[CR] D&D 5E — Rime of the Frostmaiden

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Elijah Shingern
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Re: [CR] D&D 5E — Rime of the Frostmaiden

Message par Elijah Shingern »

Islayre d'Argolh a écrit : mar. mars 26, 2024 5:34 pm La vache, à ce compte là si je veux sauver l'honneur il va falloir que je dévoile la recette secrète des boules de graisnes* dont Anatole régale Perceval depuis des années...

Les lecteurs avides ne savent pas encore qui est Perceval dodu des plumes, ni quels sont ses exploits :mrgreen:

(Et ils apprendront aussi à quel point la Flèche Arcanique Infaillible a décimé les rangs de nos adversaires)
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haplo
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Re: [CR] D&D 5E — Rime of the Frostmaiden

Message par haplo »

Lettre de Polaris à Shila du Reghed, qui guérit chair et peau :

Après avoir passé une soirée en charmante compagnie, et surtout bénéficié de l'opportunité de comprendre que nos sorcières ne sont associés que par la force des choses mais que leur association est sujette à dissensus, nous avons cheminé comme prévu vers Kaer Konig, aussi bien dans l'idée de croiser ce mage qui semble responsable de la disparition des frères Lazslo.

Sur le chemin, on a croisé une guerrière qui fuyait comme elle pouvait le Havre d'Est, qui n'en n'a plus que le nom. Tirée au sort, une bonne-femme qui semble pouvoir soulever des troncs d'arbres, si la nuit ne durait pas depuis des mois je me jetterai dans une crevasse pour me réveiller. Le tirage au sort, on sait que c'est de la poudreuse, c'est bien parce qu'il est truqué qu'on traque aussi cette marchande ambulante, Torrga.
C'est bizarre de croire sur l'intuition et le billet un rouquin, mais son départ précipité après l'assassinat de Garn, c'est suspect. Et c'est pas la mauvaise qualité de son art qui justifie cette mort. Bien spéciale, toute précise, le dard de glace, celui que, j'en suis certain on retrouvera dans les côtes de Rachel si jamais on dit vers ou elle a fuit, si elle fait pas attention à elle.

Bref, elle choisit de fuir, on arrive au Havre, ça sent le charbon, ça sent la chaire brûlée, cette odeur, je crois que c'est la première fois que j'avais la mort répandue en volute partout dans mes poumons. Je me suis demandé si les chiens ça leur ouvrait l'appétit ou si comme moi ils voyaient là une forme de blasphème profond envers tout ce qu'on fait chaque jour ici, survivre. C'était un mage rouge visiblement, le Dzann, j'allais pas pleurer sur son sort, mais ça m'a fait terrible d'imaginer qu'on était là à se réjouir de cramer ce gus, qui bougeait pas, qui acceptait la suite, la souffrance, sans mot, sans rien, tandis qu'on le dégustait complètement avec nos narines. Des fois, j'imagine ce que ça aurait donné si on était des yétis, est-ce que quand on a besoin de se serrer la seule chaleur qu'on arriverait à rependre ce serait celle des morts qu'on appelle dans nos pulsions morbides ?

Anatole, il est plus vieux, ça lui a pas fait froid, il est allé se caler au bistrot, pour se réchauffer, et Loxias lui il courtisait Imdra, enfin à sa façon, galante, et puis c'était l'esprit qu'il voulait séduire, il avait une idée, il a bien fait, ça l'a mené aux affaires du Dzann, c'est devenu suspect d'un coup, il avait que dalle, c'était un mannequin sur le foyer ? S'il était pas vraiment cané, c'était bien imité, et ça voulait dire que les frangins étaient pas les seuls.

De là on a pris les nouvelles, à la Truite humide, de Scyhton, qui a défaut de naviguer sur le lac gelé fait glisser du vin chaud et de la nourriture fade dans les rapides de sa vieille gorge, en s'engueulant avec la patronne, Nymetra, sur la religion. Le feu ça l'enthousiasme elle, j’espérais un peu secrètement qu'elle serait la prochaine sur la liste, mais je sais pas, ça m'étonnerait, je la vois du côté du manche d'une façon l'autre, prête à baver. On aura le temps de savoir.

Et puis on a pu parler à notre Torrga, qui nous a appris être en affaire avec un gus, Sefek, visiblement, c'est lui qui s'occupe des gens qui ont la joie de choisir la traque au lieu du bûcher. Fallait qu'on le retrouve, mais pour quoi faire ? Lui parler ? Ou castagner de suite ? J'imagine que le Vieux Maitre et mon oncle ont idée. Les deux d'ailleurs, ils taisent un peu, mais ils savent plus que ce qu'ils disent. Si je comprends qu'Anatole réfléchisse avant d'affirmer, je me demande ou mon oncle a passé ces années, les réelles raisons de son retour. Il a l'air de chercher quelque chose, d'être au courant, des mots lui sont familiers quand ils m’apparaissent étrangers. Des conversations d'adultes peut-être. Je les aiderai mieux sur les chemins de toute façon, et leur compagnie, c'est ça le plus cher.

Au fait on a un 5ème chien, Boy, il nous suit, après avoir fuit son maître qui s'est perdu vers l'antre du dragon... Le troupeau l'accepte, André, le chef de meute, ne semble pas le rejeter, ça même pas grogner au moment de la gamelle, il va faire un bout de chemin avec nous le pépère je suppose. Il a bien confiance le clébard en plus : on va prendre des nouvelles chez Bartaban, à la Dame Blanche, et voilà qu'il fout dehors un hobbit, Rinaldo, qui à l'air en panique, complètement certain d'une foutaise, sa vie en dépend, la vie en général quand on lui demande. Il vient casser la spirale dépressive des clients du bar en prétendant que justement, la Dame Blanche, il faut l’appeler, elle saura quoi faire pour cette histoire de nuit, le type est un original. En tout cas, cette insistance c'est mauvais pour les affaires et donc me voila face à lui, à le prendre au sérieux, enfin de façade, et il m’explique comment il a payé une fortune un parchemin qui lui permettra d'appeler un esprit, de lui poser des questions, que c'est la fin de tous nos maux si seulement on prenait la peine de l'aider, il me tend des becs arrachés, des organes séchés, des trucs de gobelins. Plus tard je comprendrais qu'il cherche la gloire, qu'il veut devenir un genre de barde, ça parle à mes compères - moi, de loin.

Bref, j'arrive à le convaincre, je voyage avec l'un des plus vieux mages de la région quand même, il me file son papelard, qu'Anatole attestera authentique et fonctionnel, pour prouver ma bonne foi je lui confie Boy, le nouveau du troupeau, donc.

