Je crois en avoir déjà parlé, et je l'avais indiqué à Philippe @legnou quand il a écrit un article pour Casus sur le sujet.Olivier Fanton a écrit : ↑mar. oct. 14, 2025 11:10 pm The Big Parade (1925)
Un fantassin américain pendant la première guerre mondiale, aller et retour.
La première partie (1h30 quand même) montre la troupe au repos dans un village. Les blagues ont mal vieilli, même si j’en sauve quelques-uns (le tonneau, les papiers). La romance serait plus mignonne si le héros n’était pas déjà fiancé, ce qu’il a l’air d’oublier pendant une heure....
La seconde partie, sur le front, est glaçante. Sans doute discutable d’un point de vue tactique, mais pour le reste (et l’époque), c’est impressionnant. La mort anonyme, les attaques au gaz, les avions, les snipers, ... On a tout un paysage martial en condensé.
Il est bien possible qu'on me l'ai conseillé ici quand j'ai parlé de Wings. Bah, merci, c'est un bon film.
Pour moi, la première partie reste indispensable, car elle fait oublier la réalité de la guerre, et le choc en est plus rude quand on se retrouve plongé au coeur des combats.
Et sans être de gauche, un certain humanisme se dégage chez Vidor, même naïf : le soldat en uniforme, qu'il soit barman, ouvrier du BTP ou fils de bourgeois, il se doit d'être solidaire, et l'uniforme atténue l'origine sociale.
Vidor contrebalance l'histoire de la "trahison" de sa fiancée par son héros, il reste à peu près moral à ce niveau là (pour l'époque).
D'ailleurs, à mon sens, initialement, il est sous le charme de la Française, pas immédiatement amoureux, ça vient progressivement.
La seule chose qui me chiffonne, et j'ai du mal à savoir si c'est une représentation correcte, c'est la paysannerie française en 1917 : sabots, longs jupons, on bat le blé au fléau, je me demande si le trait n'est pas un peu exagéré, même si on est encore loin de l'industrialisation des années 50.
Mais c'est un film auquel Vidor tenait, et il a renoncé à tourner "Ben-Hur" en 1925 pour celui-ci.
Il a d'ailleurs bénéficié d'un gros soutien de l'armée pour filmer les colonnes de véhicules ou de troufions en marche....
Dans sa bio, il raconte que c'est la première fois qu'il utilise un métronome pour rythmer une scène : c'est lors de la traversée du bois avec les snipers allemandes cachés dans ou derrière les arbres.
Il faisait des signes avec des indications aux figurants pour que ceux-ci tombent de manière rythmée (temps 1 - 3, ou 2 - 4).
Cela donne l'une des scènes les plus saisissantes du film.
Un choc plutôt bien amené, c'est que le spectateur tout autant que le famille découvre en même temps le personnage principal marqué par cette guerre à son retour.
La scène des adieux entre la paysanne française et le soldat US a eu un très gros retentissement, et le film est l'un des plus gros succès financiers US des années 20. Il asseoit le confort financier de Vidor qui a accepté un cachet moindre en contrepartie d'un intéressement aux bénéfices.
Bref, perso, j'adore ce film, tout comme "Wings", mais pas pour les mêmes raisons.
Il est d'ailleurs probable que si la remise des Academy Awards avait débuté en 1926-27 plutôt qu'en 1928-29, "The big parade" aurait décroché au moins un Oscar, comme "Wings".