Précision en préambule : on s’est mis d’accord pour modifier une règle, tester comme ça et éventuellement revenir dessus si ça ne fonctionne pas.
Cette nouvelle règle est la suivante : on a ajouté un deuxième cadran de 4 cases, en plus de celui des blessures physiques. On en coche une case quand on prend un État, et on la décoche quand on retire l’État, en suivant les règles normales. Comme pour le cadran physique, si les 4 cases du cadran sont cochées alors soit on perd tous ses ascendants soit on lâche le Démon Intérieur, et si sous l’emprise du Démon Intérieur on réarrive à 4 coches supplémentaires, alors c’est la fin du jeu pour ce PJ. Le but est de simuler la pression sociale, et qu’on peut craquer si on se retrouve Ostracisé, Parano, Vidé et plein de Culpabilité. n_n Ça doit surtout éviter qu’on se mette à accumuler 1001 États sans vraiment trop s’en soucier et qu’on les oublie.
***
Un long mois s'étend. Les vagues vont et viennent, la marée apaise ceux qui y prêtent attention. Pour les autres, il y a les bruits de la ville.
Marie
Marie a vécu au rythme que lui donnaient d'autres, des gens qui veulent son bien, parait-il. La famille de Tim, d'abord, puis rapidement cet Inquisiteur, un homme spécialiste de "ce genre de cas". Officiellement un cas clinique appelant traitement dans un hôpital spécialisé. Une maladie rare, découverte suite à une crise aussi soudaine qui violente. Saint-Joseph, un hôpital qui fait dans le psychiatrique mais pas que. Timbrée, Marie ? C'est ce qui se dit.
En vrai, il s'agit de calmer le démon en attendant le miracle, le remède, le retour à la normale. Alors oui, on la met dans des salles capitonnées. On la sort parfois au jardin, joli, on ne la laisse jamais seule. Ça fonctionne comme ça.
Là elle teste ses talents, elle découvre ses compétences, elle tombe lentement mais sûrement vers les profondeurs de la dépression, ce radeau d'indifférence. Sa planche de salut ? Retrouver son sire. Le tuer. C'est tout.
Quelques rares visites, toujours surveillées. Jamais d'intimité, la vie privée s'est envolée. Les marques de sympathie affluent des scouts, des paroissiens, mais la famille de Marie sent bien que les choses changent, qu'ils sont désormais les parents de la pauvre folle. Personne ne le dit mais le climat est à la méfiance, à la pitié chrétienne.
Et cet inquisiteur ? Il dit vouloir éradiquer les monstres qui rampent à la surface du globe. Tous. Il lui promet le salut de son âme à elle, tant qu'elle coopère. Et pourtant il la zappe, lentement mais sûrement, grave dans sa tête qu'il y a un "nous" et un "eux" et qu'elle vient de changer de camp. Elle est un monstre, elle peut espérer la pitié, son âme pourra être sauvée mais elle n'est plus humaine.
L'homme a de l'influence et un cœur d'acier.
May
May a sa quête à elle. Marie absente, pourquoi pas, elle ne la connait pas si bien que ça, elle espère que c'est pas trop grave. Retrouver Abrielle, voilà ce qui la pousse en avant. Elle tente, multiplie les expériences, les tentatives. Rien ne marche. Elle persévère.
A côté de ça il y a le reste. Tim, sur qui elle se renseigne le plus possible en restant discrète. Puis relaye les infos à la fantôme, Marina Sherman, qui semble apprécier et tient les mortels à l'écart de son sanctuaire.
Dany, qui semble absent. Il n'a plus reparlé du "date" promis, pourtant il a tenu sa part du marché. May n'est pas pressée et laisse couler l'eau sous les ponts.
James semble aussi laisser les choses se tasser. Depuis la soirée, il n'a plus fait allusion à ce qu'il avait dit alors. Les skateurs restent unis, au moins en apparence.
D. May la voit peu - la faute à ses parents, à la semaine privée de sortie, aux devoirs qui se multiplient -, l'inclut doucement chez les skateurs. D. a l'air de se laisser faire. Quand elles sont seules, parfois, elles se sautent dessus. Puis font comme si. May s'amuse. Officiellement, elle s'amuse. Qui sait ce qu'elle ressent au fond ?