Loxias et le Vieux Maître se disent qu'on a pas souvent l'occasion de parler avec les esprits sans avoir à raquer ou se mettre en danger, j'entends un peu qu'on va se payer la tranche de Rinaldo mais de toute façon faut bien voir et il est incapable de faire son rituel seul, autant que ce soit avec des cœurs généreux. Chez lui, on s'y met vite, c'est l'affaire de quelques minutes, le semi-homme est d'un coup possédé, c'est la Dame qui nous parle.

Trois questions, c'est dur de se décider, mais finalement, déjà on pose la question de Rinaldo, on est pas chien, et évidemment il s'est mis le doigt dans l’œil, il sera pas ménestrel tout de suite, et il a perdu un paquet de pognon. Le mage, il est pas vraiment mort, son esprit il se dirige vers un astre ou un truc du genre, ça parlait à Anatole. Enfin, mon Oncle pose une question qui nous titille mais qu'on osait pas, lui il déclame "Où se trouve le plus grand trésor du Valbise ?", et là, l'esprit nous envoie droit chercher sa tombe, sous la flotte, sous le gel, gardé par un genre de Guenaude. Bon au moins on sait ou aller, mais c'est pas pour tout de suite. Quand Rinaldo reprend ses esprits, on lui explique que la Dame Blanche ne fera rien, qu'elle a les mains spirituelles liées, et on omet cette histoire de Guenaude, on ne va pas l'effrayer non plus. Il a l’air un peu dépité quand on se quitte, il aurait sûrement besoin de compagnie, mais je récupère quand même Boy. Il est tard, et la lueur de la Lune nous permet de distinguer une silhouette, occupée à Dieu sait quoi, mais pas à nous biter en tout cas. Les traits du type, y a pas de doute : c'est l'assassin supposé de Garn. Va falloir qu'il parle ou qu'il paie. Si on arrive à le plier, on en a des choses inquiétantes :
  • Y a ces magiciennes qui fouillent la région, surtout cette vipère d'Avarice qui a quand même le culot d'avoir investi une ruine avec ses laquais
  • Y a ces assassinats pour la dame de la nuit, mais ça on va en savoir plus très vite
  • Y a les nains en affaire avec la famille qui nous en diront p’t-être un peu sur ce que cherchent les magiciens
  • Il est ou le mage de Thay ? La Dame Blanche a dit repenti, mais bon, on sait jamais vraiment
  • On va bien recroiser Izobai un jour, et je me demande si chercher du côté des Orcs, enfin, sans être présomptueux ou quoi, mais y en a un on a pu s'entendre, qui sait, ça pourrait se refaire, après tout on partage la même nuit ?
  • Qui est l'abruti qui file aux guides improvisés de la région d'aller chercher du côté du Cairn des nains ? Je vais pas me plaindre que y ait moins de concurrence, mais je préfèrerais qu’il change juste de profession. D'ailleurs Boy, pour quoi il me suit comme ça ? Pourquoi il est venu me chercher ? Je devrais me méfier, mais bon, un chien de plus, c'est de la nourriture en moins mais c'est de la force en plus et un museau aussi, le flair, y a rien qui vaut ça.
  • Bon et cette Guenaude qui s'occupe d'une tombe, un trésor, c'est un peu tentant pour sur.
Des fois, je prendrai bien la place d'André quand même.
BenjaminP
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Re: [CR] D&D 5E — Rime of the Frostmaiden

Message par BenjaminP »

Exégèse de la lettre de Polaris résumant l'épisode 3, ou : ce qui fut tu ou oublié dans les récits précédents


Lors de la discussion avec les trois magiciennes, il est apparu qu'elles étaient à la recherche d'un quatrième laron, Dzaan, de la Confrérie lui aussi, et qu'elles venaient d'apprendre son arrestation au Hâvredest. Il était accusé du meurtre des frères Lazlo, des guides que connaissait bien la famille Swift.

Le chien, Boy, appartenait à un pauvre marin pêcheur hâtivement reconverti en guide depuis que la glace avait envahi le lac. Sa première expédition devait le mener au Cairn des nains (Kelvin's Cairn), en compagnie d'un étrange duo de demi-géants : des goliaths. Aucun n'est revenu, à part le chien.

Spoiler:
C'est évidemment une manigance de déplacer ainsi cette quête de Targos à Hâvredest pour 1. préparer le compagnon canin de notre ranger et 2. les attirer maintenant jusqu'au Cairn des Nains, pour une petite expédition en montagne tout à fait adaptée à leur niveau, où je compte également placer une surprise pour Anatole.


Avarice la Blanche a en effet investi le château de Châteaudun (Caer Dinneval), ce dont elle s'est ouverte à eux sans ambage dès lors que Loxias lui brandit sous les yeux les morceaux de chardalyn récupérés à l'épisode 1, et qu'Anatole avait pu étudier d'un peu plus près depuis : il y avait perçu sans ambiguïté possible une présence diabolique, celle d'un grand duc des Enfers, Asmodée ou Levistus, probablement. L'intérêt d'Avarice pour ces pierres paraissait donc à la fois très suspect et fort naturel.

Spoiler:
Ça, c'est très intéressant. En théorie, c'est Asmodeus à la manœuvre du côté des duergars, mais ça ne joue pas un grand rôle dans l'histoire. Or, j'ai envie de plus, et je vais le coller au centre de tout. Ce sera lui qui a aidé Auril à reprendre du poil de la bête, et il se sert de l'hiver éternel pour faire monter ses légions à la surface : les duergars. Les duergars sont à la recherche de chardalyn, le matériau dans lequel ils sont en train de construire l'arme qui détruira les dix villages et, en théorie, Avarice aussi recherche la Chardalyn, mais pour le compte de Levistus (qui, de même, n'intervient pas). Je vais donc changer ça aussi, parce que sans cela Avarice ne devrait pas encourager les PJs de s'opposer aux duergars, elle ne devrait s'intéresser qu'à leur chardalyn pour ses affaires tout à fait parallèles et pas du tout liées au bac à sable. Alors voilà ce qu'on va faire :
Levistus en veut horriblement à Asmodée, qui l'a enfermé pour l'éternité en Stygie (ça, c'est le lore de base et la raison pour laquelle il y a bien quelques lignes dans la campagne pour nous expliquer qu'il a missionné Avarice et son culte contre les duergars). Mais il ne va pas se contenter de faire avancer ses billes à lui, non. Il veut contrecarrer les plans d'Asmodée. C'est ce qu'il a annoncé à Avarice, qui n'est donc pas tant là pour la chardalyn que pour empêcher les duergars d'en obtenir et de conquérir le val. Comme ça, Avarice est incontestablement une fiélonne diabolique qui participe à l'asservissement d'un village, et Loxias aura de toute façon grand intérêt à l'empêcher de nuire mais... elle va complètement dans leur sens à eux. Comment vont-ils gérer ça ? J'ai hâte de le savoir !

