[CR Monsterhearts] Dans les vagues
- KamiSeiTo
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Re: [CR Monsterhearts] Dans les vagues
Tout pareil que le monsieur. n_n
Au passage, à ceux que ça intéresse, si par rapport aux CR ci-dessus vous avez des questions, notamment sur la mécanique (pourquoi telle situation ? Et ça c'est quel move ? Comment vous avez géré tel truc ? etc.) n'hésitez pas à les poser, pour les futurs (ou pas) MJs, ça peut aider à comprendre comment on peut gérer certaines choses, voir comment des choses peuvent s'enchaîner, tout ça.
Au passage, à ceux que ça intéresse, si par rapport aux CR ci-dessus vous avez des questions, notamment sur la mécanique (pourquoi telle situation ? Et ça c'est quel move ? Comment vous avez géré tel truc ? etc.) n'hésitez pas à les poser, pour les futurs (ou pas) MJs, ça peut aider à comprendre comment on peut gérer certaines choses, voir comment des choses peuvent s'enchaîner, tout ça.
Proposer un jeu qui soit au service d’une façon de jouer spécifique et, surtout sans tomber dans le piège de ne pas en permettre d’autre, néanmoins tout inféoder à cette dernière.
Brand.
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Re: [CR Monsterhearts] Dans les vagues
Précision en préambule : on s’est mis d’accord pour modifier une règle, tester comme ça et éventuellement revenir dessus si ça ne fonctionne pas.
Cette nouvelle règle est la suivante : on a ajouté un deuxième cadran de 4 cases, en plus de celui des blessures physiques. On en coche une case quand on prend un État, et on la décoche quand on retire l’État, en suivant les règles normales. Comme pour le cadran physique, si les 4 cases du cadran sont cochées alors soit on perd tous ses ascendants soit on lâche le Démon Intérieur, et si sous l’emprise du Démon Intérieur on réarrive à 4 coches supplémentaires, alors c’est la fin du jeu pour ce PJ. Le but est de simuler la pression sociale, et qu’on peut craquer si on se retrouve Ostracisé, Parano, Vidé et plein de Culpabilité. n_n Ça doit surtout éviter qu’on se mette à accumuler 1001 États sans vraiment trop s’en soucier et qu’on les oublie.
***
Un long mois s'étend. Les vagues vont et viennent, la marée apaise ceux qui y prêtent attention. Pour les autres, il y a les bruits de la ville.
Marie
Marie a vécu au rythme que lui donnaient d'autres, des gens qui veulent son bien, parait-il. La famille de Tim, d'abord, puis rapidement cet Inquisiteur, un homme spécialiste de "ce genre de cas". Officiellement un cas clinique appelant traitement dans un hôpital spécialisé. Une maladie rare, découverte suite à une crise aussi soudaine qui violente. Saint-Joseph, un hôpital qui fait dans le psychiatrique mais pas que. Timbrée, Marie ? C'est ce qui se dit.
En vrai, il s'agit de calmer le démon en attendant le miracle, le remède, le retour à la normale. Alors oui, on la met dans des salles capitonnées. On la sort parfois au jardin, joli, on ne la laisse jamais seule. Ça fonctionne comme ça.
Là elle teste ses talents, elle découvre ses compétences, elle tombe lentement mais sûrement vers les profondeurs de la dépression, ce radeau d'indifférence. Sa planche de salut ? Retrouver son sire. Le tuer. C'est tout.
Quelques rares visites, toujours surveillées. Jamais d'intimité, la vie privée s'est envolée. Les marques de sympathie affluent des scouts, des paroissiens, mais la famille de Marie sent bien que les choses changent, qu'ils sont désormais les parents de la pauvre folle. Personne ne le dit mais le climat est à la méfiance, à la pitié chrétienne.
Et cet inquisiteur ? Il dit vouloir éradiquer les monstres qui rampent à la surface du globe. Tous. Il lui promet le salut de son âme à elle, tant qu'elle coopère. Et pourtant il la zappe, lentement mais sûrement, grave dans sa tête qu'il y a un "nous" et un "eux" et qu'elle vient de changer de camp. Elle est un monstre, elle peut espérer la pitié, son âme pourra être sauvée mais elle n'est plus humaine.
L'homme a de l'influence et un cœur d'acier.
May
May a sa quête à elle. Marie absente, pourquoi pas, elle ne la connait pas si bien que ça, elle espère que c'est pas trop grave. Retrouver Abrielle, voilà ce qui la pousse en avant. Elle tente, multiplie les expériences, les tentatives. Rien ne marche. Elle persévère.
A côté de ça il y a le reste. Tim, sur qui elle se renseigne le plus possible en restant discrète. Puis relaye les infos à la fantôme, Marina Sherman, qui semble apprécier et tient les mortels à l'écart de son sanctuaire.
Dany, qui semble absent. Il n'a plus reparlé du "date" promis, pourtant il a tenu sa part du marché. May n'est pas pressée et laisse couler l'eau sous les ponts.
James semble aussi laisser les choses se tasser. Depuis la soirée, il n'a plus fait allusion à ce qu'il avait dit alors. Les skateurs restent unis, au moins en apparence.
D. May la voit peu - la faute à ses parents, à la semaine privée de sortie, aux devoirs qui se multiplient -, l'inclut doucement chez les skateurs. D. a l'air de se laisser faire. Quand elles sont seules, parfois, elles se sautent dessus. Puis font comme si. May s'amuse. Officiellement, elle s'amuse. Qui sait ce qu'elle ressent au fond ?
Deirdre
Oui, Deirdre traine avec May. Deirdre ramperait sur des charbons ardents pour May mais ne laisse rien paraitre. Elle prend les miettes que May lui tend avec ses yeux qui la damnent et ses mains qui la brûlent. La première fois elle ne voulait pas, pas complètement, depuis tout a changé. Deirdre garde les apparences. Deirdre se consume au fond d'elle. Mais ça, tout le monde s'en fout.
Et puis Deirdre connait le secret de May, maintenant. Elle est ensorcelée, pendue aux lèvres de May qui lui parle sorts, charmes, rituels. Deirdre sent bien que dès qu'on aborde les origines des pouvoirs de May, elle détourne le sujet. Ça lui va. C'est tellement cool de sortir... d'être... de s'amuser avec une sorcière. Le mot lui reste dans la gorge mais elle prend son mal en patience. Personne n'a l'air de percuter. Tant mieux.
Elle n'en parle à personne, d'ailleurs. Pas à Pamela, qui devient doucement sa confidente, pourtant. Pam sait que Deirdre a quelqu'un, que c'est secret. Elle n'a pas idée de qui c'est. Parfois Deirdre voudrait lui dire puis se ravise. Pam sort avec Jerry, elle. Ça se passe très bien.
Ça se passe mieux avec la classe aussi, pour Deirdre. Depuis la soirée, environ. Tant mieux.
Avec Tim ? Ils trainent ensemble par moment. Tim lui parle beaucoup. De ses ancêtres, de sa mission, de son clan. Deirdre trouve bizarre que May veuillent tellement qu'elle lui dise tout ce que Tim lui a raconté, d'ailleurs. Mais elle lui dit, pour la famille si ancienne, pour la mission de préserver l'équilibre entre mortels et monstres, pour le rôle de gardien, son apprentissage qui est loin d'être fini.
Tim
Tim traine de plus en plus avec Pam et Deirdre, lui aussi. Parfois plus avec Deirdre - dès qu'ils parlent fantôme, sorcellerie, légendes, Pam devient grise et s'en va. Deirdre, elle, ça l'intéresse, alors Tim lui parle. Ça lui fait du bien d'en parler avec quelqu'un qui ne soit pas de sa famille ! Tim se doute qu'il y a... quelque chose, entre Deirdre et May. Qu'elle la protège. Toutes les questions de Tim sur les pouvoirs de May finissent par un hochement d'épaules et un changement radical de sujet. Il fait avec, ne brusque rien. Deirdre pourrait être une clé.
Sa famille l'aime, l'aide, le soutient. Sa tante a bien avancé sur les formules gaéliques, le filet se resserre autour de May la sorcière. Après, en faire une alliée ou une ennemie dépendra surtout d'elle, son éclat du mois dernier ressemblait plus à un manque de maitrise qu'à une mauvaise volonté.
Et évidemment, y'a la vampire, sur laquelle planche son père, en plus des heures au musée. Il travaille à un contact à l'hôpital pour l'approvisionner en sang frais et cherche après le vampire qui lui a fait "ça" pendant que Tim garde un œil sur cet hôpital Saint-Joseph où Marie a été placée et cet "Inquisiteur" qui s'occupe d'elle, la fragilise. Tim tente de la faire sortir, la visite souvent. Il y est enfin arrivé. Aujourd'hui, elle sort. Ce lundi.
***
Lundi matin
Le vent souffle sur le vieux phare abandonné. Le soleil vient toucher les vieux verres couverts de crasse. Ses rayons caressent la peau d'une jeune fille en habits du dimanche qui dort près d'un pentacle, de bougies consumées, d'un bol où un peu de sang coagule. Toute la scène est filmée par l'oeil rouge et clignotant d'une caméra.
May ouvre les yeux. Merde. Elle baille, se redresse, s'allume une clope et regarde l'enregistrement.
23:22, elle commence le rituel. Elle parle dans cet ancien gaélique étrange. Deux mots reviennent régulièrement: Abrielle Caine.
23:25, le rituel continue. Abrielle Caine.
23:26, une forme semble apparaitre. L'image tremble, saute.
"fichier endommagé"
Encore une fois...
Deirdre se réveille, tôt. Va aider sa mère avant de prendre le bus.
Tim se réveille, tôt. Va courir, prendre une rapide douche à l'école.
Marie se réveille, tôt. Prend le déjeuner avec sa famille. Dans le tableau habituel s'est ajouté un thermos marqué "Saint-Joseph". Elle en avale une pleine tasse. Sourit à ses parents. Va prendre le bus.
En-dehors de la classe, quand Deirdre arrive, un groupe s'est déjà formé autour de Marie et les questions fusent. Ça allait ? C'était vraiment un asile ? T'es folle ? Maintenant ça va ? Elle a l'air gênée un peu, répond rapidement aux questions qui s'enchainent. Deirdre dit bonjour, Marie lui demande des nouvelles de ce qui s'est passé pendant qu'elle était pas là. Personne t'as dit ? Si si mais c'est flou. Ah... Mr Cunningham passe, informe que son cours commence DANS la classe dans 3 minutes. Deirdre roule des yeux, entre. May n'est pas là. Petit froncement de sourcil de Deirdre qui va prendre son portable au moment où le professeur d'histoire, Mr Cunningham, a un raclement de gorge. Les gens sont là, le cours va commencer.
"Bonjour, jeunes gens. Quelqu'un a-t-il la moindre idée de la raison pour laquelle Miss Hemington est absente ?" Silence gêné.
"Bien, commençons."
Il pointe d'abord un dessin grossier de jambon à l'os, avec monocle, moustache et chapeau melon, resté dans un coin du tableau sous le mot "ne pas effacer" puis écrit, fièrement, "HISTOIRE DE L'ART".
"Aujourd'hui, si personne n'y voit d'inconvénient, nous allons dévier du programme pour aborder un sujet vaste et riche: l'histoire de l'art."
A ce moment May arrive, portant les mêmes habits que la veille, pas parfaitement coiffée. Cunningham lui prend son journal de classe, l'air pincé, et continue. Durant l'heure qui suit, il parle brièvement des classiques, du Caravage, des impressionnistes, des abstraits, toujours en pointant mille défauts dans ce bête dessin en guise de fil conducteur à son cours. A la fin de l'heure, il demande si quelqu'un a la moindre question ?
"Et la caricature ? " demande Deirdre, un sourire en coin.
"La caricature ?"
"Oui, vous avez oublié de parler de ce courant de l'art qui déforme pour mieux parler d'un sujet, s'en moquer, le dénoncer ?"
Sourire immensément réfréné de May, ahurissement des autres.
"Eh bien, puisque vous vous intéressez tant à ce beau sujet, Miss O'Meara, l'ensemble de la classe fera un devoir pour la semaine prochaine, en plus de l'interrogation prévue ? Deux pages sur la caricature, ça ira ?"
Rumeur dans la classe. Tim, voulant bien faire, pointe qu'à la bibliothèque de la ville, ils ont une section où ils gardent de vieux journaux, on pourra trouver ce qu'on veut.
"Excellente idée, Mr Bishop. Chacun devra avoir une référence provenant de la bibliothèque."
"Et comment on saura que ça vient de là ?" balance Deirdre, attirant un regard noir de la classe entière.
"Eh bien vous produirez une attestation de la bibliothèque. Ça vous va comme ça ?"
"Ah oui, vous avez raison, ne faites aucune confiance à la bonne foi des élèves, demandez des petites attestations pour ne pas sortir des petits rails, c'est bien, ça."
Silence lourd de sens. Le monde entier semble hurler en silence à Deirdre de la fermer, putain.
"Eh bien vous me ferez une page en plus, Miss O'Meara. Ça va ?"
"Ça va." Le bras-de-fer se termine. Cunningham semble avoir gagné cette manche.
Comme tout le monde sort, il interpelle May. "Vous me rendrez un devoir de deux pages sur le retard, n'est-ce pas ?" May accuse le coup, puis se tourne vers Deirdre qui passe à ce moment-là. "Hey, D., toi qui as tant de bonnes idées, tu m'aideras à trouver des cas dans l’Histoire où un retard a été bénéfique, hein ?" Les deux sortent, sourire aux lèvres.
La classe est vide, excepté Marie qui demande à parler à Mr Cunningham. Tim est resté près de la porte, visible de Marie mais pas du professeur. Il sait qu'il ne doit sous aucun prétexte laisser Marie seule avec quiconque.
Marie demande à ce que, pour garder la paix dans la classe, le travail soit transformé en un exposé collectif que Deirdre devra rédiger et présenter ?
"Très bien, mais si ça ne me convient pas, il sera reporté à la semaine d'après avec un autre sujet. Et toute la classe partagera bien sûr la note de Miss O'Meara."
Très bien.
Dans le couloir, Tim demande à Marie si ça va, son retour ? Hésite pas, si ça part en steak, je suis là.
Merci.
De son côté, en pause derrière le lycée, May propose à Deirdre une petite revanche sur le Jambon. Ce soir ? Elle lui montre la chevalière de l'ordre, les yeux pleins de sous-entendus.
Deirdre est emmerdée, elle rêverait mais ne peut pas, elle a promis de skyper quelqu'un en Irlande, ça fait deux semaines qu'elle essaye de mettre un rendez-vous et c'est ce soir que c'est prévu. Désolé... Mais elle sera sûrement libre plus tard ? Vers 22h chez May ? D'accord, mais pas chez moi. Je t'enverrai un texto pour te dire.
À ce moment arrive Marie, qui expose l'accord passé avec Cunningham, et précise qu’il faudra dire au reste de la classe que c’est Deirdre qui a négocié cet arrangement. Putain, pas un oral, je suis nulle à l'oral. Non, non...
Les deux insistent, ça serait une bonne manière de calmer le jeu, non ?
"Mais purée, j'y gagne quoi, moi ?"
"La paix", répond May dans un sourire.
"Ouais, t'as raison, Margery. Ok, j'le fais."
Et elle part, l'air furieux, laissant May murmurer connasse sans qu'elle l'entende et Marie se demander ce qui se passe...
En partant, Deirdre croise les skateurs qui arrivent. Will lui demande si elle aurait pas pu se la fermer, pour une fois ?
"Oh, tu verras, tu me remercieras plus tard, dans une bibliothèque il y a plein de beaux livres avec des choses dedans. " Elle laisse un groupe hilare face à un Will fulminant. Elle va s'isoler. Eux rejoignent May, en discussion avec Marie. Alors, Saint-Joseph ?
"C'était bien, c'est un bel endroit. Les gens sont sympas."
"Ouais, camés 24h/24, ils doivent être sympas" répond May dans un sourire.
James prend la défense de Marie, qui ne comprend pas ce soutien mais embraye: "Tu sais, May, j'en parle à mes copines de ce genre de chose, toi jusqu'à preuve du contraire on se connait à peine. "
May fait genre de rien mais la remarque l'a touchée, fort. Elle rétorque qu’elle essayait juste d’être sympa, contrairement à tous les autres qui se moquent dans son dos ; l’idée blesse Marie qui se mettra à considérer tous ses camarades avec méfiance.
Dans son casier, Deirdre trouve une poignée de mots d'insultes, au milieu desquels trône un "retrouve-moi après les cours.
" signé Tim. Comme elle l'examine, l'air étonné, Deirdre se fait bousculer par Will qui lui balance "connasse" avant de continuer son chemin.
"Désolée de te cultiver, connard ! "
Il se retourne l'empoigne contre le casier avant qu'elle ait vu venir. "T'as intérêt à te calmer avec Cunningham, vu ?"
Au cours suivant, Miss Wilcox, professeur d'anglais (a.k.a Lettres), autorise Marie à demander doucement si quelqu'un veut bien aider Deirdre à faire son exposé ?
Devant le silence général, Deirdre explose que c'est très bien, comme ça tout le monde aura une note de merde et on recommencera la semaine d'après, super !"
Votre carnet !
Pour toute réponse, Deirdre prend ses affaires et part de la classe. Direction les toilettes, elle a trop de pression à relâcher.
Dans la classe, Miss Wilcox demande à Marie d'aller la rattraper. Devant le refus de la déléguée, la prof devient rouge et la menace de prendre son journal de classe si elle ne va pas la chercher. Marie lui oppose un refus calme et clair. Tim hasarde un "vous savez madame, depuis quelque temps..." "Tim..." interrompt Marie. "Moi je veux bien y aller", abrège Tim. Qui part vers les toilettes des filles – le refuge évident – avec la bénédiction de Miss Wilcox. Là, il croise la route d'une jeune fille qui le fout dehors – t'as rien à faire ici, voyeur ! Il va rapporter le départ de Deirdre à la Proviseure et retourne en classe. Où il a un regard rapide entre May et ses affaires à lui, laissées sans surveillance. Il sait ce qu'elle peut lui faire avec n'importe quoi, un bijou, un bic mâchonné depuis trop longtemps, ... Ça va, elle est trop loin, a l'air de ne rien avoir tenté.
Pas que l'envie ne la prend pas. May a passé l'absence de Tim à regarder vers sa place vide, qui l'appelle si fort. Mais pas d'ouverture suffisante pour justifier d'aller fouiller dans ses affaires... ce sera pour la prochaine fois.
A la sortie du cours, Miss Wilcox retient Marie – Tim se place juste hors de vue de la prof, face à Marie. Celle-ci tente d'expliquer la situation, Miss Wilcox la rembarre d'un "je ne veux rien savoir, je convoque vos parents mercredi."
Tim n'y tient plus, sort de sa cachette en demandant à la prof de laisser au moins Marie s'expliquer !
"Ceci est un rendez-vous privé, sortez si vous ne voulez pas vous retrouver en retenue !"
Les deux sortent, l'air penaud.
May, de son côté, voit la brèche qui se forme dans le groupe des skateurs. C'est pas bon, décide-t-elle... Elle s'arrange avec Will par SMS pour recoller les bouts. Ça marche, répond-il.
Pendant la pause midi, Marie demande à Tim quand est-ce qu'ils vont chasser ?
"Pardon ?!?"
"Bah oui, t'es chasseur de monstre, non ? Alors quand est-ce qu'on va chasser le monstre qui m'a..."
"Oh, cette chasse-là ! Pardon... Bah, je sais pas, faut se préparer pour ça tu sais ? Il peut être dangereux et..."
Marie sait. Elle sait aussi que si Tim ne fait rien très vite, ne vient pas avec un plan, des actions concrètes, elle partira dans son coin. C'est urgent. "Tu vas bouger ton cul ou...?"