Deirdre
Oui, Deirdre traine avec May. Deirdre ramperait sur des charbons ardents pour May mais ne laisse rien paraitre. Elle prend les miettes que May lui tend avec ses yeux qui la damnent et ses mains qui la brûlent. La première fois elle ne voulait pas, pas complètement, depuis tout a changé. Deirdre garde les apparences. Deirdre se consume au fond d'elle. Mais ça, tout le monde s'en fout.
Et puis Deirdre connait le secret de May, maintenant. Elle est ensorcelée, pendue aux lèvres de May qui lui parle sorts, charmes, rituels. Deirdre sent bien que dès qu'on aborde les origines des pouvoirs de May, elle détourne le sujet. Ça lui va. C'est tellement cool de sortir... d'être... de s'amuser avec une sorcière. Le mot lui reste dans la gorge mais elle prend son mal en patience. Personne n'a l'air de percuter. Tant mieux.
Elle n'en parle à personne, d'ailleurs. Pas à Pamela, qui devient doucement sa confidente, pourtant. Pam sait que Deirdre a quelqu'un, que c'est secret. Elle n'a pas idée de qui c'est. Parfois Deirdre voudrait lui dire puis se ravise. Pam sort avec Jerry, elle. Ça se passe très bien.
Ça se passe mieux avec la classe aussi, pour Deirdre. Depuis la soirée, environ. Tant mieux.
Avec Tim ? Ils trainent ensemble par moment. Tim lui parle beaucoup. De ses ancêtres, de sa mission, de son clan. Deirdre trouve bizarre que May veuillent tellement qu'elle lui dise tout ce que Tim lui a raconté, d'ailleurs. Mais elle lui dit, pour la famille si ancienne, pour la mission de préserver l'équilibre entre mortels et monstres, pour le rôle de gardien, son apprentissage qui est loin d'être fini.
Tim
Tim traine de plus en plus avec Pam et Deirdre, lui aussi. Parfois plus avec Deirdre - dès qu'ils parlent fantôme, sorcellerie, légendes, Pam devient grise et s'en va. Deirdre, elle, ça l'intéresse, alors Tim lui parle. Ça lui fait du bien d'en parler avec quelqu'un qui ne soit pas de sa famille ! Tim se doute qu'il y a... quelque chose, entre Deirdre et May. Qu'elle la protège. Toutes les questions de Tim sur les pouvoirs de May finissent par un hochement d'épaules et un changement radical de sujet. Il fait avec, ne brusque rien. Deirdre pourrait être une clé.
Sa famille l'aime, l'aide, le soutient. Sa tante a bien avancé sur les formules gaéliques, le filet se resserre autour de May la sorcière. Après, en faire une alliée ou une ennemie dépendra surtout d'elle, son éclat du mois dernier ressemblait plus à un manque de maitrise qu'à une mauvaise volonté.
Et évidemment, y'a la vampire, sur laquelle planche son père, en plus des heures au musée. Il travaille à un contact à l'hôpital pour l'approvisionner en sang frais et cherche après le vampire qui lui a fait "ça" pendant que Tim garde un œil sur cet hôpital Saint-Joseph où Marie a été placée et cet "Inquisiteur" qui s'occupe d'elle, la fragilise. Tim tente de la faire sortir, la visite souvent. Il y est enfin arrivé. Aujourd'hui, elle sort. Ce lundi.
***
Lundi matin
Le vent souffle sur le vieux phare abandonné. Le soleil vient toucher les vieux verres couverts de crasse. Ses rayons caressent la peau d'une jeune fille en habits du dimanche qui dort près d'un pentacle, de bougies consumées, d'un bol où un peu de sang coagule. Toute la scène est filmée par l'oeil rouge et clignotant d'une caméra.
May ouvre les yeux.
Merde. Elle baille, se redresse, s'allume une clope et regarde l'enregistrement.
23:22, elle commence le rituel. Elle parle dans cet ancien gaélique étrange. Deux mots reviennent régulièrement:
Abrielle Caine.
23:25, le rituel continue.
Abrielle Caine.
23:26, une forme semble apparaitre. L'image tremble, saute.
"fichier endommagé"
Encore une fois...
Deirdre se réveille, tôt. Va aider sa mère avant de prendre le bus.
