La discussion commence alors que la voix de Bernis le Bard se fait entendre en contre-bas. Chacun y va du récit de sa journée et des rencontres qu’il ou elle a pu faire. On n’expédie pas un tel récit en quelques mots et bientôt les chopines se succèdent alors que les heures passent et que la nuit s’avance sur la Porte de Baldur. Face à ces trois propositions d’embauche, il va bien falloir choisir… ou pas comme s’empresse de le faire remarquer Tiluviel qui semble avoir du mal à faire son choix et se demande si une quatrième faction ne serait pas entrain de manipuler tout cela. Istardonir a par contre des idée assez arrêtées sur un point très précis: son refus total de s’acoquiner avec une organisation criminelle telle que la Guilde. On peut voir en cela les dures leçons apprises dans sa jeunesse.
K’yoril quant à lui se méfie d’une décision hâtive, surtout quand on vient juste d’arriver dans une ville dont on ne connait pas les rouages politiques. Se souvenant de l’invitation de Coran et peu à mêne des us et coutumes de la surface, K’yorl décide de rendre une visite impromptue à Coran et cela malgré l’heure tardive. Il quitte le Chant de l’Elfe sans demander son reste et entraine le reste de nos héros dans son sillage.
Se frayant un chemin jusqu’au manoir de Coran dans la Ville-Haute, nos héros ont l’occasion de voir que la Porte de Baldur bourdonne déjà d’activité malgré l’heure matinale. Les divers commerçants et artisans qu’ils rencontrent ont déjà fort à faire pour préparer la journée qui s’annonce et cela en dépit de l’annulation de la foire.
Après avoir frappé un long moment à sa porte, c’est un Coran ébouriffé et passablement éméché qui leur ouvre cette dernière. Laissant quelques instant à la vision de nos héros pénétrer les vapeurs d’alcool qui embrume son cerveau, K’yorl se rappel à son bon souvenir. Se fendant d’un large sourire, Coran fait entrer nos héros, les priant au passage de ne pas prêter attention outre mesure aux nombreux cadavres de bouteilles jonchant le sol de la salle commune ainsi qu’au jeune patricien dormant béa sur un sofa tout proche maculé de son propre vomis. Visiblement, c’est lendemain de fête chez Coran.
Coran était juste sur le point de se faire une petite ligne de Lotus Noir avant d’aller se coucher. En tant qu’hôte attentionné, il leur propose naturellement de partager ses réserves mais il craint qu’il n’y en ait pas pour tout le monde. K’yorl a alors l’heureuse idée de sortir sa tabatière en argent aux propriétés si étranges. Nos héros se retrouvent donc rapidement face à 5 rails parfaitement rectilignes alors que Coran leur tend une sorte de petit tube en argent richement décorés de motifs érotiques.
Istardonir refuse catégoriquement de participer à une telle débauche. Sur ses gardes, K’yoril inspire sans grande conviction. Coutumière du Lotus Noir du fait de ses années passé dans des endroits peu recommandable de Silverymoon, Tiluviel n’a pas autant d’appréhension. Aldrya, toujours à la recherche de nouvelles expérience après ses années passées dans le Monastère d’Oghma, prend une première ligne. Ne sentant rien venir, il en prend une seconde ([et fait 1 à son jet de Constitution]).
L’effet est particulièrement impressionnant. Aldrya se raidit totalement. Il semble essayer de balbutier quelques paroles, avant de s’écrouler tout d’un bloc, tel une statue que l’on abat.
Inquiète pour son ami, Tiluviel se rue à son chevet pour lui porter secoure. Son inquiétude est cependant de courte durée car le gros Lapin Bleu qui vient à l’instant d’entrer dans son champs de vision est catégorique: Aldrya va bien et elle ferait mieux d’aller gambader avec lui dans la prairie en ce beau jour d’été. Convaincu par la puissance des arguments du gros Lapin Bleu, Tiluviel ([qui a aussi raté son jet de Constitution avec une grosse marge]) s’obtempère, manquant au passage de chuter sur un couple de bouteilles qui trainait par là.
C’est donc sous les yeux médusé d’Istardonir et de K’yorl que Tiluviel s’élance en bondissant dans la salle. Istardonir tente bien de l’intercepter avant qu’elle ne se blesse ou casse quelque chose de valeur, mais ce faisant, il trébuche sur Mirabelle qui dormait tranquillement à moitié nue derrière un canapé.
