Sur les traces du Roi MIDAS
Tout commence par l’arrivée à l’alliance de Manuel, l’eunuque secrétaire de l’évêque Doristos d’Héraclée. L’évêque a appris que ce sont les soi-disant « simples érudits » de l’Alliance qui ont réglé le problème des bandits l’année dernière et il a une proposition à leur faire. Pour cela Manuel est venu leur apporter une invitation à un banquet au palais de l’évêque.
Les trois mages acceptent et, le moment venu, se rendent à Héraclée.
En arrivant ils se trouvent mêlés à une foule en colère qui reproche à l’évêque et à ses gardes de ne rien faire alors qu’une bête sauvage décime leurs troupeaux. Les rustres se font bastonner par les gardes qui fraient un passage aux mages vers le palais.
A l’évêché, Doristos reçoit luxueusement les mages. Après un somptueux banquet, il les entraîne dans ses appartements où il leur dévoile le fond de l’affaire.
Un de moines copistes qui travaille pour l’évêché a mis au jour un vieux rouleau qui raconte une version nouvelle de la légende du Roi Midas.
La légende telle qu’on la raconte (
merci Robert Graves 
) :
Midas était un roi de Lydie qui aimait le plaisir. Il possédait un superbe jardin de roses. Dans son enfance, on vit une procession de fourmis transporter des grains de blé au bord de son berceau et les placer entre ses lèvres pendant qu’il dormait, prodige où les devins virent un présage de grande richesse.
Un jour, Silène le débauché, le satyre qui avait fait l’instruction de Dionysos, s’était écarté de l’armée rebelle du dieu et on le trouva profondément endormi, qui cuvait son vin, dans le jardin des roses. Les jardiniers le ligotèrent avec des guirlandes de fleurs et le menèrent au roi à qui il raconta de merveilleuses histoires. Entre autres merveilles, Silène parla d’un tourbillon effrayant que nul voyageur ne pouvait franchir. Non loin de là coulent deux fleuves, sur les bords de l’un poussent des arbres dont les fruits font gémir et pleurer ceux qui les mangent mais sur les bords de l’autre poussent des arbres dont les fruits guérissent tout, jusqu’à la vieillesse.
Midas fut ravi des histoires de Silène et le garda 5 jours et 5 nuits puis il donna l’ordre de le ramener à Dionysos. Dionysos qui s’était inquiété du sort de Silène envoya demander à Midas ce qu’il souhaitait comme récompense. Il répliqua sans hésiter : « Je te demande de faire ne sorte que tout ce que je touche se transforme en or ». Il fut exaucé mais ce ne furent pas seulement les pierres, les fleurs ou les meubles de la maison qui se transformèrent. Dès qu’il se mit à table, les aliments et l’eau se changèrent aussi en or. Il ne tarda pas à mourir de faim et de soif et à implorer qu’on le délivre de ce don. Dionysos, amusé, lui dit alors de se rendre à la source du fleuve Pactole, sur le Mont Tmolos, et de s’y laver. C’est ce qu’il fit et il fut délivré de son don.
Dans le rouleau découvert par le moine, la fin est différente. Pour se guérir, Midas se rend à la source du fleuve Pactole mais c’est en mangeant un des fruits magiques qui guérissent tout qu’il est délivré de son don. Doristos est persuadé que ce parchemin est la version originale de l’histoire. C’est un homme avide mais éduqué qui sait que la magie existe, il propose aux mages de découvrir la vallée secréte où le Pactole prend sa source et de découvrir s’il n’y pousserait pas encore de ces fruits fabuleux.
Le Pactole est un affluent de l’Hermos qui prend sa source sur le Mont Tmolos, près de la ville antique de Sardes (
voir la carte postée plus haut). C’est une région frontalière qui est régulièrement la cible de raids turcs. Il y a des tribus qui nomadisent avec femmes, enfants et bétail dans la haute vallée et parfois des cavaliers font des incursions en aval.
L’itinéraire le plus facile pour gagner la région de Sardes est de gagner Smyrne par bateau, puis remonter la vallée de l’Hermos jusqu’à trouver le Pactole puis le suivre jusqu’à sa source.
Doristos financera tous les frais de l’expédition et partagera les découvertes avec les mages.
Manuel, son secrétaire, les accompagnera, porteur de sauf-conduits qui permettront au groupe de voyager librement. Il veillera au respect des intérêts de l’évêque au terme du voyage.
Doristos glisse quelques allusions à la situation financière difficile de l’Alliance et les mages en viennent à se demander s’il ne serait pas responsable de la pression fiscale qu’ils ont subis. Doristos sourit mais ni ne confirme ni ne dément.
Les mages acceptent, après tout, ils sont là pour redécouvrir les merveilles du monde antique. Ils retournent à l’Alliance, un navire affrété par Doristos les prendra à son bord au port de Panormos dans quelques jours. Les mages mettent ce délai à profit pour se préparer (ce coup-ci, ils se sont chargés de vis) et faire quelques recherches de leur côté dans la bibliothèque de l’Alliance.