Tim se réveille, tôt. Va courir, prendre une rapide douche à l'école.
Marie se réveille, tôt. Prend le déjeuner avec sa famille. Dans le tableau habituel s'est ajouté un thermos marqué "Saint-Joseph". Elle en avale une pleine tasse. Sourit à ses parents. Va prendre le bus.
En-dehors de la classe, quand Deirdre arrive, un groupe s'est déjà formé autour de Marie et les questions fusent. Ça allait ? C'était vraiment un asile ? T'es folle ? Maintenant ça va ? Elle a l'air gênée un peu, répond rapidement aux questions qui s'enchainent. Deirdre dit bonjour, Marie lui demande des nouvelles de ce qui s'est passé pendant qu'elle était pas là. Personne t'as dit ? Si si mais c'est flou. Ah... Mr Cunningham passe, informe que son cours commence DANS la classe dans 3 minutes. Deirdre roule des yeux, entre. May n'est pas là. Petit froncement de sourcil de Deirdre qui va prendre son portable au moment où le professeur d'histoire, Mr Cunningham, a un raclement de gorge. Les gens sont là, le cours va commencer.
"Bonjour, jeunes gens. Quelqu'un a-t-il la moindre idée de la raison pour laquelle Miss Hemington est absente ?" Silence gêné.
"Bien, commençons."
Il pointe d'abord un dessin grossier de jambon à l'os, avec monocle, moustache et chapeau melon, resté dans un coin du tableau sous le mot "ne pas effacer" puis écrit, fièrement, "HISTOIRE DE L'ART".
"Aujourd'hui, si personne n'y voit d'inconvénient, nous allons dévier du programme pour aborder un sujet vaste et riche: l'histoire de l'art."
A ce moment May arrive, portant les mêmes habits que la veille, pas parfaitement coiffée. Cunningham lui prend son journal de classe, l'air pincé, et continue. Durant l'heure qui suit, il parle brièvement des classiques, du Caravage, des impressionnistes, des abstraits, toujours en pointant mille défauts dans ce bête dessin en guise de fil conducteur à son cours. A la fin de l'heure, il demande si quelqu'un a la moindre question ?
"
Et la caricature ? " demande Deirdre, un sourire en coin.
"La caricature ?"
"Oui, vous avez oublié de parler de ce courant de l'art qui déforme pour mieux parler d'un sujet, s'en moquer, le dénoncer ?"
Sourire immensément réfréné de May, ahurissement des autres.
"Eh bien, puisque vous vous intéressez tant à ce beau sujet, Miss O'Meara, l'ensemble de la classe fera un devoir pour la semaine prochaine, en plus de l'interrogation prévue ? Deux pages sur la caricature, ça ira ?"
Rumeur dans la classe. Tim, voulant bien faire, pointe qu'à la bibliothèque de la ville, ils ont une section où ils gardent de vieux journaux, on pourra trouver ce qu'on veut.
"Excellente idée, Mr Bishop. Chacun devra avoir une référence provenant de la bibliothèque."
"Et comment on saura que ça vient de là ?" balance Deirdre, attirant un regard noir de la classe entière.
"Eh bien vous produirez une attestation de la bibliothèque. Ça vous va comme ça ?"
"Ah oui, vous avez raison, ne faites aucune confiance à la bonne foi des élèves, demandez des petites attestations pour ne pas sortir des petits rails, c'est bien, ça."
Silence lourd de sens. Le monde entier semble hurler en silence à Deirdre de la fermer,
putain.
"Eh bien vous me ferez une page en plus, Miss O'Meara. Ça va ?"
"Ça va." Le bras-de-fer se termine. Cunningham semble avoir gagné cette manche.
Comme tout le monde sort, il interpelle May. "Vous me rendrez un devoir de deux pages sur le retard, n'est-ce pas ?" May accuse le coup, puis se tourne vers Deirdre qui passe à ce moment-là. "Hey, D., toi qui as tant de bonnes idées, tu m'aideras à trouver des cas dans l’Histoire où un retard a été bénéfique, hein ?" Les deux sortent, sourire aux lèvres.