A ce moment arrive Ash, Tim le voit venir, Marie voit que Tim le voit, se retourne. J'peux te parler seule à seul ? Plus tard, Ash, pas maintenant...
Lui insiste, Tim le renvoie – t'as entendu la dame ? Peiné, Ash repart.
Bon, t'inquiète pas Marie, on le trouvera. Y'a un endroit où moi j'ai pensé à le chercher, c'est au Hangar 13, on m'a dit que c'était un vieux bâtiment du port désaffecté et qui sert à des soirées plutôt hard. Il a besoin d'un endroit où beaucoup de gens se rassemblent mais où on ne fait pas trop gaffe aux uns et aux autres. Ça doit être là qu'il viendra sûrement, quand il aura besoin de se nourrir encore.
Bon, bah on y va !
May, de son côté, tombe sur Dany, l'air fâché. "Deux semaines que j'attends ton SMS ! Tu m'as dit que tu me dirais quand est-ce qu'on pouvait se voir, j'ai attendu mais là j'en ai marre !"
Pour toute réaction, tout en gardant un air ultra blasé, May lui envoie un SMS très enjoué, plein d'émojis, qui lui dit que pour le date promis, c'est quand il veut
"T'es content ?"
"Ce soir, après les cours. Pour toute la soirée."
Elle ne s'y attendait pas mais ne se dégonfle pas. Une fille s'en va quand elle se fait chier, t’as qu'à être à la hauteur.
T'inquiète, je te surprendrai !
Deirdre va voir Pamela, en pleine exploration de la glotte de Jerry, sur un banc du gazon. Désolée de t'interrompre, je voulais juste te remercier pour le super soutien en cours tout à l'heure.
Elle s'en va, Pam la rattrape, s'excuse, elle savait pas quoi dire, elle...
"Bah t'as raison, va. Retourne chez Jerry, j'ai pas besoin de toi de toute façon."
Et elle ne peut pas s'empêcher de se dire qu'elle a merdé en voyant Pamela partir, les larmes aux yeux, dans les bras de Jerry qui lance à Deirdre un regard noir.
À la reprise de l'après-midi, Jerry vient se mettre à côté de Tim, entre Pamela et Deirdre. "Ça te dérange pas, Tim ? Pam est pas bien, je préfère être là pour elle ?"
Deirdre s'enferme, regarde par la fenêtre, se console avec la cime des arbres. Un SMS de May lui demande si ça va ? Elle la repère dans la classe, lui fait un fuck, retourne à la fenêtre. Un autre SMS (encore May !), un caca avec des mouches. Elle ne peut s'empêcher un sourire vers sa... vers May.
Fin des cours, Tim attrape May au passage, lui refile sa carte.
"Euh, pourquoi ?"
"Bah, au cas où j'aurais besoin de tu sais quoi..."
Comme un flottement s'installe, et Tim en profite pour lui demander si elle a le numéro de Deirdre.
"Si elle veut que tu l'aies, elle te le filera, non ?"
May le lui donne à reculons, épiant les moindres gestes de Tim dans une tentative désespérée de réussir à lui chopper un truc personnel en guise de fétiche. Mais Tim ne laisse aucune opportunité, et elle va donc vers son groupe qui se rassemble : on va au parc ?
Dany, qui est là aussi, tire la gueule et lâche la bombe. "Tu m'avais promis un rencard juste à deux, mais visiblement, tu préfères tes potes..."
Mais ça va, on peut commencer avec eux non ? Non. Mais laisse tomber.
May explose "Ok ! Au revoir tout le monde ! On se voit demain !" Et elle rattrape Dany qui va partir. On fait quoi ?
"Non, laisse tomber."
"Bah si, t’y vas maintenant. Allez, propose !" Elle parvient à ne pas le planter là malgré qu'il lui donne l'impression d'être une grosse larve qui ne sait pas bouger quoi que ce soit, et part boire un verre avec lui...
Elle tirera la tronche une bonne heure avant de se calmer, mais Dany est patient, et la soirée finira par prendre un tour normal.
Pamela, elle, attend Deirdre à la fin des cours. Elle lui demande pardon, voudrait la voir pour qu'elles rattrapent ça... ce soir ?
"Mais non, tu sais bien, j'ai un Skype prévu avec ma meilleure amie en Irlande, elle bosse dans un bar donc avec le décalage horaire c'est chaud de se caler un rendez-vous... Mais une autre fois ?"
A ce moment arrive un SMS de Tim: "on se voit ?" "Pas ce soir !"
"Bon, écoute Pam, là faut vraiment que j'y aille... mais... viens me chercher demain matin, à la boulangerie ?"
Ça va, Pamela repart un peu calmée vers Jerry qui l'attend.
Ash, lui, attend Marie à la fin des cours. "T'as pas répondu à mes messages, mes appels... tu m'évites ?" Mais tu sais bien que j'avais pas mon téléphone en institution, sinon je t'aurais rappelé...
Lui comprend mais garde ce remords au fond de lui... puis le crache: il est sûr que c'est à cause de lui si elle a eu cette... crise.
Elle lui sourit, gênée. Tente de trouver quelque chose, lui mentir. Mais non, c'est une maladie grave, va surtout pas croire que c'est toi, au contraire, tu...
Le sang à son cou l'appelle.
Merde, ils sont seuls.
"Tinquiète pas, va..."
Non, surtout ne pas.
Le sang à son cou.
"Viens, viens..."
Elle lui fait un câlin, lui est content, la serre contre lui. Il sent la morsure et la succion mais ne se débat pas. Il sent la vie qui part et... quelque part c'est un plaisir. Il veut qu'elle lui suce son sang, qu'elle...
Elle s'arrête juste à temps. Il est pâle entre ses bras. Elle est couverte de son sang et se sent tellement en vie. Ah, personne n'est venue la voir ? Ils la prennent tous pour un monstre quand elle a le dos tourné ? Ils vont voir, ces hypocrites, ils vont voir...
Avant de partir faire trembler le monde, elle appelle une ambulance avec le téléphone d'Ash et l'étend sur un banc. Son pouls bat toujours. Qu'est-ce qu'elle se sent en vie !
Tim, en rentrant chez lui, s'arrête dans la petite chapelle, dernière demeure de son ancêtre. Comment faire ? Il veut entrer en communication avec lui mais tout est flou. La vision salvatrice lui est refusée. Son ancêtre lui tourne le dos... Tim se sent seul, en rentrant chez lui.
Deirdre dit à peine bonjour à sa mère, monte, excitée comme un pou. Lance son ordinateur portable – la ventilation fait un bruit monstre – se connecte à Skype – temps de chargement éternité – voit qu'elle est connectée – Ula est connectée. Double clic, activer la vidéo.
Elle a les traits tirés, seize ans. Elle est belle, c'est le seul mot que Deirdre a pour décrire cette amie dans le sens le plus profond qu'elle puisse lui donner, qui a quitté l'école pour devenir barmaid à 18 ans, après avoir redoublé au point de se retrouver dans la classe de Deirdre. Sa confidente, sa sœur, sa...
"Haigh!"
Tout se passera en gaélique. Trois heures de discussion où elle lui dira tout, où elle demandera des nouvelles du pays, où elle se sentira connectée, enfin. Tout le monde lui manque tellement, là-bas... Elle voudrait revenir mais peut pas, si son père l'a envoyée à l'autre bout du monde c'est qu'il avait des raisons... Elle a des nouvelles de Padraig ? Non ? Évidemment... Tu peux te renseigner ? Oui ? Ce serait vraiment super et... non, t'es crevée mais... j'ai quelqu'un. Une fille. Elle est... incroyable tu sais. Oui une fille, moi aussi ça m'a fait un peu bizarre au début mais... je te jure, elle... elle m'a ensorcelée ! Pas possible autrement ! Oui, je voudrais te la présenter aussi mais... et si tu venais ? Tu sais, on te logerait, te nourrirait, promis ! Et je peux t'aider à payer ton ticket, j'ai un peu d'argent de côté ! Ouais, c'est cher, mais... Mes vacances ? A Noël j'ai trois semaines, ce serait génial ! Tu vas voir ? Ouais !!!!! Oui. Oui, je comprends, je parle je parle et toi t'es crevée. On se fait un Skype encore ? Tu me dis quand tu peux ? Et tu vois pour Noël ? Putain, ce serait de la balle !
"Sloán!"
En raccrochant, elle est à la fois électrisée et vidée. Elle essaye de se mettre à ses devoirs mais n'y arrive pas. Elle décide de sortir, voir l'océan. Sa mère croit qu'elle va faire la fête, elle assure de pas rentrer trop tard. "Biz M'man !"
May est avec Dany sur la plage. Toute la soirée, elle a été sympathique mais... claire, ne laissant aucune place au doute sur ce qui se passe ou ne se passe pas entre eux. Lui sort un joint, ce qui l'intrigue. "Dany ? Tu fumes ?" Maintenant ouais, répond-il nerveusement en roulant un spliff chargé à bloc.
"Tu sais, je passe une bonne soirée, mais... je tiens à toi et je veux pas te faire de mal ; je suis comme ça moi, je casse mes jouets, hein ?"
"Oh, tu sais, tu m'as déjà cassé."
Dans la pause embarrassée qui suit, Deirdre les voit de loin, alors qu'elle a son casque sur les oreilles et qu'elle se balade sur la plage, seule. Elle veut se détourner mais Dany, qui l'a vue, lui fait signe. May se retourne, la voit. Ses yeux pétillent un peu plus.
"J'interromps quelque chose ? Désolé, je peux..."
"Non, non on avait fini", murmure Dany.
May s'empare de son téléphone, demande par SMS à James de venir vite gérer Dany, qui est en train de se rouler un deuxième joint tout aussi chargé.
Deirdre prend le joint des mains de Dany et glisse à May de les retrouver quand elle a fini ? "C'est bon c'est bon, j'ai fini, je..." son portable sonne, Deirdre sourit et emmène Dany plus loin. James refuse, qu'elle gère sa merde, il est occupé. Elle insiste – je ferai ce que tu veux mais grouille, PLEASE ! Bon ok, je serai là dans 10 minutes. Tu m'en dois une.
Soulagement. Elle rattrape Dany et Deirdre qui se passent un joint diminuant très, très vite...
- à suivre -
Cette nouvelle règle est la suivante : on a ajouté un deuxième cadran de 4 cases, en plus de celui des blessures physiques. On en coche une case quand on prend un État, et on la décoche quand on retire l’État, en suivant les règles normales. Comme pour le cadran physique, si les 4 cases du cadran sont cochées alors soit on perd tous ses ascendants soit on lâche le Démon Intérieur, et si sous l’emprise du Démon Intérieur on réarrive à 4 coches supplémentaires, alors c’est la fin du jeu pour ce PJ. Le but est de simuler la pression sociale, et qu’on peut craquer si on se retrouve Ostracisé, Parano, Vidé et plein de Culpabilité. n_n Ça doit surtout éviter qu’on se mette à accumuler 1001 États sans vraiment trop s’en soucier et qu’on les oublie.
***
Un long mois s'étend. Les vagues vont et viennent, la marée apaise ceux qui y prêtent attention. Pour les autres, il y a les bruits de la ville.
Spoiler:
Marie a vécu au rythme que lui donnaient d'autres, des gens qui veulent son bien, parait-il. La famille de Tim, d'abord, puis rapidement cet Inquisiteur, un homme spécialiste de "ce genre de cas". Officiellement un cas clinique appelant traitement dans un hôpital spécialisé. Une maladie rare, découverte suite à une crise aussi soudaine qui violente. Saint-Joseph, un hôpital qui fait dans le psychiatrique mais pas que. Timbrée, Marie ? C'est ce qui se dit.
En vrai, il s'agit de calmer le démon en attendant le miracle, le remède, le retour à la normale. Alors oui, on la met dans des salles capitonnées. On la sort parfois au jardin, joli, on ne la laisse jamais seule. Ça fonctionne comme ça.
Là elle teste ses talents, elle découvre ses compétences, elle tombe lentement mais sûrement vers les profondeurs de la dépression, ce radeau d'indifférence. Sa planche de salut ? Retrouver son sire. Le tuer. C'est tout.
Quelques rares visites, toujours surveillées. Jamais d'intimité, la vie privée s'est envolée. Les marques de sympathie affluent des scouts, des paroissiens, mais la famille de Marie sent bien que les choses changent, qu'ils sont désormais les parents de la pauvre folle. Personne ne le dit mais le climat est à la méfiance, à la pitié chrétienne.
Et cet inquisiteur ? Il dit vouloir éradiquer les monstres qui rampent à la surface du globe. Tous. Il lui promet le salut de son âme à elle, tant qu'elle coopère. Et pourtant il la zappe, lentement mais sûrement, grave dans sa tête qu'il y a un "nous" et un "eux" et qu'elle vient de changer de camp. Elle est un monstre, elle peut espérer la pitié, son âme pourra être sauvée mais elle n'est plus humaine.
L'homme a de l'influence et un cœur d'acier.
May
May a sa quête à elle. Marie absente, pourquoi pas, elle ne la connait pas si bien que ça, elle espère que c'est pas trop grave. Retrouver Abrielle, voilà ce qui la pousse en avant. Elle tente, multiplie les expériences, les tentatives. Rien ne marche. Elle persévère.
A côté de ça il y a le reste. Tim, sur qui elle se renseigne le plus possible en restant discrète. Puis relaye les infos à la fantôme, Marina Sherman, qui semble apprécier et tient les mortels à l'écart de son sanctuaire.
Dany, qui semble absent. Il n'a plus reparlé du "date" promis, pourtant il a tenu sa part du marché. May n'est pas pressée et laisse couler l'eau sous les ponts.
James semble aussi laisser les choses se tasser. Depuis la soirée, il n'a plus fait allusion à ce qu'il avait dit alors. Les skateurs restent unis, au moins en apparence.
D. May la voit peu - la faute à ses parents, à la semaine privée de sortie, aux devoirs qui se multiplient -, l'inclut doucement chez les skateurs. D. a l'air de se laisser faire. Quand elles sont seules, parfois, elles se sautent dessus. Puis font comme si. May s'amuse. Officiellement, elle s'amuse. Qui sait ce qu'elle ressent au fond ?
Deirdre
Oui, Deirdre traine avec May. Deirdre ramperait sur des charbons ardents pour May mais ne laisse rien paraitre. Elle prend les miettes que May lui tend avec ses yeux qui la damnent et ses mains qui la brûlent. La première fois elle ne voulait pas, pas complètement, depuis tout a changé. Deirdre garde les apparences. Deirdre se consume au fond d'elle. Mais ça, tout le monde s'en fout.
Et puis Deirdre connait le secret de May, maintenant. Elle est ensorcelée, pendue aux lèvres de May qui lui parle sorts, charmes, rituels. Deirdre sent bien que dès qu'on aborde les origines des pouvoirs de May, elle détourne le sujet. Ça lui va. C'est tellement cool de sortir... d'être... de s'amuser avec une sorcière. Le mot lui reste dans la gorge mais elle prend son mal en patience. Personne n'a l'air de percuter. Tant mieux.
Elle n'en parle à personne, d'ailleurs. Pas à Pamela, qui devient doucement sa confidente, pourtant. Pam sait que Deirdre a quelqu'un, que c'est secret. Elle n'a pas idée de qui c'est. Parfois Deirdre voudrait lui dire puis se ravise. Pam sort avec Jerry, elle. Ça se passe très bien.
Ça se passe mieux avec la classe aussi, pour Deirdre. Depuis la soirée, environ. Tant mieux.
Avec Tim ? Ils trainent ensemble par moment. Tim lui parle beaucoup. De ses ancêtres, de sa mission, de son clan. Deirdre trouve bizarre que May veuillent tellement qu'elle lui dise tout ce que Tim lui a raconté, d'ailleurs. Mais elle lui dit, pour la famille si ancienne, pour la mission de préserver l'équilibre entre mortels et monstres, pour le rôle de gardien, son apprentissage qui est loin d'être fini.
Tim
Tim traine de plus en plus avec Pam et Deirdre, lui aussi. Parfois plus avec Deirdre - dès qu'ils parlent fantôme, sorcellerie, légendes, Pam devient grise et s'en va. Deirdre, elle, ça l'intéresse, alors Tim lui parle. Ça lui fait du bien d'en parler avec quelqu'un qui ne soit pas de sa famille ! Tim se doute qu'il y a... quelque chose, entre Deirdre et May. Qu'elle la protège. Toutes les questions de Tim sur les pouvoirs de May finissent par un hochement d'épaules et un changement radical de sujet. Il fait avec, ne brusque rien. Deirdre pourrait être une clé.
Sa famille l'aime, l'aide, le soutient. Sa tante a bien avancé sur les formules gaéliques, le filet se resserre autour de May la sorcière. Après, en faire une alliée ou une ennemie dépendra surtout d'elle, son éclat du mois dernier ressemblait plus à un manque de maitrise qu'à une mauvaise volonté.
Et évidemment, y'a la vampire, sur laquelle planche son père, en plus des heures au musée. Il travaille à un contact à l'hôpital pour l'approvisionner en sang frais et cherche après le vampire qui lui a fait "ça" pendant que Tim garde un œil sur cet hôpital Saint-Joseph où Marie a été placée et cet "Inquisiteur" qui s'occupe d'elle, la fragilise. Tim tente de la faire sortir, la visite souvent. Il y est enfin arrivé. Aujourd'hui, elle sort. Ce lundi.
***
Lundi matin
Le vent souffle sur le vieux phare abandonné. Le soleil vient toucher les vieux verres couverts de crasse. Ses rayons caressent la peau d'une jeune fille en habits du dimanche qui dort près d'un pentacle, de bougies consumées, d'un bol où un peu de sang coagule. Toute la scène est filmée par l'oeil rouge et clignotant d'une caméra.
May ouvre les yeux. Merde. Elle baille, se redresse, s'allume une clope et regarde l'enregistrement.
23:22, elle commence le rituel. Elle parle dans cet ancien gaélique étrange. Deux mots reviennent régulièrement: Abrielle Caine.
23:25, le rituel continue. Abrielle Caine.
23:26, une forme semble apparaitre. L'image tremble, saute.
"fichier endommagé"
Encore une fois...
Deirdre se réveille, tôt. Va aider sa mère avant de prendre le bus.
Tim se réveille, tôt. Va courir, prendre une rapide douche à l'école.
Marie se réveille, tôt. Prend le déjeuner avec sa famille. Dans le tableau habituel s'est ajouté un thermos marqué "Saint-Joseph". Elle en avale une pleine tasse. Sourit à ses parents. Va prendre le bus.
En-dehors de la classe, quand Deirdre arrive, un groupe s'est déjà formé autour de Marie et les questions fusent. Ça allait ? C'était vraiment un asile ? T'es folle ? Maintenant ça va ? Elle a l'air gênée un peu, répond rapidement aux questions qui s'enchainent. Deirdre dit bonjour, Marie lui demande des nouvelles de ce qui s'est passé pendant qu'elle était pas là. Personne t'as dit ? Si si mais c'est flou. Ah... Mr Cunningham passe, informe que son cours commence DANS la classe dans 3 minutes. Deirdre roule des yeux, entre. May n'est pas là. Petit froncement de sourcil de Deirdre qui va prendre son portable au moment où le professeur d'histoire, Mr Cunningham, a un raclement de gorge. Les gens sont là, le cours va commencer.
"Bonjour, jeunes gens. Quelqu'un a-t-il la moindre idée de la raison pour laquelle Miss Hemington est absente ?" Silence gêné.
"Bien, commençons."
Il pointe d'abord un dessin grossier de jambon à l'os, avec monocle, moustache et chapeau melon, resté dans un coin du tableau sous le mot "ne pas effacer" puis écrit, fièrement, "HISTOIRE DE L'ART".
