Retours rapide sur mes derniers gros tomes lus :
G.O.D.S. (le Quatrième Axe) chez Panini/Marvel
Sorti à grand bruit et présenté comme une révolution, voici un récit de Jonathan Hickman sensé révéler une nouvelle facette de l'Univers Marvel : un conflit caché entre divinités primordiales, et les sociétés secrètes les incarnant.
De Hickman, scénariste brillant et ambitieux, j'avais aimé son passage sur les Quatre Fantastiques et la double mini-série Houses of X / Powers of X (mais pas lu la suite). Je suis plus réticent sur Infinity (une saga des Vengeurs cosmico-bourrine) et S.H.I.E.L.D. (une histoire qui démarrait très bien avec les origines secrètes de l'organisation depuis l'Egypte Antique, et Nikola Tesla comme héros face aux manigances d'Isaac Newton, mais ça partait en cacahuètes multidimensionnelles vers le milieu).
Là, on nous présente deux factions nouvelles dans les récits Marvel : les Pouvoirs-en-place (en gros les magiciens avec comme représentant auprès des divinités cosmiques un nouveau personnage, Wynn) et l'Ordre-naturel-des-choses, en gros la Technocratie façon White Wolf, des sortes de super-scientifiques (les centivars) tout de blanc vêtus.
Alors ces deux factions sont sensées se foutre sur la gueule depuis des millénaires, pourquoi comment on ne sait pas (et durant toute cette saga ils collaborent plutôt). L'ex-copine de Wynn, Aiko, est la centivar n°97. Et Wynn est flanqué de Dimitri, apparemment un centivar renégat. Et une jeune fille surdouée, Mia, en cours de recrutement par les centivars, complète le quatuor des protagonistes.
Au-dessus des deux cosmo-factions, rien de neuf, on retrouve des têtes déjà connues (le Tribunal Vivant, l'Intermédiaire...) et quelques autres ; le Néant ne m'est pas familier, mais possible qu'on l'ait vu avant. Ils sont relookés de manière assez sympa, par contre. On croise des "Daemons" qui sont des sortes de créatures quasi-divines squattant notre réalité, dont en fait font parties les "Black Swans" déjà introduites par Hickman dans ses sagas précédentes.
Après un démarrage assez pétaradant (les plus grands mages et scientifiques de la Terre et les centivars s'unissent pour arrêter un affreux), la suite est un mélange d'enquête sans trop de surprises, de quêtes secondaires et de quêtes personnelles des protagonistes.
On a l'impression qu'il y avait une idée claire de départ, mais le mystère du grand vilain étant vite résolu, on part ensuite dans diverses directions qui ne se rassemblent jamais tout à fait. Et finalement, il n'y a rien de neuf ou de révolutionnaire là-dedans.
Même le titre du récit "Le quatrième axe", n'est justiqué que par un vague encart explicatif (la réalité est définie par 3 axes : bien-mal, naissance-mort, magie science). Du coup, c'est quoi le 4e ? L'amour, ou un truc comme ça, mais on s'en fout au final.
Et on a du mal à comprendre comment ces méta-factions omniprésentes ne sont jamais apparues précédemment, ce n'est tout de même pas la première fois que la réalité part en vrille et que les divinités cosmiques veulent malmener le cosmos. Et visiblement, tous les magiciens et super-scientifiques de la Terre sont très familiers de ces factions mystiques.
Alors bon, oui, les dessins sont super jolis. Mais à part ça, à la lecture ma curiosité bienveillante s'est peu à peu muée en ennui (mêlé de perplexité tout de même).
Mais bon, AMHA cette histoire ressortit une fois de plus du pétard mouillé, et tout comme pour S.H.I.E.L.D., ses personnages et révélations ne vont pas changer l'univers Marvel, éventuellement réapparaître dans des récits ultérieurs...
Bref, à éviter (AMHA).
Dans le genre conflit divin + morale "l'amour c'est quand même trop puissant", j'ai largement préféré la série Divinity (et surtout sa conclusion Eternity) chez Valiant. D'ailleurs ce "G.O.D.S." a visiblement tiré quelque inspiration de cette série (avec l'histoire de la famille de Dimitri, des cosmonautes soviétiques naufragés aux confins de la réalité).
