[CR] Millevaux et autres jeux Outsider

Critiques de Jeu, Comptes rendus et retour d'expérience
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Pikathulhu
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Re: [CR] Millevaux et autres jeux Outsider

Message par Pikathulhu »

INVITATION À LA COUR FÉERIQUE

Les Sentes s'aventurent dans le bois de Faerie, au cœur du multivers. Voici le fragile témoignage de ce que nos âmes immortelles y vécurent.

(temps de lecture : 9 min)


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La troupe du Cabaret des Sirènes incarnait des courtisanes de la Cour Féerique. Arnaud Lanoix Brauer, cc-by


Joué les 5 & 6 octobre 2010 à La Ville Albertine, Ambon, Mor Bihan

Le jeu : Les Sentes, le GN des drames forestiers dans une réalité sorcière

Univers : la forêt de Millevaux


Albums photo du GN :

photos par Enora du Cabaret des Sirènes, libre de droits
photos par Arnaud Lanoix Brauer, cc-by


Le contexte :

Les Sentes est un GN qui commence à avoir de la bouteille. Inventé en 2018, il a depuis connu de nombreuses éditions, certaines très fidèles à la proposition post-apocalyptique forestière de départ, d'autres franchement éloignés tels Le Conservatoire Occulte (ésotérisme contemporain, en intérieur) ou Le Pardon des Anaon (GN de village fantastique qui reprend surtout la mécanique des rituels).

Invitation à la cour féerique est aussi une édition très à part à sa façon. Elle capitalise beaucoup sur des nouveaux peuples (les féeriques, les corax, les horlas) et proposant un cadre med-fan assez détaché de l'idée de départ avec tout un multivers, des religions...

C'était en quelque sorte une version améliorée de Valerrance, la première itération med-fan des Sentes, puisqu'il en reprenait le principe des alliances (des regroupements de communautés pour former une grosse confrontation tripartite) et aussi l'enjeu final de fermeture de portail. Tout en réparant ce dernier : sur Valerrance, les actions des trois alliances avaient un impact sur la fermeture du portail, mais dans les faits nous avons eu beaucoup de mal à nous coordonner. Sur Invitation à la cour féerique, rien ni personne ne pouvait empêcher la fermeture, tout ce qu'on faisait dans ce sens était du pur play to lose et au final il y avait surtout un choix individuel de rester en Faerie ou de la quitter à la fin du jeu.

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La cour féerique sait recevoir. photo par Arnaud Lanoix Brauer, cc-by


L'ambiance féerique au rendez-vous

On peut remercier tout le monde pour l'effort réalisé sur les costumes. J'ai le sentiment que l'immersion dans l'ambiance magique était là.

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Deux corax en pleine conspiration. photo par Arnaud Lanoix Brauer, cc-by

Mon moment waow personnel a été quand la pâtisserie féerique nous a été ouverte. Carl et Marina ont bossé de fou sur cette édition pour que ça soit inoubliable. Çà n'est pas évident de faire de la pâtisserie végane inventive et le défi a été à mes yeux totalement relevé.

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La pâtisserie féerique photo par Arnaud Lanoix Brauer, cc-by

L'immersion était présente tout le temps, même au moment des repas où d'habitude je constate un relâchement (il faut dire que depuis deux sessions nous proposons un espace hors-jeu au sein de la zone de repas, ça permet de limiter le phénomène).

L'immersion fut si intense qu'il a plu des cordes toute la soirée :)
Ce qui a un peu émoussé les ardeurs et le jeu du samedi s'est terminé vers 23H faute de personnes motivées.

Quelqu'un dans ses retours a évoqué une ambiance à la Alice au pays des merveilles et cela évoque tout à fait des un des effets recherchés, notamment lors du tribunal des banni.e.s, qui a beaucoup à voir avec l'absurde procès du vol de tartes dans Alice au pays des merveilles.

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La cour féerique siège, en attendant de présider au tribunal des banni.e.s qui aura lieu dans la soirée. photo par Arnaud Lanoix Brauer, cc-by


Le Cabaret des Sirènes

Un mot sur la collaboration avec la troupe associative du Cabaret des Sirènes. Faire participer ces GNistes / danseuses / artistes était un des grands enjeux d'Invitation à la cour féerique.

L'entretien que j'avais fait avec elles éclaire beaucoup sur leur démarche mais en gros la promesse a été tenue.

C'est toujours très gratifiant d'avoir un supplément artistique sur un GN et pour ma part j'ai aussi beaucoup apprécié leur démarche de play to lose
, que ce soit au niveau de la mise en valeur des autres PJ mais aussi des temps forts collectifs, notamment la danse nuptiale.

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Une fée du Cabaret des Sirènes (à droite) a toujours à cœur de faire entrer les convives dans la danse. photo par Arnaud Lanoix Brauer, cc-by

Une répartition inégale au sein des communautés

Petite surprise de l'édition : trois des six communautés n'ont été honorées que d'un PJ : la communauté horla et les deux communautés humanes.

L'exotisme et la nouveauté a donc recueilli l'intérêt puisque les PJ se sont concentrés sur les deux communautés féeriques et la communauté corax, ce qui a bien sûr beaucoup influencé la nature des tensions.

C'est un problème sans en être un. Je tiens à ce que les jouaires soient libres de choisir leurs personnages et je ne cherche pas à valider. De surcroît, c'était une édition à l'économie : très peu de calibrage (pas de discord, pas de listing partagé de personnages, pas de pré-calibrage des liens relationnels) et donc je n'avais pas d'aperçu sur la répartition des rôles.

Ceci dit, bien que le résultat m'ait satisfait, dans le sens où les gens ont joué ce qui les intéressait, si je dois un jour réorganiser ce GN, je tenterai de réguler les effectifs de chaque communauté pour avoir un résultat différent.

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À seulement deux humanes, explorer Faerie ne va pas être évident. photo par Arnaud Lanoix Brauer, cc-by


Une édition sous le signe du lâcher prise

Après un Vinland qui avait été intense en organisation et en calibration, j'ai ressenti le besoin de me rapprocher de l'esprit initial des Sentes : un GN plus à l'os, avec très peu de préparation et de calibration initiale.

Le défi a été de faire tenir le calibrage des liens relationnels dans un atelier d'une heure au début du GN. Et étonnamment... ça a fonctionné !

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Un orga on ne peut plus reposé. (en vrai sur cette photo je suis censé être mort) photo par Arnaud Lanoix Brauer, cc-by

J'ai un peu improvisé le fonctionnement de l'atelier sur place. En gros, ça s'est fait en plusieurs rondes :

1ère ronde : les missions de vie sensibles
Les personnes qui avaient des missions de vie sensibles (liens romantiques ou violents) levaient la main et des volontaires se désignaient pour se lier à elles.

2ème ronde : la moitié des missions de vie restantes
On tourne en rond au hasard et on attrape les mains de deux personnes, avec qui on doit faire un lien.

3ème ronde : les missions de vie encore non attribuées
Les personnes qui n'ont pas complété de lien lèvent les mains et d'autres se dévouent pour compléter (on évite d'avoir plus de quatre liens de missions de vie)

On recommence pour les destins.

On devait aussi recommencer pour les goupils mais personne n'en avait joué.

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La ronde de l'atelier calibration. photo par Enora du Cabaret des Sirènes, libre de droits


Les temps forts peu respectés

Cette édition a été marquée par un respect très approximatif des temps forts collectifs.

Ainsi, le temps fort de chasse amoureuse de l'après-midi a été fusionné avec le temps fort de cérémonie des mains liées sous la forme d'une danse nuptiale. Quand j'ai vu que cela arrivait, j'ai laissé faire parce que je sentais que le collectif était dans cette énergie et j'ai pas voulu casser l'immersion en recadrant sur le programme.

C'est une bonne chose parce que le soir à l'heure initialement prévue pour la cérémonie des mains liées, il a plu à seaux donc avoir tout fait l'après-midi nous a sauvés. Par contre, cela a empêché à ces romances de se construire de façon naturelle puisqu'en une danse hasardeuse, les mariages étaient scellés. Certains couples ont ensuite pu prolonger cette romance de façon intéressante mais pour d'autres, ça a été beaucoup plus malaisant du fait que la romance avait été décrétée un peu au pif et donc difficile à roleplay sincèrement. Je pense que les couples qui avaient une romance pré-calibrée lors de l'atelier liens relationnels s'en sont mieux sortis.

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Lors de la danse nuptiale, les couples ou les trouples se font et se défont photo par Arnaud Lanoix Brauer, cc-by

Le temps fort de minuit (en gros le traditionnel climax violent qu'on met quasiment toujours en fin de soirée) n'a pas été joué à cause du mauvais temps. Tout le monde était allé se coucher.

Les temps forts du dimanche de 10H (méditation de cent ans) et de 11H (métamorphoses) n'a pas non plus été joué car au vu du jeu de samedi on a plutôt improvisé le retour d'Obéron (que j'ai incarné en remplacement de mon perso inutilement décédé juste avant) et j'ai pris pas mal de plaisir à le faire.

Les PJ n'ont pas trop apprécié ma façon trop absurde de rendre la justice et ont utilisé le « Je ne crois pas en toi » pour me transformer en espèce de gobelin stupide que j'ai eu encore plus de plaisir à incarner (j'espère que je n'ai pas été trop relou).

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Farces ou friandises ? photo par Arnaud Lanoix Brauer, cc-by

La conclusion de tout ça c'est qu'en fait c'est pas du tout grave de pas respecter les temps forts. Le jeu est mouvant et on s'adapte à la volée au chaos des événements (cf mon article La dérive) mais aussi au niveau d'énergie et à la charge cognitive du collectif.

Pour le dire plus simplement, le respect du programme a peu d'importance du moment que tout le monde a du jeu (et il y a beaucoup à faire par ailleurs).

Même constat au niveau des liens relationnels. Il a été constaté dans les retours écrits que les liens relationnels n'étaient pas tous joués. Sur le même registre, je considère que ce n'est pas grave du moment que tout le monde a la quantité de jeu qui lui convient.

Cette carence au niveau du jeu des liens a été imputée au fait qu'ils étaient établis lors d'un atelier et non en amont du GN par internet. Mais en vrai, cette carence est aussi observable sur les éditons où les liens sont précalibrés. Même les jouaires expérimenteys échouent régulièrement à jouer tous leurs liens, tout simplement parce que le système propose exprès plus de matériel qu'il n'est possible de jouer : je préfère la frustration à l'ennui.

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Si des liens relationnels ont bel et bien été joués, d'autres ont sombré dans l'oubli. photo par Enora du Cabaret des Sirènes, libre de droits


Des difficultés à recruter

Les éditions des Sentes organisées à La Ville Albertine ont souffert de l'habituel plafond de verre qui nous empêche de dépasser les 30 places payantes. (en vrai, nous étions seulement à 24 places payantes)

Le site de jeu et l'équipe de La Ville Albertine sont à mes yeux exceptionnels mais ils ont également un coût. Déjà celui du débroussaillage des sentiers de forêt qui est incompressible, et aussi au niveau de la cuisine parce que Carl et Marina font l'impossible pour nous offrir un repas végane, parce qu'il faut nourrir les bénévoles (pas moins de 14 sur cette édition), et aussi parce qu'on propose quatre repas, ce qui représente plus de convivialité et permet que tout le monde mange végane sur la durée de l'événement.

Ajoutons à cela la volonté de faire appel au Cabaret des Sirènes qui ont légitimement droit à un défraiement et nous avons obtenu une PAF tarif plein à 70 €.

A mi-parcours, un photographe bénévole (Arnaud Lanoix Brauer) a accepté de faire le reportage photo, ce qui nous a permis de proposer plus de tarifs solidaires (n'ayant plus besoin de réserver un budget à un photographe pro).

Mais toujours est-il que du fait du tarif (parmi plein d'autres facteurs), nous n'avons pas dépassé 24 places payantes.

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Un satyre tiraillé entre son vœu de mettre fin à son bannissement et ses questions existentielles. photo par Enora du Cabaret des Sirènes, libre de droits

C'est dommageable parce que Les Sentes a largement la capacité d'accueillir plus de jouaires. L'édition Vestige avait ainsi réuni une soixantaine de jouaires. Mais aussi parce que ça ne permet pas à La Ville Albertine de se pérenniser.

Je n'ai toujours pas la solution, mais je vais possiblement plancher sur une réduction des coûts. C'est regrettable parce qu'en gros c'est compliqué d'organiser des GN à l'équilibre dans un cadre associatif / non lucratif et c'est encore plus compliqué de se professionnaliser. Pour ma part, je n'ai pu me rémunérer que deux fois sur toutes les sessions des Sentes que j'ai (co)organisées et c'est bien sûr un problème.


Mais pour finir sur une note positive, il reste plein d'étoiles dans les yeux et dans la tête, et beaucoup de gratitude pour les bénévoles et les jouaires qui ont tenté l'expérience pour la première fois (il y en eut beaucoup sur cette édition) ou qui sont fidèles aux Sentes depuis un moment.

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La voix de Faerie n'est pas prête de s'éteindre. photo par Arnaud Lanoix Brauer, cc-by
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Message par Pikathulhu »

TACHES

Des caméras-hiboux, une corruption active de l’hôpital par la nature, des infirmiers avides de voyeurisme et de contention et des patients ultra-violents, voici le cocktail pour cette nouvelle session dans l’asile de Patient 13. Un récit et une partie enregistrée par Claude Féry.

(temps de lecture : 7 min ; temps d'écoute : 1h32)

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La tache examinée par Lesly. Hermann Rorschach, domaine public.

Toutes les photos suivantes sont de Claude Féry (par courtoisie).

Lire/télécharger le mp3

Joué le 29/10/2020

Le jeu : Psy/Chose, par Melville, un hack de Psi/Run pour jouer dans l'univers de Patient 13.

Univers : la forêt de Millevaux


Le contexte :

La séance d'une durée d'une heure trente s'est déroulée sur deux instances. Nous avons exploré les questions des personnages. Xavier et Alex ont répondu à l'une de leurs six questions et moi à l'une de Bouton. La feuille de personnage de ce dernier était peu ou prou la feuille de route du Docteur.