Spoiler:
A ce moment May arrive, portant les mêmes habits que la veille, pas parfaitement coiffée. Cunningham lui prend son journal de classe, l'air pincé, et continue. Durant l'heure qui suit, il parle brièvement des classiques, du Caravage, des impressionnistes, des abstraits, toujours en pointant mille défauts dans ce bête dessin en guise de fil conducteur à son cours. A la fin de l'heure, il demande si quelqu'un a la moindre question ?
"Et la caricature ? " demande Deirdre, un sourire en coin.
"La caricature ?"
"Oui, vous avez oublié de parler de ce courant de l'art qui déforme pour mieux parler d'un sujet, s'en moquer, le dénoncer ?"
Sourire immensément réfréné de May, ahurissement des autres.
"Eh bien, puisque vous vous intéressez tant à ce beau sujet, Miss O'Meara, l'ensemble de la classe fera un devoir pour la semaine prochaine, en plus de l'interrogation prévue ? Deux pages sur la caricature, ça ira ?"
Rumeur dans la classe. Tim, voulant bien faire, pointe qu'à la bibliothèque de la ville, ils ont une section où ils gardent de vieux journaux, on pourra trouver ce qu'on veut.
"Excellente idée, Mr Bishop. Chacun devra avoir une référence provenant de la bibliothèque."
"Et comment on saura que ça vient de là ?" balance Deirdre, attirant un regard noir de la classe entière.
"Eh bien vous produirez une attestation de la bibliothèque. Ça vous va comme ça ?"
"Ah oui, vous avez raison, ne faites aucune confiance à la bonne foi des élèves, demandez des petites attestations pour ne pas sortir des petits rails, c'est bien, ça."
Silence lourd de sens. Le monde entier semble hurler en silence à Deirdre de la fermer, putain.
"Eh bien vous me ferez une page en plus, Miss O'Meara. Ça va ?"
"Ça va." Le bras-de-fer se termine. Cunningham semble avoir gagné cette manche.
Spoiler:
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Spoiler:
"Très bien, mais si ça ne me convient pas, il sera reporté à la semaine d'après avec un autre sujet. Et toute la classe partagera bien sûr la note de Miss O'Meara."
Très bien.
Dans le couloir, Tim demande à Marie si ça va, son retour ? Hésite pas, si ça part en steak, je suis là.
Merci.
De son côté, en pause derrière le lycée, May propose à Deirdre une petite revanche sur le Jambon. Ce soir ? Elle lui montre la chevalière de l'ordre, les yeux pleins de sous-entendus.
Deirdre est emmerdée, elle rêverait mais ne peut pas, elle a promis de skyper quelqu'un en Irlande, ça fait deux semaines qu'elle essaye de mettre un rendez-vous et c'est ce soir que c'est prévu. Désolé... Mais elle sera sûrement libre plus tard ? Vers 22h chez May ? D'accord, mais pas chez moi. Je t'enverrai un texto pour te dire.
À ce moment arrive Marie, qui expose l'accord passé avec Cunningham, et précise qu’il faudra dire au reste de la classe que c’est Deirdre qui a négocié cet arrangement. Putain, pas un oral, je suis nulle à l'oral. Non, non...
Les deux insistent, ça serait une bonne manière de calmer le jeu, non ?
"Mais purée, j'y gagne quoi, moi ?"
"La paix", répond May dans un sourire.
"Ouais, t'as raison, Margery. Ok, j'le fais."
Et elle part, l'air furieux, laissant May murmurer connasse sans qu'elle l'entende et Marie se demander ce qui se passe...
En partant, Deirdre croise les skateurs qui arrivent. Will lui demande si elle aurait pas pu se la fermer, pour une fois ?
"Oh, tu verras, tu me remercieras plus tard, dans une bibliothèque il y a plein de beaux livres avec des choses dedans. " Elle laisse un groupe hilare face à un Will fulminant. Elle va s'isoler. Eux rejoignent May, en discussion avec Marie. Alors, Saint-Joseph ?
"C'était bien, c'est un bel endroit. Les gens sont sympas."
"Ouais, camés 24h/24, ils doivent être sympas" répond May dans un sourire.
James prend la défense de Marie, qui ne comprend pas ce soutien mais embraye: "Tu sais, May, j'en parle à mes copines de ce genre de chose, toi jusqu'à preuve du contraire on se connait à peine. "
May fait genre de rien mais la remarque l'a touchée, fort. Elle rétorque qu’elle essayait juste d’être sympa, contrairement à tous les autres qui se moquent dans son dos ; l’idée blesse Marie qui se mettra à considérer tous ses camarades avec méfiance.
Dans son casier, Deirdre trouve une poignée de mots d'insultes, au milieu desquels trône un "retrouve-moi après les cours.

"Désolée de te cultiver, connard ! "
Il se retourne l'empoigne contre le casier avant qu'elle ait vu venir. "T'as intérêt à te calmer avec Cunningham, vu ?"
Au cours suivant, Miss Wilcox, professeur d'anglais (a.k.a Lettres), autorise Marie à demander doucement si quelqu'un veut bien aider Deirdre à faire son exposé ?
Devant le silence général, Deirdre explose que c'est très bien, comme ça tout le monde aura une note de merde et on recommencera la semaine d'après, super !"
Votre carnet !
Pour toute réponse, Deirdre prend ses affaires et part de la classe. Direction les toilettes, elle a trop de pression à relâcher.
Dans la classe, Miss Wilcox demande à Marie d'aller la rattraper. Devant le refus de la déléguée, la prof devient rouge et la menace de prendre son journal de classe si elle ne va pas la chercher. Marie lui oppose un refus calme et clair. Tim hasarde un "vous savez madame, depuis quelque temps..." "Tim..." interrompt Marie. "Moi je veux bien y aller", abrège Tim. Qui part vers les toilettes des filles – le refuge évident – avec la bénédiction de Miss Wilcox. Là, il croise la route d'une jeune fille qui le fout dehors – t'as rien à faire ici, voyeur ! Il va rapporter le départ de Deirdre à la Proviseure et retourne en classe. Où il a un regard rapide entre May et ses affaires à lui, laissées sans surveillance. Il sait ce qu'elle peut lui faire avec n'importe quoi, un bijou, un bic mâchonné depuis trop longtemps, ... Ça va, elle est trop loin, a l'air de ne rien avoir tenté.
Pas que l'envie ne la prend pas. May a passé l'absence de Tim à regarder vers sa place vide, qui l'appelle si fort. Mais pas d'ouverture suffisante pour justifier d'aller fouiller dans ses affaires... ce sera pour la prochaine fois.
A la sortie du cours, Miss Wilcox retient Marie – Tim se place juste hors de vue de la prof, face à Marie. Celle-ci tente d'expliquer la situation, Miss Wilcox la rembarre d'un "je ne veux rien savoir, je convoque vos parents mercredi."
Tim n'y tient plus, sort de sa cachette en demandant à la prof de laisser au moins Marie s'expliquer !
"Ceci est un rendez-vous privé, sortez si vous ne voulez pas vous retrouver en retenue !"
Les deux sortent, l'air penaud.
May, de son côté, voit la brèche qui se forme dans le groupe des skateurs. C'est pas bon, décide-t-elle... Elle s'arrange avec Will par SMS pour recoller les bouts. Ça marche, répond-il.
Pendant la pause midi, Marie demande à Tim quand est-ce qu'ils vont chasser ?
"Pardon ?!?"
"Bah oui, t'es chasseur de monstre, non ? Alors quand est-ce qu'on va chasser le monstre qui m'a..."
"Oh, cette chasse-là ! Pardon... Bah, je sais pas, faut se préparer pour ça tu sais ? Il peut être dangereux et..."
Marie sait. Elle sait aussi que si Tim ne fait rien très vite, ne vient pas avec un plan, des actions concrètes, elle partira dans son coin. C'est urgent. "Tu vas bouger ton cul ou...?"
A ce moment arrive Ash, Tim le voit venir, Marie voit que Tim le voit, se retourne. J'peux te parler seule à seul ? Plus tard, Ash, pas maintenant...
Lui insiste, Tim le renvoie – t'as entendu la dame ? Peiné, Ash repart.
Bon, t'inquiète pas Marie, on le trouvera. Y'a un endroit où moi j'ai pensé à le chercher, c'est au Hangar 13, on m'a dit que c'était un vieux bâtiment du port désaffecté et qui sert à des soirées plutôt hard. Il a besoin d'un endroit où beaucoup de gens se rassemblent mais où on ne fait pas trop gaffe aux uns et aux autres. Ça doit être là qu'il viendra sûrement, quand il aura besoin de se nourrir encore.
Bon, bah on y va !
May, de son côté, tombe sur Dany, l'air fâché. "Deux semaines que j'attends ton SMS ! Tu m'as dit que tu me dirais quand est-ce qu'on pouvait se voir, j'ai attendu mais là j'en ai marre !"
Pour toute réaction, tout en gardant un air ultra blasé, May lui envoie un SMS très enjoué, plein d'émojis, qui lui dit que pour le date promis, c'est quand il veut


"T'es content ?"
"Ce soir, après les cours. Pour toute la soirée."
Elle ne s'y attendait pas mais ne se dégonfle pas. Une fille s'en va quand elle se fait chier, t’as qu'à être à la hauteur.
T'inquiète, je te surprendrai !
Deirdre va voir Pamela, en pleine exploration de la glotte de Jerry, sur un banc du gazon. Désolée de t'interrompre, je voulais juste te remercier pour le super soutien en cours tout à l'heure.
Elle s'en va, Pam la rattrape, s'excuse, elle savait pas quoi dire, elle...
"Bah t'as raison, va. Retourne chez Jerry, j'ai pas besoin de toi de toute façon."
Et elle ne peut pas s'empêcher de se dire qu'elle a merdé en voyant Pamela partir, les larmes aux yeux, dans les bras de Jerry qui lance à Deirdre un regard noir.
À la reprise de l'après-midi, Jerry vient se mettre à côté de Tim, entre Pamela et Deirdre. "Ça te dérange pas, Tim ? Pam est pas bien, je préfère être là pour elle ?"
Deirdre s'enferme, regarde par la fenêtre, se console avec la cime des arbres. Un SMS de May lui demande si ça va ? Elle la repère dans la classe, lui fait un fuck, retourne à la fenêtre. Un autre SMS (encore May !), un caca avec des mouches. Elle ne peut s'empêcher un sourire vers sa... vers May.
Fin des cours, Tim attrape May au passage, lui refile sa carte.
"Euh, pourquoi ?"
"Bah, au cas où j'aurais besoin de tu sais quoi..."
Comme un flottement s'installe, et Tim en profite pour lui demander si elle a le numéro de Deirdre.
"Si elle veut que tu l'aies, elle te le filera, non ?"
May le lui donne à reculons, épiant les moindres gestes de Tim dans une tentative désespérée de réussir à lui chopper un truc personnel en guise de fétiche. Mais Tim ne laisse aucune opportunité, et elle va donc vers son groupe qui se rassemble : on va au parc ?
Dany, qui est là aussi, tire la gueule et lâche la bombe. "Tu m'avais promis un rencard juste à deux, mais visiblement, tu préfères tes potes..."
Mais ça va, on peut commencer avec eux non ? Non. Mais laisse tomber.
May explose "Ok ! Au revoir tout le monde ! On se voit demain !" Et elle rattrape Dany qui va partir. On fait quoi ?
"Non, laisse tomber."
"Bah si, t’y vas maintenant. Allez, propose !" Elle parvient à ne pas le planter là malgré qu'il lui donne l'impression d'être une grosse larve qui ne sait pas bouger quoi que ce soit, et part boire un verre avec lui...
Elle tirera la tronche une bonne heure avant de se calmer, mais Dany est patient, et la soirée finira par prendre un tour normal.
Pamela, elle, attend Deirdre à la fin des cours. Elle lui demande pardon, voudrait la voir pour qu'elles rattrapent ça... ce soir ?
"Mais non, tu sais bien, j'ai un Skype prévu avec ma meilleure amie en Irlande, elle bosse dans un bar donc avec le décalage horaire c'est chaud de se caler un rendez-vous... Mais une autre fois ?"
A ce moment arrive un SMS de Tim: "on se voit ?" "Pas ce soir !"
"Bon, écoute Pam, là faut vraiment que j'y aille... mais... viens me chercher demain matin, à la boulangerie ?"
Ça va, Pamela repart un peu calmée vers Jerry qui l'attend.
Ash, lui, attend Marie à la fin des cours. "T'as pas répondu à mes messages, mes appels... tu m'évites ?" Mais tu sais bien que j'avais pas mon téléphone en institution, sinon je t'aurais rappelé...
Lui comprend mais garde ce remords au fond de lui... puis le crache: il est sûr que c'est à cause de lui si elle a eu cette... crise.
Elle lui sourit, gênée. Tente de trouver quelque chose, lui mentir. Mais non, c'est une maladie grave, va surtout pas croire que c'est toi, au contraire, tu...
Le sang à son cou l'appelle.
Merde, ils sont seuls.
"Tinquiète pas, va..."
Non, surtout ne pas.
Le sang à son cou.
"Viens, viens..."
Elle lui fait un câlin, lui est content, la serre contre lui. Il sent la morsure et la succion mais ne se débat pas. Il sent la vie qui part et... quelque part c'est un plaisir. Il veut qu'elle lui suce son sang, qu'elle...
Elle s'arrête juste à temps. Il est pâle entre ses bras. Elle est couverte de son sang et se sent tellement en vie. Ah, personne n'est venue la voir ? Ils la prennent tous pour un monstre quand elle a le dos tourné ? Ils vont voir, ces hypocrites, ils vont voir...
Avant de partir faire trembler le monde, elle appelle une ambulance avec le téléphone d'Ash et l'étend sur un banc. Son pouls bat toujours. Qu'est-ce qu'elle se sent en vie !
Tim, en rentrant chez lui, s'arrête dans la petite chapelle, dernière demeure de son ancêtre. Comment faire ? Il veut entrer en communication avec lui mais tout est flou. La vision salvatrice lui est refusée. Son ancêtre lui tourne le dos... Tim se sent seul, en rentrant chez lui.
Deirdre dit à peine bonjour à sa mère, monte, excitée comme un pou. Lance son ordinateur portable – la ventilation fait un bruit monstre – se connecte à Skype – temps de chargement éternité – voit qu'elle est connectée – Ula est connectée. Double clic, activer la vidéo.
Elle a les traits tirés, seize ans. Elle est belle, c'est le seul mot que Deirdre a pour décrire cette amie dans le sens le plus profond qu'elle puisse lui donner, qui a quitté l'école pour devenir barmaid à 18 ans, après avoir redoublé au point de se retrouver dans la classe de Deirdre. Sa confidente, sa sœur, sa...
"Haigh!"
Tout se passera en gaélique. Trois heures de discussion où elle lui dira tout, où elle demandera des nouvelles du pays, où elle se sentira connectée, enfin. Tout le monde lui manque tellement, là-bas... Elle voudrait revenir mais peut pas, si son père l'a envoyée à l'autre bout du monde c'est qu'il avait des raisons... Elle a des nouvelles de Padraig ? Non ? Évidemment... Tu peux te renseigner ? Oui ? Ce serait vraiment super et... non, t'es crevée mais... j'ai quelqu'un. Une fille. Elle est... incroyable tu sais. Oui une fille, moi aussi ça m'a fait un peu bizarre au début mais... je te jure, elle... elle m'a ensorcelée ! Pas possible autrement ! Oui, je voudrais te la présenter aussi mais... et si tu venais ? Tu sais, on te logerait, te nourrirait, promis ! Et je peux t'aider à payer ton ticket, j'ai un peu d'argent de côté ! Ouais, c'est cher, mais... Mes vacances ? A Noël j'ai trois semaines, ce serait génial ! Tu vas voir ? Ouais !!!!! Oui. Oui, je comprends, je parle je parle et toi t'es crevée. On se fait un Skype encore ? Tu me dis quand tu peux ? Et tu vois pour Noël ? Putain, ce serait de la balle !
"Sloán!"
En raccrochant, elle est à la fois électrisée et vidée. Elle essaye de se mettre à ses devoirs mais n'y arrive pas. Elle décide de sortir, voir l'océan. Sa mère croit qu'elle va faire la fête, elle assure de pas rentrer trop tard. "Biz M'man !"
May est avec Dany sur la plage. Toute la soirée, elle a été sympathique mais... claire, ne laissant aucune place au doute sur ce qui se passe ou ne se passe pas entre eux. Lui sort un joint, ce qui l'intrigue. "Dany ? Tu fumes ?" Maintenant ouais, répond-il nerveusement en roulant un spliff chargé à bloc.
"Tu sais, je passe une bonne soirée, mais... je tiens à toi et je veux pas te faire de mal ; je suis comme ça moi, je casse mes jouets, hein ?"
"Oh, tu sais, tu m'as déjà cassé."
Dans la pause embarrassée qui suit, Deirdre les voit de loin, alors qu'elle a son casque sur les oreilles et qu'elle se balade sur la plage, seule. Elle veut se détourner mais Dany, qui l'a vue, lui fait signe. May se retourne, la voit. Ses yeux pétillent un peu plus.
"J'interromps quelque chose ? Désolé, je peux..."
"Non, non on avait fini", murmure Dany.
May s'empare de son téléphone, demande par SMS à James de venir vite gérer Dany, qui est en train de se rouler un deuxième joint tout aussi chargé.
Deirdre prend le joint des mains de Dany et glisse à May de les retrouver quand elle a fini ? "C'est bon c'est bon, j'ai fini, je..." son portable sonne, Deirdre sourit et emmène Dany plus loin. James refuse, qu'elle gère sa merde, il est occupé. Elle insiste – je ferai ce que tu veux mais grouille, PLEASE ! Bon ok, je serai là dans 10 minutes. Tu m'en dois une.
Soulagement. Elle rattrape Dany et Deirdre qui se passent un joint diminuant très, très vite...
- à suivre -
Spoiler:
Dernière modification par KamiSeiTo le lun. août 15, 2016 12:07 pm, modifié 2 fois.
Proposer un jeu qui soit au service d’une façon de jouer spécifique et, surtout sans tomber dans le piège de ne pas en permettre d’autre, néanmoins tout inféoder à cette dernière.
Brand.
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Re: [CR Monsterhearts] Dans les vagues
Classe!
Les jeux PBTA sont en général ceux qui ont les CR les plus impressionnants en termes de gameplay, ça m'épate toujours! Chapeau!
Pour autant je n'ai pas encore osé me lancer à AW, malgré les 2000 conseils avisés sur ce post et dans le forum, c'est vraiment un saut vers l'inconnu pour moi...
Ps : Moi non plus je n'aurais pas cru que Frustration traverse l'Atlantique même si "I got so many questions" colle bien avec le thème de l'adolescence ;-)
Les jeux PBTA sont en général ceux qui ont les CR les plus impressionnants en termes de gameplay, ça m'épate toujours! Chapeau!
Pour autant je n'ai pas encore osé me lancer à AW, malgré les 2000 conseils avisés sur ce post et dans le forum, c'est vraiment un saut vers l'inconnu pour moi...
Ps : Moi non plus je n'aurais pas cru que Frustration traverse l'Atlantique même si "I got so many questions" colle bien avec le thème de l'adolescence ;-)
The most important aspect of a story is how it affects the characters in it, not whether the characters manage to save the world in the end.
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Lance-toi ! ^o^
Je comprends la réticence.
Honnêtement, comme avec tout nouveau jeu que j'ai mené, mes premières parties ont pas été les meilleures, et là aussi le MJ (grand débutant, premier jeu comme meneur) a pas brillé la première séance. Par contre, il a écouté à fond nos conseils et son niveau a monté en flèche, le plaisir des parties aussi (3 joueurs sur 4 habitués de MH ou au moins de jeu PbtA, faut dire, mais surtout c'étaient nos attentes et envies à nous, ceux qui jouons ses parties).