Mirabelle est, selon Coran, aussi stupide que moche, ce qui en fait une créature exceptionnellement rare selon lui et par la même occasion une compagne fortement prisée. Comme il l’expliquera plus tard à Aldrya : “quand on a vécu aussi longtemps que moi, franchement les princesses ou les actrices on fini par en faire le tour. Par contre, un tel niveau de bêtise… J’ai rarement vu cela. Je la considère en quelque sorte comme un chef d’oeuvre vivant de la nature. En tout cas, elle m’amuse… ne serait-ce que pour voir la tête de la bonne société de la ville quand je l’emmène dans leur soirée mondaines”
Ayant partiellement repris ses esprits, Tiluviel rejoint Mirabelle dans la contemplation des effets secondaires du Lotus Noir sur l’anatomie d’Aldrya. Alors que s’ébauche en arrière-plan les prémices de ce qui ressemble furieusement à un début d’orgie, K’yoril a bien du mal à capter la pleine attention de leur hôte.
Réussissant néanmoins à engager la conversation avec Coran, K’yorl l’interroge sur la Porte de Baldur et obtient les informations suivantes:
Le Duc Abdel Adrian est effectivement l’un des plus grands héros de la ville. Il jouissait d’une grande popularité à travers tous les quartiers de la ville de par sa lutte contre le coup de Verlaken. Naturellement, il y a eu une sorte d’épuration de la ville après le coup mais elle a été relativement modérée. Quelques personnes ont été contraintes à l’exile, d’autres ont du payer des amendes mais cela fait plusieurs années que l’on n’entend plus parler d’eux. Coran doute que les exilés ou leurs descendants soient derrière l’attentat. Un autre Duc? Peu probable. La relation de travail entre Abdel Adrian et les autres Ducs était plutôt cordiale. Il était de toute façon en minorité au Conseil Ducal face à un axe Silvershield – Stelmane et Portyr se contentant généralement de voter blanc. Il est vrai qu’un homme qui arrivait à joindre une forte force militaire, un certain capital politique à une grande popularité aurait pu être perçu comme une menace pour le système politique actuel de la ville mais ce serait mal connaitre le Duc Adrian qui était l’un des principal soutient du Parlement des Pairs.
Le Duc Torlin Silvershield est de ce genre d’hommes qui croient que c’est à eux de diriger la ville parce qu’ils sont les plus compétents. Dans son cas, c’est probablement vrai. Administrateur habile et fin politique, il cumule les fonctions de Grand-Prêtre de Grond, Duc de la Porte de Baldur et d’homme le plus puissant de la ville. Immensément riche, il est la figure de proue de la faction patricienne mais contrairement à ses pairs il est aussi mu par une certaine idée de l’état. Emprisonné et torturé par Verlaken, c’est dans les culs de bases-fosses de la Tour de Balduran qu’il a fait la rencontre d’Abdel Adrian. Il a joué un rôle capital pour rallier les familles patriciennes à Abdel Adrian et lui permettre de renverser Verlaken. Lui et Adrian ont ensuite su conduire la ville de main de maître pendant des moments difficiles (reconstruction après le coup d’état, Magepeste) et en faire la cité florissante qu’elle est aujourd’hui. C’est lui qui a plaidé de manière très éloquente devant le Parlement des Pairs pour que la ville accueil de nombreux réfugiés issus des ravages de la Magepeste. Bref, la Porte de Baldur a plutôt de la chance de l’avoir.
La Duchesse Belynne Stelmane a été l’une des plus grandes beautés de la ville dans sa jeunesse. Elle a toujours des beaux restes malgré un accident cardiaque qui la laissée diminuée et avec la moitié du visage figé en un rictus permanent. Redoutable femme d’affaire, elle a amassé ce qui doit être la seconde plus grosse fortune de la ville après celle de Silvershield. Contrairement à ce dernier, elle ne perçoit la vie politique de la Porte de Baldur qu’à travers le prisme de son économie. Malgré une redoutable intelligence, elle n’a pas de “vision” pour la ville telle que portée par Adrian ou Silvershield. Elle a par contre la réputation de faire et défaire les carrières au sein de l’Administration de la ville. Elle dispose d’un très important réseau “d’obligés” qui lui doivent de nombreuses faveurs. Elle n’a aucun scrupule à l’utiliser quand il s’agit de faire fructifier ses affaires.
