Islayre d'Argolh a écrit : ↑ven. janv. 17, 2025 4:34 pm Pour moi, a une époque, ces messages ont aussi été des leçons de vies ou a minima des moteurs de réflexion et d'amélioration personnelle.
Donc quand tu réalises que quelqu'un qui a été pour toi, dans une certaine mesure, une inspiration et un exemple était en réalité complétement full of shit ça fait mal.
Et ses/ces textes qui autrefois t'inspiraient renforcent encore le sentiment d'imposture, de tromperie : de grandes leçons de vies, oui, mais données du fin fond de la poubelle a purin.
Je comprends ce que tu ressens - sur Gaiman, n'en n'ayant presque rien lu de lui, c'est certes facile pour moi de voir les choses sur un plan abstrait. Notons qu'un Frank Miller ou un Ellroy (qui ne sont coupables d'aucun crime à ce que je sache) ne font, eux, pas d'effort pour sembler sages ou sympathiques dans leurs œuvres.
Alors, y a un petit livre un peu philo mais facile de lecture et bien intéressant sur le fait que pas mal de grands artistes, philosophes ou écrivains sont tout simplement des escrocs moraux, si on compare leur vie réelle à ce qu'ils préconisaient. C'est Le Genie du Mensonge, de François Noudelman (2015)
(Le livre) part de son étonnement « sans doute naïf » à voir combien la vie des philosophes est parfois en contradiction radicale avec leur doctrine. Le constat est tout bête, certes, et peut s’appliquer à tout un chacun, mais il gêne ou agace d’autant plus chez les philosophes qu’ils ont, par profession, le verbe haut et les idées élevées.Tel penseur de l’amour est un pingre, tel chantre de l’hédonisme un triste sire, Rousseau, qui écrit un fameux traité d’éducation, a abandonné ses cinq enfants, Sartre, philosophe de l’engagement, a vécu la guerre en planqué, Foucault prononce son cours sur « Le courage de la vérité » en dissimulant soigneusement être atteint du sida, Deleuze théorise le nomadisme mais déteste voyager et, tandis que le féminisme naissant se nourrit du Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir, celle-ci écrit des lettres brûlantes à son amant Nelson Algren où elle se rêve en femme soumise…
Il arrive qu’un auteur ne ressemble pas à ce qu’il écrit, peut-être même n’écrit-on jamais qu’à partir de ce qu’on n’est pas. Que faire de ce constat ?
https://www.philomag.com/livres/le-genie-du-mensonge