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feuille d'Alex


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feuille de Bouton


L'histoire :

Aujourd'hui, c'est Lundi... Lesly rencontre le Supérieur Marche après une période éprouvante d'isolement. Elle choisit de ne rien céder, de lui opposer toute sa détermination. Elle professe un total détachement à l'égard des autres patients et déclare lutter activement pour ne pas devenir l'instrument de l'institution. Lors de l'examen de la planche elle évoque un être ailé avec deux antennes. Marche y perçoit la présence de Bouton, ce qu'elle dénie. Elle absorbe néanmoins deux gélules de Depresofan avant de rejoindre les douches, sur l'ordre de son clinicien. Sur le chemin, dans les escaliers, au premier palier, elle perçoit une présence. Elle remarque une caméra dont l'objectif la suit depuis les cintres plongés dans l'obscurité. Elle dépose une marque de Lumière Noire. L'objectif est désormais fondu au noir. Elle se glisse dans les douches, un lieu sordide et sale. Elle est inquiète. Elle inspecte minutieusement les lieux à l’affût d'une autre caméra indiscrète. Il y en une placée hors de sa portée. Elle se saisit du pain de savon crasseux qui gît au sol et le balance sur l'objectif...
29 d'Opprobre, Taches

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première résolution d'Alex pour Lesly


première instance

Le savon s'est effrité sur la voûte sans endommager la caméra. Lesly s'est résolue à prendre sa douche sans ôter sa casaque de l'hôpital, parmi les insectes qui grouillent tout autour. Un patient agité a surgi. Pour lui apporter du savon, mais après l'avoir avec indignation sommé de quitter la douche des femmes, elle se ravise et hésitante lui demande de l'aider à atteindre l'objectif. Il la place sur ses épaules, c'est un grand gaillard, tout maigre et chancelante, vacillante, retenue par les mains qui servent de signe de ponctuation au pauvre bougre elle tente d'atteindre son but. Alors elle est prise de vertige. Les mains papillonnent sur ses chevilles, tentant de dire, mais en vain. Au-dessus d'elle se tient une chouette sans visage, un grand-duc chimérique, qui la contemple de face de néant et s'élève une mélopée, une plainte surgie du fond des âges, les pleurs des patients oubliés. Et la voix, la voix de son ami, Bouton.

Zéro est convoqué sans ménagement dans le bureau du Supérieur Marche. La blouse blanche, un colosse plus frustre que les autres le balance dans le siège de patient et rabat la sangle de maintien sans la serrer avant de quitter le bureau. Le Supérieur est en colère. Un patient a saboté l'installation de surveillance. Mais il a laissé des traces. Ses soupçons se portent alternativement sur Lesly et Zéro. Lesly a les mains liées aux accoudoirs. Mais ses pieds sont libres contrairement a ce dont est persuadé le Supérieur. Alors que les soupçons se resserrent sur le pauvre Zéro, elle hésite à faire un croc en jambe au vieux bonhomme, celui qui avoue l'avoir espionnée sous la douche, l'avoir vue avec le muet, tenter d'atteindre la caméra, mais les taches rouges laissées sur l'objectif le laissent perplexe et l'enjoignent à questionner 90, non Zéro !


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seconde instance


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Zéro selon Xavier


Alors, Zéro bondit de son siège, et sous le regard sidéré de Lesly poignarde à maintes reprises dans la gorge le Supérieur Marche. Ensuite, ensuite, les blouses blanches le précipitent dans une grotte, sous l'hôpital, pleine d'ombres et de racine. Zéro sait enfin à qui appartient le sang qui entache ses mains. Lesly est demeurée figée, sous les effets d'un puissant neuroleptique injecté dans sa fesse par le praticien plein d'aigreur avec en écho la voix de Bouton lui chuchotant dans le pavillon de l'oreille que Marche était probablement leur seul allié en dehors de Zed et de ses contre médications diffusées par La Procure.

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Xavier joue Zéro

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Alex joue Lesly

Tabou de Michèle Bokanovski a fourni le tapis sonore que nous avons exploré lors de la première instance. Armenia a signalé les incursions des voix de bizarrerie de Lesly, et Zeichnungen Des Patienten O.T., d'Einstürzende Neubauten, a peuplé la seconde instance.

Un grand merci pour cette très belle séance à Alex et Xavier !


Thomas :

Un grand merci pour ce retour Claude ! Chaude ambiance on dirait !
A. Vous avez joué avec le système de Psy/Chose plutôt que celui d'Inflorenza ? Ça avait l'air intéressant !
B. Quand vous dites que vous avez usé du pouvoir de revisitation (un synonyme millevalien de Technique de Luxton), ça veut dire que vous avez entièrement rejoué ce qui s'est passé la veille ? Peux-tu m'en dire plus ?


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Zéro en action selon l'imaginaire de Xavier Féry


Claude :

A. Inflorenza est très adapté au théâtre que nous explorions mais j'avais envie que le Docteur de Patient 13 revienne, que Millevaux émerge de façon plus significative et que les deux joueuses s'investissent dans l'exploration active de la psyché de leurs personnages.
En outre, comme tu le remarques dans tes commentaires sur la séance du Vénérable, ma maîtrise d'Inflorenza est pour le moins perfectible.
Le programme était donc plutôt ambitieux.
Dans le bilan de Taches je reviens sur l'approche qu'implique le choix de Psy/Chose, (1h28m).

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A. et B. Mes attentes étaient déraisonnables et ma présentation de Psy/Chose insuffisante.
Xavier et Alex ont joué toute l'après-midi en théâtre de l'esprit dans La Forêt aux Chimères et je pense étaient un peu fatigués au moment où la séance a débuté. Moi-même je l'étais. La fiction fut très sympathique, mais très loin de ce que j'avais envisagé.
L'ambiance était présente, (l'album d'Einstürzende y contribuant nettement), mais je n'ai pas su voir l'intérêt de maintenir un côté enfantin aux personnages de Lesly et Zéro.
Bêtement, au bilan j'ai dit que nous ne nous étions pas emparés suffisamment des mécaniques et nous avons conclu à une revisitation pour le lendemain.
Nous avons repris les personnages comme si nous n'avions pas joué la veille et Alex et Xavier ont revu leurs 6 questions.
Au bilan du 29 nous étions tous satisfaits de la revisitation.
Aujourd'hui après avoir achevé le montage de Taches, j'ai écouté des extraits du 28, et j'y trouve des choses très très chouettes.

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I. Zéro est devenu le patient zéro et se trouve relégué dans le ventre de l'hôpital.
Je peux à ce stade lui proposer d'explorer Cimetière, l'infra monde du cadre La forêt aux Chimères conçu par Alex

Pour l'explorer je peux utiliser :

- Bois-Saule, si nous ne jouons qu'à deux, sans que Lesly intervienne de près ou de loin.
- Écorce version Écheveuille pour envisager ce lieu dans une tonalité à l'ancienne, avec une forte granularité.
- Inflorenza ou Inflorenza Minima pour envisager un merveilleux horrifique, un non lieu.
- Psy/Chose pour basculer du pseudo Psi*Run de la session jouée le 28, à L'hôpital et ses fantômes. De nombreux aspects de l'hôpital demeurent en suspens et des liens avec la partie jouée dans un Paris Millevaux à établir.

-Afi : sur les voies déchues pour l'envisager comme un non lieu, en empruntant à Descente, ou Millevaux Mantra et jouer la contagion des psychés.

À ce stade, avec la mesure de confinement, je ne sais pas dans quelle mesure nous pourrons poursuivre la campagne avec Alex.

À titre strictement personnel je serais tenté par une atmosphère sombre et désespérée dans le genre de Veins of the Earth ou d'enfin aborder ce que je garde sous le coude, un style d'errance homérique en vertige logique avec Odyssea et la relecture d'Homère d'Alessandro Barricco ou de Marie Richeux en tête.


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E. Pour moi la scène de chasse aux pogrelets fut un moment particulièrement délectable.
La mécanique des Voies déchues a pleinement fonctionné.
A la manière de ton Millevaux Sombre qui envisage la dimension tactique au travers de la routine des marelles, le jeu d'Ur, mécanisme principal de résolution dans Les Voies déchues offrait à la fois les termes de résolution de la poursuite et du conflit en un seul regard.
La nasse de flammes de la fiction était représentée sur le plateau de jeu et les mouvements des pièces ont dicté l'issue.


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D. Xavier prend beaucoup plus d'initiatives désormais et se trouve moins dépourvu lorsqu'il est placé en position d'auteur ou invité à jouer l'impact.
Pour lui notre campagne se poursuit souvent hors des sessions officielles. Rester passif est donc in envisageable.

À titre strictement personnel je serais tenté par une atmosphère sombre et désespérée dans le genre de Veins of the Earth ou d'enfin aborder ce que je garde sous le coude, un style d'errance homérique en vertige logique avec Odyssea et la relecture d'Homère d'Alessandro Barricco ou de Marie Richeux en tête.


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Thomas :

Tout un programme ! Merci pour tes développements qui sont très intéressants


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Claude :

Verdict de Xavier : Bois-Saule, et pour ma part j'ai retenu mon atmosphère sonore, Radio Inferno de F M Enheint, une création radiophonique en 34 tableaux.

Une thérapie, en 34 tableaux, non 34 journées ou nuits, pour un voyage, non une Descente en sept cercles.



Thomas :

34 journées, c’est un programme ambitieux !

J'ai écouté Taches ! Voici mes commentaires :

A. Cette blouse blanche est vraiment flippante :)

B. Xavier a l’air de prendre un plaisir fou à faire la voix off

C. Super scène où Zéro poignarde le supérieur

D. Intéressant la réflexion de Xavier sur le play to lose


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Message par Pikathulhu »

LES CORAX

Milloupe choisit de jouer le deuxième des troisième scénarios d'intro de la campagne, un scénario glauque à base de corbeaux tirés de Cœlacanthes, ici beaucoup remanié pour des raisons émotionnelles et narratives. Avec une première apparition de protagonistes essentiels de la campagne, les corax. Un récit par Milloupe.

(temps de lecture : 3 min)

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Kawanabe Kyosai, domaine public

Joué le 07/03/2023

Le jeu : L'Ordre et le Sauvage, la campagne de la guerre entre l’humain et l’animal dans le chaos forestier de Millevaux


L'histoire :

Scenario Les Corax, check ! Çà s'est super bien passé, avec un scénar un peu remanié quand même ^^

Le débrief côté joueuse concerne principalement ma maîtrise et mes adaptations du scénario, donc je vais me concentrer sur mon débrief du scénario.

A- je l'ai pas mal remanié, pour 1) respecter les TW de mes joueuses 2) diminuer le sur-réalisme 3) plus lier à la suite de la campagne 4) (et c'est le plus important) ajouter un arc narratif 5) prendre en compte les personnages créés
(cf. photo ci-dessous si tu arrives à me lire)

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Le scénario annoté / remanié par Milloupe

B- conséquences : plus aucune mention de violences sexuelles ; plus aucune intervention des souvenirs des joueuses dans la narration ; un renforcement du thème du jugement de l'Humanité par les Corax, mais pour ses crimes futurs lors de la guerre qui approche ; un PNJ accessible : une chamane corax, qui déclenche les visions dans l'Abysse et les montre aux PJ.

C - Côté arc narratif, j'ai fait en sorte que (sauf si vraiment les personnages cherchent à s'enfuir par tous les moyens), l'Assemblée (avec les visions) et le Jugement soient des passages obligés. Pour ça j'ai eu de la chance d'avoir un personnage curieux (et goupil, donc qui se sentait moins menacé dans ce purgatoire pour humains) qui voulait aller vers les bruits bizarres plutôt que de les fuir.

D- côté perso, pour le contexte, j'ai un humain (qui a probablement un horla dans la tête, mais chuuuut il ne le sait pas vraiment), une mi-grours mi-humain (est-ce qu'on saura pourquoi ? Pas forcément) et un·e goupil·e, donc un peu tous les camps de la guerre, ça a rendu le Procès d'autant plus intéressant.

E- De manière générale, les joueuses ont senti une grande différence entre le début du scénario, (Pluie de victimes + Feuilles Mortes), où elles étaient assez libres mais elles sentaient peu de tension et avaient un sentiment de lenteur, et le moment où elles rejoignent l'Assemblée, la Corax chamane devenant un PNJ qui les suit pour le reste du scénario, et du coup il y avait un fil rouge et des enjeux beaucoup plus clairs. La première moitié perçue comme longue, c'est principalement ma faute, j'ai eu du mal à les pousser, je ne voulais pas non plus qu'elles soient encerclées de partout, et je voulais leur laisser des choix avant le « goulet » final de l'assemblée + procès mais je ne m'y suis pas super bien pris.

F - Ton scénario, même si je l'ai assez violemment « dénaturé », m'a tout de même été d'une très grande aide, et certaines scènes ont été reprises tel quel, notamment le procès et la pluie de victimes. J'ai bien aimé avoir la Magicienne comme fil rouge (elles l'ont vu chuter, un personnage en a eu une vision, puis elles l'ont retrouvé au procès)

G - Indépendant de tout ça, mais notable : on a découvert qu'une joueuse était limite aphantasique 😱 (dysphantasique, du coup ?) Elle a très peu d'images mentales quand on décrit des scènes, et ça lui pose des soucis pour suivre et se concentrer. On va essayer de mettre l'accent sur d'autres sens (notamment elle se représente beaucoup mieux les sons), et avoir des images de référence


Thomas :

Ah super ! Merci pour tous ces retours, cela me sera d'une grande aide ! Il faut en effet que je remanie ce scénario, et notamment dégager tout ce qui a trait aux violences sexuelles.
Tu as en effet une team très adaptée pour les enjeux de la campagne : ça va bien se friter par la suite 🙂
Concernant les grours et les goupils, oublie pas la règle de l'étreinte et du jumelage, car ils pourront vouloir y avoir recours dans la campagne.
Concernant l'aphantasie, cet article te sera peut-être utile.


Milloupe :

H - comme c'est le premier scénario avec ces personnages, j'ai fait une saynète d'introduction mode « camping dans la forêt », juste pour que chacune décrive son personnage. Un peu artificiel mais ça évitait de les lancer dans le ciel immédiatement 😅
En contrepartie on a un peu cocréé le pourquoi de leur voyage et l'enclave où elles se dirigeaient donc...va aussi falloir que j'adapte le scénario suivant


Thomas :

C'est très bien de faire des interludes. Je conseille Nervure, L'Ensourcellement ou même Inflorenza pour ce faire. J'ai également fait jouer un interlude avec Les Forêts Limbiques.


Milloupe :

Plutôt prélude, en l'occurrence, mais oui 👍
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Re: [CR] Millevaux et autres jeux Outsider

Message par Pikathulhu »

LE PUITS AUX MÉTAMORPHOSES

Suite de la campagne Millevaux / Patient 13 avec un épisode surréaliste riche en transformations animales. Avec des morceaux de Bois-Saule et de Psy/Chose. Un récit par Claude Féry

Temps de lecture : 3 mn

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Katsushika Hokusai, domaine public

Toutes les photos suivantes sont de Claude Féry (par courtoisie).


Joué le : 07/11/2020

Le jeu : Inflorenza, héroïsme, martyre et décadence dans l’enfer forestier de Millevaux


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L'histoire :

Nous avons revisité les personnages avec la procédure de création de Bois-Saule, puis nous avons joué après avoir convenu que si la scène interrogeait ce que nous connaissions de l'hôpital nous utiliserions Psy/Chose et que si la scène se concentrait sur le seul personnage, Inflorenza version 5 pages.