Ninja-K chez Bliss/Valiant
Alors c'est pas tout neuf (2019) mais j'ai déniché ça en occase et en avait lu beaucoup de bien. Une saga d'un peu plus de 400 pages, se divisant en 3 parties distinctes.
Ca peut se lire sans avoir rien lu du personnage Ninjak auparavant, le bagage nécessaire tient sur une ligne ("Colin King alias Ninjak est le super ninja du MI6, également membre éminent des "Avengers" de l'univers Valiant, l'équipe Unity.")
Et donc son pseudonyme Ninjak est en fait un matricule, ce Ninja-K fut précédé d'un Ninja-J, etc. et il y a eu aussi des "suppléants" (Ninja-D2 etc.).
Première saga :
Le récit commence par une conversation entre Ninjak et un jovial retraité du MI6, s'avérant être Ninja-D, héros de la guerre froide. L'occasion de présenter la genèse du programme ninja, finalement pas complètement absurde : le premier ninja (A) fut prêté à la Grande Bretagne par le Japon, son allié de la 1e guerre mondiale, il forma un Ninja-B, qui affrontera ensuite son mentor pendant la 2e guerre. Suivirent Ninja-C et D après la guerre, etc. A partir du D, le Jonin, super ninja apparemment immortel, fut employé avec un strict rôle de formateur, et officia jusqu'aux années 2000...
Peu après cette rencontre, Ninja-D se fait zigouiller. Ninjak va tenter d'enquêter sur ce meurtre et ceux qui vont s'ensuivre (Ninja-D3, etc), notamment en allant rencontrer d'autres anciens membres du programme, une ancienne super-vilaine, etc.
Evidemment, derrière tout ça se cachent des sombres secrets, une vengeance d'un ancien membre du projet, etc.
Récit très plaisant, entrecoupé de retours vers les ninjas du passé, avec des personnages super-cools (Ninja-G, excellente héroïne 70's !) à toutes les époques de la guerre froide.
Bon, l'enquête est vite torchée et le mystère est secondaire, on est avant tout là pour une vaste fresque rétrospectives très réussie.
Magnifiques dessins principalement de Tomas Giorello, on notera aussi quelques "interludes" d'Ariel Olivetti sur les aventures de Ninja-A pendant la Grande Guerre.
Seconde saga : la Coalition
Ninjak retombe par hasard sur deux ex-membres du programme Ninja, le Jonin et un suppléant renégat (Ninja-K0, en quelque sorte) manigançant des trucs louches en compagnie d'autres super-vilains. On monte une équipe pour aller enquêter sur une sorte d'armée mercenaire installée au Mexique : Ninja-K, Livewire, Dr Mirage et Punk Mambo.
Le récit est plus standard, avec une équipe de héros affrontant une équipe de super-vilains. Contrairement au reste du recueil qui est pratiquement indépendant du reste de l'univers Valiant, là on multiplie les références à des séries et "arcs" antérieurs.
Mais ça se comprend tout de même facilement, et ça se résume à de la bonne grosse baston (illustrée par Juan José Ryp)
Récit "one-shot"
Ninja-K #10 confronte le héros à Ninja-H, un cyborg pas tout seul dans sa tête, venant de s'échapper de sa prison cryogénique.
Basique mais plaisant ! (superbres dessins de Larry Stroman & Ryan Winn)
Troisième saga : Répercussions
Suite de la saga précédente, Ninja-K se lance dans une mission prérilleuse à Tchernobyl, pour sauver un ami possédé par un esprit maléfique.
C'est de l'horreur gore post-apo, pas mal. (dessins de Roberto de la Torre)
Petite conclusion un peu nawak à Londres pour fermer le tome.
Bilan général : très bon recueil tout à fait accessible aux néophyte de Ninjak (comme mon cas perso) et même les nouveaux venus à l'univers Valiant. Les différents récits sont d'ambiances différentes avec des dessinateurs distincts, donnant une grande variétés d'approche à un thème a priori vu et revu, la baston de ninja mâtinée d'espionnage Jamesbondesque. Globalement excellent !