Merci beaucoup, ça fait plaisir! J'avoue que cette série de scénarios (on devait faire un one shot mais ça a dégénéré) apportent pas mal de plaisir. Et content que vous soyez quelques-uns à les lire vu le temps que ça demande a être rédigé!Arma a écrit :Chapeau bas ! Vos CR donnent furieusement envie de se plonger dans des aventures de cape et épée :s
[CR] L'escapade de Telenaïs - Aventures picaresques dans le Consulat
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Re: [CR] L'escapade de Telenaïs - Aventures picaresques dans le Consulat
Le ciel étoilé a des constellations rares et prodigieuses qui ont pour mission de se rapprocher sans cesse et doucement des mondes misérables et de les éclairer peu à peu d’un jour qui commence par être crépusculaire et qui arrive à être flamboyant
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Re: [CR] L'escapade de Telenaïs - Aventures picaresques dans le Consulat
Yep. Je vous ai même écouter un petit peu 
Et grâce / a cause de toi (je te laisse choisir :p ), j'ai fait joué l'Escapade de Télénaïs à mes joueurs irl (en version adapté pour un autre univers) ce qui nous a donné une très bonne soirée de jeu.

Et grâce / a cause de toi (je te laisse choisir :p ), j'ai fait joué l'Escapade de Télénaïs à mes joueurs irl (en version adapté pour un autre univers) ce qui nous a donné une très bonne soirée de jeu.
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Re: [CR] L'escapade de Telenaïs - Aventures picaresques dans le Consulat
Hop, la suite! Où l'on en apprend plus sur l'ascendance de Lucio Zigarelli
Avec ce compte-rendu, on termine de donner à lire les événements de cette quatrième session de jeu particulièrement dense. On en apprend un peu plus sur la situation et nos compères règlent enfin une complication annexe. Une belle session, certes bavarde, mais riche en émotions et dense en informations qui méritait bien un gros compte-rendu bien détaillé!
La version Blog ici
De deux bretteuses farouches et ombrageuses qui échangent des mots
La nuit est courte et bien désagréable, chacun, chagriné, rumine de son côté. Le lendemain, à la mi-journée, tous se retrouvent à nouveau au Sanglier borgne. Sanella Baldo entre, s’assoit à côté d’Estiladra et lui met un grand coup de poing dans les côtes. Estiladra avale de travers son gruau, ses côtes mises à rude épreuve alors qu’elles restaient encore froissées de son altercation de la veille. La bretteuse le regarde avec un sourire carnassier, amusée de l’effet de sa bourrade. Elle contemple la piteuse troupe, déplore l’absence de Ciro (qui n’a toujours pas reparu), lance quelques boutades à la cantonade et s’enquiert enfin de ce qu’il en était de cette petite enquête qu’elle leur avait demandé de résoudre.
- Malheureusement nous avons des choses plus importantes… commence Andrea
- Je sais que vous n’êtes pas contente mais…
L’humeur de Sanella se gâte.
- Vous n’êtes pas sans savoir ce qui s’est passé hier…
- Et en quoi cela vous concerne ? Son ton est déjà rageur
Vittoria lève la tête au bout de la table
- Le Compagnon de la Roche mort était un Scorta, précise Lucio
- Et alors ? Ils étaient pas de votre école ; ils étaient de chez Corrodi. Vous devriez être heureux de ce constat d’échec.
Vittoria renverse sa chope et soulève la table, de manière à ce que le liquide vienne couler sur les genoux de Sanella. La bière (dès le matin) dégouline sur le pantalon de leur commanditaire malvenue
- Faites attention ma petite, dit-elle d’un ton surpris par autant de maladresse
- Ne lui en tenez pas rancune, Vittoria a perdu son frère hier dit Lucio
- Signora Baldo, je crois que vous savez… nous sommes en deuil à la Spada Rossa. Et il nous faudra quelques semaines pour nous en remettre. Vous comprendrez que vos histoires de jouvenceau passent au deuxième plan, renchérit Andrea
- Je peux comprendre les deuils Estiladra, mais je ne comprends pas que mes affaires passent au deuxième plan.
- Faudra vous y faire… murmure Andrea … ce n’est pas qu’une histoire de deuil
- Mes parents ont donné beaucoup d’argent à la Spada Rossa pour que cette école moribonde survive. J’ai demandé un simple service.
- Est-ce que le terme « honneur » vous dit quelque-chose ?
- Oui, comme dans « honorer ses dettes ».
- Honorer ses morts, ça passe avant, Sanella Baldo. » Vittoria se décide à parler. « Et si tu es venue pour réclamer de l’argent le jour où moi je pleure, quel genre d’honneur tu respectes ? Et si tu es venue nous insulter à notre table alors qu’aujourd’hui pour nous est un deuil, quel genre de garce tu es ? »
[Devant le caractère emporté de Sanella, je demande un jet à la joueuse de Vittoria pour savoir si ses paroles calment ou excitent l’emportée bretteuse. Le jet est à 0 (un - à cause du caractère, un + parce que Vittoria a tapé fort). La joueuse fait jouer un aspect supplémentaire et lance 2 dés et garde le meilleur. C’est « oui et » qui sort : la peine de Vittoria cloue le bec de la bretteuse, bien honteuse d’avoir été rappelée à ses devoirs]
Un silence gêné s’installe à la table…
- Crois-moi, je ne voulais pas t’offenser. Il n’était pas dans mon intention d’offenser quiconque. Je comprends ce que peut représenter la mort d’un proche… Néanmoins, je remplis mes propres fonctions au sein de ma famille, et c’est ma famille qui vous fait savoir que la dette contractée envers la famille Baldo était pressante. Je te présente mes excuses, et je présente mes excuses à la Spada Rossa pour mon comportement et celui de ma famille ; mais le fait est que si vous n’apportez pas rapidement les réponses que je vous ai demandées, la famille Baldo retirera son soutien à la Spada Rossa.
[Rien de tel qu’un coup de pression supplémentaire après les avoir assommés la veille avec la menace de la famille Lauro. Cet épisode est construit comme une longue descente aux enfers qui devrait leur donner l’occasion de faire (ou pas) une remontée triomphale par la suite]
- Et c’est un soutien que l’école ne peut se permettre de perdre… soupire Lucio
Où l’on reparle d’un certain gentilhomme qu’on avait oublié
- Que veux-tu savoir ? Andrea reprend l’initiative. C’est un homme qui aime les prostituées et en même temps il drague les jeunes filles riches du coin.
- Et qui se trouve en deux endroits en même temps ajoute Lucio…
Mais Sanella semble très gênée et n’ose plus poser de questions
- Nous n’en savons pas beaucoup plus, à part qu’il traine avec des gens peu recommandables , dont un de tes cousins, je crois ?
- Un cousin et une cousine, oui.
- Oui, et il en profite pour draguer ta cousine. Et après ça, il va se sustenter d’autres femmes dans des endroits où… la femme est facile quand on paye.
Zigarelli relève un sourcil.
- Où est-ce qu’il traine m’avez-vous dit ?
- Au Nid des Muses. » Les excuses de Sanella semblent avoir calmé Vittoria.
Lucio prend un air de incrédule.
- Oh, oui... je vois que mon absence a causé grand tort à cette enquête ! que ne l’avez-vous pas dit plus tôt !
Sanella se retire en promettant d’essayer de calmer sa famille. Elle leur laisse deux jours pour régler l’affaire, après, elle ne pourra plus rien pour la Spada Rossa. Estiladra est dubitatif quant à leur possibilité à en dire plus.
Vittoria expire un grand coup après que Sanella est partie. Elle vient, en moins d’une journée, de dire leurs vérités aux deux femmes les plus puissantes de Bracce.
De l’ascendance de Lucio Zigarelli
Lucio s’interroge. Il hésite à parler de ces histoires intriquées à sa maîtresse, la puissante Lysia Andres. Peut-être saurait-elle de bon conseil ? Il sait aussi qu’il pourra être utile au groupe en se rendant au Nid des Muses. Il connaît bien ce bordel. Et pour cause, il y est né ! Et malgré des noms différents, Orsina Berarducci, la tenancière, est bien sa mère. [Le joueur avait sa mère, une mère maquerelle, sur sa fiche depuis le début, l’occasion était trop belle pour que l’on ne décide pas de renouer les liens et d’en faire la tenancière du Nid des Muses.] Il décide donc de s’y rendre de ce pas.
Estiladra, lui, veut se remettre à la poursuite du gamin qui lui a joué un si mauvais tour ; peut-être saura-t-il lui en dire plus sur le grand homme roux qu’ils pensent être Anconetti. Vittoria décide de l’accompagner.
Lucio entre au nid des muses à l’heure honteuse où les clients de la veille qui ont sommeillé trop longtemps s’enfuient, masqués et mal reculottés. Dans la salle principale, quelques bourgeois croisés récemment par l’aventurier (quelques membres de la famille Andrès) sont déjà attablés pour déjeuner en accorte compagnie. Orsinna régente son petit monde en cuisine. Les filles de cuisine, d’anciennes prostituées devenues trop peu appétissantes au goût des clients, se jettent sur le petit Lucio pour le couvrir de leurs baisers et de leurs caresses. Même s’il a bien grandi, il reste l’enfant chéri de la maison. Lucio se laisse aller au plaisir des retrouvailles
« De vraies mères, de vraies mères pour moi »
On l’installe à une table où les dames lui servent un plat roboratif. Le goût de l’enfance envahit Lucio, contrastant avec la cuisine de fine gueule des palais qui compose désormais l’ordinaire du bretteur. Orsinna s’est attablée à ses côtés, surveillant son fils pour voir s’il mange bien.
- Qu’est-ce qui t’amène par chez nous, tu n’es pas revenu juste pour le plaisir de voir ta vieille mère ?
- Oh, tu en doutes ? Oh, tu me fais peine.
- Allons, ne joue pas à ça avec moi
- Je ne peux rien te cacher, je ne me leurre pas un seul instant. Oh… je viens pour affaires, pour enquêter… Est-ce que le nom de Tirso de Sagliavocra te dit quelque-chose ?
- Oui, un jeune homme qui vient régulièrement dans la maison, depuis quelque temps. Beaucoup d’argent, à ce qu’on dit.
- C’est donc vrai, tout ce qu’on raconte ?
- Je ne saurais le dire, mais ses lettres de change ont l’air bonnes et ses garants solides.
- Il me semblait pourtant très épris d’une Baldo, et très aventureux d’ailleurs. Il serait regrettable qu’il ne soit pas un vrai gentilhomme. Enfin, entre toi et moi, nous savons tous que les…
- Oh, tu sais, comment c’est ici, ça n’a pas grand-chose avec l’amour.
- Oui, bien sûr, mais bon, je dois apporter des vérités ; prendre quelques garanties pour rassurer la famille Baldo.
- Ah, donc tu fais une enquête de moralité ?
Le terme ne plait pas à Lucio, mais il ne peut qu’acquiescer avant de demander plus de détails. Mais même avec la meilleurs volonté du monde, les mères maquerelles ne sont pas très curieuses sur leur clientèle.
- Mais est-il vraiment Tirso de Sagliavocra, est-il celui qu’il prétend être ?
- Qu’est-ce que tu veux dire identifié ? Tu crois qu’on tient des fiches sur nos clients ?
- Non, mais tu sais, ici, les gens viennent masqués.
- Lucio, s’il s’appelle Tirso, il s’appelle Tirso ». La philosophie de la maquerelle est imparable. « Il fait des lettres de change au nom de Tirso, c’est qu’il s’appelle Tirso. Il a des Sangio, des Lauro et des Baldo qui se portent caution pour lui ; il peut bien s’appeler comme il veut ! »
Lucio est désemparé. Il trouve le jeune homme imprudent, mais rien ne semble poser problème.
- Tu veux le rencontrer, propose Orsinna ? Il sera là ce soir, probablement, comme les trois derniers. Il apprécie l’hospitalité de la maison, surtout les activités de groupe.
- Je tâcherai de passer ce soir alors
- Et tâche de passer en cuisine avant d’aller le voir, tu es trop maigre. »
Mère et fils enchainent sur des bavardages plus légers.
De la dernière des compagnons de la Roche
Andrea et Vittoria trouvent Pino sur une place où se retrouvent les gamins en fin de marché pour chaparder des restes de nourriture aux marchands imprudents. Le regard de Pino croise celui d’Andrea et se met à fendre la foule pour s’enfuir. Vittoria démarre au quart de tour.
[jet de dés pour la joueuse de Vittoria pour savoir si elle le rattrape. Difficulté 0. Elle réussit « Oui »]
Pino fend la foule, bouscule un étal. Vittoria saute au-dessus de l’obstacle et attrape le gamin par le col.
- Pino, je ne t’en veux pas pour hier soir… mais tu me dois quelque chose pour que nous soyons quittes.
- Demande toujours.
Andrea donne la description d’Anconetti. Pino promet de venir le trouver dès qu’il aura les informations. Andrea lui demande aussi de se renseigner à propos de Lina Tabora (la troisième membre des compagnons de la Roche, désormais disparue), et surtout de trouver l’endroit où elle loge. Le gamin s’enfuit. Dans l’attente de réponses, les deux amis retournent au Sanglier Borgne. Les plaies d’Andrea méritent d’être re-pansées.
Pino reparait à la mi-journée. Il n’a rien trouvé sur Anconetti, mais connait la demeure de Lina. Il sait aussi qu’elle n’y est pas retournée depuis longtemps. L’adresse, non loin de la Spada Rossa, est située dans un quartier pauvre. Il signale enfin qu’un certain nombre de soldats surveillent la demeure.
La journée passe très lentement, la nuit tombe et personne n’a rien reparu. Lucio fait passer le message sur ce qu’il a appris au bordel. Il pense que les lettres de change parlent en sa faveur, mais il propose quand même de vérifier le temps d’une conversation informelle.
Avec l’obscurité montante, Andrea et Vittoria croisent un grand nombre de soldats dans le quartier où logeait Lina. La porte est sévèrement gardée. Alors que les spadassins avancent, Cortesi sort de la demeure. Estiladra avance à découvert en direction du nouveau magistrat. Cortesi monte à cheval, six hommes lui emboitent le pas quand Andrea arrive auprès de lui. Vittoria s’est fondue dans les ombres.
Les deux hommes se jaugent, Estiladra, comme à son habitude, provoque un peu son homme, prétend douter de sa légitimité à mener l’enquête. L’homme balaie ses récriminations d’un revers de la main.
- L’impartialité ? clame le capitaine. Comme si c’était un gage de qualité. L’impartialité est une erreur, c’est une tare. C’est comme le manque de foi. C’est qu’on n’a rien pour se porter. Quand on ne se trouve pas un bon patron
- Un bon patron peut se retourner contre soi. »
Déboulant de derrière Andrea, Vittoria frôle les deux hommes et, de son couteau, essaie de couper la sangle du cheval de Cortesi.
[Jet pour savoir si elle y parvient, avec un malus (plein de témoins). Jet à 0 réussi « oui mais » ]
Le regard de Cortesi se pose sur la jeune fille, mais Estiladra l’occupe trop pour qu’il réagisse.
- Je suis sûr que l’on va se revoir, Capitaine
- Vous pensez donc que cette enquête pourrait me conduire à vous ?
- Non. Mais je crois que le fait que vous soyez en charge de cette enquête va vous coûter plus que vous ne croyez. »
Cortesi lance un regard plein de morgue. La cicatrice au travers de son visage rougeoie légèrement. Les chevaux se mettent à avancer.
Au moment où elle passe le coin de la rue, Vittoria sent un bras la tirer dans une ruelle adjacente. Manquant de crier, Lina met sa main devant sa bouche, murmurant à son oreille, avec sa douceur habituelle « Tu vas fermer ta putain de gueule ! ». Vittoria acquiesce d’un hochement de tête. Lina la relâche avec un sourire. Lina ouvre une petite porte donnant dans une maison. Une petite pièce dont la fenêtre donne face à chez elle. A l’intérieur de la place, un couple de hobelins ont été ligotés et bâillonnés, mais relativement confortablement. Ils ont été posés sur un lit.
- M et Mme Santucci ont bien voulu me prêter leur appart le temps que les troubles se calment.
- Lina, ils n’ont manifestement pas accepté…
- Mais si ! N’est pas Monsieur et madame Santucci »
Les deux hobelins hochent la tête avec conviction (et un rien de nervosité… comme s’ils avaient peur d’être frappés.)
- Laisse-moi te dire que ce sont des manières…
- Ah putain, à la guerre comme à la guerre. Et puis on n’est pas là pour se faire des leçons de morale.
- Bon, qu’est-ce qui s’est passé ? Pourquoi nous avez-vous demandé de retenir ces gens à la Chocolaterie.
- C’était un putain de contrat qui s’est putain de mal passé. … Mais dis-moi… Ton frère… il est vraiment mort. »
Elle a déjà les larmes au bord des yeux. Vittoria se met à trembler.
- Ok, ça va, pas la peine de me répondre, j’ai compris.
Elle enchaine sur sa perception de la journée funeste. Il ne devait y avoir personne dans la chambre, ses deux camarades auraient dû être tranquilles, mais tout n’a pas fonctionné comme prévu… Le récit est partiel, Lina n’était pas avec les autres et n’en sait pas vraiment plus. Elle confirme que les suspects étaient bien des marchands de l’Astragale. C’est leur chambre qui a explosé. Elle n’a aucune idée d’où ils peuvent être. Ni Elgio d’ailleurs. Lina est à deux doigts de craquer. Au bord des larmes, elle suggère d’enquêter aux locaux de l’Astragale.
D’un imposteur démasqué
Le Nid des muses est bondé ce soir. Suite à la catastrophe, le sénat de la ville a décidé de fermer l’opéra une semaine, en honneur de la ville meurtrie. Mais le Nid, lui, ne ferme pas, pas même en temps de guerre, et ils sont nombreux à s’y être déplacés ce soir. On pourrait, en contemplant la grand-salle, penser à une journée comme les autres. Le vent frais ramène à l’intérieur l’odeur des aromates du jardin, la compagnie est joyeuse et déjà, alors que la soirée commence à peine, l’alcool coule à flot et des couples s’en vont trouver une place à l’écart.
« C’est un établissement qui ne plie pas devant la menace, qui sait ouvrir les bras grands et combler les cœurs » se dit Lucio en arrivant. Il rôde un peu, passe par la cuisine et s’enquiert discrètement de la présence de Tirso de Sagliavocra dans les lieux. Au bout d’un moment, on lui annonce la venue. Dans un grand salon, les libations vont bon train. On lui désigne le gentilhomme. A la faveur d’une gorgée de vin, Tirso relève son masque, révélant son visage aux yeux de Lucio.
Andrea regarde le capitaine Cortesi partir, sa selle qui tangue dangereusement… Il sait que, passé le coin, la rue est en pente et que l’ancien militaire aura une bonne surprise. Deux gardes sont restés en faction devant la maison. Vittoria ressort négligemment à cet instant. Tout conduit nos amis à l’astragale. Ils préfèrent cesser leurs recherches pour l’instant.
Lucio, lui, n’hésite pas. Reconnaissant deux jeunes gens de bonne famille dans la compagnie de Tirso : Giaccino Lauro et Sirino Baldo. Ils sont déjà sérieusement altérés par le vin et ont réclamé un nombre important de filles pour s’occuper d’eux. La mère maquerelle prie son fils de ne pas faire d’esclandre devant la clientèle. Lucio est d’accord, il a un plan : il demande aux filles de le faire boire un maximum, afin qu’il puisse l’assaillir aux latrines.
Cela ne tarde pas, un quart d’heure plus tard, le jeune homme s’éclipse. Sortant son outillage près du trou réservé à cet usage, à l’autre bout du jardin aromatiques, il est surpris par Lucio qui lui balance un puissant coup de pied au cul, l’envoyant valdinguer dans le décor.
[Jet à « + », que Lucio rate. Il dépense une aubaine pour un « oui mais »]
Tirso bascule dans un buisson. Il se relève et adopte une position défensive, de l’autre côté du buisson. Le masque a glissé, laissant apercevoir le bas du visage et, détail anodin pour qui n’aurait été Lucio Zigarelli, révélant une petite tache de naissance lui donnant une idée de la réelle identité du prétendu noble de Sagliavocra.
- Ça va ? Tu me remets, bec à foin ? lance Lucio à son adversaire tremblant.
- De quoi parlez-vous ? vous vous comportez bien mal par devers un noble qui vient… qui vient prendre du bon temps dans votre ville.
- Arrête ton baratin, ça prend pas avec moi. Je vois que t’as progressé ? Tu vois gros, t’as réussi à mettre la main sur des lettres de change.