Enfin, Polaris a en effet rencontré un orc il y a quelques temps déjà, au cours d'un blizzard à aveugler les taupes. L'orc était blessé, il avait glissé dans une crevasse, et Polaris l'a soigné et l'a aidé à passer la nuit, au péril de sa propre vie. L'orc lui a offert en cadeau un symbole de son clan, un petit crâne percé de trois tiges. (C'est aussi juste après cette nuit-là que Polaris, pour se remettre de quelques vilaines engelures, est allé voir Shila du Reghed, la guérisseuse, pour la première fois. On devine l'affection qu'il lui porte depuis à la régularité de sa correspondance, pas tout à fait unilatérale, mais presque. C'est le freux de Shila qui sert de messager.)

Dernière modification par BenjaminP le mer. avr. 03, 2024 12:26 pm, modifié 3 fois.
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haplo
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Re: [CR] D&D 5E — Rime of the Frostmaiden

Message par haplo »

Nouvelle page de Polaris à l'élue de ses pensées : 
Donc on est là, Sefek est de dos. Loxias va tenter de parler, moi je veux venger Garn. Je place Boy, et j’attends mon heure. Le Vieux Maître fait le mort dans un coin, mais très vite il est marron quand Loxias se présente à l'assassin. Ça parle en vain, Sefek dit qu'il est la main d'Auril, la vierge de glace, et qu'il n'a cure et de l'hiver, et de nos sentiments vis à vis de ses victimes. Il nous intime de voir ailleurs, sauf peut être si on peut pousser Rachel dans le feu un peu. Alors mon oncle joue carte sur table. Il est là pour l'arrêter, pour tuer le mal et puis l’œuf, pour faire revenir le Printemps. J'ai pas eu le temps de gouter la fierté qui m'emplissait, par procuration, de partager le sang d'un bonze aussi classe.

Sefek se jette sur lui et j'ai du sang plein les yeux, j'envoie Boy sur son flanc, je me jette sur lui dans son dos avec ma petite épée. Dans ses mains, y a une lame de glace qui s'y forme, il m'esquive, il frappe mon oncle, il domine tout le monde au début, mais on reprend le dessus, on est de loin et mon oncle est protégé par sa foi, le type a les foies, il tente de s’éclipser par un tour qui m'échappe, il réapparaît sur un toit, on le gaule, et c'est fini, les éclairs vengeurs qui s'échappent des mains de Loxias auront raison de lui.

Le temps s'arrête, il roule du toit, s'écrase là comme rien à nos pieds, on croit qu'il va dégobiller mais c'est de la vapeur qui sort de tous ses orifices, peut être le froid qui rattrape son corps qui ne le sentait plus. Le Vieux Maître, il dit que c'est probablement un pacte avec Auril qui prend fin, c'est trop tard, elle a vu ceux qui se dressent.

Un coup d’œil sur le corps, ses tatouages, un étranger, un marin, un type qui a rien à voir avec le mort, avec la nuit. On se demande, et Anatole émet l'idée que c'est peut être un pauvre hère qui a vendu son âme pour éviter la mort. Ça m'avait jamais pris d'imaginer qu'on s'attaquait à une victime. D'un coup y a une honte qui rougit mon visage mais dans le noir on voit rien, je me sens con, un peu sale d'avoir participer à terminer le type. Il était agressif, il nous aurait retrouvé s'il avait pu fuir. Mais d'un coup les affaires sont plus complexes, je réalise qu'il va y avoir des innocents qui vont pâtir, même parmi les bourreaux.

Anatole est vanné, il grelotte, il peine à marcher, on le laisse tituber vers la piaule pendant qu'on traîne le corps au guet. Imdra médite pas longtemps et mon oncle doit se prêter à un interrogatoire. Il ment pas, c'est un fidèle et tout de suite son Dieu c'est la vérité. Mais après le petit rituel de la gardienne, c'est la gaffe, y a Rachel qui est évoquée devant les cognes. Loxias il se débine pas, il dit qu'il a une vague idée mais pas plus, et on comprend qu'Imdra ira pas la chercher, on a quelqu'un de notre côté ça fait un peu plaisir.

Le lendemain au réveil, on se décide, l'hiver il restera toujours, surtout vu que personne veut rien y faire. La destination est la même mais l'optique a changée, c'est dans la buée qui nous échappe à chaque souffle.

J'harnache les chiens, enfin pas Boy, de toute façon le traîneau est pas équipé, et vu où s'est trouvé son dernier maître, la confiance est pas là. Sur le trajet, il essaie de nous dévier d'ailleurs, vers le nord, vers un Cairn. On tient bon, il est obéissant, mais je peux pas m’empêcher de glisser au Vieux Maître mes doutes sur le nouveau compagnon. Il le louche un peu, quand on laisse la paix à la meute, il voit rien même si y a forcément quelque chose. Pendant que je déblatère sur l'esprit des toutous, derrière, Loxias et lui repèrent deux Félins des montagnes, des Lynx - contre qui il serait rudement audacieux de tenter la thaumaturgie, dit Anatole. Ils crèvent la dalle à mesure qu'il rapetissent en s'avançant vers nous, cachés à même la neige. Je vais pour partager le repas, j'ai peur qu'ils amochent un chien, ou nous, ça tente l'infini une bête morte de faim.
 
Je vois l’œil du Vieux Maitre, réprobateur, il parait que les hommes calanchent le ventre vide et moi je veux partager notre pitance. Alors pour voir s'il ira jusqu'au bout, j'y vais pas franc, je propose une affaire : on les piège avec un peu de viande, et quand ils pensent que la vie continue, Anatole leur fait voir le bout de la nuit. Après tout il a sorti son arbalète, c'est la survie qui est en jeu, j'entends dans son regard. Il refuse. Soit on partage la chère, soit on s’entre-tue. Je le tais à ce moment, mais dans mon cœur j’entends tous les hommes depuis l'hiver, tout ce qu'ils ont trouvé d'intelligent à faire, jouer à qui prend le mieux l'huile. Même pas pour se réchauffer, ni rien, ils s'inventent des mythes, ils créent les puissances et puis ils vont toutes les rejoindre dans un ballet de cendres, pour leur donner de la force, ça intrigue et sans pitié, on instaure l'ordre parce qu'on comprend foutre rien, on organise la crève de tout le monde et pour tous et attention faudra bien respecter, c'est important, sans ça, malgré nos épopées de poltrons, on pourra pas pousser l'hiver jusqu'à la côte des épées.