La classe est vide, excepté Marie qui demande à parler à Mr Cunningham. Tim est resté près de la porte, visible de Marie mais pas du professeur. Il sait qu'il ne doit sous aucun prétexte laisser Marie seule avec quiconque.
Marie demande à ce que, pour garder la paix dans la classe, le travail soit transformé en un exposé collectif que Deirdre devra rédiger et présenter ?
"Très bien, mais si ça ne me convient pas, il sera reporté à la semaine d'après avec un autre sujet. Et toute la classe partagera bien sûr la note de Miss O'Meara."
Très bien.
Dans le couloir, Tim demande à Marie si ça va, son retour ? Hésite pas, si ça part en steak, je suis là.
Merci.
De son côté, en pause derrière le lycée, May propose à Deirdre une petite revanche sur le Jambon. Ce soir ? Elle lui montre la chevalière de l'ordre, les yeux pleins de sous-entendus.
Deirdre est emmerdée, elle rêverait mais ne peut pas, elle a promis de skyper quelqu'un en Irlande, ça fait deux semaines qu'elle essaye de mettre un rendez-vous et c'est ce soir que c'est prévu. Désolé... Mais elle sera sûrement libre plus tard ? Vers 22h chez May ? D'accord, mais pas chez moi. Je t'enverrai un texto pour te dire.
À ce moment arrive Marie, qui expose l'accord passé avec Cunningham, et précise qu’il faudra dire au reste de la classe que c’est Deirdre qui a négocié cet arrangement. Putain, pas un oral, je suis nulle à l'oral. Non, non...
Les deux insistent, ça serait une bonne manière de calmer le jeu, non ?
"Mais purée, j'y gagne quoi, moi ?"
"La paix", répond May dans un sourire.
"Ouais, t'as raison,
Margery. Ok, j'le fais."
Et elle part, l'air furieux, laissant May murmurer
connasse sans qu'elle l'entende et Marie se demander ce qui se passe...
En partant, Deirdre croise les skateurs qui arrivent. Will lui demande si elle aurait pas pu se la fermer, pour une fois ?
"
Oh, tu verras, tu me remercieras plus tard, dans une bibliothèque il y a plein de beaux livres avec des choses dedans. " Elle laisse un groupe hilare face à un Will fulminant. Elle va s'isoler. Eux rejoignent May, en discussion avec Marie. Alors, Saint-Joseph ?
"C'était bien, c'est un bel endroit. Les gens sont sympas."
"Ouais, camés 24h/24, ils doivent être sympas" répond May dans un sourire.
James prend la défense de Marie, qui ne comprend pas ce soutien mais embraye: "Tu sais, May, j'en parle à mes copines de ce genre de chose,
toi jusqu'à preuve du contraire on se connait à peine. "
May fait genre de rien mais la remarque l'a touchée, fort. Elle rétorque qu’elle essayait juste d’être sympa, contrairement à tous les autres qui se moquent dans son dos ; l’idée blesse Marie qui se mettra à considérer tous ses camarades avec méfiance.
Dans son casier, Deirdre trouve une poignée de mots d'insultes, au milieu desquels trône un "retrouve-moi après les cours.

" signé Tim. Comme elle l'examine, l'air étonné, Deirdre se fait bousculer par Will qui lui balance "connasse" avant de continuer son chemin.
"
Désolée de te cultiver, connard ! "
Il se retourne l'empoigne contre le casier avant qu'elle ait vu venir. "T'as intérêt à te calmer avec Cunningham, vu ?"
Au cours suivant, Miss Wilcox, professeur d'anglais (a.k.a Lettres), autorise Marie à demander doucement si quelqu'un veut bien aider Deirdre à faire son exposé ?
Devant le silence général, Deirdre explose que c'est très bien, comme ça tout le monde aura une note de merde et on recommencera la semaine d'après, super !"
Votre carnet !
Pour toute réponse, Deirdre prend ses affaires et part de la classe. Direction les toilettes, elle a trop de pression à relâcher.