Bref, si la première est pas idéale, c'est pas la fin du monde (ni même de la campagne qui peut bien bien partir par la suite). n_n
Honnêtement, comme avec tout nouveau jeu que j'ai mené, mes premières parties ont pas été les meilleures, et là aussi le MJ (grand débutant, premier jeu comme meneur) a pas brillé la première séance. Par contre, il a écouté à fond nos conseils et son niveau a monté en flèche, le plaisir des parties aussi (3 joueurs sur 4 habitués de MH ou au moins de jeu PbtA, faut dire, mais surtout c'étaient nos attentes et envies à nous, ceux qui jouons ses parties).
Bref, si la première est pas idéale, c'est pas la fin du monde (ni même de la campagne qui peut bien bien partir par la suite). n_n
Proposer un jeu qui soit au service d’une façon de jouer spécifique et, surtout sans tomber dans le piège de ne pas en permettre d’autre, néanmoins tout inféoder à cette dernière.
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Re: [CR Monsterhearts] Dans les vagues
Hahaha! Oui, malheureusement mes références sont très françaises dans le punk et le plus "hard-core" en général (je voulais mettre du Igorrr mais les autres ne sont pas vraiment chaudsArkham a écrit :Classe!
Ps : Moi non plus je n'aurais pas cru que Frustration traverse l'Atlantique même si "I got so many questions" colle bien avec le thème de l'adolescence ;-)

Et pour le saut dans l'inconnu, je pense justement qu'AW (et les PbtA en général) est un excellent moyen de goûter de l'improvisation, l'émergent, tout ça, parce que c'est très bien cadré (y'a plein de conseils dans la/les bases, le MJ a des moves qui cadrent ce qu'il peut et ne peut pas faire et donnent plein d'idée quand le cerveau va trop vite, etc.).
Franchement, si tu prends trois/quatre joueurs bienveillants, que tu les préviens que tout ça est un peu neuf pour toi, y'a toutes les chances pour que ça se passe bien

PS: Marrant, j'avais pas réalisé que ça faisait un mois hors-jeu aussi

-
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Re: [CR Monsterhearts] Dans les vagues
Perso, il m'a également fallu pas mal de temps avant de me "lancer". Etant plutôt du genre à avoir des parties préparées à l'extrême (voir à la limite de l'absurde où j'étais capable de poser deux ou trois jours de congés pour préparer un scénario déjà "écrit"), franchir le pas était pour moi un saut dans l'inconnu. J'ai lu plusieurs fois le bouquin (heureusement, il est court), je le relis encore régulièrement, mais je me sens "à l'aise". Bon, je reconnais que j'ai un avantage: pour le moment, je masterise sur forum... ce qui me laisse le temps de penser aux liens entre chaque "tour" de jeu. Il faut que j'apprenne à accélérer cette gymnastique mentale avant de me lancer "sur table".
- KamiSeiTo
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Re: [CR Monsterhearts] Dans les vagues
- suite de l'épisode précédent -
Dans sa chambre, Marie est face au miroir. Elle est calme, plus sure d'elle qu'elle ne l'a été depuis longtemps. Elle ouvre l'armoire. Regarde ses tenues. Soupire.
On attrape pas les mouches avec du vinaigre, ma pauvre fille... Il est l'heure de faire les boutiques.
Dehors, il est 21h. Il possède un autre temps, ce monde qui ne lui correspond plus. Elle avance, s'enfonce dans des coins où elle n'aurait jamais mis les pieds jusqu'à ce soir. Ce soir, tout change, tout bascule à l'endroit, enfin.
Enfin une boutique où quelque chose lui plait et qui a eu le bon goût de ne pas abattre de rideau de fer sur sa vitrine. Quelques secondes plus tard, le fracas du verre enchaine sur la poubelle retombant dans le magasin et les sirènes qui hurlent. Elle met un pied sur le bas du muret, racle les débris, entre. Faudrait pas se blesser...
Elle prend ce qui lui plait, va en cabine, en sort... enfin elle-même. La peau qui se montre, les formes qui se dévoilent, les chaussures qui montent, l'enserrent, tout la souligne, la contient, la propulse. Une onde bouge en elle, tout parait si simple... C'est donc ça, ce qu'elle a fui pendant un mois ?
Elle repère un sac, une veste, parfaits pour compléter sa tenue. Noire relevée de rouge. Décolleté, court, féminin. Une fille bien est entrée dans cette boutique. Une beauté fatale en ressort, part d'un pas assuré malgré les sirènes qui se rapprochent. Elle n'a pas peur quand le policier lui crie de s'arrêter. Elle n'a pas peur quand un coup de semonce est tiré et qu'elle tourne dans une ruelle. N'a pas peur quand elle se met à courir – elle court par jeu, semer la police est un jeu d'enfant, c'est mieux que dans les films, c'est elle l'héroïne !
Sur la plage, le temps s'allonge. Deirdre et Dany discutent tandis que May termine ses négociations avec James. Alors, ce rendez-vous ? Bah, bien à un moment...
May rejoint, Deirdre est contente de lui passer le joint – elle en a préservé Dany mais sent sa tête qui tourne, faut lui apprendre à mieux doser... Alors ton Skype ? Bien, bien. Un ange passe.
Un moteur s'arrête, tous regardent James qui descend de la Camaro paternelle, recommandations de May – attention il a pas mal fumé –, chancèlement de Dany – j'ai pas besoin de bagnole, je peux marcher –, Deirdre dans un coin, mal à l'aise. Répond à peine au salut de James, fait quelques pas. Qu'est-ce qu'elle fout là ?
La voiture s'éloigne, le splif passe, toute gêne s'envole. Tout est si bien quand May est là. Tout est si simple avec Deirdre. Elles vont s'embrasser quand... un regard. Depuis le phare. En même temps, elles l'ont senti, ce frisson le long de la colonne vertébrale, cette sueur froide. Et Cunningham ? Bah viens.
Arrivées devant le phare, May pousse naturellement la porte... qui ne s'ouvre pas. Elle toque. Euh, il est pas abandonné ce phare ? Nan, je... Ah, tu connais aussi l'habitante des lieux ?
A ce moment, Marina se matérialise devant elles. Oui ?
- Laisse-moi entrer !
- Bah faut savoir, tu m'as dit de ne laisser entrer personne, alors...
- Oui mais quand ils sont avec moi, ça va, qu'est-ce que tu crois ?
- Ah, pardon, tu avais été spécifique vis-à-vis de la rousse alors...
- Pardon ?
Oh l'écoute pas elle dirait n'importe quoi pour qu'on s'occupe d'elle, tu viens ?
La porte s'est ouverte, May prend les devants - mon sanctuaire est là-haut, viens j'te dis !
Deirdre est restée derrière, appelle doucement Marina qui disparaît mais lui répond. T'es où ? Bah là-haut, avec May... et ici, avec toi. Et...
- Tu peux... si je parle à la brique, là, t'entends ?
- Oui, bien sûr.
Un léger rire résonne. Deirdre a l'horrible impression de plonger dans un bain trop profond pour elle, mais quand il faut y aller... Je suis désolée, je comptais venir mais on a eu beaucoup de travail, et...
- Oui bien sûr.
- Non mais vraiment. Comment je peux t'aider à trouver le repos ?
- Qui dit que je le veux ?
- Bah, je... c'est c'que vous voulez, non ?
Non, ce qu'elle veut Marina, c'est du pouvoir, de l'emprise, de la force. Elle veut que Deirdre lui apprenne l'histoire des gens qui viennent ici, du grand chevelu, de celle avec ses yeux bizarres et de vous deux ! J'ai quoi en échange ? Bah ce que tu veux... ma protection. Des réponses, si tu veux. Sur ton père, par exemple.
- Bah tu fous quoi, viens !
- Non, May, je... on peut sortir ?
May sent que quelque chose lui échappe, la voix de Deirdre est trop blanche, son visage trop pâle, bien sûr viens on va plutôt aller dans un bar boire une pinte, ça te va ?
La porte est bloquée, encore. Marina accepte de la rouvrir en souriant. May peste à l’encontre du fantôme et fulmine. Deirdre court presque en sortant.
Marie remonte la ruelle sombre. Elle ne connait pas le coin et est ravie de découvrir de nouvelles parties de la ville, surtout de nouvelles personnes, comme ces trois mecs qui... vous voulez quoi ? De la drogue, ton fric pour la choper. Fissa si tu veux pas de bobo.
Elle sourit quand il la frappe au visage. Tombe. Compte. 1. 2. 3. Biiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiip.
- Putain, tu l'as tuée, t'es con !
- Mais non, elle saigne pas, viens on la
- Ta gueule, tu l'as buté enculé ! Vas-y prends son sac, on s'barre !
Dans le petit bar en sous-sol, il n'y a presque personne. May et Deirdre se sont trouvées une table, des pintes. May se détend, se laisse embrasser. Deirdre se love, n'arrive pas à apprécier le moment. Elle se demande, pense presque à voix haute
- On est quoi pour toi ?
- Bah des potes.
- Et Dany, c'est quoi ?
- Pff, Dany c'est qu'une limace. Il m’avait fait promettre un date, je lui ai donné un date, voilà.
- Et si c'était pas une limace, tu coucherais avec ?
- Je sais pas, c'est pas trop mon type... T'es jalouse ?
Deirdre inspire, braque son regard dans celui de May qui comprend fuit elle la ramène d'une main je t'aime. May, regarde-moi. Je. T'aime.
Le regard se brouille, craque presque. Mais...
- Mais rien. Je veux qu'on soit ensemble, qu'on soit...
- Exclusives ?
- Notamment...
- Tu sais, je fais pas trop confiance aux filles ; c’est des garces, elles te laissent tomber à la première occasion, sans un regard en arrière. Je préfère les mecs, ils sont plus...
- Qu'est-ce que tu m'dis là, May ? Je m'enfuirai pas comme ça. Je t'aime, j'te dis. Je t'aime.
Le temps se suspend. Le téléphone de Deirdre sonne. May se lève et sort en courant.
Hésitation de Deirdre – c'est la sonnerie associée à sa mère, pourquoi elle l'appellerait ? Elle regarde son téléphone, voit qu'elle a un message – RENTRE À LA MAISON – claque le téléphone, retire la batterie, sort.
Dehors, May est sur un pas de porte, la tête entre les jambes, pleurant doucement. Je vais pas partir, May, je t'aime. Moi je... je tiens à toi mais je vais te casser, te... Deirdre embrasse May. Les corps prennent le relais des mots.
May ne regarde son téléphone qu'au quatrième message. Tous de Pamela. Qu'est-ce qu'elle te veut ? Ta mère s'inquiète, elle a demandé à Pam où on était.
Deirdre rallume son téléphone, regarde ses messages défiler. Téléphone à sa mère, qui hurle de rentrer tout de suite.
- Waouh, qu'est-ce que t'as ?
- T'es partie d'un cours ? Mais qu'est-ce que t'as dans la tête ?
- Putain, t'es chiante !
Coupe. Trop de... May veut l'enlacer, Deirdre la repousse légèrement. Putain, elle fait chier ! Faut qu'je rentre.
En partant, elle envoie un SMS à sa mère - je rentre - May va prendre le bus de son côté...
Les lumières de la salle sont crues. Tout est blanc. Froid. Beau.
Marie rouvre les yeux un bon coup. Le moniteur fait un bond, le pouls était sur le point de disparaître et revient brusquement à la normale. Elle se détache, se relève. Qu'est-ce que... un médecin entre. Ah, vous êtes réveillée. Vos parents attendent dans la salle d'à côté. Mes parents ?
Elle ne voit pas de sac, pourtant. Demande. Ah non, vous n'aviez pas de sac sur vous.
En lui sautant dessus, un coin de son esprit se demande comment ça se fait qu'ils aient pu appeler ses parents, alors. Elle a si soif. Ce sang est si bon. Tant pis si il doit y laisser la vie, elle passe d'abord. Désolé. Du corps pâle du médecin elle tire un mouchoir en tissu brodé, s'essuie la bouche avec , sort de la salle. Ça va mieux.
Tim se relève, la tête encore lourde. Ce son... téléphone. Papa. Allo ? T'es où ? Je... j'arrive. Pourquoi ? On a reçu un appel d'un urgentiste, un corps est arrivé à l'hôpital avec des marques au cou. T'es pas avec Marie ? Non, je... Attends, je l'appelle.
Marie est sur répondeur. Tim lui laisse un message – rappelle-moi s'il te plait, c'est urgent. Mais pourquoi est-ce que je merde autant ces jours-ci ?
Deirdre pousse doucement la porte de chez elle. Tout espoir s'évapore quand elle voit sa mère à table, un verre de vin à la main, une bouteille presque vide devant elle. Qu'est-ce qui se passe avec toi ? Comment je suis censé faire, hein ? Si je dois me soucier de toi, en plus de devoir gagner de l'argent pour
- Ah bon ? T'en as quelque chose à faire maintenant ? Et l'argent, c'est vraiment toi qui le gagnes ou tu vis de ce que Papa t'a laissé ?
- Comment oses-tu ? Tu es privée de sortie pendant une semaine, Deirdre.
- Quoi ? Comment moi j'ose ? On dit rien dans cette famille ! J'avais des amis, j'étais bien, j'avais tout et vous avez tout foutu par terre ! Et sans un mot, sans un mot !
- Et quoi ? T'aurais voulu qu'on te dise quoi ?
- La vérité !
- Ok, la voilà la vérité. Ton père était un terroriste. Oui, il était dans l'Armée Républicaine, d'accord ? Il est rentré un jour, alors que t'étais toute petite, en sang. Et à partir de là, il a économisé assez que pour qu'on parte tous les trois. Sauf qu'un jour, j'ai trouvé une enveloppe au salon avec des billets pour nous deux et des... indications. Voilà. T'es contente ? J'en sais autant que toi !
Silence. Blanc. Course dans la chambre. Avant que les pleurs n'éclatent. Avant de s'écrouler. Plus rien ne tient bon de toute façon.
Marie est rentrée chez elle, avec ses parents si inquiets, n'osant parler de ses habits, de la ruelle où on l'a retrouvée. Les questions tournent dans la voiture mais aucun mot n'est prononcé jusqu'à revenir à la maison, où tous se mettent au salon, sauf le père qui va à la cuisine, prend une bouteille, un verre, et boit.
- Papa, faut que j'aille à l'école, demain. Les médecins m'ont recommandé un jour de repos mais ils n'en savent rien. Je veux y aller. D'accord Papa ? Tu dois pas t'inquiéter, Papa, c'est rien, vraiment. Et puis après ce que j'ai vécu il y a un mois... Il peut plus m'arriver grand-chose maintenant, hein ?
En finissant son troisième verre, le père accepte. Au quatrième, Marie est déjà montée se coucher, un sourire aux lèvres.
Mardi matin
Avant de partir à l'école, Tim s'excuse auprès de son père et sa tante – il va voir si Marie est à l'école, la coller si c'est le cas, sinon aller la chercher où qu'elle soit. Qu'ils ne s'inquiètent pas, il se refera...
Le père de May est cerné, au matin, avale son café d'une gorgée brûlante. Ça va Papa ? Je ne dors pas bien, pour le moment. Tu pourrais... tu pourrais au moins prévenir, chérie. Quand tu rentres tard. D'accord ?
- Je te le promets, Papa !
Deirdre s'est levée à 7h, ce matin. Depuis 6h30 elle entend, plus bas, sa mère qui travaille, se jure de ne pas se lever, attend qu'elle crie que Pamela est là pour l'école et file avec un au revoir envoyé sans y faire attention.
- Je suis tellement désolée pour hier ! Je te promets, je t'aiderai à faire ton travail. Et Jerry m'a promis d'aider aussi. Cool, non ? Ça va, t'as l'air ailleurs... C'est le prince charmant, hein ?
Non, pas exactement le prince, non. C'est... Me juge pas, s'il te plait. C'est May. Je l'ai vue hier et... j'espère que ça ira parce que... Tu veux pas me rendre un service ? Oui bien sûr, quoi ? Se renseigner pour savoir si May couche pas avec d'autres gens ? Je verrai ce que je peux faire, Deirdre, mais... enfin c'est pas avec eux que je traine, tu sais. Mais je verrai, promis !
A l'école, Tim attend Marie qui arrive dans le break familial, l'air apaisé.
Ça va ? Bah oui, j'ai juste plus de téléphone, mais
- Je suis désolé, j'ai fait une grosse erreur hier, je ne t'ai pas suivie après les cours. Je ne sais pas si tu sais, un élève est arrivé aux urgences, blessé, presque mort. Faut faire gaffe, il est de retour.
- Mas c'est de ça que j'te parle Tim ! Il est de retour, faut qu'on s'active ! T'as fait quoi pendant un mois ? Bah je... Tim, soit tu sors un plan, soit je vais aller au Hangar 13 toute seule, ok ? Je te colle aujourd'hui, hein ! Comme tu veux, Tim... tant que c'est pas de trop près.
Dany passe, Marie l'intercepte. Ça va, Dany ? T'es sûr, t'as une petite mine... Ah, tu veux pas en parler ? Bon. Bonne journée, tu te laisses pas abattre ! Et tu peux m'en parler si tu veux !
Tout le monde ou presque est en classe quand la porte s'ouvre sur une May des grands jours : bottes hautes à boucles métalliques, short moulant, top noir marqué d'un "DROP DEAD" couleur os, maquillage de soirée, le tout surmonté d’un bonnet noir d'où dégouline un WITCH qui arrache un éclat de rire à Tim.
Dany la voit, une seconde, s'en arrache. Aussi facilement que ça.
Deirdre se sent fondre sur sa chaise, lance à May un regard qu'elle soutient d'une drôle de manière.
James sourit en la voyant passer. Le parfum qui l'atteint finit l'œuvre, du reste. Aussi simplement que ça : il la veut.
La classe commence. Jerry a quitté sa place, s'est mis à côté de Pam. June est passée à côté de Tim. Les chaises tournent.
Entre deux cours, Deirdre fouille dans la trousse de Tim, laissée quelques secondes sans surveillance. Sort un vieux bic vide et mâchonné. Se dit que ça devrait le faire...
Entre deux cours, May demande à James si ça a été pour ramener Dany, hier ? Dommage que tu payes toujours les pots cassés, hein ? Lui sourit, lui rappelle sa promesse, qu'elle nie avec emphase.
- On va boire un verre tantôt ?
- Avec les autres, ouais !
- Non non, à deux. Oublie pas que tu m'en dois une...
Elle tente d'esquiver, sent bien que ça coince – tu vois comment ça a fini avec Dany hier, t'es sûr de vouloir tenter l'expérience ? –, part en laissant la promesse en suspens.
Entre deux cours, Deirdre trouve Tim, lui demande ce qu'il lui voulait hier ? Oh, rien, te proposer mon aide pour ton travail !
Sur le coup, ça la touche, Deirdre, aussi facilement que ça. Alors elle dit c'est un plan foireux pour me draguer ?
- Nan !
- Je blague.
Dans le moment qui retient son souffle, ils se regardent une demi-seconde de trop. Ils sourient. Merci, Tim. Ça fait du bien que tu sois là. Vraiment.
En partant, elle ne sait pas trop pourquoi, elle lui touche l'épaule. S'en va. Lui se retourne à moitié pour la voir s'éloigner, s'enroule les cheveux du doigt. Oublie qu'il n'a plus de cheveux à enrouler depuis un mois.
Puis se secoue, appelle sa tante, ça va il tient Marie à l'œil maintenant, tout va bien, elle ne peut pas – il y a eu plusieurs agressions inexpliquées, hier, Tim. Un médecin est mort. Il avait des traces au cou. Alors je vais être claire, Tim : fous-lui la pression, fais ce que tu veux, il FAUT savoir ce qu'elle a fait après les cours, d'accord ?
- Et Ash ?
