…qui les a laissées à Loris (mode patate chaude).
Bon, de mémoire : notre bien-aimé Angleton nous a gentiment laissé deux options. Soit nous allons mettre les Larmes d'Azatoth en lieu sûr, c'est-à-dire dans la tombe pyramidale d'un dieu gisant endormi et de son armée de cadavres veillant sur son sommeil qu'il ne faut surtout pas déranger pour le bien-être de l'Univers connu, surveillée par une escadrille de bombardiers atomiques prêts à décoller si jamais le réveil de la Fin du Monde (TM) sonnait, notamment parce que les Larmes d'Azatoth pourraient précisément en être le déclencheur mais comme personne ne sait on cherche des volontaires pour essayer et puis on ne sait pas où les mettre ailleurs, soit nous allons en voyage organisé, tout frais payés, au pays de l'Oncle Sam et de la Liberté pour un échange d'informations avec la
Black Chamber sur les insectes de Shagaï.
Étonnamment, nous optons pour la seconde proposition.
Bien sûr, « échange d'information » signifie « Ne dites rien, notez tout ». Consigne supplémentaire : ne buvez rien, ne mangez rien, ne respirez rien qui soit offert par nos alliés. Hum.
Arrivés à JFK après un vol fatiguant, nous sommes accueillis par
Heckle & Jeckel, deux agents en noir de la Chambre Noire, qui nous conduisent, dans une limousine noire, sans dire un mot dans leurs costumes noirs, dans la
Freedom Tower. J'apprends à cette occasion qu'il s'est passé des choses un certain 11 septembre à New York et qu'on a reconstruit une tour là où il y en avait deux.
Après les présentations d'usage (au sens
Powerpoint du terme) qui sont autant d'heures perdues à faire semblant de donner des informations aux gens d'en face (à qui j'avais pourtant apporté des tasses
Queen Elizabeth II et des
Quality Street), lorsque nous lâchons le mot « Walsh Corp », les visages de nos interlocuteurs se détendent. Jusqu'en bas, et en-dessous. Un Mi-Go passe…
Mettant fin à l'entrevue pour soi-disant lancer une enquête, nous voilà avec un quartier libre pour faire les touristes. Comme des idiots, nous ne faisons rien d'utile durant ces quelques jours de liberté
(Waho, We are alien, We are legaal aliens, We are englishmen in New Yooork). Reconvoqués par la Chambre, nous sommes rapidement dépouillés de nos téléphones puis menacés : la Chambre veut les Larmes et n'est pas contente du tout que nous ayons fait un barbecue avec Mr Walsh Djiounor. Devant notre refus de collaborer, nous voilà enfermés dans une pièce au sous-sol avec une boîte marquée « Shagai express – do not open » dont le couvercle tressaute. Oh. Ah.
Heureusement, la Laverie est pleine de ressources, et moi notamment : j'avais bien évidemment demandé avant de partir quelque équipement de chez Baygon. Je déplie une grille de protection ingénieusement tracée avec de l'encre conductrice sur un innocent papier, laquelle, alimentée par une paire de piles AA, nous sert de refuge… le temps de trouver comment sortir de ce pétrin.
Le salut provient de McGill, à qui une goule devait quelque service. Johnson lui fracasse la tête pour l'envoyer au Pays des Rêves, où il retrouve la goule et négocie notre sortie. Quelques instants plus tard, un portail s'ouvre dans le sous-sol de la
Freedom Tower et, pour la première fois de notre vie, c'est nous qui nous y précipitons au lieu de repousser ce qui pourrait en sortir…
Un bref passage dans le noir nous amène finalement dans une discothèque, fermée à cette heure-ci de la journée : L'Hippo Kali's Club, tenu par un certain Stephen Alvis Presley, dans son costume blanc de lumière. Le monde est petit, il faut croire, car Stephen connaît bien Angleton, prétend être la personne qui a donné les Larmes à la Laverie et qui, pour le simple service que nous lui demandons (« faites-nous rentrer en Angleterre ! », mais aussi « Réglons ensemble le problème Shagaï »), veut visiter le Plateau du Dormeur.
Angleton dit « non ». Alors, la monnaie d'échange, c'est vos joyeux serviteurs.
Une fois rentrés à la maison, en remerciement de mes
toffees, Stephen m'envoie gracieusement les auriculaires de nos interlocuteurs de la Chambre, moulés dans un délicat cube de résine transparente…