Le Grand Duc Dillard Portyr est, selon Coran, totalement insignifiant. Il est parvenu à la fonction ducale principalement parce qu’il n’était une menace pour personne. Il était tellement insignifiant que même Verlaken n’a pas pris la peine de l’assassiner pendant son coup d’état. Seul duc survivant, c’est lui qui a donc officiellement nommé Adrian, Silvershield et Stelmane aux sièges laissés vacants, devenant au passage Grand Duc (son vote brise les égalité) ce qui au final ne sert pas à grand chose puisqu’il est de ce genre d’homme qui est de la même opinion que son dernier interlocuteur (généralement Silvershield ou Stelmane). A part manger, faire des discours soporifiques et s’occuper de sa collection de pièces anciennes, il ne sert pas à grand chose mais d’un autre côté ne nuit pas à grand monde. Si maintenant un génie du mal se cache derrière une telle façade depuis de si longues années… Et bien Coran en serait le premier surpris.
Le Parlement des Pairs est constitué des 100 premiers citoyens de la ville. On y siège à vie. Environs 80 membres proviennent des familles patricienne de la Ville-Haute. Le reste provient des grands bourgeois de la Ville-Basse. Coran en est membre, pour service rendu lors du coup d’état de Verlaken. Coran voit surtout dans sa nomination un trait d’humour de la part du Duc Abdel Adrian car ce sont les Ducs qui nomment les citoyens aux postes vacant, le Parlement pouvant alors bloquer une nomination avec une majorité des 2/3. Le Parlement à un rôle principalement consultatif auprès du Conseil Ducal sauf s’il s’agit de lever un nouvel impôt. Dans ce cas, un vote devant le Parlement est obligatoire. On y discute de tout, on s’y dispute souvent et surtout chacun y défend ses intérêts et autres petites combines. Les audiences sont généralement publiques. Le Parlement à aussi un rôle de contrôle sur le bon fonctionnement de l’administration… qui tourne très bien sans que le Parlement y mette son nez. Malgré toutes ces imperfection, le Parlement des Pairs est sans équivalent dans le reste des Royaumes-Oubliés où le pouvoir est généralement manié par une quelconque famille royale ou un théocrate. Coran pense que l’expérience vaut la peine d’être continué. Elle est dans tous les cas amusante.
La Guilde a su prendre le contrôle des bas-fonds de la ville et de ses Faubourgs qu’elle tient d’une main de fer. Dirigée par une certaine Neuf-doigts, la Guilde a éliminé toutes les organisations criminelles plus anciennes en l’espace de 10 ans. Il y a encore quelques indépendants mais bien moins qu’avant. Naturellement, une telle prise de contrôle ne s’est pas fait sans une certaine violence mais depuis qu’elle a pris le pouvoir, la Guilde a aussi apporté paradoxalement une certaine stabilité dans les Faubourgs. Il ne faut pourtant pas se leurrer, la Guilde n’est pas un regroupement d’enfants de coeur mais bien de criminels endurcis. A-t-elle une vision sociale ou une dimension politique, seul Neuf-doigts le sait véritablement mais “vouloir prendre/conserver le pouvoir” n’est pas forcement antinomique avec “vouloir faire le bien de son quartier”… comme le Parlement des Pairs en donne régulièrement l’exemple. Une chose est pourtant très claire: la Guilde a grandement augmenté son pouvoir ses dernières années. Elle a des agents et des obligés dans toutes les catégories sociale de la ville. Originaire des Faubourgs, elle étend son influence dans la Ville-Basse comme la Ville-Haute. Coran ne serait pas surpris d’apprendre qu’elle a même réussi à mettre des membres du Parlement des Pairs dans sa poche.
Blaze Ulder Ravengard a toujours été le fidèle second du Duc Abdel Adrian. Né dans un quartier malfamé de la Ville-Basse, il a été recueilli par les Poings de Feu à un très jeune âge à la mort de ses parents. Elevé par les Poings de Feu, il voue un véritable culte à cette organisation et à la Porte de Baldur. Excellent combattant, c’est un meneur d’homme hors pair et un fin tacticien. Il est très respecté par ses hommes malgré la discipline qu’il leur impose et est perçu par le petit peuple de la Ville-Basse comme l’un des leurs. Il devrait normalement succéder à Abdel Adrian comme nouveau Duc. S’il n’est pas novice en matière politique, il va lui falloir maintenant jouer dans la cour des grands. Sans grande surprise, c’est un homme d’ordre qui aime que les choses soient claires. Il va falloir qu’il fasse l’apprentissage de la vie politique à la Porte de Baldur où les victoires sont généralement en demi-teintes et le plus souvent le fruit d’un compromis.