Un vent de panique souffle sur Tirso.
- Et qui êtes-vous pour me demander cela ?
- Je vais te rafraîchir la mémoire ! Et Lucio de sauter par-dessus le buisson, mains tendues vers l’imposteur.
[nouveau jet : « non mais »]
L’imposteur fuit devant l’assaut, mais le masque tombe et quelque chose dans son physique change. Il parvient à retourner dans la pièce principale
« Stoppez le pendard » hurle Lucio avant de débarquer en pleine orgie.
- Sirino, Giacino, à l’aide ! gémit-il
Mais ses deux compères ne semblent pas le reconnaitre
- Hahaha, la chance tourne, charogne, hurle Lucio.
Les deux damoiseaux se lèvent pourtant et s’approchent.
- Messieurs, reconnaissez-vous cet accoutrement ? Cette trogne n’a plus rien à voir avec le beau visage de votre ami lorsqu’il est entré ici !
Sirino Baldo, d’une main légère, dénoue le ruban de soie attachant la poignée de son épée, signe pacifique et sésame à l’accès au bordel.
Lucio soulève l’imposteur par les cheveux, arrache le masque et crie à l’assistance « Contemplez !»
Les deux compères tombent en arrêt : le visage n’a plus rien à voir avec celui de leur ami Tirso. La face finement aristocratique et vaniteuse a laissé place à un nez épais, des joues tombantes et le nez fuyant d’un grand gamin pas bien beau ni distingué. Personne ne comprend, l’assistance commence à le prendre mal. Lucio tempère les commentaires acerbes, voire mauvais des deux nobles.
« Ne vous inquiétez pas, c’est un importun. Tirso de Sagliavocra est ailleurs, nu comme un ver, et il passe du très bon temps ! »
[Nouveau jet de dés requis. Le joueur de Lucio joue son aspect « Je suis né dans un bordel » : il lance à « + » et échoue]
- Monsieur, votre humour est de très mauvais goût et nous voulons savoir où il se trouve pour prendre du bon temps avec lui. Et relâchez ce pauvre bougre qui ne vous a rien fait et que vous traitez bien mal. Tout le monde doit passer une soirée agréable.
- Mais c’est mon complice, tout ceci est un tour de prestidigitation ».
Et un nouveau coup de pied vient fleurir l’arrière-train de l’imposteur qui se met à hurler « Tu vas payer Zigarelli, tu vas payer ! ». Sirino Baldo menace de tirer l’épée.
- Monsieur, plaide Lucio, ne faites pas quelque chose que vous pourriez regretter
- Alors ne faites pas quelque chose qui me forcerait à faire quelque-chose que je pourrais regretter.
- Voyons monsieur, nous sommes dans un lieu saint…
- C’est un bordel !
Et Sirino Baldo tire son épée, bientôt suivi de Giaccino Lauro.
- Ici, on ne croise pas le fer, on s’étreint ! Oh maman… désolé maman.
Lucio sort la sienne… d’épée. Il tient toujours l’imposteur de sa main libre : la situation s’annonce tendue. Il envoie l’imposteur à une servante qui l’évacue et le met au secret. Les deux nobles, s’impatientant, lancent une attaque un peu lâche à Lucio occupé par ailleurs.
Les passes s’enchainent au milieu des clients qui fuient. Lucio fait claquer la tenture protégeant la fenêtre pour se défendre, enrobant les lames de ses adversaires dans le velours. L’aisance de Lucio ne fait qu’attiser la colère des deux jeunes gens. Maîtrisant l’un des deux jeunes gens, à terre, affalé, l’autre se précipite sur le bretteur de la Spada Rossa. « Rends nous notre ami, kidnappeur ! ».
Echangeant paroles autant qu’horions, Lucio parvient à semer le doute dans l’esprit de ses adversaires. Il révèle la véritable identité de l’imposteur : un illusionniste du nom de Roman Tirodias, qu’il connait de longue date, et dont les tours sont inopérants sur lui (il a eu affaire à lui il y a longtemps alors que le coquin avait singé son apparence). Les deux nobliaux en restent ébahis. Lucio leur propose une confrontation avec Tirodias. Les deux jeunes gens acceptent de reporter le duel pour tirer cela au clair.
[Ultime jet pour savoir si Roman est toujours dans le lieu ou s’il s’est enfui. Le joueur de Lucio part avec un handicap. « Non Mais ». Il dépense une aubaine pour passer à « Oui mais »]
Dans la chambre, ils surprennent Tirodias en train d’essayer d’enjamber la fenêtre qu’il a réussi à forcer. Il hésite un instant à sauter
« Fumieerr » hurle Lucio qui rattrape le coquin de justesse.
Tirodias se contorsionne par terre, il implore la pitié de son auditoire. Toute trace de distinction a quitté son village. Il sort une histoire peu convaincante, raconte comment il a trouvé une lettre de change sur un cadavre et qu’il a décidé de prendre le nom de la personne à qui elle était destinée. Sa lettre lui a permis de s’introduire en société, mais sa fortune fictive est finie depuis bien longtemps et il vit depuis plusieurs jours sur les garanties de ses cautionnaires… qui ne seront jamais remboursés, faute d’argent. Il jure ses grands dieux que ce n’est pas vraiment sa faute. Le jeune Baldo le prend très mal et sort l’imposteur en le tirant par le col, déterminé à lui faire affronter la vindicte de sa famille, et de Sanella en premier lieu. Et l’on embarque Roman Tirodias.
A suivre...
Mon ressenti:
C'était une superbe partie, avec moins d'envolées drôlatiques que les précédentes (sauf avec la scène de bordel finale), mais avec de vrais moments d'émotion: le début, Vittoria chancelante, et surtout dans les confrontations du personnage avec les figures d'autorité, qui auraient pu dégénérer, mais qui ont été à la fois bien gérées en jeu et par le système.
Comme Zigarelli n'était pas là lors de la session précédente, je lui avais donné un petit avantage de jeu, celui de toujours pouvoir reconnaitre Roman Tirodias, et donc il lui suffisait d'apercevoir le visage deTirso de Sagliavocra pour découvrir la supercherie. Mais beaucoup de choses restent encore en suspens, concernant le complot et la vengeance à exercer.
Avec ce compte-rendu, on termine de donner à lire les événements de cette quatrième session de jeu particulièrement dense. On en apprend un peu plus sur la situation et nos compères règlent enfin une complication annexe. Une belle session, certes bavarde, mais riche en émotions et dense en informations qui méritait bien un gros compte-rendu bien détaillé!
La version Blog ici
De deux bretteuses farouches et ombrageuses qui échangent des mots
La nuit est courte et bien désagréable, chacun, chagriné, rumine de son côté. Le lendemain, à la mi-journée, tous se retrouvent à nouveau au Sanglier borgne. Sanella Baldo entre, s’assoit à côté d’Estiladra et lui met un grand coup de poing dans les côtes. Estiladra avale de travers son gruau, ses côtes mises à rude épreuve alors qu’elles restaient encore froissées de son altercation de la veille. La bretteuse le regarde avec un sourire carnassier, amusée de l’effet de sa bourrade. Elle contemple la piteuse troupe, déplore l’absence de Ciro (qui n’a toujours pas reparu), lance quelques boutades à la cantonade et s’enquiert enfin de ce qu’il en était de cette petite enquête qu’elle leur avait demandé de résoudre.
- Malheureusement nous avons des choses plus importantes… commence Andrea
- Je sais que vous n’êtes pas contente mais…
L’humeur de Sanella se gâte.
- Vous n’êtes pas sans savoir ce qui s’est passé hier…
- Et en quoi cela vous concerne ? Son ton est déjà rageur
Vittoria lève la tête au bout de la table
- Le Compagnon de la Roche mort était un Scorta, précise Lucio
- Et alors ? Ils étaient pas de votre école ; ils étaient de chez Corrodi. Vous devriez être heureux de ce constat d’échec.
Vittoria renverse sa chope et soulève la table, de manière à ce que le liquide vienne couler sur les genoux de Sanella. La bière (dès le matin) dégouline sur le pantalon de leur commanditaire malvenue
- Faites attention ma petite, dit-elle d’un ton surpris par autant de maladresse
- Ne lui en tenez pas rancune, Vittoria a perdu son frère hier dit Lucio
- Signora Baldo, je crois que vous savez… nous sommes en deuil à la Spada Rossa. Et il nous faudra quelques semaines pour nous en remettre. Vous comprendrez que vos histoires de jouvenceau passent au deuxième plan, renchérit Andrea
- Je peux comprendre les deuils Estiladra, mais je ne comprends pas que mes affaires passent au deuxième plan.
- Faudra vous y faire… murmure Andrea … ce n’est pas qu’une histoire de deuil
- Mes parents ont donné beaucoup d’argent à la Spada Rossa pour que cette école moribonde survive. J’ai demandé un simple service.
- Est-ce que le terme « honneur » vous dit quelque-chose ?
- Oui, comme dans « honorer ses dettes ».
- Honorer ses morts, ça passe avant, Sanella Baldo. » Vittoria se décide à parler. « Et si tu es venue pour réclamer de l’argent le jour où moi je pleure, quel genre d’honneur tu respectes ? Et si tu es venue nous insulter à notre table alors qu’aujourd’hui pour nous est un deuil, quel genre de garce tu es ? »
[Devant le caractère emporté de Sanella, je demande un jet à la joueuse de Vittoria pour savoir si ses paroles calment ou excitent l’emportée bretteuse. Le jet est à 0 (un - à cause du caractère, un + parce que Vittoria a tapé fort). La joueuse fait jouer un aspect supplémentaire et lance 2 dés et garde le meilleur. C’est « oui et » qui sort : la peine de Vittoria cloue le bec de la bretteuse, bien honteuse d’avoir été rappelée à ses devoirs]
Un silence gêné s’installe à la table…
- Crois-moi, je ne voulais pas t’offenser. Il n’était pas dans mon intention d’offenser quiconque. Je comprends ce que peut représenter la mort d’un proche… Néanmoins, je remplis mes propres fonctions au sein de ma famille, et c’est ma famille qui vous fait savoir que la dette contractée envers la famille Baldo était pressante. Je te présente mes excuses, et je présente mes excuses à la Spada Rossa pour mon comportement et celui de ma famille ; mais le fait est que si vous n’apportez pas rapidement les réponses que je vous ai demandées, la famille Baldo retirera son soutien à la Spada Rossa.
[Rien de tel qu’un coup de pression supplémentaire après les avoir assommés la veille avec la menace de la famille Lauro. Cet épisode est construit comme une longue descente aux enfers qui devrait leur donner l’occasion de faire (ou pas) une remontée triomphale par la suite]
- Et c’est un soutien que l’école ne peut se permettre de perdre… soupire Lucio
Où l’on reparle d’un certain gentilhomme qu’on avait oublié
- Que veux-tu savoir ? Andrea reprend l’initiative. C’est un homme qui aime les prostituées et en même temps il drague les jeunes filles riches du coin.
- Et qui se trouve en deux endroits en même temps ajoute Lucio…
Mais Sanella semble très gênée et n’ose plus poser de questions
- Nous n’en savons pas beaucoup plus, à part qu’il traine avec des gens peu recommandables , dont un de tes cousins, je crois ?
- Un cousin et une cousine, oui.
- Oui, et il en profite pour draguer ta cousine. Et après ça, il va se sustenter d’autres femmes dans des endroits où… la femme est facile quand on paye.
Zigarelli relève un sourcil.
- Où est-ce qu’il traine m’avez-vous dit ?
- Au Nid des Muses. » Les excuses de Sanella semblent avoir calmé Vittoria.
Lucio prend un air de incrédule.
- Oh, oui... je vois que mon absence a causé grand tort à cette enquête ! que ne l’avez-vous pas dit plus tôt !
Sanella se retire en promettant d’essayer de calmer sa famille. Elle leur laisse deux jours pour régler l’affaire, après, elle ne pourra plus rien pour la Spada Rossa. Estiladra est dubitatif quant à leur possibilité à en dire plus.
Vittoria expire un grand coup après que Sanella est partie. Elle vient, en moins d’une journée, de dire leurs vérités aux deux femmes les plus puissantes de Bracce.
De l’ascendance de Lucio Zigarelli
Lucio s’interroge. Il hésite à parler de ces histoires intriquées à sa maîtresse, la puissante Lysia Andres. Peut-être saurait-elle de bon conseil ? Il sait aussi qu’il pourra être utile au groupe en se rendant au Nid des Muses. Il connaît bien ce bordel. Et pour cause, il y est né ! Et malgré des noms différents, Orsina Berarducci, la tenancière, est bien sa mère. [Le joueur avait sa mère, une mère maquerelle, sur sa fiche depuis le début, l’occasion était trop belle pour que l’on ne décide pas de renouer les liens et d’en faire la tenancière du Nid des Muses.] Il décide donc de s’y rendre de ce pas.
Estiladra, lui, veut se remettre à la poursuite du gamin qui lui a joué un si mauvais tour ; peut-être saura-t-il lui en dire plus sur le grand homme roux qu’ils pensent être Anconetti. Vittoria décide de l’accompagner.
Lucio entre au nid des muses à l’heure honteuse où les clients de la veille qui ont sommeillé trop longtemps s’enfuient, masqués et mal reculottés. Dans la salle principale, quelques bourgeois croisés récemment par l’aventurier (quelques membres de la famille Andrès) sont déjà attablés pour déjeuner en accorte compagnie. Orsinna régente son petit monde en cuisine. Les filles de cuisine, d’anciennes prostituées devenues trop peu appétissantes au goût des clients, se jettent sur le petit Lucio pour le couvrir de leurs baisers et de leurs caresses. Même s’il a bien grandi, il reste l’enfant chéri de la maison. Lucio se laisse aller au plaisir des retrouvailles
« De vraies mères, de vraies mères pour moi »
On l’installe à une table où les dames lui servent un plat roboratif. Le goût de l’enfance envahit Lucio, contrastant avec la cuisine de fine gueule des palais qui compose désormais l’ordinaire du bretteur. Orsinna s’est attablée à ses côtés, surveillant son fils pour voir s’il mange bien.
- Qu’est-ce qui t’amène par chez nous, tu n’es pas revenu juste pour le plaisir de voir ta vieille mère ?
- Oh, tu en doutes ? Oh, tu me fais peine.
- Allons, ne joue pas à ça avec moi
- Je ne peux rien te cacher, je ne me leurre pas un seul instant. Oh… je viens pour affaires, pour enquêter… Est-ce que le nom de Tirso de Sagliavocra te dit quelque-chose ?
- Oui, un jeune homme qui vient régulièrement dans la maison, depuis quelque temps. Beaucoup d’argent, à ce qu’on dit.
- C’est donc vrai, tout ce qu’on raconte ?
- Je ne saurais le dire, mais ses lettres de change ont l’air bonnes et ses garants solides.
- Il me semblait pourtant très épris d’une Baldo, et très aventureux d’ailleurs. Il serait regrettable qu’il ne soit pas un vrai gentilhomme. Enfin, entre toi et moi, nous savons tous que les…
- Oh, tu sais, comment c’est ici, ça n’a pas grand-chose avec l’amour.
- Oui, bien sûr, mais bon, je dois apporter des vérités ; prendre quelques garanties pour rassurer la famille Baldo.
- Ah, donc tu fais une enquête de moralité ?
Le terme ne plait pas à Lucio, mais il ne peut qu’acquiescer avant de demander plus de détails. Mais même avec la meilleurs volonté du monde, les mères maquerelles ne sont pas très curieuses sur leur clientèle.
- Mais est-il vraiment Tirso de Sagliavocra, est-il celui qu’il prétend être ?
- Qu’est-ce que tu veux dire identifié ? Tu crois qu’on tient des fiches sur nos clients ?
- Non, mais tu sais, ici, les gens viennent masqués.
- Lucio, s’il s’appelle Tirso, il s’appelle Tirso ». La philosophie de la maquerelle est imparable. « Il fait des lettres de change au nom de Tirso, c’est qu’il s’appelle Tirso. Il a des Sangio, des Lauro et des Baldo qui se portent caution pour lui ; il peut bien s’appeler comme il veut ! »
Lucio est désemparé. Il trouve le jeune homme imprudent, mais rien ne semble poser problème.
- Tu veux le rencontrer, propose Orsinna ? Il sera là ce soir, probablement, comme les trois derniers. Il apprécie l’hospitalité de la maison, surtout les activités de groupe.
- Je tâcherai de passer ce soir alors
- Et tâche de passer en cuisine avant d’aller le voir, tu es trop maigre. »
Mère et fils enchainent sur des bavardages plus légers.
De la dernière des compagnons de la Roche
Andrea et Vittoria trouvent Pino sur une place où se retrouvent les gamins en fin de marché pour chaparder des restes de nourriture aux marchands imprudents. Le regard de Pino croise celui d’Andrea et se met à fendre la foule pour s’enfuir. Vittoria démarre au quart de tour.
[jet de dés pour la joueuse de Vittoria pour savoir si elle le rattrape. Difficulté 0. Elle réussit « Oui »]
Pino fend la foule, bouscule un étal. Vittoria saute au-dessus de l’obstacle et attrape le gamin par le col.
- Pino, je ne t’en veux pas pour hier soir… mais tu me dois quelque chose pour que nous soyons quittes.
- Demande toujours.
Andrea donne la description d’Anconetti. Pino promet de venir le trouver dès qu’il aura les informations. Andrea lui demande aussi de se renseigner à propos de Lina Tabora (la troisième membre des compagnons de la Roche, désormais disparue), et surtout de trouver l’endroit où elle loge. Le gamin s’enfuit. Dans l’attente de réponses, les deux amis retournent au Sanglier Borgne. Les plaies d’Andrea méritent d’être re-pansées.
Pino reparait à la mi-journée. Il n’a rien trouvé sur Anconetti, mais connait la demeure de Lina. Il sait aussi qu’elle n’y est pas retournée depuis longtemps. L’adresse, non loin de la Spada Rossa, est située dans un quartier pauvre. Il signale enfin qu’un certain nombre de soldats surveillent la demeure.
La journée passe très lentement, la nuit tombe et personne n’a rien reparu. Lucio fait passer le message sur ce qu’il a appris au bordel. Il pense que les lettres de change parlent en sa faveur, mais il propose quand même de vérifier le temps d’une conversation informelle.
Avec l’obscurité montante, Andrea et Vittoria croisent un grand nombre de soldats dans le quartier où logeait Lina. La porte est sévèrement gardée. Alors que les spadassins avancent, Cortesi sort de la demeure. Estiladra avance à découvert en direction du nouveau magistrat. Cortesi monte à cheval, six hommes lui emboitent le pas quand Andrea arrive auprès de lui. Vittoria s’est fondue dans les ombres.
Les deux hommes se jaugent, Estiladra, comme à son habitude, provoque un peu son homme, prétend douter de sa légitimité à mener l’enquête. L’homme balaie ses récriminations d’un revers de la main.
- L’impartialité ? clame le capitaine. Comme si c’était un gage de qualité. L’impartialité est une erreur, c’est une tare. C’est comme le manque de foi. C’est qu’on n’a rien pour se porter. Quand on ne se trouve pas un bon patron
- Un bon patron peut se retourner contre soi. »
Déboulant de derrière Andrea, Vittoria frôle les deux hommes et, de son couteau, essaie de couper la sangle du cheval de Cortesi.
[Jet pour savoir si elle y parvient, avec un malus (plein de témoins). Jet à 0 réussi « oui mais » ]
Le regard de Cortesi se pose sur la jeune fille, mais Estiladra l’occupe trop pour qu’il réagisse.
- Je suis sûr que l’on va se revoir, Capitaine
- Vous pensez donc que cette enquête pourrait me conduire à vous ?
- Non. Mais je crois que le fait que vous soyez en charge de cette enquête va vous coûter plus que vous ne croyez. »
Cortesi lance un regard plein de morgue. La cicatrice au travers de son visage rougeoie légèrement. Les chevaux se mettent à avancer.
Au moment où elle passe le coin de la rue, Vittoria sent un bras la tirer dans une ruelle adjacente. Manquant de crier, Lina met sa main devant sa bouche, murmurant à son oreille, avec sa douceur habituelle « Tu vas fermer ta putain de gueule ! ». Vittoria acquiesce d’un hochement de tête. Lina la relâche avec un sourire. Lina ouvre une petite porte donnant dans une maison. Une petite pièce dont la fenêtre donne face à chez elle. A l’intérieur de la place, un couple de hobelins ont été ligotés et bâillonnés, mais relativement confortablement. Ils ont été posés sur un lit.
