118, Telemly (Bilal Beghoura, 2024) : à la mort de son père, Bilal, qui vit en France depuis la fin des années 90, retourne en Algérie. Il revient sur l'histoire du pays, de sa famille et sur son adolescence, marquée au fer rouge par la musique metal, durant la décennie noire.
Je précise avant tout que je connais depuis longtemps le réalisateur ainsi que d'autres intervenants de ce documentaire. J'ai suivi, de près puis de plus loin, le long travail pour donner naissance au film, je ne suis donc pas vraiment objectif.
J'ai été embarqué par cette petite histoire qui traverse la grande Histoire. À travers la découverte puis la passion du metal (découvert avec
You Could Be Mine des Guns'N'Roses dans la BO de
Terminator 2 !), Bilal explore une période complexe et sanglante de son pays d'origine, entre aînés (membres du PAGS, du PCA...) qui voient les choses aller de plus en plus mal et ados qui ne se rendent pas forcément compte que développer une telle culture musicale n'est pas anodin. C'est potentiellement dangereux, en même temps qu'un vrai moyen de contestation.
Le métrage ne verse jamais dans l'angélisme et pointe intelligemment certains paradoxes de l'époque. En un peu moins d'une heure le réalisateur navigue avec talent entre histoire familiale en faisant intervenir famille et amis d'enfance, développement du metal à un endroit où ça ne semble pas évident à première vue et histoire violente de l'Algérie. Alors oui c'est nostalgique, mais avec du recul, oui c'est triste, mais avec une vraie lueur d'espoir.
Sur la forme c'est réussi également, que ce soit l'écriture, la photo, le montage, la très belle BO (signée Jay, membre notamment du groupe de stoner Mudweiser)...
Je pense que même si vous ne vous ne vous intéressez pas à cette musique (c'est plus ou moins mon cas), le film vaut le coup d'être vu, ne serait-ce que pour la peinture d'un univers relativement inconnu, en tout cas passé sous les radars de l'immense majorité des médias.
Grosse émotion lors du débat qui a suivi la projection, avec les interventions de plusieurs personnes ayant vécu en Algérie à cette période, parfois anciens du PAGS, parfois ayant dû fuir le pays, contents de voir que l'espoir, même innocent, existait bien.
C'est compliqué d'accéder au film : pour le moment quelques projections en festival ou en ciné d'art et d'essai, ça démarre lentement, mais sûrement. S'il passe près de chez vous, n'hésitez pas.
Dredd (Pete Travis, 2012) : le futur. Mega City One est une mégalopole américaine gangrenée par le crime. Les Juges y sont à la fois policiers, juges et bourreaux. L'un d'eux, Dredd, accompagné d'une nouvelle recrue télépathe, Anderson, intervient pour un cas d'homicides dans une immense immeuble bidonville où vivent plusieurs dizaines de milliers de personnes.
Je connais très très mal
Judge Dredd. Je vois quel est le concept, j'ai lu vite fait quelques épisodes épars du comic book, et j'ai pas vu le film des années 90. Je peux donc pas juger de la fidélité à l'œuvre originale, mais je peux dire que j'ai vu une chouette petite série B SF / action. Le réalisateur gère avec talent le budget visiblement très limité en faisant de son film un huis clos dans un immeuble, une grande partie de l'histoire se déroulant dans des couloirs et des pièces délabrées et quasi vides. Au niveau des effets spéciaux numériques c'est très inégal, parfois réussi et parfois carrément raté.
Mais il y a une ambiance, une
vibe cyberpunk cynique, amorale et violente qui rend le visionnage agréable. Karl Urban, jamais sans son casque, passe une heure et demie à grogner, à balancer des
punchlines et à défourailler, les autres personnages (Anderson, la grande méchante, ses sous-fifres...) sont cools, c'est couillon, ça saigne et ça explose, c'est tout ce que je demandais. C'est marrant.