La première instance de cette séance s'est ouverte sur le rituel de la loterie au titre duquel Lesly a pioché le 13...
Panique, peur, contagieuse par l'égrégore au confiné et à Bouton, mais Lesly a décidé d'affronter seule le nouveau supérieur.


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Une séance intense, où après avoir démontré une certaine ouverture d'esprit, le docteur a tenu à ce que 13, soit séparée de Kat.

Hors d'elle, Lesly a déchiré la gorge des blouses blanches qui se risquaient à l'entraver puis a entrepris d'interroger le Supérieur sur les menées de l'hôpital sur les patients.
Le docteur terrorisé a accepté de la conduire au Directeur, désespérant de parvenir à l'apaiser.
(Alex après la partie m'a indiqué que le Supérieur l'avait touché, fléchi).

Nouvelle instance centrée sur Zéro confiné dans la cave forestière de l'hôpital qui enrage de ne pas parvenir à convaincre Lesly de la rejoindre au travers des murs, (refus de Lesly dans son instance).
Dans sa rage il crache un oiseau humide qui vole autour de lui et l'agace.


Image


Alors qu'il s'apprête à le dévorer, il renonce sur l' insistance de la minuscule héris'femme qu'est devenue Lesly.

Le chaoiseau humide est Kat !
Camille leur frère à tête de transistor en amplifie le ronronnement.

Alors une taupe les fait basculer dans un puits plein de végétaux en décomposition et de vermine.
Ils se laissent tomber.
Zéro pousse des ailes et
Nouvelle instance
Lesly recouvre sa taille...
Mais elle était dans la poche de Camille et lui déchire la poitrine, poussant en lui.
Seule sa tête transistor grésille dans son giron maintenant qu'ils ont atteint le fond du puits et la mousse qui recouvre le sol de la brumeuse forêt de Béance.


Image


1h55, trois tableaux sur 34.

Une belle séance !

Merci à Xavier et Alex

Les observateurs attentifs auront remarqué dans la photographie de mes ressources pour la partie la destination de ce voyage au cœur des ténèbres, Pripyat, matinée de la Béance que nous dit Jean-Pierre Vernant.


Image


Thomas :

Merci beaucoup pour ce compte-rendu inspirant !
A. Tu utilises un système à base de M&M's ?
Je n'avais plus de gélatine de porgrelet (mangés à Halloween)
B. ça avait l'air bien surréaliste ! La tête de transistor, ça vient des jeux de Batronoban ?
C. Finalement, avez-vous utilisé les systèmes d'Inflorenza et de Psy/Chose ?


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La feuille de perso de Xavier, qui joue Zéro


Claude :

A. Oui. Ce sont les gélules, dés noirs de Psy/Chose qui octroient des souvenirs
B. Oui et la volonté de créer un lien avec le personnage de radio de Gabrielle. L'arc narratif est Descente.
C. Oui. La première instance d'Alex était gérée avec Psy/Chose sa seconde, très brève et celle de Xavier avec Inflorenza. Ils ont choisi de mettre en œuvre un pouvoir.


Image
La feuille de perso d'Alex, qui joue Lesly
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Message par Pikathulhu »

L'AUBERGE DES MÉANDRES

Un lieu étrange, traversée par des temporalités multiples et des phénomènes surnaturels.. Un RP textuel à trois personnes.

(temps de lecture : 10 min)

Image
Arthur E Smith, domaine public


L'Ensourcellement, un voyage intronaute au cœur de votre personnage dans l’immensité verte de Millevaux

Joué en textuel du 17/12/2022 au 11/07/2023


Le contexte :

Ce RP textuel a été réalisé dans le forum dédié aux RP textuels Millevaux (encore un grand merci à Milloupe et Psum pour cette création). Il s'étale de décembre 2022 à juillet 2023, ce qui doit vous illustrer le fait qu'on a eu énormément de difficultés à se mettre en route. [Je me répète, je j'ai déjà relevé dans le compte-rendu de notre autre RP sur ce forum]. Le forum est actuellement inactif. Ceci dit, l'outil demeure et n'attend plus que vous pour renaître :)

Le forum principal, dont a fait l'objet le précédent RP, disposait de ses propres règles. Dans le fil unique qui fait l'objet du présent RP, j'ai proposé une structure à la fois plus relâchée (pas de contrainte au niveau du nombre de mots), mais aussi se basant sur un système, en l’occurrence L'Ensourcellement. Ma proposition était la suivante : « L'idée bien sûr est de tenir compte des messages précédents, c'est donc une partie de jeu de rôle à plusieurs, mais en table ouverte : aucun engagement de rythme ou ee durée précis. On arrêtera quand on en aura marre ou quand on aura l'impression d'avoir trouvé une fin. »

Et merci beaucoup aux personnes qui jouaient Vertèbre et Culoup pour m'avoir donné la réplique. Pour ma part, je jouais Rootboy.


L'histoire :

Rootboy

Image
Eric Parker, cc-by-nc & Thomas Munier, cc-0

J'ai ce souvenir qui me hante en permanence, causant migraine et psychose. Cette chose qui m'est arrivée, dont je me sens à la fois coupable et victime.

Seule la drogue, l'amanite tue-mouche me permet d'apaiser un peu cette hantise, au prix de visions étranges et parfois cauchemardesques.

J'aimerais tellement trouver un.e ami.e. Il me semble qu'à deux nos peines seraient plus légères à porter.

Je vois alors au loin la lanterne caractéristique d’une auberge. J'ai peur des humains en groupe, mais ça me tente d'aller voir, je pourrais peut-être y trouver l'ami.e que je cherche.

Après m'être frayé un dur chemin au travers des ronces et des orties, j'arrive au pied de ce qui semble être un bâtiment de bric et de broc. Le seul indice que c'est bien une auberge est une enseigne cabossée en forme de chope, sans titre d'établissement.

Je prends une grande goulée de l'air froid du dehors où pointent déjà des odeurs de frites et je rentre.

Vertèbre

Image
pietplaat & georgie sharp

Elle s'appelait Hurepoix, et elle allait partout où j'allais, juchée sur mon épaule, sa fourrure empestant l'humidité mais sa petite tête blotti dans mon cou me réchauffant malgré tout.

Hier, elle m'a parlé dans un rêve, me révélant qu'elle devait partir au plus profond du cœur de la forêt pour rétablir l'équilibre dans la guerre des horlas. Je me suis dit, même dans mon rêve, que c'était une mission bien difficile pour une petite furet, mais ce matin elle n'était plus là.

Alors demain, je pars à sa recherche, parce qu'elle aura sûrement besoin d'aide, et parce que maintenant j'ai froid sous la pluie.

Rootboy

J'entre et je m'installe à une table en faisant mine de pas vouloir me faire remarquer. Il y a curieusement beaucoup de monde dans cette taverne, les hommes et les femmes (et les autres) sont entassé.e.s comme au rendez-vous des damnés. ça braille et ça bouge, mais surtout y'a des odeurs.

Outre celle des frites, celle de la bière, des pieds, de la sueur, des haleines chargées, des parfums outranciers...

et y'a mon odeur. Je me renifle le bras pour vérifier. L'auberge est imprégnée de mon odeur !

Et je réalise avec étonnement (faut-il ?) que je suis déjà venu ici.

Je n'en ai aucun souvenir mais je dois reconnaître que cet endroit est imprégné de ma trace mémorielle jusqu'à la moelle.

Une tempête de sentiments contradictoires déforme mon visage.

Qu'ai-je jadis fait et vécu dans cette auberge ? Y ai-je laissé un bon ou au mauvais souvenir ? Ou, hélas et plus probablement, aucun ? Je n'ose pas demander aux convives de me parler de moi. Ils n'ont pas l'air de me remarquer tant que je garde ma capuche.

C'est alors... qu'un furet culotté vient grignoter dans ma gamelle.

J'ai adopté le petit furet. J'ai payé mon écot à la taverne d'un modeste souvenir, puis je suis monté me coucher dans une chambre qui sentait la frite et toute la cohorte des suintements humains du voyage.

D'habitude, je dors très mal, mais est-ce grâce à la chaleur du furet ou par l'effet étrange des lieux, je me suis assoupi comme une masse.

J'ai ouvert les yeux et j'ai su que j'étais dans un rêve. Il avait ces contours à la fois flous et profondément familiers qu'ont les rêves du passé.

Je me réveillais dans mes rêves et j'étais au même endroit, dans la même chambre. Mais une personne dormait à mes côtés. Elle avait un visage à la fois beau et grave, et si je n'avais aucune idée de ce qui nous liait, son nom m'est revenu :

Vertèbre.


Vertèbre

J'ai marché sous l'orage, sombre et étouffant, dans une direction au hasard. J'avais froid et peur, et mon sac à dos a commencé à se découdre, encore. J'ai fini le trajet en le portant au dessus de ma tête, pour essayer de m'abriter de la pluie.

J'ai atteint une taverne, ça sentait la soupe de betterave et l'humidité. Personne n'y avait vu Hurepoix, la plupart ne savait même pas à quoi ressemblait un furet. Mais un vieux mystique, accoudé au bar, avant que je pose la moindre question, m'a dit que j'allais dans la bonne direction. Je pense qu'il m'a volé un souvenir, en échange.

Je repartirai demain, quand l'orage aura cessé d'écraser le ciel. J'ai payé pour ma chambre et un fil de couture, et je suis allé me coucher. J'ai veillé tard pour réparer mon sac, et je me suis assoupie dessus. J'ai passé une nuit éprouvante, je n'arrêtais pas de rêver que je me réveillais, et quelqu'un me regardait.


Rootboy

Ce n'était pas un rêve comme les autres c'était un rêve où je pouvais être actif mais je sentais que ma marge de manœuvre était limitée aussi j'ai choisi de me séparer d'une de mes deux épingle à cheveux mes cheveux sont tombés des épaules et cette épingle en écorce était très reconnaissable et semblable à ce que j'avais encore sur moi et donc ce que j'ai fait c'est que j'ai mis ma deuxième épingle dans les cheveux de la personne auprès duquel je dormais et après je me suis réveillé

Culoup

Image
keightdee

J'ai vu de la chaleur dans cette vieille auberge au nom seulement pictural. Du coup j'irais bien toquer. Avec de la chance, j'y retrouverai ce vieux cul-rouge d'Errance. Mais d'abord ma Belle je vais t'en donner un de nom. Je tire de ma ceinture ce coutelas que j'aime tant et je taille à même le bois de la porte : « Au péril de ma vie ! ». Je repasse un coup de charbon sur ces entailles, époussette d'un geste tendre le surplus et murmure à la porte : « Et voilà ma belle, c'est pas très bon mais tu va voir qu'à partir de maintenant ça ira mieux. » Finalement je ne toque pas ; je caresse doucement la lame de mon coutelas et le glisse à ma ceinture ; je m'assure aussi que la forme de mon sac plastique ensanglanté ne trahit pas la tête coupée qu'il contient ; je lui demande une énième fois « T'es qui bon sang ? Pourquoi t'es toujours collé à mes basques ? Tu crois quand même pas que je suis responsable de toi ? » ; enfin j'ouvre, et j'entre.

TÊTE -

Toiture en ruine, murs de pierre moussue, reliefs de meubles. Sous un coin de toit épargné : un nids, au bas la fiente. Vaisselier rongé - il recèle peut-être encore un trésor de porcelaine presque intact. Parquets vermoulu, des racines l'éventrent par endroits. Bris divers au sol. Table-plastique renversée, aux pieds un plateau en formicas et de jolies chopines en bois cerclées de rouille ; quelques pas plus loin, les os d'un petit animal élancé, peut-être un rongeur. Et cette porte d'une solidité terrible, toujours accrochée à ses gonds, ouverte vers l'intérieur...

Je me souviens pourtant de leurs figures gaillardes, de ces bonnes frites grasses, de la soupe chaude et de ses invectives chantantes.

CULOUP -

« Hey ! Sers-ripaille ! Envoie la boustifaille ! Toi ! Ventre-à-glands ! Partage un peu ton écuelle ! J'ai les crocs ! Et toi la gueule-de-mots ! Claque ta langue et gratte la ficelle ! T'es là pour muser ou égailler ?! Vous tous ! Riez ! Échappez-vous d'une belle esclaffade grasse comme vos doigts ! Chez moi on nique la poisse et on s'enjaille jusqu'à plus soif ! »

TÊTE -

Ce n'était pas vraiment sa demeure mais ça oui : c'était chez elle ! Et elle dispensait littéralement sa joie à ces gens de passage. Par quels mots fatigués alpaguait-elle encore au matin d'une voix qui avait trop veillé cette personne empressée ?

Vertèbre

Je me suis réveillée - pour de bon cette fois - au feu d'artifice sonore de cris et de rires éclatant dans la salle principale. J'ai tellement (mal) dormi qu'il est déjà tard, c'est le déjeuner qui répand ses odeurs de graisse quand je sors de la chambre avec mes quelques affaires. Quelque chose a changé, j'en ai la certitude, mais je ne sais pas quoi. Je me gratte la tête, perplexe, mais je n'arrive pas à mettre le doigt dessus.

Il y a plus de personnes dans cette pièce que d'habitant·es dans mon village. Le brouhaha frappe mes tympans à grands coups d'éclats de rire et d'engueulades soudaines. Mais il faut bien que j'aie une piste. Une grande inspiration, et je m'approche d'un groupe au hasard.

« Vous avez vu Hurepoix ? »
« Qui ça ? » Une trogne improbable, rouge comme le vin qu'elle boit.
« Mon furet, il est parti. »
« Pourquoi, t'as essayé d'le bouffer ? » Il part d'un rire gras qui répand une traînée de miettes de frites à moitié mâchées.

« Vous avez vu mon furet ? »
« Ton quoi ? » Des lunettes comme des culs de bouteille soulignent un regard perplexe.
...

« Vous avez vu un furet ? »
« Pourquoi, il t'a piqué ton mec ? » Un sourire sarcastique fend le visage bouffé de rides de la vieille.
« Non, je... » Mais déjà elle ne prête plus attention à moi.

Rootboy

Je me réveille en nage.

Il y a un problème avec le temps dans cette auberge.

Le furet est toujours dans la chambre, mais il gratte furieusement à la porte, comme s'il avait perçu une présence amie derrière.

Je sors mon antique chronodétecteur.

Il crachote à grand-peine quand je l'actionne, et l'écran met du temps à produire autre chose que de la neige, mais une fois les oscillations apparues, le verdict semble sans appel :

Cette auberge cumule plusieurs temporalités.

Vertèbre

Au centre de toute l'agitation de l'auberge, je vois une personne qui semble ordonner aux autres de s'enjailler, comme si sa vie en dépendait. Ses élans verbaux impromptus me tirent un instant de la tristesse d'avoir perdu Hurepoix, et j'éclate de rire d'un coup, à m'en faire mal à la gorge.