- M et Mme Santucci ont bien voulu me prêter leur appart le temps que les troubles se calment.
- Lina, ils n’ont manifestement pas accepté…
- Mais si ! N’est pas Monsieur et madame Santucci »
Les deux hobelins hochent la tête avec conviction (et un rien de nervosité… comme s’ils avaient peur d’être frappés.)
- Laisse-moi te dire que ce sont des manières…
- Ah putain, à la guerre comme à la guerre. Et puis on n’est pas là pour se faire des leçons de morale.
- Bon, qu’est-ce qui s’est passé ? Pourquoi nous avez-vous demandé de retenir ces gens à la Chocolaterie.
- C’était un putain de contrat qui s’est putain de mal passé. … Mais dis-moi… Ton frère… il est vraiment mort. »
Elle a déjà les larmes au bord des yeux. Vittoria se met à trembler.
- Ok, ça va, pas la peine de me répondre, j’ai compris.
Elle enchaine sur sa perception de la journée funeste. Il ne devait y avoir personne dans la chambre, ses deux camarades auraient dû être tranquilles, mais tout n’a pas fonctionné comme prévu… Le récit est partiel, Lina n’était pas avec les autres et n’en sait pas vraiment plus. Elle confirme que les suspects étaient bien des marchands de l’Astragale. C’est leur chambre qui a explosé. Elle n’a aucune idée d’où ils peuvent être. Ni Elgio d’ailleurs. Lina est à deux doigts de craquer. Au bord des larmes, elle suggère d’enquêter aux locaux de l’Astragale.
D’un imposteur démasqué
Le Nid des muses est bondé ce soir. Suite à la catastrophe, le sénat de la ville a décidé de fermer l’opéra une semaine, en honneur de la ville meurtrie. Mais le Nid, lui, ne ferme pas, pas même en temps de guerre, et ils sont nombreux à s’y être déplacés ce soir. On pourrait, en contemplant la grand-salle, penser à une journée comme les autres. Le vent frais ramène à l’intérieur l’odeur des aromates du jardin, la compagnie est joyeuse et déjà, alors que la soirée commence à peine, l’alcool coule à flot et des couples s’en vont trouver une place à l’écart.
« C’est un établissement qui ne plie pas devant la menace, qui sait ouvrir les bras grands et combler les cœurs » se dit Lucio en arrivant. Il rôde un peu, passe par la cuisine et s’enquiert discrètement de la présence de Tirso de Sagliavocra dans les lieux. Au bout d’un moment, on lui annonce la venue. Dans un grand salon, les libations vont bon train. On lui désigne le gentilhomme. A la faveur d’une gorgée de vin, Tirso relève son masque, révélant son visage aux yeux de Lucio.
Andrea regarde le capitaine Cortesi partir, sa selle qui tangue dangereusement… Il sait que, passé le coin, la rue est en pente et que l’ancien militaire aura une bonne surprise. Deux gardes sont restés en faction devant la maison. Vittoria ressort négligemment à cet instant. Tout conduit nos amis à l’astragale. Ils préfèrent cesser leurs recherches pour l’instant.
Lucio, lui, n’hésite pas. Reconnaissant deux jeunes gens de bonne famille dans la compagnie de Tirso : Giaccino Lauro et Sirino Baldo. Ils sont déjà sérieusement altérés par le vin et ont réclamé un nombre important de filles pour s’occuper d’eux. La mère maquerelle prie son fils de ne pas faire d’esclandre devant la clientèle. Lucio est d’accord, il a un plan : il demande aux filles de le faire boire un maximum, afin qu’il puisse l’assaillir aux latrines.
Cela ne tarde pas, un quart d’heure plus tard, le jeune homme s’éclipse. Sortant son outillage près du trou réservé à cet usage, à l’autre bout du jardin aromatiques, il est surpris par Lucio qui lui balance un puissant coup de pied au cul, l’envoyant valdinguer dans le décor.
[Jet à « + », que Lucio rate. Il dépense une aubaine pour un « oui mais »]
Tirso bascule dans un buisson. Il se relève et adopte une position défensive, de l’autre côté du buisson. Le masque a glissé, laissant apercevoir le bas du visage et, détail anodin pour qui n’aurait été Lucio Zigarelli, révélant une petite tache de naissance lui donnant une idée de la réelle identité du prétendu noble de Sagliavocra.
- Ça va ? Tu me remets, bec à foin ? lance Lucio à son adversaire tremblant.
- De quoi parlez-vous ? vous vous comportez bien mal par devers un noble qui vient… qui vient prendre du bon temps dans votre ville.
- Arrête ton baratin, ça prend pas avec moi. Je vois que t’as progressé ? Tu vois gros, t’as réussi à mettre la main sur des lettres de change.
Un vent de panique souffle sur Tirso.
- Et qui êtes-vous pour me demander cela ?
- Je vais te rafraîchir la mémoire ! Et Lucio de sauter par-dessus le buisson, mains tendues vers l’imposteur.
[nouveau jet : « non mais »]
L’imposteur fuit devant l’assaut, mais le masque tombe et quelque chose dans son physique change. Il parvient à retourner dans la pièce principale
« Stoppez le pendard » hurle Lucio avant de débarquer en pleine orgie.
- Sirino, Giacino, à l’aide ! gémit-il
Mais ses deux compères ne semblent pas le reconnaitre
- Hahaha, la chance tourne, charogne, hurle Lucio.
Les deux damoiseaux se lèvent pourtant et s’approchent.
- Messieurs, reconnaissez-vous cet accoutrement ? Cette trogne n’a plus rien à voir avec le beau visage de votre ami lorsqu’il est entré ici !
Sirino Baldo, d’une main légère, dénoue le ruban de soie attachant la poignée de son épée, signe pacifique et sésame à l’accès au bordel.
Lucio soulève l’imposteur par les cheveux, arrache le masque et crie à l’assistance « Contemplez !»
Les deux compères tombent en arrêt : le visage n’a plus rien à voir avec celui de leur ami Tirso. La face finement aristocratique et vaniteuse a laissé place à un nez épais, des joues tombantes et le nez fuyant d’un grand gamin pas bien beau ni distingué. Personne ne comprend, l’assistance commence à le prendre mal. Lucio tempère les commentaires acerbes, voire mauvais des deux nobles.
« Ne vous inquiétez pas, c’est un importun. Tirso de Sagliavocra est ailleurs, nu comme un ver, et il passe du très bon temps ! »
[Nouveau jet de dés requis. Le joueur de Lucio joue son aspect « Je suis né dans un bordel » : il lance à « + » et échoue]
- Monsieur, votre humour est de très mauvais goût et nous voulons savoir où il se trouve pour prendre du bon temps avec lui. Et relâchez ce pauvre bougre qui ne vous a rien fait et que vous traitez bien mal. Tout le monde doit passer une soirée agréable.
- Mais c’est mon complice, tout ceci est un tour de prestidigitation ».
Et un nouveau coup de pied vient fleurir l’arrière-train de l’imposteur qui se met à hurler « Tu vas payer Zigarelli, tu vas payer ! ». Sirino Baldo menace de tirer l’épée.
- Monsieur, plaide Lucio, ne faites pas quelque chose que vous pourriez regretter
- Alors ne faites pas quelque chose qui me forcerait à faire quelque-chose que je pourrais regretter.
- Voyons monsieur, nous sommes dans un lieu saint…
- C’est un bordel !
Et Sirino Baldo tire son épée, bientôt suivi de Giaccino Lauro.
- Ici, on ne croise pas le fer, on s’étreint ! Oh maman… désolé maman.
Lucio sort la sienne… d’épée. Il tient toujours l’imposteur de sa main libre : la situation s’annonce tendue. Il envoie l’imposteur à une servante qui l’évacue et le met au secret. Les deux nobles, s’impatientant, lancent une attaque un peu lâche à Lucio occupé par ailleurs.
Les passes s’enchainent au milieu des clients qui fuient. Lucio fait claquer la tenture protégeant la fenêtre pour se défendre, enrobant les lames de ses adversaires dans le velours. L’aisance de Lucio ne fait qu’attiser la colère des deux jeunes gens. Maîtrisant l’un des deux jeunes gens, à terre, affalé, l’autre se précipite sur le bretteur de la Spada Rossa. « Rends nous notre ami, kidnappeur ! ».
Echangeant paroles autant qu’horions, Lucio parvient à semer le doute dans l’esprit de ses adversaires. Il révèle la véritable identité de l’imposteur : un illusionniste du nom de Roman Tirodias, qu’il connait de longue date, et dont les tours sont inopérants sur lui (il a eu affaire à lui il y a longtemps alors que le coquin avait singé son apparence). Les deux nobliaux en restent ébahis. Lucio leur propose une confrontation avec Tirodias. Les deux jeunes gens acceptent de reporter le duel pour tirer cela au clair.
[Ultime jet pour savoir si Roman est toujours dans le lieu ou s’il s’est enfui. Le joueur de Lucio part avec un handicap. « Non Mais ». Il dépense une aubaine pour passer à « Oui mais »]
Dans la chambre, ils surprennent Tirodias en train d’essayer d’enjamber la fenêtre qu’il a réussi à forcer. Il hésite un instant à sauter
« Fumieerr » hurle Lucio qui rattrape le coquin de justesse.
Tirodias se contorsionne par terre, il implore la pitié de son auditoire. Toute trace de distinction a quitté son village. Il sort une histoire peu convaincante, raconte comment il a trouvé une lettre de change sur un cadavre et qu’il a décidé de prendre le nom de la personne à qui elle était destinée. Sa lettre lui a permis de s’introduire en société, mais sa fortune fictive est finie depuis bien longtemps et il vit depuis plusieurs jours sur les garanties de ses cautionnaires… qui ne seront jamais remboursés, faute d’argent. Il jure ses grands dieux que ce n’est pas vraiment sa faute. Le jeune Baldo le prend très mal et sort l’imposteur en le tirant par le col, déterminé à lui faire affronter la vindicte de sa famille, et de Sanella en premier lieu. Et l’on embarque Roman Tirodias.
A suivre...
Mon ressenti:
C'était une superbe partie, avec moins d'envolées drôlatiques que les précédentes (sauf avec la scène de bordel finale), mais avec de vrais moments d'émotion: le début, Vittoria chancelante, et surtout dans les confrontations du personnage avec les figures d'autorité, qui auraient pu dégénérer, mais qui ont été à la fois bien gérées en jeu et par le système.
Comme Zigarelli n'était pas là lors de la session précédente, je lui avais donné un petit avantage de jeu, celui de toujours pouvoir reconnaitre Roman Tirodias, et donc il lui suffisait d'apercevoir le visage deTirso de Sagliavocra pour découvrir la supercherie. Mais beaucoup de choses restent encore en suspens, concernant le complot et la vengeance à exercer.
Le ciel étoilé a des constellations rares et prodigieuses qui ont pour mission de se rapprocher sans cesse et doucement des mondes misérables et de les éclairer peu à peu d’un jour qui commence par être crépusculaire et qui arrive à être flamboyant
La Partie du Lundi - Traces rôlistiques
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Re: [CR] L'escapade de Telenaïs - Aventures picaresques dans le Consulat
Et l'on a repris les aventures dans le Consulat: Une nouvelle aventure pour poursuivre celles de la Spada rossa; et une autre session à venir qui se déroule dans une autre ville, avec d'autres personnages. Le Dodécaedre, c'est bon, mangez-en!
Et les aventures de la Spada Rossa peuvent se lire sur blog, plus confortablement mises en page par ici
D’une petite victoire qui perd de son importance
Lucio, triomphant, passe le seuil de l’auberge du Sanglier borgne… personne ne fait attention à lui. Tous sont épuisés qui ont passé la nuit à errer dans les rues à la recherche d’indices. Le regard de Vittoria est perdu dans son écuelle et soudain, Lucio se rappelle de la tragédie, que ses péripéties avaient momentanément occultée.
– La forme camarades ? Lucio s’attable
– Où étais-tu cette nuit ? lâche froidement Estiladra dont le visage est toujours sérieusement amoché.
– Mais j’ai repris l’enquête là où nous l’avons laissée, au nid des Muses !
Lucio raconte ses mésaventures, la voix de plus en plus tremblante alors que l’humeur maussade de ses camarades l’envahit à nouveau. Estiladra finit tout de même à reconnaitre que Lucio leur a enlevé une épine du pied.
La porte de la taverne s’ouvre à la volée et la silhouette de Sanella Baldo se découpe contre la lumière du petit matin. Un sourire carnassier habille son visage. D’un pas preste, elle s’avance, lance une bourrade à Zigarelli qui en recrache sa bière, et s’installe à la table. Elle exprime rapidement sa satisfaction devant les résultats obtenus par la Spada Rossa. Tout en parlant, elle jauge Vittoria du regard, se souvenant de leur dernière rencontre. Elle finit par poser un ebourse bien remplie sur la table. Zigarelli la fait disparaitre.
– La Famille Baldo paye ses dettes et…
– … et la Spada Rossa est reconnaissante, complète Zigarelli
– Il s’avère que j’ai peut-être autre chose qui pourrait vous aider…
– Vous savez, entame Estiladra, que nous sommes en deuil ?
– Je le sais…
et elle continue de jauger Vittoria du regard
– Effectivement, si vous avez des informations à nous…
– … les informations en ma possession, je crois que vous les avez déjà : Il s’agit d’un complot, la famille Lauro y est mêlée, mais ils n’avaient certainement pas prévu de faire exploser un bâtiment en centre-ville. Néanmoins, vous comprendrez que la famille Baldo a intérêt à ce que le complot des Lauro échoue. Et, malgré le fait que nous ayons voté contre au conseil, c’est tout de même l’un de ses représentants qui se voit chargé de l’enquête.
– Le Capitaine Cortesi…
– Oui, mais ce n’est pas pour lui que je suis venu.
D’un secret bien gardé de la famille Baldo
Elle prend un air mystérieux
– Il se trouve que chacune des grandes familles de Bracce a ses petites ressources personnelles, qu’elle prend soin de ne pas ébruiter. On ne conserve pas son prestige pendant des siècles sans quelques accommodements, et quelques ressources cachées. Vittoria, j’aurais quelque chose à vous proposer.
Vittoria se relève
– quelque chose à me proposer à moi ?
– A vous et à votre famille oui. Il se trouve que lors de la guerre, un ancêtre à moi a mis la main sur l’une de ces personnes qui servaient ce seigneur démon qui a sévi sur ces terres. Une personne dotée de pouvoirs conséquents et qui, dit-on, serait à me^me de ramener à la vie quelqu’un qui serait trépassé.
Zigarelli laisse échapper un sifflement.
– Comment ça, ramener à la vie ? lâche Estiladra, avec en tête les nuées de morts vivants que la compagnie Bocanegra, dont il avait fait partie, avaient combattu lors de la libération de Brasse.
– Je ne parle pas d’une de ces mascarades de vies mort-vivantes.
– J’en ai combattu moi, dans les tranchées
– Il ne s’agit pas de cela. Il s’agit d’autre chose, d’une magie blanche qui a été détournée de son origine pure. Pas d’une magie noire.
– J’ai du mal à y croire…
– Vous avez du mal à y croire car nous avons fait tout ce qu’il fallait pour que vous ne sachiez pas que ce type de pouvoir puisse exister. Il n’en est pas moins réel et… je vous fais là une confidence qu’il ne faudra pas ébruiter. Néanmoins, ce n’est qu’une proposition. Vitoria… si vous me le demandez…
– Vous vous moquez de moi à cause de l’altercation d’hier ?
– Je n’ai pas l’habitude de me moquer des gens autrement qu’avant de les pourfendre. Et vous voyez, mon épée n’a pas quitté son fourreau.
– Vous avez déjà tué quelqu’un ?
– J’ai déjà tué plusieurs personnes oui.
– Et avant de le faire, vous saviez que vous pouviez le faire ? Comment on sait si on va pouvoir le faire ? Comment on sait si au dernier moment on ne va pas reculer et… votre frère ne sera pas vengé… Comment vous savez ça ?
– Où veux-tu en venir ? demande Estiladra
– Je ne peux pas répondre à ces questions à ta place. Ce ne sont pas des questions qui trouvent une réponse générale. C’est à toi qu’il faut poser la question, et il faut que tu trouves la réponse dans ton âme. Dans ton âme et dans ta main.
Vittoria baisse les yeux.
– Moi la question que je me pose, poursuit Estiladra, c’est en échange de quoi… vous comptez ramener son frère à la vie.
– Je n’ai pas parlé d’échange. Je parle… eut égards aux services rendus… et à mes paroles malheureuses… je propose juste cela. Et il n’y a pas d’échange
– Ah oui… susurre Estiladra, toujours suspicieux
– Ramener un frère arraché à la vie trop tôt… c’est une sacrée promesse, renchérit Zigarelli.
Sanella commence à s’agacer de ces salamalecs. Elle se voyait porteuse d’une joyeuse nouvelle qui aurait apporté des sourires, et elle se heurte à l’indécision et la suspicion de la Spada Rossa…
– Bon, je n’ai pas de temps à perdre. J’ai fait ma proposition, vous savez où me trouver si vous voulez que cela advienne. Mais ne tardez pas trop : plus le temps passe, et plus les rituels sont difficiles.
Alors que Sanella s’en va, Ciro passe la porte de l’auberge et rejoint ses camarades après une grosse journée d'absence inexpliquée.
Et les aventures de la Spada Rossa peuvent se lire sur blog, plus confortablement mises en page par ici
D’une petite victoire qui perd de son importance
Lucio, triomphant, passe le seuil de l’auberge du Sanglier borgne… personne ne fait attention à lui. Tous sont épuisés qui ont passé la nuit à errer dans les rues à la recherche d’indices. Le regard de Vittoria est perdu dans son écuelle et soudain, Lucio se rappelle de la tragédie, que ses péripéties avaient momentanément occultée.
– La forme camarades ? Lucio s’attable
– Où étais-tu cette nuit ? lâche froidement Estiladra dont le visage est toujours sérieusement amoché.
– Mais j’ai repris l’enquête là où nous l’avons laissée, au nid des Muses !
Lucio raconte ses mésaventures, la voix de plus en plus tremblante alors que l’humeur maussade de ses camarades l’envahit à nouveau. Estiladra finit tout de même à reconnaitre que Lucio leur a enlevé une épine du pied.
La porte de la taverne s’ouvre à la volée et la silhouette de Sanella Baldo se découpe contre la lumière du petit matin. Un sourire carnassier habille son visage. D’un pas preste, elle s’avance, lance une bourrade à Zigarelli qui en recrache sa bière, et s’installe à la table. Elle exprime rapidement sa satisfaction devant les résultats obtenus par la Spada Rossa. Tout en parlant, elle jauge Vittoria du regard, se souvenant de leur dernière rencontre. Elle finit par poser un ebourse bien remplie sur la table. Zigarelli la fait disparaitre.
– La Famille Baldo paye ses dettes et…
– … et la Spada Rossa est reconnaissante, complète Zigarelli
– Il s’avère que j’ai peut-être autre chose qui pourrait vous aider…
– Vous savez, entame Estiladra, que nous sommes en deuil ?
– Je le sais…
et elle continue de jauger Vittoria du regard
– Effectivement, si vous avez des informations à nous…
– … les informations en ma possession, je crois que vous les avez déjà : Il s’agit d’un complot, la famille Lauro y est mêlée, mais ils n’avaient certainement pas prévu de faire exploser un bâtiment en centre-ville. Néanmoins, vous comprendrez que la famille Baldo a intérêt à ce que le complot des Lauro échoue. Et, malgré le fait que nous ayons voté contre au conseil, c’est tout de même l’un de ses représentants qui se voit chargé de l’enquête.
– Le Capitaine Cortesi…
– Oui, mais ce n’est pas pour lui que je suis venu.
D’un secret bien gardé de la famille Baldo
Elle prend un air mystérieux
– Il se trouve que chacune des grandes familles de Bracce a ses petites ressources personnelles, qu’elle prend soin de ne pas ébruiter. On ne conserve pas son prestige pendant des siècles sans quelques accommodements, et quelques ressources cachées. Vittoria, j’aurais quelque chose à vous proposer.
Vittoria se relève
– quelque chose à me proposer à moi ?
– A vous et à votre famille oui. Il se trouve que lors de la guerre, un ancêtre à moi a mis la main sur l’une de ces personnes qui servaient ce seigneur démon qui a sévi sur ces terres. Une personne dotée de pouvoirs conséquents et qui, dit-on, serait à me^me de ramener à la vie quelqu’un qui serait trépassé.
