La chambre est spacieuse et offre tout le confort exigé par un lord. Elle donne sur une terrasse orientée au sud. Le réceptionniste n’a pas menti, la vue plongeante sur la baie est tout simplement superbe. Un lit colonial à baldaquin protégé par une grande moustiquaire, sièges tressés, table basse et autres mobiliers peuplent la pièce. A l’est deux portes. La première ouvre sur une magnifique salle d’eau avec une baignoire en son centre ; la deuxième sur une toute petite dépendance où l’on trouve un simple lit d’appoint sans fioriture et une table basse mais aussi une deuxième issue qui permet d’accéder directement au couloir de l’hôtel qui dessert toutes les chambres. C’est dans cette dépendance que
Thomas passera sa nuit.
Après une toilette bien agréable et s’être restauré d’un dîner exotique succulent, les deux amis se préparent pour la nuit. Le vent s’est renforcé
[ne pas oublier de le leur rappeler systématiquement hé hé !] et les voiles couvrant les multiples passages ouverts sur la terrasse prennent mouvement. Bien que située au premier étage,
Richard et
Thomas sont inquiets car ses passages n’ont pas de fenêtres, impossible de rendre la pièce close. Il est convenu de dormir d’un sommeil léger et d’obstruer ces passages de quelques obstacles en espérant ralentir ou surprendre un éventuel visiteur nocturne. Ils décident aussi de laisser leur porte de communication ouverte et de barricader d’une chaise celles donnant sur le couloir d’accès aux deux chambres.
Les deux compères se couchent et les premières heures de la nuit passent…
Soudain,
Thomas perçoit ce qui semble être un léger grattement à sa porte. Se levant, il approche discrètement de celle-ci :
« oui ? » « Ouvrez-moi, c’est Mia…».
Otant la chaise qui coinçait sa porte, Thomas fait glisser le loqué et jette un œil intrigué par l’entrebâillement. C’est suffisant pour la jeune femme qui se précipiter sur lui et l’enlace fougueusement tout en l’embrassant. Surpris puis se reprenant, il chuchote
« Allons Mia! Je ne peux. Un gentleman se doit de faire sa cour en Bastion ! » « La passion afridienne ne peut se contenir » souffle
Mia le couvrant de nombreux baisers.
Thomas tente vainement de résister mais cède peu à peu au charme de la belle. Ils basculent tout deux sur le lit.
[Je me suis amusé à faire réussir au joueur une série de jets de volonté désavantagés pour mesurer sa résistance au désir, nous avons bien ri en jouant cette scène. Pour être honnête, l’idée du personnage de Mia m’est venue la veille de la partie. Comme nous le verrons plus tard, le sacrifice d’une jeune femme est prévu par le scénario dans son final. Je me suis bêtement dit qu’il serait plus intéressant que celle-ci ne soit pas une inconnue pour les personnages, les incitant peut-être à un acte héroïque salvateur. Bah, j’avoue que la ficelle est grosse et que l’idée n’est pas nouvelle mais les bonnes vieilles recettes sont parfois les meilleures. D’ailleurs cela a marché au-delà de mes espérances comme nous allons le voir par la suite. De plus la scène passionnelle du coup de foudre fut très sympa à jouer en RP. Pas mécontent de cette initiative in fine ]
Richard, qui ne dort que d’un œil, ne perd pas une miette de l’embarras controversé de son ami. Un sourire sur le visage, il cherche une position pudique qui lui permettra de laisser les deux amoureux en toute intimité. Mais en bougeant dans son lit, il perçoit dans l’obscurité de sa chambre un mouvement : un homme leste et agile tel un félin s’infiltre depuis la terrasse semblant faire fi des obstacles placés en travers de son chemin. Puis une autre ombre suit la première, une autre encore, et encore une autre, elles semblent innombrables...Toutes armées de lances et couvertes d’une peau de félin tachetés, elles s’approchent silencieusement de la couche de Richard dans un mouvement d’encerclement.
Richard n’a pas d’autres solutions que faire usage de son gant, son artefact. Prévoyant, il avait eu la sagesse de la garder enfilé pour la nuit
[il s’agit d’un artefact puissant de téléportation à vue sur une réussite d’un jet de volonté. En posant son gant sur une surface et en se concentrant, Richard ouvre une porte sur celle-ci ; puis, il crée une porte pendante sur une autre surface qu’il peut voir. Un passage s’ouvre alors entre ces deux portes qu’il peut emprunter instantanément].
Devinez où le regard du lord s’est porté ?
Bien évidemment, sur la portion de mur de la dépendance de
Thomas qu’il perçoit depuis son lit au-delà de la porte de séparation laissée préalablement ouverte.
Le cri de surprise de
Mia ne se fait pas attendre. Son hurlement perce les oreilles de
Thomas. Effrayée par l’apparition subite du Lord, elle se redresse vivement et se plaque au mur cachant sa nudité comme elle peut.
“Qu'est-ce que Toubab cherche ?” clame une voix gutturale et profonde !
L'ombre inquiétante d’un guerrier envahit l’encadrement de la porte, c’est celle d’un homme-léopard.
Mia, tournant la tête, hurle de plus belle
« Le guerrier justicier ! Le léopard vengeur ! Quel mal ai-je fait ? Je ne suis coupable que d’amour ! ». Suivi de ses acolytes, le guerrier avance d’un pas dans la petite pièce et menace
Richard de sa lance.
“Qu'est-ce que Toubab cherche ?” réitère-t-il d’une voix qui se veut plus menaçante cette fois.
Richard s’exécute et explique succinctement mais clairement la raison de leur venue en Afridi : le masque, la maladie qui frappe leur amie, leur lutte contre ce mal, etc. Le guerrier s’est figé. Il tire lentement son poignard porté à la ceinture et d’un mouvement rapide le lance aux pieds de
Richard. Alors que la lame se plante vigoureusement dans le planché, il lâche
«Prenez garde ! » puis s’enfuit avec ses compagnons. Les guerriers disparaissent de la chambre aussi rapidement qu’ils ont surgi…
[Chers lecteurs, permettez-moi de jeter ici un voile pudique sur la fin de cette nuit dont les prémices furent bien mouvementées et laissez Richard mais surtout Thomas et Mia profiter d’un repos mérité]