’autre ?
- Ben… peut-être jamais… c’est très rare…
- Très bien. Au revoir alors.
Et nous fîmes mine de nous éloigner. Mais il nous rappela en disant qu’il y avait peut-être moyen de s’arranger. Il fallut donc négocier âprement, c’est Lars qui s’en chargea ; il fallut aussi un peu l’intimider pour qu’il revoit ses prétentions à la baisse, c’est Eckhart qui s’en chargea. Il faut dire que déjà au naturel il n’est pas très avenant, mais quand il veut impressionner… ça file vraiment les miquettes !
Finalement nous nous en tirâmes à 70 couronnes. Sachant que Robertus ne nous en avait donné que 40, ce fut un crève-cœur pour nos cupides Grunilda et Klueber… Mais face à l’aspect et l’insignifiance de cette marchandise, je crus bien qu’ils allaient trucider le pauvre Halfelin.

Ensuite nous dûmes acheter des peaux de loup, ce qui fut moins difficile car autour du Temple d’Ulric, de nombreux étals en proposent aux pèlerins. C’est un commerce très florissant et il nous fallut encore débourser chacun deux couronnes. En nous revêtant de ces atours, je repensais au surnom dont nous avait affublé les nobles d’Ubersreik suite à nos aventures au pavillon de chasse de Lord Rickard, les Loups de Grunewald…

Le temple est un bâtiment extrêmement imposant. Je n’en suis pas certaine, mais je pense qu’il est plus grand encore que le temple de Sigmar à Altdorf. C’est une construction étonnante, un mélange de forteresse et de cathédrale.
L’intérieur est encore plus frappant : une immense voûte culmine à une hauteur extraordinaire. L’immense flamme blanche prend place au milieu de l’édifice, tandis qu’une grande statue d’Ulric en majesté occupe le fond de la nef. Tout autour se trouve une myriade de petites chapelles et de magnifiques fresques aux couleurs éclatantes qui racontent l’histoire de la construction du temple et de la ville. Il y avait peu de pèlerins en cette fin d’après-midi et un agréable silence régnait dans l’édifice, baigné d’une douce lumière.
Nous trouvâmes le père Frost et nous lui présentâmes notre requête. Il fallut lui expliquer comment nous avions récupéré le battant, combien il était important de tenter de le purifier car si cela fonctionnait nous détiendrions un nouveau moyen de lutter contre la corruption. Ce fut long et difficile mais il se laissa finalement convaincre à condition de pouvoir assister au rituel et avec la promesse qu’il pourrait à tout moment y mettre fin s’il le souhaitait.

Nous profitâmes du temps qu’il nous restait avant le soir et le rituel pour essayer de trouver Gregor Helstrum et nous nous rendîmes à l’auberge du Repos du Graf. C’est un établissement très luxueux dans le quartier bourgeois du Nordgarten. Il était encore un peu tôt mais il commençait à y avoir un peu d’animation, l’entrée était surveillée par une espèce de montagne de muscles assez antipathique. Nous demandâmes à l’aubergiste si le vieux chasseur de sorcières était là et il nous indiqua un confortable fauteuil près du foyer ; avec un ton mielleux mais ferme il nous demanda si nous souhaitions une table. Ce que nous acceptâmes car monsieur muscle commençait à bouger et que nous préférions éviter tout grabuge. Nous choisîmes la table la plus proche de Gregor et en profitâmes pour inviter Gregor à boire avec nous. C’était un homme âgé mais encore dans une excellente forme physique. Ses cheveux blancs et la myriade de rides qui envahissaient son visage trahissait son âge mais ses yeux étaient vifs et pénétrants. Sans détour, nous lui expliquâmes que nous pensions avoir une connaissance commune, Adèle Kentzenblum et que nous la cherchions pour lui transmettre un message et partager des informations sur une enquêtes que nous menions à Averheim. Il nous répondit qu’il la connaissait très bien car il avait été son mentor. Il ajouta qu’elle venait le saluer à chacun de ses passages et que la dernière fois qu’il l’avait vu remontait à plusieurs mois.
« Je ne pense pas qu’elle soit ici, on vous aura mal renseignés. Mais si vous souhaitez lui transmettre un message je peux m’en charger… ». C’était un personnage inquiétant, derrière ses airs affables et ses sourires, il arrivait systématiquement à retourner nos questions. Il nous lançait des regards appuyés et même inquisiteurs, surtout à Eckhard et à moi, épiant le moindre de nos gestes, nos attitudes… c’était assez déstabilisant. Il avait dû être un enquêteur redoutable et n’avait vraisemblablement pas perdu la main.
Nous prîmes le parti de lui expliquer franchement que nos intentions n’avaient rien de malhonnêtes, nous cherchions simplement à rencontrer Adèle ; nous ne pouvions pas discuter avec lui des détails de l’affaire dont nous devions parler avec elle car c’était une affaire assez délicate et que d’autres personnes étaient concernées. Nous devions respecter une certaine confidentialité et faire preuve de discrétion. Il finit par nous dire que généralement quand elle venait à Middenheim, elle logeait à l’hostellerie du Hibou Brun. Et nous demanda où il pouvait nous contacter s’il recevait de ses nouvelles.

Nous mangeâmes sur place un repas copieux et assez bon, bien qu’un peu cher puis nous retournâmes du temple d’Ulric.
La nuit était tombée et l’atmosphère à l’intérieur du temple avait changé. En entrant, je ne pus réprimer un frisson qui remonta le long de ma colonne vertébrale. La flamme sacrée produisait une sinistre lumière qui se perdait dans les hautes voûtes plongées dans l’obscurité. Le professeur était déjà là. Il dirigeait trois initiés qui traçaient à la craie d’étranges symboles autour de la flamme. Le père Frost se tenait devant la flamme, discutant avec un jeune prêtre et surveillant le professeur du coin de l’œil. La boîte du battant était posée à ses pieds et il ne s’en éloignait à aucun moment. Quand il nous vit, il nous accueillit avec enthousiasme : « Ah, mes chers amis ! Nous allons vivre un moment historique. J’ai tellement hâte de vérifier mes théories ». Il s’enquit de l’achat de la rate de basilic et parut comblé quand nous lui tendîmes cette petite chose sèche et rabougrie qui nous avait couté si cher.

Il nous expliqua en quoi allait consister le rituel.
Tout d’abord, la sacralité de ce lieu devait être préservée pendant tout le rituel. La manière de parvenir à ce maintien nous étonna un peu, mais nous ne connaissions pas vraiment les subtilités du culte d’Ulric et les prêtres présents ne semblèrent pas surpris… L’un de vous devait se tenir près de la flamme sacrée, à quatre pattes et seulement vêtu de sa peau de loup, il était surtout important qu’il agisse comme un loup et qu’il hurle comme tel pendant tout le rituel. C’était censé protéger le pouvoir d’Ulric sur le Temple et repousser toute magie hostile. Grunilda et moi avertîmes en cœur que nous tuerions le premier qui oserait nous demander ça. Finalement c’est Klueber qui accepta de le faire.
La seconde mission consistait en une lente marche autour du halo lumineux de la flamme sacrée en tenant une bougie consacrée. Il ne fallait surtout pas que sa flamme s’éteigne. Je me proposais immédiatement : depuis que je m’amusais à allumer des lanternes, je serais bien capable d’empêcher qu’elle s’éteigne.
Un autre devait tenir le rôle de gardien de la flamme sacrée. Il devait rester devant celle-ci et s’assurer que celle-ci ne s’éteigne pas. Evidemment, un tel évènement avait peu de chance de se produire, Elle avait été allumée par Ulric lui-même et voilà des siècles qu’elle brûlait ; c’était une charge purement symbolique. C’est Lars qui tint ce rôle.
Ensuite l’un de nous devait tenir à bout de bras, levé vers le ciel un calice de pierre rempli de vin. Grunilda se proposa.
Enfin, Eckhard se chargerait de la boîte du battant. Il lui faudrait se tenir près de Robertus et l’ouvrir pour qu’il en prenne le contenu au cours du rituel.

Quand les trois initiés eurent fini leurs dessins, ils prirent place autour de la flamme sacrée et commencent à chanter un ancien chant. Klueber commença timidement à faire le loup. Au départ, le ridicule de sa situation était plutôt amusant, mais au fur et à mesure que le rituel avançait et que sa voix s’éraillait et que le froid du sol le faisait grelotter, j’avais plutôt de la peine pour lui. Pour ma part, ma tâche n’était pas très difficile, la bougie consacrée était un peu lourde et de la cire coulait parfois sur mes mains, mais ce n’est pas vraiment un problème pour moi…j’essayais toutefois de ne pas trop me laisser distraire et de veiller sur cette flammèche tremblotante.
Après quelques minutes, le professeur dit quelques mots à Eckhart que je n’entendis pas et entra dans le cercle de dessins à la craie en chantant d’une faible voix trop faible elle aussi pour être entendue par-dessus celles des initiés.
Il lèva les bras et s’approcha de la flamme sacrée en dessinant dans les airs des signes cabalistiques tout en commençant à tourner lentement autour de la flamme. A chaque point cardinal, il fit une longue pause et prit une bourse à sa ceinture dont il tira une poudre couleur de sable qu’il jeta dans le feu. A la fin de son circuit, la flamme se mit à briller fortement d’un coup puis revint à son intensité normale. Un murmure parcouru alors l’assistance et je détournais la tête pour voir de qui se passait : la flamme avait pris une teinte violacée. Le père Frost semblait inquiet mais n’arrêta pas le rituel. Du coin de l’œil je vis Eckhard en nage, en train de s’acharner à essayer d’ouvrir le coffre du battant. Je le quittais des yeux un instant pour vérifier ma bougie qui brillait toujours tranquillement.
L’instant d’après, je vis von Oppenheim qui tout en continuant de chanter, se tournait vers Eckhard regardant incrédule le coffre ouvert dans ses bras. Le professeur sortit le battant de la cloche. L’assistance fut parcourue d’un léger malaise palpable et je sentis des picotements dans mon dos, là cette diabolique créature m’avait frappée. Le professeur leva le battant et le plongea dans la flamme sacrée. Il se passa alors quelque chose de tout à fait incroyable : comme si elle était douée de vie, la flamme esquiva l’objet et recula devant lui. Von Oppenheim continua de chanter et fit un pas en arrière, attendit quelques secondes puis tenta d’avancer à nouveau. Les flammes vinrent lécher ses mains puis ses bras, il avança encore et un rictus de douleur apparu sur son visage, mais sa peau et ses vêtements ne brûlèrent pas.
Il tint le battant dans les flammes pendant un temps infini. Petit à petit, ce maudit objet se mit à briller d’une couleur bleu pourpre, identique à celle de la flamme. Puis il émit un son régulier très aigu, comme l’écho d’une cloche qu’on sonnerait et à la limite de l’audition humaine. Progressivement, le son augmenta couvrant les chants et les hurlements de Klueber, il grossit jusqu’à résonner dans tout le temple, l’écho se répercutant sur les murs, la voûte et jusque dans les chapelles. Plusieurs prêtres qui logeaient là sortirent des cellules en proie à la panique et accoururent vers nous.
Pendant que le son augmentait, le corps de von Oppenheim commença à trembler. Ses yeux s’élargirent de peur et il semblait vouloir bouger et s’éloigner de la flamme sacrée mais il était comme paralysé. La douleur devait être intenable, ses mâchoires se crispèrent puis ses lèvres tombèrent inertes. Nous ne savions que faire. Devions-nous interrompre le rituel ? Les prêtres d’Ulric ne réagissaient pas ; peut-être étaient-ils aussi perdus que nous. Le professeur s’éleva tout doucement dans les airs et se retrouva au cœur de la flamme sacrée, il tourna lentement sur lui-même alors que le son continuait d’augmenter, je sentais mes tympans vibrer, se vriller, sur le point d’éclater. Je dus faire un énorme effort pour me maîtriser et ne pas lâcher la bougie pour me boucher les oreilles. En même temps, le battant brillait de plus en plus fort. Soudain, il y eut un flash lumineux qui nous aveugla tous et le bruit cessa. Plusieurs minutes furent nécessaires avant que je retrouve l’usage de mes sens. Mes oreilles bourdonnaient encore et tous les sons étaient étouffés. Mes yeux devaient se rhabitués à une luminosité normale. Lentement je compris que la flamme avait retrouvé sa couleur blanche, un silence de mort s’était abattu sur le temple. Le corps du malheureux professeur gisait recroquevillé à la lisière de la flamme sacrée ; ses cheveux et ses vêtements étaient encore en flammes et les prêtres essayaient de les éteindre. Ses chairs carbonisées empestaient l’air, ses dents avaient visiblement éclatées sous la chaleur, cette vision était horrible. Près de lui se trouvait le battant de la cloche sa couleur avait changé et il semblait désormais être fabriqué dans un métal poli plus brillant que l’argent.
Je m’approchais et je ne sentis plus ce malaise qu’il provoquait avant chez moi. Le rituel semblait avoir fonctionné et le battant était visiblement purifié.
Mais à quel prix !

Le prêtre Frost prit le battant, le regarda avec dégout et le replaça dans le coffret. Il nous dit qu’il allait s’occuper du corps du professeur. Même si le rituel avait marché, il ajouta qu’il s’opposerait désormais à toute nouvelle expérience.
Nous étions atterrés et regardâmes tristement les initiés déposer délicatement un linceul autour du corps meurtri du professeur von Oppenheim.

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Lotin
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Re: [CR] Warhammer V3->V2 - Balades en Reikland

Message par Lotin »

Deuxième partie de The Enemy Without, deuxième acte de la campagne The enemy Within. Où la recherche d'une répurgatrice mènera les personnages à de sombres révélations...
Spoiler:
JOURNAL DE H. VAN BAUMER
Middenheim, le 12 Nachgeheim 2521

Après la triste fin du professeur von Oppenheim, il nous restait encore à résoudre plusieurs problèmes avant de répartir vers Altdorf.
Notre première préoccupation était de retrouver Adèle Kentzenblum comme nous l’avait demandé le Capitaine Baherfaust et de l’interroger sur son enquête à propos de la Cagoule Noire qui avait bien empoisonné notre séjour à Averheim.

Nous avions une première piste avec l’auberge du Hibou Brun. Mais avant de nous y rendre, nous tenions à accompagner une dernière fois notre ami Verner qui après nous avoir menés à bon port s’apprêtait à rentrer à Averheim. Nous nous retrouvâmes donc au dépôt de Castelrock pour lui souhaiter un bon retour et le remercier encore de son aide pendant notre périple. Nous le regardâmes s’éloigner tranquillement.
Il y avait là le patron du dépôt, un certain Gunther et nous engageâmes la conversation avec lui pour essayer d’obtenir des informations sur son patron, le Graf von Aschenbeck. Nous apprîmes ainsi que les affaires du Graf se portraient plutôt bien et qu’ils ne manquaient pas d’activité ici. En effet, depuis l’hôtel en face, nous avions pu constater que les coches se succédaient plusieurs fois par jour dans la cour centrale, chargés de voyageurs et de marchandises. Il nous dit également que c’était un bon patron et un homme respectable et apprécié dans la ville, de surcroit un Ulricain convaincu. Nous lui demandâmes s’il était possible que sa compagnie cherche des gardes du corps ou des convoyeurs et si nous devions nous adresser au Graf pour cela. Il nous expliqua que pour les affaires courantes il fallait s’adresser à Werner Markheim, le bras droit du Graf. Au changement de ton dans sa voix, on devinait facilement qu’il l’appréciait moins que son supérieur. Nous le lui fîmes remarquer, prétextant que nous voulions nous informer avant de le rencontrer le cas échéant. « C’est un jeune blanc-bec et un arriviste. Il a bien des qualités pour son poste, mais il est très arrogant, avec des manières de noble, ce qu’il n’est en rien. C’est dommage que le Graf lui délègue tant… » répondit-il avant de se raviser, de crainte d’en avoir trop dit en se laissant emporter. A tout hasard, nous lui décrivîmes Adèle et lui demandâmes s’il l’avait vu. Ravi de changer de conversation, il s’empressa de nous dire qu’elle était bien arrivée il y avait un jour ou deux. Il alla vérifier dans son registre et ajouta que ses bagages avaient été portés à l’Auberge du Bon Espoir.

Pendant que Grunilda et Eckhart se rendaient au Hibou brun, Klueber, Lars et moi allâmes au Bon Espoir. C’était un établissement très luxueux dans le quartier très cossu du Nordgarten. Dès que nous franchîmes la porte, les employés nous regardèrent de travers. Tous ce que nous pûmes en tirer fut qu’effectivement Madame Kentzenblum logeait là, mais qu’il était hors de question qu’on la prévienne de notre visite ou qu’on importune d’une quelconque manière. C’est tout juste si le majordome à l’accueil accepta de prendre un message pour elle. Plus tard Eckhart nous rejoignit. Il n’avait pas eu plus de chance que nous. L’aubergiste du Hibou brun avait nié avoir vue Adèle récemment ; à tout hasard, il avait quand même laissé un message à son attention.
En revanche, Grunilda était restée pour surveiller l’auberge. Il nous raconta aussi, qu’à l’auberge, il avait entendu des gens discuter entre eux d’un scandale qui allait certainement éclater car une enquête était ouverte contre un haut personnage de la ville ; il avait cru comprendre qu’il s’agissait du Graf von Aschenbeck. Eckhart et moi nous rendîmes au temple de Verena pour consulter quelques archives tandis que Klueber et Lars décidèrent d’entamer une tournée des tavernes pour essayer d’obtenir d’autres rumeurs.

Au temple, nous commençâmes par enquêter sur l’histoire du Graf. Il était issu d’une famille aristocratique mineure dont la fortune excédait de beaucoup le rang. Les affaires familiales couvraient différents domaines en plus de la compagnie de coches, il détenait plusieurs commerces et auberges. Après une jeunesse mouvementée et une courte carrière militaire, le jeune Wolfgang von Aschenbeck était rentré dans la rang après le décès soudain de son frère ainé ; il a épousé la veuve de son frère, également issue d’une famille aristocrate du Middenland mais de plus haut rang que lui. Il s’était ensuite appliqué à diriger son affaire avec rigueur et succès. Il avait définitivement abandonnée sa vie un peu dissolue après la naissance de sa fille, Margarete. Aujourd’hui veuf, c’était un citoyen modèle, généreux notamment envers les temples de Shallya et Ulric.
Je jetais un rapide coup d’œil aux registres des transactions établies sous la protection de Verena. C’est très fréquent chez de nombreux hommes d’affaires de rechercher le patronage de la déesse pour garantir leurs contrats en attestant de leur honnêteté. Mon père le fait systématiquement pour ses affaires les plus importantes. Je ne fus donc pas surprise de retrouver régulièrement le nom du Graf jusqu’à récemment. En revanche, rien au cours des derniers mois. Sachant qu’il avait délégué une partie de ses affaires à son bras droit je cherchais le nom de Markheim, mais ne le vis nulle part. De leur côté, nos deux piliers de bars recueillirent de nombreuses rumeurs sur une enquête ouverte contre le Graf. On le soupçonnait visiblement de malversations mais aussi de trahison et de corruption.
En rentrant à notre auberge, un message d’Adèle nous attendait. Elle nous donnait rendez-vous le soir même, au Coquelet, une taverne toute proche. Nous devrions demander Frau Haken.
Dans l’après-midi, nous nous rendîmes au manoir des Aschenbeck. Il fut impossible de rencontrer le Graf, mais nous nous y attendions… Nous laissâmes donc une lettre que nous avions préparée où nous proposions nos services en tant que gardes du corps, insistant sur nos expériences auprès du Graf Von Kaufman à Averheim et du Comte von Aschafenberg à Ubersreik. Nous retournâmes chercher Grunilda qui avait surveillé l’auberge du Hibou brun depuis le matin, hélas en vain.