Les Mages sont présent à la Porte de Baldur mais sont bien moins nombreux qu’avant la Magepeste. Il y a tout d’abord Imbralym Skoond, le secrétaire particulier du Duc Torlin Silvershield, qui ne fait aucun mystère de sa qualité de magicien. Il y a aussi surtout Ramazith qu’on oublie parfois de mentionner tant son existence est un peu tabou à la Porte de Baldur. Sa tour est apparue en une seule nuit dans un beau quartier de la Ville-Haute environs 5 ans après la Magepeste. Malgré toutes les protections et les gardes dont ils disposent, Les quatre Ducs ont eu la surprise de trouver à leur réveil sur leur table de nuit un petit papier soigneusement plié en forme de pentacle. Ce papier de couleur noire indiquait son nom de Ramazith, sa qualité de mage, ses intentions pacifiques et son désir d’être laissé seul pendant ses observations. Le Guet a tout de même dépêché une patrouille pour investiguer. Cette dernière a pénétrée dans la tour don't la porte était ouverte mais n’en est jamais revenue. Depuis, le Guet poste une patrouille au pied de la tour pour décourager les curieux. Le Conseil Ducal a décidé dans son immense sagesse de laisser la tour et son occupant tranquille. Si le sujet des magicien vous intéresse, il faudrait mieux en parler à Rivalen Blackhand, le propriétaire du Placard Magique. Son commerce vend des composantes de sort. Il connait donc de nombreux magiciens.
Coran s’est établi à la Porte de Baldur il y a une trentaine d’année. Fou, Poète, Sage, Homme d’affaire, Collectionneur de choses rares et d’ennuis, Coran est toutes ces choses à la fois. Il a fait tous les métiers, essayé toutes les choses et fait toutes les erreurs au moins une fois. Sa propre existence est, selon ses dires,la preuve que la fortune sourit principalement aux imbéciles. De sa longue vie il ne retient qu’une seul chose: le véritable ennemi c’est l’ennui. Donc, si vous avez quelque chose de nouveau à lui proposer, il est votre homme… ou votre femme si nécessaire. Lui, il n’est pas regardant.
Nos héros sont les toutes nouvelles et appétissantes pièces sur l’echequier politique de la ville. Doté de capacité hors du commun, il peuvent par leur simple présence et leur notoriété faire pencher la balance d’un côté comme de l’autre. Il est donc normal qu’ils soient sollicité de toute part. Maintenant, il ne faut pas se leurrer: ce faire des amis équivaut aussi à se faire des ennemis.
Voyant qu'elle Coran semble prêter de plus en plus attention à la scène se développant dans son dos, K’yorl comprend que la conversation s’arrête là et laisse son hôte filer rejoindre Tiluviel, Mirabelle et Aldrya dans la pièce voisine.
Se reutouvant seul avec Istardonir, K’yorl decide de tirer avantage du fait que Coran soit extrement occupé pour visiter le reste du manoir. Le but n’est pas de lui soutirer quelques objets de valeur mais bien d’en apprendre plus sur leur hôte. C’est peut-être manquer au règles les plus élémentaires de la politesse, cela n’en n’est pas pour autant inintéressant. C’est ainsi que K’yorl obtient la conviction que Coran n’est peut-être pas que l’elfe décadent et débonnaire qu’il prétend être. C’est ainsi qu’il apprend les choses suivantes :
- Coran fait principalement dans l’import / export. Il est d’ailleurs criblé de dette auprès de la Maison de Change tenue par un certain Rackath Glitterbeard.
- Coran possède des parts dans « les Trois Tonneaux », une auberge bien réputée de la Ville-Haute
- Dissimulé dans un compartiment secret de son secrétaire, Coran possède tout le matériel du parfait petit mont-en-l’air (cagoule, habits noirs, corde, grappin, outils de voleurs...) auquel il a adjoint ce qui ressemble fortement à une fiole de poison.
- Sa cave communique avec le reste des égouts par un passage dérobé.
Les lendemains d’orgie sont parfois un peu embarrassants.