Dans la légende d’Héraclès, ils trouvent des informations sur le Mont Tmolos …
Tmolos
Héraclès fut emmené en Asie et y fut vendu comme esclave par Hermès, patron de toutes les transactions financières importantes, pour trois talents d’argent. Il fut acheté par Omphale, reine de Lydie, une femme qui s’y entendait en affaire. Il lui rendit service pendant 3 ans en débarrassant son royaume des bandits qui l’infestaient et notamment des Cercopes. Cette Omphale avait hérité son royaume de son infortuné mari, Tmolos, fils d’Arès et de Théogoné. Un jour qu’il chassait sur le Mont Carmanorion il tomba amoureux d’une chasseresse du nom d’Arrhipé, chaste prêtresse d’Artémis. Arrhipé demeura sourde aux supplications puis aux menaces de Tmolos et se réfugia dans le temple de sa déesse où Tmolos la viola sur l’autel. Elle se pendit à une poutre du temple. Pour la venger, Artémis suscita un taureau furieux. Tmolos fut projeté dans les airs et s’empala sur des pieux pointus et des rochers tranchants et mourut dans d’affreuses souffrances. Théoclyménos, son fils, l’enterra à l’endroit où il était mort et donna son nom à la montagne qui devint le Mont Tmolos.
Le voyage jusqu’à Smyrne se déroule sans encombre. Arrivés à Smyrne, les mages faussent compagnie à Manuel l’espace d’une nuit, le temps de rendre visite à l’Alliance d’Alexandria, implantée à côté de la ville, et qui est le siège de la maison Mercere pour le Tribunal.
Ils remontent ensuite la vallée de l’Hermos, jusqu’aux alentours de la ville de Sardes où ils échappent de peu à des cavaliers turcs en maraude.
Enfin, les voilà sur les pentes du Mont Tmolos, à la recherche du Pactole. Un matin, alors qu’ils se préparent à lever le camp, ils s’aperçoivent que quelqu’un est venu piller leurs réserves de nourriture. La plaisanterie dure plusieurs jours jusqu’à ce qu’ils arrivent à capturer le voleur, un des mythiques Cercopes évoqués dans la légende d’Héraclès et du Mont Tmolos.
Les Cercopes
Passalos et Acmon étaient deux frères jumeaux qui étaient les tricheurs et menteurs les plus accomplis de la création et parcouraient le monde en se rendant sans cesse coupables de nouveaux méfaits. Leur mère Théia les avaient prévenus qu’ils allaient se frotter au « Grand Cul Noir ». Alors qu’Héraclès était en Lydie, ils essayèrent de lui voler ses armes pendant son sommeil mais celui-ci se réveilla et les captura. Après les avoir rossés, il les emporta suspendus la tête en bas à son bâton qu’il portait sur l’épaule. La peau de lion que portait Héraclès ne couvrait pas son postérieur noirci comme un vieux bouclier de cuir. Les deux frères se rappelèrent l’avertissement de leur mère et éclatèrent de rire. Leur gaité surpris Héraclès et lorsqu’il en su la raison, il s’assit sur une pierre et rit de si bon cœur qu’ils parvinrent à le persuader de les relâcher. Plus tard, pour les punir de leurs méfais te parce qu’ils avaient essayé de le tromper, Zeus les changea en singes cercopithèques (à grande queue).
Contre sa liberté et la promesse de ne pas y revenir, celui-ci accepte de leur montrer où le Pactole prend sa source, une vallée cachée.
Les mages suivis de leurs grogs et de Manuel pénètrent dans la vallée cachée qui est défendu par une bête mythique, le terrible taureau d'Artémis, le même qui tua le Roi Tmolos. Il fonce sur les mages en essayant de les embrocher sur ses longues cornes pointues.
Malheureusement pour lui, Severian avait fortement renforcé ses dons en Terram. Il liquéfie le sol devant le taureau qui charge et celui-ci s’enfonce dans la boue, puis annule son effet magique avant que le taureau n’ait pu se sortir du piège. Il ne restait plus que les cornes qui dépassaient du sol, que les mages n’ont pas manqué de délester du vis Animal qui s’y trouvait. (
J’étais un peu dégoûté pour mon taureau mais assez admiratif de cette utilisation astucieuse de la magie)
Poursuivant leur avancée, ils parviennent à un temple sur l’autel duquel ils découvrent un fruit inconnu, chargé de vis Muto. Manuel place ostensiblement le fruit dans un coffret de bois précieux pour le ramener hors de la vallée.
Alors que le groupe s’apprête à repartir et que les mages discutent entre eux sur ce qu’ils vont faire de leur trouvaille, Manuel ouvre discrètement le coffret et entreprend de manger le fruit. Lorsque les mages le remarquent, il est trop tard, il l’a englouti, et l’eunuque annonce fièrement qu’un fruit qui guérit tout, même la vieillesse, va sans coup férir lui rendre cette partie de son anatomie qui lui manque tant.
Effectivement, le fruit produit ses effets, mais malheureusement pour Manuel, il guérit la vieillesse en faisant rajeunir ceux qui en mangent. Au fur et à mesure que les secondes passent, Manuel rajeunit, de plus en plus, il est heureux de revenir à l’âge d’un adolescent, celui qu’il avait quand il fut mutilé, mais le processus ne s’interrompt pas. Affolé, il continue à rajeunir, suppliant les mages d’intervenir, mais ceux-ci sont impuissants, et Manuel, devenu un enfant puis un bébé, fini par disparaître dans le néant.
Fin de la séance.