Le Coquelet est un restaurant tenu par des Halfelins qui sert une excellente cuisine. En revanche, la salle est toujours bondée et très basse de plafond ; on y étouffe un peu et les humains peuvent s’y sentir oppressés, notamment quand ils sont grands comme Eckhart ; ce dernier préféra donc patienter dehors.
Adèle nous attendait déjà assise à une table dans un petit salon privé. Nous ne débordions clairement pas de joie à l’idée de retrouver l’irritante répurgatrice. Toujours aussi désagréable, elle nous adressa un salut sommaire, nous invitant à nous asseoir avec impatience et me lançant un regard haineux qu’elle devait réserver à tous les mages qu’elle croisait, cela me mit mal à l’aise mais je réussis néanmoins à lui répondre par un grand sourire dont je suis sûre qu’il lui déplut, même si elle n’en laissa rien paraître.
Nous lui dîmes que c’était le Capitaine Baherfaust qui nous envoyait pour se renseigner sur son enquête concernant la Cagoule noire. De sa part, nous obtînmes plus de questions que de réponse. Elle finit toutefois par daigner nous dire qu’elle avait obtenu des preuves que l’expédition menée dans les territoires du Sud et organisée par von Kaufman était noyauté de l’intérieur par un agent des puissances du Chaos. Elle avait eu confirmation qu’un personnage, portant une cagoule noire, était à l’origine de cette infiltration avant de perdre le contact avec ses hommes dans l’expédition. Elle en avait déduit qu’il devait être très influent et disposer d’importants moyens pour réussir cela. A son tour, elle nous posa des questions sur le Graf von Kaufman insistant sur le fait qu’elle n’avait pas confiance en lui. Il avait financé l’expédition dans les terres du Sud après tout et nous savions tous comment cela avait tourné. Ensuite elle nous parla de Mauer le Lumineux, nous suggérant de nous méfier de lui : « Est-ce que vous saviez que sa famille entière a été condamnée au bûcher pour sorcellerie ? nous demanda-t-elle avec un sourire hargneux. Cela s’est passé quand il n’était qu’un petit garçon. J’imagine qu’il ne vous a pas raconté ça. Helstrum, le chasseur de sorcières a épargné le garçon et l’a laissé aux bons soins du Collège Lumineux. Je suis sûre qu’il ne s’agit que d’une question de temps avant qu’il ne finisse attaché à un pieu, comme tous ces magiciens ». Evidemment, en disant cela elle me regarda avec insistance et, dans ses yeux, je ne lus que de la haine. Je m’efforçais de continuer à lui sourire aussi posément que possible. Mais c’était difficile de rester calme et j’aurais rêvé de lui balancer une boule de feu dans sa sale tête.
Et puis tout à coup, elle décida de mettre fin à notre conversation, se leva et sortit en nous saluant à peine. Eckhart la vit sortir et tenta de la suivre mais la perdit très vite. Quand nous le rejoignîmes il nous dit qu’elle semblait se diriger vers le Nordgarten et donc peut-être vers l’auberge du Bon espoir ; Nous nous séparâmes, Eckhart et Lars partirent vers l’hostellerie de luxe tandis que Grunilda, Klueber et moi décidâmes d’aller au Hibou brun. Nous dûmes patienter quelques heures avant de la voir arriver, à pas feutrés, surveillant les alentours (heureusement elle ne nous vit pas). Elle entra dans l’auberge par une fenêtre du rez-de-chaussée. Il y eut de la lumière pendant quelques minutes puis plus rien. Quelques temps après, la longue silhouette d’Eckhart apparut et nous le rejoignîmes. Lars et lui avaient suivi Adèle jusqu’au Bon Espoir. Elle était entrée par la porte principale ; ils avaient attendu une bonne heure avant de la voir ressortir par une fenêtre du premier étage. Quand ils avaient été sûrs qu’elle s’était bien éloignée, il avait aidé Lars à atteindre la fenêtre. Lars avait rapidement fouillé la chambre. Cela ne lui avait pas pris longtemps car elle était presque vide. Le lit n’était pas défait, il n’y avait qu’un sac, avec quelques vêtements. En fait, la chambre semblait plutôt inoccupée. Il était ressorti mais avait décidé de rester en planque au cas où.
Nous décidâmes d’organiser des tours de surveillance. Grunilda resta au Hibou brun pendant que nous autres rentrions à l’auberge de Castelrock. Nous vendrions les relever au petit matin.
Ainsi, quelques heures plus tard, encore un peu endormie je vins retrouver Grunilda avec Klueber. Comme nous discutions des évènements de la nuit ou plutôt de l’absence d’évènements, un léger grincement attira notre attention. Une forme que nous n’eûmes aucun mal à identifier se glissa hors de la chambre du rez-de-chaussée. Adèle s’éloigna très rapidement dans la pénombre qui noyait encore les ruelles. Après quelques minutes, nous décidâmes de profiter de la discrétion que nous offrait cette heure matinale pour nous faufiler dans l’auberge. La fenêtre n’était pas fermée, ce fut donc facile. La chambre d’Adèle était assez petite et meublée très sobrement. Il y avait quelques vêtements posés sur une commode, avec un petit miroir en argent et, à côté, trois crânes argentés servaient de support à trois perruques : une blonde, une brune et une blanche et poudrée comme celles que portent parfois les nobles. Un étui en cuir de la taille d’un grand livre était ouvert sur la table de nuit, il contenait un petit marteau, une fourche, une dague, et d’autres armes, toutes avec des extrémités pointues. Il y avait un dernier emplacement vide avec un négatif en forme de crochet. Deux coffres était disposés contre un mur. L’un contenait des vêtements et des affaires de toilette tandis que l’autre renfermait de nombreux livres, des textes sigmarites, des codes de lois et divers outils (dagues, pieux, fioles…) probablement nécessaires au travail d’une chasseuses de sorcières. Dans un des coffres, je remarquais que le fond sonnait bizarrement, en regardant plus attentivement, nous découvrîmes un compartiment secret. Ce dernier contenait une paire de grandes robes pourpres, brodées et passementées de vert. Il y avait également deux livres et un journal écrit à la main. J’avais encore sur moi le message d’Adèle et quand je comparais les écritures, je vis que la même main les avait tracées. Le journal décrivait des réunions avec des personnages désignés par des pseudonymes : Lame changeante, L’œil-qui-voit-tout, la Vérité Cachée, la Main Bleue, etc. Ces réunions consistaient en des séances de tortures particulièrement vicieuses et se terminaient en orgies débridées. Quant aux livres, il s’agissait de vieux grimoire en mauvais état, l’un intitulé De Magister Voluptatis et l’autre Liber Ecstatica. Je ne pris le temps que de les survoler, mais je compris très vite qu’ils concernaient un culte hérétique voué au démon Slaanesh.
Ces lectures me mirent très mal à l’aise. J’étais au bord de la nausée. Mes compagnons me regardèrent avec inquiétude et j’essayais de leur expliquer brièvement de quoi il retournait. Indécis sur la marche à suivre, nous décidâmes de tout remettre en place aussi bien que possible et de discuter avec Lars et Eckhart sur ce que nous devrions faire ensuite.
Je n’avais jamais apprécié cette horrible bonne femme, mais jamais je ne me serais attendu à ça… Mais que pouvions nous faire ? A qui pouvions nous nous adresser ? A Helstrum ? Etait-il au courant des transgressions de sa disciple ? En était-il complice ?

En rentrant à l’auberge, nous échangeâmes nos informations avec nos compagnons. Eux avaient vu Adèle rentrer à l’auberge du Bon Espoir, toujours par la fenêtre. Ils furent atterrés par ce que nous leur rapportâmes. Tandis que nous discutions, un employé de l’auberge nous amena un nouveau message. Il disait :
« Chers Amis,
Mes investigations sur le Graf von Aschenbeck m’ont amené ici à Middenheim. Je suis visiblement passé quelques heures après vous car les gens que j’ai interrogés m’ont indiqué que des personnes avaient posé les mêmes questions que les miennes.
Pourrions-nous nous rencontrer pour comparer nos notes ? Je loge au Draken, j’y serai ce soir. »

Le mot était signé « Brenner », ce qui ne nous disait rien. Mais qu’avions-nous à perdre ? Nous verrons bien de quoi il en retourne.

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Lotin
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Message par Lotin »

La dernière partie de l'enquête à Middenheim, fin de l'acte 2 de The Enemy Within.
Spoiler:
JOURNAL DE H. VAN BAUMER
Middenheim, le 15 Nachgeheim 2521

La journée du 12 se déroula sans nouveau fait. Nous étions très hésitants quant à la conduite à adopter concernant Adèle. C’était une répurgatrice et elle avait forcément des appuis, ici, à Middenheim, par exemple auprès Gregor Helstrum. Au contraire, nous ne connaissions personne en qui nous puissions avoir une confiance dénuée de doutes. Devions-nous aller voir les prêtres de Sigmar ? Ceux d’Ulric ?
Au-delà, quelle foi fallait-il accorder à ce qu’elle nous avait dit sur la Cagoule Noire ? Peut-être que finalement c’était une de ses complices…

Afin de nous changer les idées et pour préparer le rendez-vous du soir au Draken, nous partîmes repérer les lieux.
Nous quittâmes les rues larges et bien entretenues des quartiers du Nordgarten et du Freiburg où nous avions évolué jusque-là pour rejoindre les secteurs moins opulents du sud. Le Draken était une taverne malfamée, nichée dans des méandres de ruelles étroites et boueuses, cernée de remugles âcres d’urine et de vomis. Nous dûmes plusieurs fois demander notre chemin à des ivrognes en train de cuver sous des portes cochères qu’ils disputaient à des gourgandines ou à des mioches crasseux qui venaient mendier une pièce ou essayaient de voler nos bourses pour les plus téméraires.
Enfin, nous trouvâmes le petit bouge. L’intérieur était très sombre et guère plus accueillant que l’extérieur. Il y avait quelques clients accoudés au bar ou affalés sur les tables. Le sol était poisseux. Un tavernier à la mine renfrognée essuyait des verres avec un torchon sale. Seuls Lars et Klueber eurent le courage de commander des bières et payèrent très cher un breuvage douteux. Le tavernier n’était pas très causant, il nous dit ne pas connaître de Brenner tout en s’empressant d’ajouter qu’il ne demandait pas le nom de ses clients, tant qu’ils payaient…
Nous évitâmes de nous attarder dans cet endroit sordide et gagnâmes très vite les grandes avenues plus respirables qui bordaient le quartier au nord. Au moins nous avions pu noter que le coin était un véritable coupe gorge et que nous devrions redoubler de vigilance en revenant le soir.
Nous préférâmes dîner avant notre rendez-vous, hors de question de toucher à quoi que ce soit au Draken.

Bizarrement, de nuit, ces immondes venelles nous parurent plus calmes : aucun garnement, aucune tapineuse et tout au plus deux ou trois soulards endormis. En entrant dans la taverne, nous fûmes surpris par une étrange métamorphose. Le lieu était moins répugnant et plus clair à la lumière des bougies. Il n’y avait pas un seul client. Le sol et les tables avaient été lavés. A la place du patron grincheux, c’est une femme encore jeune qui nous accueillit. Elle avait de longs cheveux blonds arrangés en une épaisse tresse et son visage était criblé de cicatrices dues à une variole infantile. Nous expliquâmes que nous avions rendez-vous avec un certain Brenner et elle nous confirma immédiatement avoir loué une chambre à un gentilhomme de ce nom. Ce changement nous rendit méfiants et lui dîmes notre surprise étant donné que l’après-midi même le tenancier que nous avions vu avait nié connaître quelqu’un de ce nom. « Ah oui ? dit-elle l’air pensif, mon mari a dû oublier, c’est moi qui ai accueilli le sieur Brenner, un homme très charmant, avec un fort accent de l’Averland. Malheureusement, je ne l’ai pas vu aujourd’hui et je crois qu’il n’est pas là… Et je ne peux pas vous dire quand il pourrait rentrer. Il va et vient à toutes heures, mais c’est un client vraiment calme et discret, alors je ne lui dis rien. »
Nous insistâmes, expliquant qu’il nous avait invité lui-même à le rencontrer ce soir-là. Elle nous proposa de l’attendre et demanda ce que nous souhaitions boire. Lars et Klueber retentèrent l’expérience, mais elle leur rapporta la même bière infâme. Nous attendîmes un long moment. La patronne était un peu plus aimable que son époux. Nous nous étonnâmes de ne voir aucun habitué, mais elle nous répondit que les soirs étaient généralement très calmes, surtout en milieu de semaine quand les gens n’avaient pas encore reçu leurs payes.
Comme il commençait à se faire tard, nous lui fîmes part de notre inquiétude et demandâmes si nous pouvions vérifier la chambre de Brenner. Après une courte hésitation, elle fouilla derrière le bar et sortit un gros trousseau de clefs. Nous la suivîmes dans un escalier grinçant jusqu’à l’étage.
Il n’y avait que quatre portes. Une épaisse couche de poussière couvrait le sol et les deux consoles sur lesquelles on avait placé d’antiques lampes à huile aux verres ébréchés. Elle ouvrit la première porte et recula en poussant un cri d’horreur. Nous nous précipitâmes. Dans la chambre, tout était sans dessus-dessous : meubles renversés, lit défait, vêtements éparpillés. Sur l’un des murs était peint en bleu un grand crâne ricanant. En revanche, il n’y avait là pas âme qui vive.
La tenancière avait l’air très choquée et bégayait en se demandant ce qu’il s’était passé. Nous lui suggérâmes de redescendre et de donner l’alerte. Nous pensions avoir un peu de temps et nous entreprîmes d’inspecter soigneusement la chambre. Il n’y avait ni trace de sang, ni signe de lutte. De toute évidence, la pièce avait simplement été fouillée. Mais il n’y avait aucun indice concernant le fameux Brenner. Nous remarquâmes une dague gisant sur le matelas tombé du lit. Sous un tas de vêtements, nous découvrîmes un journal aux pages en lambeau. L’écriture ressemblait à celle du message et Brenner y avait consigné, au jour le jour, ses recherches depuis Averheim. Il relatait pour les derniers jours, une série d’accusations envers Wolfgang von Aschenbeck, de la fraude au racket et au meurtre en passant par l’hérésie. Il contenait également d’horribles dessins sacrilèges, avec des dates et des lieux, des runes impies dont la seule vision me mit mal à l’aise. Des feuilles volantes étaient conservées à la fin du journal ; il s’agissait de descriptions de séances occultes écrites par une autre main. Brenner avait annoté ces pages qu’il attribuait à von Aschenbeck lui-même.

Eckhart et moi avions à peine entrevu le contenu du journal quand des bruits dans l’escalier nous alarmèrent. Trois soldats et un sergent de la garde débarquèrent, talonnés par la propriétaire. Ils avaient été drôlement rapides, je n’aurais jamais cru qu’ils interviennent aussi vite, surtout dans un tel quartier. Ils nous firent sortir sans ménagement et inspectèrent la pièce à leur tour. Ils nous demandèrent si nous avions pris quelque chose. Eckhart tenait encore le journal et s’efforçait de le cacher dans les plis de son manteau, mais un des gardes le remarqua et le lui arracha des mains. Il le tendit au sergent qui commença à le feuilleter, son visage se durcit et il donna l’ordre d’arrêter notre compagnon. Alors nous essayâmes d’expliquer que ce journal n’était pas à nous que nous venions de le trouver. Ils nous firent redescendre dans la salle du bas.
Là, ils nous firent asseoir et nous interrogèrent sur nos identités et les raisons pour lesquelles nous étions ici. Ils nous accusèrent d’avoir mis la chambre dans cet état commencèrent à parler d’aller chercher les prêtres d’Ulric. Nous dûmes longuement nous justifier, répéter plusieurs fois que nous avions rendez-vous ici avec un certain Brenner ; nous montrâmes son message que par chance nous avions avec nous. Nous relatâmes la découverte de la chambre avec la tenancière, qui heureusement confirma notre version. Nous argumentâmes : si c’était nous qui avions fait cela, nous ne serions pas revenus. Ils étaient vraiment butés et on ne peut pas vraiment dire qu’ils respiraient l’intelligence. Je cru même un instant qu’ils allaient nous emmener en prison. Ce n’est qu’après plusieurs heures qu’ils acceptèrent de nous laisser partir, non sans avoir noté où nous logions et nous avoir recommandé de ne pas quitter la ville. Il était en effet possible que nous soyons encore sollicités pour raconter notre histoire.

Sur le chemin du retour, nous discutâmes longtemps de la curieuse journée que nous venions de vivre. Elle avait commencé avec les abominables révélations sur la double-vie que semblait mener Adèle. Elle se terminait par ce rendez-vous manqué avec un inconnu, sorti de nulle part, qui nous offrait sur un plateau la solution à notre enquête sur le Graf von Aschenbeck. Mais cela paraissait trop facile et trop étrange, avec la taverne désertée, la chambre retournée, mais le journal encore là. Et les gardes qui arrivaient opportunément. Un moment j’ai même cru qu’on avait essayé de nous piéger, mais c’était trop grossier.

Qu’importe ! Il était tard et nous étions trop fatigués et abrutis par l’interrogatoire sans fin des gardes. Nous pourrions bien réfléchir à tout cela le lendemain. Nous montâmes nous coucher sans plus de tergiversations.
Comme d’habitude, Grunilda et moi partagions une chambre pendant que les garçons occupaient une pièce au même étage mais à l’autre bout du couloir.
J’avais l’impression de n’être assoupie que depuis quelques minutes quand j’entendis des frottements sur le palier. J’ai pris l’habitude d’être continuellement sur le qui-vive, mon bâton toujours à portée de main. En un saut, j’étais hors du lit et je secouais Grunilda. La poignée se mit à bouger. Un cliquetis dans la serrure me confirma qu’on allait rentrer. Alors, je me calais, juste en face de la porte, le dos au mur et commençais à me concentrer. Grunilda se redressa. La porte s’ouvrit d’un coup et une ombre se rua à l’intérieur. Elle fut reçue par une volée de flèches magiques qui grésillèrent en s’enfonçant presque sans résistance. J’entendis une plainte, mélange de douleur et stupéfaction. L’instant d’après Grunilda saisissait sa hache et chargeait en hurlant. L’effet de surprise dont pensaient profiter nos assaillants joua finalement en notre faveur. Sous le choc, le premier tomba à la renverse et le second, surpris, recula. Je me précipitais derrière Grunilda. Le premier attaquant gisait au sol tandis que le second gesticulait en proie à la panique, il fendait l’air de sa dague mais reculait encore devant notre naine déchaînée. J’entendis des voix à l’autre bout du couloir et je vis du coin de l’œil d’autres silhouettes sur le seuil de la chambre des garçons. Je saisis l’homme à terre. Il portait des vêtements noirs de voleur, avec un gilet en cuir, qui n’avait pas résisté à mes flèches magiques. Il avait plusieurs plaies saignant abondamment. Son visage était dissimulé sous un masque pourpre et vert. Je l’enlevai ; c’était un homme jeune que je n’avais jamais vu. Je réalisais qu’il ne respirait plus.
Moins un !
Grunilda avait acculé le second attaquant.
Moins deux !
Des appels provenaient du bout du couloir, nos compagnons semblaient en bien mauvaise posture. Je fonçais tout en me préparant à lancer de nouvelles flèches sur un homme masqué encore en partie dans le couloir. Elles touchèrent toutes et il s’effondra en râlant.
Moins trois !
Lars parut alors, me reconnut et retourna aussitôt à l’intérieur. J’arrivais devant la chambre. Il n’y avait pas de lumière, mais je vois bien dans la pénombre. Près de l’entrée, un corps sans vie était recroquevillé sur lui-même et je vis ses mains desséchées : une belle réussite de notre mage améthyste.
Moins quatre !
Eckhart et Lars étaient penchés sur le dernier assaillant qu’ils essayaient de maîtriser. Je discernais une masse de draps sous la mêlée. Le drap bougeait et il était maculé de sang. Mes deux compagnons parvinrent enfin à maîtriser le dernier attaquant et à l’emmener dans un autre coin de la pièce. Lars appela le nom de Klueber et je compris. Je me précipitais essayant de démêler les draps de plus en plus rougis ; j’espérais que c’était le sang de l’attaquant et non celui de notre ami. Malheureusement, je me trompais, il avait plusieurs plaies au torse et au dos et il était à peine conscient. J’essayais de retrouver mon calme et fit lentement affluer la chaleur dans mes mains. Je n’aime pas cautériser les plaies, c’est un sort compliqué et épuisant, et surtout, cela peut faire plus de mal que de bien ; mais là il n’y avait pas d’autre choix. Je réussis à arrêter les saignements les plus importants, mais il lui fallait des soins. Grunilda passa la tête à la porte. Je l’appelai : nous devions conduire immédiatement Klueber chez Shallya. Nous essayâmes de le redresser mais il ne tenait plus debout. Grunilda le souleva dans ses bras. Je criais à Lars et Eckhart que nous partions à l’hospice, pendant qu’ils essayaient de faire parler le dernier assaillant, lui aussi en mauvais état.
Dans le couloir, quelques portes s’ouvraient et les clients les plus courageux commençaient à sortir. Je leur dis que nous venions d’être attaqués mais que nous avions réglé le problème. Dans les escaliers, nous croisâmes plusieurs employés fortement armés. Ils nous reconnurent et virent que Klueber était blessé. Deux rebroussèrent chemin en nous disant de les suivre au dépôt de Castelrock, juste en face de l’auberge. Dans la cour traînait un chariot à bras. Nous installâmes Klueber et je m’assis ses côtés pour le maintenir. Un des employés se plaça devant et Grunilda derrière. Le second employé partit en courant pour prévenir les prêtres de Shallya de notre arrivée. Le temple de Shallya se trouvait à l’autre bout de la ville, nous filâmes à travers les rues désertes ; le grondement des roues résonnait sur les pavés et se répercutait sur les façades. Klueber avait perdu connaissance. Deux prêtres attendaient notre arrivée et le mirent sur un brancard pour le transporter à l’intérieur. Grunilda ne prit même pas le temps de récupérer son souffle. « Ils avaient des masques violets et verts, grogna-t-elle. Tu sais où nous avons vu ça ? » J’acquiesçais, bien sûr que je savais… sans un mot nous prîmes la direction du Hibou brun. La fenêtre du rez-de-chaussée était fermée, mais elle céda facilement à la première poussée. Hélas, il ne fut pas utile d’entrer : la chambre était vide, l’oiseau envolé.

Je dis à Grunilda que je retournais à l’hospice et elle rentra à l’auberge. Sur place, un prêtre m’expliqua que Klueber était à peu près stabilisé mais on ne saurait que le lendemain s’il était vraiment tiré d’affaire. Il avait perdu beaucoup de sang et dans le meilleur des cas, il lui faudrait beaucoup de temps pour se remettre. Il me demanda également qui avait cautérisé ses plaies. Avec inquiétude je lui répondis que c’était moi. Il eut l’air étonné, évidemment je n’avais pas eu le temps d’enfiler ma chasuble, je réalisais que j’étais encore en chemise et pieds nus. A ma grande surprise, il me félicita sans ça, notre ami y serait certainement resté.
Je me traînais lentement jusqu’à l’auberge. La nuit était étoilée et silencieuse. Morrslieb était réduite à un fin croissant. Je pris alors conscience de ma vulnérabilité : quelle idée de me promener seule dans ces rues désertes et sombres, alors que nous venions de nous faire attaquer… J’accélérai le pas.

A l’auberge, je retrouvais mes compagnons. Je leur donnais des nouvelles de Klueber. Eux m’expliquèrent que le dernier homme était mort peu après notre départ, sans rien leur apprendre. Mais nous n’avions aucuns doutes sur l’instigatrice de cette expédition et nous étions tous fous de rage qu’Adèle se soit enfuie.
Plusieurs gardes de la ville étaient venus constater les dégâts. Nous dûmes encore nous expliquer longuement. Heureusement, ce n’étaient pas les mêmes que ceux que nous avions rencontrés dans la soirée, ceux-ci étaient autrement plus vifs d’esprit ! Ils se chargèrent des corps, les employés nettoyèrent autant que possible les stigmates de la lutte et les traces de sang.