- Ash n'est pas en état de parler ni rien. Il n'a pas repris connaissance depuis son arrivée à l'hôpital, on espère qu'il n'ait pas de dégâts sévères.
- Bon, j'irai le voir...
- Amène Marie avec, alors !
Entre deux cours, Marie va voir Dany – il s'est passé quoi, hier, t'as vraiment pas l'air bien.
- Bof, elle m'a fait comprendre que ça n'allait pas le faire.
Pauvre Dany... Tu sais ce dont elle aurait vraiment besoin, May ? Qu'on lui montre qu'elle ne peut pas faire ça. Qu'elle ne peut pas s'en sortir si facilement après tout ça. Hein ? Puis ça te fera du bien, tu verras. Fais-moi confiance.
Dany marche. Marie s'éloigne.
A la pause midi, Deirdre fait la file pour son repas du jour. SMS de May, qui l'a évitée toute la matinée. "Qu'est-ce qui est brun, vert, beige, rouge, rose, blanc, brun, brun, vert, beige, rouge, rose, blanc, brun et qui est à 100 mètres de haut ?"
"Un truc qui m'prend vachement la tête ?"
"Deux sandwichs sur un toit."
"OK, y'a de la file, j'arrive."
"Ils y sont déjà, blondasse."
Sourire, rouge aux joues, accélération de la respiration. Elle est en haut, pousse la porte marquée STAFF ONLY, inspire un grand coup. May est là. Avec deux sandwichs. C'est pas juste, être retournée comme ça, juste par la vue d'elle qui lui tend un morceau de pain. Pas juste du tout.
Elles discutent, de tout et de rien.
- Oh, j'oubliais. J'ai un cadeau pour toi. Tiens, ça devrait aller, non, c'est à Tim ?
Eclair dans les yeux de May, qui range le bic dans une pochette plastique avec fermeture hermétique, écrit "Tim" au stylo dessus, range la pochette au milieu d'autres pochettes, ferme le sac, sourit. Merci. Silence. Deirdre, j'ai mal dormi cette nuit. J'arrêtais pas de penser à à hier et je
- Moi je veux qu'on sorte ensemble. J'en peux plus de me cacher. Tes doigts me brûlent quand ils me touchent, ton regard me fait fondre, je peux pas faire comme ça comme si c'est trop c'est
- Attends. Moi je préfère qu'on reste comme ça. Je peux pas, sinon, je. On reste des potes aux yeux des gens, c'est plus simple. Pour le moment, en tout cas. Laisse-moi y aller petit à petit, étape par étape. On verra pour... plus tard ?
Une lance de feu transperce le cœur de Deirdre. Elle se l'est jurée en mettant les pieds sur ce toit, elle ne pleurera pas. Quoi que ce soit que dise May, c'est forcément la bonne décision. Tout ce qui la fait rester un peu plus longtemps à portée de baiser, de toucher, est la bonne décision. Elle murmure d'accord, May sourit. Il est grand temps pour Deirdre de prendre un cours particulier de biologie appliquée, elle fait des progrès mais peut encore mieux faire, non ?
Dans la cafétéria, Tim aborde Marie avec sa simplicité habituelle. Il faudrait que tu viennes à la bibliothèque tantôt, on va aider Deirdre à faire son travail pour Cunningham.
- Euh, je crois pas non.
- Mais... Et puis tu sais bien, c'est pour rester proches, ...
- Non, Tim, je n'ai pas besoin de ta protection. J'ai passé un mois enfermée, le dernier endroit où j'ai envie de me retrouver, c'est dans une putain de bibliothèque. Et remballe tes yeux de chien battu, tu convaincs personne. Par contre, si t'as envie d'aller patrouiller les rues, comme t'es censé le faire pour nous protéger, nous les pauvres innocents, t'es le bienvenu, d'accord ?
Après l'amour, alors qu'elle descend l'escalier la ramenant du 7ème ciel au monde des hommes, Deirdre reçoit un SMS de sa maman "Ma chérie je suis vraiment désolée pour hier je suis prête à discuter ce soir de tu-sais-quoi je t'aime". Elle sourit, l'appelle. D'accord, Maman, merci. Désolée pour hier soir et pour ce matin, Maman, c'était idiot de ma part de ne pas t'aider. Après les cours je vais à la bibliothèque pour un travail de groupe à rendre pour la semaine prochaine en histoire. Oui, sur la caricature. Tu pourras demander à Pamela, elle vient avec et tu as son numéro, d'accord ? Et après on pourra discuter si tu veux bien ? Moi je veux oui. Merci Maman. Je t'aime, Maman."
Pour ce coup de fil, Deirdre est allée dans les toilettes. Elle se regarde dans le miroir. Tout tourne tellement, ces jours-ci. Tout va si vite... Elle se passe de l'eau sur le visage. Le temps est si bon dans l'eau. Elle devrait aller se baigner dans l'océan, bientôt. Ce serait bien.
Hors de la toilette, May lui sourit doucement. Tu sais, si t'as besoin de quoi que ce soit, que t'as le moindre problème... Je suis là.
Moi aussi, May. Moi aussi.
– A suivre –
Dans sa chambre, Marie est face au miroir. Elle est calme, plus sure d'elle qu'elle ne l'a été depuis longtemps. Elle ouvre l'armoire. Regarde ses tenues. Soupire.
On attrape pas les mouches avec du vinaigre, ma pauvre fille... Il est l'heure de faire les boutiques.
Dehors, il est 21h. Il possède un autre temps, ce monde qui ne lui correspond plus. Elle avance, s'enfonce dans des coins où elle n'aurait jamais mis les pieds jusqu'à ce soir. Ce soir, tout change, tout bascule à l'endroit, enfin.
Enfin une boutique où quelque chose lui plait et qui a eu le bon goût de ne pas abattre de rideau de fer sur sa vitrine. Quelques secondes plus tard, le fracas du verre enchaine sur la poubelle retombant dans le magasin et les sirènes qui hurlent. Elle met un pied sur le bas du muret, racle les débris, entre. Faudrait pas se blesser...
Elle prend ce qui lui plait, va en cabine, en sort... enfin elle-même. La peau qui se montre, les formes qui se dévoilent, les chaussures qui montent, l'enserrent, tout la souligne, la contient, la propulse. Une onde bouge en elle, tout parait si simple... C'est donc ça, ce qu'elle a fui pendant un mois ?
Elle repère un sac, une veste, parfaits pour compléter sa tenue. Noire relevée de rouge. Décolleté, court, féminin. Une fille bien est entrée dans cette boutique. Une beauté fatale en ressort, part d'un pas assuré malgré les sirènes qui se rapprochent. Elle n'a pas peur quand le policier lui crie de s'arrêter. Elle n'a pas peur quand un coup de semonce est tiré et qu'elle tourne dans une ruelle. N'a pas peur quand elle se met à courir – elle court par jeu, semer la police est un jeu d'enfant, c'est mieux que dans les films, c'est elle l'héroïne !
Sur la plage, le temps s'allonge. Deirdre et Dany discutent tandis que May termine ses négociations avec James. Alors, ce rendez-vous ? Bah, bien à un moment...
May rejoint, Deirdre est contente de lui passer le joint – elle en a préservé Dany mais sent sa tête qui tourne, faut lui apprendre à mieux doser... Alors ton Skype ? Bien, bien. Un ange passe.
Un moteur s'arrête, tous regardent James qui descend de la Camaro paternelle, recommandations de May – attention il a pas mal fumé –, chancèlement de Dany – j'ai pas besoin de bagnole, je peux marcher –, Deirdre dans un coin, mal à l'aise. Répond à peine au salut de James, fait quelques pas. Qu'est-ce qu'elle fout là ?
La voiture s'éloigne, le splif passe, toute gêne s'envole. Tout est si bien quand May est là. Tout est si simple avec Deirdre. Elles vont s'embrasser quand... un regard. Depuis le phare. En même temps, elles l'ont senti, ce frisson le long de la colonne vertébrale, cette sueur froide. Et Cunningham ? Bah viens.
Arrivées devant le phare, May pousse naturellement la porte... qui ne s'ouvre pas. Elle toque. Euh, il est pas abandonné ce phare ? Nan, je... Ah, tu connais aussi l'habitante des lieux ?
A ce moment, Marina se matérialise devant elles. Oui ?
- Laisse-moi entrer !
- Bah faut savoir, tu m'as dit de ne laisser entrer personne, alors...
- Oui mais quand ils sont avec moi, ça va, qu'est-ce que tu crois ?
- Ah, pardon, tu avais été spécifique vis-à-vis de la rousse alors...
- Pardon ?
Oh l'écoute pas elle dirait n'importe quoi pour qu'on s'occupe d'elle, tu viens ?
La porte s'est ouverte, May prend les devants - mon sanctuaire est là-haut, viens j'te dis !
Deirdre est restée derrière, appelle doucement Marina qui disparaît mais lui répond. T'es où ? Bah là-haut, avec May... et ici, avec toi. Et...
- Tu peux... si je parle à la brique, là, t'entends ?
- Oui, bien sûr.
Un léger rire résonne. Deirdre a l'horrible impression de plonger dans un bain trop profond pour elle, mais quand il faut y aller... Je suis désolée, je comptais venir mais on a eu beaucoup de travail, et...
- Oui bien sûr.
- Non mais vraiment. Comment je peux t'aider à trouver le repos ?
- Qui dit que je le veux ?
- Bah, je... c'est c'que vous voulez, non ?
Non, ce qu'elle veut Marina, c'est du pouvoir, de l'emprise, de la force. Elle veut que Deirdre lui apprenne l'histoire des gens qui viennent ici, du grand chevelu, de celle avec ses yeux bizarres et de vous deux ! J'ai quoi en échange ? Bah ce que tu veux... ma protection. Des réponses, si tu veux. Sur ton père, par exemple.
- Bah tu fous quoi, viens !
- Non, May, je... on peut sortir ?
May sent que quelque chose lui échappe, la voix de Deirdre est trop blanche, son visage trop pâle, bien sûr viens on va plutôt aller dans un bar boire une pinte, ça te va ?
La porte est bloquée, encore. Marina accepte de la rouvrir en souriant. May peste à l’encontre du fantôme et fulmine. Deirdre court presque en sortant.
Marie remonte la ruelle sombre. Elle ne connait pas le coin et est ravie de découvrir de nouvelles parties de la ville, surtout de nouvelles personnes, comme ces trois mecs qui... vous voulez quoi ? De la drogue, ton fric pour la choper. Fissa si tu veux pas de bobo.
Elle sourit quand il la frappe au visage. Tombe. Compte. 1. 2. 3. Biiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiip.
- Putain, tu l'as tuée, t'es con !
- Mais non, elle saigne pas, viens on la
- Ta gueule, tu l'as buté enculé ! Vas-y prends son sac, on s'barre !
Dans le petit bar en sous-sol, il n'y a presque personne. May et Deirdre se sont trouvées une table, des pintes. May se détend, se laisse embrasser. Deirdre se love, n'arrive pas à apprécier le moment. Elle se demande, pense presque à voix haute
- On est quoi pour toi ?
- Bah des potes.
- Et Dany, c'est quoi ?
- Pff, Dany c'est qu'une limace. Il m’avait fait promettre un date, je lui ai donné un date, voilà.
- Et si c'était pas une limace, tu coucherais avec ?
- Je sais pas, c'est pas trop mon type... T'es jalouse ?
Deirdre inspire, braque son regard dans celui de May qui comprend fuit elle la ramène d'une main je t'aime. May, regarde-moi. Je. T'aime.
Le regard se brouille, craque presque. Mais...
- Mais rien. Je veux qu'on soit ensemble, qu'on soit...
- Exclusives ?
- Notamment...
- Tu sais, je fais pas trop confiance aux filles ; c’est des garces, elles te laissent tomber à la première occasion, sans un regard en arrière. Je préfère les mecs, ils sont plus...
- Qu'est-ce que tu m'dis là, May ? Je m'enfuirai pas comme ça. Je t'aime, j'te dis. Je t'aime.
Le temps se suspend. Le téléphone de Deirdre sonne. May se lève et sort en courant.
Hésitation de Deirdre – c'est la sonnerie associée à sa mère, pourquoi elle l'appellerait ? Elle regarde son téléphone, voit qu'elle a un message – RENTRE À LA MAISON – claque le téléphone, retire la batterie, sort.
Dehors, May est sur un pas de porte, la tête entre les jambes, pleurant doucement. Je vais pas partir, May, je t'aime. Moi je... je tiens à toi mais je vais te casser, te... Deirdre embrasse May. Les corps prennent le relais des mots.
May ne regarde son téléphone qu'au quatrième message. Tous de Pamela. Qu'est-ce qu'elle te veut ? Ta mère s'inquiète, elle a demandé à Pam où on était.
Deirdre rallume son téléphone, regarde ses messages défiler. Téléphone à sa mère, qui hurle de rentrer tout de suite.
- Waouh, qu'est-ce que t'as ?
- T'es partie d'un cours ? Mais qu'est-ce que t'as dans la tête ?
- Putain, t'es chiante !
Coupe. Trop de... May veut l'enlacer, Deirdre la repousse légèrement. Putain, elle fait chier ! Faut qu'je rentre.
En partant, elle envoie un SMS à sa mère - je rentre - May va prendre le bus de son côté...
Les lumières de la salle sont crues. Tout est blanc. Froid. Beau.
Marie rouvre les yeux un bon coup. Le moniteur fait un bond, le pouls était sur le point de disparaître et revient brusquement à la normale. Elle se détache, se relève. Qu'est-ce que... un médecin entre. Ah, vous êtes réveillée. Vos parents attendent dans la salle d'à côté. Mes parents ?
Elle ne voit pas de sac, pourtant. Demande. Ah non, vous n'aviez pas de sac sur vous.
En lui sautant dessus, un coin de son esprit se demande comment ça se fait qu'ils aient pu appeler ses parents, alors. Elle a si soif. Ce sang est si bon. Tant pis si il doit y laisser la vie, elle passe d'abord. Désolé. Du corps pâle du médecin elle tire un mouchoir en tissu brodé, s'essuie la bouche avec , sort de la salle. Ça va mieux.
Tim se relève, la tête encore lourde. Ce son... téléphone. Papa. Allo ? T'es où ? Je... j'arrive. Pourquoi ? On a reçu un appel d'un urgentiste, un corps est arrivé à l'hôpital avec des marques au cou. T'es pas avec Marie ? Non, je... Attends, je l'appelle.
Marie est sur répondeur. Tim lui laisse un message – rappelle-moi s'il te plait, c'est urgent. Mais pourquoi est-ce que je merde autant ces jours-ci ?
Deirdre pousse doucement la porte de chez elle. Tout espoir s'évapore quand elle voit sa mère à table, un verre de vin à la main, une bouteille presque vide devant elle. Qu'est-ce qui se passe avec toi ? Comment je suis censé faire, hein ? Si je dois me soucier de toi, en plus de devoir gagner de l'argent pour
- Ah bon ? T'en as quelque chose à faire maintenant ? Et l'argent, c'est vraiment toi qui le gagnes ou tu vis de ce que Papa t'a laissé ?
- Comment oses-tu ? Tu es privée de sortie pendant une semaine, Deirdre.
- Quoi ? Comment moi j'ose ? On dit rien dans cette famille ! J'avais des amis, j'étais bien, j'avais tout et vous avez tout foutu par terre ! Et sans un mot, sans un mot !
- Et quoi ? T'aurais voulu qu'on te dise quoi ?
- La vérité !
- Ok, la voilà la vérité. Ton père était un terroriste. Oui, il était dans l'Armée Républicaine, d'accord ? Il est rentré un jour, alors que t'étais toute petite, en sang. Et à partir de là, il a économisé assez que pour qu'on parte tous les trois. Sauf qu'un jour, j'ai trouvé une enveloppe au salon avec des billets pour nous deux et des... indications. Voilà. T'es contente ? J'en sais autant que toi !
Silence. Blanc. Course dans la chambre. Avant que les pleurs n'éclatent. Avant de s'écrouler. Plus rien ne tient bon de toute façon.
Marie est rentrée chez elle, avec ses parents si inquiets, n'osant parler de ses habits, de la ruelle où on l'a retrouvée. Les questions tournent dans la voiture mais aucun mot n'est prononcé jusqu'à revenir à la maison, où tous se mettent au salon, sauf le père qui va à la cuisine, prend une bouteille, un verre, et boit.
- Papa, faut que j'aille à l'école, demain. Les médecins m'ont recommandé un jour de repos mais ils n'en savent rien. Je veux y aller. D'accord Papa ? Tu dois pas t'inquiéter, Papa, c'est rien, vraiment. Et puis après ce que j'ai vécu il y a un mois... Il peut plus m'arriver grand-chose maintenant, hein ?
En finissant son troisième verre, le père accepte. Au quatrième, Marie est déjà montée se coucher, un sourire aux lèvres.
Mardi matin
Avant de partir à l'école, Tim s'excuse auprès de son père et sa tante – il va voir si Marie est à l'école, la coller si c'est le cas, sinon aller la chercher où qu'elle soit. Qu'ils ne s'inquiètent pas, il se refera...
Le père de May est cerné, au matin, avale son café d'une gorgée brûlante. Ça va Papa ? Je ne dors pas bien, pour le moment. Tu pourrais... tu pourrais au moins prévenir, chérie. Quand tu rentres tard. D'accord ?
- Je te le promets, Papa !
Deirdre s'est levée à 7h, ce matin. Depuis 6h30 elle entend, plus bas, sa mère qui travaille, se jure de ne pas se lever, attend qu'elle crie que Pamela est là pour l'école et file avec un au revoir envoyé sans y faire attention.
- Je suis tellement désolée pour hier ! Je te promets, je t'aiderai à faire ton travail. Et Jerry m'a promis d'aider aussi. Cool, non ? Ça va, t'as l'air ailleurs... C'est le prince charmant, hein ?
Non, pas exactement le prince, non. C'est... Me juge pas, s'il te plait. C'est May. Je l'ai vue hier et... j'espère que ça ira parce que... Tu veux pas me rendre un service ? Oui bien sûr, quoi ? Se renseigner pour savoir si May couche pas avec d'autres gens ? Je verrai ce que je peux faire, Deirdre, mais... enfin c'est pas avec eux que je traine, tu sais. Mais je verrai, promis !
A l'école, Tim attend Marie qui arrive dans le break familial, l'air apaisé.
Ça va ? Bah oui, j'ai juste plus de téléphone, mais
- Je suis désolé, j'ai fait une grosse erreur hier, je ne t'ai pas suivie après les cours. Je ne sais pas si tu sais, un élève est arrivé aux urgences, blessé, presque mort. Faut faire gaffe, il est de retour.
- Mas c'est de ça que j'te parle Tim ! Il est de retour, faut qu'on s'active ! T'as fait quoi pendant un mois ? Bah je... Tim, soit tu sors un plan, soit je vais aller au Hangar 13 toute seule, ok ? Je te colle aujourd'hui, hein ! Comme tu veux, Tim... tant que c'est pas de trop près.
Dany passe, Marie l'intercepte. Ça va, Dany ? T'es sûr, t'as une petite mine... Ah, tu veux pas en parler ? Bon. Bonne journée, tu te laisses pas abattre ! Et tu peux m'en parler si tu veux !
Tout le monde ou presque est en classe quand la porte s'ouvre sur une May des grands jours : bottes hautes à boucles métalliques, short moulant, top noir marqué d'un "DROP DEAD" couleur os, maquillage de soirée, le tout surmonté d’un bonnet noir d'où dégouline un WITCH qui arrache un éclat de rire à Tim.
Dany la voit, une seconde, s'en arrache. Aussi facilement que ça.
Deirdre se sent fondre sur sa chaise, lance à May un regard qu'elle soutient d'une drôle de manière.