Les lynx, ils veulent juste bouffer et vivre jusqu'à demain.
 
J'aime le Vieux Maître, je sais qu'il a rien à voir avec le boxon. Il a même sûrement raison dans le fond. Mais je peux pas m’empêcher de me demander qui gâche quoi.

Bref, les prédateurs faméliques prennent deux grammes de bon cœur, alors on file, dés fois qu'ils aient l'idée de nous suivre pour gratter un peu encore, et voilà Kelvin's Cairn. Faut trouver une raison de passer dire bonjour, y a le vieux Omri, celui qui négocie les tonnelets avec mon père. Ça faisait une paie, j'avais complètement oublié comme sa gueule c'était son pénitencier. Il transpire la cupidité par chaque morceau de peau qu'on distingue derrière des bijoux qui doivent faire cent fois sa taille une fois dépliés, son sourire fat caché derrière une moustache qui dégouline déjà de tout l'argent qu'il va nous prendre. Mon oncle va lui promettre c'est sûr. Ça va négocier un filon, y a des clients potentiels, pour de la pierre mais pas du granite, plutôt celles qui se négocie avec des étrangers depuis un moment. Omri fait mine, il veut même voir le Néthéril, mais Anatole l’empêche, il voit clair dans son jeu. Omri est un menteur. Quand on ment à un menteur, il faut l'avoir par un autre vice. Et là, c'est la perspective d'une affaire qui fera la notre. Rendez vous est pris, entre son Cairn et le notre, de nuit, pour attirer ni les distraits ni les baveux, pour nous trouer le cuir en somme. Les types qui achètent rigolent pas. Pas serein, le nain, quand ça doit assurer qu'il y aura bien des fouilles. Mais Loxias, c'est un miroir, le commerçant est tellement convaincu du pognon qu'il va gaver qu'il nous propose déjà de nous enfler sur les pourcentages. On a 5 jours. Ça fête l'arrangement avec une bouteille de gnôle achetée au début de notre périple, elle termine mon oncle, ça papote, il parait que la matriarche du Clan du Marteau aime les ballades en duo, avec son ours polaire. Pile ou Boy veut nous traîner, le Cairn au Nord. On à tous l'idée de s'y rendre pas trop tard. Mais là, direction l'auberge, une journée dans le frais à fond sur le traîneau, ça caillasse un quidam.

Sauf que. Quand on est sur le point d'oublier quelques heures, y a Omri qui file de rien après nous avoir juré tout soul qu'il allait ronfler dans la minute. Impossible de s'interdire, il me mène à une bicoque au fond de leur caverne, derrière une arche, dans un quartier pas cossu. Je vois trois silhouettes, ça discute mais je prends pas de chance. Je saurais revenir.
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Elijah Shingern
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Re: [CR] D&D 5E — Rime of the Frostmaiden

Message par Elijah Shingern »

Fragment…

«… Et les yeux bleus et brulants du Dévoué se plongèrent dans les yeux bleus et glacés de l’Impie.

Oh, il écarte sa lourde cape de laine - son épée est tirée !

« Les Archontes du Celui qui veille éternellement sur le Monde ont prophétisé la fin de règne de la Vierge de Glace. Je suis venu pour accomplir Sa Volonté »

Et il psalmodie sa prière et voici que le Symbole, l’oeil du Dieu, brille sur son bouclier ! »

(Mort de Sefek - auteur inconnu)
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Re: [CR] D&D 5E — Rime of the Frostmaiden

Message par BenjaminP »

Superbe, ces fragments ! On n'aura plus qu'à jouer ensuite ceux qui les retrouvent enfouis dans une bibliothèque oubliée !
Puisqu'on y est, voici Hâvredest dans toute sa splendeur, ce qui devrait vous aider à combler les trous (texte transmis aux joueurs).


Hâvredest

Hâvredest, ou Easthaven pour les peuplades du Rheged, est un monument du passé du Val, l'archétype du mode de vie de pionniers qui s'est emparé de la région voici quelques siècles. Depuis que d'autres villages ont suivi cette évolution alentour, Hâvredest a poursuivi sa croissance et sa transformation. Après le pavage de la route de l'Est, le village est devenue le paradis des marchands comme en témoigne son marché florissant. Il aiguise à présent l'appétit de ses voisins.

Les fondateurs de la ville étaient des voleurs issus du duché de Velen, une péninsule du sud lointain. Ils avaient refusé de plier devant la guilde locale, ce qui leur valut l'exil. Aujourd'hui encore, Hâvredest honore ses pères fondateurs par une législation très tolérante envers les voleurs. Gardez là-bas toujours un œil sur vos possessions.

Avant que ne tombe l'hiver éternel, un ferry partait de Hâvredest pour rallier les ports de Châteauroi et Châteaudun. Mais le lac est pris dans la glace à présent, presque en intégralité. Les pêcheurs peuvent encore y pratiquer des trous, à condition de s'aventurer loin, ce qui est risqué. Surtout, le ferry ne circule plus. Son capitaine, Scython, se retrouve bien désœuvré. Il passe ainsi son temps à La Truite, près des docks, la taverne de Nymetra Myskyn.

Sacrée figure, Nymetra. Un cœur aussi dur que ses tripes. Elle fait partie de ceux qui regardent les rigueurs de l'hiver comme le moyen de trier le bon grain de l'ivraie. Quelques sacrifices ne lui font pas peur, ça non. C'est parce qu'elle n'est pas seule et que sa voix, à elle et ceux qui pensent comme elle, porte beaucoup, que Hâvredest fait partie de ces villages qui, pour apaiser Auril, lui font des sacrifices. Mais pas de la nourriture comme à Châteauroi, non : des humains, comme à Montandre. À croire que plus le village est grand, plus l'appétit d'Auril grandit.

La voix de Hâvredest, le vieux Dann Waylen, n'est pas un mauvais bougre. Mais comme Duvessa à Montandre, il se contente d'être le porte-parole du village lors des grandes assemblées du Val. Hors de cela, il ne décide rien seul et n'a pas pu s'opposer au désir de la population. Tout juste s'est-il contenté d'ordonner à Imdra Arlaggath, l'elfe qui dirige sa forte milice, d'y aller doucement et aussi discrètement que possible. Et c'est pourquoi, quand on lui collé dans les pattes un mage de mauvaise réputation accusé d'avoir tué les frères Lazlo, des citoyens irréprochables, il a tout de suite vu l'opportunité : un prêté, un rendu. Il condamnait le mage, il sauvait quelqu'un d'autre...