La nuit fut donc courte, je dus réussir à dormir, à peine, une heure ou deux. Nous nous apprêtions à partir déjeuner au Coquelet. Lorsque nous vîmes arriver un groupe de soldats encadrant Gregor Helstrum, le visage grave et en grande tenue de répurgateur.
Le Graf von Aschenbeck avait été arrêté dans la nuit et son procès allait commencer, au temple de Verena, dès ce matin. Notre présence était requise en tant que témoins. Nous essayâmes de lui faire part de nos doutes sur ce qui s’était passé la veille et sur les circonstances de la découverte du journal. Il nous coupa avec un cinglant « ce n’est pas le lieu ». Nous tentâmes également de lui parler de l’attaque des hommes masqués. Il prit un air préoccupé : « oui, oui ! on m’a raconté ça. C’est fâcheux. Il faudra s’occuper de ça quand nous en auront fini avec le procès. Le pourpre et le vert sont les couleurs des cultistes de Slaanesh, mais qu’est-ce que cette engeance peut bien vous vouloir ? » Nous évoquâmes avec autant de tact que possible le rôle d’Adèle. Son regard se durcit immédiatement. « Non ! vous devez faire erreur ! C’est une répurgatrice intègre. Prenez bien garde à ne pas salir sa réputation ! »
Il tourna sèchement les talons et asséna « allons-y maintenant nous n’avons pas de temps à perdre en bavardages ».

Après nous être assurés que nous n’avions pas besoin d’être tous présents, Lars accepta de le suivre et d’assister au procès. Pendant ce temps Eckhart, Grunilda et moi retournerions au Draken car toute cette histoire nous semblait vraiment suspecte.

Après avoir traversé les ruelles malodorantes, nous retrouvâmes le bouge répugnant. L’ambiance avait à nouveau changé : le tavernier revêche avait repris son poste, tout comme les pochards déjà assoupis en dépit de l’heure encore matinale. Nous commençâmes par prendre des nouvelles de son épouse. Il écarquilla les yeux : « Vous vous foutez de moi ? »
Interloqués, nous répondîmes que nous étions avec elle, la veille au soir quand on avait découvert la chambre de Brenner.
- Non mais… vous vous foutez de moi ? reprit-il avec un air goguenard.
- On ne plaisante pas, monsieur, répondis-je de ma voix la plus grave.
Eckhart s’avança et son visage était particulièrement menaçant. Il ajouta :
- Et on en a vraiment pas envie !
L’effet ne se fit pas attendre. Le tavernier changea de ton, un peu inquiet
- Mais… j’ai pas d’femme ! bégaya-t-il. Et hier soir, j’avais fermé ! »
Devant nos mines médusées, il s’expliqua : des gardes étaient venus le voir hier pour lui dire de fermer son établissement le temps que la vermine y soit nettoyée. Il n’avait pas eu le choix et on lui avait donné une belle somme d’argent en compensation, alors il n’avait pas posé de question. Il ajouta qu’il avait un document officiel pour le prouver et sortit une feuille chiffonnée. Je regardais attentivement ce soi-disant ordre de réquisition. Il y avait le sceau de la ville, mais il était différent de celui que j’avais vu jusque-là, notamment quand nous avions compulsé des documents au temple de Verena. Eckhart me fit remarquer que l’écriture ressemblait beaucoup à celle du journal de Brenner. Le tavernier accepta de nous laisser la lettre, mais il insista sur le fait qu’il ne voulait pas de problème et qu’il aimerait bien garder l’argent… Nous le rassurâmes, ce « détail » ne nous intéressait pas, en revanche, nous souhaitions revoir la chambre. Ce fut une demi-surprise : tout avait été rangé et lavé ; le mur était même décoloré là où était dessiné le crâne bleu.
Avant de partir, nous lui décrivîmes la blonde qui nous avait accueillis la veille, mais il nous assura que cela ne lui disait rien.

Comme nous marchions à travers les ruelles, nous comprîmes que nous étions suivis. Deux ombres nous talonnaient. Il fallait nous préparer à une embuscade, c’était l’endroit parfait. Nous ralentîmes. Eckhart et moi fîmes volte-face et les bombardâmes de fléchettes. Difficile de dire si nous les avions touchés, mais ils s’enfuirent en courant. Nous essayâmes de les rattraper, mais c’était peine perdue dans ce labyrinthe de ruelles étroites et torueuese. Nous repartîmes, sur nos gardes. Pourtant au détour d’une rue, deux hommes nous barrèrent la route et un troisième apparut derrière nous. Des épées luisaient à leurs mains. Grunilda attrapa sa hache et chargea les deux de devant. J’incantais une tornade protectrice et les flammes commencèrent à tournoyer autour de nous, c’est efficace et cela impressionne toujours l’adversaire. Eckhart de son côté commença à lancer un sort de flétrissement sur celui qui arrivait dans notre dos. Ses mains et son visage se ridèrent sous nos yeux, c’est vraiment un sort abominable. L’homme ralentit conscient que quelque chose d’anormal était en train de lui arriver. Mais il continua d’avancer ; lorsqu’il fut devant nous, il ressemblait déjà presque à un cadavre racorni. Je lui assénais un coup de bâton, cela suffit à le terrasser.
Nous nous tournâmes ensuite vers Grunilda. Même à deux contre une, ses adversaires n’avaient pas le dessus. Nous visâmes les têtes pour ne pas risquer de blesser notre amie. Les flèches jaillirent de mes mains, puis de celle d’Eckhart. Un des deux fléchit et l’autre s’enfuit à toutes jambes. Un bruit de course s’éleva derrière nous. Des cris encore lointains annonçaient des gardes ; nous n’avions pas envie de perdre plus de temps et nous prîmes aussi nos jambes à notre cou.

Nous sortîmes de ce maudit quartier et nous nous fondîmes dans la foule animée des boutiques et dépôts du secteur marchand.
Il fallait que nous retrouvions la trace de la femme blonde ou des gardes, s’ils étaient bien ce qu’ils prétendaient être. Mais par où commencer ? Nous aurions peut-être plus de chance avec elle : une blonde aux cheveux long avec le visage marqué par la variole pouvait certainement marquer les esprits et puisque la victime de ce coup monté semblait être le Graf, c’était dans son entourage et dans ses établissements qu’il fallait enquêter. Nous commençâmes par le dépôt de Castelrock.
Gunther semblait totalement désemparé. Tôt dans la matinée, la demoiselle von Aschenbeck avait fait le tour de tous les établissements appartenant à son père et avait demandé aux employés d’ouvrir et de travailler comme d’habitude. Alors, c’est ce qu’il avait fait, mais le cœur n’y était pas… nous décrivîmes la femme blonde, mais il nous dit ne connaître personne de tel. Ensuite, il nous conseilla d’aller voir au Coquelet, il y avait toujours beaucoup de passage et nous donna également le nom de quelques autres auberges très fréquentées. Puisque nous étions à côté, nous commençâmes par le restaurant halfelin. Nous en profitâmes pour prendre notre repas. Et là, nous eûmes une chance inouïe. Quand nous lui décrivîmes la femme, le serveur hésita un court instant puis nous dit que c’était peut-être Ilse, une comédienne de rue qui trafiquait souvent avec des gens pas très fréquentables. Il ajouta qu’à cause de cela, ils n’acceptaient plus de la servir ici. Il savait qu’elle habitait dans le quartier, mais il ignorait où exactement. C’était déjà une piste.
Nous fîmes le tour de toutes les tavernes, auberges et boutiques du Freiburg à la recherche de la fameuse Ilse et nous parvînmes enfin à la localiser. Mais quand nous arrivâmes à proximité de la petite maison qu’on nous avait indiquée, il régnait une belle agitation : un incendie ! Evidemment, c’était bien le logement d’Isle qui était en feu. Les voisins s’organisaient déjà et allaient chercher de l’eau tandis qu’une épaisse fumée s’échappait d’une fenêtre de l’étage. Il fallait agir. Sous le regard déconcerté des habitants, Grunilda défonça la porte et nous entrâmes. Il y avait déjà un peu de fumée au rez-de-chaussée et des cris venaient de l’étage. Grunilda monta et je la suivis. Ilse s’était recroquevillée dans le couloir en haut des escaliers. Elle semblait blessée et nous l’aidâmes à se relever et à sortir. Elle avait été battue et ses agresseurs l’avaient assommée, avant de mettre le feu et de s’enfuir. Heureusement, elle avait réussi à se traîner hors de la pièce.
Juste derrière nous, Eckhart sortit avec une légère torsion des lèvres qui est ce qui s’approche le plus d’un sourire chez lui. Nous nous éloignâmes un peu avec Ilse et Eckhart nous montra un carnet vierge mais en mauvais état qui ressemblait énormément au journal de Brenner ; certaines pages étaient même couvertes d’un premier jet d’écritures et de dessins. Il avait également récupéré un sceau en bronze dont l’empreinte correspondait au faux sceau de la ville que nous avions vu sur le document du tavernier.
Elle fondit en larmes et nous raconta comment Markheim l’avait contactée pour qu’elle fasse le faux journal et le faux document de la ville. Il l’avait bien payée aussi pour qu’elle nous joue la comédie la veille. Mais ensuite, il avait envoyé ses sbires pour se débarrasser d’elle. Elle nous supplia de la laisser partir, mais nous avions besoin de son témoignage. Et de toute façon, c’était une truande et elle n’avait que ce qu’elle méritait. Nous lui dîmes que nous allions l’emmener au temple de Shallya, pour qu’elle y soit soignée (et parce que nous n’avions pas encore eu le temps d’y retourner pour prendre des nouvelles de Klueber) ensuite nous la remettrions aux autorités. Si elle se comportait bien et avouait tout, elle avait peut-être une chance de s’en tirer…
A l’hospice, un prêtre s’occupa d’elle pendant que nous allions voir Klueber. Il était tiré d’affaire mais devait se reposer encore quelques jours. Nous lui détaillâmes les derniers évènements puis nous partîmes au temple de Verena avec notre prisonnière.

C’était la fin de l’après-midi et la première journée de procès s’achevait. Nous retrouvâmes Lars, complètement décomposé, et nous lui retraçâmes notre journée et nos découvertes. Puis nous cherchâmes Helstrum pour lui remettre Ilse. Il nous écouta attentivement quand nous détaillâmes toute l’affaire et le complot qui avait été monté contre le Graf, vraisemblablement par Markheim ; Ilse confirma nos dire. Nous lui montrâmes également le faux document que nous avait remis le tavernier et les preuves trouvées chez la faussaire, particulièrement le journal qui avait servi de brouillon et qui démontrait que l’une des principales preuves était en réalité un faux. Le vieux chasseur de sorcière sembla ébranlé mais il n’était pas encore totalement convaincu de l’innocence du Graf von Aschenbeck.
« Je veux bien tenir compte de ce que vous présentez et nous ferons témoigner cette femme demain. Mais soyez bien conscients qu’il n’y a aucune preuve directe de l’implication de Werner Markheim. C’est un homme avec une bonne réputation et ce sera sa parole contre celle d’une criminelle. »

Nous sortîmes du temple et nous rendîmes au Coquelet. Lars nous raconta le déroulement du procès. C’était Helstrum qui dirigeait. Après les prières habituelles à Verena et Sigmar auxquelles s’ajoutaient ici d’autres à Ulric, il avait lu l’acte d’accusation. Les charges étaient très graves : malversations, corruption mais également et surtout trahison et hérésie. La peine encourue était la mort. Ensuite, il avait lu le rapport du sergent qui avait trouvé le journal de Brenner, principale pièce à conviction. Enfin, il avait présenté plusieurs grandes robes pourpres trouvées dans la chambre du Graf lors de son arrestation ; elles avaient été identifiées comme des tenues de cultistes de la Main Pourpre, dévoués aux forces du Chaos et à Tzeentch.
Lars avait été invité à témoigner, mais on lui avait simplement demander de confirmer qu’il était présent lors de la découverte du journal dans la chambre. Il n’avait rien pu ajouter d’autre. C’était assez frustrant.
Trois employés de von Aschenbeck avaient ensuite pris la parole. Ils avaient décrit, les yeux pleins de larmes, comment ils avaient dû assister le Graf en l’aidant à commettre des crimes horribles, sans toutefois être au courant de ses véritables objectifs. Ces déclarations confirmaient les écrits du journal. Mais Lars rajouta que ces employés lui parurent immédiatement familiers ; il s’agissait en fait, des mêmes qui, la veille, s’étaient fait passer pour des gardes de la ville au Draken.
Ensuite, Werner Markheim avait été appelé à la barre. Lui aussi avait livré un témoignage accablant. Tout d’abord, il avait expliqué qu’il avait découvert que certains fonds manquaient dans la comptabilité des entreprises du Graf. Par ailleurs, les revenus de certaines propriétés n’apparaissaient pas non plus dans ses livres de compte, comme si on essayait de les cacher pour les soustraire à l’impôt ou pire, pour se livrer à des activités illégales ou immorales. Enfin, il avait décrit avec des trémolos dans la voix comment von Aschenbeck avait tenté de le recruter au sein de la Main Pourpre, à peine une semaine auparavant. Quand il avait refusé, il l’avait menacé de mort.
Le Graf semblait assez mal engagé.
Les preuves qui avaient été réunies contre lui et les témoignages étaient impitoyables. Markheim s’il était le seul responsable de ce complot, ce qui n’était pas encore avéré, avait bien tissé ses fils et choisit ses complices pour piéger le Graf.

En sortant du Coquelet, Gunther nous appela et nous transmit un message de la part de la fille du Graf. Elle nous priait de la rejoindre au manoir von Aschenbeck le plus tôt possible. Nous nous y rendîmes donc sur le champ. Un majordome à la mine austère nous ouvrit et nous fit entrer immédiatement dans un petit salon. Une jeune fille et un homme d’un certain âge nous attendaient. Elle se présenta comme Margarete von Aschenbeck. Elle était d’une grande beauté avec de magnifiques cheveux bruns aux boucles luisantes, des yeux noirs rougis et gonflés par les larmes, mais son visage délicat ne manifestait qu’une ferme détermination. L’homme se présenta comme un avocat du nom de Rangel. Elle avait lu la lettre que nous avions laissée pour proposer nos services et Gunther était également venu lui parler de nous et du fait que nous enquêtions sur son père. Elle ajouta qu’elle était prête à nous faire confiance, car nous n’étions pas de Middenheim alors que toute la ville semblait s’être liguée contre son père. Elle nous promit également une belle récompense.
« Vous devez l’aider, supplia-t-elle. Cette histoire est insensée ! Mon père a toujours été honnête et ce n’est pas un hérétique ! »
En revanche, elle n’avait aucune idée de qui pouvait être à l’origine de ce complot. Pourtant, lorsque nous lui parlâmes de Werner Markheim, ses joues s’empourprèrent. Elle nous raconta que cet homme était un manipulateur, il avait su se rendre indispensable à son père qui lui avait confié beaucoup trop de missions. Et elle ajouta que ce perfide personnage, lui tournait autour depuis des mois et la pressait de l’épouser, ce qu’elle refusait catégoriquement. Nous lui fîmes part de nos soupçons et des preuves que nous avions déjà réunies ; néanmoins, nous lui expliquâmes que nous avions besoin de preuves supplémentaires qui accusent directement Markheim.
Il fallait montrer qu’il avait menti au procès. Margarete et Rangel connaissaient bien les affaires du Graf et eux n’avaient jamais rien remarqué d’anormal dans les comptes. Mais si Markheim avait détourné de l’argent, notamment pour payer ses complices, il devait exister une comptabilité parallèle, c’est ce que nous devions chercher. Elle nous suggéra de commencer nos recherches par l’entrepôt du Freiburg où Markheim avait ses bureaux.
Nous partîmes immédiatement.

Ce local ressemblait beaucoup à celui des coches de Castelrock. C’était un large bâtiment en briques grisâtres avec devant une aire ensablée pour permettre aux chariots de charger et décharger leurs marchandises. Il y avait aussi une étable attenante où somnolait une paire de bœufs. Tout était calme.
Nous entrâmes facilement dans le bâtiment principal par une fenêtre et il ne fut guère plus difficile de trouver le bureau. Eckhart et moi nous mîmes au travail pendant que nos compagnons continuaient de fureter dans le local. Nous découvrîmes, soigneusement cachés dans des tiroirs à double-fond, des registres de comptes portant sur les derniers mois, au cours desquels Markheim avait pris de plus en plus de pouvoir dans l’empire Aschenbeck. Il ne les avait certainement pas cachés pour rien ; nous devions les ramener à Margarete et à Rangel. D’autres documents concernaient les affaires du Graf von Kaufman, des rapports sur l’organisation des coches de la Flèche rouge, sur des contrats et des itinéraires… Notre ancien employeur avait bien raison de se méfier. Nous étions en train d’emballer tous ces papiers pour les emmener au manoir, quand Grunilda et Lars reparurent, blancs comme des linges.
Nous les suivîmes dans la cours. Sur un des côtés se trouvait un wagon couvert qui n’avait pas dû bouger depuis des mois. Des touffes d’herbes avaient poussé entre les roues. On pouvait penser qu’il était devant un mur aveugle, mais en se faufilant derrière on se rendait compte qu’il dissimulait, en fait, une porte. La porte était entrouverte (grâce à mes compagnons…) et donnait sur des escaliers s’enfonçant sous le bâtiment. Nous débouchâmes sur une enfilade de caves. Dans la dernière se cachait un horrible secret : elle avait été transformée en une chapelle baroque et inquiétante, avec de grands rideaux de soie pourpre brodés d’or cachant les murs. Ça et là, pendaient d’affreux masques concupiscents, suspendus à des cordes de velours dorées. Au centre, plusieurs fauteuils richement décorés était disposés devant un autel couvert d’étoffes pourpres et or. Sur cet autel trônait un grand calice doré ; la coupe largement évasée était ornée de courbes obscènes et de motifs abjects.
Nous avions découvert le lieu de culte d’une cellule de la Main Pourpre et il se trouvait dans un local où Markheim passait l’essentiel de son temps.
Pendant qu’Eckhart et moi allions retrouver la fille de von Aschenbeck avec les registres, Lars et Grunilda se rendaient au Repos du Graf pour prévenir Helstrum de nos découvertes. Il les accompagna jusqu’à l’entrepôt et les suivit dans la cave transformée en chapelle. Nos amis nous racontèrent plus tard l’immense fureur dans laquelle il entra : il renversa le calice et l’écrasa d’un coup de botte rageur.
Pendant la nuit, Margarete et Rangel épluchèrent les registres en les comparant aux livres de compte officiels. Ils relevèrent de nombreuses différences qui prouvaient que Markheim détournaient d’importants fonds depuis des années.

Le lendemain, Markheim fut arrêté eu saut du lit. Pendant le procès, les nouvelles pièces à convictions furent présentées, Ilse témoigna. Les complices de Markheim, ceux qui avaient joué les gardes furent à nouveau entendus et avouèrent la supercherie.
Le Graf von Aschenbeck fut déclaré innocent, tandis que le procès de Markheim et de ses complices a commencé ce matin même et il promet d’être rapide.
Hier soir, le Graf et sa fille nous ont convié à un repas de remerciement. Il nous a dit combien il se savait redevable envers nous. Il nous invita à rester aussi longtemps que nous le souhaiterions à Middenheim et nous proposa de travailler pour lui. Il nous offrit même une jolie petite maison dans le quartier de Freiburg. C’est de là que j’écris aujourd’hui dans une des chambres de l’étage. Nous avons dû décliner sa proposition de travail, au moins dans l’immédiat car notre mission n’est pas terminée et que nous devons retourner à Altdorf. Toutefois, plusieurs d’entre nous seraient certainement tentés de revenir…
Un jour…
Si Sigmar nous accorde de vivre jusque-là…
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Lotin
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Message par Lotin »

Nos aventuriers ayant terminé leurs affaires à Middenheim prirent la route d'Altdorf, et ce voyage que le compte-rendu suivant va vous narrer :
Spoiler:
JOURNAL DE H. VAN BAUMER
De retour à Altdorf, le 8 Erntezeit 2521

Nous avons quitté Middenheim le 17 Nachgeheim, dès que Klueber a été en état de voyager. Le Graf von Aschenbeck nous a prêté une diligence pour nous conduire jusqu’à Delberz. La première partie de notre voyage s’est déroulée sans encombre. Nous avons suivi scrupuleusement la route impériale qui est à peu près sûre. Nous avons tout de même pu observer parfois des stigmates des batailles dans certains villages où le nombre de réfugiés était remarquable. Nous avons aussi croisé un détachement des fameux chevaliers panthères, avec les grands casques et leurs capes en peaux de félins, qui étaient chargés de nettoyer la Drakwald sous les ordres du Graf Boris Todbringer. Nous avons également rencontré plusieurs petites milices formées de paysans et de bucherons sommairement armés ; tous convergeaient vers un même lieu de rendez-vous d’où ils partiraient chasser les abominations de la forêt.

Delberz est une petite bourgade marchande. Nous y avons passé une nuit dans une grande auberge remplie de marchands et de pèlerins. La plupart des conversations tournaient autour de la guerre. Evidemment, il était beaucoup questions des crimes qui avaient été commis dans la région par les hordes d’hommes-bêtes. Par ailleurs, il se disait que les troupes d’invasion commençaient à sérieusement ralentir dans le nord. Les forces impériales avaient même réussi à reprendre Wolfenburg. En revanche, de terrifiantes rumeurs circulaient sur des chevaliers noirs qui auraient été aperçus un peu partout dans l’Empire. Enfin, l’état de santé de notre Empereur restait un sujet d’inquiétude : personne ne l’avait vu depuis son retour à Altdorf, ce qui laissait le champ libre aux pires spéculations.
La soirée s’est passée tranquillement ; nous avons profité d’un agréable repas arrosé du fameux vin local, puis nous sommes montés nous coucher d’assez bonne heure.
Cependant, au cours de la nuit nous avons tous été réveillés par des cris stridents et des appels au secours. Nous sommes sortis de nos chambres ; les cris provenaient de la cuisine au rez-de-chaussée. Nous y avons trouvé une servante, perchée sur une chaise et armée d’un balai qu’elle utilisait pour repousser une bestiole immonde : une sorte de gros rat, de la taille d’un chien avec des épines sur le dos et trois queues fouettant furieusement dans tous les sens. Il était déjà blessé et un coup suffit à l’achever. La pauvre fille nous remercia chaleureusement et nous supplia d’aller nous débarrasser de la chose dans la rivière derrière l’auberge car elle se refusait à la toucher. Nous acceptâmes et en profitâmes pour inspecter rapidement les alentours. Dehors, la nuit était parfaitement calme, mais comme nous rebroussions chemin, nous aperçûmes une ombre furtive se faufilant sur le toit depuis une fenêtre de l’étage. C’était la chambre qu’occupaient les garçons. Eckhart lança un de ses sorts effrayants : des sortes de tentacules sortirent de nulle part et arrêtèrent la silhouette qui poussa une plainte animale. Je pris mon élan et je sautais sur le toit – je maîtrise de mieux en mieux la marche dans les airs… mon cher maître serait fier de voir de quelle façon j’ai progressé en seulement quelques mois. La créature se contorsionnait affreusement ; plus elle essayait de se libérer plus les tentacules resserraient leur étreinte. En approchant, mon sang se figea quand je reconnus un de ces infâmes skavens. Grâce à un dernier coup de rein, il faillit s’échapper, mais je lançai une boule de feu poussée par la colère que m’inspirent ces monstres. Il se recroquevilla en hurlant horriblement et mourut carbonisé en quelques secondes.
Dans la chambre des garçons, tout avait été fouillé et laissé sans dessus-dessous. Que pouvaient-ils bien chercher ? Le battant avait été purifié, mais peut-être ne l’avaient-ils pas senti, peut-être étaient-ils encore attirés par lui. Heureusement, le battant se trouvait dans la chambre que nous partagions avec Grunilda. Néanmoins, nous allions devoir redoubler de prudence.

