Si tu repars dans un trip Déesse mère à la Slaine : la Déesse mère est la déesse principale, une force féminine, primaire, qui ne satisfait pas les hommes, surtout les mâles : imprévisible, colérique, forte, cette divinité donne trop de place aux femmes (ses mystères leurs sont réservés) et risque, au nom de la religion, de transformer leur société en société matriarcale. C'est pourquoi les hommes vont investir de plus en plus une divinité moins chaotique, plus posée, plus "acceptable", le Dieu cornu, le compagnon de la Déesse. A l'origine, il s'agit d'une divinité secondaire, pour ne pas dire mineure. Mais les offrandes vont lui être massivement adressées et la Déesse va rétrograder dans l'ordre céleste, n'occupant plus qu'une place secondaire. Elle n'est plus adorée que partiellement par les femmes.
Ca, c'était il y a très longtemps, et c'est comme cela qu'est né le culte d'Erastil, dans les terres volées, lieu de "naissance" de la Déesse. D'ailleurs, on retrouve cette dernière à une place très secondaire dans les temples et les objets de culte d'Erastil.
Mais la puissance d'Erastil s'érode. Ce dieu de la nature, dieu important par le passé, aussi important que la divinité solaire, est en repli. On l'oublie. Surtout, on le célèbre plus ailleurs. Sa présence est moins marquée sur ces terres qui, petit à petit, reviennent dans le giron de la Déesse chthonienne. Aujourd'hui, elle entend reprendre sa place, refaire le monde à son image. Enfin, le monde, son monde. Ces morceaux de terre encore sauvage sur lesquelles elle a encore une certaine influence. Ces terres vont donc devenir à la fois très fertiles et très dangereuses, chaotiques, instables, barbares, comme la divinité elle même.
Pour asseoir sa domination, la déesse s'est alliée à d'autres créatures, des créatures qu'elle contrôle, surtout de par ses pouvoirs anciens de séduction et de manipulation. Elle a donc commencé par libérer son premier peuples, ceux qui lui faisaient ses premières offrandes, les peuples fées, naturellement affiliés à elle. Après tout, certains d'entre eux sont persuadés d'être ses descendants, même si tout le monde semble l'avoir oublié. Et pour libérer son peuple, elle leur a donné sa bénédiction, elle a ouvert une part de son esprit à ces créatures. Qui sont devenues folles. Et plus ces créatures étaient puissantes, plus la bénédiction était forte. Et plus ces créatures sont devenues folles.
Un dieu n'est un dieu que si des créatures lui vouent des sacrifices. C'est pourquoi il a fallu un prêtre : le Seigneur cerf. Cela ne vous surprend pas, un seigneur cerf dans une zone sous la coupe d'une Déesse mère ? Un voleur, un brigand, fils de druide, qui a pour symbole et illustration les attributs d'Erastil, le Dieu cornu ? La déesse a trouvé son nouveau dieu cornu, une créature qu'elle élèvera peut être au rang de divinité et grâce à laquelle elle donnera naissance à son second peuple, celui qui héritera de son monde, des êtres de chair, de sang, mais aussi de terre, de bois et d'eau, des êtres porteurs de la sauvagerie du premier monde, celui de la déesse. Malheureusement, le Seigneur cerf n'est pas digne de cet honneur. Il est trop faible, trop terre à terre et n'a jamais compris le dessin de la Déesse. Lui, il est simplement tombé amoureux d'une sorte de nymphe. Un homme, quoi, trop faible et peu à même de mener la mission qui lui est confiée. La Déesse devra donc trouver quelqu'un d'autre. Quelqu'un de plus fort, de plus apte à devenir un dieu. Ou un demi dieu, il ne faut pas répéter ses erreurs.
A partir de là, il faut faire sentir la présence de la déesse. D'une part, on va pouvoir révéler le temple d'Erastil qui, si on fait une fouille sérieuse, portera un certain nombre d'informations étonnantes :
- Contrairement au reste des temples connus, le temple d'Erastil contient des représentations d'une divinité féminine, dont l'importance semble évoluer avec le temps. Il faudrait un théologien pour pouvoir mieux comprendre ou approfondir cette piste. Elle ne donnera rien qu'un indice, peut être, pour plus tard.
- Dans ces contrées, on croise beaucoup de créatures féériques, mais elles sont toutes soit complètement folles (les créatures de la forteresse du 2nd tome par exemple), soit mortes (techniquement, les licornes ne sont pas des créatures féériques, mais elles n'en sont pas loin. Or, elles, elles sont immunisées à la folie. Et elles n'ont pas accepté la "reprise en main" de la Déesse. A noter que la licorne morte, c'est aussi un mauvais présage et une illustration que ça pue dans le coin...). Pourquoi ? Bien, simplement parce qu'elles portent la "bénédiction" de la déesse. Il sera d'ailleurs assez facile de coller une telle bénédiction sur tous les pnjs importants qui agissent de façon étonnantes.
- Ca pourrait être intéressant que la présence de la déesse dans le secteur rende l'usage de la magie plus complexe. Ou différente. Et ce de plus en plus fort lorsque les joueurs s'enfoncent dans les Terres perdues. On peut aussi montrer la corruption : des arbres devenus anormalement gigantesques ou des créatures qui ne se comportent pas normalement...
- Des traces de culte répartis un peu partout, qui relient ce culte avec celui du temple d'Erastil. Ainsi, le roi lézard ne suivra pas un feu follet, mais vénèrera la Déesse qui lui parle dans la nuit, à travers les voix fantasmées de ses ancêtres. Les trolls lui voueront aussi un culte (et, chose étonnante, ils sont installés dans un très très ancien lieu de culte...).
- Ne pas hésiter à utiliser la folie. Elle est là, elle est perceptible. Elle corrompt bien mieux que l'or ou l'envie de sécurité. Faites en sorte que, dans toutes les races, des individus, dont le nombre augmente, semblent sombrer dans la folie. Ca va faire du bien à la ville des pjs, ça...