J'essaie de m'approcher de la personne qui gueule, je vois qu'elle a un sac en plastique bizarre accroché à la ceinture, mais à chaque pas la pièce se recule d'autant que je me suis avancée, comme si je glissais le long d'une pente. Ma vision se brouille. J'entends, par delà les éclats de rire et les engueulades, le grattement d'un rongeur contre du bois. Hurepoix ?

Je fais encore un pas et, sans prévenir, je me retrouve nez à nez avec la porte de l'auberge. Il se passe des trucs bizarres ici. Est-ce que je devrais pas plutôt sortir ? Mais le bruit de grattement continue à venir de quelque part, de quelque temps.

Rootboy

Le furet gratte frénétiquement le plancher de la chambre. J'ai l'impression qu'il décèle un passage qui échappe à mes sens. Je descends au rez-de-chaussée. Personne. Il y a des toiles d'araignée partout, et une drôle d'odeur qui émane de l'arrière-cuisine

À l'extérieur de l'auberge, tout à l'air mort dans la forêt.

Je crois bien que je suis bloqué dans une temporalité qui n'est pas la mienne !

Si seulement je pouvais trouver ce passage que guette le furet...

Je passe dans l'arrière-cuisine. Il y a plein de squelettes entassés. La pourriture qui gonfle leurs dernières chairs est responsable de l'odeur que j'avais sentie. ça ressemble bien à un massacre !

Sur le mur de l'arrière-cuisine, il y a une fresque gravée dans le bois, comme à coups de griffes.

On dirait bien un message. Il doit dater du moment du massacre, mais l'écriture a l'air si... ancien... plus ancien que l'homme même.

Pas de doute, l'inscription est en langue putride.

Comment la déchiffrer ?


Vertèbre

Je me retourne lentement vers la salle, en gardant une main sur la porte de l'auberge juste derrière moi. Les conversations et les rires m'arrivent comme étouffés à travers une vitre, lointains, irréels. Même les odeurs de gras et d'alcool semblent s'éloigner, s'estomper derrière la lourdeur d'un nuage de moisissure et de poussière.

D'abord du coin de l’œil, puis en plein milieu de la salle, je vois des lianes apparaître, pousser à toute vitesse, ramper vers les silhouette encore entassées sur les bancs, mangeant et buvant sans prendre conscience de ce qu'il se passe. Puis je tourne la tête -ou alors c'est juste que j'ai cligné des yeux- et je n'ai plus devant moi qu'une salle en ruine, sillonnée par les lianes et les ronces.

Je sens mes jambes qui se mettent à trembler et un frisson me parcourir toute la colonne, ma respiration s'accélère alors que je vois une liane continuer de pousser, d'avancer, de ramper -droit vers moi.
Je sursaute et cours par la porte derrière moi, je fuis cette auberge. Quand je me retourne, c'est à peine si je discerne l'auberge sous l'amas de lianes qui l'enserre.


Rootboy

Je vois par les fenêtres du rez-de-chaussée des silhouettes qui s'approchent de l'auberge. Le furet grogne comme s'il trouvait cette arrivée malfaisante.

A voir leurs cagoules, je devine qui ils sont.

Ils étaient venus pour moi, c'est eux qui ont tué tout le monde, et ils reviennent pour moi.

Il faut à tout prix que je puisse phaser dans un autre espace-temps pour leur échapper.

Mais pour cela je suis obligé de replonger... dans le SOUVENIR

Je suis dans une clairière couverte de rouges aiguilles de résineux.

Un feu ardent brûle au centre. Nous sommes une dizaine d'encapuchonnés à l'entourer, nous tenant les bras.

Je suis l'un d'eux. Et notre victime est au centre du feu. Inconsciente.

Vertèbre.

Nous entonnons des chœurs en langue putride. Je souffre énormément. du MANQUE. Je suis un TOXICO des souvenirs, sûrement comme tous ces dégénérés autour de moi.

A mesure que notre chorale putride s'intensifie. Un filet de vapeur sort de la bouche de Vertèbre. Son souffle mémoriel.

Mon chant s'intensifie, je pratique la respiration ventrale pour le maintenir en force et en majesté. Les abominables syllabes de la langue de Shub-Niggurath qui nous accorde son pouvoir.

C'est ainsi que j'aspire la mémoire de Vertèbre.

C'est terrible de revivre le souvenir, mais cette apnée a rempli son rôle : je me rappelle désormais de la langue putride, et je peux donc lire la fresque gravée dans la cuisine.

ça a marché. Je suis toujours dans la même auberge, mais je sens qu'elle est différente. J'ai phasé !

Des lianes commencent à l'envahir à toute vitesse. J'entends le cri de frayeur du furet, empêtré dans des vrilles. J'ai tout juste le temps de l'en arracher et de courir hors de cette demeure qu'elle finit déjà totalement ensevelie sous la végétation !

Je suis temporairement en sécurité dans la forêt, mais j'ai beaucoup trop de questions à répondre.

Il y a des destins.

Des destins croisés.

Ils se nouent et se dénouent dans cette forêt des possibles.

Les demeures ne sont que des buissons d'âmes gorgés d'égrégore qui alimentent toute cette étrangeté, ces aberrations mystiques, spatio-temporelles, mémorielles.

Dans quel dimension ?

Dans quel repli ?

Dans quel terrier du réel ai-je échoué ?

Je l'ignore.

A qui appartenait ce furet qui est désormais mon compagnon ?

Je ne le saurai probablement jamais.

Une âme que j'ai juste croisé, un destin qui m'était lié, mais dont le secret ne me sera pas révélé.

Nous n'avons pas le loisir de chercher à comprendre.

Il nous faut d'abord vivre.

Adieu.
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Message par Pikathulhu »

LIMBO

Dans le Hong-Kong paradoxal de juste avant la rétrocession à la Chine, les traders se cachent pour mourir. Un actual play de Psychomeurtre par Simon Li avec Manon Li, Krystal et Skuggi inspiré du film Limbo de Soei Chang.

Temps de visionnage : 3h15 mn

Image

Tony, cc-by


Commentaires de Thomas :

Coucou ! Un grand merci pour cet actual play ! Je ferai des commentaires au fur et à mesure de mon écoute. Premier commentaire : la personne précieuse devrait être une personne différente de la personne à charge, mais je comprends l'argument "économie de charge cognitive" ;) L'intérêt de différencier ces deux personnes se trouve surtout si on a une approche sérielle (c'est dans cette optique que le jeu a été conçu). [réponse de Simon Li : "Merci à toi Thomas ! J'espère avoir pu retranscrire correctement ton jeu à la table :$ "]

Ah ces jouaires rebelles qui bougent toutes les compétences en cours de route, j'adore ;)

Autre point, j'ai pas l'impression (à 1h23 d'écoute) que les jouaires aient conscience qu'il faut trouver des éléments de la fiche du serial killer, ce qui permet d'orienter les investigations, également

(tout ça ça date pour moi donc je peux me tromper) Il me semble que le résultat du jet d'enquête doit être donné tout de suite, pas au début de la prochaine phase d'enquête

"je ne crois pas à l'hypothèse que tous les indices peuvent être débloqués par Analyses Scientifiques, ce serait le signe d'un mauvais MJ qui n'a pas préparé" Ah ah cette PLS mentale infligée par Krystal 😅

Toujours dans l'idée que les infos des scènes intermédiaires remontent aux investigateurs, en gros, il aurait fallu remonter l'info que en gros, les effets des victimes se retrouvent sur le marché noir, charge ensuite aux investigateurs de trouver à quel prêteur sur gage exactement la came a été refourguée (complice étant un paramètre, son identité ne peut être donnée gratuitement, sauf envie du meneur d'accélérer l'enquête)

C'est peut-être pas très important mais Simon omet quelques informations : pendant la scène de victime, on peut un peu piloter son perso de victime pour essayer de grappiller des indices, et lors des scènes d'enquêtes, toutes les informations apportées dans les scènes de victime sont connues des enquêteurices par divers biais (caméras, témoignages...), de sorte à ce que les jouaires n'aient pas besoin de re-chercher ces infos.

La tablée charrie un peu Simon parce qu'il invente des indices à la volée et que ça se voit un peu, mais le jeu précise bien qu'on ne prépare que la fiche du serial killer, et le reste est effectivement improvisé afin de s'adapter aux initiatives des enquêtaires et au hasard des tirages de scène.

Petit détail, mais je crois pas que Simon insiste au début sur le fait que du moment que les PJ sont sur l'enquête c'est qu'il y a fortes suspensions de meurtre en série, ce qui est censé orienter les investigations dans ce sens.

A 2H, avec cette évocation du travail de la viande, j'aurais trop envie d'aller rendre visite aux boucheries illégales de Kowloon...

Je crois que je vais pas remanger des pieds de porc de sitôt 😅

Alors, concernant la fin, c'est pas grave mais elle n'est pas canonique de Psychomeurtre.... spoiler alert après les passages de lignes

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En gros, une fin classique de Psychomeurtre, les PJs sont confrontés au serial killer au moment où il s'apprête à tuer une nouvelle victime et il est censé avoir un geste malheureux (tenter de finir le boulot, attaquer les PJ...) et là le MJ doit demander si les PJ lui tirent une balle dans le genou ou dans la tête. Simon a clairement choisi un autre type de dénouement avec un autre type de dilemme moral. Mais ça colle peut-être mieux à l'inspi cinématographique (Limbo, que je n'ai pas vu), ça peut aussi coller avec le fait que c'est proposé dans la base de Psychomeurtre de faire des fois des variantes (normalement en mode campagne), et puis bien sûr cela peut aussi être considéré comme une licence MJistique :)
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Message par Pikathulhu »

LA FEMME-OISEAU

Milloupe poursuit la campagne avec le premier scénario-goulet d'étranglement suite à l'intro, où il est question de dysphorie de nature, d'une goupile voleuse d'enfants et de pillards qui transforment leurs victimes en arbres.

(temps de lecture : 3 min)

Image
Georg Oeder, domaine public

Joué le 16/02/2023

Le jeu : L'Ordre et le Sauvage, la campagne de la guerre entre l’humain et l’animal dans le chaos forestier de Millevaux


Le contexte :

On a joué la première moitié de La Femme-Oiseau hier ! Par contre c'était la moitié que j'ai très lourdement adaptée pour que ça colle avec mes PJ et ce qui avait été établi dans la fiction, donc assez peu de feedback côté scénario, si ce n'est qu'il n'a pas été trop dur à adapter.
Mais le fait d'avoir ton scénario m'a quand même permis de ne pas être en improvisation totale, et de faire pas mal de foreshadowing pour la suite.
Le point peut-être le plus important dans les modifications que j'ai faites, c'est que j'ai séparé le personnage de Lydie en deux : elle est toujours femme-oiseau, mais c'est quelqu'un d'autre qui a le don de prescience (parce que les PJ ayant réussi à tordre le scénario assez fortement, Lydie n'est pas inconsciente 😛 )
Mais du coup prochaine séance on reprendra avec un repas/veillée, une attaque des écorcheurs, du vol d'enfant, des révélations corax, etc. ! Par contre, pour clarifier : les écorcheurs sont un groupe mixte goupil-humain ? Ce n'est pas mentionné dans la note d'univers, tandis que l'acte III parle spécifiquement de goupils tuant des gardes.

Thomas :

Super ! Alors oui il y a des goupils (et même des grours) parmi les écorcheurs 🙂

[répondant à une question de Milloupe sur le lien entre les écorcheurs et la thématique ordre/sauvage] D'une certaine façon, les écorcheurs personnifient notre part sauvage. De surcroît on découvre dans un des scénarios qui leur sont consacrés qu'ils pratiquent les mutilations volontaires, considérant qu'en tant qu'handicapes ils forment une race supérieure (je me rends compte que ça devrait être insinué des le scénario de la femme oiseau...) 🐦


Bilan de la partie par Milloupe :

ça s'est super bien passé ! Et j'ai réussi à rester plutôt très proche du scénario tel que tu l'as prévu, ce qui est bon signe 👍
Modifications faites :
- Cosmétique : Lydie s'appelle Marie (voila)
- Mineur : Comme le groupe a des connaissances chez les goupils/grours, j'ai remplacé Grigne (qui vole un enfant) par une goupile que le groupe connaît (qui vole quand même un enfant)
- Thématique : Pour diminuer le body horror tout en perdant pas de potentiel Millevaux, les Écorcheurs sont devenus Écorceurs, qui transforment les gens en arbre (avec un horla dans leurs rangs, qui potentiellement les encourage/contrôle, aussi). Ça les tue tout autant, juste moins sanglant
- Freestyle : J'ai voulu rajouter un peu d'amour tragique, et du coup dit qu'à la tête des écorceurs il y a une personne qui a connu Marie, avant. Ça permettrait aussi de justifier que les écorceurs suivent le groupe pour le scénario suivant.

Sinon on a joué les actes principaux + le vol d'enfant, et j'ai suivi tes conseils de foreshadowing qui ont rendu l'attaque forte et marquante 👌 Les joueuses ont adoré !

Désolé de t'avoir un peu spammé avant, comme c'était une reprise après longtemps, j'étais assez stressé 😅


Thomas :

T'inquiète, tes modifs sont toutes cool. Spécialement, le fait de remplacer Grigne par un goupil que les PJ connaissent déjà. C'est ce que j'appelle des techniques de fusion et c'est très efficace. je pourrais faire un mot à ce sujet dans le manuel de campagne.
Il faut que je voies si les fameux conseils de foreshadowing que je t'ai donné méritent d'être intégrés dans le scénario.


Milloupe :

De manière générale, des conseils aux MJ, à la fois d'adaptation et d'interprétation, seront jamais perdus, à mon avis.


Thomas :

pas de souci, sur le spam, c'est super intéressant d'échanger sur la campagne, de voir comment tu la perçois et comment je peux l'améliorer


Milloupe :

Côté Veillée, du coup, comme les PJ connaissait déjà Grigne (ou la goupile qui le remplace), j'en ai profité pour raconter un souvenir qui était lié à l'histoire des PJ (qui ont pas trop apprécié...)
J'ai utilisé le souvenir de Marie pour faire comprendre aux joueuses (mais pas forcément aux PJ) qu'elle ressemblait suspicieusement à un.e corax.
Et un dernier souvenir pour présenter l'histoire d'amour tragique.
Les joueuses se sont bien prises au jeu, mais je les avais prévenues pour leur permettre de réfléchir à ce qu'elles allaient raconter.
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Message par Pikathulhu »

DE QUELS RICOCHETS SOMMES-NOUS LES OMBRES ?

Une évasion immobile de l'hôpital à travers différents lieux du monde, pour toujours revenir. Une partie jouée avec Inflorenza et Esprits Tueurs. Un récit et un enregistrement par Claude Féry.

Temps d'écoute : 1h15 ; de lecture : 2 mn


Image

James Sowerby, domaine public

Toutes les photos suivantes sont de Claude Féry (par courtoisie).