Spoiler:
Oui, comme on ne sait pas bien qui Dzaan est accusé d'avoir tué, ni d'ailleurs comment la milice s'est débrouillée pour l'arrêter sans mal et l'exécuter ainsi (c'est un fucking mage rouge de Thay qui balance des sorts de simulacre, ça se rend pas comme ça !), j'ai été un peu créatif sur cette histoire. Déjà, c'est un simulacre de Dzaan, sur le bûcher, pas Dzaan lui-même. Et c'est aussi un simulacre dans sa tour. Le vrai, je l'ai envoyé à la poursuite de "la comète", c'est-à-dire le spelljammer illithid qui s'est écrasé dans le val. On verra s'ils lui rendront visite au chapitre 2 ! Ça permet aussi d'ajouter un peu d'intrigue avec les trois autres, qui le cherchent aussi, parce que c'est lui qui est censé en savoir le plus long sur Ythryn. Le faire disparaître aussi tôt, c'est un peu dommage...

PS : la dernière lettre de Polaris et les derniers fragments correspondent donc à l'épisode 4.
Dernière modification par BenjaminP le ven. mars 29, 2024 12:39 pm, modifié 1 fois.
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Re: [CR] D&D 5E — Rime of the Frostmaiden

Message par Elijah Shingern »

Fragments...

"Immense
Est la puissance
Qui toujours à Anatole apporte la victoire !

Je me garde de dire comment il a piégé Omri Pensées Retorses
Ou Avarice Maîtresse des Gargouilles,
Ou Vellyne qui fouille la terre.

Mais pour les guerriers qui sont là,
Quelle magie redoutable est sortie de ses doigts,
Quelle puissance s'est abattue sur eux en un torrent terrible,
Ivre de colère et de violence
Toute brûlante de la force des incendies !

Et, sur l'épaule d'Anatole aux multiples savoirs,
L'orgueilleux Dodu au plumes grises
Regardait les cendres voleter en roucoulant."

(Chanson d'Anatole - Rinaldo d'Havre d'Est)

"Veilleur aux noms innombrables,
Gardien de l'Escalier Céleste,
Porteur de l'Epée à la lame flamboyante,

Helm Maître de la Tour de Garde
Sur les flancs de la Triade,
La Maison des Quatre Dieux,
Les Dieux qui rendent la justice

C’est toi que la sombre Lumière,
La Lumière des flammes fumantes,
A vu paraître au commencement des temps
Surgissant des flammes de la création
Et du rêve du Dieu Caché,

C'est ton oracle qui m'envoie,
Ma poitrine couverte d'acier
Mon bras portant le bouclier
Ma main tenant l'épée
Chargé de la mission éternelle

L'esprit plein des hymnes divins,
Dans l’allégresse et la joie,
Je reviens sur les routes du Nord
Aujourd’hui qu’un fléau violent
Qu’un mal menace mon peuple
Tu m'envoies dans les plaines mugissantes

Toi qui veille sur l'âme des Dieux,
L'âme des Dieux de Justice,

Toi qui préside aux appels,
Aux appels des voix de la guerre,

Toi, le Veilleur, le Porteur d'Armure
Toi, le Vigilant, apparaîs-moi !»

(Hymne à Helm - Loxias Swift)
Vous nous voyez parmi les nations
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BenjaminP
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Re: [CR] D&D 5E — Rime of the Frostmaiden

Message par BenjaminP »

Comme vous le voyez peut-être si vous avez lu la campagne, j'ai beaucoup étoffé la vallée naine, dans la foulée de ce que j'avais lancé du côté de Fros en Far et de son lien commercial avec celle-ci. Omri est le contact en question, et je double la mise en m'en servant également de contact pour la partie chardalyne de l'histoire. Encore une fois, il me paraît bien naturel que les nains du Val soient mêlés de près à tout ça.

Épisode 5 : Ce qui manquait au sommet

Polaris, Anatole et Loxias ont rencontré au pied du Grand Cairn l'aînée du clan nain et sa monture polaire, qui leur fit part de ses craintes quant au retour d'Auril et, plus particulièrement de ses fidèles serviteurs contre lesquels les nains bataillèrent durement jadis : les géants. La victoire n'avait été alors possible que grâce à l'alliance avec ce petit peuple, les grands Goliath, que les géants tenaient en servitude. C'était la raison de sa présence au pied du Cairn : elle avait aperçu, spectacle devenu rare, deux de ces Goliaths monter là-haut dans l'espoir d'y apercevoir Oyaminartok, l'ourse sacrée. Mais, peut-être suite à cet énorme éboulement qui avait secoué la terre jusque dans la vallée naine, ils n'étaient pas redescendus.

Oui, c'était l'occasion de mettre en scène une chef de clan, qui en sait donc un peu plus long que le pékin moyen. Je l'ai choisie vieille et un peu perchée, prise dans les brumes de l'histoire. Cela m'a permis de la lier à un aspect qui me servira bien ensuite : la guerre des nains contre les géants. Son intérêt pour les goliaths vient de là : elle se souvient d'une alliance lointaine avec ces anciens esclaves des géants, quand il s'était agi de vaincre leurs maîtres. Malheureusement, les deux grandes tribus goliath du Val ne sont même plus capables de s'entendre entre elles. Si les géants devaient revenir à la faveur de l'hiver, comment pourrait-on bien renouer l'alliance ancienne, dans ces conditions ?

Spoiler:
Wink wink, vous me voyez venir : c'est un appeau vers les deux villages goliath du chapitre 2. Au passage, c'est une belle façon d'introduire Oyaminartok que je trouve assez cool, une forme d'esprit protecteur incarné et joyeux.