Zigarelli laisse échapper un sifflement.
– Comment ça, ramener à la vie ? lâche Estiladra, avec en tête les nuées de morts vivants que la compagnie Bocanegra, dont il avait fait partie, avaient combattu lors de la libération de Brasse.
– Je ne parle pas d’une de ces mascarades de vies mort-vivantes.
– J’en ai combattu moi, dans les tranchées
– Il ne s’agit pas de cela. Il s’agit d’autre chose, d’une magie blanche qui a été détournée de son origine pure. Pas d’une magie noire.
– J’ai du mal à y croire…
– Vous avez du mal à y croire car nous avons fait tout ce qu’il fallait pour que vous ne sachiez pas que ce type de pouvoir puisse exister. Il n’en est pas moins réel et… je vous fais là une confidence qu’il ne faudra pas ébruiter. Néanmoins, ce n’est qu’une proposition. Vitoria… si vous me le demandez…
– Vous vous moquez de moi à cause de l’altercation d’hier ?
– Je n’ai pas l’habitude de me moquer des gens autrement qu’avant de les pourfendre. Et vous voyez, mon épée n’a pas quitté son fourreau.
– Vous avez déjà tué quelqu’un ?
– J’ai déjà tué plusieurs personnes oui.
– Et avant de le faire, vous saviez que vous pouviez le faire ? Comment on sait si on va pouvoir le faire ? Comment on sait si au dernier moment on ne va pas reculer et… votre frère ne sera pas vengé… Comment vous savez ça ?
– Où veux-tu en venir ? demande Estiladra
– Je ne peux pas répondre à ces questions à ta place. Ce ne sont pas des questions qui trouvent une réponse générale. C’est à toi qu’il faut poser la question, et il faut que tu trouves la réponse dans ton âme. Dans ton âme et dans ta main.
Vittoria baisse les yeux.
– Moi la question que je me pose, poursuit Estiladra, c’est en échange de quoi… vous comptez ramener son frère à la vie.
– Je n’ai pas parlé d’échange. Je parle… eut égards aux services rendus… et à mes paroles malheureuses… je propose juste cela. Et il n’y a pas d’échange
– Ah oui… susurre Estiladra, toujours suspicieux
– Ramener un frère arraché à la vie trop tôt… c’est une sacrée promesse, renchérit Zigarelli.
Sanella commence à s’agacer de ces salamalecs. Elle se voyait porteuse d’une joyeuse nouvelle qui aurait apporté des sourires, et elle se heurte à l’indécision et la suspicion de la Spada Rossa…
– Bon, je n’ai pas de temps à perdre. J’ai fait ma proposition, vous savez où me trouver si vous voulez que cela advienne. Mais ne tardez pas trop : plus le temps passe, et plus les rituels sont difficiles.
Alors que Sanella s’en va, Ciro passe la porte de l’auberge et rejoint ses camarades après une grosse journée d'absence inexpliquée.
Dernière modification par Ozen le dim. sept. 04, 2016 1:59 pm, modifié 1 fois.
Le ciel étoilé a des constellations rares et prodigieuses qui ont pour mission de se rapprocher sans cesse et doucement des mondes misérables et de les éclairer peu à peu d’un jour qui commence par être crépusculaire et qui arrive à être flamboyant
La Partie du Lundi - Traces rôlistiques
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Re: [CR] L'escapade de Telenaïs - Aventures picaresques dans le Consulat
De ce qui advint de Ciro Passeri alors que tout le monde le pensait à nouveau disparu.
– Tiens, tu es sorti de prison ? Lance Estiladra au retardataire, coutumier du fait.
– Ouais… on peut dire ça… j’ai appris ce qui s’était passé… je suis vriment désolé. C’est tragique… C’est terrible.
– Et toi, ça va ?
– Ouais…
Ciro tombe dans ses pensées…
[Note: Le joueur de Ciro était absent lors de la session précédente. C’était déjà arrivé auparavant, et plutôt que de faire jouer une fantôme, alors même que les persos se doivent d’être très typés, j’avais juste dit aux joueurs qu’il avait disparu. Lorsque j’ai préparé la partie, j’avais une vague idée de ce qu’il avait pu faire. Je pensais lui proposer d’accepter à l’avance une version toute faite, mais nous n’avons pas pu en parler. Ce qui suit est une grosse impro venue sur le moment, où je remobilise des éléments en suspens et des trucs que le joueur avait noté sur la feuille de Ciro, et notamment les liens qui le lient à la famille Lauro. Ce qui est chouette, c’est que ça renoue plein de fils de l’intrigue qui pendouillaient de manière plutôt convaincante!]
Vingt-quatre heures plus tôt, alors que la place de la Chocolaterie est emplie de fumée, de plâtras et que la foule hurle et se rue à l’intérieur du bâtiment, un épais nuage noir vient se perdre dans le ciel bleu de Bracce. Ciro, au bout de la ruelle jouxtant la chocolaterie, voit de loin Vittoria s’agenouiller auprès d’un corps, tombé du ciel. Se tournant brusquement, comme alerté, il jette un regard aux deux sœurs Lauro qui, non loin de lui, contemplent la scène avec un sourire gourmand. Leurs regards se croisent et les jeunes filles, toujours accompagnées de leur protecteur, quittent le théâtre de la tragédie. Sans hésitation, Ciro leur emboite le pas discrètement.
Ciro connait bien la famille Lauro. Lorsque quelques années auparavant, il était arrivé de l’Ile de Bruigh (où l’attend toujours sa famille), la famille l’avait pris sous son aile, lui confiant travail et considération. Juan di Lauro [un PNJ officiel, vieil hédoniste pratiquant le culte d’Aphrodite], notamment, un vieil homme sans enfants, avait éprouvé pour le jeune homme une grande compassion, allant jusqu’à lui offrir une épée, et à payer ses cours à la Spada Rossa.
C’est vers lui que se dirige Ciro, le vieil homme saura certainement fournir des explications à ce qui vient de se passer. On fait attendre longtemps Ciro dans un salon couvert de peintures de famille. Il se remémore ce qu’il sait de la famille. Autant les Sangio et les Baldo sont des familles étendues, avec nombre de cousins, parfois très éloignés vivant tous dans le même palais, autant la famille Lauro est restreinte. A peine quelques membres peuplent un palais devenu trop grand : un oncle sans enfants et la famille principale, les enfants de son frère. Les deux jumelles posent sur l’un des tableaux, diaphanes, leurs têtes très fines tournées l’une vers l’autre, une longue robe blanche habillant leur corps longiligne.
A la fin de la journée, excédé, Ciro fait mine de se lever. C’est à ce moment que le vieux Juan apparait, l’air fatigué dans son costume noir à fraise. Il prend la main de ciro et l’amène à sa suite dans sa pièce préférée. De nombreuses épées au mur, un bureau modeste. Cori s’agenouille, tire son épée et la tend au Vieillard.
– Monseigneur, appuie-t-il, je vous suis redevable de beaucoup, mais je ne comprends pas ce qui s’est passé, et je crois que je ne suis pas digne de cette épée. Je… il y a eu un attentat terrible en centre-ville et je crois que votre famille est liée… je dois… je dois comprendre… mes amis…
Le vieil homme prend l’épée en main, pose la lame sur sa manche pour ne pas toucher l’acier nu, et effectue quelques passes avec.
– Elle est toute simple cette épée, mais il y a tout un tas de détails qui échappent au regard à première vue. Regardez, vous avez-vu ça ?
Et écartant la cordelette entourant la poignée, il révèle une minuscule scène de bataille gravée dans le métal invisible : un guerrier affronte un monstre volant.
– Cette épée appartenait à un grand guerrier. Elle est vieille mais a été conservée en bon état. On dit que le cœur de la dernière Wyvern des monts surplombant Bracce a été terrassée par sa lame.
Il rend l’épée à Ciro.
– Un cadeau est un cadeau, quels que soient tes choix. Et elle te va bien cette épée.
– Bon, cessons là les cérémonies. Tu as toujours été quelqu’un de fiable et… je ne regrette personnellement pas l’argent ni la protection que nous t’avons fourni
– J’ai toujours eu le plus grand et profond respect pour votre famille. Mais je ne comprends pas ce geste.
– Allons, tu crois vraiment que la famille aurait fait un attentat en plein Bracce ? Mais selon toi, à quoi servirait ce geste ?
– Je ne sais pas, je ne suis pas dans les secrets.
– Mais tu as une tête pour penser ? Quel bénéfice les Lauro retireraient-ils de faire exploser une maison en plein centre de Bracce.
– Je ne sais pas, je ne sais pas, mais un homme est mort, et un homme important. Peut-être est-ce cela qu’il ne faut pas perdre de vue.
– J’ai entendu cela malheureusement. Mais la situation est délicate et beaucoup de choses vont se passer dans les jours qui viennent. Plusieurs familles qui voient leur intérêt politique vont profiter de l’incident pour essayer de nous chasser du conseil. Et pour que nous puissions prouver notre innocence, il va nous falloir du temps. Et pour trouver le temps, il nous faut des coupables, rapidement… pas les vrais coupables certes, mais cela nous laissera le temps d’investiguer et de découvrir qui sont nos ennemis et ont provoqué ce carnage. C’est peut-être un accident… même si je n’y crois pas beaucoup…. Tu es mené de près ou de loin à ces compagnons de la roche ?
Les questions du vieillard se font plus pressantes et Ciro ne les esquive pas.
– Saurais-tu me dire qui est derrière cette mission que l’on a donnée aux Compagnons de la roche ? Plus vite je le saurai, et plus vite nous pourrons les disculper. Tu penses qu’eux-même n’auraient pas pu prendre part à une opération de sabotage et faire exposer cette poudre ?
– Je ne sais pas… ça semble farfelu…
– On paye les compagnies pour faire le sale travail. Certaines ne sont pas très regardantes. Tu ne penses pas qu’il pourrait y avoir l’un des compagnons qui aurait pu jouer double jeu ? Sans que ses camarades soient au courant ? Il y a bien cet étranger, dont le nom m’arrache la gorge et qui les dirige. Il n’est pas du Consulat… même s’il y est né…
– Elgio ? Elgio Gülad ?
– Ce doit être cela. Qu’en penses-tu, toi qu’il l’a rencontré ?
Mais la moue du vieillard ne laisse aucun doute sur ses préjugés.
– Je l’ai trop peu rencontré pour pouvoir en juger. Je ne saurais dire
– Rien que tu ne puisses m’apprendre et qui ferait avancer nos affaires ?
Pressions, aveux et prison dorée
Le jeune Ciro est largement dépassé par le vieillard, très persuasif et plus habitué aux subtilités de la politique. Juan fait tinter négligemment une bourse à son côté.
– Tu sais que je ne te poserais pas ces questions si ce n’était dans l’intérêt de la famille Lauro et celui de Bracce. Et même si certains nobles hiérarchiseraient famille et ville dans l’autre sens, c’est néanmoins la vérité que je te dis.
– Oui, maintenant que vous le dites… Il a peut-être eu des comportements un peu bizarres, un peu déviants, Elgio.
– Ça ne m’étonne pas, ça ne m’étonne pas !… Tu as assisté à la scène ?
– Oui
– Mes deux nièces m’ont dit t’avoir croisé.
– Oui, on essayait d’empêcher que quelque chose se passe, mais on ne pensait pas à un attentat.
– Tu vas me rendre un service ciro : Je t’ai expliqué clairement mes motivations et la position de la famille. Désormais il nous faut des preuves pour étayer ce que nous disons, pour pouvoir convaincre le Sénat que c’est à notre famille qu’il faut remettre l’enquête. Tu vas mettre ce que tu as vu par écrit, tu vas faire part de tes soupçons quant à Elgio Gülad, et nous produirons ta lettre devant le Sénat.
Il avance vers son bureau. Sa vieille main ridée fait glisser sur le plateau une feuille de papier, une plume et un encrier. Ciro raconte tout ce que le vieux Juan lui a dit d’écrire. Le vieil homme lui indique deux ou trois rectifications.
Alors qu’il ne reste que la signature de Ciro à apposer sur le papier, on frappe à la porte. Les deux jumelles rentrent l’une à la suite de l’autre, un sourire mystérieux, vaguement cruel toujours peint sur leur visage alors qu’elles toisent Ciro, pas du tout à son aise. Elles portent toujours les robes de l’après-midi, maculées de suie. Les taches sont au même endroit sur les deux robes. Les jumelles tiennent conciliabule avec leur oncle, presque sans bouger les lèvres, puis ressortent aussi vite qu’elles étaient venues. En sueur, Ciro contemple le papier. La plume tremble dans sa main.
– Alors garçon, où en es-tu ?
Juan se penche au-dessus de son épaule, comme un maître attentif.
– Je… est-ce une bonne chose de mentir à la justice ? Un innocent va être condamné.
– Premièrement, je ne t’ai pas demandé de mentir. Une présentation subjective des faits, ce n’est pas un mensonge : c’est un point de vue. Et crois-tu que le sénat ne comprendra pas la subjectivité de ton témoignage ? Il n’est pas suffisant pour faire condamner quelqu’un. Sur la base d’un témoignage, on a des présomptions. Après, il faut des preuves, et c’est pendant l’enquête pour rechercher ses preuves que nous confondrons le réel coupable. S’ils ne savent pas qu’on les cherche, les vrais coupables se relâcheront. Quant à l’autre, il ira pourrir quelques jours en geôle et il sera relâché. Il me semble que ces spadassins ne souffriront pas trop d’une semaine à la diète qui leur fera oublier leurs excès alcoolisés. Tu as ma parole que ça n’ira pas plus loin.
Ciro signe la lettre d’aveux. [ Mouhahaha, à ce moment, les autres joueurs balancent des "Fuuumierrr" en sourdine et dans le Chat de notre conversation Hangout]
La journée ne se passe pas trop mal pour Ciro, mais on insiste pour le conserver à domicile les prochaines vingt-quatre heures. Il bénéficie d’une leçon avec le maître d’armes de la famille, de deux excellents repas, et de la conversation de Juan qui l’entretient de sa famille sur l’ile de Bruigh, à qui il vient de faire partir une lettre de change à la somme avantageuse. Le lendemain, à cinq heures du matin, un serviteur tire Ciro du lit et on le colle à la rue…
De retour à l’auberge du Sanglier Borgne
– Alors mon vieux Ciro, tu es bien livide, demande Lucio Zigarelli
– Ah oui… ah oui *soupirs* C’est une bien triste chose qui est arrivée. Nous devrions enquêter pour trouver le coupable
– Mais tu ne nous as pas dit ce qui t’était arrivé ? Ils t’ont mis sous clé ?
– En quelque sorte… Ciro est nerveux… c’était une prison dorée… je nous ai surtout fait gagner du temps
– Je… je comprends pas, une prison dorée, lance Vittoria ?
– T’étais pas à la prison centrale ? renchérit Estiladra ?
– … ouais la vraie prison, termine Vittoria.
– Non, non, j’étais euh… j’étais là-bas, dans la famille qui m’a toujours aidé… chez les Lauro. Et on parlait avec eux comme ça, ils m’ont proposé de rester, et de témoigner dans l’enquête, mais tout ça, c’est juste pour gagner du temps le temps qu’on trouve les coupables et que…
– Mais on les a trouvés les coupables ! Pendant que tu étais dans ta prison dorée on les a trouvés : c’est la famille Lauro. Vittoria est énervée
– Avec l’Astragale, n’oublions pas l’Astragale, complète Estiladra
– Je peux t’assurer qu’il y a de fortes chances que ça ne soit pas eux. Est-ce que vous avez des preuves ?
L’atmosphère se tend, la belle cohésion de la Spada Rossa semble loin.
– On n’a pas besoin de preuve, siffle Vittoria, on parle de provocation en duel
– On parle donc de vengeance et de mise à mort, pas de justice. La vengeance, tu n’en auras qu’une. Il faut le faire sur le vrai coupable… Dois-je te rappeler que ton sang a coulé ?
– … si tu répètes ça encore une fois… !
– Toutefois, Ciro n’a pas totalement tort, tempère Estiladra. Il faut faire des vérifications
– Une enquête approfondie s’impose, complète Ciro. Et la vengeance est un plat qui se mange froid. Sous le coup de la colère, à provoquer n’importe quel émissaire, ton frère n’en sera pas plus vengé.
Zigarelli, lui, a gardé le silence et récapitule ce qu’il sait de la famille Lauro. Certes, ils ont tenu leur place pendant les guerres, sans doute de manière plus discrète, mais la famille a toujours été moins nombreuse. Il se dit surtout que le prince Démon a maudit l’ancêtre pour que sa lignée dégénère. Et songeant aux terribles jumelles, Lucio ne peut s’empêcher de penser que cette malédiction n’était pas que mots en l’air… Ils en gardent la réputation d’être marqués par le sort, mais leur pouvoir politique et économique est toujours vivace.
Ciro ne fait pas le fier. S’il soutient ce qu’il a fait, il n’en mène tout de même pas large devant la suspicion de ses camarades. Heureusement Zigarelli fait cesser les discussions. Un grand silence envahit la table.
Finalement, Andrea soulève l’idée d’aller à l’Astragale enquêter sur les personnes que Lina et Elgio leur ont indiqués, Florian Anconetti en premier lieu. Décision est prise d’aller enquêter du côté de l’hôtel de l’Astragale. Mais une pensée murit en Lucio Zigarelli quant à l’offre de Sanella Baldo. Il voudrait convaincre Vittoria d’accepter que son frère revienne à la vie, mais la jeune fille ne veut pas l’entendre de cette oreille, toute à ses idées de vengeance, et bien vite, il abandonne l’idée de lui en parler. Un remord nouveau et étonnant nait en son for intérieur.
[Il faut rappeler que les meurtres sont sévèrement châtiés au Consulat si le coupable n’a pas une excellente explication. La mort n’est pas anodine sur ces terres, et bien malheureux celui qui n’a pas pris la mesure de ses actes avant de les commettre.]
– Tiens, tu es sorti de prison ? Lance Estiladra au retardataire, coutumier du fait.
– Ouais… on peut dire ça… j’ai appris ce qui s’était passé… je suis vriment désolé. C’est tragique… C’est terrible.
– Et toi, ça va ?
– Ouais…
Ciro tombe dans ses pensées…
[Note: Le joueur de Ciro était absent lors de la session précédente. C’était déjà arrivé auparavant, et plutôt que de faire jouer une fantôme, alors même que les persos se doivent d’être très typés, j’avais juste dit aux joueurs qu’il avait disparu. Lorsque j’ai préparé la partie, j’avais une vague idée de ce qu’il avait pu faire. Je pensais lui proposer d’accepter à l’avance une version toute faite, mais nous n’avons pas pu en parler. Ce qui suit est une grosse impro venue sur le moment, où je remobilise des éléments en suspens et des trucs que le joueur avait noté sur la feuille de Ciro, et notamment les liens qui le lient à la famille Lauro. Ce qui est chouette, c’est que ça renoue plein de fils de l’intrigue qui pendouillaient de manière plutôt convaincante!]
Vingt-quatre heures plus tôt, alors que la place de la Chocolaterie est emplie de fumée, de plâtras et que la foule hurle et se rue à l’intérieur du bâtiment, un épais nuage noir vient se perdre dans le ciel bleu de Bracce. Ciro, au bout de la ruelle jouxtant la chocolaterie, voit de loin Vittoria s’agenouiller auprès d’un corps, tombé du ciel. Se tournant brusquement, comme alerté, il jette un regard aux deux sœurs Lauro qui, non loin de lui, contemplent la scène avec un sourire gourmand. Leurs regards se croisent et les jeunes filles, toujours accompagnées de leur protecteur, quittent le théâtre de la tragédie. Sans hésitation, Ciro leur emboite le pas discrètement.
Ciro connait bien la famille Lauro. Lorsque quelques années auparavant, il était arrivé de l’Ile de Bruigh (où l’attend toujours sa famille), la famille l’avait pris sous son aile, lui confiant travail et considération. Juan di Lauro [un PNJ officiel, vieil hédoniste pratiquant le culte d’Aphrodite], notamment, un vieil homme sans enfants, avait éprouvé pour le jeune homme une grande compassion, allant jusqu’à lui offrir une épée, et à payer ses cours à la Spada Rossa.