Le jeu : Esprits Tueurs de D. Vincent Baker et Meguey Baker, un jeu de rôle pour aller à la rencontre de nos fantômes définitifs.

Joué le 11/11/2020

Univers : la forêt de Millevaux

Lire/télécharger le mp3


Le contexte :

Une séance scandée en quatre instances.
Xavier joue Virgile, euh Zéro

Persé joue Kat

Alex joue Lesly

Les deux premières instances ont été jouées avec Inflorenza, les suivantes avec Esprits Tueurs.

J'ai en outre utilisé Descente, L’Almanach et ma préparation non préparation qui consistait en une sélection de brefs poèmes et proverbes.


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Alex joue Lesly


Nous avons joué en vertige logique entre :

- un entonnoir des Eparges où Zéro s'est trouvé enseveli sous une obusade pendant l'offensive menée par lieutenant Gennevoix et n'a dû sa survie qu'à l'air prélevé sur un cheval compagnon d'infortune,

- le baray 4 d'Angkor Vat où Laura a demandé à Lesly de remplacer sa mère disparue,

- les couloirs et cellules de l'hôpital où Lesly a refusé de rassurer la tubéreuse poursuivie par la dévoreuse,

- ou bien encore les tréfonds de Béance, la forêt du dessous, où Zéro a rassuré un chevrotain pour mieux se faire dévorer,

- ou enfin le bassin de refroidissement du réacteur 4 de Tchernobyl, où après avoir poignardé à 4 reprises la dévoreuse / Lesly pour protéger la petite Hélèna, Zéro a poignardé Bouton / Transistor qui a reboutonné le second cœur de Lesly avant d'expirer.

Émotions intenses, périodes de tension, atmosphère lourde et oppressante avec des plages poétiques ou touchante pour une très belle partie de 2h30.

J'ai fait mon miel des discussions autour du voyage et plus particulièrement les remarques émises par KF pour envisager ma plongée dans la forêt du dessous.
C'est un voyage en têtes étrangères, immobiles et aussi trépidant et souvent inquiétant, parfois déroutant.


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Thomas :

Merci pour ce retour, ça avait l'air super cool en effet ! Est-ce que cela marque une sortie de l'hôpital de Patient 13 ou c'est juste une évasion mentale ?


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Xavier joue Virgile / Zéro


Claude :

Un peu des deux mais nous ne sommes pas encore parvenus à l'échappée. Des souvenirs nous retiennent, nous engluent...


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Commentaires de Thomas sur l'enregistrement :

A. Ton flow d’introduction est vraiment très Millevaux, bravo !
B. C’est super que Xavier fasse des sonorisations à la bouche, c’est personnellement quelque chose que j’adore faire
C. Très sympa et fluide la transition entre les lieux, forêt du dessous, tranchées, hôpital


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Message par Pikathulhu »

DE PIERRE NOS CŒURS SONT DEVENUS

Un parcours surréaliste dans des intérieurs aux habitants sans logique. Un récit de partie par Claude Féry.

Temps de lecture : 1 mn

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James Sowerby, domaine public

Toutes les photos suivantes sont de Claude Féry (par courtoisie).


Joué le 11/11/2020

Le jeu : Inflorenza, héroïsme, martyre et décadence dans l’enfer forestier de Millevaux


L'histoire :

Le générique du troisième cercle ?

2h30, même effectif, sept instances, un nouveau cercle franchi.

Nous avons rencontré Helli et égaré Zéro.

Bouton avec l'aide de Lesly et de Marmotte a repoussé La Lecteuse venu dans le bassin bibliothèque de Gaston pour leur schlurper leurs derniers souvenirs.

Nous avons visité le PETIT prince et son jardin du dessous.


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Nous en avons appris plus sur Helli sainte mère des souris, le bassin de refroidissement et comment contenir la faim de La Dévoreuse.

Zéro a métamorphosé Bouton en Zyglute.

Nous avons joué avec Inflorenza, L’Almanach et ma préparation non préparation, portés par Clair Obscur et Christian Zanési.*


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Très chouette partie, merci beaucoup à Xavier et Alex !

Et des tuut tuut bolides sont intervenus !


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Thomas :

Merci beaucoup pour ce retour ! ça avait l'air particulièrement surréaliste !


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Re: [CR] Millevaux et autres jeux Outsider

Message par Pikathulhu »

MANUTLOKH, APODIE DES MARCHE RÊVES

Un esprit atteint de malemort, dans ce bois où errent des choses qui ne sont pas encore nées, entre ondes mentales, rêves enchâssés et griffes plongées dans la mémoire. Un récit et une partie enregistrée d'un bien curieux jeu narratif par Claude Féry

Temps d'écoute : 1H53 ; de lecture : 4 mn

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Käthe Kollwitz, domaine public

Toutes les photos suivantes sont de Claude Féry (par courtoisie).


Joué le : 21/11/2020

Le jeu : Pulsazione, d’Enzo Chargas, un jeu de rôle pour écrire des histoires sous forme d’ondes

Univers : la forêt de Millevaux

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Le contexte :


Nouvelle lecture : un story game italien. De ce que j'en ai compris, (avec mes souvenirs scolaires de latin), ce jeu propose de percevoir les arcs narratifs de nos histoires sous forme d'onde. Ce pas de côté, délaissant le sensible investit dans le personnage pour le guetter dans les remous de l'histoire me tente pour aborder Millevaux sous un autre angle. Le jeu comporte une règle percée pour matérialiser son régime d'ondes à explorer façon piste de jeu.

On joue collectivement un personnage, un agent spatio-temporel qui enquête sur les perturbations du temps... De l'égrégore.


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Thomas :

Ça a l'air psyché. J'adore le rapport des italiens à la narration. Ça me rappelle La Grammaire de l'imagination, par Gianni Rodari.


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Claude :

De fait c'est une traduction italienne de Pulse, un jeu brésilien ayant emporté le game chef 2013. En 2014 un foulancement avait pour ambition de produire une version anglaise, mais le projet a capoté et seuls les souscripteurs ont récupéré un pdf anglais. Il y a des tuto sur YouTube en vo.


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Alex joue Lesly


L'histoire :

- Qui a frappé à la porte ?
À qui parlais-tu ?
- Personne.
- Personne ?
- Juste un Phi samphawesi surgi du passé, (un esprit qui cherche à naître à nouveau)...

Elle s'étend
Tisse ses voiles putrides
Éparpillés en nuées dans l'air
Ses rejetons poussent mollement
Sous toutes les formes


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Xavier joue Helli


Effectif

Je jouerai Bouton

Xavier jouera Helli

Alex sera Lesly


Pour les questions nous utilisons celles de Psy/Chose ou Nervure

Merci beaucoup à Xavier et Alex.


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Thomas :

Un grand merci pour ce retour ! (avec du retard, j'en suis désolé)

A. Ce que laisse deviner le protocole et les photos de Pulsazione rend le jeu très intrigant ! Peux-tu nous en dire plus son fonctionnement ?

C. Dans quelle région du monde placerais-tu cette partie ?


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Claude :

A. Dans le jeu Pulse on joue les aspects d'une situation. Nous jouons collectivement un agent spatio temporel qui enquête sur un élément qui a troublé le front d'ondes. Dans son instance on évoque un élément qui pourrait expliquer et on reste dans ses hypothèses tant que la portée de nos cercles (d4 d6 d8) ne se recoupent pas.
Lorsque les hypothèses se recoupent on découvre la source.
J'ai quelque peu biaisé le dispositif avec ma préparation non préparation

C. La réponse nous viendra lors de la prochaine session.


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Commentaires de Thomas après écoute :

A. Super spoken word de Xavier au début

B. super moment de vertige logique quand Bouton invite Lesly dans son souvenir (avec le bébé qui pleure en fond)

C. « Il y a des choses qui errent dans le bois, des choses qui sont pas encore nées. » > super phrase !

D. super récit du souvenir de Bouton où tu te cales avec la bande son

E. C’est super d’aborder le thème des faux souvenirs, implantés ou volés ou fabriqués

F. L’idée que Lesly puisse vérifier la vérité des souvenirs en plongeant ses griffes dans Bouton, ça fait penser à la mémomancie, notamment quand la Madone à Kalach réactive les souvenirs de Marie en appuyant sur ses anciennes blessures, en réveillant ses douleurs (dans Dans le mufle des Vosges)

G. Super le spoken word sur les rêves

H. l’inconvénient de cette partie c’est que c’est beaucoup de monologues de ta part (enfin, sauf si ça convient à tes joueuses). Les autres en font aussi puisqu’apparemment c’est le principe de Pulsazione, mais les tiens sont sensiblement plus longs.


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Claude :

H. A la base Pulse est un story game ou les joueuses jouent collectivement un agent spatio temporel qui mène une enquête sur un trouble survenu dans la trame temporelle. Chacune explore un domaine sur lequel elle a toute autorité jusqu'à ce que les fronts d'ondes se mêlent.
Je suis intervenu dans les instances d'Alexa à sa demande et dans celle de Xavier à raison de la contagion de nos zones respectives.
La transposition à notre table consiste à raconter trois histoires qui cheminent parallèlement et finissent par se rencontrer.
L'équilibre du temps de parole est plutôt malheureux dans cette session.
Il est beaucoup plus homogène dans la session suivante, même si à ce stade les interactions demeurent limitées.
Alex comme Xavier ont délibérément choisi d'écarter la possibilité d'intégrer Helli ou Lesly dans leur instance respective pour se focaliser sur leur personnage.
Nous avons convenu à la fin de la dernière session que nous délaisserions Pulse pour les 6 derniers tableaux.
J'ai proposé de jouer avec Nervure notre final.
Pour l'affrontement final, la libération ou évasion de l'hôpital nous utiliserons probablement Kairos-Minos.


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Re: [CR] Millevaux et autres jeux Outsider

Message par Pikathulhu »

PAS FIABLE ET SACRIFIABLE

Parfois, quand notre guide forestier est trop indigne de confiance, mieux vaut le pousser sous le bus. Un récit de partie solo par Maowlmad.

(temps de lecture : 1 min)

Traumavertissements : voir détail après l'image

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Friedrich Heinrich Ernst Schneidler, domaine public

Contenu sensible : attaques animales, désintégration, disparitions, suicide

Joué le 23/03/2023

Le jeu : Oriente, perdre ses repères en traversant la forêt de Millevaux


Le contexte :

J'ai joué à Oriente en solo. Malheureusement, le guide est mort dévoré par des Crapouls. Ces mignonnes petites bêtes pas plus hautes qu'un lapin, ont planté leurs crocs dans son crâne et aspiré ses souvenirs. Il n'était pas fiable. Une nuit, il a pénétré les rêves de notre héroïne pour lui voler son nom. Il a également coupé du bois dans un arbre qu'il valait mieux ne pas embêter. En effet, les charbonnards sont des horlas identiques à des chênes, mais qui vous transforme en charbon. Ce horla dormait lorsque Oriente était occupé à le débiter. Mais lorsqu'il s'est réveillé, notre guide a accusé une malheureuse marcheuse de notre groupe, qui a été immédiatement exécutée. Finalement, tout le monde est mort, excepté notre héroïne, qui s'est offerte toute entière au cœur de Millevaux, un gigantesque gouffre purulent, grouillant et irrésistiblement attirant. En somme, voilà. Une chouette partie. Comme d'hab, j'aurais dû prendre des notes. Le seul truc où j'ai merdé : j'ai arrêté de suivre Oriente bien avant de tomber sur la carte, car il était un tout petit peu relou...


L'histoire :

En quoi Oriente vous sert-il de compas moral ?
Cette forêt me terrifie. Je ne connais pas cette région de Millevaux. C’est une région si sombre, si inhospitalière. Oriente est notre guide et il sait où il va. De plus, il sait trouver les mots pour me rassurer. Il a toujours ce sens de l’humour qui me redonne le sourire et m’aide à aller de l’avant. Ici, je ne suis pas grand-chose sans Oriente...

Pourquoi Oriente se montre-t-il vulnérable seulement avec vous ?
Oriente affiche parfois un air perdu, comme s’il était absorbé par ses pensées. Par moments, il ne semble plus si sûr de lui, comme vulnérable. Il cherche, il tâtonne… Puis il se reprend et redevient lui-même. Je déteste quand il fait ça. Il me fait peur. Et le plus curieux est qu’il ne se comporte comme ça qu’avec moi, jamais devant les autres membres du groupe. Pourquoi moi ? Peut-être fait-il cela pour me rendre dingue ? Peut-être ressent-il ma peur et cherche-t-il tout simplement à jouer avec mes émotions ?

Est-ce à cause de vous que vous vous êtes perdu·e·s ?
Je commence sérieusement à croire que nous sommes bel et bien perdu·e·s. Lorsque je pose la question à Oriente, il me répond « Mais non, mais non ! Aie confiance, je connais cette forêt comme ma poche ! » Je commence peu à peu à douter de ses compétences de guide.
Mais ce n’est pas tout. J’ai le sentiment que les autres m’observent constamment, qu’iels parlent dans mon dos. Iels m’évitent quand je me rapproche, détournent les yeux quand je les regarde. Je ne comprends pas. Y suis-je pour quelque chose, si nous sommes perdu·e·s ? Je ne suis pas le guide, tout de même ! Pourtant, qu’ai-je bien pu faire de travers ?

Quel est le point fort d’Oriente et quel est son point faible, d’après vous ?
Son point faible est qu’il communique très peu. Il faut lui poser beaucoup de questions si l’on veut en tirer quelque chose. Il n’y répond pas toujours. On doit alors se contenter de son sourire énigmatique. Ce sourire m’exaspère au plus au point ! Oriente est si introverti…
Son point fort est son sang-froid. Il est toujours égal à lui-même, très calme, détendu. Il lui en faut beaucoup pour paniquer. J’imagine bien que même en situation critique, il ne laisserait transparaître aucune émotion.

Quelle croyance Oriente vous a mise en tête ?
Oriente nous a parlé d’un spécimen animal de cette région que j’espère vraiment ne jamais rencontrer. Il s’agit du crapoul, un mammifère quadrupède pas plus gros qu’un lapin. Certain·e·s le trouvent mignon, d’autres le trouvent répugnant. Mais à vrai dire, personne n’est capable d’en donner une description précise. Existe-t-il vraiment ? Ou est-ce encore une des blagues de mauvais goût de notre guide ? Selon lui, les crapouls peuvent se montrer doux et affectueux. Mais ils peuvent également devenir imprévisibles et extrêmement dangereux. Quand ils attaquent, ils s’accrochent à votre crâne, y plantent leurs crocs acérés et aspire votre cervelle. Bonne nuit, merci Oriente !