Nos trois héros entreprirent alors l'ascension pour le plus grand plaisir de Boy, le chien adopté par Polaris, qui n'y tenait plus, et pour cause : il trouva bien vite le corps de son ancien maître, celui qui avait servi de guide au Goliath, sous les restes de l'avalanche qui l'avait fait passer de vie à trépas. Un lien subtil se créa entre Polaris et Boy à cette occasion, une émotion partagée qui les rendrait inséparables. Plus haut encore, après une escalade éreintante, ils découvrirent à bout de souffle la caverne d'un yéti et dans celle-ci, la jambe brisée mais encore habité d'un mince souffle de vie, l'un des deux goliaths, tourmenté par le rejeton du monstre endormi, au fond. Ils voulurent prendre le temps d'agir en tout discrétion mais quand Anatole perçut derrière lui, juste de l'autre côté du pont de glace qu'ils venaient de franchir, la présence glacée du mâle de retour de sa chasse, les événements se précipitèrent. Loxias invoqua l'aide de Helm dans cette épreuve et grand bien lui en prit : un éclair jaillissant de son bouclier saint foudroya la femelle encore endormie, permettant à Polaris de la clouer sur place d'une flèche habile. Anatole, lui, seul face au plus gros spécimen, fit appel à la ruse. Il provoqua la bête et disparut dans un nuage de brume dès qu'elle se jeta sur lui, la laissant déséquilibrée, au bord du gouffre, avant de faire parler une magie plus vive qui la fit basculer. Elle s'abîma, sans appel. Loxias pouvait alors venir en aide au pauvre goliath, une fois le rejeton apeuré hors de son chemin.

Là, je suis surtout bien content d'avoir pu jouer "diégétiquement" le lien entre un ranger et sa bête. Boy a pris beaucoup de consistance, il s'est passé quelque chose entre Polaris et lui qui justifie qu'ils seront ensuite soudés pour la vie.

Notre équipe n'était pas pour autant au bout de leurs surprises, car Anatole entendait du côté du sommet une mélodie nostalgique et douloureuse : l'appel de son passé. C'était vers cette hauteur que son aimée Isale était partie il y avait tant d'années, à la recherche des secrets d'Ythryn, lui empruntant son grimoire sans le lui demander. Elle n'était jamais revenue. Il grimpa, les genoux près de flancher, jusqu'à découvrir que l'éboulis avait libéré des glaces la stèle qu'Isale cherchait, et qui par sa magie ancienne l'avait emprisonnée telle qu'elle était encore, là devant lui, préservée des ans dans un cercueil de givre, un grimoire à ses pieds.

Oui, je détourne cette histoire de magicienne prise par le froid avec son grimoire là-haut pour en faire la backstory d'Anatole sans scrupule ! Par ailleurs, je fais de l'endroit quelque chose d'un peu plus significatif, pour les besoins de la cause : l'emplacement d'une stèle issue d'Ythryn qui m'a donné l'occasion de parler du mithalar et des mages Netheril. Encore une fois, ce qui manque surtout à cette campagne, c'est du foreshadowing, des moyens de mieux comprendre ses enjeux et ce qui se passera ensuite. J'y vais plutôt gaiement, de ce point de vue. J'espère que mes joueurs en sont satisfaits !
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haplo
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Re: [CR] D&D 5E — Rime of the Frostmaiden

Message par haplo »

Nouvelle page de Polaris pour sa douce :
De loin la montagne elle s'était cassé la gueule, on pouvait pas manquer. Boy nous fait contourner toute la pierre, y a un campement au pied. Et puis une naine, Kelta, la matriarche, celle qu'on venait croiser. Dans le décor à moitié, un pied déjà dans l'ether, à se faire des torticolis parce que personne est digne de sa peine. Elle à les yeux humides comme nos bottes, l'air que tout le monde va mourir et qu'elle pourra rien faire, c'est trop tard, on s'est trop conforté. Mon Oncle et le Vieux Maitre se font connaitre, alors avec les chiens on s'approche des tentes. Y en a une la couche dedans elle rend Boy fou, son Vieux maitre à lui j'ai déduit, les yeux rivés sur le compagnon et l'oreille attentive aux échanges des anciens.

D'abord ça évoque la situation, la Nuit bien sur, mais les hommes et les nains et leurs affaires. Auril et son rapport avec les Géants. Les Goliaths qui se font plus voir chez les nains. Qui voient même plus Oyaminartok, pour moi c'était une légende, mais visiblement pas. Ça s'informe à demi mots, ça promet un peu sans dire, Loxias et Anatole lachent Omri et son marché voilé, elle sait que ce type pousse à la perte avec ses gains. Elle va nous envoyer deux sbires pour le rendez-vous, et vu comme on s'attend à tout on pense que c'est pas démérité, on joue franc-jeu, et tiens, on va monter, y avait deux Golitahs et un homme dans ces tentes, il faut absoluement qu'ils parlent à Kelta. On jure, on lui a pris un peu de peine et on l'a fait nôtre, c'est pas grand chose mais c'est toujours ça de moins sur son dos.

Et puis Boy il tire, il veut monter lui. J'arrache des bouts de tissus des couches désertées, on sait pas, Boy il connait l'homme, mais pas les deux autres, faudra des pistes.

On commence la montée. Et d'un coup Boy il se jette sur de la neige qui s'est répandue y a peu, une avalanche. Il creuse comme un raté alors je lui donne deux bras de plus et on dégage un type tout bleu, le corps déchiré, les griffes d'un yéti ça. Boy il l'intuite, on a tous compris qui c'est, il hurle, il jappe, je tombe dans la poudre pour l'enserrer, je sens son odeur de chien qui vit dehors, j'ai l'oreille gélée contre son poil trempé, mais je m'arrache pas il a besoin. On reste comme ça un peu, il est seul le défunt, on cherche, pas de trace de demi-géant. Dans la main, une truite, pour appater son prédateur peut-être ? Ou pendant la croûte ? Une bourse pleine et des crampons qui lui serviront plus, on prend, autant je veux la paix tout le temps, autant faut se servir quand c'est trop tard.

La vraie ascencion débute, tant bien que mal on monte, on arrivera encordés, les bras foutus, les jambes cabossées. Anatole il douille comme jamais, et Boy, j'ai pas bien vu comment il s'est débrouillé, c'est le premier là haut. Anatole, ce matin, il me disait que c'était un genre de fiélon le chien, tout de suite j'ai pensé au machin à trois tête que le cousin parti à Pasdhiver il mimait quand on était gamin. Mais Boy, c'est juste un chien de traineau, alors bon, il fait moins peur. Là haut, une caverne, on se repose à peine, avec le vent on préfère s'engouffrer. Le Vieux Maitre il murmure, son baton s'éclaire, l'artère c'est plus un mystère sur quelques pieds, à un moment le chemin c'est deux voies. Y a l'une des odeurs des couches qu'on a déchiré un peu plus loin, d'un côté la sureté, un peu plus haut un pont de glace, ce sera notre choix. Avec Boy on y va miteux, sans rien dire, ça surplombe un Goliath, c'est le jouet d'un enfant Yéti, il est attaché et presque mourant, sous le ronflement de la mère du petit.