C’est vers lui que se dirige Ciro, le vieil homme saura certainement fournir des explications à ce qui vient de se passer. On fait attendre longtemps Ciro dans un salon couvert de peintures de famille. Il se remémore ce qu’il sait de la famille. Autant les Sangio et les Baldo sont des familles étendues, avec nombre de cousins, parfois très éloignés vivant tous dans le même palais, autant la famille Lauro est restreinte. A peine quelques membres peuplent un palais devenu trop grand : un oncle sans enfants et la famille principale, les enfants de son frère. Les deux jumelles posent sur l’un des tableaux, diaphanes, leurs têtes très fines tournées l’une vers l’autre, une longue robe blanche habillant leur corps longiligne.
A la fin de la journée, excédé, Ciro fait mine de se lever. C’est à ce moment que le vieux Juan apparait, l’air fatigué dans son costume noir à fraise. Il prend la main de ciro et l’amène à sa suite dans sa pièce préférée. De nombreuses épées au mur, un bureau modeste. Cori s’agenouille, tire son épée et la tend au Vieillard.
– Monseigneur, appuie-t-il, je vous suis redevable de beaucoup, mais je ne comprends pas ce qui s’est passé, et je crois que je ne suis pas digne de cette épée. Je… il y a eu un attentat terrible en centre-ville et je crois que votre famille est liée… je dois… je dois comprendre… mes amis…
Le vieil homme prend l’épée en main, pose la lame sur sa manche pour ne pas toucher l’acier nu, et effectue quelques passes avec.
– Elle est toute simple cette épée, mais il y a tout un tas de détails qui échappent au regard à première vue. Regardez, vous avez-vu ça ?
Et écartant la cordelette entourant la poignée, il révèle une minuscule scène de bataille gravée dans le métal invisible : un guerrier affronte un monstre volant.
– Cette épée appartenait à un grand guerrier. Elle est vieille mais a été conservée en bon état. On dit que le cœur de la dernière Wyvern des monts surplombant Bracce a été terrassée par sa lame.
Il rend l’épée à Ciro.
– Un cadeau est un cadeau, quels que soient tes choix. Et elle te va bien cette épée.
– Bon, cessons là les cérémonies. Tu as toujours été quelqu’un de fiable et… je ne regrette personnellement pas l’argent ni la protection que nous t’avons fourni
– J’ai toujours eu le plus grand et profond respect pour votre famille. Mais je ne comprends pas ce geste.
– Allons, tu crois vraiment que la famille aurait fait un attentat en plein Bracce ? Mais selon toi, à quoi servirait ce geste ?
– Je ne sais pas, je ne suis pas dans les secrets.
– Mais tu as une tête pour penser ? Quel bénéfice les Lauro retireraient-ils de faire exploser une maison en plein centre de Bracce.
– Je ne sais pas, je ne sais pas, mais un homme est mort, et un homme important. Peut-être est-ce cela qu’il ne faut pas perdre de vue.
– J’ai entendu cela malheureusement. Mais la situation est délicate et beaucoup de choses vont se passer dans les jours qui viennent. Plusieurs familles qui voient leur intérêt politique vont profiter de l’incident pour essayer de nous chasser du conseil. Et pour que nous puissions prouver notre innocence, il va nous falloir du temps. Et pour trouver le temps, il nous faut des coupables, rapidement… pas les vrais coupables certes, mais cela nous laissera le temps d’investiguer et de découvrir qui sont nos ennemis et ont provoqué ce carnage. C’est peut-être un accident… même si je n’y crois pas beaucoup…. Tu es mené de près ou de loin à ces compagnons de la roche ?
Les questions du vieillard se font plus pressantes et Ciro ne les esquive pas.
– Saurais-tu me dire qui est derrière cette mission que l’on a donnée aux Compagnons de la roche ? Plus vite je le saurai, et plus vite nous pourrons les disculper. Tu penses qu’eux-même n’auraient pas pu prendre part à une opération de sabotage et faire exposer cette poudre ?
– Je ne sais pas… ça semble farfelu…
– On paye les compagnies pour faire le sale travail. Certaines ne sont pas très regardantes. Tu ne penses pas qu’il pourrait y avoir l’un des compagnons qui aurait pu jouer double jeu ? Sans que ses camarades soient au courant ? Il y a bien cet étranger, dont le nom m’arrache la gorge et qui les dirige. Il n’est pas du Consulat… même s’il y est né…
– Elgio ? Elgio Gülad ?
– Ce doit être cela. Qu’en penses-tu, toi qu’il l’a rencontré ?
Mais la moue du vieillard ne laisse aucun doute sur ses préjugés.
– Je l’ai trop peu rencontré pour pouvoir en juger. Je ne saurais dire
– Rien que tu ne puisses m’apprendre et qui ferait avancer nos affaires ?
Pressions, aveux et prison dorée
Le jeune Ciro est largement dépassé par le vieillard, très persuasif et plus habitué aux subtilités de la politique. Juan fait tinter négligemment une bourse à son côté.
– Tu sais que je ne te poserais pas ces questions si ce n’était dans l’intérêt de la famille Lauro et celui de Bracce. Et même si certains nobles hiérarchiseraient famille et ville dans l’autre sens, c’est néanmoins la vérité que je te dis.
– Oui, maintenant que vous le dites… Il a peut-être eu des comportements un peu bizarres, un peu déviants, Elgio.
– Ça ne m’étonne pas, ça ne m’étonne pas !… Tu as assisté à la scène ?
– Oui
– Mes deux nièces m’ont dit t’avoir croisé.
– Oui, on essayait d’empêcher que quelque chose se passe, mais on ne pensait pas à un attentat.
– Tu vas me rendre un service ciro : Je t’ai expliqué clairement mes motivations et la position de la famille. Désormais il nous faut des preuves pour étayer ce que nous disons, pour pouvoir convaincre le Sénat que c’est à notre famille qu’il faut remettre l’enquête. Tu vas mettre ce que tu as vu par écrit, tu vas faire part de tes soupçons quant à Elgio Gülad, et nous produirons ta lettre devant le Sénat.
Il avance vers son bureau. Sa vieille main ridée fait glisser sur le plateau une feuille de papier, une plume et un encrier. Ciro raconte tout ce que le vieux Juan lui a dit d’écrire. Le vieil homme lui indique deux ou trois rectifications.
Alors qu’il ne reste que la signature de Ciro à apposer sur le papier, on frappe à la porte. Les deux jumelles rentrent l’une à la suite de l’autre, un sourire mystérieux, vaguement cruel toujours peint sur leur visage alors qu’elles toisent Ciro, pas du tout à son aise. Elles portent toujours les robes de l’après-midi, maculées de suie. Les taches sont au même endroit sur les deux robes. Les jumelles tiennent conciliabule avec leur oncle, presque sans bouger les lèvres, puis ressortent aussi vite qu’elles étaient venues. En sueur, Ciro contemple le papier. La plume tremble dans sa main.
– Alors garçon, où en es-tu ?
Juan se penche au-dessus de son épaule, comme un maître attentif.
– Je… est-ce une bonne chose de mentir à la justice ? Un innocent va être condamné.
– Premièrement, je ne t’ai pas demandé de mentir. Une présentation subjective des faits, ce n’est pas un mensonge : c’est un point de vue. Et crois-tu que le sénat ne comprendra pas la subjectivité de ton témoignage ? Il n’est pas suffisant pour faire condamner quelqu’un. Sur la base d’un témoignage, on a des présomptions. Après, il faut des preuves, et c’est pendant l’enquête pour rechercher ses preuves que nous confondrons le réel coupable. S’ils ne savent pas qu’on les cherche, les vrais coupables se relâcheront. Quant à l’autre, il ira pourrir quelques jours en geôle et il sera relâché. Il me semble que ces spadassins ne souffriront pas trop d’une semaine à la diète qui leur fera oublier leurs excès alcoolisés. Tu as ma parole que ça n’ira pas plus loin.
Ciro signe la lettre d’aveux. [ Mouhahaha, à ce moment, les autres joueurs balancent des "Fuuumierrr" en sourdine et dans le Chat de notre conversation Hangout]
La journée ne se passe pas trop mal pour Ciro, mais on insiste pour le conserver à domicile les prochaines vingt-quatre heures. Il bénéficie d’une leçon avec le maître d’armes de la famille, de deux excellents repas, et de la conversation de Juan qui l’entretient de sa famille sur l’ile de Bruigh, à qui il vient de faire partir une lettre de change à la somme avantageuse. Le lendemain, à cinq heures du matin, un serviteur tire Ciro du lit et on le colle à la rue…
De retour à l’auberge du Sanglier Borgne
– Alors mon vieux Ciro, tu es bien livide, demande Lucio Zigarelli
– Ah oui… ah oui *soupirs* C’est une bien triste chose qui est arrivée. Nous devrions enquêter pour trouver le coupable
– Mais tu ne nous as pas dit ce qui t’était arrivé ? Ils t’ont mis sous clé ?
– En quelque sorte… Ciro est nerveux… c’était une prison dorée… je nous ai surtout fait gagner du temps
– Je… je comprends pas, une prison dorée, lance Vittoria ?
– T’étais pas à la prison centrale ? renchérit Estiladra ?
– … ouais la vraie prison, termine Vittoria.
– Non, non, j’étais euh… j’étais là-bas, dans la famille qui m’a toujours aidé… chez les Lauro. Et on parlait avec eux comme ça, ils m’ont proposé de rester, et de témoigner dans l’enquête, mais tout ça, c’est juste pour gagner du temps le temps qu’on trouve les coupables et que…
– Mais on les a trouvés les coupables ! Pendant que tu étais dans ta prison dorée on les a trouvés : c’est la famille Lauro. Vittoria est énervée
– Avec l’Astragale, n’oublions pas l’Astragale, complète Estiladra
– Je peux t’assurer qu’il y a de fortes chances que ça ne soit pas eux. Est-ce que vous avez des preuves ?
L’atmosphère se tend, la belle cohésion de la Spada Rossa semble loin.
– On n’a pas besoin de preuve, siffle Vittoria, on parle de provocation en duel
– On parle donc de vengeance et de mise à mort, pas de justice. La vengeance, tu n’en auras qu’une. Il faut le faire sur le vrai coupable… Dois-je te rappeler que ton sang a coulé ?
– … si tu répètes ça encore une fois… !
– Toutefois, Ciro n’a pas totalement tort, tempère Estiladra. Il faut faire des vérifications
– Une enquête approfondie s’impose, complète Ciro. Et la vengeance est un plat qui se mange froid. Sous le coup de la colère, à provoquer n’importe quel émissaire, ton frère n’en sera pas plus vengé.
Zigarelli, lui, a gardé le silence et récapitule ce qu’il sait de la famille Lauro. Certes, ils ont tenu leur place pendant les guerres, sans doute de manière plus discrète, mais la famille a toujours été moins nombreuse. Il se dit surtout que le prince Démon a maudit l’ancêtre pour que sa lignée dégénère. Et songeant aux terribles jumelles, Lucio ne peut s’empêcher de penser que cette malédiction n’était pas que mots en l’air… Ils en gardent la réputation d’être marqués par le sort, mais leur pouvoir politique et économique est toujours vivace.
Ciro ne fait pas le fier. S’il soutient ce qu’il a fait, il n’en mène tout de même pas large devant la suspicion de ses camarades. Heureusement Zigarelli fait cesser les discussions. Un grand silence envahit la table.
Finalement, Andrea soulève l’idée d’aller à l’Astragale enquêter sur les personnes que Lina et Elgio leur ont indiqués, Florian Anconetti en premier lieu. Décision est prise d’aller enquêter du côté de l’hôtel de l’Astragale. Mais une pensée murit en Lucio Zigarelli quant à l’offre de Sanella Baldo. Il voudrait convaincre Vittoria d’accepter que son frère revienne à la vie, mais la jeune fille ne veut pas l’entendre de cette oreille, toute à ses idées de vengeance, et bien vite, il abandonne l’idée de lui en parler. Un remord nouveau et étonnant nait en son for intérieur.
[Il faut rappeler que les meurtres sont sévèrement châtiés au Consulat si le coupable n’a pas une excellente explication. La mort n’est pas anodine sur ces terres, et bien malheureux celui qui n’a pas pris la mesure de ses actes avant de les commettre.]
Dernière modification par Ozen le dim. sept. 04, 2016 4:07 pm, modifié 2 fois.
Le ciel étoilé a des constellations rares et prodigieuses qui ont pour mission de se rapprocher sans cesse et doucement des mondes misérables et de les éclairer peu à peu d’un jour qui commence par être crépusculaire et qui arrive à être flamboyant
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Re: [CR] L'escapade de Telenaïs - Aventures picaresques dans le Consulat
D’une entourloupe qui finit bien
L’Astragale est la plus grande compagnie commerciale de cette face du Dodécaèdre. Elle importe au Consulat des marchandises de l’Empire, de la Gallicorne et de certains espaces encore mal connus se situant sur d’autres faces. Commandée par la Chevalière elfe Isil Oromë, elle s’est aussi fait une spécialité de commercialiser poudre noire et armes à feu. A Bracce, où le commerce des armes est sévèrement règlementé – La famille Sangio, qui a ses propres approvisionnements voyant d’un mauvais œil ce commerce concurrentiel -, cette activité reste marginale et la compagnie se rattrape sur les marchandises de luxe, tapisseries, objets manufacturés et matières premières en provenance du nord. Elle occupe un grand bâtiment pourvu de deux ailes et donnant sur une grande cour intérieure où l’on charge et décharge à tour de bras les marchandises. La demeure est bien gardée.
A Bracce au petit matin, la vie semble enfin reprendre. Les quartiers pauvres voient les boutiques s’installer à nouveau dans les grandes artères. Les quartiers riches sont certes encore soumis aux rondes des soldats des grandes familles et des compagnies privées, mais le soleil s’est fait un peu plus joyeux et l’ordre règne : deux jours plus tard, nul ne semble plus se soucier de la mort de Livio Scorta.
Lucio Zigarelli et Andrea Estiladra s’engagent en direction de la cour. Lucio a l’air vraiment maussade désormais, déconcerté, agacé par toutes les petites attentions que les autre peuvent lui prodiguer.
Estiladra prend Lucio par le cou. L’autre lui répond
– Je suis fourbu Andréa. Hier je démasquais un escroc… un prodige à la fois
– Tu sais mon ami, tu auras tout le temps de te reposer quand tu seras mort, glisse l’ancien soldat avec un sourire. Allons acheter… je ne sais pas quoi à ces marchands !
Zigarelli regarde Vittoria à la dérobée qui essaie, bien maladroitement de lui faire croire que tout va bien se passer.
Alors que les deux grandes gueules franchissent le porche, Ciro et Vittoria font le tour du bâtiment, cherchant d’autres moyens d’entrer. Mais l’hôtel est bien gardé et protégé. Ils pourraient bien passer par les toits, mais l’écart entre les bâtiments est très large et particulièrement dangereux.
Zigarelli s’énerve. Au milieu de la cour, il prend Estiladra par le col et lui demande quel est son plan. Estiladra se dégage délicatement.
– J’ai pas spécialement de plan. On entre et on regarde si Anconetti est là, et voilà.
– Elle veut le tuer. Et je ne veux pas que ça arrive. Elle veut le tuer ! Si je peux empêcher qu’elle le retrouve, je ferai tout pour que ça arrive, tu entends ?
Le sourire s’efface du visage d’Andréa. Sa voix se fait glaciale
– Alors tu n’as rien à faire avec nous, tu peux partir Lucio. Je crois que tu n’as pas compris en fait… que c’est sa décision à elle et que tu n’as rien à décider pour elle. Elle saura qui combattre et qui ressusciter. Nous, on lui amène juste cet homme. Tu comprends ? Est-ce que tu comprends Lucio, que tu n’es là que pour lui donner les choix ?
Zigarelli reste figé, et avec un temps de retard, il finit par se reprendre:
– Je te souhaite la bonne journée Estiladra… bonne chance. Et il sort précipitamment de la cour, laissant l’ancien soldat pantois.
Un marchand, qui a remarqué le manège des deux hommes s’approche, cordial, du spadassin esseulé. Il se présente, avec un accent à couper au couteau : « Marceau Genevoix, marchand de la Ville de Sombre » clame-t-il en tendant sa main pleine de bagues.
Les deux hommes échangent des politesses. Par vengeance, Estiladra décide de se faire passer pour Lucio et use de son nom lors des présentation. Le marchand, qui a remarqué la bourse épaisse qu’Andréa a à sa ceinture, lui fait visiter les entrepôts : un véritable trésor : étoffes au kilomètre, tapisseries, tentures, mais aussi matières premières, or, argent et platine se côtoient sous l’œil de nombreux serviteurs et de gardes attentifs. Marceau conduit Andrea dans son bureau. Ne tournant pas autour du pot, Andrea annonce son désir d’acquérir des armes à feu, se recommandant de l’un des suspects de l’attentat. Marceau le jauge du regard et de la parole
[Je demande un jet au joueur d’Andréa, voir s’il n’éveille pas la suspicion. Je lui donne un malus… et Estiladra n’a presque trait pour l’aider. Il lance donc sans malus et obtient un magnifique « Oui et… »]
– A vrai dire, il y a deux malentendus : le premier – mais vous êtes au courant – c’est que le commerce de la poudre est règlementé dans la région. Vous êtes sans doute en possession d’une licence vous permettant d’user de la poudre ?
– Oui, bien sûr… quand ils nous payent pour faire leurs guerres…
– Je n’étais pas au courant du contexte de guerre du consulat, mais je ne suis pas vraiment la politique de la région, vous savez, je suis des Essarts… Mais l’autre problème, c’est que c’est Michka Séféris [un des noms qu’ils ont reçu d’Elgio Gülad, et qui correspondrait au Hobelin qu’ils ont gêné à la sortie de la Chocolaterie] qui s’occupe de cette matière délicate… Et Monsieur Séféris n’est actuellement plus en ville depuis une journée et demie.
– Ah bon ? On m’avait pourtant dit…
– Non, lui et ses hommes sont partis, certes un peu précipitamment. Ils sont retournés à Ufficio, au siège de notre compagnie pour faire son rapport quant aux choses qu’il devait faire ici
– D’accord. on m’aurait mal informé. Il vaudrait donc mieux que j’aille directement à Ufficio ?
– Oui, les contrats de ce type se concluent généralement là-bas, comme ça nous ne transportons la poudre que lorsque tout est en règle. Il serait malvenu de stocker ici de la poudre noire, au-dessus de toutes ces richesses ! On a bien vu ce qui s’est passé…
– Vous savez, je viens juste d’arriver, je suis à peine au courant. Mais auriez-vous la possibilité de me faire une lettre d’introduction ?
– Bien sûr. Quelle est le nom de votre compagnie ?
– La Garde Noire.
– Et votre nom ?
– Zigarelli, avec deux « l » et i à la fin.
Et le marchand se met en devoir de rédiger la lettre de recommandation… Andrea se met en devoir de sortir, et retrouver ses compagnons.
D’une autre entourloupe qui, elle, ne s’annonce pas très bien
Pendant ce temps, Vittoria a entrainé Ciro sur le toit de l’une des baraques. Malgré ses réticences, Pass obtempère. Le jeune homme n’aime pas le vide et aurait été plutôt partisan d’une entrée dissimulée dans un chariot de linge…
Alors qu’ils sont sur le toit, Pass accroché à une Cheminée, il remarque la silhouette de Zigarelli s’enfuir de la cour et redescendre la colline en direction des quartiers riches. Pass soupire. Il a peur et peu l’envie de se rompre le cou. Vittoria elle est lancée dans son mouvement. Le vent matinal leur souffle au visage. Les cris des hommes qui déchargent résonnent. Les tuiles sont glissantes. Vittoria se penche pour évaluer la distance. Et après quelques tergiversations, la jeune fille prend son élan et saute.
[Je lui fais faire un jet, non pas pour savoir si elle tombe ou pas, je n’en vois pas trop l’utilité (et je ne voudrais pas gérer un « non et »), mais pour savoir si elle se fait repérer. Je lui donne un malus. Elle fait jouer plusieurs aspects, et finit par lancer trois dés et gardes le meilleur : la joueuse obtient un « Oui ». Je lui demande d’expliquer comment ça se passe.]
Se raccrochant du bout des doigts à l’extrémité du toit d’en face, Vittoria se rétablit comme un chat. En dessous, une charrette de linge qui semble narguer un Pass pas du tout rassuré. La charrette passe le coin de la rue et sort de leur vue. Une bourrasque vient cueillir le bonnet de Pass, alors que Lucio s’en va sous ses yeux.
– Tu sais quoi ? Si tu veux pas venir Pass, c’est pas grave. Retourne chez les Lauro !
Et Vittoria tourne les talons et court sur le toit jusqu’à une trappe lui permettant d’infiltrer le bâtiment. Pass récupère péniblement son bonnet, glissant sur le toit, manquant de tomber. Il décide finalement d’abandonner et redescend à la recherche de Zigarelli.