Pour la suite de notre voyage, nous avions le choix entre reprendre la route ou bien utiliser une barge pour descendre la rivière Delb. Notre préférence se porta sur cette seconde solution. Elle nous permettait de ménager un peu nos montures tout en étant aussi rapide. Avouons également que nous avons pris goût à ce mode de déplacement moins fatigant et tellement plus tranquille. Enfin, il nous parut vraisemblable que les skavens hésiteraient à nous attaquer sur l’eau.
Nous avons trouvé de la place dans une grande péniche, piloté par un père et son fils répondant tous deux au nom de Yan. L’embarcation était chargée de bois et de peaux luxueuses du Hochland ; il y avait aussi quelques tonneaux de porc salé, du fameux vin de Delberz.
Le trajet dura environ deux semaines. Les deux Yan n’étaient pas très causant, mais travaillaient efficacement et le voyage fut somme toute assez agréable. Les jours ont sérieusement raccourcis et sur les rives, les grands bouleaux de la Drakwald ont commencé à se parer d’or. De temps en temps, des cris et des bruits suspects nous rappelaient la dangerosité de ces contrées, mais nous ne vîmes à aucun moment ces créatures effrayantes qui devaient peupler les rives. Nous passâmes devant quelques petits villages de pêcheurs, où des gamins trompaient l’ennui en nous faisant longuement signe. Nous ne croisâmes guère plus de monde, seulement quelques bateliers et une fois une troupe de la patrouille fluviale qui monta à bord pour inspecter le bateau. Ce fut le seul petit évènement notable qui ponctua notre périple et, encore, l’inspection se déroula sans problèmes, les soldats prirent même le temps de discuter cordialement. Ils partagèrent quelques nouvelles d’Altdorf. L’Empereur semblait sur la voie de la guérison, mais le bruit courrait qu’il lui faudrait encore du temps pour se remettre complètement. En attendant, son champion, le valeureux Schwarzhelm, veillait sur lui et empêchait quiconque de l’approcher. D’après les patrouilleurs, cela devait signifier qu’il avait peur des traîtres et le protégeait donc en conséquence. Ensuite, ils passèrent à des commérages plus légers : les rues de la capitale semblaient de moins en moins sûres, les forces de sécurité étant occupées par des sujets plus graves, de petits malfrats et quelques caïds en profitaient pour faire un peu la loi. Par ailleurs, beaucoup de nobles d’Altdorf étant partis avec l’armée de l’Empereur, de nombreuses dames se retrouvaient seules et désœuvrées, alors que la saison des bals venait de commencer. Cette idée allumait de petites étoiles lubriques dans leurs yeux et également dans ceux des deux Yan et même de nos compagnons masculins…

Enfin, avant-hier nous accostâmes au village de Krakendorf, à quelques lieues seulement de notre but. C’est une petite communauté de bateliers et de commerçants, avec de nombreux entrepôts et une unique et immense auberge de trois étages avec des colombages et un toit pentu en tuiles rouges. Une grande enceinte en pierre entoure les habitations, mais nous remarquâmes dès notre arrivée que s’y ouvrait une large brèche et que des ouvriers s’affairaient pour essayer de la combler avec une palissade de bois. L’enseigne portait la peinture de trois femmes et le nom de l’hostellerie « Les impératrices rouges ». Je crois qu’il s’agit d’une allusion à trois femmes qui prétendirent au trône et sont restées dans l’Histoire pour leur audace autant que pour leur cruauté. Mais je ne me souviens pas des détails…

Les chambres étaient meublées très sommairement et le repas fut particulièrement bourratif. La salle accueillait une foule de paysans du coin, de dockers et de voyageurs. L’atmosphère y était suffocante. Les conversations portaient sur l’évènement de la veille qui avait partiellement détruit le rempart. Une monstrueuse créature sortie de la Drakwald avait foncé sur le mur qui avait croulé au premier choc. Des miliciens se groupèrent pour tenter de la repousser et un immense éclair blanc tomba alors des cieux. Tous ceux qui se trouvaient là furent assommés et ceux qui étaient restés à proximité devinrent sourds et aveugles. Quand ils reprirent connaissance ou retrouvèrent l’usage de leurs sens, le monstre avait disparu. Ce qui était étonnant c’était que personne ne semblait s’accorder sur la description de cette créature : selon les uns elle avait une tête de taureau, selon les autres elle était dotée de six bras. Pour notre part, nous avions du mal à imaginer la puissance nécessaire pour réussir à abattre le mur d’un seul coup et nous spéculions sur l’existence réelle de cette … chose.
Nous en étions à discuter tranquillement de cette histoire, en essayant de faire passer le ragoût de haricots avec un affreux tord-boyaux, quand un homme au cou épais, portant une chemise trop petite pour cacher correctement son gros ventre, vint s’assoir à notre table. Il était chauve et arborait des tatouages de dockers. Nous lui demandâmes ce qu’il voulait, mais il nous répondit avec agressivité. Il nous lança quelques remarques désobligeantes, cherchant à nous provoquer. Au début, nous essayâmes de l’ignorer, mais il ne se découragea pas. Finalement, il renversa son verre sur Lars qui en retour se leva et lui asséna un grand coup de poing. L’autre ne moufta pas. La foule visiblement ravie, s’écarta pour laisser une petite zone libre. La rapidité du mouvement acheva de nous convaincre que c’était une habitude dans le coin. Lars et le docker commencèrent à en découdre, se rendant coups pour coups, sans qu’aucun ne prenne rapidement le dessus. Mais, très vite nous remarquâmes des amis du bagarreur qui s’apprêtait à intervenir en traitre. Grunilda et Klueber entrèrent alors dans la danse. Pour ma part, je réussis à dissuader quiconque de m’attaquer en faisant apparaître de petites flammes au bout de mes doigts. Sans surprise, personne n’alla chercher de noise à Eckhart qui resta assis à siroter son eau-de-vie pendant toute la scène.
Au bout de quelques minutes, jugeant certainement que les choses allaient s’envenimer, le propriétaire tira en l’air avec un vieux pistolet rouillé. Les hostilités cessèrent immédiatement. Le docker et ses compères disparurent aussi vite qu’ils étaient apparus. Lars avait une lèvre fendue et un beau coquard, Klueber avait l’arcade sourcilière ouverte et Grunilda était fraîche comme un gardon.

Nous convînmes qu’il était temps d’aller nous coucher. Nos chambres se trouvaient au second étage, et le couloir était plongé dans la pénombre. J’allumais un morceau de bougie et comme nous approchions silencieusement de nos chambres, nous remarquâmes que les portes étaient entrouvertes. Nous écoutâmes attentivement : des bruits et des murmures provenaient de l’intérieur de celles-ci. Nous continuâmes d’avancer discrètement et nous séparâmes en deux groupes de trois. Nous ouvrîmes les portes simultanément et avec fracas. Dans la chambre que j’occupais avec Grunilda se tenaient deux skavens : l’un d’apparence normale était armé d’une dague, il nous sauta dessus dès que la porte s’ouvrit et fut réceptionné par un grand coup de bouclier de notre naine. L’autre avait le poil blanc et portait plusieurs colliers et colifichets ; je le reconnus sans peine. Il s’agissait du skaven que nous avions poursuivi dans les égouts d’Averheim, le seul qui avait réussi à s’enfuir avec celui qui m’avait poignardé dans le dos. Cette immonde créature avait à ses pieds le coffre ouvert et tenait dans ses mains le battant qu’il en avait extrait. Il le jaugeait tranquillement sans nous prêter la moindre attention, je crus même le voir à un moment essayer de le mordre. Puis il le jeta par terre en criant d’une voix éraillée « Vous allez mourir, mourir, mourir ! Choses-hommes, hommes ! »
Jamais je n’aurais cru ces choses capables de parler notre langue. Je restais pantoise, mais très vite Lars me bouscula et se précipita sur lui. De la pièce d’à côté nous parvenaient des bruits de lutte. La bataille fut rude car ses bêtes se battaient comme des furies, mais ils étaient acculés car les fenêtres étaient fermées par de lourds volets, ils n’avaient aucun moyen de fuir. Le skaven blanc fut le dernier à mourir, il utilisait une magie corrompue dont la proximité me rendait malade. Mes yeux me démangeaient atrocement, un goût horrible se répandit dans ma bouche et descendit dans ma gorge en brûlant. J’eus beaucoup de mal à retrouver mes esprits et à riposter.
Le bruit attira les clients et les employés, mais comme les autres fois, les restes de ces créatures disparurent en quelques secondes après leur mort et personne ne les vit. Du coup, ces gens ne comprirent pas contre quoi nous venions de nous battre et je crois qu’ils nous ont pris pour des fous.
Inutile de dire que nous avons passé une bien mauvaise nuit et que c’est avec un grand plaisir que nous avons retrouvé la barge et les deux Yan, bien que ces derniers semblaient être devenus un peu méfiants envers nous.

Enfin, nous avons atteint Altdorf ce matin et nous nous sommes installés à la Brasserie de Bruno, dans la très agitée rue des Cent Tavernes. C’est de là que nous allons devoir partir à la recherche de Mauer, de Bauerfaust et de von Kaufman.

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Re: [CR] Warhammer V3->V2 - Balades en Reikland

Message par Lotin »

Premiers instants du groupe à Altdorf après leur trajet depuis Middenheim :
Spoiler:
JOURNAL DE H. VAN BAUMER
Altdorf, le 9 Erntezeit 2521

Quel plaisir de retrouver Altdorf, avec ses avenues et ses places pleines de vie, surtout la Rue des Cent Tavernes où nous nous sommes installés. On y croise toutes sortes de gens, des fêtards de tous bords aussi bien que des canailles : des musiciens, des artistes, des étudiants, des dockers remontant des quais au bout de la rue et surtout beaucoup, beaucoup d’ivrognes.
Mes compagnons ne connaissent guère la capitale, ils n’y étaient jamais venus avant notre passage il y a quelques semaines, et même là nous n’étions pas restés très longtemps. Alors, je joue les guides…
La Brasserie de Bruno où nous avons élu domicile est une taverne accueillante et bon marché, où chacun fait ce qu’il a à faire sans attirer l’attention. C’est parfait pour nous. Il y a beaucoup de passage et les ragots y sont échangés aussi vite que les choppes de bière. Les nouvelles du front sont plutôt rassurantes : le Reiksmarshal Kurt Helborg enchaîne les victoires et devrait bien finir par venir à bout des Norscs et des forces du Chaos, cependant le route sera encore longue. Mais évidemment, c’est toujours la santé de l’Empereur qui préoccupe le plus les gens. Selon les rumeurs, aucun médecin n’arrive à le remettre sur pied. Finalement on ne compte plus que sur la magie pour essayer de le sauver et on raconte que ce serait un mage lumineux qui le maintiendrait en vie depuis son retour. Certains ajoutent en ricanant que c’est certainement pour cela qu’il ne se remet pas…
C’est vraiment injuste : quoi que nous fassions, quel que soit notre dévouement envers l’Empire, quels que soient nos sacrifices, nous ne récoltons jamais que la méfiance et la haine. Je sais que je devrais être habituée, mais c’est plus difficile ces derniers temps.

Il ne nous fallut pas très longtemps non plus pour entendre parler de Baerfaust. Lui aussi se rend quotidiennement au chevet de l’Empereur ; depuis qu’il l’a défendu sur le champ de bataille, il ne le quitte plus. Cela risque d’être compliqué de rencontrer le Capitaine qui doit être très entouré. Dès ce matin, nous avons essayé de le localiser dans le district du palais et finalement nous avons appris qu’il logeait dans les baraquements de la Reiksguard, le long de Kaiserplatz. Il s’y était installé avec les joueurs d’épée de l’Averland qui avaient survécu à la bataille. Comme on pouvait s’y attendre, on ne nous a pas laissé le voir, mais nous avons pu lui laisser un message avec le nom de l’auberge où nous résidons.
Entre temps, nous cherchâmes également nos deux autres commanditaires : Mauer et von Kaufmann. Pour le premier, nous nous demandions depuis quelques temps si c’était lui le fameux mage lumineux qui avait sauvé l’Empereur, après tout, il aurait été logique qu’il accompagne Baerfaust et les soldats averlanders…
Ce fut pourtant le Graf que nous trouvâmes en premier. Il nous a suffi de chercher où la Compagnie de la Flèche Rouge avait pu s’installer dans la ville et pour cela nous sommes allés traîner du côté des coches des Quatre Saisons, ses concurrents les plus importants ici. Ainsi, nous pûmes apprendre que le Graf avait pris ses quartiers dans une antique tour ronde située à proximité du palais et où on peut louer des bureaux : la Tour du vieux Cheval. Quand nous nous y présentâmes, il accepta immédiatement de nous recevoir. Il occupait une pièce un peu petite et très encombrée du deuxième étage, toutefois, une belle vue sur le palais compensait l’exiguïté du lieu.
Le Graf avait les traits tirés et il me sembla un peu amaigri, mais il était visiblement ravi de nous revoir. Il nous expliqua qu’il passait ses journées à lire des rapports et à régler des problèmes de logistique : sa compagnie était pleinement engagée dans le ravitaillement des troupes et il devait sans cesse être sur le qui-vive. Il nous avoua qu’il avait hâte que la guerre se termine ; même s’il était heureux de pouvoir se mettre au service de l’Empire, cela lui coûtait beaucoup d’argent et ses employés étaient très exposés. Il nous parla également de Baerfaust et de Mauer, détaillant combien ils s’étaient montrés héroïques et comment ils avaient réussi à sauver notre Empereur. Nous avions donc raison pour Mauer ! Il ajouta que nous pourrions le rencontrer à la très sélect auberge du Repos de Laurel. Il nous dit également que la belle Gavin Clothilde von Alptraum était actuellement à Altdorf, comme tous les ans, pour la saison des bals. Enfin, nous lui racontâmes notre enquête à Middenheim et comment nous avions découvert que le traître à l’Empire était le bras droit de von Aschenbeck. Nous lui parlâmes également des rapports que nous avions trouvé en sa possession sur la Flèche Rouge. Il nous écouta avec intérêt et nous félicita pour notre perspicacité. Il ajouta toutefois que malgré tout nous ignorions toujours ce qu’il était advenu des marchandises disparues dans les convois attaqués, notamment de la poudre noire. Mais au fond, cela ne semblait pas affecter la guerre dans le nord : « Alors pourquoi s’inquiéter ? » conclut-il, en nous remerciant et en nous assurant de sa gratitude.

Nous retournâmes à l’auberge pour récupérer le battant afin de l’amener à Maître Mauer. Un des employés nous arrêta et nous remis un message de Baerfaust nous demandant de le retrouver en fin d’après-midi à la Reiksguard.

Le Repos de Laurel est un endroit vraiment insolite, probablement composé de plusieurs maisons accolées. Le résultat est une grande auberge labyrinthique dans laquelle nous errâmes un certain temps avant de trouver la suite occupée par le mage blanc. Il sembla sincèrement heureux de nous revoir. Il était installé dans deux grandes pièces très claires et luxueusement décorées. Toutefois, les piles de livres, les coffrets, les jarres et les fioles remplies de liquides mystérieux éparpillés un peu partout nous rappelèrent sans peine sa demeure d’Averheim. Il nous demanda immédiatement des nouvelles de son ami Robertus et du rituel de purification. Nous dûmes lui annoncer la triste nouvelle de la mort du professeur et il parut très affecté, se laissant tomber dans un grand fauteuil le visage soudain fermé. Nous lui détaillâmes le déroulement du rituel et lui remîmes le battant. Il le regarda avec une infinie tristesse, puis le rerangea dans son coffre métallique.
Nous essayâmes de détourner la conversation devenue pesante en lui demandant comment se portait l’Empereur. « Oh… je fais de mon mieux, nous dit-il, mais je pense qu’il devrait bénéficier des soins d’un vrai médecin. Hélas Schwarzelm ne laisse personne accéder à lui et il a exigé que je sois le seul m’en occuper. Enfin… Je ne crois pas que l’Empereur soit encore en danger maintenant ; avec beaucoup de repos, il devrait se remettre ». Il nous raconta comment s’était passé le sauvetage de l’Empereur après qu’il eut été frappé. Lui s’était précipité pour lui lancer un sort de protection et contrer la magie corrompue, mais c’était Baerfaust qui les avait vraiment sauvés en retenant les monstruosités du Chaos. Finalement, ils avaient été évacués grâce aux diligences de la Flèche Rouge. Maître Mauer se montra d’ailleurs dithyrambique à propos du Graf von Kaufman : les différents dont nous avions eu l’éclatante illustration lors de la présentation à la ménagerie d’Averheim semblaient bien lointaines maintenant.
Il conclut avec une voix tremblante qu’il était heureux d’avoir pu être utile à l’Empire et d’avoir joué son rôle dans la guerre, mais cette expérience n’était pas plaisante et il ne souhaitait guère s’étendre sur le sujet.
Il nous demanda ensuite si nous allions assister à la cérémonie de prière pour l’Empereur qui devait se tenir au temple de Sigmar le lendemain soir. Nous n’étions pas au courant et il nous expliqua alors qu’une grande prière commune devait être organisée pour hâter la guérison de l’Empereur : selon une théorie qu’il prit visiblement plaisir à nous détailler, une prière n’était qu’un effort focalisé de volonté et en fonction de son ampleur, elle pouvait avoir des effets bénéfiques sur la santé de notre cher souverain. Nous lui promîmes donc de nous rendre au temple ce jour-là pour prier avec tous les habitants de Altdorf. Je ne suis pas vraiment convaincue que cela soit efficace, mais au moins rien de mauvais ne devrait en sortir.

Il était temps d’aller retrouver Baerfaust. Quand nous nous présentâmes à la Reiksguard, c’est le lieutenant Arta Schaffer, le bras droit du capitaine qui nous accueillit. Nous l’avions croisée dans les jardins de l’Averburg ; elle ne me parut pas plus sympathique qu’alors.
Elle nous conduisit dans une grande pièce dépouillée, avec pour seul mobilier une table, une chaise et un lit au matelas si fin qu’il ne devait pas être beaucoup plus confortable qu’une simple paillasse posée au sol. Mais cet environnement spartiate correspondait bien à l’austère Baerfaust.
Il nous reçut sans effusion. Son armure était posée sur un chevalet dans un angle de la chambre et il était vêtu simplement avec une veste aux couleurs de l’Averland. Son visage trahissait une grande lassitude qu’il s’efforçait de cacher par une raideur extrême dans sa posture et tous ses gestes.
Il nous demanda très directement ce que nous avions appris d’Adèle à Middenheim. Nous avions longuement réfléchi à ce que nous allions lui dire à propos de la double vie de la répurgatrice et de son affiliation à une sombre secte du Chaos. Nous nous contentâmes donc de répéter au capitaine ce qu’elle nous avait dit sur l’expédition dans les terres du Sud et sur les soupçons qu’elle entretenait quant à l’identité de la Cagoule Noire. Selon elle, il s’agissait de quelqu’un de très influent à Averheim. Nous ajoutâmes qu’elle ne nous avait pas révélé si elle savait exactement qui il était, mais qu’elle nous avait fait part de ses doutes sur deux personnes en particulier. Baerfaust devient soudain très attentif et nous lâchâmes alors les noms du Graf von Kaufman et de Mauer le Lumineux en observant attentivement sa réaction. Le capitaine parut dépité.

- « C’est assez embêtant, à vrai dire, commença-t-il. Il y a encore quelques semaines j’aurais abondé dans ce sens mais je dois avouer que j’ai révisé mes à priori, tant sur l’un que sur l’autre. Ainsi, j’admets volontiers que je croyais que le Graf était un lâche comme tous ces aristocrates qui préfèrent rester au chaud pendant que de braves soldats risquent leurs vies. Mais il s’est montré d’une grande utilité depuis sur bureau et a résolu bon nombre de problèmes logistiques : l’approvisionnement des troupes a rarement été aussi rapide et efficace et il a acheminé également des prêtres de Shallya, des messagers… Finalement, c’est grâce à ses diligences que nous avons pu ramener l’Empereur à Altdorf. Quand à Mauer, ce n’est pas un soldat, mais il nous a suivi jusqu’au front, sans se plaindre. Il a servi dignement, avec ses propres talents et cela a permis de sauver l’Empereur. Je ne fais toujours pas confiance aux magiciens, ajouta-t-il en me lançant un regard appuyé, mais tant qu’ils agissent comme Mauer, je n’ai rien à redire. »

Nous essayâmes aussi subtilement que possible de lui dire que nous pensions qu’Adèle nous cachait une partie de ce qu’elle savait et qu’elle n’était peut-être pas si honnête qu’il n’y paraissait, mais il nous coupa immédiatement et sembla réellement offusqué. Il la connaissait depuis très longtemps, si elle ne nous disait pas tout, c’est qu’elle avait ses raisons. Nous comprîmes qu’il était inutile d’insister car nous n’avions malheureusement aucune preuve de sa trahison. Nous détournâmes la conversation comme avec Mauer en demandant des nouvelles de l’Empereur. Il se détendit légèrement. Il avait vu des blessures bien pires que celles qui affligeaient Karl-Franz, mais il s’agissait de magie et il ne se réveillait pas. Cela le dépassait. Il se sentait impuissant et inutile. Sur le champ de bataille, il était à sa place et il savait quoi faire, mais ici il se sentait impuissant et prisonnier de hordes de nobliaux et de bourgeois qui cherchaient à gagner ses faveurs. Il avait hâte de pouvoir rentrer à Averheim. Nous lui demandâmes ce qu’il pensait de la grande prière prévue le lendemain au temple de Sigmar. Il nous répondit qu’il doutait que cela puisse être efficace, mais on ne risquait rien à essayer… Il nous proposa de nous obtenir des invitations pour accéder au temple ; toutes de forces vives et de personnages importants ; bref, tous ceux qui comptaient dans la ville et même plus largement dans l’Empire seraient présents. Sans laisser-passer, nous devrions nous contenter de prier sur le parvis. Nous le remerciâmes pour sa proposition. Cette histoire de prière collective soulevait un léger mais mauvais pressentiment, Je ne saurais expliquer exactement pourquoi… mais nous sommes peut-être devenus paranoïaques, qu’y a-t-il à redouter ici, dans la capitale ?