Loxias déboule, on se regarde, il me connait, je veux pas de violence, je me demande même s'ils seront sensibles à mes mots doux, les Yetis, mais vite je m'aperçois qu'il n'yaura pas de choix. Alors on réveille la dame qui dort à coup d'éclairs et d'une flèche bien sentie. Elle a pas souffert, c'est pas une consolation. Derrière nous on entend Anatole, il fonce contre le mur au dessus du ravin, suivi par le patriarche Yéti, à la dernière seconde, de la fumée, la bête qui allait le saisir, elle cogne le mur, et vannée elle tombe dans le ravin, tandis que le Vieux Maitre apparait dans une volute de l'autre côté du pont.

On a pas le temps de féliciter, on s'interpose, le bébé Yéti va falloir trouver quoi faire, en attendant je le rassure, des paroles, des attitudes, des cris. Je suis un hypocrite. Le Goliath il va vouloir le tuer, et on doit l'avoir avec nous. Le môme poilu, on pourra pas l'élever, et on va pas faire de la viande séchée avec ses parents sous ses yeux. Plutôt que le voir se faire torturer par le demi-géant, je vais m'en occuper, ce soir il dormira pour toujours.

C'est là que le Vieux Maitre nous retrouve, il a vu le sommet, l'autre demi-géant, c'est une Goliath, elle est passée. Quand il décrit, ils sont pas du même clan. Est ce qu'ils sont eux aussi comme nous, à se débattre pour sauver les leurs d'Auril ? Ils venaient trouver quoi ? Tout ça je vais me le demander dans la nuit. Pour l'instant je suis inquiet pour celui qui m'a appris à lire et compter. Dans ses yeux, aucune malice ne pétille, ni rien de grave qui surplombe. Non. C'est une mélopée du fond des tripes, de quelque part en lui, elle nous prend tous les deux avec Loxias, y a quelque chose d'intime qui se passe ailleurs et ça s'est mal passé, c'est toujours notre Vieux Maitre et c'est aussi quelqu'un d'autre, de plus grave que quand il parle d'Auril, de plus profond que quand il fanfaronne, qui se ferme à nous par pudeur, ou simplement parce qu'il est tout à ses pensées.

Anatole demande si passer la nuit ici, ça s'envisage, on comprend qu'il a trouvé quelque chose là haut. Dans une caverne, complètement exténués, on sera pas victime du vent ou des avalanches - ou pas directement, de toute façon on aurait pas eu le choix que de se reposer ici. Il opine, et repart sec. On va s'occuper du Goliath, et commencer à préparer le séjour.

Quelques heures plus tard, on est sur le point de se répartir la garde. On entend des pas, un baton qui tape le sol, le souffle de notre ami. Le Vieux Maitre apparait et agrandit notre cercle, le visage soucieux, triste, tragique, aimant, sincère, et les yeux dans le gris du passé. "Mes jeunes amis, je vais vous raconter une histoire..."
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Elijah Shingern
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Re: [CR] D&D 5E — Rime of the Frostmaiden

Message par Elijah Shingern »

Fragments...

"POLARIS -
Pour moi, Vieux Maître,
Boy a une conscience particulière,
Qui transcende sa nature de chien.
Il n'est pas un simple être vivant.

ANATOLE -
Tu as raison, mon petit.
Ce clébard a bien un petit quelque chose !
Regarde comme il aime qu'on lui gratte la tête !
Tiens mon grand, prends donc de ces croquettes arcaniques !

POLARIS -
Vieux Maître,
Toi qui connais tous les secrets de l'Univers,
Saurais tu me dire si le lien qui m'attache à Boy
Est de nature divine, magique, ou simplement matérielle ?

ANATOLE -
Regarde comme ce toutou est gentil !
Il me ramène mes cranquettes !
Bon Toutou, bon toutou !
Gouzi-gouzi !"

(Extrait du Dialogue sur la nature des Chiens et des Pigeons)


"Isale, Adorable Isale !
Toi qui recherchais les secrets
Et la nuit demeurais à l'affut
Sur les lourds grimoires des temps anciens
Isale, Adorable Isale !
Toi qui dissipais mes ténèbres,
Et te glissais dans la tanière
De mon cœur
Ni les glaces éternelles,
Ni les hommes éphémères,
Ne m'empêcheront de te rejoindre."

(Complainte d'Anatole)
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Re: [CR] D&D 5E — Rime of the Frostmaiden

Message par Arno »

Changez rien, vous êtes magnifiques :)
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Re: [CR] D&D 5E — Rime of the Frostmaiden

Message par Harfang2 »

On vous suit;  :bravo:
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BenjaminP
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Re: [CR] D&D 5E — Rime of the Frostmaiden

Message par BenjaminP »

Harfang2 a écrit : sam. mars 30, 2024 12:21 pm On vous suit; :bravo:

Arno a écrit : ven. mars 29, 2024 9:49 pm Changez rien, vous êtes magnifiques :)

Merci !
Nous rattraperons bientôt les parties jouées. Nous avons joué deux sessions de plus, dont une pour laquelle la lettre de Polaris est déjà écrite et dont la publication ne saurait tarder.

Les Fragments d'@Elijah Shingern sont créées selon le rythme du scalde, dont l'inspiration ne se commande pas.
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Re: [CR] D&D 5E — Rime of the Frostmaiden

Message par haplo »

Avant dernière lettre de Polaris à Shila :
Anatole il nous a tout raconté, comment il a aimé, comment il a été lache, comment ça l'a sauvé, comment ça l'a détruit un peu. Le Goliath est sorti de sa torpeur, et ça nous a fait passer à autre chose. Déjà il était tout perdu, il bredouillait dans sa langue, illuminé, malade et mourant à moitié, jusqu'à ce qu'on lui parle sa langue histoire de le secouer. Alors on évoque ensemble son voyage, sa compagne qui est morte là haut, surement des amants les deux, et puis l'espoir d'un Printemps pour eux, qui auraient unis leurs clans mais c'est foutu maintenant. Oyaminartok ne les a pas entendu, ne les a pas trouvé, et ils se sont fait poisser par les yétis, y a pas de destin. L'Ours sacrée de toute façon ça fait des années qu'ils l'ont pas vu, il nous le dit tout net d'ailleurs le demi-géant, ils sont venus là sans savoir avec son aimée, ils cherchaient en vain.