James sourit en la voyant passer. Le parfum qui l'atteint finit l'œuvre, du reste. Aussi simplement que ça : il la veut.
La classe commence. Jerry a quitté sa place, s'est mis à côté de Pam. June est passée à côté de Tim. Les chaises tournent.
Entre deux cours, Deirdre fouille dans la trousse de Tim, laissée quelques secondes sans surveillance. Sort un vieux bic vide et mâchonné. Se dit que ça devrait le faire...
Entre deux cours, May demande à James si ça a été pour ramener Dany, hier ? Dommage que tu payes toujours les pots cassés, hein ? Lui sourit, lui rappelle sa promesse, qu'elle nie avec emphase.
- On va boire un verre tantôt ?
- Avec les autres, ouais !
- Non non, à deux. Oublie pas que tu m'en dois une...
Elle tente d'esquiver, sent bien que ça coince – tu vois comment ça a fini avec Dany hier, t'es sûr de vouloir tenter l'expérience ? –, part en laissant la promesse en suspens.
Entre deux cours, Deirdre trouve Tim, lui demande ce qu'il lui voulait hier ? Oh, rien, te proposer mon aide pour ton travail !
Sur le coup, ça la touche, Deirdre, aussi facilement que ça. Alors elle dit c'est un plan foireux pour me draguer ?
- Nan !
- Je blague.
Dans le moment qui retient son souffle, ils se regardent une demi-seconde de trop. Ils sourient. Merci, Tim. Ça fait du bien que tu sois là. Vraiment.
En partant, elle ne sait pas trop pourquoi, elle lui touche l'épaule. S'en va. Lui se retourne à moitié pour la voir s'éloigner, s'enroule les cheveux du doigt. Oublie qu'il n'a plus de cheveux à enrouler depuis un mois.
Puis se secoue, appelle sa tante, ça va il tient Marie à l'œil maintenant, tout va bien, elle ne peut pas – il y a eu plusieurs agressions inexpliquées, hier, Tim. Un médecin est mort. Il avait des traces au cou. Alors je vais être claire, Tim : fous-lui la pression, fais ce que tu veux, il FAUT savoir ce qu'elle a fait après les cours, d'accord ?
- Et Ash ?
- Ash n'est pas en état de parler ni rien. Il n'a pas repris connaissance depuis son arrivée à l'hôpital, on espère qu'il n'ait pas de dégâts sévères.
- Bon, j'irai le voir...
- Amène Marie avec, alors !
Entre deux cours, Marie va voir Dany – il s'est passé quoi, hier, t'as vraiment pas l'air bien.
- Bof, elle m'a fait comprendre que ça n'allait pas le faire.
Pauvre Dany... Tu sais ce dont elle aurait vraiment besoin, May ? Qu'on lui montre qu'elle ne peut pas faire ça. Qu'elle ne peut pas s'en sortir si facilement après tout ça. Hein ? Puis ça te fera du bien, tu verras. Fais-moi confiance.
Dany marche. Marie s'éloigne.
A la pause midi, Deirdre fait la file pour son repas du jour. SMS de May, qui l'a évitée toute la matinée. "Qu'est-ce qui est brun, vert, beige, rouge, rose, blanc, brun, brun, vert, beige, rouge, rose, blanc, brun et qui est à 100 mètres de haut ?"
"Un truc qui m'prend vachement la tête ?"
"Deux sandwichs sur un toit."
"OK, y'a de la file, j'arrive."
"Ils y sont déjà, blondasse."
Sourire, rouge aux joues, accélération de la respiration. Elle est en haut, pousse la porte marquée STAFF ONLY, inspire un grand coup. May est là. Avec deux sandwichs. C'est pas juste, être retournée comme ça, juste par la vue d'elle qui lui tend un morceau de pain. Pas juste du tout.
Elles discutent, de tout et de rien.
- Oh, j'oubliais. J'ai un cadeau pour toi. Tiens, ça devrait aller, non, c'est à Tim ?
Eclair dans les yeux de May, qui range le bic dans une pochette plastique avec fermeture hermétique, écrit "Tim" au stylo dessus, range la pochette au milieu d'autres pochettes, ferme le sac, sourit. Merci. Silence. Deirdre, j'ai mal dormi cette nuit. J'arrêtais pas de penser à à hier et je
- Moi je veux qu'on sorte ensemble. J'en peux plus de me cacher. Tes doigts me brûlent quand ils me touchent, ton regard me fait fondre, je peux pas faire comme ça comme si c'est trop c'est
- Attends. Moi je préfère qu'on reste comme ça. Je peux pas, sinon, je. On reste des potes aux yeux des gens, c'est plus simple. Pour le moment, en tout cas. Laisse-moi y aller petit à petit, étape par étape. On verra pour... plus tard ?
Une lance de feu transperce le cœur de Deirdre. Elle se l'est jurée en mettant les pieds sur ce toit, elle ne pleurera pas. Quoi que ce soit que dise May, c'est forcément la bonne décision. Tout ce qui la fait rester un peu plus longtemps à portée de baiser, de toucher, est la bonne décision. Elle murmure d'accord, May sourit. Il est grand temps pour Deirdre de prendre un cours particulier de biologie appliquée, elle fait des progrès mais peut encore mieux faire, non ?
Dans la cafétéria, Tim aborde Marie avec sa simplicité habituelle. Il faudrait que tu viennes à la bibliothèque tantôt, on va aider Deirdre à faire son travail pour Cunningham.
- Euh, je crois pas non.
- Mais... Et puis tu sais bien, c'est pour rester proches, ...
- Non, Tim, je n'ai pas besoin de ta protection. J'ai passé un mois enfermée, le dernier endroit où j'ai envie de me retrouver, c'est dans une putain de bibliothèque. Et remballe tes yeux de chien battu, tu convaincs personne. Par contre, si t'as envie d'aller patrouiller les rues, comme t'es censé le faire pour nous protéger, nous les pauvres innocents, t'es le bienvenu, d'accord ?
Après l'amour, alors qu'elle descend l'escalier la ramenant du 7ème ciel au monde des hommes, Deirdre reçoit un SMS de sa maman "Ma chérie je suis vraiment désolée pour hier je suis prête à discuter ce soir de tu-sais-quoi je t'aime". Elle sourit, l'appelle. D'accord, Maman, merci. Désolée pour hier soir et pour ce matin, Maman, c'était idiot de ma part de ne pas t'aider. Après les cours je vais à la bibliothèque pour un travail de groupe à rendre pour la semaine prochaine en histoire. Oui, sur la caricature. Tu pourras demander à Pamela, elle vient avec et tu as son numéro, d'accord ? Et après on pourra discuter si tu veux bien ? Moi je veux oui. Merci Maman. Je t'aime, Maman."
Pour ce coup de fil, Deirdre est allée dans les toilettes. Elle se regarde dans le miroir. Tout tourne tellement, ces jours-ci. Tout va si vite... Elle se passe de l'eau sur le visage. Le temps est si bon dans l'eau. Elle devrait aller se baigner dans l'océan, bientôt. Ce serait bien.
Hors de la toilette, May lui sourit doucement. Tu sais, si t'as besoin de quoi que ce soit, que t'as le moindre problème... Je suis là.
Moi aussi, May. Moi aussi.
– A suivre –
Dernière modification par KamiSeiTo le ven. sept. 02, 2016 3:31 pm, modifié 1 fois.
Proposer un jeu qui soit au service d’une façon de jouer spécifique et, surtout sans tomber dans le piège de ne pas en permettre d’autre, néanmoins tout inféoder à cette dernière.
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Re: [CR Monsterhearts] Dans les vagues
- suite de l'épisode -
Tim, à la sortie, repère Marie qui s'éloigne l'air de rien. Attends, tu vas où? Bah chez moi. Et la bibli? Je t'ai dit que... Bon je t'accompagne chez toi alors. Juste deux secondes, le temps pour Tim d'envoyer un message à Deirdre - Je ramène Marie chez elle, je vous rejoins à la bibliothèque.
- et il doit déjà presser le pas.
- Alors, comment devient-on chasseur de vampires?
- Oh, pas que de vampire tu sais. Loup-garou, sorcière, fantôme...
Tout ça existe? Nez crochu et chapeau pointu? Pas aussi cliché que ça, mais ouais... Bon, alors disons simplement la passion de la chasse?
- On n'est pas des chasseurs dans la famille, plutôt des gardiens. On surveille que les humains comme... le reste ne fassent pas trop de dégâts.
Et sinon c'est un truc familial, chez Tim, ses ancêtres le faisaient et il perpétue la tradition. Lui il en pense rien de précis, c'est ce qu'il fait, c'est tout. Ouais, il a autre chose à faire mais la surveille elle parce que c'est une jeune vampire, les vieux savent se tenir! Et pourquoi tu laisses pas tomber tout ça pour avoir une vie normale, comme tout le monde?
- Une vie normale? Ca m'angoisse, une vie normale... Bon, voilà, t'es chez toi. A demain?
- Non, viens prendre un thé. C'est bon, Deirdre attendra. Si tu dois me coller tout le temps, autant que ma mère ne se fasse pas de souci au moins. Qu'elle te connaisse.
- Bon, vite fait.
Maman O'Reilley ouvre la porte, sourit, prend un ton élevé pour demander qui est ce beau jeune homme? Un copain de classe, ôh comme c'est charmant mais bien sûr entre. Ah oui, j'ai entendu pour cette agression, c'est bien de ta part de raccompagner Marie chez nous. On enlève ses chaussures, ici, jeune homme. Je vais ajouter une tasse à thé au goûter alors. Parfait, parfait.
Papa O'Reilly arrive, faux-col de prêtre encore mis, air sévère, verre de vin rouge à la main. Et qui est ce jeune garçon? Un ami de ta classe, hein? Très bien, très bien.
Deirdre est à la sortie, contre la marée d'élèves répandus par la sonnerie de fin de journée. Elle regarde, la voit finalement, May qui va avec James et les autres skateurs à l'écart, attend le reste du groupe pour partir. Elle sourit à James, rit d'une blague de - pas bien vu qui, sûrement Will - se retourne vers James à nouveau. Coucou!
- Oh, salut Pam. On peut y aller, Tim vient de m'envoyer un message, il nous rejoint à la bibliothèque.
Jerry fait sonner la voiture rutilante de son père, Deirdre met son sac dans le coffre, May l'interrompt - on va trainer au parc, tu viens? - non tu sais bien, je t'ai dit, je vais bosser à la bibliothèque. Puis j'suis privée de sortie, j'te rappelle.
Elle a la décence d'écarquiller les yeux et de paraitre sincèrement désolée d'avoir oublié. Puis James rappelle à May qu'ils l'attendent, elle s'en va. Se retourne pour lâcher un "à demain!" avant de prendre la canette tendue par James. Il n'en tend qu'une, de canette, seulement à elle, James.
- Ca va?
- Ouais, super. Tiens, pour ce que je t'ai demandé, tu sais pas?
- Hein? Oh, non, j'en ai discuté avec Jerry, il en sait rien.
- T'as quoi?
- Mais je t'avais dit que je verrais, je... Désolée.
- Non c'est rien. Alors, Jerry? May couche avec quelqu'un dans l'équipe de Basket?
Non, Jerry n'en sait rien. Jerry trouve bizarre, cet intérêt de Deirdre pour les coucheries de May. De l'avis de Jerry, elle est tellement proche de tellement de mecs qu'il faudrait un miracle pour qu'elle ne consomme avec personne. Mais ça, pas question de le sortir maintenant, avec Pam à côté de lui et les beaux yeux de Deirdre dans le rétro. Pas aussi beaux que ceux de Pam, note. Et ce vert océan est si joliment ordinaire. Alors que Pam... Il lui serre la main un peu plus fort, lui sourit. Voilà la bibliothèque et deux heures d'ennuis, à peine troués par des voix qui s'élèvent un peu dans l'entrée à un moment. Tim et sa tante, apparemment.
Ce que Deirdre, Jerry et Pamela n'entendent pas, c'est que Tim et sa tante parlent d'affaires très privées sur un ton très animé. Tu sais alors? Pour Marie? Bah elle s'est faite agresser et a fini à l'hosto? Et après les cours? Bon, Tim, ton père veut vraiment savoir. Le médecin retrouvé mort hier soir avait des traces et Marie était dans l'hôpital où il travaillait, à l'heure où il travaillait, dans le service où il travaillait... Ca commence à te dire quelque chose?
May, elle, est allé au parc avec ses amis, tous se serrent dans la Camaro paternelle. May distribue la parole, s'assure que tous rigolent, qu'on rit de tous avec tout le monde. Tous s'étonnent de Dany, qui prend ses aises, répond du tac au tac quand on le cherche, devient l'un des leurs, on ne peut plus le nier.
Tout va bien. Son groupe va bien, May le sent...
Marie, elle est devant son miroir, encore. Elle aime bien se regarder, elle se trouve belle. Forte. Mais ces cheveux... Elle les tire en arrière. Ce serait bien si ils étaient... plus sombres - ils passent du brun au noir - plus lisses - ils semblent s'allonger - légèrement ondulés - une boucle vient lui chatouiller la joue. Mieux!
Elle sort de sa chambre, une petite robe d'été rouge à pois blanc lui allant parfaitement. Mieux!
En descendant, elle tombe sur son père, blême à nouveau. Qu'est-ce qu'il y a Papa? C'est quoi cette lettre que tu tiens? Le prêtre de St-Joseph a envoyé quelqu'un... "Il" arrive demain après le souper, il voudra nous parler à toi et moi, en privé, de... d'incidents arrivés hier. Ca te dit quelque chose, Marie?
- Ne t'inquiète pas, Papa, c'est probablement rien.
- Je ne veux pas qu'Il entre dans notre putain de vie!
- Ton langage, Papa!
- Est-ce que je dois prévenir ta mère, Marie?
- Je ne sais pas, Papa, je ne sais pas. Je sors. A tout à l'heure!
Papa O'Reilly ne l'arrête même pas. Il est fatigué, Papa O'Reilly. Il a déjà eu plusieurs ados à la maison, mais là...
Il sait qu'il ne devrait pas, mais merde, il a besoin d'un remontant. Au deuxième verre de vin, tout lui revient. Le diagnostique premier: désolé Monsieur elle a été mordue oui mordue par un vampire Monsieur non je ne me moque pas de vous Monsieur elle va se transformer Monsieur en vampire Monsieur oui en vampire dans les deux semaines Monsieur nous ne pouvons malheureusement rien faire Monsieur tout ce qu'il reste à faire Monsieur c'est à lui dire au revoir vous avez deux semaines Monsieur oui deux semaines environ un miracle oui un miracle est toujours possible Monsieur mais en attendant préparez-vous et préparez-là Monsieur.
Clink. Blup blup blup blup.
Diagnostique deuxième: Finalement le changement n'est pas si dramatique qu'il n'y paraisse Monsieur oui c'est inespéré Monsieur inespéré vous aviez raison le miracle Monsieur oui on l'entend faire ses prières régulièrement Monsieur oui très régulièrement mais ici de vous à moi Monsieur je ferais attention Monsieur c'est quand on relâche ses gardes que le malheur frappe à la porte Monsieur je veux dire on ne sait jamais Monsieur on ne sait jamais c'est tout.
Clink. Blup blup blup blup blup blup blup.
Diagnostique troisième: les résultats sont bons Monsieur stables stables ça veut dire stables Monsieur continus sûrs depuis un mois elle ne va pas mieux Monsieur elle est stable elle ne régresse plus oui l'équilibre c'est ça Monsieur l'équilibre un travail a été fait vous savez Monsieur oui des méthodes d'ici Monsieur nous avons décidé Monsieur de la laisser à l'air libre chez vous oui chez vous oui un traitement Monsieur ceci c'est du sang Monsieur c'est du sang.
Scrtch. Gnii. Gnii. Gnii. Pop. Blup blup blup.
Information dernière: vous savez Monsieur ce genre de monstre ça ne sort pas au grand jour comme un loup Monsieur vous savez comment ils font pour attraper les loups en Europe Monsieur ils prennent une brebis jeune et vive ils l'attachent et laissent le loup venir Monsieur non je sais votre fille n'est pas une brebis Monsieur mais ne vous inquiétez pas la brebis ne se fait jamais tuer Monsieur parce qu'on prend toujours la brebis du troupeau de celui qui doit tuer le loup vous comprenez et nous ne laisserons pas une brebis de notre troupeau se faire tuer par un loup Monsieur nous la défendrons Monsieur nous tuerons le loup avant qu'il ne la dévore mais nous devons le faire sortir Monsieur nous devons le faire sortir vous comprenez Monsieur vous comprenez non Monsieur il ne faut pas avertir la brebis Monsieur quand une brebis sait qu'elle sert d'appât elle cesse de crier et le loup ne vient plus Monsieur et nous ne voudrions pas que le loup se méfie, n'est-ce pas?
Non, nous ne le voulons pas.
May passe le temps, s'amuse. Clin d'oeil de James, elle lui sourit, se lève, salue tout le monde - mais May, il est super tôt, reste! James embraye qu'il part avec, les réclamations deviennent des sifflements - amusez-vous bien!
James a tout prévu. Crystal Castles passe ce soir dans un club de la ville, ils vont les voir, ça va être énorme!
May n'a pas l'air dedans. Le son est bon, elle a des bières, et Deirdre lui colle au cerveau. Ses paroles tournent dans la tête de May qui n'arrive plus à rester dans le moment présent et à envoyer valser le reste au diable.
Va m'prendre une bière, lance-t-elle à James au premier sourire. Il s'exécute, décidé à y mettre du sien. En revenant, il lui glisse tout de même c'est à cause de moi qu'tu fais la gueule comme ça?
- Mais non, tout tourne pas autour de ta petite personne! J'ai d'autres problèmes, ok!
Comme le fait que Deirdre lui colle à la tête, qu'elle est en train de percer l'armure, de faire tout fondre, de...
- Reprends-moi un verre.
Lui fait un tour au bar -c'est comme Aby, tu baisses la garde et tu te prends une baffe qui te coupe le souffle. Pourquoi elle s'est barrée? Pourquoi pas un mot? - revient avec deux whiskys.
- Tu veux me bourrer la gueule, c'est ça?
Soupir. Va prendre une cannette de Coca. - Et quoi Deirdre? Tu vas aussi te barrer, rentrer chez toi quand je t'aurai fait une place, c'est ça? - May vide le Coca dans son whisky sans y penser. A la tête de James, il n'avait pas pris le premier prix, mais reste diplomate.
- C'est une manie, donc? Que tes rencards se passent mal? Sauf avec Franz, note, avec lui ça c'est super bien passé, hein?
- Mais non, c'est juste que j'ai des trucs en tête, ok?
Elle va à l'écart, il suit.
- C'est quoi ces soucis?
- Tu te souviens d'Aby? Abrielle? On était tellement proches, j'pensais qu'elle me disait tout, puis comme ça, évaporée. J'veux pas commettre la même erreur de nouveau.
- Quelle erreur? Tu veux que je t'aide à retrouver Abrielle?
- Mais non, elle veut pas être retrouvée et c'est très bien comme ça. Oh et puis on s'en fout... Santé!
Sms de Deirdre.
<3
PUTAIN! - Tu veux la jouer comme ça? -
- Oh, qu'est-ce qu'il y a? Si tu parlais clairement, plutôt que de péter des cables? J'suis ton ami j'te rappelle...
- Mon ami? Tu veux juste te marrer, apprécier tant que ça dure puis passer à autre chose quand y'aura plus rien à prendre. Non, c'est bon, je rentre.
- Ok, j'te raccompagne.
- Sois pas con, reste.
- J'insiste.
- Va te faire! Pourquoi on peut pas juste se marrer et plus y penser, hein? Pourquoi?
C'est la goutte d'eau. James vide son Whisky, claque son verre, se lève.
- Si tu veux quelque chose, prends-le James, ok?
Elle l'embrasse. Il s'abandonne.