Contre quel être ou choses avez-vous vu Oriente reculer ?
Le récit de notre guide m’a terrifié·e. Je ne peux m’empêcher de scruter le sol à chacun de mes pas. Parfois, une branche craque sous mes pieds et me fait sursauter. Je ne sais pas si cet animal existe vraiment, mais je vois bien le plaisir dans les yeux d’Oriente. Sa perversion ne fait aucun doute désormais, mais c’est une facette que je n’attendais pas.
Tout à coup, il nous ordonne de nous arrêter. Nous nous trouvons face à un arbre. C’est un arbre tout à fait ordinaire, peut-être un chêne. Probablement va-t-il nous gratifier de sa légendaire connaissance des arbres… Mais non. Il nous demande de ne surtout pas bouger et d’attendre. Tout le monde a les yeux rivés sur l’arbre. Pourquoi ? Un jeune homme du groupe brise le silence.
« Allez Oriente ! Arrête de te foutre de nous. Ce n’est qu’un arbre !
— La ferme je vous dis ! rétorque Oriente à voix basse
— N’importe quoi ! Vous n’allez pas croire ce vieil imbécile ! Regardez ! Oh la la ! Je vais attaquer le méchant arbre ! »
Faisant fi des recommandations de notre guide, le jeune homme s’approche de l’arbre et le frappe d’un grand coup de pied frontal.
« Bon alors, vous voyez ? Ah ah ! sacré pépère va !
— Les autres, restez où vous êtes et taisez-vous.
— Foutaises !
— C’est trop tard pour toi. Je suis désolé. »
A ce moment là, une étrange sensation envahit le jeune impertinent. Sa peau se met à changer de couleur, à s’assombrir. Cela va assez vite. L’homme regarde ses mains, pris de panique, bégayant des « que… que m’arrive-t-il ? ». Le spectacle est abominable. En quelques minutes, sa peau devient noire comme le charbon, puis, seulement au dernier moment, après avoir enduré une souffrance incalculable, son corps tout entier s’écroule. Un bloc de charbon gît désormais, recouvert de vêtements souillés.
Nous restons sans voix. Oriente prend la parole.
« Je suis navré pour votre compagnon. Je vous présente le charbonnard. C’est un horla. Lorsqu’on se retrouve face à lui, il est préférable de rester tranquille et de vous laisser faire. »
Voyant notre état de stupeur, il tente de nous rassurer.
« Oh vous pouvez bouger normalement maintenant ! Le charbonnard a fini de nous observer. Il semble qu’il ait décidé de nous accepter, du moins pour le moment. Ne vous inquiétez pas pour votre ami, vous l’aurez oublié dans quelque temps. »
Cette horrible phrase résonne dans ma tête, faisant écho au plus profond de mes tripes. Comment pourrais-je oublier cette horreur ?

Laquelle des questions précédentes avez-vous oubliée ?
Tout en marchant, mes pensées me tourmentent et m’obsèdent. J’ai la sensation désagréable d’avoir oublié certaines questions que je me suis posées à propos de notre guide. En réalité, je me rappelle vaguement m’être demandé·e pourquoi Oriente ne se montrait vulnérable que devant moi. Je ne sais plus ce que j’en avais conclu, mais ce qui est sûr, c’est que désormais, je peux répondre en partie à cette question. Oriente est bel est bien vulnérable. Il n’est rien dans l’enfer de Millevaux, pas plus que nous. Je comptais beaucoup sur lui. J’ai misé ma vie sur ce guide. Mais je commence sérieusement à douter de ses capacités et de nos chances de survie.

Que fait Oriente dans vos cauchemars ?
Les nuits sont pénibles, de plus en plus pénibles. Elles devraient nous apporter du repos. Elles ne m’apportent que terreur. Tous les soirs, c’est le même rituel. Nous montons le camp, Oriente s’en va avec sa vieille hache rouillée, puis revient avec des bûches. Pendant ce temps, une autre personne s’en va chasser puis revient avec un gibier. Ici, c’est comme ça. Il faut savoir s’organiser. Nous préparons le feu, nous cuisinons, nous dégustons, puis nous nous couchons. Les premiers soirs, ce rituel avait un air de fête. Aujourd’hui, peu de mots sont échangés. L’engouement fait place à la routine. Le temps finit par tourner en boucle. Et puis il y a ces rêves, hantés chaque nuit par Oriente. Sa présence m’étouffe toujours un peu plus. Chaque nuit, il gagne un peu plus de territoire. Mais que faire ? La nuit dernière fut la plus horrible de toutes. Je souhaite après cela ne plus jamais trouver le sommeil. Oriente était devenu mon cauchemar. Il n’y avait plus que lui. Tout le reste n’existait plus. Le seul souvenir qu’il m’en reste, c’est cet abominable réveil. Je suis couché·e au sol, Oriente se trouve debout au-dessus de moi et sourit. Tout à coup, il tend une main vers moi, comme pour m’aider à me relever. Je prend sa main sans réfléchir, car il m’est impossible de faire preuve de discernement dans cet état de stupeur. Je ne parviens pas à me souvenir s’il m’aide vraiment à me relever. En revanche, ses mots étranges et terrifiants résonnent encore dans ma tête. « Maintenant, j’ai ton nom ! » Que veut-il dire ? Que m’a-t-il fait·e ? Car une fois sorti du calvaire, Oriente se trouve effectivement debout, au-dessus de moi. Mais il est en panique…

Pourquoi Oriente n’aurait pas dû abattre cet arbre ?
« Nous devons partir et vite ! s’écrie notre guide alors que mes yeux s’habituent peu à peu à la lumière.
— Qu’y a-t-il ? demande l’une de mes camarades.
— Ce n’est pas un endroit sûr, ça ne l’est plus.
— Pourquoi ? demandé-je.
— Pas le temps de vous expliquer. Allez, maniez-vous ! »
Excédé·e je bondis sur notre guide et le saisis fermement par le dos, le bras gauche enroulé autour de son cou chétif, la main droite empoignant sa chevelure grasse et hirsute. Immobilisé, impuissant, il tente de me raisonner.
« Sauvons-nous ! Ou alors nous allons mourir !
—  Pas avant que tu m’aies dit ce que tu as fait comme connerie ! Je resserre l’étreinte…
— Ça va, ça va ! J’ai compris ! »
Je relâche le guide, afin de le laisser parler.
« Ben voilà. Hier j’ai coupé du bois pour notre feu. Il faisait déjà noir, et nous avions faim. Je me suis donc hâté. Et je suis revenu avec des bûches hein ! et des belles ! Mais ce matin, en me levant, je suis allé me dégourdir les jambes du côté de l’arbre et je me suis rendu compte que ce n’était pas un arbre ordinaire. Tout ce sous-bois, en réalité…
— Oh non, Oriente, tu n’as pas fait ça ?
— Ben si… Mais il y a une bonne nouvelle ! Les charbonnards sont en sommeil. Mais il faut déguerpir avant qu’ils ne se réveillent, surtout celui qui a été amoché… »
En ce moment précis, je ne sais pas ce qui me retient de l’étrangler. Comment a-t-il pu être négligeant, au point de mettre nos vies en péril ?
En quelques instants, je suis prêt·e à partir. Puis vient le tour d’une de mes deux camarades. Mais alors que la troisième, mal apprêtée et encore engourdie, peine à soulever son sac à peine fermé, la communauté des charbonnard s’éveille. Dans une panique générale, nous supplions à la retardataire de se presser. Mais alors que je suis sur le point de courir pour l’aider, Oriente lance d’une voix lâche et tremblante.
« C’est elle ! C’est elle qui a fait ça ! »
Avec horreur, je constate qu’il pointe de son doigt accusateur la pauvre retardataire.

Laquelle de vos réponses précédentes est un faux souvenir ?
Je crois me souvenir d'un jeune homme dans notre groupe, qui aurait eu des soucis avec un arbre. Que lui est-il arrivé déjà ? Je ne sais plus, il me semble qu'il y ait un rapport avec le charbon... Oriente, ainsi que ma compagne de route m'ont assuré·e que ce garçon n'était que le fruit de mon imagination.

Pourquoi trouvez-vous sur votre chemin des marquages de direction semblables à ceux qu’utilise Oriente ?
Oriente trace parfois des flèches étranges. Je découvre certaines de ces flèches sur notre route. Pourtant, je suis certain·e que nous ne sommes pas encore passé·e·s par là. Ces signes ont probablement été tracées lors de précédentes visites. Il connaît donc bien cette forêt comme sa poche. Il amène ses visiteurs et ses visiteuses dans ce dédale de chemins tortueux, les rendant irrémédiablement dépendants de lui. Qu'adviendrait-il de nous, si nous nous perdions ?

Qu’est-ce qui vous fait penser qu’Oriente ne tient qu’à sa gueule ?
Nous marchons depuis des heures dans un monotonie affligeante. Pas un mot n'est prononcé. Ce n'est pas tant une atmosphère crispée qu'un silence grandissant à chaque seconde, presque vivant. C'est ce genre de silence dense et engourdissant qu'on n'oserait briser. Ma camarade marche à rythme soutenu, devant moi. Elle est courageuse et semble prendre du plaisir à cette randonnée. Cette forêt va-t-elle finir un jour ? Je me surprends parfois à penser ces choses insensées. Comment la forêt de Millevaux pourrait-elle avoir une fin ? J'ai certainement déjà demandé à notre guide le temps qu'il restait à parcourir, mais le problème, c'est que je ne me souviens plus de sa réponse. Mais là, il me faut une pause. Je me décide alors à briser le silence et à demander à Oriente s'il veut bien qu'on s'arrête. Il refuse, sans donner de raison. Continue comme ça, mon gars...

Vous rappelez-vous de votre point de départ ?
J'ai gardé quelques souvenirs de notre départ. Nous étions cinq à partir à l'aventure. Le cœur y était ! Nous avions soif de découvertes, prêt⋅e⋅s à percer enfin les mystères de Millevaux. Mais il a dû se passer quelque chose depuis... Quand je pense à nos camarades disparu⋅e⋅s, je réalise que nous avons de la chance d'être encore en vie. Au moment où cette pensée me traverse l'esprit, je constate avec effroi que ma coéquipière a disparu elle aussi !
— Oriente ! Attends ! Nous avons perdu quelqu'un ! Il faut la retrouver !
— Pas question de revenir en arrière.
— Mais pourquoi ?
— La forêt change. Parfois, elle se joue de nous.
— Mais on ne peut pas la laisser, quand même !
— De qui parles-tu ?
— Mais de...
— Il n'y a jamais eu personne d'autre que nous deux, tu le sais bien !
— Tu mens ! Je ne veux plus te suivre !
— Sans moi, tu ne sortiras pas d'ici et tu ne te rappellera jamais de ton nom.
Là, il marque un point... Oriente contrôle ma destinée. Mais ce qu'il vient de me dire à éveillé en moi un vent de colère implacable. Mon désir de vengeance commence à me ronger sérieusement.

Contre quel danger Oriente ne peut rien ? Pourriez-vous l’aider ?
Depuis quelque temps, je me suis pris⋅e à observer les déplacements incessants des animaux dans les arbres. Ils sautent de branches en branches en poussant de petits cris aigus, se lancent des défis, se bagarrent. Leur expression, leur espièglerie me donne du baume au cœur. Parfois, j'ai même l'impression qu'ils cherchent à m'impressionner en se donnant en spectacle. Une fois, je n'ai pu m'empêcher d'applaudir lorsqu'un de ces petits animaux a effectué un triple saut périlleux, avant d'être rattrapé par de ses amis. Et j'ai senti qu'ils appréciaient ! Cela m'a fait chaud au cœur. Je n'en dirais pas tant de mon brillant guide, qui lui, en revanche, n'en a cure... Jusqu'au au moment où l'un des petits imprudents entreprend de se rattraper à une branche morte avant de dégringoler du haut d'un chêne bicentenaire. Heureusement, sa chute est amortie puisqu'il retombe exactement sur la tête de notre précieux guide.
D'un calme exemplaire, Oriente me supplie.
— Bon. Ceci est un cas de force majeure. J'aimerais assez que tu m'enlève ça, s'il te plaît.
— Pourquoi ? Il est plutôt mignon. Je crois que tu t'es fait un nouvel ami, Oriente !
— Ne plaisante pas avec ça, les Crapouls ne sont pas nos amis ! Enlève-moi ça, je t'en supplie !
— Non. Ça me plaît de te voir en galère, tout à coup.
— Mais toi, tu n'es pas comme ça ! Je te connais bien ! Tu es une bonne personne et tu aides ton prochain...
— Il y a bien longtemps que j'ai oublié qui j'étais, Oriente.
— Ne veux-tu pas retrouver ton nom ?
— Qu'il meure avec toi.
— Non ! Nooooon ! Reviens !
— Allez, salut.
Je tourne les talons et j'entends alors des hurlements mêlés à des bruits de succion assez répugnants. J'aperçois alors dans la canopée, quelques dizaines de ces petits diablotins se précipiter vers le festin. Puis, bien assez vite, le silence...

Qui de vous ou d’Oriente a le plus perdu son humanité ?
Voilà, je suis seul⋅e. Peut-être l'ai toujours été... Et si mes compagnons n'avaient jamais existé ? Et si Oriente n'avait jamais existé ? Que vais-je faire maintenant ? Il avait ses défauts, mais il connaissait la forêt, du moins, c'est ce qu'il cherchait à montrer. Finalement, quel sens cela peut-il avoir, puisque je n'en sortirai jamais ? Cette pensée me terrifie, et me réconforte en même temps. Je l'ai compris depuis longtemps. Au fond, c'était peut-être Oriente le plus humain de nous. Il n'avait que ses défauts, comme nous tous⋅te⋅s. Moi, je ne ne suis que l'engeance de la forêt, le fruit de l'égrégore, une arme destructrice qui se nourrit des angoisses les plus sombres. J'ai tué ces personnes de sang froid et me voilà perdu⋅e dans mon propre dédale. Je suis né⋅e seul⋅e et je périrai seul⋅e.Quel est mon but ? Devenir un horla ? Je ne saurais être digne de ce privilège... Pourtant, peut-être en suis-je déjà devenu un. Mais je veux plus ! Beaucoup plus ! Je ne suis pas n'importe qui ! Qu'est-ce que je raconte ? Je n'ai même plus de nom...

Mes pas s'enchaînent dans la pénombre, mes derniers pas. Car aujourd'hui j'ai atteint ma destination. Puisque je ne peux sortir de cette forêt infinie, alors je veux devenir la forêt. Un gouffre béant s'ouvre devant mes pieds et je peux déjà sentir l'odeur putride de la matière en décomposition qui m'appelle. La chaleur qui s'en dégage fait naître en moi un désir profond de sauter dans l'immensité. C'est là que tout finit. C'est là que tout commence.
Au revoir, mon guide. Où que tu sois, tu n'auras pas de pourboire...
Dernière modification par Pikathulhu le mar. avr. 29, 2025 2:02 pm, modifié 1 fois.
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Message par Pikathulhu »

SOUS LES PETITS NUAGES, LA PLUIE, L'OUBLI

Un homme qui se croit mort à cause de son reflet, des démons qui murmurent à l'oreille, et des tourments exprimés à haute voix dans la salle des électrochocs. Un enregistrement de partie par Claude Féry.