Nous quittâmes le capitaine pour retourner à l’auberge. Ces visites ne nous avaient pas appris grand-chose et nos interlocuteurs paraissaient globalement plutôt confiants. Il reste pourtant tant de questions en suspens.
Le soleil déclinait déjà sur l’horizon et les ombres s’allongeaient démesurément. Nous approchions de la rue des Cent Tavernes et sa fête perpétuelle qui gagnait en intensité quand s’approchait le soir. C’est alors qu’une jeune femme nous accosta. Elle nous dit s’appeler Carolina et ne semblait pas menaçante tant elle était petite et menue ; un rapide coup d’œil nous permis de nous assurer qu’elle était seule. Elle avait un message à nous délivrer de la part d’un grand bonhomme qu’elle avait croisé et qu’elle assura ne pas connaître. Il lui avait dit qu’il espérait que nous allions bientôt trouver notre vieil amis d’Averheim. Nous serions également surpris d’apprendre qu’Arty était en ville. Arty était de mèche avec un homme qui aimait se cacher sous une capuche noire et il avait été vu dans la Rue des Cent Tavernes, pas très loin du Temple du Drama. Carolina hésita un instant puis poursuivit :
- Une dernière chose… Mais, euh… il ne faut pas mal le prendre, je ne fais que transmettre un message… il a dit que vous êtes une belle bande de fouines, mais vous devez faire attention à vous et ne tourner le dos à personne ;
- Vous a-t-il dit autre chose ?
- Non, c’est tout.
- Et vous ne le connaissez pas ? Vous ne l’aviez jamais vu ? demanda lentement Grunilda avec sa voix la plus grave.
Elle fit signe que non en remuant la tête. Elle ne semblait ni effrayée, ni en train de se moquer de nous. Elle était plutôt d’humeur joyeuse et avait probablement déjà commencé à boire un verre ou deux.
- Combien vous a-t-il donné ? finis-je par demander.
- Quelques … pistoles, répondit-elle en souriant ; de l’argent facilement gagné, c’est certainement cela qui la rendait aussi gaie.
- Est-ce que vous pourriez nous le décrire et nous dire exactement où vous l’avez vu ? interrogea Lars en fouillant ostensiblement dans sa bourse.
- Il était grand et costaud, avec des cheveux bruns, tout bouclés. On aurait dit un mouton, continua-t-elle en riant. C’était entre la Brasserie de Bruno et le Mattheus II.
Lars glissa quelques pièces dans sa main et elle nous salua en mimant un semblant de révérence avant de disparaître aussi vite qu’elle était venue, nous laissant hébétés par ces informations inattendues.
Qui pouvait bien nous connaître ici et nous offrir cette piste sur un homme de main de la Cagoule ? Et qu’est-ce qui se tramait ici ?

Nous étions fatigués par cette journée bien chargée et nous étions affamés. Nous décidâmes donc de rentrer à l’auberge et de réfléchir devant un bon repas et une bonne pinte. La Brasserie de Bruno était déjà bondée et l’ambiance battait son plein. Nous dûmes jouer des coudes pour atteindre le bar. Un spectacle était annoncé pour la soirée : le grand Oozelli, tout droit venu de Tilée, capable de faire de la musique sans instrument, juste avec son ventre. Tout un programme… Certains clients qui connaissaient déjà le spectacle s’en réjouissaient d’avance.
Malgré la foule qui se serrait à l’intérieur, nous aperçûmes peu de temps après notre arrivée, une dame voilée, accompagnée d’un grand garde du corps qui lui dégageait le chemin, sans ménagement pour les clients qui ne se poussaient pas assez vite. Deux servantes fermaient la marche. Le petit groupe se dirigea à l’arrière de la salle, où devait se trouver un salon privé. Au bout de quelques minutes, une des servantes réapparut et se dirigea vers nous. Nous la suivîmes dans le salon et vîmes avec un réel plaisir la Gavin Clothilde von Alptraum qui nous adressa son plus beau sourire. Je crus bien que les garçons allaient défaillir, même Eckhard que je n’aurais pas soupçonné d’être sensible au charme féminin pris soudainement quelques couleurs. La Gavin nous invita à nous asseoir et nous offrit un excellent Riesling de Pritzstock ; j’ignorais qu’on put boire un tel cru dans cette taverne !
Elle nous expliqua que c’était « notre ami commun » le Graf von Kaufman qui lui avait dit où nous trouver et elle avait un petit problème dont elle aurait aimé que nous nous occupions. Elle nous assura qu’elle s’adressait à nous car elle nous faisait entièrement confiance et nous promis une belle récompense de surcroit.
Elle nous expliqua tout d’abord qu’elle avait l’habitude de venir tous les ans à Altdorf pour la saison des bals ; toutefois, ce qu’elle appréciait le plus, bien avant toutes les mondanités, c’était assister aux pièces de théâtre. La programmation et la qualité des acteurs étaient ici bien meilleures qu’à Averheim ; c’était un vrai plaisir pour elle. Cette année, elle se faisait une joie de voir notamment le spectacle du Château de Cobweb au Temple du Drama. La première devait avoir lieu cet après-midi mais la représentation avait été reportée jusqu’à une date indéterminée. Elle était donc allée parler au directeur, un charmant tiléen, qui, après s’être confondu en excuses lui avait expliqué que plusieurs problèmes les avaient amenés à prendre cette décision et notamment à cause de certains accessoires qui avaient disparu. Elle nous répéta tout le bien qu’elle pensait de nous et qu’elle était certaine que nous pourrions sans mal résoudre ce mystère. Evidemment, les garçons s’empressèrent de lui dire que nous étions à son service… Oh, ça ne me dérange pas de toute façon, la Gavin est une femme exceptionnelle et moi aussi cela me fait plaisir de l’aider.
Elle nous remercia et repartit. Nous la vîmes traverser la taverne cachée sous son voile mais visiblement plus amusée qu’apeurée par les clients beuglards et les chansons à boire qui fusaient de ci, de là.
Quand nous regagnâmes la salle, l’ambiance était surchauffée, des jongleurs divertissaient les spectateurs. Nous aperçûmes dans un recoin une table occupée par un seul client. Nous lui demandâmes si nous pouvions nous asseoir en lui proposant de partager la bouteille de Riesling que nous avions emportée. Il nous fit signe en soupirant ; c’est alors que je vis qu’il s’agissait d’un elfe. Evidemment Grunilda prit un air renfrogné et s’installa le plus loin possible de lui. Au début, je me disais que décidemment cette vieille rancune entre les elfes et les nains était ridicule, mais finalement l’attitude de celui-là fut si épouvantable que je finis par penser que les nains avaient bien raison. Il refusa le vin, tant pis pour lui ! Nous essayâmes néanmoins d’engager la conversation par politesse mais il nous répondit sèchement qu’il était là pour se reposer et éventuellement se divertir un peu, mais certainement pas pour se faire des amis et entamer une discussion inepte. Nous n’insistâmes pas.
Nous n’étions pas très loin du bar et nous assistâmes à une scène tout à fait incongrue. Plusieurs serveurs s’affairaient autour d’un tonnelet de Pilsach de l’Averland. Ils semblaient avoir quelques difficultés à ouvrir le clapet situé à la base et quand enfin ils y parvinrent, au lieu de la bière brune c’est un fin filet de poudre noire qui s’écoula et remplit la choppe qu’ils tenaient en dessous. Cet évènement jeta un froid dans la salle. Nous intervînmes et aidâmes les serveurs à ramener délicatement le tonneau chargé de poudre. Dès que nous sortîmes les clients semblèrent soulagés et reprirent leurs conversations et leurs chants. Nous amenâmes le tonneau dans une remise aussi loin que possible de toute source de chaleur. En l’inspectant, nous remarquâmes que l’étiquette comportait une petite croix rouge dans un coin. Nous demandâmes aux employés s’ils avaient d’autres tonnelets comme celui-ci. Ils nous en montrèrent quatre mais aucun n’était signalé par une croix, et après vérification tous contenaient bien de la bière brune. Nous retournâmes donc dans la salle avec un des tonneaux et la bière s’en écoulant fut accueillie par de grands cris de joie. Le tavernier nous apprit que ce lot avait été livré par une filiale des Quatre Saisons qui se chargeait de l’importer de l’Averland.
Nous retournâmes nous asseoir en discutant de l’opportunité d’aller faire un tour à l’office principal de la compagnie de transport dès le lendemain.
L’elfe était toujours là et affichait toujours la même mine maussade. Les autres clients semblaient avoir oublié leur frayeur et c’est un tonnerre d’applaudissement qui accueillit le clou du spectacle, le grand Oozelli. Un petit homme avec une moustache cirée formant de grandes boucles monta sur scène ; il sortit de sa besace un étrange instrument en cuivre, ressemblant vaguement à une grande oreille et le colla sur son derrière. Un silence religieux emplit alors la salle et il entonna des airs populaires avec un rythme et une précisions extraordinaires. Nous éclatâmes de rire ; cela faisait des semaines que je ne m’étais pas autant amusée. En revanche, ce spectacle ne plut absolument pas à l’elfe qui au bout d’une minute à peine se leva et s’exclama à haute voix : « Est-ce donc ainsi que les porcs d’Altdorf se divertissent ? » et il sortit sous les huées de quelques dockers.
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EDGARRA
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Re: [CR] Warhammer V3->V2 - Balades en Reikland

Message par EDGARRA »

bonjour a toi

je suis et je me régale……) merci a toi
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Lotin
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Re: [CR] Warhammer V3->V2 - Balades en Reikland

Message par Lotin »

EDGARRA a écrit : mar. juin 06, 2017 7:00 pm bonjour a toi

je suis et je me régale……) merci a toi
Merci à toi pour le retour !! C'est toujours motivant de savoir qu'on a au moins quelques lecteurs.
abetorius
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Re: [CR] Warhammer V3->V2 - Balades en Reikland

Message par abetorius »

Hello,

Je viens de parcourir tes CR à partir de l'arrivée des pjs à Averheim. C'est passionnant, ça donne un éclairage de qualité sur les événements et ça suggère de très bonnes idées pour donner du corps à la campagne. Chapeau bas pour le travail accompli !
Pour ma part, j'en suis encore à la création des pjs (des pré-tirés à géométrie variable) et à quelques modifications de fond (la principale étant que j'essaie d'espacer les livres 1, 2 et 3 de plusieurs années chacun pour justifier la progression des pjs entre leurs différentes carrières).
Encore bravo et au plaisir de te relire (enfin "vous" relire, puisque tes joueurs participent activement à la rédaction des CR)
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Re: [CR] Warhammer V3->V2 - Balades en Reikland

Message par Lotin »

abetorius a écrit : jeu. juil. 06, 2017 7:17 am Hello,

Je viens de parcourir tes CR à partir de l'arrivée des pjs à Averheim. C'est passionnant, ça donne un éclairage de qualité sur les événements et ça suggère de très bonnes idées pour donner du corps à la campagne. Chapeau bas pour le travail accompli !
Pour ma part, j'en suis encore à la création des pjs (des pré-tirés à géométrie variable) et à quelques modifications de fond (la principale étant que j'essaie d'espacer les livres 1, 2 et 3 de plusieurs années chacun pour justifier la progression des pjs entre leurs différentes carrières).
Encore bravo et au plaisir de te relire (enfin "vous" relire, puisque tes joueurs participent activement à la rédaction des CR)
Merci pour ton retour, ça fait toujours plaisir à lire (je transmets à ma joueuse).

Espacer les actes est une bonne idée, j'en avais déjà parlé je sais plus sur quel sujet. Ca me semble une évidence pour certains aspects (je ne vois pas une telle conspiration fonctionner en aussi peu de temps). Si tu as le luxe de pouvoir le faire c'est pas mal et ça permettra d'en glisser des références dans plein d'autres scénarios (ce que j'avais amorcer avec le scénario maison qu'il faudrait que j'écrive à Grenszdat).
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Re: [CR] Warhammer V3->V2 - Balades en Reikland

Message par Lotin »

Et la suite, longue où les pièces du puzzle commencent à se mettre en place...
Attention, le récit qui suit dévoile des pans entiers de la fin de la campagne, si vous voulez la jouer, n'allez pas plus loin.
Spoiler:
JOURNAL DE H. VAN BAUMER
Altdorf, le 11 Erntezeit 2521

Hier, nous avons vu le dénouement de notre longue enquête. Cet épilogue s’est écrit dans le sang et la fureur.

Quelques heures de sommeil agité ne m’ont pas permis de récupérer de cette affreuse journée. Une abominable poussière s’accroche à mes vêtements, à mes cheveux et à mes poumons. J’ai un goût de métal et de cendre dans la bouche. J’ai du mal à respirer et je suis couverte du sang de trop de gens. Mes oreilles bourdonnent encore. Mes mains tremblent, sans que je puisse les contrôler. J’ai de nombreuses coupures et des bleus, pourtant je ne m’en sors pas trop mal. Mes compagnons ont aussi souffert. Grunilda et Lars sont soignés au temple de Shallya avec des centaines d’autres blessés.

Mais reprenons au commencement. Hier matin, déjà, le réveil fut un peu difficile. En ouvrant la fenêtre, je vis un épais brouillard jaunâtre qui avait envahi la ville en glissant le long des rues depuis le Reik. Je connais bien cette atmosphère automnale où tout est vaporeux et incertain. C’est tellement fréquent ici. J’avais l’impression d’avoir vécu des centaines de jours comme celui-ci. Cela me rend mélancolique d’être revenue à Altdorf. Je suis chez moi ici, bien plus qu’à Nuln, et chaque coin de rue me renvoie un souvenir. J’ai l’impression que le fantôme de mon maître me poursuit partout. Pourtant ces jours passés sont tellement loin aujourd’hui…

Lorsque nous descendîmes, l’aubergiste nous livra deux lettres : l’une portait le sceau de Baerfaust et contenait des invitations pour la grande prière au temple de Sigmar. La seconde était en revanche bien énigmatique. Elle était adressée à Lars, mais n’était pas signée. Voici ce qu’elle disait :

« Mes chères petites fouines,

Cela pourrait vous être utile de savoir que votre vieil ami Frederick Grosz se trouve en ville en ce moment. Il séjourne apparemment à la taverne de la Chauve-Souris Noire. Vous souhaiteriez peut-être rattraper le temps perdu à Averheim et discuter des petits boulots qu’il a fait pour l’homme à la capuche. Je crois qu’il envisage de faire du mal à un pauvre elfe sur un bateau accosté aux docks. D’habitude, je ne me soucie guère de ces snobinards aux oreilles pointues, mais ce qu’il va lui faire ne sera pas agréable. En fait, cela filerait la honte à un Bretonnien !

Pas besoin de me remercier, ni de savoir qui je suis »

L’écriture était abominable et les fautes piquaient les yeux. Et bien entendu, personne ne se rappelait qui avait livré ce message.
Ce retour-surprise du racketteur qui nous avait échappé à Averheim et surtout de notre vieil ami, la Cagoule Noire, était aussi inattendu qu’inquiétant et cette piste qui tombait du ciel semblait trop belle pour être vraie.

La journée s’annonçait aussi chargée que la veille. Nous préférâmes toutefois ne pas changer nos plans et comme nous en avions convenu la vielle, nous commençâmes par nous renseigner sur le tonnelet de poudre noire. Le point de départ était la filiale de la compagnie des Quatre Saisons qui se trouvait un peu plus bas dans la rue des Cent Tavernes. Il ne nous fallut pas longtemps pour être reçus par un responsable, une petite menace de scandale suffit à nous ouvrir les portes. Livrer des tonneaux de poudre dans des tavernes bondées n’est pas le genre de chose dont on aime se vanter. Nous eûmes donc accès à une liste de livraison des tonneaux de Pilsach de l’Averland.
Cinq avaient été livrés à la Brasserie de Bruno ; un seul était rempli de poudre, nous avions déjà pu le vérifier. Cinq autres avaient été apportés à la Taverne du Loup Borgne, vingt-cinq à la Taverne du Marteau de Sigmar, dix au Mattheus II, cinq à la Sirène et enfin trente au Temple du Drama.

Comme nous étions tout près des docks, cela nous sembla une bonne idée d’y faire un tour pour essayer d’éclaircir cette histoire d’elfe. Nous avons été plutôt bien inspirés, pour une fois.
Nous essayâmes d’abord d’aller poser quelques questions à la capitainerie, mais les gardes ne nous apprirent rien : aucune bagarre, aucune histoire ne leur avait été signalée incluant un elfe. Nous remontâmes donc lentement les quais, observant au milieu de l’agitation tout ce qui aurait pu paraître un peu suspect. Au bout d’un moment, nous remarquâmes le petit manège d’un docker, faisant les cent pas devant plusieurs péniches amarrées ; il restait impassible devant les allées et venues, chassant avec véhémence ceux qui s’approchaient trop près. Il semblait bien monter la garde. Ses tatouages montraient qu’il appartenait au gang des Poissons ; notre séjour à Averheim nous a appris à reconnaitre ce genre de choses… Après quelques hésitations, nous l’accostâmes et nous eûmes une chance assez extraordinaire : certainement leurré par notre allure et nos armes, il nous pris pour des complices et nous demanda à voix basse si nous venions pour l’elfe. Evidemment, nous nous sommes empressés de répondre oui. Alors il nous a dit d’aller retrouver Karl à l’auberge des Sept Etoiles.
Cet établissement est un endroit plutôt sélect, je le connais car j’y avais accompagné mon maître. Il me semble que cela fait une éternité, pourtant cela ne remonte à peine à plus d’un an. Nous devions y retrouver Sasha, son premier élève, qui est aujourd’hui conseiller ou garde du corps – je ne sais pas exactement, peut-être les deux à la fois – auprès d’une des grandes maisons de Marienburg. Maître Werner était très fier de lui. Il m’avait laissé venir pour me récompenser, parce que j’avais enfin réussi à maîtriser la tornade protectrice d’Aqshy. Sasha m’avait raconté ses débuts catastrophiques comme apprenti. Comme nous avions ri, ce jour-là ! Je l’avais tout de suite beaucoup apprécié. Nous nous étions revus lors de la dernière mission que j’ai accomplie avec Maître Werner, à la grande cité portuaire justement. Il nous avait amené sur une plage cachée au milieu des rochers. Nous avions allumé un grand feu, car même s’il fait généralement plus doux là-bas, c’était encore l’hiver et nous avions un peu froid. Nous avions fait griller du poisson et bu de bonnes bouteilles. C’était la première fois que je voyais la mer. C’était magnifique ! Nous avions regardé le soleil fondre dans les flots, puis Mannslieb et les étoiles avaient fait leur apparition dans le ciel. Ensuite, notre maître nous avait laissés seuls… Cher Sasha ! Cela fait des mois que je n’ai pas repensé à ça. J’ignore s’il a été réquisitionné et s’il est parti combattre. Je ne sais pas s’il est même au courant de la disparition de notre maître, ni même d’ailleurs s’il est lui-même toujours en vie…
Enfin, je me souviens très bien de la taverne des Sept Etoiles : c’était un lieu étonnamment propre et extraordinairement calme, de plus, nous y avions fort bien mangé. Je savais que nous ne pourrions pas rentrer facilement, vu notre accoutrement. Et effectivement, sur place, il fallut consentir dès l’entrée à offrir un généreux pourboire ; une rallonge fut nécessaire pour que le majordome nous indique la table de « Karl » précisant avec un air hautain que « Monsieur Meisl » avait prévenu qu’il attendait des invités. Il nous conduisit dans un petit salon privatif, aux fauteuils très confortables.
Le fameux Karl se montra immédiatement plus méfiant que son complice des docks, sans doute un peu plus malin aussi. Mais nous prîmes soin de nous installer devant la porte pour l’empêcher de fuir. Ne sachant pas exactement à qui nous avions réellement à faire, nous essayâmes de détourner son attention en parlant d’Averheim. Mais cela ne sembla pas fonctionner, alors nous lui posâmes plus directement des questions sur ses liens avec Grosz et la Cagoule. Nous pensions avoir pris assez de précautions, mais il réussit à bousculer Lars et à s’enfuir. La cavalcade dans la taverne nous valut des injures outrées des serveurs et la poursuite continua dans la rue, au milieu des nombreux passants. Il fallait le rattraper avant qu’il n’atteigne les quais où il pourrait certainement trouver de l’aide auprès des dockers. Il était rapide, mais Eckhart, avec ses grandes jambes, l’est encore plus. Une fois rejoint, nous l’avons entraîné dans une ruelle déserte. Nous ne lui laissâmes pas le temps de reprendre son souffle et Grunilda mena l’interrogatoire avec sa férocité habituelle. L’homme n’était pas très courageux et il céda très vite, nous avouant être Frederick Grosz. Il travaillait pour la Cagoule Noire depuis plusieurs mois, d’abord à Averheim puis ici à Altdorf. En revanche, il ne l’avait jamais rencontré et ne connaissait pas son identité. La Cagoule selon lui ne se trouvait pas en ville, mais un de ses lieutenants séjournait à la taverne du Marteau Sacré de Sigmar. Sa mission à lui avait consisté à escorter les tonneaux de poudre depuis l’Averland, cachés parmi des tonneaux de vin, mais il ignorait à quoi ils devaient servir. Quant à l’elfe, il était retenu sur une barge, l’Esprit sans Repos, et ses complices les dockers avaient pour ordre de le conduire à Carroburg dès la fin de la matinée.
Après l’avoir fait parler se posa la question de ce que nous allions faire de lui. Nous écartâmes assez rapidement l’idée radicale de Grunilda : nous étions en plein jour et tuer un homme désarmé n’est pas vraiment dans nos habitudes. Le remettre à la garde de la ville ? D’une part, il allait falloir expliquer toute l’histoire, en espérant que ces soudards nous prennent au sérieux. D’autre part, je sais bien à quel point les soldats de la garde de la ville sont facilement corruptibles, tous les étudiants et tous les apprentis sorciers le savent, comme tous les délinquants et criminels plus dangereux ; leur livrer Grosz, c’était courir le risque de le recroiser en ville dans quelques heures à peine. Il nous apparut que le seul qui pouvait nous aider dans la circonstance était le Capitaine Baerfaust. Nous assommâmes Grosz et le cachâmes dans un baril à moitié défoncé qui traînait par là. Ainsi nous pûmes le transporter à travers la ville, jusqu’à la Kaiserplatz. Le Capitaine était au Palais, mais nous pûmes facilement rencontrer un de ses aides de camp et lui confier notre prisonnier.