A l’intérieur de l’Astragale, Vittoria fouille le bâtiment à la recherche d’une chambre pour les marchands de passage. Mais le bâtiment ne semble comporter que des bureaux et des entrepôts. Sa main farfouille dans les coffres et s’arrête sur une breloque tombante au toucher attirant.
[Je redemande un jet de discrétion, sans malus. La joueuse n’a pas de trait. Elle lance un dé et obtient un « non et »]
Alors qu’elle se faufile pour échapper à un garde, la breloque qu’elle avait dans sa poche se prend dans une poignée et la retient. La breloque se disloque, perles et pièces d’or tombent au sol dans un grand fracas. Un serviteur interloqué semble hésiter, mais la mise de Vittoria et ses cernes de deux jours ne trompent pas. Il donne l’alarme. Dans tout le bâtiment, la garde se met en branle.
Pendant ce temps, Andrea serre la main à Marceau Genève, à s’échanger des vœux de bon voyage lorsque l’alarme retentit. De nombreux gardes entrent dans le bâtiment. Marceau reconduit doucement Andréa devant la porte avant de retourner gérer la situation. Faisant mine de sortir, le spadassin tente de se faufiler ni vu ni connu dans le bâtiment. Dans la cour, le mouvement s’est arrêté, tout le monde attend la fin de l’événement.
[Je demande un jet sans malus au joueur d’Andrea qui réussit sans peine]
Andréa s’engouffre dans l’entrepôt
L’Astragale est la plus grande compagnie commerciale de cette face du Dodécaèdre. Elle importe au Consulat des marchandises de l’Empire, de la Gallicorne et de certains espaces encore mal connus se situant sur d’autres faces. Commandée par la Chevalière elfe Isil Oromë, elle s’est aussi fait une spécialité de commercialiser poudre noire et armes à feu. A Bracce, où le commerce des armes est sévèrement règlementé – La famille Sangio, qui a ses propres approvisionnements voyant d’un mauvais œil ce commerce concurrentiel -, cette activité reste marginale et la compagnie se rattrape sur les marchandises de luxe, tapisseries, objets manufacturés et matières premières en provenance du nord. Elle occupe un grand bâtiment pourvu de deux ailes et donnant sur une grande cour intérieure où l’on charge et décharge à tour de bras les marchandises. La demeure est bien gardée.
A Bracce au petit matin, la vie semble enfin reprendre. Les quartiers pauvres voient les boutiques s’installer à nouveau dans les grandes artères. Les quartiers riches sont certes encore soumis aux rondes des soldats des grandes familles et des compagnies privées, mais le soleil s’est fait un peu plus joyeux et l’ordre règne : deux jours plus tard, nul ne semble plus se soucier de la mort de Livio Scorta.
Lucio Zigarelli et Andrea Estiladra s’engagent en direction de la cour. Lucio a l’air vraiment maussade désormais, déconcerté, agacé par toutes les petites attentions que les autre peuvent lui prodiguer.
Estiladra prend Lucio par le cou. L’autre lui répond
– Je suis fourbu Andréa. Hier je démasquais un escroc… un prodige à la fois
– Tu sais mon ami, tu auras tout le temps de te reposer quand tu seras mort, glisse l’ancien soldat avec un sourire. Allons acheter… je ne sais pas quoi à ces marchands !
Zigarelli regarde Vittoria à la dérobée qui essaie, bien maladroitement de lui faire croire que tout va bien se passer.
Alors que les deux grandes gueules franchissent le porche, Ciro et Vittoria font le tour du bâtiment, cherchant d’autres moyens d’entrer. Mais l’hôtel est bien gardé et protégé. Ils pourraient bien passer par les toits, mais l’écart entre les bâtiments est très large et particulièrement dangereux.
Zigarelli s’énerve. Au milieu de la cour, il prend Estiladra par le col et lui demande quel est son plan. Estiladra se dégage délicatement.
– J’ai pas spécialement de plan. On entre et on regarde si Anconetti est là, et voilà.
– Elle veut le tuer. Et je ne veux pas que ça arrive. Elle veut le tuer ! Si je peux empêcher qu’elle le retrouve, je ferai tout pour que ça arrive, tu entends ?
Le sourire s’efface du visage d’Andréa. Sa voix se fait glaciale
– Alors tu n’as rien à faire avec nous, tu peux partir Lucio. Je crois que tu n’as pas compris en fait… que c’est sa décision à elle et que tu n’as rien à décider pour elle. Elle saura qui combattre et qui ressusciter. Nous, on lui amène juste cet homme. Tu comprends ? Est-ce que tu comprends Lucio, que tu n’es là que pour lui donner les choix ?
Zigarelli reste figé, et avec un temps de retard, il finit par se reprendre:
– Je te souhaite la bonne journée Estiladra… bonne chance. Et il sort précipitamment de la cour, laissant l’ancien soldat pantois.
Un marchand, qui a remarqué le manège des deux hommes s’approche, cordial, du spadassin esseulé. Il se présente, avec un accent à couper au couteau : « Marceau Genevoix, marchand de la Ville de Sombre » clame-t-il en tendant sa main pleine de bagues.
Les deux hommes échangent des politesses. Par vengeance, Estiladra décide de se faire passer pour Lucio et use de son nom lors des présentation. Le marchand, qui a remarqué la bourse épaisse qu’Andréa a à sa ceinture, lui fait visiter les entrepôts : un véritable trésor : étoffes au kilomètre, tapisseries, tentures, mais aussi matières premières, or, argent et platine se côtoient sous l’œil de nombreux serviteurs et de gardes attentifs. Marceau conduit Andrea dans son bureau. Ne tournant pas autour du pot, Andrea annonce son désir d’acquérir des armes à feu, se recommandant de l’un des suspects de l’attentat. Marceau le jauge du regard et de la parole
[Je demande un jet au joueur d’Andréa, voir s’il n’éveille pas la suspicion. Je lui donne un malus… et Estiladra n’a presque trait pour l’aider. Il lance donc sans malus et obtient un magnifique « Oui et… »]
– A vrai dire, il y a deux malentendus : le premier – mais vous êtes au courant – c’est que le commerce de la poudre est règlementé dans la région. Vous êtes sans doute en possession d’une licence vous permettant d’user de la poudre ?
– Oui, bien sûr… quand ils nous payent pour faire leurs guerres…
– Je n’étais pas au courant du contexte de guerre du consulat, mais je ne suis pas vraiment la politique de la région, vous savez, je suis des Essarts… Mais l’autre problème, c’est que c’est Michka Séféris [un des noms qu’ils ont reçu d’Elgio Gülad, et qui correspondrait au Hobelin qu’ils ont gêné à la sortie de la Chocolaterie] qui s’occupe de cette matière délicate… Et Monsieur Séféris n’est actuellement plus en ville depuis une journée et demie.
– Ah bon ? On m’avait pourtant dit…
– Non, lui et ses hommes sont partis, certes un peu précipitamment. Ils sont retournés à Ufficio, au siège de notre compagnie pour faire son rapport quant aux choses qu’il devait faire ici
– D’accord. on m’aurait mal informé. Il vaudrait donc mieux que j’aille directement à Ufficio ?
– Oui, les contrats de ce type se concluent généralement là-bas, comme ça nous ne transportons la poudre que lorsque tout est en règle. Il serait malvenu de stocker ici de la poudre noire, au-dessus de toutes ces richesses ! On a bien vu ce qui s’est passé…
– Vous savez, je viens juste d’arriver, je suis à peine au courant. Mais auriez-vous la possibilité de me faire une lettre d’introduction ?
– Bien sûr. Quelle est le nom de votre compagnie ?
– La Garde Noire.
– Et votre nom ?
– Zigarelli, avec deux « l » et i à la fin.
Et le marchand se met en devoir de rédiger la lettre de recommandation… Andrea se met en devoir de sortir, et retrouver ses compagnons.
D’une autre entourloupe qui, elle, ne s’annonce pas très bien
Pendant ce temps, Vittoria a entrainé Ciro sur le toit de l’une des baraques. Malgré ses réticences, Pass obtempère. Le jeune homme n’aime pas le vide et aurait été plutôt partisan d’une entrée dissimulée dans un chariot de linge…
Alors qu’ils sont sur le toit, Pass accroché à une Cheminée, il remarque la silhouette de Zigarelli s’enfuir de la cour et redescendre la colline en direction des quartiers riches. Pass soupire. Il a peur et peu l’envie de se rompre le cou. Vittoria elle est lancée dans son mouvement. Le vent matinal leur souffle au visage. Les cris des hommes qui déchargent résonnent. Les tuiles sont glissantes. Vittoria se penche pour évaluer la distance. Et après quelques tergiversations, la jeune fille prend son élan et saute.
[Je lui fais faire un jet, non pas pour savoir si elle tombe ou pas, je n’en vois pas trop l’utilité (et je ne voudrais pas gérer un « non et »), mais pour savoir si elle se fait repérer. Je lui donne un malus. Elle fait jouer plusieurs aspects, et finit par lancer trois dés et gardes le meilleur : la joueuse obtient un « Oui ». Je lui demande d’expliquer comment ça se passe.]
Se raccrochant du bout des doigts à l’extrémité du toit d’en face, Vittoria se rétablit comme un chat. En dessous, une charrette de linge qui semble narguer un Pass pas du tout rassuré. La charrette passe le coin de la rue et sort de leur vue. Une bourrasque vient cueillir le bonnet de Pass, alors que Lucio s’en va sous ses yeux.
– Tu sais quoi ? Si tu veux pas venir Pass, c’est pas grave. Retourne chez les Lauro !
Et Vittoria tourne les talons et court sur le toit jusqu’à une trappe lui permettant d’infiltrer le bâtiment. Pass récupère péniblement son bonnet, glissant sur le toit, manquant de tomber. Il décide finalement d’abandonner et redescend à la recherche de Zigarelli.
A l’intérieur de l’Astragale, Vittoria fouille le bâtiment à la recherche d’une chambre pour les marchands de passage. Mais le bâtiment ne semble comporter que des bureaux et des entrepôts. Sa main farfouille dans les coffres et s’arrête sur une breloque tombante au toucher attirant.
[Je redemande un jet de discrétion, sans malus. La joueuse n’a pas de trait. Elle lance un dé et obtient un « non et »]
Alors qu’elle se faufile pour échapper à un garde, la breloque qu’elle avait dans sa poche se prend dans une poignée et la retient. La breloque se disloque, perles et pièces d’or tombent au sol dans un grand fracas. Un serviteur interloqué semble hésiter, mais la mise de Vittoria et ses cernes de deux jours ne trompent pas. Il donne l’alarme. Dans tout le bâtiment, la garde se met en branle.
Pendant ce temps, Andrea serre la main à Marceau Genève, à s’échanger des vœux de bon voyage lorsque l’alarme retentit. De nombreux gardes entrent dans le bâtiment. Marceau reconduit doucement Andréa devant la porte avant de retourner gérer la situation. Faisant mine de sortir, le spadassin tente de se faufiler ni vu ni connu dans le bâtiment. Dans la cour, le mouvement s’est arrêté, tout le monde attend la fin de l’événement.
[Je demande un jet sans malus au joueur d’Andrea qui réussit sans peine]
Andréa s’engouffre dans l’entrepôt
Le ciel étoilé a des constellations rares et prodigieuses qui ont pour mission de se rapprocher sans cesse et doucement des mondes misérables et de les éclairer peu à peu d’un jour qui commence par être crépusculaire et qui arrive à être flamboyant
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Re: [CR] L'escapade de Telenaïs - Aventures picaresques dans le Consulat
Et la suite encore. Pour rappel, le compte rendu lisible sur blog est par là
Les états d’âme de Zigarelli
Pass réussit à rattraper Zigarelli et lui demande de s’expliquer. Zigarelli s’arrête à peine. Pass finit pas lui poser une main sur le torse pour l’empêcher de continuer
– Arrête-toi, qu’est-ce qui se passe ?
– Tu me le demande vraiment ? Est-ce que tu as vu notre danseuse [Vittoria] ?
– Notre danseuse ?
– Te fais pas plus bête que tu n’es. Elle est accablée par la culpabilité, elle étouffe. Je ne l’ai jamais vu comme ça, elle n’est plus que l’ombre d’elle-même.
– Et alors, tu t’en vas pour…
– … pour lui rendre ce qu’elle a perdu.
Le silence tombe
– Laisse-moi passer reprend quand même Lucio
– Et si c’est un leurre ? avance Pass
– Si c’est un leurre, ils prendront mon coup de pied au cul.
– S’ils ressuscitent son corps mais pas son âme ? Comment es-tu sûr qu’il reviendra comme avant, Livio ?
– Qu’est-ce qu’on a à perdre ?
– Peut-être qu’on lui rendra pas son frère, peut-être qu’elle va-t’en vouloir… parce que tu as détruit le souvenir qu’elle en avait.
– J’en sais rien. J’en sais rien… mais c’est tout ce que j’ai. C’est les Baldo, c’est pas leur genre de plaisanter avec ça ! Ils gardent ça pour ceux de leur sang, t’imagines !
– Mais justement, on est qui nous ? Pourquoi ils feraient ça ?
Les deux hommes échangent encore longuement, Zigarelli touché, Pass méfiant. Mais rien n’y fait, aucun ne plie. C’est à ce moment qu’une troupe en arme précédée par le capitaine Cortesi passe à portée de nos amis sans faire attention à eux. L’escouade semble se rendre à l’hôtel de l’Astragale. [Il y a de petites fluctuations temporelles ici, le Capitaine ne peut pas déjà être au courant de (et donc réagir à) ce qui se passe à l’intérieur de l’Astragale… mais j’ai besoin de lui pour intensifier le drame… Je décide à postériori que sa venue coïncide à l’interrogatoire de routine des gens de l’Astragale liée à l’affaire de la veille.]
La troupe contourne les deux hommes, qui s’échangent un long regard…
Cris et cascades à l’Astragale
Après une vaine course poursuite dans les couloirs, Vittoria se retrouve quasi acculée dans un couloir. A chaque bout, deux hommes vindicatifs lui crient de s’arrêter. Les deux groupes avancent, l’étau se resserre.
Vittoria détache son fourreau et le dépose à terre, en signe d’apaisement. Les gardes n’ont ps encore sorti d’armes, mais portent un gros gourdin à la ceinture.
– A terre, dans le couloir maintenant !
– A terre ? Vous pensez vraiment que je peux vous menacer, plaide Vittoria ?
– A terre, je ne le répèterai pas, lâche l’un des gardes en saisissant son gourdin !
Dans son dos, Vittoria sent la porte ouverte, le bureau, et la fenêtre derrière… elle n’aurait qu’à courir très vite et se jeter dans le vide… deux étages d’ici le sol et peut-être une charrette pour se réceptionner.
Toujours concentrée sur la fenêtre, Vittoria avance dans le couloir, s’accroupit et place ses mains au sol. Les gardes se détendent insensiblement. Elle leur lance un regard terrifié de rongeur pris au piège.
Puis d’un bond, récupérant son épée d’un mouvement fluide, elle se jette dans la pièce, claquant la porte derrière elle. Tenant son fourreau devant elle, comme en protection, elle grimpe d’un bond sur le bureau et se propulse par la fenêtre. Le verre et le bois explosent autour d’elle, tout bouge alors qu’elle entame la chute…
[Jet de dés, j’attribue un malus à la joueuse de Vittoria. Elle joue un aspect « Je n’ai jamais connu le vertige ». Elle ne lance donc qu’un dé et obtient un « Oui et ». Un super résultat pour une action osée et cinématographique !]
… mais rien ne semble devoir amortir la chute, et alors qu’elle ouvre les yeux, Vittoria sent la peur monter le long de sa colonne vertébrale. Elle tend le bras, à la recherche d’un secours hypothétique, et sa main trouve celle d’Estiladra, qui surveillait la scène depuis l’étage d’en dessous. La jeune fille se réceptionne le long de la façade avec les pieds et Estiladra la tire à l’intérieur « Mais t’es lourde en fait ! ».
Les gardes sont complètement désorientés par ce qui vient de se passer, cherchant dans la cour la jeune fille qui semble s’être volatilisée.
Estiladra attrape le bras de Vittoria et se comporte comme un visiteur repartant naturellement de sa transaction, avec sa compagne à ses côtés. L’état d’alerte général est lancé, des gardes s’agitent dans tous les sens. Alors qu’Estiladra et Vittoria sortent enfin de la cour, les grandes portes sont fermées en attendant que la garde remette la main sur la voleuse… en vain.
C’est à ce moment que Cortesi et ses troupes parviennent sur l’esplanade devant l’hôtel. D’un geste hardi, Estiladra saisit Vittoria par la taille et le cou, la renverse légèrement et l’embrasse, empêchant ainsi le capitaine Cortesi de les reconnaitre.
– Alors comme ça je suis lourde mais embrassable quand même ? Lancera tout de même Vittoria alors qu’ils s’enfuient discrètement.
L’Astragale ouvre les portes en catastrophe, la troupe de Cortesi pénètre dans la cour
– Vittoria, je sais où sont partis ceux que l’on poursuit : ils ne sont plus à Bracce.
– Comment ça ?
– Ils sont repartis.
– Loin ?
– Ils sont allés à Ufficio. Si on se dépêche, on pourra les rattraper, ils ont une journée et demie d’avance.
– Il faut qu’on parte tout de suite, décide la jeune fille.
– Est-ce que tu ne veux pas ramener ton frère à la vie ? Si nous partons à la poursuite de ces hommes, il sera peut-être trop tard pour le ramener. Je ne sais pas quelle magie possèdent les Baldo… mais je suis assez sceptique quant à la proposition de Sanella. Mais toi, que veux-tu ?
– Mais je ne sais pas ce que je veux.
– Il va pourtant falloir choisir.
– Mais je sais ce qu’on fait habituellement : on ramène le corps, on fait la toilette, on fait son deuil et après on provoque en duel celui qui l’a tué, c’est comme ça que ça marche…
– Mais là il y a un autre choix… on n’est plus dans l’habituel.
– Je sais pas ce que je veux Andrea… Je ne sais pas.
Après encore quelques paroles, il est convenu d’aller demander l’aide de toute la Spada Rossa pour retrouver les assassins de son frère.
Les états d’âme de Zigarelli
Pass réussit à rattraper Zigarelli et lui demande de s’expliquer. Zigarelli s’arrête à peine. Pass finit pas lui poser une main sur le torse pour l’empêcher de continuer
– Arrête-toi, qu’est-ce qui se passe ?
– Tu me le demande vraiment ? Est-ce que tu as vu notre danseuse [Vittoria] ?
– Notre danseuse ?
– Te fais pas plus bête que tu n’es. Elle est accablée par la culpabilité, elle étouffe. Je ne l’ai jamais vu comme ça, elle n’est plus que l’ombre d’elle-même.
– Et alors, tu t’en vas pour…
– … pour lui rendre ce qu’elle a perdu.
Le silence tombe
– Laisse-moi passer reprend quand même Lucio
– Et si c’est un leurre ? avance Pass
– Si c’est un leurre, ils prendront mon coup de pied au cul.
– S’ils ressuscitent son corps mais pas son âme ? Comment es-tu sûr qu’il reviendra comme avant, Livio ?
– Qu’est-ce qu’on a à perdre ?
– Peut-être qu’on lui rendra pas son frère, peut-être qu’elle va-t’en vouloir… parce que tu as détruit le souvenir qu’elle en avait.
– J’en sais rien. J’en sais rien… mais c’est tout ce que j’ai. C’est les Baldo, c’est pas leur genre de plaisanter avec ça ! Ils gardent ça pour ceux de leur sang, t’imagines !
– Mais justement, on est qui nous ? Pourquoi ils feraient ça ?
Les deux hommes échangent encore longuement, Zigarelli touché, Pass méfiant. Mais rien n’y fait, aucun ne plie. C’est à ce moment qu’une troupe en arme précédée par le capitaine Cortesi passe à portée de nos amis sans faire attention à eux. L’escouade semble se rendre à l’hôtel de l’Astragale. [Il y a de petites fluctuations temporelles ici, le Capitaine ne peut pas déjà être au courant de (et donc réagir à) ce qui se passe à l’intérieur de l’Astragale… mais j’ai besoin de lui pour intensifier le drame… Je décide à postériori que sa venue coïncide à l’interrogatoire de routine des gens de l’Astragale liée à l’affaire de la veille.]