Il est dix-neuf heures. Deirdre descend de la voiture sentant encore le cuir, dit au revoir à ses... copains camarades pas ses amis pas encore elle sourit à cette pensée. Soudain, une autre pensée la traverse elle est bien là ici oui si May l'aime vraiment alors elle reste. Elle est bien là. Pourquoi je pense à ça moi?
Elle monte, sent tant d'odeurs familières en même temps que les larmes lui montent aux yeux avant de pousser la porte. Puis la musique lui vient, sa musique, celle de son île, celle de la bruyère, des montagnes à nu, de la pluie et de l'océan.
Elle pousse doucement la porte de chez elle.
Sa mère lui sourit, devant un repas de chez elles.
- Ba mhaith leat chun ceisteanna a chur anois ? Tu veux me poser tes questions maintenant?
- A béile maith ar dtús, Mam. Un bon repas d'abord, Maman.
Marie s'est acheté un nouveau téléphone, ce soir. Bien trop de gens savent bien trop de choses. Elle demande à Tim si ils peuvent se retrouver, lui accepte, disons au phare à 19h d'accord?
Tim doit d'abord passer sur son père, son énervement - à quoi sert cet entrainement auquel tu te donnes? Tu ne sais toujours rien d'elle et j'ai bien plus que des doutes, mon fils. Si demain, avant la fin des cours, tu ne l'as pas faite parler, je viendrai, fils. Je ferai le travail correctement. Quant à toi, tu auras le double d'entrainement et je superviserai le tout personnellement. C'est bien beau de courir, t'entrainer à la dague et au fusil, mais si tu ne sais rien mettre en application tu n'es rien, tu comprends? Ce n'est pas un jeu, Tim.
Avant de partir retrouver Marie, Tim cache une dague en argent dans ses vêtements. Juste au cas où...
Il se retrouvent au phare, à l'heure convenue. Mais ils sont trois à ce rendez-vous, Marie et Tim le sentent tout de suite.
- Allons plus loin, le fantôme nous observe...
- Le fantôme? C'est vraiment hanté alors? Tim?
- Bah oui. Bon, écoute Marie, c'est trop là. Un médecin agressé dans la chambre où tu te trouvais, ça fait bien plus qu'une coïncidence.
- T'as aucune preuve. Puis tu vas faire quoi, maintenant?
- Je ne suis pas fixé sur ce point... Mais il faut que tu te calmes. Je n'ai plus que demain pour m'occuper de toi, sinon mon père
- T'occuper de moi? Tu veux dire?
- Que tu ne fasses plus de mal. Pas te mettre en pièces.
- Et toi, qu'est-ce que tu penses? C'est quoi ton avis à toi, Tim?
- Moi je veux t'aider en allant m'occuper de ce vampire. Nous en occuper. Et j'ai une idée pour le trouver...
Ils sont partis alors. Jusqu'à l'école, jusqu'au gymnase un peu à l'écart, jusqu'à cette ruelle sombre que prennent parfois des étudiants pour sortir plus vite du campus. Tim est devant, éclairant les lieux de sa lampe torche. Marie est derrière, traversée maintenant par des flashs. Elle devient Lui et Tim devient elle, la fragile victime. Ce ne sont que des instants pour le moment mais ça s'intensifie en y retournant.
- Quelque chose te revient?
- Oui, mais si tu veux jouer la suite, pas sûr que ça te plaise...
- Pas sûr non plus que ça lui plaira.
Qui est cette voix dans l'ombre? Tim éclaire un visage jeune, beau, les cheveux bruns comme une crinière, les habits noirs, veste longue pantalon chaussures, la clope au bec, l'assurance émanant de chaque parcelle de lui. Vous êtes qui?
- Parait que vous nous cherchez... C'est une mauvaise idée, le Hangar 13, on ne traine plus là-bas depuis un moment.
- Vous nous surveillez?
- Ca fait un certain temps, oui. Le problème, c'est lui. Toi, tu dois juste apprendre à maitriser tes pouvoirs par toi-même, dans la nature, comme une grande. J'suis désolé pour ton pote, il avait l'air de bien t'aimer mais après ce que tu lui as fait... Tu veux Le rencontrer?
- Oui, avoir des moments intimes et ne plus se rappeler avec qui, c'est ennuyant.
- Très bien, mais ne tente rien, il est trop fort pour toi. Eh, le chasseur? Tu pourras dire à ton père qu'il n'y a pas qu'un vampire en ville. Maintenant casse-toi.
- On pourrait tenter un rapprochement, non?
- Vous ne serez pas d'accord avec nos méthodes. Marie a été choisie pour entrer dans le groupe, c'est une chance. Tu viens?
- Attendez, on peut vous amener une protection contre d'autres groupes, de la nourriture facile, ...
- Non.
C'est le moment. Celui pour lequel il a été formé. Celui où tout fait sens. Tim se saisit de sa dague, plonge dans le même mouvement. Et reste en suspens, bloqué, à quelques centimètres du coeur du vampire. Qui rit. Intéressant. Première épreuve, Marie. Fais en sorte que ce guignol ne nous suive pas.
- Tim, ne viens pas.
Il part, mains dans les poches. Marie le suit. Tim, qui ne comprend pas, se remet et les suit de loin.
- Il va nous coller comme ça longtemps, ton pote? Bon, passe ton numéro, on te recontacte.
- Passe-moi le tien alors. T'as joué la carte du mystère assez longtemps, je trouve.
- Ok, tu veux pas? Tchao bon soir, Miss.
Elle le rattrape, lui donne son numéro, le voit se fondre dans les ombres du prochain croisement. Quand Tim la rejoint, c'est comme si il n'avait jamais été là.
Après le repas, le Whisky, pris côte à côté. Deirdre se souvient de toutes ces fois où elle a vu ses parents faire ça, face à l'océan.
- Uimh nuacht ón Dhaidí ? Pas de nouvelles de Papa?
- Uimh. Aucune.
Viens Maman, allons voir l'océan. Prenons la bouteille et nos pleurs et lançons-les dans les profondeurs. Là ils ne nous embarrasseront plus. Là ils laisseront nos poitrines libres du poids des remords et nous prendrons la première bouffée du reste de notre vie. Faisons une croix en attendant des nouvelles de Padraig, de Dhaidí, de l'homme que nous aimons. Vivons nos vies, Mam. Croyons en cette ville grise, froide et domptée. Croyons en cette Amérique que tant de gens chantent de par le monde. Ne pleure pas, Mam, Maman. Ne pleure pas, Deirdre, Douleur. Diras-tu encore que nous t'avons mal nommée, toi qui ne peux vivre qu'errance, bonheur fugace et tragédie? Qui sera ton Noise et qui ton Eogan? Choisiras-tu le vide ou la hache, Deirdre? Ou jetteras-tu le passé de ton nom pour te tailler un nouveau futur sur cette terre d'Amérique dont on vante tant le rêve?
Chtt, apprécions seulement la mer, le whisky et la bonne compagnie d'une mère et de sa fille enfin réunies. La nuit tombe à présent.
Chhtttt.
Ils ont dansé jusqu'au dernier carré, jusqu'à la reprise, applaudit avec les autres. Mais la nuit était encore trop jeune et May animée de trop de feu que pour aller se coucher. Ils rient, courent, crient et tendent leurs doigts aux ombres des fenêtres. Sales gosses... Ils s'embrassent, repartent, se recollent et s'éloignent à nouveau. Jusqu'à arriver au Hangar 13. Avant de partir du bar, ils ont pris de l'ecsta du bout des doigts. Avant de partir du bar, May a lancé des illusions à James. Tous lui semblent familiers, il a déjà vu ces gens qui font la file avant d'entrer dans le Hangar 13, ce mec-là ouais, ce connard c'est lui qui lui a piqué son vélo la semaine dernière, il le reconnait putain viens ici tête de cul! - ça fait marré May - L'autre se retourne, tu m'as dit quoi du gland? James va lui mettre un coup droit au nez pour éclater ce sale gros pif et... son poing reste en l'air. May comprend au moment où le poing de l'autre s'abat dans l'estomac de James et l'envoie au sol. Ca la fait toujours marrer, elle essaye mollement d'arrêter le mec qui repart en souriant vers ses potes et comme il se retourne, elle voit scintiller quelque chose dans sa main... James? James? Pourquoi tu te relèves pas? Ca va, fais pas le con, James... James! James! Putain, James! Appelez une ambulance, faites quelque chose, gros con! Va te faire, t'entends, va te faire, tu vas pas nous laisser pourrir sur le côté! Toi aussi tu vas pourrir, connard, tu m'en diras des nouvelles. Hahaha, t'as l'air bien con maintenant, hein? Tu vas appeler une ambulance maintenant hein?
Hein? Non, non je ne suis pas de sa famille mais il était avec moi oui avec moi je sais pas l'autre avait une arme un poing américain avec des lames un truc comme ça c'est sûrement pas légal putain James me laisse pas James me laisse pas James me laisse pas j'suis désolée putain j'suis désolée - SMS PAPA j'ai un problème je vais à l'hosto je vais bien j'accompagne un ami t'en fais pas - Comment ça c'est pas ma faute? Comment ça j'ai fait c'que j'devais? Comment ça s'est passé? On a bu, voilà, on a bu un peu et - quel âge j'ai? Qu'est-ce que ça peut vous foutre, Monsieur le Putain d'Agent? Ah ouais, "gros con" ça aidera pas dans ma description? Parce que c'était un connard qui a fait ça, un peu comme vous!
Papa!
Elle se rue dans les bras de son père qui tient un thermos de café malgré l'heure et puis dans une salle d'attente d'hôpital qu'est-ce qu'on vient foutre avec un thermos de café mais il est là et elle l'enlace et tout va mieux je suis là ma chérie tout va bien.
Une demi-heure passe.
James s'est réveillé vous pouvez aller le voir. Elle court dans les couloirs elle court elle s'en fout si des gens se disent cette petite est ridicule le sol pourrait être glissant y'a un panneau mais elle court sol glissant il est marqué c'est pas compliqué elle court elle pousse la porte il est là il est réveillé il a l'air - ça va?
- Ils m'ont fait une prise de sang, j'suis dans la merde grave. grave!
- Mais ça va?
- C'était bizarre, j'ai juste pas pu le frapper ce mec. Juste pas pu.
- Mais ça va?
- C'était fun!
- Tu veux ressortir?
- Oh non, j'suis foutu pour ce soir, mes parents vont venir me chercher...
- Bon, je suis quitte alors!
Il reste interdit devant ce grand sourire qu'elle lui fait. Puis ses yeux se ferment, sa tête se penche. James? James? Putain James t'es con arrête! James? Quelqu'un, à l'aide, James!!
Hahaha boom j't'ai eu! C'était bien, ce soir, non?
- Oui, c'était bien, tu m'as fait penser à autre chose...
- Moi aussi.
- Ah bon?
- Nan nan, ma fille, la suite au prochain épisode!
Au retour de la plage, il y a une lettre. Alaina reste interdite. Deirdre pousse - mais ouvre-là! Toutes les deux lisent - ça vient d'Irlande! - le message anonyme. "Tout va bien, ne vous inquiétez pas. Un ami de Padraig." Deirdre se tourne, le sourire monte mais elle attend, le soulagement se ravale dans sa gorge quand elle voit sa mère qui a l'air de... ça va maman?
Il ne répond que ça. Chaque fois, c'est ça qu'il dit. Chaque fois.
Elle pleure, Alaina. Elle se vide sur sa chérie qui ne sait par quel bout la maintenir ensemble. Puis l'idée vient, comme ça. Va le rejoindre.
- Quoi?
- Vas-y, retourne en Irlande, va le chercher ton mari!
- Mais y'a pas assez pour deux allers-retours!
- Alors vas-y, prends-toi un aller simple! Là-bas t'auras la famille, les voisins, tout le village. Tout Kingston pourra t'aider à chercher, te renseigner. Ici tu meurs à petit feu Maman, tu pourris dans ta boulangerie pourrie. Là-bas tu vis!
- Je ne peux pas te laisser...
- Si Maman, je sais me débrouiller, t'inquiète pas.
- Bon, mais alors tu me fais un rapport de l'école tous les deux jours, hein? Et tu changes ton comportement!
Pour toute réponse, Deirdre embrasse sa mère. La sert fort contre elle.
- Je vais commencer à tout préparer, alors.
Deirdre, elle, file dans sa chambre, appelle May qui ne répond pas, laisse un message "tellement de choses à te raconter! Rappelle-moi, dis-moi où te rejoindre, j'ai besoin de te parler ce soir! C'est super important, May!"
Elle hésite puis appelle Pam, qui répond, elle. Et elle lui raconte tout. Son père le héros, l'argent mis de côté en cachette, la lettre et l'avion un jour de pluie de juin, le repas, l'explication, la décision. On va faire des fêtes de dingue!!!
Elles crient de joie, à chaque bout du fil, Pam veut qu'elle vienne mais Deirdre dit que non, surtout pas, faut pas tout gâcher, faut qu'elle marque les points.
- Je viens te chercher chez toi demain?
- OK!
Sur le chemin de retour, May regarde son téléphone. Un sms et un message vocal de Deirdre. Le SMS dit tant pis, il me reste mes doigts... bonne nuit. Le message vocal est hystérique mais May n'a pas le coeur de la rappeler. Pas maintenant. Elle écrase une larme quand son père lui demande si tout va bien, répond en souriant que oui. La voiture continue de rouler.
Marie est sur un banc, éclairée par un lampadaire blafard, la tête entre les mains. Tim est à côté d'elle, l'air de ne pas savoir comment se faire assez petit que pour être oublié. Puis finit par murmurer ça va? pas trop paumée? Je sais pas, d'habitude je sais me servir d'une dague, là j'ai juste été... bloqué.
- Mange des pruneaux. Ca passera.
Tim a un rire un peu amer. S'en va.
PS: La légende de Deirdre est une des plus importantes d'Irlande. Vous la trouverez par ici.
Tim, à la sortie, repère Marie qui s'éloigne l'air de rien. Attends, tu vas où? Bah chez moi. Et la bibli? Je t'ai dit que... Bon je t'accompagne chez toi alors. Juste deux secondes, le temps pour Tim d'envoyer un message à Deirdre - Je ramène Marie chez elle, je vous rejoins à la bibliothèque.

- Alors, comment devient-on chasseur de vampires?
- Oh, pas que de vampire tu sais. Loup-garou, sorcière, fantôme...
Tout ça existe? Nez crochu et chapeau pointu? Pas aussi cliché que ça, mais ouais... Bon, alors disons simplement la passion de la chasse?
- On n'est pas des chasseurs dans la famille, plutôt des gardiens. On surveille que les humains comme... le reste ne fassent pas trop de dégâts.
Et sinon c'est un truc familial, chez Tim, ses ancêtres le faisaient et il perpétue la tradition. Lui il en pense rien de précis, c'est ce qu'il fait, c'est tout. Ouais, il a autre chose à faire mais la surveille elle parce que c'est une jeune vampire, les vieux savent se tenir! Et pourquoi tu laisses pas tomber tout ça pour avoir une vie normale, comme tout le monde?
- Une vie normale? Ca m'angoisse, une vie normale... Bon, voilà, t'es chez toi. A demain?
- Non, viens prendre un thé. C'est bon, Deirdre attendra. Si tu dois me coller tout le temps, autant que ma mère ne se fasse pas de souci au moins. Qu'elle te connaisse.
- Bon, vite fait.
Maman O'Reilley ouvre la porte, sourit, prend un ton élevé pour demander qui est ce beau jeune homme? Un copain de classe, ôh comme c'est charmant mais bien sûr entre. Ah oui, j'ai entendu pour cette agression, c'est bien de ta part de raccompagner Marie chez nous. On enlève ses chaussures, ici, jeune homme. Je vais ajouter une tasse à thé au goûter alors. Parfait, parfait.
Papa O'Reilly arrive, faux-col de prêtre encore mis, air sévère, verre de vin rouge à la main. Et qui est ce jeune garçon? Un ami de ta classe, hein? Très bien, très bien.
Deirdre est à la sortie, contre la marée d'élèves répandus par la sonnerie de fin de journée. Elle regarde, la voit finalement, May qui va avec James et les autres skateurs à l'écart, attend le reste du groupe pour partir. Elle sourit à James, rit d'une blague de - pas bien vu qui, sûrement Will - se retourne vers James à nouveau. Coucou!
- Oh, salut Pam. On peut y aller, Tim vient de m'envoyer un message, il nous rejoint à la bibliothèque.
Jerry fait sonner la voiture rutilante de son père, Deirdre met son sac dans le coffre, May l'interrompt - on va trainer au parc, tu viens? - non tu sais bien, je t'ai dit, je vais bosser à la bibliothèque. Puis j'suis privée de sortie, j'te rappelle.
Elle a la décence d'écarquiller les yeux et de paraitre sincèrement désolée d'avoir oublié. Puis James rappelle à May qu'ils l'attendent, elle s'en va. Se retourne pour lâcher un "à demain!" avant de prendre la canette tendue par James. Il n'en tend qu'une, de canette, seulement à elle, James.
- Ca va?
- Ouais, super. Tiens, pour ce que je t'ai demandé, tu sais pas?
- Hein? Oh, non, j'en ai discuté avec Jerry, il en sait rien.
- T'as quoi?
- Mais je t'avais dit que je verrais, je... Désolée.
- Non c'est rien. Alors, Jerry? May couche avec quelqu'un dans l'équipe de Basket?
Non, Jerry n'en sait rien. Jerry trouve bizarre, cet intérêt de Deirdre pour les coucheries de May. De l'avis de Jerry, elle est tellement proche de tellement de mecs qu'il faudrait un miracle pour qu'elle ne consomme avec personne. Mais ça, pas question de le sortir maintenant, avec Pam à côté de lui et les beaux yeux de Deirdre dans le rétro. Pas aussi beaux que ceux de Pam, note. Et ce vert océan est si joliment ordinaire. Alors que Pam... Il lui serre la main un peu plus fort, lui sourit. Voilà la bibliothèque et deux heures d'ennuis, à peine troués par des voix qui s'élèvent un peu dans l'entrée à un moment. Tim et sa tante, apparemment.
Ce que Deirdre, Jerry et Pamela n'entendent pas, c'est que Tim et sa tante parlent d'affaires très privées sur un ton très animé. Tu sais alors? Pour Marie? Bah elle s'est faite agresser et a fini à l'hosto? Et après les cours? Bon, Tim, ton père veut vraiment savoir. Le médecin retrouvé mort hier soir avait des traces et Marie était dans l'hôpital où il travaillait, à l'heure où il travaillait, dans le service où il travaillait... Ca commence à te dire quelque chose?
May, elle, est allé au parc avec ses amis, tous se serrent dans la Camaro paternelle. May distribue la parole, s'assure que tous rigolent, qu'on rit de tous avec tout le monde. Tous s'étonnent de Dany, qui prend ses aises, répond du tac au tac quand on le cherche, devient l'un des leurs, on ne peut plus le nier.
Tout va bien. Son groupe va bien, May le sent...
Spoiler:
Spoiler:
En descendant, elle tombe sur son père, blême à nouveau. Qu'est-ce qu'il y a Papa? C'est quoi cette lettre que tu tiens? Le prêtre de St-Joseph a envoyé quelqu'un... "Il" arrive demain après le souper, il voudra nous parler à toi et moi, en privé, de... d'incidents arrivés hier. Ca te dit quelque chose, Marie?
- Ne t'inquiète pas, Papa, c'est probablement rien.
- Je ne veux pas qu'Il entre dans notre putain de vie!
- Ton langage, Papa!
- Est-ce que je dois prévenir ta mère, Marie?
- Je ne sais pas, Papa, je ne sais pas. Je sors. A tout à l'heure!
