Retour de lecture sur le
tome 2 de l’encyclopédie des Jeunes Royaumes consacré à Pan Tang pour Mournblade, petite précision je n’évoque ici que la partie background dont je viens d’achever la lecture et non la partie scénarios que je n’ai pas lue et qui représente 1/3 du supplément de 99 pages.

J’ai acheté ce supplément parce que j’apprécie la gamme Mournblade et son développement par le Département des Sombres Projets depuis quelques années maintenant. Alors oui, les suppléments sortent au compte-gouttes mais ils sont également bien écrits et inspirants.
Graphiquement, la couverture est plutôt réussie mais victime d’un souci graphique mineur, en effet le titre du supplément :
Pan Tang, pour la gloire du chaos n’apparaît pas sur la partie inférieure de la couverture, contrairement à ce que montre l'image partagée ici. Rien de grave en soi, la 1ère impression sera donc un collector ! Les illustrations intérieures sont globalement réussies, mais trop peu nombreuses à mon goût. Les 3 illustrations double pages d’Andreas Rocha et qui illustrent les grandes cités pan tangiennes sont réussies, mais comme elles sont finalement très ressemblantes, on visualise finalement assez mal la spécificité de l’architecture mabden, dommage. Les illustrations de Swal qui mettent en scène des personnages pan tangiens sont les plus réussies, mais là encore trop peu nombreuses pour rendre compte, encore une fois, de la spécificité de leur culture, ce qui est dommage au vu de l’importance de leur art et de son rayonnement dans les Jeunes Royaumes.
L'ouvrage a été rédigé dans sa partie background par la regrettée Isabelle Perier, et la soixantaine de pages qui la compose balaie en autant de chapitres l’histoire de l’île, ses relations avec le monde extérieur, sa géographie, puis un sanctuaire côtier dédié à Pyaray, suivi d’un chapitre politique sur la théocratie, puis un autre sur les pouvoirs qui luttent les uns contre les autres. La partie background s’achève enfin par un chapitre métaphysique sur la situation de Pan Tang dans le conflit éternel. J’apprécie l’écriture qui en plus de 60 pages parvient à poser la culture locale sans excès, pour les vieux de la vieille qui ont lu comme moi le précédent supplément édité chez feu Oriflam, le parti pris est en effet diamétralement opposé. Alors que dans Stormbringer, l’île était hautement fantastique et ses habitants complètement cintrés, Isabelle Perier humanise les mabden, rend leur société chaotique presque réaliste. Il y a un travail de construction intelligent pour penser l’unité géographique, historique et sociale de leur culture. J’y ai repéré des mélanges de culture romaine (clientélisme et division sociale stricte entre patriciens, peuple, et esclaves), de culture occidentale (pour le darwinisme social et le totalitarisme) entre autres. Mais tout ça est intelligemment mêlé à la philosophie chaotique d’une société où tout est en mouvement et où le goût pour les arts concurrence le goût pour la sorcellerie et celui pour la guerre, tout concourant vers un objectif de domination mondiale. Au-delà de ce cadre culturel, l’auteur développe des intrigues liées aux luttes d’influence des hommes dans l’île, mais aussi des luttes d’influence entre les dieux du chaos eux-mêmes. La relation diplomatique entre Pan Tang et le reste des Jeunes Royaumes n’est pas oubliée et intelligemment pensée dans un équilibre entre violence (la piraterie), la manipulation (espionnage et sorcellerie) et l’influence culturelle par l’art. Tous les complots en cours de Pan Tang dans les JR sont également développés et le moins qu’on puisse dire, c’est que l’influence subtile des mabden sur les JR se met doucement en place pour mener à la fin du monde. Ceci dit, parmi les pan tangiens, certains commencent à comprendre que les actions du théocrate pourraient bien conduire à la fin du monde et non à l'hégémonie mondiale, des luttes d'influence sourdes prennent donc place pour empêcher cette issue fatale. Bien vu !
En conclusion, sur les 2/3 de l’ouvrage lu je le rappelle, j’ai beaucoup aimé ce que j’ai lu et qui confirme l’approche nuancée de cette nouvelle édition. Les mabden forment une culture chaotique enfin humainement crédible, soumise à un régime totalitaire et c’est bien vu, parce que c’est ce qui les conduira comme tous les régimes totalitaires... à la ruine. Au rang des regrets, la quantité des illustrations qui ne permet pas de rendre compte de la spécificité esthétique de la culture mabden, mais aussi et c’est mineur le peu d’informations sur les mabden et leur origine.