Temps d'écoute : 1h30

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Thomas Baldwin, domaine public

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Joué le : 28/11/2020

Le jeu : Pulsazione, d’Enzo Chargas, un jeu de rôle pour écrire des histoires sous forme d’ondes

Univers : la forêt de Millevaux

Lire/télécharger le mp3


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Le contexte :


Durée 1h30 pour 4 tableaux Séance jouée avec Pulsazione, Carcère, Nervure, un jeu de cartes et de rôle pour explorer la forêt de Millevaux.


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Thomas :

voici mes commentaires après écoute :

A. J’adore l’anecdote de l’homme qui se croit mort à cause de son reflet : bel effet d’égrégore

B. Chouette exploration des tourments de Lesly


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Alex joue Lesly


C. Intéressant, Alex qui fait un bird in ear à Xavier (« Mange-le, mange-le ! ») : finalement, c’est rare qu’il prenne le contrôle du décor

D. Les oscilloscopes servent peut-être à mesurer l’égrégore

E. Alex joue bien l’angoisse dans la salle des électrochocs

F. Bouton s’appelle Edgar Morin, est-ce que c’est une références au sociologue ?

G. Comme ça, y’a un Vorgne dans le parc ? Ça promet :)


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Claude :

D. Cool

F. Oui


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Xavier jouer Helli
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Re: [CR] Millevaux et autres jeux Outsider

Message par Pikathulhu »

SCINDÉS, CHAT NOIR, CHAT BLANC

L'échappée de l'hôpital avec Nervure et l'Almanach, quelque part entre Parasite et Pripyat. Un récit et une partie enregistrée par Claude Féry.

(temps d'écoute : 1h46 ; temps de lecture : 4 min )

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Loco Steve, cc-by-sa


Joué le : 05/12/2020

Le jeu : Nervure, un jeu de cartes et de rôle pour explorer la forêt de Millevaux, par Thomas Munier

Lire/télécharger le mp3


Le contexte:

Nous avons joué hier après-midi l'échappée de l'hôpital avec Nervure et L’Almanach, quelque part entre Parasite et Pripyat.

Deux personnages : Helli et Lesly.

Une très belle session !

Un grand merci à Xavier et Alex


Thomas :

J'ai hâte d'écouter ça ! J'imagine que l'ambiance sera plus millevaliennes que lors des séjours dans l'hôpital ! Et qu'as-tu fait avec cet argile, malheureux ?


Claude :

Je pense que l'ambiance déployée est très Millevalienne même si le terroir est absent de cette session.

Heureux que la photographie ne soit pas transparente.

Une surprise matérielle de dernière minute apportée à la session : j'ai utilisé du gel à raser que j'ai fait mousser et répandu un peu partout lorsque nous sommes entrés dans la clairière du Vorgne blanc, ou dans l'enceinte du réacteur 4.

Les sucs gastriques du Vorgne qui rongent nos chairs ou les effets d'une emprise délétère à Pripyat

Nous avons joué huit cartes de Nervure pour ces six derniers tableaux, (Alex a pioché deux cartes supplémentaires pour résolution), j'ai joué trois jours de L’Almanach.


À l'issue de la session nous avons convenu de jouer la prochaine session, une incursion en pays οὖροσ, avec Comme je descendais des fleuves impassibles de KF.


Commentaires de Thomas après écoute:

A. Le cafard qui dit « Dis-moi quel goût je peux avoir et je te laisserai me manger », trop beurk :) ça vient de l’Almanach, une citation de Frédérique Lilas Da Silva, je crois :)

B. J’aime toute cette mystique qui est développée autour de la drève comme seuil de passage

C. Alex marque bien la tension par ses réactions

D. Vous m’avez inspiré un jeu inspiré par Chat Noir, chat blanc, et dont voici les règles : On dispose des cartes de tarot face cachée de façon à former un plateau de jeu. On y place des gobelets retournés pour simuler les arbres d’une forêt. Certaines cartes de tarot sont des cartes « piège », c’est le joueur du chat noir qui les dispose. Le joueur noir dispose aussi un jeton noir sous un gobelet à l’insu du joueur du chat blanc. À son tour, le joueur blanc fait avancer son jeton blanc sur le plateau, il doit débusquer le chat noir en retournant les gobelets, et la carte de tarot associée. Le but du chat noir (qui peut aller sur une carte adjacente à son tour, pendant que le joueur blanc ferme les yeux) est d’échapper au chat blanc jusqu’à ce que celui-ci tombe sur une carte piégée. Si le joueur blanc l’emporte, on refait une partie en rajoutant une carte piégée, et ainsi de suite. Si joueur noir l'emporte, on recommence et on enlève un arbre, et ainsi de suite.

E. J’adore l’image de cette mousse qui monte du sol

F. Le personnage de Xavier allumait donc des bougies devant une statuette votive de Cthulhu :)

G. Xavier prend un malin plaisir à se jeter dans la gueule du loup

H. Super description des forêts limbiques et de la clairière

I. Content de revenir en forêt :)

J. Hum, les myriades de petits vorgnes, slurp

K. Chouette de résoudre le combat contre le Vorgne en demandant à Alex de réussir à allumer un briquet avec les mains humides

L. Particulièrement mindfuck l’épisode de la baignoire !

M. Je réalise que tu fais de gros efforts de zenitude pour rester sérieux alors que Xavier fait le clown dans l’espoir de faire baisser la pression :)

N. Puisque vous êtes à Prypiat, vous pouvez jouer Millevolodine ou l’Ukraine de l'Atlas, ou Mildiou.

O. J’aime cette idée de l’Achille trempé dans l’eau lourde, j’imagine que c’est en lien avec Kairos-Minos, voire avec Odysséa

P. Le royaume des chordyceps, ça promet :)

Q. Intéressant que Xavier rajoute dans le voile la mousse à raser, il est mature en matière de contrat social :)


Claude :

O. Oui tant Odyssea que Kairos-Minos.

Lorsque Alex a évoqué les esclavagistes de La Forêt aux Chimères, j'ai pensé aux οὖροσ de l'antiquité et à Il est difficile d'être un dieu des frères Strugatski.
J'ai d'ores et déjà posé des jalons, évoqué un mémographe membre de l'Institut placé dans une position similaire à celle du héros du roman des deux frères.

Alex y projetait une ruralité pareille à celle déployée dans nos sessions de jardins des esprits où les οὖροσ seraient des collectionneurs de chimères, qui ressemblent fort à des dresseurs de Pokémons...

Alors ressurgir mes souvenirs émerveillés et écœurés du Didir de Jack Vance et l'alliance nécessaire à Aïla Voodiver, l'homme dirdir pour bâtir la nef et échapper aux dirdirs. Des enfants sont entre le trafiquant et Adam Reith, les enfants du mécanicien...

Et donc ma réponse est N. Millevolodine où je pense pouvoir conjuguer tout cela, avec des bribes de Slogans.

L. C'est une incursion récurrente de ma lecture de Marie Richeux.

D. Superbe

P. En revanche Alex a décrété une immunité narrative pour Lesly et Xavier a la pétoche. L'horreur organique c'est trop pour lui.
Je ne sais pas encore comment négocier cette phase, sinon en solo avec Lesly / Kat

Q. Je l'ai surpris en lui mettant du gel sur lui aussi, puisqu'il était contaminé. Là c'était amusant.
Mais malheureusement il en a avalé et là c'était dégueulasse et moins drôle.
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Re: [CR] Millevaux et autres jeux Outsider

Message par Pikathulhu »

PAS FIABLE ET SACRIFIABLE, LE RÉCIT COMPLET

Parfois, quand notre guide forestier est trop indigne de confiance, mieux vaut le pousser sous le bus. Un récit de partie solo par Maowlmad. La première version était abrégée, voici ici le solo dans son entier !

(temps de lecture : 11 min)

Traumavertissements : voir détail après l'image

Image
Friedrich Heinrich Ernst Schneidler, domaine public

Contenu sensible : attaques animales, désintégration, disparitions, suicide

Joué le 23/03/2023

Le jeu : Oriente, perdre ses repères en traversant la forêt de Millevaux

Voir ici la première version du compte-rendu


L'histoire :

En quoi Oriente vous sert-il de compas moral ?
Cette forêt me terrifie. Je ne connais pas cette région de Millevaux. C’est une région si sombre, si inhospitalière. Oriente est notre guide et il sait où il va. De plus, il sait trouver les mots pour me rassurer. Il a toujours ce sens de l’humour qui me redonne le sourire et m’aide à aller de l’avant. Ici, je ne suis pas grand-chose sans Oriente...

Pourquoi Oriente se montre-t-il vulnérable seulement avec vous ?
Oriente affiche parfois un air perdu, comme s’il était absorbé par ses pensées. Par moments, il ne semble plus si sûr de lui, comme vulnérable. Il cherche, il tâtonne… Puis il se reprend et redevient lui-même. Je déteste quand il fait ça. Il me fait peur. Et le plus curieux est qu’il ne se comporte comme ça qu’avec moi, jamais devant les autres membres du groupe. Pourquoi moi ? Peut-être fait-il cela pour me rendre dingue ? Peut-être ressent-il ma peur et cherche-t-il tout simplement à jouer avec mes émotions ?

Est-ce à cause de vous que vous vous êtes perdu·e·s ?
Je commence sérieusement à croire que nous sommes bel et bien perdu·e·s. Lorsque je pose la question à Oriente, il me répond « Mais non, mais non ! Aie confiance, je connais cette forêt comme ma poche ! » Je commence peu à peu à douter de ses compétences de guide.
Mais ce n’est pas tout. J’ai le sentiment que les autres m’observent constamment, qu’iels parlent dans mon dos. Iels m’évitent quand je me rapproche, détournent les yeux quand je les regarde. Je ne comprends pas. Y suis-je pour quelque chose, si nous sommes perdu·e·s ? Je ne suis pas le guide, tout de même ! Pourtant, qu’ai-je bien pu faire de travers ?

Quel est le point fort d’Oriente et quel est son point faible, d’après vous ?
Son point faible est qu’il communique très peu. Il faut lui poser beaucoup de questions si l’on veut en tirer quelque chose. Il n’y répond pas toujours. On doit alors se contenter de son sourire énigmatique. Ce sourire m’exaspère au plus au point ! Oriente est si introverti…
Son point fort est son sang-froid. Il est toujours égal à lui-même, très calme, détendu. Il lui en faut beaucoup pour paniquer. J’imagine bien que même en situation critique, il ne laisserait transparaître aucune émotion.

Quelle croyance Oriente vous a mise en tête ?
Oriente nous a parlé d’un spécimen animal de cette région que j’espère vraiment ne jamais rencontrer. Il s’agit du crapoul, un mammifère quadrupède pas plus gros qu’un lapin. Certain·e·s le trouvent mignon, d’autres le trouvent répugnant. Mais à vrai dire, personne n’est capable d’en donner une description précise. Existe-t-il vraiment ? Ou est-ce encore une des blagues de mauvais goût de notre guide ? Selon lui, les crapouls peuvent se montrer doux et affectueux. Mais ils peuvent également devenir imprévisibles et extrêmement dangereux. Quand ils attaquent, ils s’accrochent à votre crâne, y plantent leurs crocs acérés et aspire votre cervelle. Bonne nuit, merci Oriente !

Contre quel être ou choses avez-vous vu Oriente reculer ?
Le récit de notre guide m’a terrifié·e. Je ne peux m’empêcher de scruter le sol à chacun de mes pas. Parfois, une branche craque sous mes pieds et me fait sursauter. Je ne sais pas si cet animal existe vraiment, mais je vois bien le plaisir dans les yeux d’Oriente. Sa perversion ne fait aucun doute désormais, mais c’est une facette que je n’attendais pas.
Tout à coup, il nous ordonne de nous arrêter. Nous nous trouvons face à un arbre. C’est un arbre tout à fait ordinaire, peut-être un chêne. Probablement va-t-il nous gratifier de sa légendaire connaissance des arbres… Mais non. Il nous demande de ne surtout pas bouger et d’attendre. Tout le monde a les yeux rivés sur l’arbre. Pourquoi ? Un jeune homme du groupe brise le silence.
« Allez Oriente ! Arrête de te foutre de nous. Ce n’est qu’un arbre !
— La ferme je vous dis ! rétorque Oriente à voix basse
— N’importe quoi ! Vous n’allez pas croire ce vieil imbécile ! Regardez ! Oh la la ! Je vais attaquer le méchant arbre ! »
Faisant fi des recommandations de notre guide, le jeune homme s’approche de l’arbre et le frappe d’un grand coup de pied frontal.
« Bon alors, vous voyez ? Ah ah ! sacré pépère va !
— Les autres, restez où vous êtes et taisez-vous.
— Foutaises !
— C’est trop tard pour toi. Je suis désolé. »
A ce moment là, une étrange sensation envahit le jeune impertinent. Sa peau se met à changer de couleur, à s’assombrir. Cela va assez vite. L’homme regarde ses mains, pris de panique, bégayant des « que… que m’arrive-t-il ? ». Le spectacle est abominable. En quelques minutes, sa peau devient noire comme le charbon, puis, seulement au dernier moment, après avoir enduré une souffrance incalculable, son corps tout entier s’écroule. Un bloc de charbon gît désormais, recouvert de vêtements souillés.
Nous restons sans voix. Oriente prend la parole.
« Je suis navré pour votre compagnon. Je vous présente le charbonnard. C’est un horla. Lorsqu’on se retrouve face à lui, il est préférable de rester tranquille et de vous laisser faire. »
Voyant notre état de stupeur, il tente de nous rassurer.
« Oh vous pouvez bouger normalement maintenant ! Le charbonnard a fini de nous observer. Il semble qu’il ait décidé de nous accepter, du moins pour le moment. Ne vous inquiétez pas pour votre ami, vous l’aurez oublié dans quelque temps. »
Cette horrible phrase résonne dans ma tête, faisant écho au plus profond de mes tripes. Comment pourrais-je oublier cette horreur ?

Laquelle des questions précédentes avez-vous oubliée ?
Tout en marchant, mes pensées me tourmentent et m’obsèdent. J’ai la sensation désagréable d’avoir oublié certaines questions que je me suis posées à propos de notre guide. En réalité, je me rappelle vaguement m’être demandé·e pourquoi Oriente ne se montrait vulnérable que devant moi. Je ne sais plus ce que j’en avais conclu, mais ce qui est sûr, c’est que désormais, je peux répondre en partie à cette question. Oriente est bel est bien vulnérable. Il n’est rien dans l’enfer de Millevaux, pas plus que nous. Je comptais beaucoup sur lui. J’ai misé ma vie sur ce guide. Mais je commence sérieusement à douter de ses capacités et de nos chances de survie.