Papa O'Reilly ne l'arrête même pas. Il est fatigué, Papa O'Reilly. Il a déjà eu plusieurs ados à la maison, mais là...
Il sait qu'il ne devrait pas, mais merde, il a besoin d'un remontant. Au deuxième verre de vin, tout lui revient. Le diagnostique premier: désolé Monsieur elle a été mordue oui mordue par un vampire Monsieur non je ne me moque pas de vous Monsieur elle va se transformer Monsieur en vampire Monsieur oui en vampire dans les deux semaines Monsieur nous ne pouvons malheureusement rien faire Monsieur tout ce qu'il reste à faire Monsieur c'est à lui dire au revoir vous avez deux semaines Monsieur oui deux semaines environ un miracle oui un miracle est toujours possible Monsieur mais en attendant préparez-vous et préparez-là Monsieur.
Clink. Blup blup blup blup.
Diagnostique deuxième: Finalement le changement n'est pas si dramatique qu'il n'y paraisse Monsieur oui c'est inespéré Monsieur inespéré vous aviez raison le miracle Monsieur oui on l'entend faire ses prières régulièrement Monsieur oui très régulièrement mais ici de vous à moi Monsieur je ferais attention Monsieur c'est quand on relâche ses gardes que le malheur frappe à la porte Monsieur je veux dire on ne sait jamais Monsieur on ne sait jamais c'est tout.
Clink. Blup blup blup blup blup blup blup.
Diagnostique troisième: les résultats sont bons Monsieur stables stables ça veut dire stables Monsieur continus sûrs depuis un mois elle ne va pas mieux Monsieur elle est stable elle ne régresse plus oui l'équilibre c'est ça Monsieur l'équilibre un travail a été fait vous savez Monsieur oui des méthodes d'ici Monsieur nous avons décidé Monsieur de la laisser à l'air libre chez vous oui chez vous oui un traitement Monsieur ceci c'est du sang Monsieur c'est du sang.
Scrtch. Gnii. Gnii. Gnii. Pop. Blup blup blup.
Information dernière: vous savez Monsieur ce genre de monstre ça ne sort pas au grand jour comme un loup Monsieur vous savez comment ils font pour attraper les loups en Europe Monsieur ils prennent une brebis jeune et vive ils l'attachent et laissent le loup venir Monsieur non je sais votre fille n'est pas une brebis Monsieur mais ne vous inquiétez pas la brebis ne se fait jamais tuer Monsieur parce qu'on prend toujours la brebis du troupeau de celui qui doit tuer le loup vous comprenez et nous ne laisserons pas une brebis de notre troupeau se faire tuer par un loup Monsieur nous la défendrons Monsieur nous tuerons le loup avant qu'il ne la dévore mais nous devons le faire sortir Monsieur nous devons le faire sortir vous comprenez Monsieur vous comprenez non Monsieur il ne faut pas avertir la brebis Monsieur quand une brebis sait qu'elle sert d'appât elle cesse de crier et le loup ne vient plus Monsieur et nous ne voudrions pas que le loup se méfie, n'est-ce pas?
Non, nous ne le voulons pas.
May passe le temps, s'amuse. Clin d'oeil de James, elle lui sourit, se lève, salue tout le monde - mais May, il est super tôt, reste! James embraye qu'il part avec, les réclamations deviennent des sifflements - amusez-vous bien!
James a tout prévu. Crystal Castles passe ce soir dans un club de la ville, ils vont les voir, ça va être énorme!
May n'a pas l'air dedans. Le son est bon, elle a des bières, et Deirdre lui colle au cerveau. Ses paroles tournent dans la tête de May qui n'arrive plus à rester dans le moment présent et à envoyer valser le reste au diable.
Va m'prendre une bière, lance-t-elle à James au premier sourire. Il s'exécute, décidé à y mettre du sien. En revenant, il lui glisse tout de même c'est à cause de moi qu'tu fais la gueule comme ça?
- Mais non, tout tourne pas autour de ta petite personne! J'ai d'autres problèmes, ok!
Comme le fait que Deirdre lui colle à la tête, qu'elle est en train de percer l'armure, de faire tout fondre, de...
- Reprends-moi un verre.
Lui fait un tour au bar -c'est comme Aby, tu baisses la garde et tu te prends une baffe qui te coupe le souffle. Pourquoi elle s'est barrée? Pourquoi pas un mot? - revient avec deux whiskys.
- Tu veux me bourrer la gueule, c'est ça?
Soupir. Va prendre une cannette de Coca. - Et quoi Deirdre? Tu vas aussi te barrer, rentrer chez toi quand je t'aurai fait une place, c'est ça? - May vide le Coca dans son whisky sans y penser. A la tête de James, il n'avait pas pris le premier prix, mais reste diplomate.
- C'est une manie, donc? Que tes rencards se passent mal? Sauf avec Franz, note, avec lui ça c'est super bien passé, hein?
- Mais non, c'est juste que j'ai des trucs en tête, ok?
Elle va à l'écart, il suit.
- C'est quoi ces soucis?
- Tu te souviens d'Aby? Abrielle? On était tellement proches, j'pensais qu'elle me disait tout, puis comme ça, évaporée. J'veux pas commettre la même erreur de nouveau.
- Quelle erreur? Tu veux que je t'aide à retrouver Abrielle?
- Mais non, elle veut pas être retrouvée et c'est très bien comme ça. Oh et puis on s'en fout... Santé!
Sms de Deirdre.
<3
PUTAIN! - Tu veux la jouer comme ça? -
- Oh, qu'est-ce qu'il y a? Si tu parlais clairement, plutôt que de péter des cables? J'suis ton ami j'te rappelle...
- Mon ami? Tu veux juste te marrer, apprécier tant que ça dure puis passer à autre chose quand y'aura plus rien à prendre. Non, c'est bon, je rentre.
- Ok, j'te raccompagne.
- Sois pas con, reste.
- J'insiste.
- Va te faire! Pourquoi on peut pas juste se marrer et plus y penser, hein? Pourquoi?
C'est la goutte d'eau. James vide son Whisky, claque son verre, se lève.
- Si tu veux quelque chose, prends-le James, ok?
Elle l'embrasse. Il s'abandonne.
Spoiler:
Elle monte, sent tant d'odeurs familières en même temps que les larmes lui montent aux yeux avant de pousser la porte. Puis la musique lui vient, sa musique, celle de son île, celle de la bruyère, des montagnes à nu, de la pluie et de l'océan.
Elle pousse doucement la porte de chez elle.
Sa mère lui sourit, devant un repas de chez elles.
- Ba mhaith leat chun ceisteanna a chur anois ? Tu veux me poser tes questions maintenant?
- A béile maith ar dtús, Mam. Un bon repas d'abord, Maman.
Marie s'est acheté un nouveau téléphone, ce soir. Bien trop de gens savent bien trop de choses. Elle demande à Tim si ils peuvent se retrouver, lui accepte, disons au phare à 19h d'accord?
Tim doit d'abord passer sur son père, son énervement - à quoi sert cet entrainement auquel tu te donnes? Tu ne sais toujours rien d'elle et j'ai bien plus que des doutes, mon fils. Si demain, avant la fin des cours, tu ne l'as pas faite parler, je viendrai, fils. Je ferai le travail correctement. Quant à toi, tu auras le double d'entrainement et je superviserai le tout personnellement. C'est bien beau de courir, t'entrainer à la dague et au fusil, mais si tu ne sais rien mettre en application tu n'es rien, tu comprends? Ce n'est pas un jeu, Tim.
Avant de partir retrouver Marie, Tim cache une dague en argent dans ses vêtements. Juste au cas où...
Il se retrouvent au phare, à l'heure convenue. Mais ils sont trois à ce rendez-vous, Marie et Tim le sentent tout de suite.
- Allons plus loin, le fantôme nous observe...
- Le fantôme? C'est vraiment hanté alors? Tim?
- Bah oui. Bon, écoute Marie, c'est trop là. Un médecin agressé dans la chambre où tu te trouvais, ça fait bien plus qu'une coïncidence.
- T'as aucune preuve. Puis tu vas faire quoi, maintenant?
- Je ne suis pas fixé sur ce point... Mais il faut que tu te calmes. Je n'ai plus que demain pour m'occuper de toi, sinon mon père
- T'occuper de moi? Tu veux dire?
- Que tu ne fasses plus de mal. Pas te mettre en pièces.
- Et toi, qu'est-ce que tu penses? C'est quoi ton avis à toi, Tim?
- Moi je veux t'aider en allant m'occuper de ce vampire. Nous en occuper. Et j'ai une idée pour le trouver...
Ils sont partis alors. Jusqu'à l'école, jusqu'au gymnase un peu à l'écart, jusqu'à cette ruelle sombre que prennent parfois des étudiants pour sortir plus vite du campus. Tim est devant, éclairant les lieux de sa lampe torche. Marie est derrière, traversée maintenant par des flashs. Elle devient Lui et Tim devient elle, la fragile victime. Ce ne sont que des instants pour le moment mais ça s'intensifie en y retournant.
- Quelque chose te revient?
- Oui, mais si tu veux jouer la suite, pas sûr que ça te plaise...
- Pas sûr non plus que ça lui plaira.
Qui est cette voix dans l'ombre? Tim éclaire un visage jeune, beau, les cheveux bruns comme une crinière, les habits noirs, veste longue pantalon chaussures, la clope au bec, l'assurance émanant de chaque parcelle de lui. Vous êtes qui?
- Parait que vous nous cherchez... C'est une mauvaise idée, le Hangar 13, on ne traine plus là-bas depuis un moment.
- Vous nous surveillez?
- Ca fait un certain temps, oui. Le problème, c'est lui. Toi, tu dois juste apprendre à maitriser tes pouvoirs par toi-même, dans la nature, comme une grande. J'suis désolé pour ton pote, il avait l'air de bien t'aimer mais après ce que tu lui as fait... Tu veux Le rencontrer?
- Oui, avoir des moments intimes et ne plus se rappeler avec qui, c'est ennuyant.
- Très bien, mais ne tente rien, il est trop fort pour toi. Eh, le chasseur? Tu pourras dire à ton père qu'il n'y a pas qu'un vampire en ville. Maintenant casse-toi.
- On pourrait tenter un rapprochement, non?
- Vous ne serez pas d'accord avec nos méthodes. Marie a été choisie pour entrer dans le groupe, c'est une chance. Tu viens?
- Attendez, on peut vous amener une protection contre d'autres groupes, de la nourriture facile, ...
- Non.
C'est le moment. Celui pour lequel il a été formé. Celui où tout fait sens. Tim se saisit de sa dague, plonge dans le même mouvement. Et reste en suspens, bloqué, à quelques centimètres du coeur du vampire. Qui rit. Intéressant. Première épreuve, Marie. Fais en sorte que ce guignol ne nous suive pas.
- Tim, ne viens pas.
Spoiler:
- Il va nous coller comme ça longtemps, ton pote? Bon, passe ton numéro, on te recontacte.
- Passe-moi le tien alors. T'as joué la carte du mystère assez longtemps, je trouve.
- Ok, tu veux pas? Tchao bon soir, Miss.
Elle le rattrape, lui donne son numéro, le voit se fondre dans les ombres du prochain croisement. Quand Tim la rejoint, c'est comme si il n'avait jamais été là.
Spoiler:
- Uimh nuacht ón Dhaidí ? Pas de nouvelles de Papa?
- Uimh. Aucune.
Viens Maman, allons voir l'océan. Prenons la bouteille et nos pleurs et lançons-les dans les profondeurs. Là ils ne nous embarrasseront plus. Là ils laisseront nos poitrines libres du poids des remords et nous prendrons la première bouffée du reste de notre vie. Faisons une croix en attendant des nouvelles de Padraig, de Dhaidí, de l'homme que nous aimons. Vivons nos vies, Mam. Croyons en cette ville grise, froide et domptée. Croyons en cette Amérique que tant de gens chantent de par le monde. Ne pleure pas, Mam, Maman. Ne pleure pas, Deirdre, Douleur. Diras-tu encore que nous t'avons mal nommée, toi qui ne peux vivre qu'errance, bonheur fugace et tragédie? Qui sera ton Noise et qui ton Eogan? Choisiras-tu le vide ou la hache, Deirdre? Ou jetteras-tu le passé de ton nom pour te tailler un nouveau futur sur cette terre d'Amérique dont on vante tant le rêve?
Chtt, apprécions seulement la mer, le whisky et la bonne compagnie d'une mère et de sa fille enfin réunies. La nuit tombe à présent.
Chhtttt.
Ils ont dansé jusqu'au dernier carré, jusqu'à la reprise, applaudit avec les autres. Mais la nuit était encore trop jeune et May animée de trop de feu que pour aller se coucher. Ils rient, courent, crient et tendent leurs doigts aux ombres des fenêtres. Sales gosses... Ils s'embrassent, repartent, se recollent et s'éloignent à nouveau. Jusqu'à arriver au Hangar 13. Avant de partir du bar, ils ont pris de l'ecsta du bout des doigts. Avant de partir du bar, May a lancé des illusions à James. Tous lui semblent familiers, il a déjà vu ces gens qui font la file avant d'entrer dans le Hangar 13, ce mec-là ouais, ce connard c'est lui qui lui a piqué son vélo la semaine dernière, il le reconnait putain viens ici tête de cul! - ça fait marré May - L'autre se retourne, tu m'as dit quoi du gland? James va lui mettre un coup droit au nez pour éclater ce sale gros pif et... son poing reste en l'air. May comprend au moment où le poing de l'autre s'abat dans l'estomac de James et l'envoie au sol. Ca la fait toujours marrer, elle essaye mollement d'arrêter le mec qui repart en souriant vers ses potes et comme il se retourne, elle voit scintiller quelque chose dans sa main... James? James? Pourquoi tu te relèves pas? Ca va, fais pas le con, James... James! James! Putain, James! Appelez une ambulance, faites quelque chose, gros con! Va te faire, t'entends, va te faire, tu vas pas nous laisser pourrir sur le côté! Toi aussi tu vas pourrir, connard, tu m'en diras des nouvelles. Hahaha, t'as l'air bien con maintenant, hein? Tu vas appeler une ambulance maintenant hein?
Hein? Non, non je ne suis pas de sa famille mais il était avec moi oui avec moi je sais pas l'autre avait une arme un poing américain avec des lames un truc comme ça c'est sûrement pas légal putain James me laisse pas James me laisse pas James me laisse pas j'suis désolée putain j'suis désolée - SMS PAPA j'ai un problème je vais à l'hosto je vais bien j'accompagne un ami t'en fais pas - Comment ça c'est pas ma faute? Comment ça j'ai fait c'que j'devais? Comment ça s'est passé? On a bu, voilà, on a bu un peu et - quel âge j'ai? Qu'est-ce que ça peut vous foutre, Monsieur le Putain d'Agent? Ah ouais, "gros con" ça aidera pas dans ma description? Parce que c'était un connard qui a fait ça, un peu comme vous!
Papa!
Elle se rue dans les bras de son père qui tient un thermos de café malgré l'heure et puis dans une salle d'attente d'hôpital qu'est-ce qu'on vient foutre avec un thermos de café mais il est là et elle l'enlace et tout va mieux je suis là ma chérie tout va bien.
Une demi-heure passe.
James s'est réveillé vous pouvez aller le voir. Elle court dans les couloirs elle court elle s'en fout si des gens se disent cette petite est ridicule le sol pourrait être glissant y'a un panneau mais elle court sol glissant il est marqué c'est pas compliqué elle court elle pousse la porte il est là il est réveillé il a l'air - ça va?
- Ils m'ont fait une prise de sang, j'suis dans la merde grave. grave!
- Mais ça va?
- C'était bizarre, j'ai juste pas pu le frapper ce mec. Juste pas pu.
- Mais ça va?
- C'était fun!
- Tu veux ressortir?
- Oh non, j'suis foutu pour ce soir, mes parents vont venir me chercher...
- Bon, je suis quitte alors!
Il reste interdit devant ce grand sourire qu'elle lui fait. Puis ses yeux se ferment, sa tête se penche. James? James? Putain James t'es con arrête! James? Quelqu'un, à l'aide, James!!
Hahaha boom j't'ai eu! C'était bien, ce soir, non?
- Oui, c'était bien, tu m'as fait penser à autre chose...
- Moi aussi.
- Ah bon?
- Nan nan, ma fille, la suite au prochain épisode!
Spoiler:
Il ne répond que ça. Chaque fois, c'est ça qu'il dit. Chaque fois.
Elle pleure, Alaina. Elle se vide sur sa chérie qui ne sait par quel bout la maintenir ensemble. Puis l'idée vient, comme ça. Va le rejoindre.
- Quoi?
- Vas-y, retourne en Irlande, va le chercher ton mari!
- Mais y'a pas assez pour deux allers-retours!
- Alors vas-y, prends-toi un aller simple! Là-bas t'auras la famille, les voisins, tout le village. Tout Kingston pourra t'aider à chercher, te renseigner. Ici tu meurs à petit feu Maman, tu pourris dans ta boulangerie pourrie. Là-bas tu vis!
- Je ne peux pas te laisser...
- Si Maman, je sais me débrouiller, t'inquiète pas.
- Bon, mais alors tu me fais un rapport de l'école tous les deux jours, hein? Et tu changes ton comportement!
Pour toute réponse, Deirdre embrasse sa mère. La sert fort contre elle.
- Je vais commencer à tout préparer, alors.
Spoiler:
Elle hésite puis appelle Pam, qui répond, elle. Et elle lui raconte tout. Son père le héros, l'argent mis de côté en cachette, la lettre et l'avion un jour de pluie de juin, le repas, l'explication, la décision. On va faire des fêtes de dingue!!!
Elles crient de joie, à chaque bout du fil, Pam veut qu'elle vienne mais Deirdre dit que non, surtout pas, faut pas tout gâcher, faut qu'elle marque les points.
- Je viens te chercher chez toi demain?
- OK!
Sur le chemin de retour, May regarde son téléphone. Un sms et un message vocal de Deirdre. Le SMS dit tant pis, il me reste mes doigts... bonne nuit. Le message vocal est hystérique mais May n'a pas le coeur de la rappeler. Pas maintenant. Elle écrase une larme quand son père lui demande si tout va bien, répond en souriant que oui. La voiture continue de rouler.
Marie est sur un banc, éclairée par un lampadaire blafard, la tête entre les mains. Tim est à côté d'elle, l'air de ne pas savoir comment se faire assez petit que pour être oublié. Puis finit par murmurer ça va? pas trop paumée? Je sais pas, d'habitude je sais me servir d'une dague, là j'ai juste été... bloqué.
- Mange des pruneaux. Ca passera.
Tim a un rire un peu amer. S'en va.
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- KamiSeiTo
- Dieu aux ailes de papillon
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Re: [CR Monsterhearts] Dans les vagues
Ha ha ! ^^
Tu as pris les devants. Cool ! n_n
Elle était intense cette séance, et pour la suite notre MJ m'a dit être prêt à faire pleuvoir les bombes... ^^"
Tu as pris les devants. Cool ! n_n
Elle était intense cette séance, et pour la suite notre MJ m'a dit être prêt à faire pleuvoir les bombes... ^^"
Proposer un jeu qui soit au service d’une façon de jouer spécifique et, surtout sans tomber dans le piège de ne pas en permettre d’autre, néanmoins tout inféoder à cette dernière.
Brand.
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- Felondra
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Re: [CR Monsterhearts] Dans les vagues
Ouaaaaaaaais
Et on le sent d'ailleurs, en relisant pour mettre les balises, etc. Les différents arcs narratifs se tendent (Marie qui entre en contact avec les vampires, Tim qui se rend compte qu'il doit agir sans quoi les adultes prendront le relais et le relègueront aux oubliettes, Deirdre dans la tourmente familiale, May qui se prend pas mal dans la gueule, la relation Deirdre/May qui se complique)... Vivement vendredi 