Ensuite nous repartîmes vers les docks pour chercher l’elfe avant qu’il ne soit trop tard. Ce ne fut pas très difficile de trouver la barge. Elle était toute proche de l’endroit où nous avions croisé le premier docker, mais celui-ci avait disparu. En revanche, deux marins jouaient aux cartes assis sur le pont, tandis qu’un autre les regardait en fumant, tranquillement adossé à l’encadrement de porte de la cabine. Tous portaient des lames à la ceinture.
Grâce à l’effet de surprise et à quelques sorts et projectile, ils purent être rapidement neutralisés. A l’extérieur, un fut tué et les deux autres réussirent à s’enfuir ; à l’intérieur, l’elfe était ligoté sur une chaise. Des ecchymoses et du sang séché dans ses cheveux montraient qu’il avait dû recevoir une belle dérouillée. Un dernier marin essaya de nous barrer la route mais nous n’eûmes aucun mal à nous débarrasser de lui. Loin de nous remercier l’elfe se montra particulièrement hargneux quand nous le libérâmes. Nous reconnûmes l’elfe que nous avions croisé la veille à la Brasserie de Bruno et qui avait été si choqué par le spectacle du pétomane. Malgré son manque de reconnaissance, qui ne nous étonna qu’à moitié nous obtînmes au moins qu’il nous explique pourquoi la Cagoule en avait après lui. Il accepta de nous accompagner à la Brasserie et après avoir avalé un verre d’eau-de-vie et grignoté du bout des lèvres un crouton de pain avec du fromage, il finit par nous raconter de mauvaise grâce son histoire. Il s’appelait Eothlir. Il avait vogué depuis les côtes sacrées d’Ulthuan pour venir à la recherche du Graf von Kaufmann. Celui-ci, en organisant son expédition et en permettant que des objets en malepierre soit ramené des contrées australes avait grandement bouleversé les équilibres du monde. Eothlir avait été envoyé avec la mission de retrouver cette malepierre et de la ramener en Ulthuan où des archimages se chargerait d’entraver ses effets néfastes. Nous lui expliquâmes que ces objets n’étaient plus en possession du Graf et qu’ils avaient été transformés en battant de cloche par des Skavens. Il nous observa avec un mélange de stupeur et de mépris.

- Races idiotes ! éructa-t-il, comment avez-vous pu laisser faire ça ?
- Mais nous les avons arrêtés, rugit Grunilda, et nous avons récupéré le battant. En plus, ce n’est plus un danger, il a été purifié.
- Vous êtes vraiment trop bêtes ! répondit-il, sa voix tremblait de colère. Rien ne peut lutter contre le poison et la corruption de la malepierre. Aucun sort, aucun rite. Même les Maîtres du Savoir de la Tour Blanche n’y sont jamais arrivés !

Seuls Eckhart et moi, en bons mages, comprîmes de quoi il parlait. Dans nos formations, il y a toujours des cours théoriques où il était question de la magie pratiquée par les Hauts-Elfes. Quand j’ai entendu les professeurs en parler pour la première fois, mes camarades et moi avions l’impression qu’il s’agissait d’histoires inventées pour nous faire peur ou de légendes. La Tour Blanche de Hoeth et Saphery, le royaume des archimages, tout cela semblait tellement irréel… Eothlir lui connaissait visiblement tout ça.

- Vous êtes sérieux ? demandais-je. Le battant a été purifié dans la flamme éternelle du temple d’Ulric. C’est un feu sacré, un don du dieu lui-même. Nous l’avons vu de nos propres yeux, il a changé de couleur…

L’elfe hésita un court instant, semblant réfléchir à ce que je venais de lui révéler. Puis il secoua lentement la tête.

- Non, je vous répète que c’est impossible. C’est une manifestation d’un mal beaucoup trop puissant. Dites-moi où est ce battant, je dois l’emporter, c’est la seule chose à faire.

Nous lui dîmes qu’il était sous la garde d’un mage lumineux et lui expliquâmes où il pourrait le trouver. Maître Mauer déciderait par lui-même de ce qu’il convenait de faire.

Nous laissâmes là l’elfe qui nous salua à peine. Il était temps de reprendre nos enquêtes. Une visite au temple du Drama nous semblait l’idée la plus judicieuse. Il nous faudrait y vérifier les tonneaux de vin qui avaient été livrés et nous pourrions chercher les accessoires disparus dont nous avait parlé la Gavin Clothilde.

Comme la plupart des théâtres, le Temple du Drama se trouve sur la Königplatz, au bout de la Rue des Cent Tavernes. C’est une salle plutôt modeste mais qui bénéficie en général d’une excellente programmation ; il est réputé notamment pour la liberté de ton et le réalisme de ses pièces, qu’il s’agisse de comédies cyniques ou de mélodrames sinistres. J’y suis déjà venue plusieurs fois avec mon frère Eckhart lors de ses visites à Altdorf. Il adorait cet endroit. Comme il va être déçu quand je lui raconterais tout ça !
C’était presque la fin de la matinée quand nous arrivâmes devant la vieille façade de briques rouges, avec ses grands masques dorés et argentés qui me rappelèrent ces bons souvenirs. Je me suis vraiment sentie mélancolique une grande partie de la journée ! Certainement l’effet de ce brouillard nauséabond…
Près de l’entrée une ardoise annonçait la couleur : « La compagnie miraculeuse de Miragliano est fière de vous présenter un mélodrame à vous faire frissonner : le Château de Cobweb, l’éventration de Didrick ».
En entrant, nous annoncâmes venir de la part de Clothilde von Alptraum, cela nous ouvrit toutes les portes. Le directeur de la troupe, Fillipi Remastri, nous reçut en personne. C’était un bedonnant Tilléen d’une quarantaine d’années, portant des vêtements très colorés. Il nous expliqua que « l’accessoire » disparu était en fait une araignée géante !

- Oh une toute petite ! A peine cinq pieds de long ! Mais ces bêtes n’ont pas leur pareil pour tisser de belles toiles, bien épaisses, l’idéal pour notre décor de château, ainsi il est très réaliste. Alors nous avons vraiment besoin d’elle, c’est notre réputation qui est engagée.
- Et donc votre araignée a disparu…
- Euh… oui. Hier, nous avons trouvé sa caisse vide. C’est Leonardo, notre régisseur qui s’occupe d’elle et qui a donné l’alerte. Il l’avait faite sortir le matin, comme tous les jours, pour qu’elle aille faire ses toiles sur le décor. Tout s’était passé normalement, ensuite il l’avait aiguillonnée pour qu’elle retourne dans sa caisse. Il l’a attachée et a verrouillé la boîte. Un peu plus tard, il est revenu avec sa ration quotidienne de viande de porc et il a trouvé la caisse éventrée et vide.
- C’est elle qui a pu faire ça, s’exclama l’un d’entre nous. Est-ce qu’elle a pu sortir du théâtre ?
- Non, non … nous le saurions forcément, maintenant. Et puis notre araignée est un peu domestiquée… Elle n’a jamais fait preuve d’une grande agressivité… Cependant, nous avons annulé les représentations parce que vous comprenez bien que si des spectateurs tombent sur elle, cela risque de les effrayer un peu.
- Un peu… oui…
- Mais il y a plus grave.
- Ah ! et quoi donc ?
- Ce matin c’est notre acteur principal, Nikolai di Fortessi, qui est introuvable.
- Comment ça ? il a disparu ? il avait prévu de partir ?
- Non, non… c’est un acteur très talentueux et un des piliers de la troupe. Il tient le rôle principal dans notre pièce, celui de Didrick. Il n’avait aucune raison de nous quitter.
- Quand a-t-il été vu pour la dernière fois ?
- Hier soir, je crois. Nous cherchions tous l’araignée et du coup nous n’étions pas ensemble.

Il nous amena ensuite rencontrer le reste de la troupe. Tous les acteurs étaient Tilléens. Il y avait tout d’abord Carlo Spinezzi, la doublure de Nikolai, puis Gio, Lorenzo, Mariella, Ofelia, Pietro et Sandro. Tous avaient l’air très préoccupés. Mariella avait les yeux gonflés probablement d’avoir pleuré. Seul Carlo semblait en forme ; il répétait son texte avec fougue, mais assez peu de talent de mon point de vue. Ofelia lui donnait mollement la réplique et paraissait très contrariée. Ils nous répétèrent comme Fillipi qu’ils n’avaient pas vu Nikolai depuis la veille au soir, mais qu’il ne serait pas parti sans prévenir personne. C’était un bon acteur et il était heureux dans la troupe.
Nous demandâmes si nous pouvions fouiller sa chambre. C’était une petite pièce qui servait aussi de loge. Au centre, trônait un grand miroir avec devant une table où était disposé un nécessaire de maquillage. Il y avait aussi quelques pages qui traînaient là, des extraits de la pièce. Dans un coin, un sac de couchage était roulé en boule et sur l’un des murs s’ouvrait un grand placard où étaient pendus de nombreux costumes. En approchant, nous remarquâmes d’étranges filaments blanchâtres et cotonneux, de la toile d’araignée. Nous pensâmes avoir trouvé la cachette de la fugitive, mais hélas nous fîmes une découverte bien plus macabre. En tirant sur la toile nous sortîmes une sorte de cocon assez lourd et allongé. En l’ouvrant, un corps livide apparu. Eckhart examina le corps avec soin. Il y avait des traces de blessure sur l’épaule, de petits trous assez espacés. Pour la plupart d’entre nous il était évident qu’il s’agissait de l’œuvre de l’araignée géante. Mais notre mage améthyste semblait plus dubitatif. Les blessures lui paraissaient trop profondes et trop nettes ; pour lui cela correspondait plus à des coups portés avec une lame très fine. On avait donc assassiné Nikolai et pour se couvrir le meurtrier avait libéré l’araignée qui était un coupable idéal.
Nous regroupâmes tous les acteurs dans la salle de spectacle avec le reste du personnel du théâtre. Il s’agissait de trois personnes de plus. Tout d’abord, Jacob Ayrer, le comptable du théâtre, un homme rougeaud qui semblait plus inquiet de l’absence de recette que de la mort de Nikolai. Ensuite, il y avait Jochen le guichetier et Nina qui s’occupait du bar aux entractes. Nous laissâmes tous ce petit monde sous la garde de Grunilda et Klueber. Pendant ce temps Lars, Eckhart et moi partîmes inspecter la cage de l’araignée. C’est Leonardo qui nous conduisit dans une vielle réserve où était entassés de nombreux accessoire. Il y avait aussi des panneaux peints représentant un château et couvert de lambeaux de toiles. La boite de l’araignée était une grande caisse en bois avec de nombreux trous d’aération pour lui permettre de respirer. Un des côtés de la boîte gisait au sol. Nous l’observâmes minutieusement. Les clous avaient été arrachés, probablement parce que la bête avait poussé de l’intérieur. Toutefois, nous pûmes remarquer à l’extérieur des traces dans le bois autour des clous comme si on avait fait levier avec un outil pour les déchausser. L’araignée avait visiblement reçu un petit coup de main pour s’échapper. Au fond de la pièce nous aperçûmes une porte fermée avec des tas de vieux accessoires devant qui obstruaient le passage. Quand nous le questionnâmes, Léonardo nous répondit qu’il s’agissait d’une vielle réserve que l’on n’utilisait plus. En tous cas, lui n’y allait pas. Comme je m’approchais je notais des traces dans la poussière au sol. Les objets qui encombraient l’accès avaient été déplacés récemment. Lars et Eckhart vinrent m’aider à tout bouger et nous entrâmes avec le régisseur dans une petite pièce sombre et en désordre. Il y avait là, pêle-mêle, des livres, de vielles affiches, des caisses en bois débordant de papiers, une grande garde-robe débordant de costumes poussiéreux, une viole de gambe cassée, un rouleau de corde et trois petits tonneaux sales. Les étiquettes étaient en partie arrachées. Mais nous les reconnurent sans peine et elles étaient marquées d’une petite croix rouge. Je fis éloigner les lampes que nous utilisions ; je n’en ai pas besoin pour voir dans le noir. Je tentais de les remuer : ils étaient bien lourds et ne produisirent aucun bruit de liquide. Je fis sauter un couvercle et comme je m’y attendais le tonneau était rempli de poudre noire. Leonardo pris peur quand je le dis et sa réaction soudaine montrait bien sa surprise ; s’il était vraiment impliqué, il était temps pour lui de changer de métier et de monter sur les planche car c’était un excellent acteur. Comme nous allions ressortir, nous entendîmes du bruit au fond de la pièce. Il y avait encore une autre porte, entrouverte. Un vieux bureau nous dit Leonardo. En entrant, nous entendîmes un bruit sourd de frottement et nous distinguâmes une masse sombre qui bougeait lentement au sol. C’était l’araignée ! A moitié entravée, elle arrivait cependant à se trainer avec quatre de ses pattes. Leonardo en oublia la poudre et se mit à sauter de joie. Il se précipita dans la réserve d’accessoires et revient avec des cordes, l’aiguillon et un plat de viande crue et un peu puante. L’araignée flaira la nourriture et commença à avancer vers le régisseur ; pour ma part, je n’étais pas rassurée, cette chose était véritablement monstrueuse. Il lui passa une corde au tour du cou et desserra ses entraves. Puis, en semant de petits morceaux de viande au sol, il la conduisit jusqu’à sa boite. Où il l’attacha en lui donnant toujours à manger pour qu’elle se tienne tranquille. La bête se montra finalement assez docile. Un fois dans la boite, nous remîmes en place le panneau de bois et nous le reclouâmes soigneusement.
Cette affaire étant réglée, il nous restait à trouver qui avait tué Nikolai et qui avait introduit les tonneaux de poudre.
Nous passâmes donc aux interrogatoires.
Filippi était totalement catastrophé. Il marmonnait en Tilléen ce qui m’apparut comme des prières car je reconnus les noms de Verena et Myrmidia. La nouvelle du retour de l’araignée le ragaillardit un peu. Nous l’amenâmes à l’écart pour discuter plus librement.

- Quelqu’un avait-il des problèmes avec Nikolai ?
- Non, c’était un excellent comédien et un bon vivant. Tout le monde l’adorait, surtout les femmes… il faut dire qu’il était très bel homme.
- Des maris ou des fiancés jaloux ?
- Non, il jouait de ses charmes pour attirer les spectatrices, mais il savait où s’arrêter et il n’était pas volage. Il était fiancé avec Mariella et ils comptaient se marier lors de notre prochain séjour à Miragliano.
- Pourtant quelqu’un devait bien en avoir après lui… Qui avait un intérêt à sa disparition ?
- Enfin, personne ! A moins que…, hésita-t-il.
- Oui ?
- Carlo devait remplacer Nikolai sur scène s’il avait un problème. Carlo est un acteur correct, mais il a nettement moins de talent que Nikolai. Il a aussi mauvais caractère… Mais de là à tuer Nikolai…
- Très bien… Autre chose, savez-vous qui s’occupe du ravitaillement en vin du théâtre ?
- Pardon ? le vin ? répéta-t-il l’air médusé. Non… je ne sais pas. Jacob ou Nina, je suppose. On ne sert pas du très bon vin au théâtre, mais les gens ne viennent pas pour ça, n’est-ce pas ? Moi, je suis difficile, je n’aime que les vins de Tillée.

Nous entreprîmes de fouiller la chambre de Carlo. Elle ressemblait beaucoup à celle de Nikolai et renfermait plus ou moins les mêmes meubles, costumes et accessoires de maquillage. Sur la table, au milieu des crèmes et des fards, se trouvaient une pince et un de ces marteaux recourbés d’un côté pour arracher les clous. Dans un coin, nous dénichâmes un sac à dos contenant de la nourriture, deux fioles avec un liquide assez épais et vert pâle, une clef et un stylet effilé. Enfin, près de la paillasse se trouvait une planche de bois avec un petit couteau fixé au bout qu’il avait dû utiliser pour faire sortir l’araignée.

Nous essayâmes de l’interroger à son tour. Il parlait assez mal le reikspeil et avec un fort accent, qu’il n’avait absolument pas plus tôt lorsqu’il répétait son texte. Nous l’amenâmes dans sa chambre. Quand nous l’accusâmes, il nia avec virulence. Il refusa de reconnaître le sac, les fioles, la planche avec le couteau. Nous lui parlâmes de Nikolai, insistant sur ses qualités d’acteur, sa relation exemplaire avec Mariella. Très vite, ces compliments l’agacèrent et il s’emporta, disant qu’il était un bien meilleur acteur, que Nikolai était juste un peu plus beau que lui mais que cela ne le rendait pas plus talentueux. Quant à Mariella, c’était une idiote. Alors pourquoi il ne quittait pas simplement la troupe, s’il n’y était pas heureux ? Ce n’était pas facile de trouver du travail pour un acteur et la compagnie miraculeuse de Miragliano était plutôt réputée. Non, il ne souhaitait pas partir, il voulait juste qu’on lui laisse aussi sa chance. En insistant encore, et en le rabaissant systématiquement face à Nikolai, nous réussîmes à le faire sortir de ses gonds et il finit par avouer le crime. Il sembla même soulagé par cet aveu et pensait bien qu’il ne s’en sortirait pas de toute façon, mais il espérait au moins être la vedette d’une soirée.
Il était temps de faire appel aux autorités et de signaler aussi ces tonneaux. Eckhart et Klueber partirent prévenir Baerfaust, s’il y avait d’autres tonneaux dispersés un peu partout dans la rue, on risquait une véritable catastrophe. En bonne fille de Nuln, je sais qu’on ne joue pas avec la poudre… Il fallait vérifier tous les établissements où le vin avait été livrés et nous ne pourrions pas y arriver seuls.
Nous avions attaché Carlo et nous l’avions enfermé dans une des loges. Nous avons raconté à Filippi ce qu’il fait et ses aveux. Celui-ci devint alors très sombre : « c’est à nous de régler ça, commença-t-il. Carlo est l’un des nôtres et il a tué l’un des nôtres. Je n’ai pas de problèmes avec la justice de l’Empire mais laissez nous nous en occuper s’il vous plait. Il paiera pour ça et pour l’araignée aussi ». Au ton de sa voix, nous ne pouvions en douter.

Il ne nous restait plus qu’à découvrir qui avait introduit les tonneaux dans le théâtre. Ils avaient été sciemment camouflés et remisés dans une pièce où personne ne risquait de les trouver. Il y avait donc forcément un ou plusieurs complices de la Cagoule ici. Nous écartâmes les membres de la troupe au moins dans un premier temps il nous parut plus logique d’interroger les employés permanent du théâtre.
Nous commençâmes par nous occuper du trésorier, Jacob Ayrer. Il se montra assez peu coopératif, disant que maintenant que les problèmes de la troupe étaient réglés, ils allaient pouvoir rouvrir la salle. C’était sa priorité. Il se mit même en colère quand nous insistâmes. « Pourquoi me posez-vous des questions sur le vin ? ce n’est pas important, j’ai mieux à faire ! »
Finalement, Grunilda éleva un peu la voix et il se calma rapidement. Il accepta de nous montrer ses livres de compte où apparaissait la livraison de vin de de Pilsach. Il y avait 30 tonneaux au départ. Deux avaient déjà étaient revendus, cela apparaissait sur les comptes : un à des clochards du coin et un autre à la Brasserie de Bruno qui avait peur de manquer à cause de la foule qu’attirait le spectacle du grand Oozelli. Il nous accompagna dans le cellier. Nous comptâmes les barils. Il y en avait 24, aucun ne portait de croix rouges et tous était remplis de liquide.
- Où sont les quatre autres ? demanda Lars.
- Euh… et bien c’est bizarre. Il n’y a pas eu de spectacle donc ils n’ont pas pu être bus. Il remonta vers le bar. Ah ! là, il y en a un d’entamé !
- Donc il en manque encore trois…
- Eh bien oui… Vous… Vous croyez que l’araignée… commença-t-il en écarquillant de grands yeux incrédules.
Je faillis vraiment éclater de rire. Sa tête était vraiment trop drôle. Seul Lars trouva la force de répondre qu’il y avait peu de chance que cela entre dans le régime alimentaire de ces bêtes.
- Y a-t-il un autre endroit où vous entreposez le vin ?
- Non ! voyons ! c’est ici que c’est le plus pratique.
Alors nous le conduisîmes jusqu’à la vieille réserve. Avant de rentrer j’allumais une grande torche. Il ne réagit pas. Je pénétrai dans la pièce en prenant bien soin de partir directement à l’opposé des tonneaux. Il me suivit sans sourciller, tandis que Lars et Grunilda restaient sur le seuil.
- Là ! dis-je, en montrant les tonneaux dans la pénombre à l’autre bout de la pièce.
- Mais oui ! continua-t-il en se précipitant. Mais qui a eu l’idée stupide de les mettre ici !
- Voulez-vous de la lumière ?
- Oui passez-moi la torche !
Ce petit jeu avait assez duré. Personne n’est aussi téméraire.
- Euh non. Ce n’est pas très prudent, dis-je en reculant encore, car je n’étais quand même pas très à l’aise. Savez-vous ce qu’il y a dans ces fûts ?
- Du vin, bien sûr ! Que voulez-vous que ce soit ?
- De la poudre noire, répondit Lars.