La troupe contourne les deux hommes, qui s’échangent un long regard…
Cris et cascades à l’Astragale
Après une vaine course poursuite dans les couloirs, Vittoria se retrouve quasi acculée dans un couloir. A chaque bout, deux hommes vindicatifs lui crient de s’arrêter. Les deux groupes avancent, l’étau se resserre.
Vittoria détache son fourreau et le dépose à terre, en signe d’apaisement. Les gardes n’ont ps encore sorti d’armes, mais portent un gros gourdin à la ceinture.
– A terre, dans le couloir maintenant !
– A terre ? Vous pensez vraiment que je peux vous menacer, plaide Vittoria ?
– A terre, je ne le répèterai pas, lâche l’un des gardes en saisissant son gourdin !
Dans son dos, Vittoria sent la porte ouverte, le bureau, et la fenêtre derrière… elle n’aurait qu’à courir très vite et se jeter dans le vide… deux étages d’ici le sol et peut-être une charrette pour se réceptionner.
Toujours concentrée sur la fenêtre, Vittoria avance dans le couloir, s’accroupit et place ses mains au sol. Les gardes se détendent insensiblement. Elle leur lance un regard terrifié de rongeur pris au piège.
Puis d’un bond, récupérant son épée d’un mouvement fluide, elle se jette dans la pièce, claquant la porte derrière elle. Tenant son fourreau devant elle, comme en protection, elle grimpe d’un bond sur le bureau et se propulse par la fenêtre. Le verre et le bois explosent autour d’elle, tout bouge alors qu’elle entame la chute…
[Jet de dés, j’attribue un malus à la joueuse de Vittoria. Elle joue un aspect « Je n’ai jamais connu le vertige ». Elle ne lance donc qu’un dé et obtient un « Oui et ». Un super résultat pour une action osée et cinématographique !]
… mais rien ne semble devoir amortir la chute, et alors qu’elle ouvre les yeux, Vittoria sent la peur monter le long de sa colonne vertébrale. Elle tend le bras, à la recherche d’un secours hypothétique, et sa main trouve celle d’Estiladra, qui surveillait la scène depuis l’étage d’en dessous. La jeune fille se réceptionne le long de la façade avec les pieds et Estiladra la tire à l’intérieur « Mais t’es lourde en fait ! ».
Les gardes sont complètement désorientés par ce qui vient de se passer, cherchant dans la cour la jeune fille qui semble s’être volatilisée.
Estiladra attrape le bras de Vittoria et se comporte comme un visiteur repartant naturellement de sa transaction, avec sa compagne à ses côtés. L’état d’alerte général est lancé, des gardes s’agitent dans tous les sens. Alors qu’Estiladra et Vittoria sortent enfin de la cour, les grandes portes sont fermées en attendant que la garde remette la main sur la voleuse… en vain.
C’est à ce moment que Cortesi et ses troupes parviennent sur l’esplanade devant l’hôtel. D’un geste hardi, Estiladra saisit Vittoria par la taille et le cou, la renverse légèrement et l’embrasse, empêchant ainsi le capitaine Cortesi de les reconnaitre.
– Alors comme ça je suis lourde mais embrassable quand même ? Lancera tout de même Vittoria alors qu’ils s’enfuient discrètement.
L’Astragale ouvre les portes en catastrophe, la troupe de Cortesi pénètre dans la cour
– Vittoria, je sais où sont partis ceux que l’on poursuit : ils ne sont plus à Bracce.
– Comment ça ?
– Ils sont repartis.
– Loin ?
– Ils sont allés à Ufficio. Si on se dépêche, on pourra les rattraper, ils ont une journée et demie d’avance.
– Il faut qu’on parte tout de suite, décide la jeune fille.
– Est-ce que tu ne veux pas ramener ton frère à la vie ? Si nous partons à la poursuite de ces hommes, il sera peut-être trop tard pour le ramener. Je ne sais pas quelle magie possèdent les Baldo… mais je suis assez sceptique quant à la proposition de Sanella. Mais toi, que veux-tu ?
– Mais je ne sais pas ce que je veux.
– Il va pourtant falloir choisir.
– Mais je sais ce qu’on fait habituellement : on ramène le corps, on fait la toilette, on fait son deuil et après on provoque en duel celui qui l’a tué, c’est comme ça que ça marche…
– Mais là il y a un autre choix… on n’est plus dans l’habituel.
– Je sais pas ce que je veux Andrea… Je ne sais pas.
Après encore quelques paroles, il est convenu d’aller demander l’aide de toute la Spada Rossa pour retrouver les assassins de son frère.
Le ciel étoilé a des constellations rares et prodigieuses qui ont pour mission de se rapprocher sans cesse et doucement des mondes misérables et de les éclairer peu à peu d’un jour qui commence par être crépusculaire et qui arrive à être flamboyant
La Partie du Lundi - Traces rôlistiques
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Re: [CR] L'escapade de Telenaïs - Aventures picaresques dans le Consulat
Zigarelli choisit pour les autres
Pendant ce temps, Pass se rallie aux vues de Zigarelli quant au frère de Vittoria. Mais Zigarelli veut faire les choses seul. Les deux amis tergiversent encore quant aux décisions à prendre. Finalement, ils partent en direction de la salle d’escrime de l’astragale où, en cette fin de matinée, Sanella doit être en train de corriger quelques apprentis escrimeurs. C’est d’ailleurs exactement ce qu’elle est en train de faire lorsqu’ils entrent. Alors qu’elle se dirige vers le tonnelet de bière pour se désaltérer, Zigarelli l’intercepte.
– Tu ne peux plus te passer de moi Zigarelli ? Je croyais que tu fréquentais le lit des Andres ?
Zigarelli n’est pas d’humeur et le montre fort.
– D’accord, d’accord.
Sanella prend Zigarelli par le bras et le tire à l’écart. Ciro suit.
– Vous êtes venus avec un cadeau tombé du ciel, il y a peu. Et vous n’êtes pas femme à monter une telle fable, n’est-ce pas ?
– effectivement, mais je ne comprends pas trop pourquoi tu viens m’entretenir de cela au milieu d’un lieu public
– Parce que le temps presse et parce que Livio…
– … Ne prononce pas ce nom, et pas dans un lieu public !
La poigne de Sanella sur Zigarelli se fait douloureuse. Elle regarde de droite et de gauche, hèle un serviteur et demande à emprunter une sale d’entrainement dans laquelle elle tire Zigarelli, toujours flanqué de Ciro.
– Elle tient toujours cette offre ? Qu’est-ce que ça coûte ? Est-ce vraiment par pure bonté d’âme que vous proposez de ramener son frère à la vie ou… il est là comme un cobaye ?
– Déjà Zigarelli, ce n’est pas à toi que j’ai fait cette offre. Et ensuite… tu douterais de la véracité de cette offre ? Dis-le-moi clairement si tu ne crois pas en ma parole ! Dit-elle agacée.
– Comprenez que c’est difficile à avaler. On voit bien des prodiges… mais rendre les êtres chers, c’est un miracle divin !
– Précisément.
– Ne vous méprenez pas, précise alors Ciro. Lucio est un peu maladroit dans ses propos. On vient de la part de Vittoria et on aimerait savoir le processus… de quoi vous avez besoin
– Le processus ne vous concerne pas. Pour le reste, ma parole devrait vous être garante de la validité de cette offre. A partir du moment où Vittoria a donné mon consentement, je m’arrangerai pour récupérer le corps de Livio et faire le nécessaire. Les obsèques auront lieu demain et le corps sera brûlé. Il n’y aura rien de plus à faire alors.
– Son père n’est pas au courant, vous saurez procéder auprès de lui ?
– Je m’en débrouillerai.
– Alors la réponse de Vittoria est oui, avance Lucio, en évitant le regard de Ciro… Ciro qui s’apprêtait à dire la même chose.
La Spada Rossa part en chasse
Vittoria et Estiladra ne retrouvent personne à l’auberge du Sanglier borgne. Ils se rendent donc à la Spada Rossa, afin de demander à leurs camarades Ellana et Aurelio de les aider à affronter les assassins en cavale. Le temps presse désormais.
Maitre Erardo Rizzi donne cours dans l’ambiance maussade qui semble avoir contaminé toute l’école. Voyant Vittoria pénétrer la salle, maître Rizzi lui serre la main et laisse la jeune lui expliquer ce qu’elle compte faire. Elle parle de son désir de partir à Ufficio pour se venger, et il appuie son idée, malgré tous les troubles qui risquent alors de secouer la Spada Rossa.
La Spada Rossa se met en ordre de bataille. Zigarelli et Ciro Passeri rejoignent le groupe et tout le monde, Ellana et Aurelio compris, se prépare à partie en course.
Andrea sépare en deux le contenu de la bourse donnée le matin même par Sanella, conservant de quoi changer régulièrement de chevaux dans les relais de poste. Il lance le reste à maître Rizzi, pour les caisses de la Spada Rossa. Quel que soit le destin de nos héros, l’école tiendra encore quelques temps grâce à l’argent des Baldo.
Ufficio est une grande ville en fin de route, à une semaine à l’est de Bracce. Elle étale ses canaux putrides au bord des grands marais de Maïale, et est surtout connue pour ses industries de teinture et de tanneries. C’est une cité active, très active, qui s’étale, lascive et embourbée qui étale sous la lune quelques palais magnifiques, teintés du blanc et du vert qui conviennent bien aux marécages. C’est aussi à quelques encablures au large, jouxtant la partie sauvage des marais que se trouve le siège de l’Astragale, dans une vaste ile fortifiée dont on ne sait si elle se trouve encore vraiment au Consulat.
Nos héros prennent la route à bride abattue, crevant quasiment les chevaux sous eux, changeant de monture à chaque relais de poste. Leurs poursuivants ne semblent pas rattrapables : ils ont l’air d’avoir adopté la même stratégie.
– On dormira quand on sera mort. Zigarelli rend ses mots à Estiladra alors qu’il mène la course en tête.
Cinq jours de cavale avec à peine quelques moments de repos où la troupe tombe épuisée sur un grabat avant de reprendre la poursuite. L’écart se resserre, mais les poursuivants semblent avoir toujours un coup d’avance. Au matin du quatrième jour, seule une demi-journée sépare les deux troupes… Mais dans la nuit, l’odeur pestilentielle des marais se fait sentir.
Au matin du cinquième jour, les dômes d’Ufficio se découpent sur le soleil levant. Au gué, on informe la Spada Rossa qu’une troupe de l’Astragale les a précédés d’une demi-heure. Nos héros lancent leurs chevaux à fond de train jusqu’aux docks d’Ufficio, en espérant pouvoir coincer la troupe adverse avant qu’elle ne puisse passer le bac qui mène à l’ile de l’astragale. Peine perdue… alors qu’ils parviennent sur le quai, le bac est déjà bien engagé et leur a pris cent mètres d’avance.
Pendant ce temps, Pass se rallie aux vues de Zigarelli quant au frère de Vittoria. Mais Zigarelli veut faire les choses seul. Les deux amis tergiversent encore quant aux décisions à prendre. Finalement, ils partent en direction de la salle d’escrime de l’astragale où, en cette fin de matinée, Sanella doit être en train de corriger quelques apprentis escrimeurs. C’est d’ailleurs exactement ce qu’elle est en train de faire lorsqu’ils entrent. Alors qu’elle se dirige vers le tonnelet de bière pour se désaltérer, Zigarelli l’intercepte.
– Tu ne peux plus te passer de moi Zigarelli ? Je croyais que tu fréquentais le lit des Andres ?
Zigarelli n’est pas d’humeur et le montre fort.
– D’accord, d’accord.
Sanella prend Zigarelli par le bras et le tire à l’écart. Ciro suit.
– Vous êtes venus avec un cadeau tombé du ciel, il y a peu. Et vous n’êtes pas femme à monter une telle fable, n’est-ce pas ?
– effectivement, mais je ne comprends pas trop pourquoi tu viens m’entretenir de cela au milieu d’un lieu public
– Parce que le temps presse et parce que Livio…
– … Ne prononce pas ce nom, et pas dans un lieu public !
La poigne de Sanella sur Zigarelli se fait douloureuse. Elle regarde de droite et de gauche, hèle un serviteur et demande à emprunter une sale d’entrainement dans laquelle elle tire Zigarelli, toujours flanqué de Ciro.
– Elle tient toujours cette offre ? Qu’est-ce que ça coûte ? Est-ce vraiment par pure bonté d’âme que vous proposez de ramener son frère à la vie ou… il est là comme un cobaye ?
– Déjà Zigarelli, ce n’est pas à toi que j’ai fait cette offre. Et ensuite… tu douterais de la véracité de cette offre ? Dis-le-moi clairement si tu ne crois pas en ma parole ! Dit-elle agacée.
– Comprenez que c’est difficile à avaler. On voit bien des prodiges… mais rendre les êtres chers, c’est un miracle divin !
– Précisément.
– Ne vous méprenez pas, précise alors Ciro. Lucio est un peu maladroit dans ses propos. On vient de la part de Vittoria et on aimerait savoir le processus… de quoi vous avez besoin
– Le processus ne vous concerne pas. Pour le reste, ma parole devrait vous être garante de la validité de cette offre. A partir du moment où Vittoria a donné mon consentement, je m’arrangerai pour récupérer le corps de Livio et faire le nécessaire. Les obsèques auront lieu demain et le corps sera brûlé. Il n’y aura rien de plus à faire alors.
– Son père n’est pas au courant, vous saurez procéder auprès de lui ?
– Je m’en débrouillerai.
– Alors la réponse de Vittoria est oui, avance Lucio, en évitant le regard de Ciro… Ciro qui s’apprêtait à dire la même chose.
La Spada Rossa part en chasse
Vittoria et Estiladra ne retrouvent personne à l’auberge du Sanglier borgne. Ils se rendent donc à la Spada Rossa, afin de demander à leurs camarades Ellana et Aurelio de les aider à affronter les assassins en cavale. Le temps presse désormais.
Maitre Erardo Rizzi donne cours dans l’ambiance maussade qui semble avoir contaminé toute l’école. Voyant Vittoria pénétrer la salle, maître Rizzi lui serre la main et laisse la jeune lui expliquer ce qu’elle compte faire. Elle parle de son désir de partir à Ufficio pour se venger, et il appuie son idée, malgré tous les troubles qui risquent alors de secouer la Spada Rossa.
La Spada Rossa se met en ordre de bataille. Zigarelli et Ciro Passeri rejoignent le groupe et tout le monde, Ellana et Aurelio compris, se prépare à partie en course.
Andrea sépare en deux le contenu de la bourse donnée le matin même par Sanella, conservant de quoi changer régulièrement de chevaux dans les relais de poste. Il lance le reste à maître Rizzi, pour les caisses de la Spada Rossa. Quel que soit le destin de nos héros, l’école tiendra encore quelques temps grâce à l’argent des Baldo.
Ufficio est une grande ville en fin de route, à une semaine à l’est de Bracce. Elle étale ses canaux putrides au bord des grands marais de Maïale, et est surtout connue pour ses industries de teinture et de tanneries. C’est une cité active, très active, qui s’étale, lascive et embourbée qui étale sous la lune quelques palais magnifiques, teintés du blanc et du vert qui conviennent bien aux marécages. C’est aussi à quelques encablures au large, jouxtant la partie sauvage des marais que se trouve le siège de l’Astragale, dans une vaste ile fortifiée dont on ne sait si elle se trouve encore vraiment au Consulat.
Nos héros prennent la route à bride abattue, crevant quasiment les chevaux sous eux, changeant de monture à chaque relais de poste. Leurs poursuivants ne semblent pas rattrapables : ils ont l’air d’avoir adopté la même stratégie.
– On dormira quand on sera mort. Zigarelli rend ses mots à Estiladra alors qu’il mène la course en tête.
Cinq jours de cavale avec à peine quelques moments de repos où la troupe tombe épuisée sur un grabat avant de reprendre la poursuite. L’écart se resserre, mais les poursuivants semblent avoir toujours un coup d’avance. Au matin du quatrième jour, seule une demi-journée sépare les deux troupes… Mais dans la nuit, l’odeur pestilentielle des marais se fait sentir.
Au matin du cinquième jour, les dômes d’Ufficio se découpent sur le soleil levant. Au gué, on informe la Spada Rossa qu’une troupe de l’Astragale les a précédés d’une demi-heure. Nos héros lancent leurs chevaux à fond de train jusqu’aux docks d’Ufficio, en espérant pouvoir coincer la troupe adverse avant qu’elle ne puisse passer le bac qui mène à l’ile de l’astragale. Peine perdue… alors qu’ils parviennent sur le quai, le bac est déjà bien engagé et leur a pris cent mètres d’avance.
Le ciel étoilé a des constellations rares et prodigieuses qui ont pour mission de se rapprocher sans cesse et doucement des mondes misérables et de les éclairer peu à peu d’un jour qui commence par être crépusculaire et qui arrive à être flamboyant
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Re: [CR] L'escapade de Telenaïs - Aventures picaresques dans le Consulat
Interception et déception
La barge glisse doucement sur les eaux calmes. Les chevaux qu’on a chargés dessus ne bronchent pas. Aucune silhouette ne se découpe, mis à part celle de l’unique rameur placé à l’arrière de la barge et qui s’active doucement. Pas un bruit n’anime ce début de matinée claire. Quelques pêcheurs préparent leurs barcasses, montent leurs filets à bord et se préparent à partir.
Estiladra réquisitionne un bateau et un homme. Les chevaux sont laissés à la garde d’Aurelio et Ellana. Les quatre autres sautent dans une barque et se mettent à ramer le plus vite possible pour rattraper l’embarcation. C’est à l’ombre de la forteresse de l’Astragale qu’ils prennent enfin pied sur la barge. Contournant les chevaux et de lourds paquetages, Estiladra et Vittoria tombent nez à nez avec… un jeune homme blond et longiligne et un hobelin relativement svelte, à la large chevelure Brune. Personne qui corresponde à la description d’Anconetti. Estiladra demande au rameur de faire demi-tour. Le jeune homme en nage acquiesce. Vittoria hurle « Anconetti ! » cherchant l’ennemi du regard.
Le hobelin, caché derrière une malle,se met à gueuler :
– Il est pas là ! Il est parti !
– Il est parti où ? Vittoria s’approche, menaçante
– On en sait rien !
– Répond, saleté de petit bonhomme !
Le blond, Lodovico Olmi, reste impassible, assis sur un le coffre derrière lequel se cache le hobelin, Michka Séféris.
– On peut discuter ? Ou vous allez déjà essayer de nous tuer, demande-t-il
– On va d’abord discuter, lance Estiladra qui s’est approché
– Je crois qu’on devrait discuter à l’astragale directement
– Non, on va discuter sur cette barge plutôt. Allez, parle !
Vittoria est sonnée. Une semaine de poursuite, et son ennemi n’est pas sur la barge, ses repères s’effondrent.
– Écoutez, on sait pas qui vous êtes, reprend le hobelin, mais on se doute que vous ne nous voulez pas du bien et… et… on veut pas d’histoires nous.
– Alors dis-nous où est Anconetti alors, menace Vittoria
– Je… on sait pas où il est.
– Comment ? Il n’est pas parti de Bracce avec vous ?
– Si, il est parti avec nous mais… il nous a laissé en plan et a biffurqué vers le sud il y a une demi-journée.
– Y’a quoi vers le sud ?
– Y’a rien… les marais, c’est tout.- Qui étaient les commanditaires ? relance Estiladra
– Commanditaires de quoi ?
– Votre feu de joie ! complète Zigarelli.
Le Hobelin est très pâle.
– Ah mais nous on y est pour rien, c’était probablement un accident
– Pourquoi vous balladiez-vous avec de la poudre au cœur de Bracce ?
Olmi, le blond relève soudain la tête :
– Parce qu’on en vend !
– Et en quoi ça intéresse les Lauro.
– Secret professionnel, murmure le blond avec un sourire.
Ciro le frappe au visage avec la poignée de sa rapière. Olmi se relève, jette un long regard à Ciro tout en se taisant. Le hobelin s’est roulé en boule derrière sa caisse en murmurant « je savais que ça allait mal tourner… je savais que ça allait mal tourner… je savais que ça allait mal tourner »
Les tergiversations continuent, mais personne ne sait vraiment ce qu’Anconetti est allé faire au sud. Même pour ses camarades, l’homme semble être un mystère. Le blond reste peu bavard, fustigeant par moment son collègue de l’être trop. D’une manière générale, ils disent ne pas cautionner les actes de leur camarade, et ils le chargent de tous les problèmes advenus.
