C’est marrant, on a fini l’épisode londonien ce week-end et je me suis fait plus ou moins les mêmes remarques. Je vais essayer de rédiger un compte rendu cette semaine, mais voici déjà, en gros, quelques réflexions.
Grumbledook a écrit : ↑mer. avr. 04, 2018 1:29 pm
- déjà, pourquoi Jackson Elias est il devenu fou à Londres et pas ailleurs? Ca n'a pas l'air bien pire que les autres endroits...
Comme je le disais plus haut, ça semble un gros trou. On peut supposer que, après l’avoir repéré, le culte a commencé à utiliser des moyens occultes contre lui et que c’est la cause de sa perte de raison. Mais je ne crois pas qu’en l’état le scénario permet aux joueurs de le découvrir. Il y a d’autres questions, issues des notes de Jackson, encore plus troublantes. Comment a-t-il appris, à Londres, que Carlyle cache des ouvrages intéressants dans son coffre ?!?
La campagne se sert de Jackson comme d’un générateur de pistes, mais passe totalement sous silence son histoire à lui. C’est un outil narratif désincarné et ça devient un problème si l'on s’est acharné à lui donner vie et épaisseur, à centrer la motivation des personnages sur lui dans l’épisode (voir les pré-épisodes) new-yorkais.
Malheureusement, je n’ai pas eu le temps ou l’inspiration pour remédier à ça. Mais comme les personnages ont été occupés ailleurs, ils n’ont pas creusé non plus, et ça n’a pas semblé leur manquer.
Grumbledook a écrit : ↑mer. avr. 04, 2018 1:29 pm
- plus généralement, à quoi sert le chapitre? Je ne vois pas bien à quoi sert le culte pour Nyarlathotep (en quoi fait il progresser son grand projet?), ni ce qu'il apporte vraiment à l'histoire, sans parler du coté répétitif avec les autres chapitres. Ah, et puis aussi je trouve que le texte de l'édition SD est écrit avec les pieds. Bref je me dis que je vais devoir retaper tout le machin...
Pour l'instant mon idée est de raccourcir le truc, virer les grandes cérémonies dans le manoir de Gavigan, que je trouve pas très intéressantes (et puis il y'a les mêmes en Egypte), pousser à fond la rivalité à l'intérieur du culte et faire se massacrer les cultistes entre eux jusqu'à ce qu'il ne reste que Gavigan et Al-Sayed - l'idée est de changer d'atmosphère et de types d'ennemi: deux magiciens surpuissants au lieu d'une foule de cultistes lambdas. Tout ça orchestré par Nyarla qui a besoin d'un Elu quelconque (je trouverais bien pourquoi d'ici là) ou juste pour le fun...
Bref, comment vous avez traité le chapitre de Londres pour qu'il soit intéressant? - ce qui, encore une fois, ne me parait pas gagné à la lecture du manuel...
Pour moi, ce chapitre n'a d’intérêt que si c’est le second, c’est une montée en puissance. Suivant l’enquête, il peut confirmer la survie d’au moins un membre de l’expédition Carlyle et attirer l’attention sur celle de Clive ainsi que sur le réseau d’échange des cultes.
Par contre, j’ai souhaité un peu plus le caractériser. J’ai commencé par supprimer ou altérer ce qui me semblait trop redondant (en particulier la boutique de l’immigré maléfique et le grand méchant sorcier surpuissant et monolithique).
Dans ma vision des choses, Londres est effectivement loin de l’action de Nyarlathotep (quoique moins que New York), c’est une sorte de base arrière qui, à l’inverse de l’importance géopolitique de la ville dans le monde des hommes, est quasi négligée par les autres cultes. Je les imagine y voir surtout une manne financière et logistique. Du coup ils sont plus indépendants, mais aussi moins efficaces. Eux, par contre, se voient comme l’élite de l’Empire britannique, c’est-à-dire les rois du monde. Ils sont hautains et méprisants alors qu’ils ne sont qu’une chiure de mouche dans les livres de comptes de Shakti.
Mon chapitre londonien se voulait donc un voyage au sein de clubs réservés à une haute société richissime et à côté de ses pompes qui ouvrait sur le sordide et l’occulte dévoyé.
Gavigan : c’est un brillant gestionnaire, un homme de pouvoir né de meilleures écoles d’Angleterre. C’était le bras droit de Penhew, et il est naturellement arrivé au pouvoir à son départ. Mais c’est un piètre sorcier. Malgré ses expérimentations plus ou moins désespérées, il ne comprend pas la magie, il est bien trop cartésien pour ça. Bien sûr, il le dissimule, et il angoisse que ça se sache. Alors il gère le culte et ses affaires avec l’efficacité d’un homme doué qui, en plus, n’a aucun remords à utiliser la violence. Mais sous sa houlette, le culte londonien s’est dévoyé. C’est plus une société occulte égyptisante qu’autre chose. C’est d’ailleurs l’émanation secrète du Needle Club qui a pignon sur rue. L’ankh inversée est stylisée, tout n’est que dorures et effets de manches. On s’amuse à se faire peur tout en l’utilisant comme instrument de pouvoir. On promet l’arrivée prochaine d’une nouvelle ère, l’apparition du maître, mais il ne vient jamais.
Sous ses airs de gentleman, Gavigan est donc un type aux abois, prêt à tout pour conserver le pouvoir, tout étant persuadé qu’il l’usurpe.
Les filles d’Helena : C’est un autre club, féminin celui-ci. Là encore, c’est une version dévoyée. Ce sont des théosophes qui ont découvert la confrérie et qui s’y sont jointes. Officiellement, c’est un club pour dames qui s’intéressent à l’occultisme et dont la majorité des membres est medium. Ce sont elles qui ont envoyé Boadmoor. Officieusement, son plus haut cercle appartient à la confrérie et, contrairement à Gavigan, elles sont douées pour manier les savoirs interdits. Elles disposent des mêmes pouvoirs et objets que Tewfik al-Sayed dans la version Chaosium/SD (que j’ai complètement supprimé). Gavigan les méprise et se sert d’elles. Il leur a volé leur plus précieux trésor, le livre de Dzyan, et en use sans vergogne de moyen de pression contre elle. Quand les personnages arrivent, elles se préparent à le renverser et prendre le pouvoir sur le culte. Mais elles veulent avant tout récupérer leur inestimable ouvrage.
Yalesha : elle prend plus ou moins la place d’Abdul Nawisha. C’est la meneuse de revues de la Pyramide bleue. C’est aussi celle qui a le plus d’influence sur la communauté des croyants égyptiens de Londres. C’est elle qui organise les voyages et les disparitions. Elle a un rapport typiquement colonial avec Gavigan. Il lui dit quoi faire et elle s’exécute tout en le méprisant. C’est une vraie croyante venue d’Égypte. Elle pourrait probablement devenir prêtresse, mais en Angleterre il n’y a que les siens qui voient en elle autre chose qu’une immigrée parmi les autres. Les Filles d’Helena pourraient changer ça tout en gagnant le soutien des Égyptiens.
L’inspecteur Barrigton : je me demandais comment il pouvait piétiner sur son enquête alors que les personnages peuvent la débloquer en quelques jours. J’ai résolu la question en postulant que sa compagne était l’une des Filles d’Helena. Elle fournit donc des infos sur ses pistes et ses projets à la confrérie et, quand c’est nécessaire, le manipule pour l’éloigner.
Le résultat de tout ça c'est que ça a produit des moments plus feutrés, plus subtiles, avec notamment des négociations entre les personnages et les Filles d'Helena pour obtenir des informations compromettantes sur Gavigan en échange du bouquin.