Il ira plus nulle part, on le convainc d'aller discuter avec la matriarche, on sera l'escorte et puis après de toute façon il sera libre. Mais d'ici là, on va nourrir les chiens avec les tripes des grands singes, et puis nous même on va se débrouiller pour ramener de la viande aux nains, ce sera toujours du pécule en plus. Le Vieux Maitre il était déjà redevenu lui-même, ça mettait du baume de l'entendre raler pour ses rhumatismes et avoir le bon mot, celui qui dédramatise tout et qui fait supporter l'existence à des moments. On a quelques jours pour se reposer, alors on va profiter de l'hospitalité naine, et puis on avait laissé une histoire en plan, les messes basses d'Omri. On se fait remarquer, mon oncle il déambule, un peu trop même y a quelque chose qui se voit dans son attitude, mais ça nous empèche pas de comprendre qu'on est suivi de près, par 3 nains, bien formés, des pisteurs c'est sur. Depuis combien de temps ? Surement depuis le premier jour de l'affaire. Si ça se met on leur a dégagé le passage dans le Cairn et ils ont dans l'idée d'aller tout dépouiller.

On est sur nos gardes, mais de toute façon il faut qu'on prenne le temps, et on les a en vue. On amène le Goliath à la Matriarche, elle rajeunit quand elle le voit et elle joue sa part, y a deux vieux guerriers, des habitués des descentes dans le ventre du monde, ils nous accompagneront au rendez-vous. Mon oncle les reçoit au bistrot, ils évoquent leurs faits d'armes, l'espace de quelques godets on a de vieux amis. C'est étrange le lien, je deteste la violence, la guerre l'idée elle me fout hors de moi, et là j'ai tout l'exemple que ça rapproche des âmes, ils évoquent pas les mêmes campagnes et pourtant arracher sa survie sur les champs de bataille c'est un truc universel, ça fait des frères de partout dans le monde et l'horreur elle voile derrière leurs pupilles mais tout le reste ça les éveille et ça ressere. J'ai d'authentiques amis, de longue date, sous les yeux, c'est surement pareil partout quand les choses se tassent. Enfin. Pour les vrais vainqueurs, les survivants. 

Quand on évoque les Duergars, par contre, ça les intrigue les deux nains, ils connaissent, c'est un peu le gibier de leur jeunesse. Ils se tiendront loin, on se met d'accord pour une embuscade quand on ira chercher le filon. On prend le temps, et le rendez-vous arrive. On part avec Omri, il est tout mielleux, tout géné, il a l'odeur de la peur et de la trahison, faut dire qu'on a du les ennuyer sévères à rester à la ville au lieu de leur montrer ou on trouve tout ce néthéril.

On arrive, et là on voit 4 nains, la peau pâle, trop blème, Omri il nous fait les petits yeux, ceux qui demandent pardon mais pas vraiment. Le Duergar il se présente, Ruvik, mais il fait pas de poésie, il nous jette un sac à la gueule, y a la moitié de ce qui est convenu, et il veut qu'on fasse vite. Alors on se regarde avec Loxias, on sait ou on les emmène, et on sait qu'il y aura pas de retour. Mon oncle il essaie de tirer les vers aux Nains de très loin, il l'a par la religion, on comprend que le type bosse pas seul, il est au service d'un prince, Nildar ou Xardorok, ou quelque chose du genre, qui ne présage rien de bon. J'entend pas bien, j'ai la gorge qui est sèche, je me souviens du vieux maitre qui nous disait comme ce peuple était déterminé, tenace et puissant, alors je me dis qu'il faudra frapper les premiers, sans quoi on aura plus le loisir. Anatole aussi, il fait mine mais il écoute. 

Et puis les carreaux partent, y a un Nains des profondeurs qui meurt d'un coup et on a un peu d'avance, avec Anatole on en aligne un de suite, et sans regret parce que d'un coup nos gaillards de 4 pieds ils se mettent à grandir et c'est pas la perspective. Avec Boy on saute sur l'un des deux debout encore qui se jette sur Anatole, on le gauffre au sol et on l'occis au plus vite, aidés par le Vieux Maitre qui déchaine la puissance de la Toile. On est toujours plus forts à plusieurs et on a abandonné mon oncle. Il tombe dans la neige qui rougeoit désormais, faut jamais se séparer. Le dernier il nous fonce déjà dessus en continuant de grandir, avec Boy on va s'en prendre à lui, je tremble un peu mais pas le choix. Et je reçois l'aide inattendu de Perceval, le compagnon d'Anatole, qui jette toutes ses plumes, tout son gras, il cogne en pleine tête le Duergar quand il arrive sur moi, ça me laisse voir de planter ma lame, j'esquive de justesse, l'instant d'après des salves d'énergies s'écrasent sur l'adversaire, il s'écroule. 

On souffle.
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Elijah Shingern
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Re: [CR] D&D 5E — Rime of the Frostmaiden

Message par Elijah Shingern »

Fragment...

"Loxias dur au combat défia Ruvik fils de Rurik.
La lame d'acier trempée, guidée par le Vigilant,
Traversa la sombre côte de maille,
Et fit couler le sang noir sur la neige blanche
Mais Duerra Maîtresse des Profondeurs
Ecarta l'ombre affreuse de Kelemvor,
Et insuffla à Ruvik la force d'un Dieu.

"Loxias, la Déesse de la Fosse n'aime pas
Les humains aux bouches arrogantes ;
Ton cadavre sera la proie des vautours et des chiens."
Il dit ; et d'un coup de son lourd marteau,
Il frappa Loxias près de la tempe ;
Ses genoux se défirent.

Polaris senti son cœur s'emplir de détresse,
Et tira son épée : " Anatole ! Mon oncle
Est tombé ; Aide moi, si tu le peux,
A protéger son corps de la haine de Ruvik !"
Devant lui, Ruvik Peste des Hommes
Grandissait, guidé par Duerra la Violente.

Voyant ceci, Anatole, rêvant de malheur,
Prononça des paroles meurtrières, et un éclair
Foudroya Tormion à la face blême,
Frère d'armes de Ruvik -
Ils servaient ensemble Nildar, fils de Xardorok,
Dans le triste Royaume Souterrain -
L'ombre voila son regard.

De son épaule, pareil à un aigle
Qui, découvrant une proie,
Quitte son aire pour fondre sur elle,
Perceval Fiente Fatale s'envola,
Et vint picorer les yeux du Duergar.
Poussant un grand cri,
Polaris frappa à la jointure de l'armure,
Et enfonça son épée dans la chair pâle..."

(Chant VII - Brochure commerciale de Fros en Fars)
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