Alors que la barge s’approche du bord, Vittoria, lassée, reprend la barque et se fait amener aux chevaux. Puisque personne ne fait rien, elle va prendre les devants, une fois de plus, et se jeter dans la poursuite, au sud, dans ces marais qu’elle ne connait pas. Tant pis si elle doit s’y perdre, la vengeance guidera ses pas. Ellana tente bien de la raisonner, la jeune Scorta la renvoie sèchement à sa place.
Pendant ce temps sur la barge, Estiladra, tentant de rattraper Vittoria, monte sur un cheval et le lance à l’eau pour devancer la barge.
[Un jet que le joueur d’Andrea réussit haut la main]
D’un mouvement fluide mais trempé, il reprend pied sur le ponton. Ciro et Zigarelli ligotent les deux hommes, mais Zigarelli, ne voulant pas laisser tout le crédit héroïque à Estiladra, essaie de faire comme l’ancien soldat.
[Un jet que le joueur de Lucio échoue haut la main]
Montant sur le dernier cheval, il le jette à l’eau, mais la bête, trop chargée et mauvaise nageuse coule comme une pierre. Dépité, Zigarelli se hisse sur la barge et attend que le rameur les fasse accoster.
L’énergie du désespoir
Andrea a réussi à s’interposer devant Vittoria et a pris sa bride dans ses mains.
– Qu’est-ce que tu fais ?
– Où vas-tu Vittoria ?
– Tu l’as entendu comme moi, il est parti au sud, donc je vais au sud !
– C’est des marais le Sud. Il peut être n’importe où.
– Il en sait pas plus que nous, cet Anconetti : il a piqué au sud parce que c’est… c’est le premier truc qui lui est passé par la tête.
– et alors, c’est pas parce qu’il en sait pas plus que nous qu’on va le retrouver.
Estiladra se remémore ses expériences de soldat, les ours à marcher dans les marais. Il n’est pas optimiste. Il tente bien de raisonner Vittoria, mais en vain. La jeune fille est partagée entre énervement et désespoir. Elle hésite, alors qu’Andrea pense pouvoir être parvenu à ses fins, tirant le cheval de Vittoria par la bride en direction des autres, qui prennent pied sur la berge.
– Voilà ce que je propose, dit Estiladra : On ramène Olmi et Seferis à Bracce, on les fait comparaitre devant le tribunal, pour qu’ils disent qu’ils ont eu affaire à un forban qui a fait exploser leur cargaison. Et les compagnons de la Roche étaient juste là au mauvais endroit et au mauvais moment.
Zigarelli semble sceptique, pensant que Gülad risque d’être tout de même condamné.
Pass et Olmi font un duel de regards. Le jeune homme blond reste impassible.
Pass propose qu’Andrea, Aurelio et Ellana ramènent Olmi et Séféris à Bracce pendant qu’il apporte son aide à Vittoria dans les marais. Andrea ricane de la bravoure du jeune homme. Zigarelli a ficelé les deux individus derrière le cheval d’Aurelio et le sien.
Pendant tout ce temps où les hommes prennent encore la parole pour elle, Vittoria s’est tue. Alors que plus personne ne fait attention à elle, elle est discrètement descendue de chevaux et part, décidée, vers mes marécages. Le blond observe la scène, le regard vague « Elle va mourir dans ces marais »
– Toi on t’as pas sonné, gueule Zigarelli à son attention.
Désormais à bonne distance, Vittoria se retourne et gueule à ses camarades, contrefaisant la voix d’Estiladra :
– C’est ton choix Vittoria, qu’est-ce que tu veux Vitttoria ! Qu’est-ce que tu veux, c’est toi qui décide !
Et après un geste d’agacement frôlant l’obscène, elle reprend sa route.
Penauds, les autres trottent derrière elle jusqu’à la sortie sud de la ville. Alors qu’ils s’apprêtent à passer la porte, les gardes remarquent les paquets ficelés derrière Lucio et Aurelio. Vittoria ouvre toujours la marche en boudant. Estiladra et Ellana passent aussi sans problèmes.
C’est au moment où Lucio s’avance que les prisonniers se mettent à gueuler. Les gardes demandent des comptes. Lucio lève les yeux au ciel.
– Ces hommes ont à répondre d’un meurtre à Bracce : ils seront entendus et jugés.
– Tu as une lettre te donnant autorité pour l’enquête et l’arrestation ? Un Mandat ? Demandent les gardes, contemplant la dégaine trempée et vaseuse de Zigarelli.
Zigarelli soupire à nouveau.
– Dans la bagarre, j’ai perdu le pli indispensable dans les flots. Vous n’avez que ma bonne foi.
[Je demande un jet avec deux malus au joueur de Lucio qui lance donc 3D6 et garde le pire. C’est un « Non » qui sort]
– Mon gars, répond un des gardes avec une sévère maladie de peau, la bonne foi de Bracce, on sait ce qu’elle vaut à Ufficio.
Ils menacent alors Lucio avec leurs hallebardes. Aurelio, lui, est tombé de cheval à la porte, laissant tomber aussi son prisonnier saucissonné.
Zigarelli se retourne vers le Chevalier Puceau :
– Désolé l’ami, c’est la vie des nôtres qui est en jeu.
Et il fait se cabrer son cheval dans l’espoir de passer les gardes.
[Je demande un nouveau jet. Un malus et un aspect s’annulent, il lance un dé : « Non mais… » Lucio a la poisse avec les chevaux]
La monture s’élève dans les airs, menaçante. Les soldats s’écartent et Zigarelli parvient à se dégager… mais lâche son paquet au milieu de la route. Dépité, et conscient de l’importance de ses prisonniers, Zigarelli décide donc de ne pas fuir, et retourne résigné rejoindre Aurelio aux côtés de leurs deux paquets. Les gardes s’avancent vers lui en gueulant alors que dans son dos, Ciro, Ellana, Andrea et Vittoria disparaissent par la route des marais…
La barge glisse doucement sur les eaux calmes. Les chevaux qu’on a chargés dessus ne bronchent pas. Aucune silhouette ne se découpe, mis à part celle de l’unique rameur placé à l’arrière de la barge et qui s’active doucement. Pas un bruit n’anime ce début de matinée claire. Quelques pêcheurs préparent leurs barcasses, montent leurs filets à bord et se préparent à partir.
Estiladra réquisitionne un bateau et un homme. Les chevaux sont laissés à la garde d’Aurelio et Ellana. Les quatre autres sautent dans une barque et se mettent à ramer le plus vite possible pour rattraper l’embarcation. C’est à l’ombre de la forteresse de l’Astragale qu’ils prennent enfin pied sur la barge. Contournant les chevaux et de lourds paquetages, Estiladra et Vittoria tombent nez à nez avec… un jeune homme blond et longiligne et un hobelin relativement svelte, à la large chevelure Brune. Personne qui corresponde à la description d’Anconetti. Estiladra demande au rameur de faire demi-tour. Le jeune homme en nage acquiesce. Vittoria hurle « Anconetti ! » cherchant l’ennemi du regard.
Le hobelin, caché derrière une malle,se met à gueuler :
– Il est pas là ! Il est parti !
– Il est parti où ? Vittoria s’approche, menaçante
– On en sait rien !
– Répond, saleté de petit bonhomme !
Le blond, Lodovico Olmi, reste impassible, assis sur un le coffre derrière lequel se cache le hobelin, Michka Séféris.
– On peut discuter ? Ou vous allez déjà essayer de nous tuer, demande-t-il
– On va d’abord discuter, lance Estiladra qui s’est approché
– Je crois qu’on devrait discuter à l’astragale directement
– Non, on va discuter sur cette barge plutôt. Allez, parle !
Vittoria est sonnée. Une semaine de poursuite, et son ennemi n’est pas sur la barge, ses repères s’effondrent.
– Écoutez, on sait pas qui vous êtes, reprend le hobelin, mais on se doute que vous ne nous voulez pas du bien et… et… on veut pas d’histoires nous.
– Alors dis-nous où est Anconetti alors, menace Vittoria
– Je… on sait pas où il est.
– Comment ? Il n’est pas parti de Bracce avec vous ?
– Si, il est parti avec nous mais… il nous a laissé en plan et a biffurqué vers le sud il y a une demi-journée.
– Y’a quoi vers le sud ?
– Y’a rien… les marais, c’est tout.- Qui étaient les commanditaires ? relance Estiladra
– Commanditaires de quoi ?
– Votre feu de joie ! complète Zigarelli.
Le Hobelin est très pâle.
– Ah mais nous on y est pour rien, c’était probablement un accident
– Pourquoi vous balladiez-vous avec de la poudre au cœur de Bracce ?
Olmi, le blond relève soudain la tête :
– Parce qu’on en vend !
– Et en quoi ça intéresse les Lauro.
– Secret professionnel, murmure le blond avec un sourire.
Ciro le frappe au visage avec la poignée de sa rapière. Olmi se relève, jette un long regard à Ciro tout en se taisant. Le hobelin s’est roulé en boule derrière sa caisse en murmurant « je savais que ça allait mal tourner… je savais que ça allait mal tourner… je savais que ça allait mal tourner »
Les tergiversations continuent, mais personne ne sait vraiment ce qu’Anconetti est allé faire au sud. Même pour ses camarades, l’homme semble être un mystère. Le blond reste peu bavard, fustigeant par moment son collègue de l’être trop. D’une manière générale, ils disent ne pas cautionner les actes de leur camarade, et ils le chargent de tous les problèmes advenus.
Alors que la barge s’approche du bord, Vittoria, lassée, reprend la barque et se fait amener aux chevaux. Puisque personne ne fait rien, elle va prendre les devants, une fois de plus, et se jeter dans la poursuite, au sud, dans ces marais qu’elle ne connait pas. Tant pis si elle doit s’y perdre, la vengeance guidera ses pas. Ellana tente bien de la raisonner, la jeune Scorta la renvoie sèchement à sa place.
Pendant ce temps sur la barge, Estiladra, tentant de rattraper Vittoria, monte sur un cheval et le lance à l’eau pour devancer la barge.
[Un jet que le joueur d’Andrea réussit haut la main]
D’un mouvement fluide mais trempé, il reprend pied sur le ponton. Ciro et Zigarelli ligotent les deux hommes, mais Zigarelli, ne voulant pas laisser tout le crédit héroïque à Estiladra, essaie de faire comme l’ancien soldat.
[Un jet que le joueur de Lucio échoue haut la main]
Montant sur le dernier cheval, il le jette à l’eau, mais la bête, trop chargée et mauvaise nageuse coule comme une pierre. Dépité, Zigarelli se hisse sur la barge et attend que le rameur les fasse accoster.
L’énergie du désespoir
Andrea a réussi à s’interposer devant Vittoria et a pris sa bride dans ses mains.
– Qu’est-ce que tu fais ?
– Où vas-tu Vittoria ?
– Tu l’as entendu comme moi, il est parti au sud, donc je vais au sud !
– C’est des marais le Sud. Il peut être n’importe où.
– Il en sait pas plus que nous, cet Anconetti : il a piqué au sud parce que c’est… c’est le premier truc qui lui est passé par la tête.
– et alors, c’est pas parce qu’il en sait pas plus que nous qu’on va le retrouver.
Estiladra se remémore ses expériences de soldat, les ours à marcher dans les marais. Il n’est pas optimiste. Il tente bien de raisonner Vittoria, mais en vain. La jeune fille est partagée entre énervement et désespoir. Elle hésite, alors qu’Andrea pense pouvoir être parvenu à ses fins, tirant le cheval de Vittoria par la bride en direction des autres, qui prennent pied sur la berge.
– Voilà ce que je propose, dit Estiladra : On ramène Olmi et Seferis à Bracce, on les fait comparaitre devant le tribunal, pour qu’ils disent qu’ils ont eu affaire à un forban qui a fait exploser leur cargaison. Et les compagnons de la Roche étaient juste là au mauvais endroit et au mauvais moment.
Zigarelli semble sceptique, pensant que Gülad risque d’être tout de même condamné.
Pass et Olmi font un duel de regards. Le jeune homme blond reste impassible.
Pass propose qu’Andrea, Aurelio et Ellana ramènent Olmi et Séféris à Bracce pendant qu’il apporte son aide à Vittoria dans les marais. Andrea ricane de la bravoure du jeune homme. Zigarelli a ficelé les deux individus derrière le cheval d’Aurelio et le sien.
Pendant tout ce temps où les hommes prennent encore la parole pour elle, Vittoria s’est tue. Alors que plus personne ne fait attention à elle, elle est discrètement descendue de chevaux et part, décidée, vers mes marécages. Le blond observe la scène, le regard vague « Elle va mourir dans ces marais »
– Toi on t’as pas sonné, gueule Zigarelli à son attention.
Désormais à bonne distance, Vittoria se retourne et gueule à ses camarades, contrefaisant la voix d’Estiladra :
– C’est ton choix Vittoria, qu’est-ce que tu veux Vitttoria ! Qu’est-ce que tu veux, c’est toi qui décide !
Et après un geste d’agacement frôlant l’obscène, elle reprend sa route.
Penauds, les autres trottent derrière elle jusqu’à la sortie sud de la ville. Alors qu’ils s’apprêtent à passer la porte, les gardes remarquent les paquets ficelés derrière Lucio et Aurelio. Vittoria ouvre toujours la marche en boudant. Estiladra et Ellana passent aussi sans problèmes.
C’est au moment où Lucio s’avance que les prisonniers se mettent à gueuler. Les gardes demandent des comptes. Lucio lève les yeux au ciel.
– Ces hommes ont à répondre d’un meurtre à Bracce : ils seront entendus et jugés.
– Tu as une lettre te donnant autorité pour l’enquête et l’arrestation ? Un Mandat ? Demandent les gardes, contemplant la dégaine trempée et vaseuse de Zigarelli.
Zigarelli soupire à nouveau.
– Dans la bagarre, j’ai perdu le pli indispensable dans les flots. Vous n’avez que ma bonne foi.
[Je demande un jet avec deux malus au joueur de Lucio qui lance donc 3D6 et garde le pire. C’est un « Non » qui sort]
– Mon gars, répond un des gardes avec une sévère maladie de peau, la bonne foi de Bracce, on sait ce qu’elle vaut à Ufficio.
Ils menacent alors Lucio avec leurs hallebardes. Aurelio, lui, est tombé de cheval à la porte, laissant tomber aussi son prisonnier saucissonné.
Zigarelli se retourne vers le Chevalier Puceau :
– Désolé l’ami, c’est la vie des nôtres qui est en jeu.
Et il fait se cabrer son cheval dans l’espoir de passer les gardes.
[Je demande un nouveau jet. Un malus et un aspect s’annulent, il lance un dé : « Non mais… » Lucio a la poisse avec les chevaux]
La monture s’élève dans les airs, menaçante. Les soldats s’écartent et Zigarelli parvient à se dégager… mais lâche son paquet au milieu de la route. Dépité, et conscient de l’importance de ses prisonniers, Zigarelli décide donc de ne pas fuir, et retourne résigné rejoindre Aurelio aux côtés de leurs deux paquets. Les gardes s’avancent vers lui en gueulant alors que dans son dos, Ciro, Ellana, Andrea et Vittoria disparaissent par la route des marais…
Le ciel étoilé a des constellations rares et prodigieuses qui ont pour mission de se rapprocher sans cesse et doucement des mondes misérables et de les éclairer peu à peu d’un jour qui commence par être crépusculaire et qui arrive à être flamboyant
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Re: [CR] L'escapade de Telenaïs - Aventures picaresques dans le Consulat
Mon ressenti sur cette cinquième session
Une très belle partie, mais assez difficile: un personnage à réintroduire, Ciro Passeri, après une session d’absence plutôt cruciale, et quelques blancs un peu longs. Enfin, dernier problème: mon indétermination à faire aboutir la poursuite.
Concernant la réintroduction de Ciro, je suis très content: je n’avais rien et on a bâti ensemble l’une des scènes les plus fortes de la partie, toute en tension alors que les autres joueurs, en position de spectateurs, assistaient à la « trahison » de leur camarade, pour les meilleures raisons du monde!
Je suis aussi satisfait du petit dilemme concernant l’éventuelle résurrection de Livio Scorta, trouvé quelques jours seulement avant la partie et qui aura causé quelques belles scènes de drama entre Vittoria et les autres, Lucio en premier lieu.
Concernant la course poursuite, les adversaires avaient beaucoup d’avance et j’ai eu du mal à laisser les joueurs les rattraper. J’aurais du certainement clôturer là ce scénario qui, de one shot, a finalement duré trois sessions, mais je ne trouvais rien de satisfaisant… d’autant plus que justement, cela faisait trois sessions qu’ils leur couraient après. Du coup, la fuite d’Anconetti dans les marais et la poursuite ont paru scripté aux yeux de certains, et je ne peux pas trop dire le contraire. Ce n’est pas grave en soi, les joueurs étaient contents, mais c’est une chose à garder en tête: le mieux est l’ennemi du bien.
Enfin une petite rectification des règles pour la prochaine fois, concernant gains et pertes d’Aubaines: à Wastburg, un résultat de 6 au dé fait perdre une aubaine, alors qu’un résultat de 1 en fait gagner. Je pense que je vais transformer cette règle pour qu’un 6 fasse aussi gagner des aubaines. après tout, on joue héroïque, et pas des gardoches qui loosent dans leur coin de ruelle, autant adapter les règles!
Une très belle partie, mais assez difficile: un personnage à réintroduire, Ciro Passeri, après une session d’absence plutôt cruciale, et quelques blancs un peu longs. Enfin, dernier problème: mon indétermination à faire aboutir la poursuite.
Concernant la réintroduction de Ciro, je suis très content: je n’avais rien et on a bâti ensemble l’une des scènes les plus fortes de la partie, toute en tension alors que les autres joueurs, en position de spectateurs, assistaient à la « trahison » de leur camarade, pour les meilleures raisons du monde!
Je suis aussi satisfait du petit dilemme concernant l’éventuelle résurrection de Livio Scorta, trouvé quelques jours seulement avant la partie et qui aura causé quelques belles scènes de drama entre Vittoria et les autres, Lucio en premier lieu.
Concernant la course poursuite, les adversaires avaient beaucoup d’avance et j’ai eu du mal à laisser les joueurs les rattraper. J’aurais du certainement clôturer là ce scénario qui, de one shot, a finalement duré trois sessions, mais je ne trouvais rien de satisfaisant… d’autant plus que justement, cela faisait trois sessions qu’ils leur couraient après. Du coup, la fuite d’Anconetti dans les marais et la poursuite ont paru scripté aux yeux de certains, et je ne peux pas trop dire le contraire. Ce n’est pas grave en soi, les joueurs étaient contents, mais c’est une chose à garder en tête: le mieux est l’ennemi du bien.
Enfin une petite rectification des règles pour la prochaine fois, concernant gains et pertes d’Aubaines: à Wastburg, un résultat de 6 au dé fait perdre une aubaine, alors qu’un résultat de 1 en fait gagner. Je pense que je vais transformer cette règle pour qu’un 6 fasse aussi gagner des aubaines. après tout, on joue héroïque, et pas des gardoches qui loosent dans leur coin de ruelle, autant adapter les règles!
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Re: [CR] L'escapade de Telenaïs - Aventures picaresques dans le Consulat
Je me demandais si quelqu'un avait lu FU le jeu de rôle qui vient de sortir chez stélamaris car sauf erreur de ma part c'est de ce système qu'est tiré celui de wastburg.
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Re: [CR] L'escapade de Telenaïs - Aventures picaresques dans le Consulat
Nope, pas lu. Il faudrait que je le lise quand même, ça m'éviterait certainement de bricoler dans mon coin, mais en même temps, c'est tellement simple comme truc que la flemme et l'envie d'économiser 15 euros ne m'ont pas fait franchir le pas...
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Re: [CR] L'escapade de Telenaïs - Aventures picaresques dans le Consulat
Ozen, lit FUBAR.
Perso j'utilise leur approche. Ça fait une courbe d’échec/succès plus douce déjà.
Perso j'utilise leur approche. Ça fait une courbe d’échec/succès plus douce déjà.
2d6PlusCool – Actual Play / Live Play de jeu de rôle . Dispo aussi sur Youtube
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Re: [CR] L'escapade de Telenaïs - Aventures picaresques dans le Consulat
J'ai récupéré ça hier... 40 pages, tout ça? Bon, je vais quand même y jeter un oeil...
Le ciel étoilé a des constellations rares et prodigieuses qui ont pour mission de se rapprocher sans cesse et doucement des mondes misérables et de les éclairer peu à peu d’un jour qui commence par être crépusculaire et qui arrive à être flamboyant
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