Dans la classe, Miss Wilcox demande à Marie d'aller la rattraper. Devant le refus de la déléguée, la prof devient rouge et la menace de prendre son journal de classe si elle ne va pas la chercher. Marie lui oppose un refus calme et clair. Tim hasarde un "vous savez madame, depuis quelque temps..." "Tim..." interrompt Marie. "Moi je veux bien y aller", abrège Tim. Qui part vers les toilettes des filles – le refuge évident – avec la bénédiction de Miss Wilcox. Là, il croise la route d'une jeune fille qui le fout dehors – t'as rien à faire ici, voyeur ! Il va rapporter le départ de Deirdre à la Proviseure et retourne en classe. Où il a un regard rapide entre May et ses affaires à lui, laissées sans surveillance. Il sait ce qu'elle peut lui faire avec n'importe quoi, un bijou, un bic mâchonné depuis trop longtemps, ... Ça va, elle est trop loin, a l'air de ne rien avoir tenté.
Pas que l'envie ne la prend pas. May a passé l'absence de Tim à regarder vers sa place vide, qui l'appelle si fort. Mais pas d'ouverture suffisante pour justifier d'aller fouiller dans ses affaires... ce sera pour la prochaine fois.
A la sortie du cours, Miss Wilcox retient Marie – Tim se place juste hors de vue de la prof, face à Marie. Celle-ci tente d'expliquer la situation, Miss Wilcox la rembarre d'un "je ne veux rien savoir, je convoque vos parents mercredi."
Tim n'y tient plus, sort de sa cachette en demandant à la prof de laisser au moins Marie s'expliquer !
"Ceci est un rendez-vous privé, sortez si vous ne voulez pas vous retrouver en retenue !"
Les deux sortent, l'air penaud.
May, de son côté, voit la brèche qui se forme dans le groupe des skateurs. C'est pas bon, décide-t-elle...
Elle s'arrange avec Will par SMS pour recoller les bouts. Ça marche, répond-il.
Pendant la pause midi, Marie demande à Tim quand est-ce qu'ils vont chasser ?
"Pardon ?!?"
"Bah oui, t'es chasseur de monstre, non ? Alors quand est-ce qu'on va chasser le monstre qui m'a..."
"Oh, cette chasse-là ! Pardon... Bah, je sais pas, faut se préparer pour ça tu sais ? Il peut être dangereux et..."
Marie sait. Elle sait aussi que si Tim ne fait rien très vite, ne vient pas avec un plan, des actions concrètes, elle partira dans son coin. C'est urgent. "Tu vas bouger ton cul ou...?"
A ce moment arrive Ash, Tim le voit venir, Marie voit que Tim le voit, se retourne. J'peux te parler seule à seul ?
Plus tard, Ash, pas maintenant...
Lui insiste,
Tim le renvoie – t'as entendu la dame ? Peiné, Ash repart.
Bon, t'inquiète pas Marie, on le trouvera. Y'a un endroit où moi j'ai pensé à le chercher, c'est au Hangar 13, on m'a dit que c'était un vieux bâtiment du port désaffecté et qui sert à des soirées plutôt hard. Il a besoin d'un endroit où beaucoup de gens se rassemblent mais où on ne fait pas trop gaffe aux uns et aux autres. Ça doit être là qu'il viendra sûrement, quand il aura besoin de se nourrir encore.
Bon, bah on y va !
May, de son côté, tombe sur Dany, l'air fâché. "Deux semaines que j'attends ton SMS ! Tu m'as dit que tu me dirais quand est-ce qu'on pouvait se voir, j'ai attendu mais là j'en ai marre !"
Pour toute réaction, tout en gardant un air ultra blasé, May lui envoie un SMS très enjoué, plein d'émojis, qui lui dit que pour le date promis, c'est quand il veut
"T'es content ?"
"Ce soir, après les cours. Pour toute la soirée."
Elle ne s'y attendait pas mais ne se dégonfle pas. Une fille s'en va quand elle se fait chier, t’as qu'à être à la hauteur.
T'inquiète, je te surprendrai !
Deirdre va voir Pamela, en pleine exploration de la glotte de Jerry, sur un banc du gazon. Désolée de t'interrompre, je voulais juste te remercier pour le super soutien en cours tout à l'heure.
Elle s'en va, Pam la rattrape, s'excuse, elle savait pas quoi dire, elle...
"Bah t'as raison, va. Retourne chez Jerry, j'ai pas besoin de toi de toute façon."
Et elle ne peut pas s'empêcher de se dire qu'elle a merdé en voyant Pamela partir, les larmes aux yeux, dans les bras de Jerry qui lance à Deirdre un regard noir.