Je crus qu’il allait s’évanouir sur place. Toutefois, avec une vitesse inimaginable pour un homme de sa corpulence, il bondit hors de la pièce en criant que nous étions fous. Grunilda le rattrapa par le col. Nous pouvions l’éliminer de nos suspects.

Nous passâmes à Nina. Nous l’interrogeâmes d’abord sur son travail ici et sur ce qu’elle pensait de ses collègues. Elle semblait assez détendue. Puis nous en vînmes aux tonneaux de Pilsach. Là rapidement, elle se ferma. Comme nous insistions, elle s’énerva franchement, demandant au nom de qui nous l’interrogions et la retenions. Là c’est moi qui devint plus menaçante, faisant jaillir de petites flammes au bout de mes doigts, je lui suggérais que je pourrais faire quelques dégâts dans ce théâtre si elle me m’était en colère. La vue du feu la calma immédiatement et elle devint livide. Il nous parut alors évident qu’elle savait pour la poudre.

- Qui te donne tes ordres ? lui hurlais-je au visage
- Ils vont me tuer si je parle
- Et moi je vais te tuer ici et maintenant si tu ne parles pas ! répondis-je en approchant les flammes de son visage. Qui donne les ordres ? répétais-je en détachant toutes les syllabes.
- Karl Meisl ou la femme au Marteau Sacré de Sigmar, bégaya-t-elle.
- Quelle femme ?
- Je ne sais pas son nom et elle portait toujours une grande cape avec une capuche quand je l’ai vue. Mais elle a un accent de l’Averland.
- Y a-t-il d’autres tonneaux en plus de ceux de la vieille réserve ?
- Non.
- Avez-vous d’autres complices ici ?
- Non, non … Elle pleurait maintenant.
- Je ne vous crois pas, me remis-je à crier et faisant grossir les flammes dans mes mains. Ne me mentez pas ! je peux tout faire brûler et exploser ici, moi j’en sortirai vivante… mais pas vous !
- Jochen m’a aidé. Ils nous ont donné beaucoup d’argent. Vous savez combien je gagne ici ? Sa voix s’éteignit dans un hoquet mouillé.
- Que deviez-vous faire avec les tonnelets ?
- Nous devions les faire exploser lors de la représentation, près des loges, là où se placent les gens importants.

Nous en avions assez appris. Je l’attachais à une chaise pendant que Lars et Grunilda allaient chercher Jochen.
Elle pleurait toujours, implorant ma pitié. Elle était vraiment misérable et je ne doutais pas qu’elle avait été manipulée. Mais on a toujours le choix dans la vie, en toutes circonstances. Les gens préfèrent choisir les solutions les plus faciles et ensuite ils se déculpabilisent en disant qu’ils ne pouvaient pas faire autrement. La plupart du temps, je crois qu’ils en sont convaincus. J’aurais pu la laisser partir, et probablement que cela n’aurait rien changé car elle n’était certainement pas la plus dangereuse dans cette affaire. J’avoue que j’ai vraiment hésité un instant. Et puis je suis sortie de la pièce en essayant de rester sourde à ses appels plein de détresse.

Eckhart et Klueber revinrent en compagnie de l’aide de camp que nous avions vu le matin même et avec un petit détachement d’une dizaine de soldats. Ils amenèrent Nina et Jochen. Ils prirent aussi les tonneaux de poudre pour les ramener à la caserne où ils seraient en sécurité. Ensuite, nous leur confiâmes la mission de fouiller une à une les tavernes notées sur la liste. Toutefois, nous voulions nous réserver le Marteau Sacré de Sigmar, alors nous n’en parlâmes pas.
Au moment de partir, Fillipi vint nous remercier chaleureusement. Ils allaient proposer un spectacle dès cet après-midi. Il reprendrait lui-même le rôle de Didrick. Il envoya plusieurs messagers crier à travers la ville que la pièce aurait bien lieu.
Je me souviens d’avoir pensé que Clothilde von Alptraum allait être ravie.

Nous étions plutôt contents de nous et nous disposions désormais d’une belle piste. Nous avons pris le temps d’aller manger un morceau à la Brasserie de Bruno pour mettre au point notre plan pour la suite des évènements. On nous apporta alors un message de Mauer qui nous demandait instamment de venir le retrouver au Repos de Laurel.
Eckhart et Lars se rendirent directement au Marteau Sacré de Sigmar. Ils devaient essayer de se renseigner discrètement sur les clients et ensuite surveiller les allées venues en nous attendant.
Pendant ce temps, Klueber, Grunilda et moi allions retrouver Mauer. En le voyant, je compris immédiatement à son air contrarié qu’un problème était survenu. Il nous fit entrer. Eothlir était là, assis sur une chaise, dans une attitude toujours aussi indéchiffrable. Mauer nous expliqua les évènements. L’elfe était venu le trouver ce matin, ils avaient longuement discuté et finalement le mage lumineux avait accepté de lui confier le battant. Il avait sorti le coffret qu’il avait soigneusement caché sous un meuble et derrière des piles de livres ; il l’avait alors trouvé étonnamment léger et l’avait ouvert. C’est alors qu’ils avaient vu le coffret vide. Il était incapable de dire quand le vol avait eu lieu. Il était sorti la veille après notre visite pour se rendre auprès de l’Empereur et était rentré assez tard. Ce matin, il avait été rendre visite très tôt au maître de son ordre et à son retour il était tombé sur Eothlir. Chaque fois qu’il s’était absenté, il avait évidemment bien fermé la porte et les fenêtres de son appartement. Cette auberge était réputée et sûre. Ils nous expliquèrent comment ils avaient enquêté. Face au scandale que représentait un vol dans son établissement, la tenancière leur avait ouvert toutes les portes et les avait laissé interroger tous le personnel. Eothlir cracha qu’il était certain que les coupables étaient les Halfelins qui travaillaient aux cuisines. Mais Mauer ajouta qu’ils n’avaient rien avoué ; ils avaient en outre pu fouiller entièrement les cuisines et les mansardes où vivaient les employés sans déceler la moindre preuve.
Nous ne savions pas quoi faire de plus. Un instant nous pensâmes à des skavens, mais ils auraient tout laissé en désordre et Mauer se serait rendu compte du vol plus tôt. Eothlir nous dit qu’il allait continuer à chercher et nous promîmes d’essayer de voir ce que nous pouvions faire de notre côté. Toutefois en l’absence de piste, cela paraissait compliqué.

L’après-midi était déjà bien entamée et nous étions en route pour rejoindre nos compagnons à l’hostellerie du Marteau sacré de Sigmar quand nous entendîmes une formidable explosion. Le sol vibra sous nos pieds. De la fumée blanchâtre s’éleva et je repérais rapidement qu’elle provenait de la Königplatz. Nous nous y précipitâmes. En courant, vers les lieux nous étions pratiquement sûrs de ce que nous allions découvrir. Une fine poussière flottait dans l’air et avait commencé à se redéposer couvrant le sol, les véhicules, les stands qui traînaient sur la place et les gens. La moitié du Temple du Drama avait été soufflée. Il ne restait plus que quelques murs et le toit continuait de s’effondrer ; les bâtiments alentour avaient aussi souffert. Une minute après notre arrivée l’un des édifices voisins s’écroula à son tour comme un château de carte. Quelques personnes avaient réussi à s’échapper, mais beaucoup étaient blessées et ça et là des cris déchirants s’élevaient des décombres. Quelques badauds commencèrent à arriver et tentèrent d’aider les survivants. Mais le danger était encore grand tant la structure avait été ébranlée. Très vite des gardes sont arrivés, puis des prêtres de Shallya. J’ai aidé à cautériser je ne sais combien de plaies. Les blessures étaient très graves, certaines victimes avaient les membres déchiquetés. C’était horrible.

Nous avons fini par retrouver des visages connus parmi les blessés. Fillipi avait une grande balafre au front et certainement un bras cassé. Gio et Ofelia aussi avait survécu. Ils étaient dans une salle sous la scène et cela les avait protégés, en revanche ils avaient bien cru qu’ils allaient être enterrés vivants. Mais ils avaient pu s’en sortir. Fillipi lui était en coulisse. Il avait entendu une forte explosion du côté des loges du balcon et avait vu divers projectiles fondre sur la scène. Il s’était plaqué au sol et avait perdu connaissance. Avec crainte nous lui demandâmes qui était dans les loges. Lentement, il cita plusieurs noms de représentants des familles nobles ou bourgeoises. Il y avait du beau monde à la représentation. Mais la seule que nous retînmes était Clothilde von Alptraum.
Nous sommes restés une bonne heure pour aider les secours. Le corps de la Gavin n’a même pas été retrouvé, mais si l’explosion s’est produite à côté des loges, ce n’est pas étonnant et cela vaut peut-être mieux.
Par Verena, qu’avions-nous raté ? Nous étions profondément attristés. C’était une femme si vertueuse et si bonne…

Finalement, nous avons rejoint nos compagnons au Marteau Sacré de Sigmar. Je me sentais tellement épuisée, certainement à cause des cautérisations et mes nerfs étaient à vif et ce n’est pas bien pour un pyromancien… Dans cet l’état, je ne suis bonne à rien, je suis même un danger pour mes compagnons. J’aurais bien voulu me reposer un peu, hélas, ce ne fut pas possible. En arrivant, nous ne trouvâmes qu’Eckhard qui nous raconta leur après-midi de surveillance. En graissant très généreusement la patte d’un serveur, ils avaient appris que toute une aile de l’auberge avait été louée par un groupe d’Averlanders. Ils avaient ensuite repéré une porte qui rendait cette partie indépendante, à l’arrière du bâtiment. Nos conspirateurs pouvaient donc aller et venir comme bon leur semblait. L’hostellerie du Marteau sacré de Sigmar n’a pas très bonne réputation, en dépit de son nom. C’est un repaire de gens louches et de voyous qui souhaitent avant tout pouvoir se livrer à leurs petites affaires dans la discrétion la plus totale. Ce genre de « sortie de secours » n’était donc pas surprenant.
Lars et Eckhart s’étaient donc postés là, mais rien n’avait bougé. Puis, ils avaient entendu l’explosion ; dans la confusion qui avait suivi, de nombreux clients étaient sortis du bâtiment en laissant les portes ouvertes et sans leur prêter la moindre attention. Lars en avait profité pour se glisser à l’intérieur par l’entrée principale. Et il y était toujours.
Comme nous discutions cachés derrière de vieilles caisses, à l’arrière du bâtiment, la porte s’ouvrit. Deux hommes sortirent. Ils étaient assez lourdement armés, c’étaient des soldats. Ils allumèrent des pipes et commencèrent à deviser tranquillement tout en restant sur le qui-vive. Nous ignorions combien ils étaient au total, mais nous avions une bonne chance de neutraliser ces deux-là assez facilement. Eckhard lança sur l’un d’eux l’un de ses terribles sorts, tandis que Grunilda, Klueber et moi les chargions. Je préférai éviter de lancer des sorts par peur des conséquences. Le choc fut violent mais l’homme tenta de réagir en bloquant les attaques. Toutefois, à trois contre un c’était inutile. Il s’effondra rapidement et, tandis que Grunilda achevait son acolyte d’un coup de bouclier, Klueber et moi nous engouffrâmes par la porte. Elle donnait sur un grand escalier. Un homme vêtu d’une grande robe apparu sur le palier et soudain tout s’obscurcit. Je vis Klueber tomber devant moi en levant les bras pour se protéger et je compris… Une illusion ! Elle n’avait pas vraiment marché sur moi, mais Klueber était pris au piège d’un escalier s’effondrant sur lui. Tant pis pour la prudence : je tentais une dissipation et, je ne sais par quel miracle, elle fonctionna. L’homme m’adressa un sourire goguenard. Je criais à Klueber de se relever et j’appelais Grunilda à la rescousse. Je vis que le sorcier s’apprêtait à relancer un sort, j’essayais de me concentrer et de me calmer, certaine que j’allais être sa cible. Je sentis le sol se dérober sous mes pieds. « Ce n’est pas réel, ce n’est pas réel ». J’arrivais de justesse à rester debout. Dans un brouillard, je vis passer Grunilda comme une furie, la hache levée, elle monta les marches quatre à quatre. Klueber lui emboîta le pas. Eckhard arriva à son tour. Avec une immense difficulté, car j’avais la sensation d’étouffer, je réussis à bégayer : « Sorcier… Illusionniste ». Il comprit aussitôt et incanta également une dissipation. J’inspirais goulument.
Des bruits de piétinements nous parvinrent de l’étage. Eckhard s’assura que j’allais bien puis il monta à son tour. Tous disparurent de mon champ de vision. Je m’assis un instant pour récupérer mon souffle. J’entendis des coups de feu, des cris et des injures. Il fallait que je monte aussi…
Je respirais un grand coup, rassemblais mes forces et je gravis les escaliers aussi vite que possible. Le sorcier gisait mort sur le palier. A l’étage se trouvait une grande pièce, qui me parut remplie de soldats. Eckhard en avait immobilisé plusieurs avec ses tentacules violacés et Grunilda les tailladait joyeusement à la hache. Je vis Lars à l’autre bout de la pièce en train de lutter contre une femme en armure, maniant une épée à deux mains au fil ondulé, une arme de l’Averland. Il avait l’air en mauvaise posture. Je fis le vide dans ma tête et je me concentrai sur les fines traces du vent orangé qui dansaient devant mes yeux. Je visais la femme et des fléchettes jaillirent de mes mains. Elles la touchèrent en grésillant. Elle fut plus déstabilisée que blessée, mais cela suffit à Lars pour reprendre l’avantage. Je vis un des soldats se précipiter vers moi. J’eus à peine le temps de parer avec mon bâton. Je ripostai par de nouvelles fléchettes, j’avais trop peur de tenter un sort plus puissant. Au moins, je parvins à le tenir un peu à distance. C’est Klueber qui vint à mon secours en l’attaquant. Il ne restait plus que lui et la femme. Le combat ne s’éternisa pas. J’avais très peur de voir surgir des renforts. Mais aussi bien les employés que les clients de l’auberge durent penser à un règlement de compte et préférèrent ne pas intervenir.
Les conjurés se battirent comme de beaux diables, refusant de se rendre, même quand leur position parut désespérée. Elle tomba la dernière. C’est alors que je la reconnue. C’était Artha Schaeffer, l’officier de la garde d’Averheim que nous avions croisée à la ménagerie où le Graf avait présenté les objets ramenés par l’expédition. Elle était sous les ordres de Baerfaust. Comment est-ce possible ? Le Capitaine était-il aussi mêlé à tout ça ? Nous ne pouvions pas le croire. Nous fouillâmes rapidement la pièce, mais nous ne trouvâmes rien. Ils étaient très prudents visiblement. Nous sortîmes par la porte à l’arrière. D’autres feraient le ménage, ils devaient en avoir l’habitude ici.

Plus que quelques heures avant la grande prière du soir. Il faudrait que nous y retrouvions Mauer. Lui seul était assez haut placé pour intervenir. Si Baerfaust était complice de la Cagoule, ou pire, la Cagoule lui-même, il ne nous restait pas grand monde qui puisse nous faire assez confiance et nous aider. Mauer pourrait peut-être parler à Schwarzelm, le champion de l’Empereur ou au commandant de la Reiksguard, celui qui remplaçait Hellborg, toujours en guerre dans la Drakwald.

Nous rentâmes à l’auberge pour nous laver, bander nos blessures et manger un peu pour reprendre quelques forces. Mais nous ignorions hélas à quel point nous en aurions besoin.
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Lotin
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Re: [CR] Warhammer V3->V2 - Balades en Reikland

Message par Lotin »

La suite. C'est long et épique, on approche de la fin. L'identité de la Cagoule Noire est révélée, son dernier plan va-t'il se réaliser ?Vous le saurez en lisant le cr qui suit (toujours du point de vue de la joueuse de la mage flamboyante Hannah van Baumer).

Toujours pareil, si vous êtes joueurs, n'allez pas plus loin.
Spoiler:
JOURNAL DE H. VAN BAUMER
Altdorf, le 11 Erntezeit 2521


La cérémonie avait lieu au Grand Temple de Sigmar et devait commencer à la tombée de la nuit.
Atteindre le temple fut une première épreuve et je crus même que nous allions arriver trop tard. Le Domplazt District était complètement bouclé ; nous dûmes plusieurs fois montrer notre laisser-passer aux gardes contrôlant les multiples barrages. La Tempelstrasse était noire de monde. Heureusement, que je connais bien le quartier ; mon cher maître était un fervent dévot de Sigmar et je l’ai souvent accompagné à des offices religieux d’alors. Nous empruntâmes donc quelques petites rues parallèles, moins bondées et nous finîmes par déboucher sur l’esplanade devant le temple, assez près des portes. Il fallut encore traverser la foule, particulièrement drue à cet endroit, mais Grunilda et Eckhart prirent la tête de notre groupe ; à eux deux, il faut dire qu’ils sont assez impressionnants pour décourager les badauds qui essaieraient de nous barrer la route. Je fus soulagée quand nous atteignîmes enfin l’immense porte de l’enceinte qui entoure le majestueux édifice. Une fois de plus nous dûmes montrer nos invitations ; les gardes nous dévisagèrent des pieds à la tête, semblèrent hésiter, relurent la lettre puis consentirent enfin à nous laisser passer. Je notais alors une légère hésitation parmi mes compagnons ; seul Eckhart avait déjà vu ce temple gigantesque, je crois qu’il s’agit bien du plus grand de l’Empire. Pour ma part, je suis habituée, mais la première fois, je comprends que cette immense façade, ces extraordinaires vitraux et la grande porte à double battant, gardée par les colossales statues de soldats sigmarites et surmontée de l’effigie de Sigmar soient un peu intimidants.
Toutefois, nous n’eûmes guère le loisir de flâner car d’autres invités arrivèrent derrière nous et nous poussèrent vers l’intérieur.

En entrant, les effluves camphrés de l’encens et l’âcre fumée des bougies nous prirent à la gorge. Elles couvraient pourtant à peine l’odeur de transpiration des centaines de personnes confinées dans les nefs principale et latérales. Jamais je n’avais vu autant de monde. L’atmosphère était étouffante. Quant à la rumeur qui s’élevait, elle était totalement assourdissante car le moindre bruit se répercutait et résonnait en s’amplifiant jusque dans les hautes voûtes.

Nous réussîmes à nous fixer à la limite entre la nef et la travée latérale ouest. Quelques marches qui limitaient les deux espaces nous permirent même de prendre un peu de hauteur pour observer l’assistance. Il nous fallait au plus vite repérer Baerfaust ou à défaut Mauer le Lumineux pour le prévenir et lui demander son aide. Mais il y avait tant de gens que cela nous parut très vite voué à l’échec.
Tout ce que la ville et même l’Empire comptaient de personnalités de premier plan semblaient avoir fait le déplacement pour assister au service. Sur une estrade, située sous le dôme derrière le maître-autel, quelques-uns des plus importants dirigeants avaient pris place. Le premier que je reconnus fut le Patriarche Suprême des Collèges de Magie, le puissant Balthazar Gelt. Il faut dire qu’avec sa robe métallescente, son masque doré, et sa couronne radiée, il passe difficilement inaperçu. Il était flanqué de la plupart des Magisters Patriarches des Collèges de magie ; j’entrevis à une certaine distance, la tenue rouge flammée du maître de mon Ordre, Thyrus Gormann. Peut-être pourrais-je essayer de le prévenir… Non, nous étions séparés de leur tribune par une immense foule et une rangée de Chevaliers Griffons qui empêchaient quiconque d’approcher.
Il faut dire que la tribune abritait également plusieurs Grands Electeurs, je ne pus toutefois identifier que ceux que j’avais déjà vu, à commencer par le Grand Théogoniste, Volkmar le Sévère, le chef suprême du culte de Sigmar. Je repérais aisément à son visage austère, barré par une grande moustache blanche et surtout au Griffon de Jade, ce talisman sacré que lui seul peut porter et dont émane une luminescence verdâtre qui nimbe tout son être. Je reconnus également la comtesse Emmanuelle von Liebwitz, la Grande Electrice du Wissenland, que j’avais déjà vu car elle réside à Nuln. Elle portait une magnifique robe de satin noir et un grand collier en or qui soulignaient sa beauté légendaire. A sa ceinture pendaient deux crânes et une balance dorés qui sont à la fois les armes de sa famille et celles de Verena. Sur la hanche, elle portait également une longue épée, dans un somptueux fourreau de facture très ancienne, son croc runique, forgé par les nains, l’attribut de tous les comtes-électeurs. Il y avait encore l’archidiacre de Nuln, Kaslain, armé d’un marteau de guerre et en grande tenue de combat ; à ses côtes, un homme entre deux âges, également en armure et portant les insignes de Sigmar, devait être l’archidiacre de Talabheim. Près de cette tribune officielle, se trouvait une autre plus petite, où siégeaient exclusivement de grands nobles de l’Empire. La richesse de leurs vêtements et les luxueux bijoux qu’ils arboraient ne laissaient aucun doute sur leur importance. Parmi eux, je crus reconnaître Ferdinand von Leitdorf que nous avions croisé à Averheim et le Graf Von Kaufmann. En observant ce dernier, je fus attristée par son visage totalement décomposé. Ses yeux, perdus dans le vague, étaient rougis et il faisait visiblement d’immenses efforts pour faire bonne figure. Je ne voyais qu’une chose qui ait pu le mettre dans un tel état, il avait appris pour son amie Clothilde von Alptraum…
En revanche, aucun signe du Capitaine Baerfaust. A un moment, Lars crut l’avoir repéré, quelque part, vers le bras est du transept, totalement à l’opposé de notre position, mais quand nous regardâmes à notre tour, impossible de le localiser. Quant à Maître Mauer, nous ne parvînmes guère plus à le voir. Mais les mages étaient rassemblés près de l’estrade principale, dans la travée opposée à la nôtre. On pouvait distinguer les nuances colorées des robes, mais ils nous tournaient le dos et si Mauer était parmi les membres de son ordre nous ne pouvions pas le repérer d’ici.