Que fait Oriente dans vos cauchemars ?
Les nuits sont pénibles, de plus en plus pénibles. Elles devraient nous apporter du repos. Elles ne m’apportent que terreur. Tous les soirs, c’est le même rituel. Nous montons le camp, Oriente s’en va avec sa vieille hache rouillée, puis revient avec des bûches. Pendant ce temps, une autre personne s’en va chasser puis revient avec un gibier. Ici, c’est comme ça. Il faut savoir s’organiser. Nous préparons le feu, nous cuisinons, nous dégustons, puis nous nous couchons. Les premiers soirs, ce rituel avait un air de fête. Aujourd’hui, peu de mots sont échangés. L’engouement fait place à la routine. Le temps finit par tourner en boucle. Et puis il y a ces rêves, hantés chaque nuit par Oriente. Sa présence m’étouffe toujours un peu plus. Chaque nuit, il gagne un peu plus de territoire. Mais que faire ? La nuit dernière fut la plus horrible de toutes. Je souhaite après cela ne plus jamais trouver le sommeil. Oriente était devenu mon cauchemar. Il n’y avait plus que lui. Tout le reste n’existait plus. Le seul souvenir qu’il m’en reste, c’est cet abominable réveil. Je suis couché·e au sol, Oriente se trouve debout au-dessus de moi et sourit. Tout à coup, il tend une main vers moi, comme pour m’aider à me relever. Je prend sa main sans réfléchir, car il m’est impossible de faire preuve de discernement dans cet état de stupeur. Je ne parviens pas à me souvenir s’il m’aide vraiment à me relever. En revanche, ses mots étranges et terrifiants résonnent encore dans ma tête. « Maintenant, j’ai ton nom ! » Que veut-il dire ? Que m’a-t-il fait·e ? Car une fois sorti du calvaire, Oriente se trouve effectivement debout, au-dessus de moi. Mais il est en panique…

Pourquoi Oriente n’aurait pas dû abattre cet arbre ?
« Nous devons partir et vite ! s’écrie notre guide alors que mes yeux s’habituent peu à peu à la lumière.
— Qu’y a-t-il ? demande l’une de mes camarades.
— Ce n’est pas un endroit sûr, ça ne l’est plus.
— Pourquoi ? demandé-je.
— Pas le temps de vous expliquer. Allez, maniez-vous ! »
Excédé·e je bondis sur notre guide et le saisis fermement par le dos, le bras gauche enroulé autour de son cou chétif, la main droite empoignant sa chevelure grasse et hirsute. Immobilisé, impuissant, il tente de me raisonner.
« Sauvons-nous ! Ou alors nous allons mourir !
—  Pas avant que tu m’aies dit ce que tu as fait comme connerie ! Je resserre l’étreinte…
— Ça va, ça va ! J’ai compris ! »
Je relâche le guide, afin de le laisser parler.
« Ben voilà. Hier j’ai coupé du bois pour notre feu. Il faisait déjà noir, et nous avions faim. Je me suis donc hâté. Et je suis revenu avec des bûches hein ! et des belles ! Mais ce matin, en me levant, je suis allé me dégourdir les jambes du côté de l’arbre et je me suis rendu compte que ce n’était pas un arbre ordinaire. Tout ce sous-bois, en réalité…
— Oh non, Oriente, tu n’as pas fait ça ?
— Ben si… Mais il y a une bonne nouvelle ! Les charbonnards sont en sommeil. Mais il faut déguerpir avant qu’ils ne se réveillent, surtout celui qui a été amoché… »
En ce moment précis, je ne sais pas ce qui me retient de l’étrangler. Comment a-t-il pu être négligeant, au point de mettre nos vies en péril ?
En quelques instants, je suis prêt·e à partir. Puis vient le tour d’une de mes deux camarades. Mais alors que la troisième, mal apprêtée et encore engourdie, peine à soulever son sac à peine fermé, la communauté des charbonnard s’éveille. Dans une panique générale, nous supplions à la retardataire de se presser. Mais alors que je suis sur le point de courir pour l’aider, Oriente lance d’une voix lâche et tremblante.
« C’est elle ! C’est elle qui a fait ça ! »
Avec horreur, je constate qu’il pointe de son doigt accusateur la pauvre retardataire.

Laquelle de vos réponses précédentes est un faux souvenir ?
Je crois me souvenir d'un jeune homme dans notre groupe, qui aurait eu des soucis avec un arbre. Que lui est-il arrivé déjà ? Je ne sais plus, il me semble qu'il y ait un rapport avec le charbon... Oriente, ainsi que ma compagne de route m'ont assuré·e que ce garçon n'était que le fruit de mon imagination.

Pourquoi trouvez-vous sur votre chemin des marquages de direction semblables à ceux qu’utilise Oriente ?
Oriente trace parfois des flèches étranges. Je découvre certaines de ces flèches sur notre route. Pourtant, je suis certain·e que nous ne sommes pas encore passé·e·s par là. Ces signes ont probablement été tracées lors de précédentes visites. Il connaît donc bien cette forêt comme sa poche. Il amène ses visiteurs et ses visiteuses dans ce dédale de chemins tortueux, les rendant irrémédiablement dépendants de lui. Qu'adviendrait-il de nous, si nous nous perdions ?

Qu’est-ce qui vous fait penser qu’Oriente ne tient qu’à sa gueule ?
Nous marchons depuis des heures dans un monotonie affligeante. Pas un mot n'est prononcé. Ce n'est pas tant une atmosphère crispée qu'un silence grandissant à chaque seconde, presque vivant. C'est ce genre de silence dense et engourdissant qu'on n'oserait briser. Ma camarade marche à rythme soutenu, devant moi. Elle est courageuse et semble prendre du plaisir à cette randonnée. Cette forêt va-t-elle finir un jour ? Je me surprends parfois à penser ces choses insensées. Comment la forêt de Millevaux pourrait-elle avoir une fin ? J'ai certainement déjà demandé à notre guide le temps qu'il restait à parcourir, mais le problème, c'est que je ne me souviens plus de sa réponse. Mais là, il me faut une pause. Je me décide alors à briser le silence et à demander à Oriente s'il veut bien qu'on s'arrête. Il refuse, sans donner de raison. Continue comme ça, mon gars...

Vous rappelez-vous de votre point de départ ?
J'ai gardé quelques souvenirs de notre départ. Nous étions cinq à partir à l'aventure. Le cœur y était ! Nous avions soif de découvertes, prêt⋅e⋅s à percer enfin les mystères de Millevaux. Mais il a dû se passer quelque chose depuis... Quand je pense à nos camarades disparu⋅e⋅s, je réalise que nous avons de la chance d'être encore en vie. Au moment où cette pensée me traverse l'esprit, je constate avec effroi que ma coéquipière a disparu elle aussi !
— Oriente ! Attends ! Nous avons perdu quelqu'un ! Il faut la retrouver !
— Pas question de revenir en arrière.
— Mais pourquoi ?
— La forêt change. Parfois, elle se joue de nous.
— Mais on ne peut pas la laisser, quand même !
— De qui parles-tu ?
— Mais de...
— Il n'y a jamais eu personne d'autre que nous deux, tu le sais bien !
— Tu mens ! Je ne veux plus te suivre !
— Sans moi, tu ne sortiras pas d'ici et tu ne te rappellera jamais de ton nom.
Là, il marque un point... Oriente contrôle ma destinée. Mais ce qu'il vient de me dire à éveillé en moi un vent de colère implacable. Mon désir de vengeance commence à me ronger sérieusement.

Contre quel danger Oriente ne peut rien ? Pourriez-vous l’aider ?
Depuis quelque temps, je me suis pris⋅e à observer les déplacements incessants des animaux dans les arbres. Ils sautent de branches en branches en poussant de petits cris aigus, se lancent des défis, se bagarrent. Leur expression, leur espièglerie me donne du baume au cœur. Parfois, j'ai même l'impression qu'ils cherchent à m'impressionner en se donnant en spectacle. Une fois, je n'ai pu m'empêcher d'applaudir lorsqu'un de ces petits animaux a effectué un triple saut périlleux, avant d'être rattrapé par de ses amis. Et j'ai senti qu'ils appréciaient ! Cela m'a fait chaud au cœur. Je n'en dirais pas tant de mon brillant guide, qui lui, en revanche, n'en a cure... Jusqu'au au moment où l'un des petits imprudents entreprend de se rattraper à une branche morte avant de dégringoler du haut d'un chêne bicentenaire. Heureusement, sa chute est amortie puisqu'il retombe exactement sur la tête de notre précieux guide.
D'un calme exemplaire, Oriente me supplie.
— Bon. Ceci est un cas de force majeure. J'aimerais assez que tu m'enlève ça, s'il te plaît.
— Pourquoi ? Il est plutôt mignon. Je crois que tu t'es fait un nouvel ami, Oriente !
— Ne plaisante pas avec ça, les Crapouls ne sont pas nos amis ! Enlève-moi ça, je t'en supplie !
— Non. Ça me plaît de te voir en galère, tout à coup.
— Mais toi, tu n'es pas comme ça ! Je te connais bien ! Tu es une bonne personne et tu aides ton prochain...
— Il y a bien longtemps que j'ai oublié qui j'étais, Oriente.
— Ne veux-tu pas retrouver ton nom ?
— Qu'il meure avec toi.
— Non ! Nooooon ! Reviens !
— Allez, salut.
Je tourne les talons et j'entends alors des hurlements mêlés à des bruits de succion assez répugnants. J'aperçois alors dans la canopée, quelques dizaines de ces petits diablotins se précipiter vers le festin. Puis, bien assez vite, le silence...

Qui de vous ou d’Oriente a le plus perdu son humanité ?
Voilà, je suis seul⋅e. Peut-être l'ai toujours été... Et si mes compagnons n'avaient jamais existé ? Et si Oriente n'avait jamais existé ? Que vais-je faire maintenant ? Il avait ses défauts, mais il connaissait la forêt, du moins, c'est ce qu'il cherchait à montrer. Finalement, quel sens cela peut-il avoir, puisque je n'en sortirai jamais ? Cette pensée me terrifie, et me réconforte en même temps. Je l'ai compris depuis longtemps. Au fond, c'était peut-être Oriente le plus humain de nous. Il n'avait que ses défauts, comme nous tous⋅te⋅s. Moi, je ne ne suis que l'engeance de la forêt, le fruit de l'égrégore, une arme destructrice qui se nourrit des angoisses les plus sombres. J'ai tué ces personnes de sang froid et me voilà perdu⋅e dans mon propre dédale. Je suis né⋅e seul⋅e et je périrai seul⋅e.Quel est mon but ? Devenir un horla ? Je ne saurais être digne de ce privilège... Pourtant, peut-être en suis-je déjà devenu un. Mais je veux plus ! Beaucoup plus ! Je ne suis pas n'importe qui ! Qu'est-ce que je raconte ? Je n'ai même plus de nom...

Mes pas s'enchaînent dans la pénombre, mes derniers pas. Car aujourd'hui j'ai atteint ma destination. Puisque je ne peux sortir de cette forêt infinie, alors je veux devenir la forêt. Un gouffre béant s'ouvre devant mes pieds et je peux déjà sentir l'odeur putride de la matière en décomposition qui m'appelle. La chaleur qui s'en dégage fait naître en moi un désir profond de sauter dans l'immensité. C'est là que tout finit. C'est là que tout commence.
Au revoir, mon guide. Où que tu sois, tu n'auras pas de pourboire...
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Re: [CR] Millevaux et autres jeux Outsider

Message par Pikathulhu »

DANS LE LAC

Un lac paisible, sans fond. Un oxymore fait froid dans le dos pour une partie à deux des plus poignantes. Un enregistrement de partie par Lysma & Skuggi sur la chaîne Égarés en songes.

(temps d'écoute : 1h ; temps de lecture : 2 min)

Image
Charles François Daubigny, domaine public

Ecouter sur Spotify

Joué le 29/03/2025

Le jeu : La Veillée / Ar Veilh (à paraître) est un jeu de rôle de Skuggi qui propose de rentrer dans l'intimité d'un village où d'une communauté où se succèdent les morts mystérieuses. Au gré des veillées funèbres, les coeurs s'ouvrent et l'identité du coupable se dessine...

L'univers : la forêt de Millevaux



Pitch :

Les héroïnes de cette histoire habitent au cœur de la forêt de Millevaux, un univers imaginé par Thomas Munier.

Ar Veilh (La Veillée) est un story-game favorisant un jeu direct et narratif. Les personnages sont au centre de l’histoire. Il nécessite seulement des post-it, et des jetons, et se joue sans meneuse. Il vous faudra une facilitatrice connaissant les mécaniques du jeu. Une partie dure en moyenne 2 heures à 2 joueuses, et 4 heures à 3 joueuses.

Dans ce jeu, les joueuses incarnent des villageoises dans un petit village isolé, vivant dans l’ombre d’un monstre mystérieux. Les relations entre elles sont souvent tendues, marquées par des conflits, des rancunes, ou des secrets enfouis.
Pendant la partie, autant qu’elles le peuvent ou le veulent, elles vont essayer d’améliorer les liens qui les unissent.
Alternant scènes du quotidien et veillées mortuaires, la vie du village est rythmée par les pleurs et les morts.

Une d’elles jouera secrètement le Monstre coupable de ces horreurs.
Et celle-ci se révélera dans la scène finale.
Aux yeux de celles qui l’ont aimé ou détesté...

Elles vont jouer un conte cruel, rempli d’émotions et de beauté.


Question de Thomas Munier :

Tiens, je me demandais à quel point le jeu émulait la dimension veillée. De mémoire, dans l'actual play, les deux PJ ne se réunissent jamais avec des PNJ pour faire des veillées mortuaires, en vrai ?


Skuggi :

Pour les veillées mortuaires c'est vraiment libre,
On a joué trés intime avec Lisma,
mais en vrai, tout le village pourrait y participer, dans n'importe quelle condition ou rite,
Le joueur qui a perdu son proche pose la scène comme il le souhaite.

Du coup,
je suis en train d'ecrire les règles du jeu,
et en meme temps je vais ecrire un setting pour jouer dans Millevaux.
Je t'enverrai tout ca, quand ca sera fait.
Et si tu penses qu'il faudra ajuster des choses.
(j'ai toujours 6 mois de retard dans mes prévisions rolistes)


Image
couverture provisoire du jeu


Thomas :

Génial !
ah tiens sinon je trouve trop cool que le nom du jeu soit en breton ^^


Skuggi :

héhé,
Hommage puissant, c'est mon sang,
Et j'ai eu le déclique de ce jeu en lisant un conte Breton : La fiancée du fantome.


Thomas :
Je suis pas breton de naissance mais bon j'y habite depuis vingt ans donc voilà


Skuggi :

Ca ne m'etonnes pas en vrai !
Quel beau pays, rempli d'imaginaire !
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