À la reprise de l'après-midi, Jerry vient se mettre à côté de Tim, entre Pamela et Deirdre. "Ça te dérange pas, Tim ? Pam est pas bien, je préfère être là pour elle ?"
Deirdre s'enferme, regarde par la fenêtre, se console avec la cime des arbres. Un SMS de May lui demande si ça va ? Elle la repère dans la classe, lui fait un fuck, retourne à la fenêtre. Un autre SMS (encore May !), un caca avec des mouches. Elle ne peut s'empêcher un sourire vers sa... vers May.
Fin des cours, Tim attrape May au passage, lui refile sa carte.
"Euh, pourquoi ?"
"Bah, au cas où j'aurais besoin de tu sais quoi..."
Comme un flottement s'installe, et Tim en profite pour lui demander si elle a le numéro de Deirdre.
"Si elle veut que tu l'aies, elle te le filera, non ?"
May le lui donne à reculons, épiant les moindres gestes de Tim dans une tentative désespérée de réussir à lui chopper un truc personnel en guise de fétiche. Mais Tim ne laisse aucune opportunité, et elle va donc vers son groupe qui se rassemble : on va au parc ?
Dany, qui est là aussi, tire la gueule et lâche la bombe. "Tu m'avais promis un rencard juste à deux, mais visiblement, tu préfères tes potes..."
Mais ça va, on peut commencer avec eux non ? Non. Mais laisse tomber.
May explose "Ok ! Au revoir tout le monde ! On se voit demain !" Et elle rattrape Dany qui va partir. On fait quoi ?
"Non, laisse tomber."
"Bah si, t’y vas maintenant. Allez, propose !" Elle parvient à ne pas le planter là malgré qu'il lui donne l'impression d'être une grosse larve qui ne sait pas bouger quoi que ce soit, et part boire un verre avec lui...
Elle tirera la tronche une bonne heure avant de se calmer, mais Dany est patient, et la soirée finira par prendre un tour normal.
Pamela, elle, attend Deirdre à la fin des cours. Elle lui demande pardon, voudrait la voir pour qu'elles rattrapent ça... ce soir ?
"Mais non, tu sais bien, j'ai un Skype prévu avec ma meilleure amie en Irlande, elle bosse dans un bar donc avec le décalage horaire c'est chaud de se caler un rendez-vous... Mais une autre fois ?"
A ce moment arrive un SMS de Tim: "on se voit ?" "Pas ce soir !"
"Bon, écoute Pam, là faut vraiment que j'y aille... mais... viens me chercher demain matin, à la boulangerie ?"
Ça va, Pamela repart un peu calmée vers Jerry qui l'attend.
Ash, lui, attend Marie à la fin des cours. "T'as pas répondu à mes messages, mes appels... tu m'évites ?" Mais tu sais bien que j'avais pas mon téléphone en institution, sinon je t'aurais rappelé...
Lui comprend mais garde ce remords au fond de lui... puis le crache: il est sûr que c'est à cause de lui si elle a eu cette... crise.
Elle lui sourit, gênée.
Tente de trouver quelque chose, lui mentir. Mais non, c'est une maladie grave, va surtout pas croire que c'est toi, au contraire, tu...
Le sang à son cou l'appelle.
Merde, ils sont seuls.
"Tinquiète pas, va..."
Non, surtout ne pas.
Le sang à son cou.
"Viens, viens..."
Elle lui fait un câlin, lui est content, la serre contre lui. Il sent la morsure et la succion mais ne se débat pas. Il sent la vie qui part et... quelque part c'est un plaisir. Il veut qu'elle lui suce son sang, qu'elle...
Elle s'arrête juste à temps. Il est pâle entre ses bras. Elle est couverte de son sang et se sent tellement en vie. Ah, personne n'est venue la voir ? Ils la prennent tous pour un monstre quand elle a le dos tourné ? Ils vont voir, ces hypocrites, ils vont voir...
Avant de partir faire trembler le monde, elle appelle une ambulance avec le téléphone d'Ash et l'étend sur un banc. Son pouls bat toujours. Qu'est-ce qu'elle se sent en vie !
