
Virginia City, 1849.
La ruée vers l'or commence à peine.
San Francisco s'est dépeuplé, les étrangers affluent de partout, les armées se vident, on abandonne les bateaux au port qu'on reconvertit en saloon flottant, une folie s'est emparé du monde. Tous les yeux sont braqués sur quelques ruisseaux où l'or se ramasse à pleines mains, à en croire les récits colportés par des journalistes peu scrupuleux en mal de sensationnalisme. Certes quelques fortunes se sont faites en un temps record, pour les premiers arrivés et les plus chanceux.
Virginia City est une ville champignon, un vaste bordel de baraquements montés à la hâte, constituée en grande partie de saloon où les chercheurs d'or viennent claquer les quelques grammes péniblement récoltés à la batée au fonds des rivières. Dollars convertis en plaisir charnel, mauvais alcool et parties de poker.
Padre Guttierez et William Cannon (les pjs) se retrouvent par hasard dans un saloon : ils se sont connus lors des guerres mexicaines. Padre Guti traine sa soutane et ses objurgations morales par le monde, récupérant des dollars sur la crédulité du peuple et sur les enterrements à la hâte qui se multiplient dans cet Etat de Californie qui n'en est pas encore un officiellement, à peine récupéré au Mexique.
Cannon a participé à quelques batailles et jeté l'éponge : à quoi bon se faire trouer la peau pour un idéal, surtout lorsque la solde de misère ne stimule pas un patriotisme encore balbutiant, dans un pays qui se cherche encore.
Dans le saloon, les événements se précipitent : Pearl Shanon la serveuse, jadis fille de joie, a sympathisé avec le Padre. Souvenons nous qu'à cette époque et dans ces lieux, la population féminine est rare : essentiellement des tenancières de bordel, des filles de joie et plus rarement, des épouses ayant suivi un mari exalté à la recherche de la fortune.
Voilà qu'entre dans le saloon une brute patibulaire, menottes au poignet, portant un pantalon de bagnard et une veste trop courte d'orpailleur. Il déchire une affiche Wanted qui porte son nom : Jack Burton alias "Shotgun", commande au bar une bouteille dont il arrache à pleine dents le bouchon et la vide d'un trait. En parlant de vider, le saloon aussi s'est vidé, à l'exception de nos deux héros et de Pearl Shanon.
Pearl blémit en voyant Jack : elle le connait. Il vient lui tapoter sur l'épaule, explique au Padre qu'il aura du boulot s'il doit écouter les confessions de la jolie damoiselle, puis part nonchalemment, après avoir demandé où se trouve le forgeron et le barbier. Il compte bien se délester de ses menottes et se rafraichir le menton.
Pour résumer une partie dense, on apprend que la mine d'or de Dorothy O'Malley est sur le point d'être rachetée par la banque de San Francisco, qui magouille pour proposer des crédits afin de monter des mines, puis intervient auprès des acheteurs d'or pour empêcher temporairement le rachat d'or, afin ensuite de récupérer les mines en faillite.
La mine d' O'Malley ne fait pas exception, mais un journaliste corrompu répand la rumeur selon laquelle elle serait prospère. James O'Malley, le propriétaire s'est suicidé récemment. En réalité sa femme est responsable de sa mort. Elle orchestre la revente de la mine à la mafia chinoise, en coulisse, car eux seuls ne sont pas manipulés par la banque de San Francisco. Et ils ignorent que la mine est désormais épuisée.
Burton, lui, recherche son compagnon, James Cortès, avec qui ils ont dévalisé jadis une banque et qui l'a laissé sur le carreau, emportant les lingots. Il soupçonne que James O'Malley et James Cortès ne sont qu'une seule et même personne et déterre son cadavre pour s'en assurer. Mais nos héros ont payé des gamins de rue pour le suivre et l'apprennent.
Au final, nos héros comprennent que :
- Dorothy O'Malley a buté son mari pour récupérer la mine (et parce qu'il la maltraitait) et essaie d'arnaquer les chinois en payant la gazette locale pour alimenter de fausses rumeurs
- Burton veut récupérer le magot que Cortès a escamoté et compte s'en prendre à Dorothy pour savoir où il serait planqué
- les chinois ont (aussi) soudoyé le gamin de rue et savent que nos héros mettent leur nez dans cette affaire de mine et veulent savoir s'il y a anguille sous roche
Nos héros capturent, avec bosses et fracas, le Jack Burton, alors qu'il tente de fricoter avec Pearl, et l'amène sous les verrous, sous bonne garde, sous l'oeil vigilant d'un sheriff porté sur la boisson. Dehors la foule réclame un lynchage.
Puis ils filent à la mine pour interroger Dorothy. Elle avoue qu'elle soupçonnait feu son mari d'être une crapule et reconnait avoir écourté sa vie, et vouloir arnaquer les chinois mais ignore tout d'un magot.
Le Padre se souvient alors qu'elle disait : "mon mari était un dur à cuire - je ne l'ai vu pleurer qu'une fois, le jour où il a enterré son cheval".
Au petit matin, ils explorent les environs de la mine, découvrent une tombe à flanc de colline, avec une scelle posée dessus. Ils creusent, déterrent un coffre en bois plein à craquer de lingot, planqué dans les entrailles d'un cheval en putréfaction : l'or de Tijuana, le magot du braquage de Cortès et Burton.
Là dessus arrivent, alors que le soleil brulant est au zénith, un trio de chinois, qui les ont suivi discrètement. La tension monte. Les chinois veulent savoir ce que nos héros foutent là et si la mine est aussi riche en or qu'on le prétend.
Mais c'est le plomb qui parle. Alors que les chinois semblent prendre le dessus, Dorothy arrive à son tour, refroidit le dernier chinois et se fait refroidir à son tour par le Padre, lequel n'était que sonné, la balle lui étant destinée ayant rencontré sur son chemin assassin la Bible qu'il porte toujours sur lui. Deus ex machina.
Nos héros, quoique blessés, décident plus prudents de laisser derrière eux Virginia City, sa mafia chinoise, ses banquiers de San Francisco, Burton (dont ils apprenent qu'il a été lynché par la foule) et une mine épuisée (que la banque récupèrera sans doute, Dorothy étant morte)...Ils font parvenir un peu de leur immense pécule, gagné en risquant leur peau, à la serveuse Pearl Shannon pour qu'elle fuit enfin ce trou à rats de Virginia City.
Les chevaux alourdis par l'or de Tijuana, ils font route péniblement vers Salt Lake City, que les mormons investissent fébrilement. C'est une ruche secouée d'agitations : partout ça construit, l'enthousiasme et la fièvre sont au beau fixe et ils sont rapidement accueillis et intégrés à la communauté, le bon Padre ayant troqué sa Bible et ses convictions changeantes pour adhérer au dogme de John Smith. Leurs dépenses somptuaires finiront de convaincre qu'ils sont de bons citoyens et de fervents croyants.
Commence alors une nouvelle vie pour eux, dans l'Utah, loin des fièvres de l'or et d'une mafia chinoise qui a sans doute mal digéré le fait d'avoir failli racheter une mine stérile et s'être fait doublés par la banque de San Francisco et un prêtre et un déserteur...