Nous devions de plus en plus nous serrer les uns contre les autres au fur et à mesure que les invités arrivaient dans le temple. Il y avait des militaires, des prêtres, des nobles, de riches marchands qui avaient sortis leurs plus beaux atours pour l’occasion. J’aperçus des humains, des nains, des halfelins et même quelques elfes. Toute l’élite de la ville avait répondu présent à l’appel à la prière pour l’Empereur.
Des Chevaliers Griffons patrouillaient dans tout l’édifice et poussaient les gens qui se mettaient en travers des allées pour faciliter la circulation. Quelques personnes ne restaient pas en place et allaient de groupes en groupes. C’était le cas en particulier d’une prêtresse de Shallya, une petite bonne femme, avec de longs cheveux noirs et une robe immaculée. Parfois lorsqu’elle s’arrêtait près de quelqu’un, elle posait ses mains sur lui et murmurait quelques prières. Quand elle arriva à notre hauteur, elle dut remarquer nos traits tirés et peut-être même les blessures que nous nous étions pourtant efforcés de cacher. Elle vint vers moi et je ne vis plus que son regard clair et serein, je me sentis entourée d’un immense silence. Elle posa sa main sur mon bras et chuchota quelques mots. Sa voix était d’une douceur incroyable. Toutes les douleurs et les tensions accumulées au cours de cette éprouvante journée diminuèrent lentement ; il me sembla voir de la vapeur s’élever de mes bras et de mon corps. J’avais souvent été soignée par des prêtres de Shallya, jamais je n’avais ressenti cela. L’atmosphère du lieu peut-être… Imperceptiblement, elle s’éloigna passant à une autre personne, tandis que je revenais brusquement à la réalité, débarrassée de tout mal. C’est probablement à ce soin salutaire que je dois d’être encore en vie aujourd’hui.
Un autre personnage errait dans les travées du temple et était beaucoup plus effrayant. Il s’agissait d’un flagellant, grand et maigre, avec quelques rares touffes de cheveux roux et des yeux de dément. J’ai toujours eu du mal à comprendre ces fanatiques et je les trouve en général parfaitement répugnants ; celui-ci l’était tout particulièrement. Il s’était mortifié en enfonçant de longues pointes de bois dans sa chair. Son corps était couvert de cicatrices, de croutes et de boursouflures bleuâtres. Il portait un collier d’épines acérées autour du cou et une longue chaîne était enroulée autour de son corps, le contraignant dans tous ses mouvements. Neuf petites boîtes en bois pendaient à cette chaîne et se balançaient lamentablement lorsqu’il tanguait d’un pied sur l’autre en faisant sonner une grande cloche à main. Il déambulait, loin des autres flagellants, en ânonnant d’improbables prières, alternant génuflexions et grands mouvements désordonnés. Par chance, il resta assez loin de nous : ces hommes sentent aussi mauvais que des cadavres et nous devions déjà supporter assez de mauvaises odeurs.

Les grands vitraux, qui retraçaient les grandes étapes de la vie de Sigmar devenu dieu, s’assombrirent progressivement, signalant le déclin du jour. La cérémonie allait bientôt commencer, mais la chaleur devenait de plus en plus accablante. Mes compagnons et moi étions en proie à une grande tension : impuissants, incapables de prévenir qui que ce soit ou d’empêcher que n’arrive un malheur dont nous ignorions la nature, peut-être une explosion comme au théâtre…
Ce serait un indescriptible massacre dans une telle foule !
Et toujours aucune trace de Baerfaust.

Enfin, le Grand Théogoniste se leva et s’avança jusqu’au grand autel. De sa voix forte et rocailleuse, il appela au calme et, comme par miracle, le silence se fit lentement mais entièrement.
L’assistance se leva. Il commença son discours :
« Hommes de l’Empire ! (Apparemment, le grand prêtre de Sigmar n’avait pas dû observer correctement l’assemblée, qui comptait bon nombre de femmes, de nains, et d’autres races). Nous sommes rassemblés ici, sous le regard de Sigmar, pour prier pour notre Empereur, Karl Franz. Puisse-t-il à nouveau brandir le marteau sacré Ghal Maraz et combattre les ennemis de notre Empire. Recueillons-nous ensemble dans une prière solennelle. »
Ceux qui avaient la chance d’en avoir un regagnèrent leur siège pendant que nous restions debout. Un silence se fit à nouveau. On pouvait voir le grand flagellant en transe, qui remontait l’allée centrale vers la tribune, s’infligeant toujours des coups et se jetant régulièrement au sol avant de se relever en boitant.

C’est alors que le premier tintement de cloche résonna et que le Chaos s’abattit sur le temple sacré de Sigmar.

Le premier coup produisit une onde presque visible, qui parcourut l’assemblée et répandit dans son sillage un spasme de douleur et de fatigue dans tous les corps. Ce fut rapide, mais violent. Des exclamations de surprise et de peurs s’élevèrent dans tout l’édifice. Quelques secondes nous furent nécessaires pour nous ressaisir et réaliser ce qui se passait.
Le maudit battant !
Je vis près de nous de grands chandeliers dégoulinants de cire. Je modelais rapidement deux petites boules que je m’enfonçais dans les oreilles. En relevant la tête, je vis le grand flagellant se précipiter vers le grand autel en hurlant de désespoir ; une épaisse fumée, aux reflets pourpres et bleus, émanait de son corps et des boîtes suspendues à sa chaîne.

Le second coup retentit alors, je sentis la vibration mais la cire empêcha le son de m’atteindre. Dans l’assistance, de nombreuses personnes tombèrent à genoux. Je vis plusieurs de mes compagnons ébranlés ; je leur montrais la cire et criait « La cloche ! Il faut arrêter la cloche ! » Je connaissais assez le temple pour savoir que les cloches se trouvaient dans la tour est, au bout du transept à l’opposé de l’endroit où nous nous trouvions dans la direction où nous avions cru apercevoir Baerfaust. Je me précipitais de ce côté, mais un mouvement soudain de la foule m’empêcha d’avancer. Les gens essayaient de regagner les portes, j’avançais à contre-courant. Je vis une immense colonne de fumée pourpre et bleue s’élever près de l’autel, il y avait même quelques flammes qui grésillaient et d’étranges éclats lumineux. Je tentai un sort de lévitation et je pus m’élever au-dessus de la foule. Sans me poser plus de question, je commençai à avancer vers la tour. En jetant un coup d’œil en arrière, j’aperçus Grunilda qui fendait la foule avec force suivie de près par mes autres amis.
En regardant, vers l’autel, je fus saisie par une vision cauchemardesque. Les boîtes du flagellant avaient roulé au sol. Les couvercles s’étaient ouverts et des sortes de grosses limaces roses et translucides glissaient hors des réceptacles. Elles grossissaient en avançant et changeaient en permanence de forme, parfois munies de tentacules frétillants et, l’instant d’après, reprenant l’aspect d’une simple flaque. D’incroyables gerbes d’étincelles multicolores jaillissaient de ces créatures immondes. Il y en avait déjà des dizaines qui s’éparpillaient un peu partout dans la nef centrale. D’autres êtres avaient aussi surgi des boîtes, moins nombreux mais encore plus effrayants. Il est très difficile de les décrire tant ils étaient étranges : une sorte de corps tubulaire avait fusionné d’un côté avec une gueule grimaçante et de l’autre avec une corolle de chair rose qui leur permettait de flotter au-dessus du sol. Leurs bras avaient la forme de tubes bleus, terminés par des orifices dégoulinants et crachant des flammes liquides. Ces monstres vomissaient des flammes sur la foule et la moindre goutte tombant au sol semblait prendre vie. Eckhart m’expliqua plus tard qu’il s’agissait de démons de Tzeentch, le Seigneur du Changement et de la Magie (je ne préfère pas savoir comment il connait ça…) : les limaces sont habituellement appelées « Horreurs roses » et les choses tubulaires sont des « Incendiaires ».

Ces monstres projetaient des lumières invraisemblables, des taches colorées souillaient le sol, les murs, les gens présents. Leurs victimes se tordaient dans les flammes et déjà des mutations corrompues apparaissaient sur certaines.
Mais le pire était ailleurs dans la grande colonne de fumée s’agitait une forme encore indéfinie d’où suintaient des couleurs irréelles, vives et criardes. Au pied de la colonne gisait la peau vide du flagellant et sa chaîne. Soudainement, la fumée se dissipa et révéla l’immense et erratique forme de l’abominable Changelin, le fidèle serviteur de Tzeentch.
Evidemment, les chevaliers, les mages, les prêtres commençaient déjà à réagir et à mener la bataille contre ces horreurs. Réalisant le danger, Balthasar Gelt avait changé en statues d’or plusieurs personnes autour d lui afin de les protéger. Parmi elle je reconnu la comtesse Emmanuelle. De grands éclairs blancs s’abattirent du côté des mages lumineux et je vis plusieurs de mes frères du Collège Flamboyant se ruer dans la mêlée, nimbés de flammes et dressant leurs épées de feu. Thyrus Gormann menait lui-même la charge. Je fus tentée l’espace d’un instant de les rejoindre, mais je me ressaisis, il fallait à tout prix faire cesser les cloches.

Une troisième vibration m’avertit d’un nouveau coup. Je vis les visages décomposés et terrorisés du public, leurs bouches déformées par les cris de terreurs qui me parvenaient complètement étouffés. Les monstres continuaient de fondre sur eux. C’est alors qu’une formidable explosion au niveau des grandes portes ébranla tout l’édifice. Le souffle me projeta au sol.
Je me relevais rapidement et constatait qu’une grande partie de la façade s’était effondrée, les gravats avaient enseveli des dizaines de personnes et bloquaient désormais la sortie. Tout se déroulait sous mes yeux comme un spectacle muet mais je pouvais ressentir la panique qui dans le temple avait atteint son apogée.
Je devais continuer d’avancer. Un démon rose glissa vers moi. C’était étrange, il semblait se mouvoir très lentement et pourtant, en quelques secondes, il fut sur moi. Je devais l’esquiver et avancer coûte que coûte. Aussi vite que possible, je me protégeai derrière un bouclier d’Aqshy. L’horreur changea soudain de direction et je parvins à esquiver ses étincelles.

Comme le quatrième coup résonnait, je vis les mages lumineux engager la lutte contre le Changelin. Maître Mauer combattait au premier rang. Volkmar le Sévère et les archidiacres se précipitaient également sur lui. Grunilda et Eckhart avaient réussi à me rejoindre ; Lars et Klueber n’étaient pas très loin. Il devenait plus facile de progresser. Les fidèles s’étaient regroupés derrières des combattants et des barricades de fortune. Il me sembla reconnaitre Le Graf von Kaufmann armé de pistolets et tirant sur les démons.

Nous atteignîmes la porte menant au clocher au cinquième coup. Les vibrations étaient de plus en plus forte et de la poussière tombait des voûtes. Nous nous engageâmes dans les escaliers et je crois bien n’avoir jamais couru aussi vite ; plusieurs fois je faillis perdre l’équilibre mais je me rattrapais de justesse.
Sixième coup. J’aperçus la lumière en haut de l’escalier je m’arrêtais un instant pour reprendre mon souffle et focaliser mon énergie. Puis je repartis. Au sommet, se trouvait le capitaine Baerfaust, méconnaissable, les yeux exorbités et les cheveux ébouriffés. Il brandissait son épée vers nous, en hurlant. Evidemment, je ne l’entendais pas mais sa physionomie suffisait à comprendre qu’il nous crachait sa haine et certainement milles malédictions. Six hommes, des soldats d’élite de l’Averland l’accompagnaient. L’un d’eux s’occupait de frapper le battant dans la cloche. Du sang coulait de ses yeux, de ses oreilles et de son nez. C’est lui que je visais en premier, décochant une flèche enflammée d’Uzhul. Il encaissa le choc et ses vêtements prirent feu ; mais il continua de frapper comme en transe.

Septième coup. Le bâtiment trembla jusque dans ses fondations. Deux des soldats foncèrent sur nous et furent cueillis par la hache de Grunilda. Lars déboucha alors et déchargea ses pistolets sur le sonneur qui s’éfondra. Aussitôt un autre prit sa place.

Le combat s’intensifia. Eckhart lançait des sorts de flétrissement, moi des boules de feu. Grunilda engagea le combat avec Baerfaust. Lars et Klueber foncèrent l’épée au clair. Eckhart et moi nous concentrions à distance sur les sonneurs. Tous luttèrent comme de vrais diables. Quand le dernier sonneur fut terrassé, Baerfaust se précipita pour le remplacer, ignorant les coups de Grunilda qui continuaient à pleuvoir. Le bougre était sacrément résistant.
Jusqu’au bout, il refusa de se rendre. J’incantai une épée ardente espérant que cela suffirait pour le coup de grâce, mais nous dûmes encore nous y reprendre à plusieurs fois. Enfin, il tomba.
Mais nous n’eûmes guère le temps de savourer notre victoire. Un éclair bleu s’écrasa sur le clocher et nous précipita au sol. Un bruit épouvantable retentit dans les cieux, cette fois, je l’entendis en dépit de mes bouchons. Une déchirure invraisemblable apparut à côté du corps du Capitaine. Instinctivement, nous reculâmes. Je ne comprenais pas ce que je voyais, c’était comme si le monde perdait toute sa consistance. Des vrilles de lumières clignotantes sortirent lentement de la déchirure et s’enroulèrent autour du corps. Le cadavre fut emporté à travers le portail tandis qu’une voix immonde résonna dans nos têtes : « Tu as bien servi, mais tu as échoué. Maintenant, renais dans une forme qui conviendra plus au Maître. Hélas pour toi, le procédé sera… atroce. »

A cet instant, Maître Mauer et d’autres mages lumineux apparurent au sommet de la tour. Ils nous ordonnèrent de reculer et commencèrent à lancer des sorts sur la déchirure. D’autres personnes arrivèrent peu après eux. L’un d’eux me saisit et m’entraina vers les escaliers. Je commençais à me débattre quand je reconnus la voix autoritaire de l’homme qui m’emmenait avec lui. Il me somma de me calmer : « ça suffit, Van Baumer ! Ce n’est plus de notre ressort. Vous rentrez avec moi. » Et je suivis docilement Thyrus Gormann.
Je sentais tout le poids du monde sur mes épaules, j’ai bien dû trébucher cinq ou six fois avant de m’effondrer. La dernière chose dont je me souvienne, c’est la sensation que l’on me soulevait délicatement du sol et la voix, cette fois, un peu adoucie, qui m’adressait le plus beau compliment qu’on m’ait fait : « Tu as bien combattu, Werner serait fier de toi ».

Je me suis réveillée cet après-midi dans le calme de ma chambre au Collège. J’ai réalisé que mes bras étaient couverts de plaies qui avaient été soigneusement bandées. Je crois que j’ai aussi une entorse à la cheville. Les cicatrices dans mon dos irradiaient de douleur. Le battant était en malepierre, il a dû réveiller ces maudites blessures.
Le Patriarche m’a convoquée dans son bureau. Je me suis sentie très gênée en repensant à notre retour du temple. Il m’a expliqué comment s’était terminé la bataille au Temple, notamment comment le Changelin avait été banni aux royaumes du Chaos. Il y avait des centaines de morts et autant de blessés. Par bonheur, très peu avaient subi des mutations alors qu’il y a fort à parier que c’était l’un des buts recherchés par la conspiration.
Il m’offrit du thé, toujours aussi amer, et me demanda de lui raconter tout ce que j’avais fait depuis notre dernière conversation. Quand j’eus fini, il resta longuement silencieux. « Nous ne connaîtrons probablement jamais les raisons qui ont poussé un si brave soldat à devenir un serviteur de Tzeentch. La présence du Changelin montre bien que son maudit maître était derrière tout ça. Tout était prévu dès le départ et c’est le dieu sombre qui a dû inspirer le Capitaine Baerfaust. La purification du battant était condamnée à l’échec. Et vous avez été manipulés, dès l’instant où vous l’avez récupéré à Averheim. Mais vos compagnons et vous n’êtes pas plus à blâmer que le mage lumineux, son ami universitaire, ou même moi qui ait cru que c’était possible. Je suis presque sûr que le Capitaine n’avait aucune idée de ce que les coups de cloche allaient provoquer. Peut-être que Tzeentch lui-même l’ignorait… La malepierre est tellement instable ».
Il s’interrompit un instant. « Comment va votre blessure au dos ? Douloureuse… Hum… Nous irons rendre une petite visite au Collège Lumineux, vous et moi. Nous devrons aussi aller au palais. Une personne de grande valeur souhaitera certainement vous rencontrer d’ici quelques jours quand lui aussi sera remis. En attendant, retournez-vous reposer. Vous pourrez sortir demain et aller voir vos amis. Je me suis renseigné, ils vont bien et vous les retrouverez à la Brasserie de Bruno. »

Voici donc l’épilogue de notre aventure. J’ai peine à croire que tout est enfin terminé. Je ressens comme un grand vide à l’intérieur. Malgré tout, je crois que je suis heureuse. Je suis enfin rentrée chez moi, au Collège. Sous ses hautes tours enflammées, dans la douce chaleur des centaines de braseros, parmi mes frères et mes sœurs pyromanciens… ici enfin, je suis en sécurité.
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Arkham
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Re: [CR] Warhammer V3->V2 - Balades en Reikland

Message par Arkham »

Excellente suite de CR, j'ai adoré! Merci!
The most important aspect of a story is how it affects the characters in it, not whether the characters manage to save the world in the end.
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Antharius
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Re: [CR] Warhammer V3->V2 - Balades en Reikland

Message par Antharius »

Bravo au MJ pour cette superbe campagne!

Et un merci tout particulier à l"auteure du journal/CR de cette campagne. C'est un sacré boulot et j'espère que le MJ l'a récompensé ^^

Amitiés

Antharius
abetorius
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Re: [CR] Warhammer V3->V2 - Balades en Reikland

Message par abetorius »

Hello,

Je suis encore entrain de lire le CR mais je me suis spoilé la fin en lisant le dernier compte rendu ; et c'est toujours aussi épique et c'est toujours aussi intéressant !  😁
Cependant, il me vient deux questions que je me permets de poser ici (en spoiler, pour d'éventuels joueurs)...
Spoiler:
1) Comment as-tu décidé de faire de Baerfaust ta "Cagoule noire" ? 
2) Les joueurs ont-ils pu apprendre ce qui l'avait amené à basculer du côté obscur ?

Merci d'avance et encore bravo ! 
 
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Lotin
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Re: [CR] Warhammer V3->V2 - Balades en Reikland

Message par Lotin »

abetorius a écrit : lun. juil. 31, 2017 2:28 pm Hello,

Je suis encore entrain de lire le CR mais je me suis spoilé la fin en lisant le dernier compte rendu ; et c'est toujours aussi épique et c'est toujours aussi intéressant !  😁
Cependant, il me vient deux questions que je me permets de poser ici (en spoiler, pour d'éventuels joueurs)...
Spoiler:
1) Comment as-tu décidé de faire de Baerfaust ta "Cagoule noire" ? 
2) Les joueurs ont-ils pu apprendre ce qui l'avait amené à basculer du côté obscur ?

Merci d'avance et encore bravo ! 
 

Merci pour les retours et ravi que tu aies apprécié.
Pour tes questions, je réponds en spoiler pour ne pas gâché le plaisir d'éventuels joueurs, mais s'ils sont arrivés en lissant jusqu'ici, c'est trop tard pour eux.

Spoiler:
1 - Pour ce qui est de l'identité de la Cagoule Noire, j'avais déjà réduit les candidats à la première lecture de la campagne. Pour moi, Mauer est un coupable trop facile, c'est un mage, on attend d'eux qu'ils soient corrompus ou je ne sais quoi. J'hésitais entre les deux restants mais j'étais plus séduit par l'idée du capitaine Baerfaust, désabusé, ayant beaucoup trop donné à l'Empire et à l'Empereur, glissant lentement vers quelque chose de discutable au niveau de ses idées. En plus, en tant que militaire, il a de quoi s'attacher des hommes contre tout avec son charisme et son expérience. Je m'étais laissé quelques séances avant de choisir définitivement mais vraiment, tout à montré que c'était celui qui collait le mieux. Mes joueurs ont très tôt eu des doutes sur Mauer, ils l'ont eu dans le pif d'entrée de jeu presque. Je ne crois pas qu'ils aient pensé à von Kaufman comme un conspirateur, la surprise aurait été intéressante je pense aussi mais, pour moi, c'est celui que je trouve le moins crédible dans le rôle de la Cagoule Noire. Ce qui était parfait c'est que c'est à Baerfaust qu'ils ont fait montre de confiance, le retournement était d'autant plus dramatique.
edit : j'oubliais, au départ j'étais parti sur une conspiration commune, une cagoule pour trois têtes mais je savais que je n'avais pas le temps matériel pour développer cela. Il y a moyen de faire quelque chose de très sympa avec ce postulat et un final, je pense, mémorable.

2 - Est-ce que les pj ont eu l'occasion d'en apprendre plus sur le pourquoi et la raison d'être de la conspiration ? Du tout, mais dans ma campagne, ils s'en sont rendus compte très tard. Un groupe qui parviendrait à mettre un nom assez tôt sur l'identité de la Cagoule Noire aura un peu plus le loisir d'enquêter sur elle et de comprendre. Là, c'est arrivé à quelques séances de la fin, à un moment où tout s'enchaîne. Il faut avoir en tête en le faisant jouer que le troisième livre commence piano et va en accélérant jusqu'à un rythme effréné qui ne laisse pas trop le temps aux pj d'enquêter librement. J'ai évité absolument le mème wtf traditionnel de nombreuses œuvres où le méchant à la fin dévoile son plan en se moquant de ses adversaires. Ce n'est souvent pas crédible et je trouve dans mon cas que ça n'apportait rien. Éventuellement quelques pistes laissées ça et là dans un épilogue ou une suite (j'ai déjà une piste pour faire jouer un après mais qui part d'un postulat qui prend sa source dans le dernier compte-rendu à venir).
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