Tim, en rentrant chez lui, s'arrête dans la petite chapelle, dernière demeure de son ancêtre. Comment faire ?
Il veut entrer en communication avec lui mais tout est flou. La vision salvatrice lui est refusée. Son ancêtre lui tourne le dos... Tim se sent seul, en rentrant chez lui.
Deirdre dit à peine bonjour à sa mère, monte, excitée comme un pou. Lance son ordinateur portable – la ventilation fait un bruit monstre – se connecte à Skype – temps de chargement éternité – voit qu'elle est connectée – Ula est connectée. Double clic, activer la vidéo.
Elle a les traits tirés, seize ans. Elle est belle, c'est le seul mot que Deirdre a pour décrire cette amie dans le sens le plus profond qu'elle puisse lui donner, qui a quitté l'école pour devenir barmaid à 18 ans, après avoir redoublé au point de se retrouver dans la classe de Deirdre. Sa confidente, sa sœur, sa...
"Haigh!"
Tout se passera en gaélique. Trois heures de discussion où elle lui dira tout, où elle demandera des nouvelles du pays, où elle se sentira connectée, enfin. Tout le monde lui manque tellement, là-bas... Elle voudrait revenir mais peut pas, si son père l'a envoyée à l'autre bout du monde c'est qu'il avait des raisons... Elle a des nouvelles de Padraig ? Non ? Évidemment... Tu peux te renseigner ? Oui ? Ce serait vraiment super et... non, t'es crevée mais... j'ai quelqu'un. Une fille. Elle est... incroyable tu sais. Oui une fille, moi aussi ça m'a fait un peu bizarre au début mais... je te jure, elle... elle m'a ensorcelée ! Pas possible autrement ! Oui, je voudrais te la présenter aussi mais... et si tu venais ? Tu sais, on te logerait, te nourrirait, promis ! Et je peux t'aider à payer ton ticket, j'ai un peu d'argent de côté ! Ouais, c'est cher, mais... Mes vacances ? A Noël j'ai trois semaines, ce serait génial ! Tu vas voir ? Ouais !!!!! Oui. Oui, je comprends, je parle je parle et toi t'es crevée. On se fait un Skype encore ? Tu me dis quand tu peux ? Et tu vois pour Noël ? Putain, ce serait de la balle !
"Sloán!"
En raccrochant, elle est à la fois électrisée et vidée. Elle essaye de se mettre à ses devoirs mais n'y arrive pas. Elle décide de sortir, voir l'océan. Sa mère croit qu'elle va faire la fête, elle assure de pas rentrer trop tard. "Biz M'man !"
May est avec Dany sur la plage. Toute la soirée, elle a été sympathique mais... claire, ne laissant aucune place au doute sur ce qui se passe ou ne se passe pas entre eux. Lui sort un joint, ce qui l'intrigue. "Dany ? Tu fumes ?" Maintenant ouais, répond-il nerveusement en roulant un spliff chargé à bloc.
"Tu sais, je passe une bonne soirée, mais...
je tiens à toi et je veux pas te faire de mal ; je suis comme ça moi, je casse mes jouets, hein ?"
"Oh, tu sais, tu m'as déjà cassé."
Dans la pause embarrassée qui suit, Deirdre les voit de loin, alors qu'elle a
son casque sur les oreilles et qu'elle se balade sur la plage, seule. Elle veut se détourner mais Dany, qui l'a vue, lui fait signe. May se retourne, la voit. Ses yeux pétillent un peu plus.
"J'interromps quelque chose ? Désolé, je peux..."
"Non, non on avait fini", murmure Dany.
May s'empare de son téléphone, demande par SMS à James de venir vite gérer Dany, qui est en train de se rouler un deuxième joint tout aussi chargé.
Deirdre prend le joint des mains de Dany et glisse à May de les retrouver quand elle a fini ? "C'est bon c'est bon, j'ai fini, je..." son portable sonne, Deirdre sourit et emmène Dany plus loin. James refuse, qu'elle gère sa merde, il est occupé.
Elle insiste – je ferai ce que tu veux mais grouille, PLEASE ! Bon ok, je serai là dans 10 minutes. Tu m'en dois une.
Soulagement. Elle rattrape Dany et Deirdre qui se passent un joint diminuant très, très vite...
- à suivre -