Orlov a écrit : ↑ven. mars 07, 2025 2:41 pmedophoenix a écrit : ↑ven. mars 07, 2025 11:29 am
Ce glissement, c'est ce qu'on appelle la géopolitique : la Russie s'en fout de l'Ukraine, en soi ; son problème c'est le consortium des Etats occidentaux qui dicte ses lois au reste du monde, ce qui s'opposent à sa doctrine de panslavisme.
Comme les Américains s'en foutaient de la Corée et du Vietnam, ce qu'ils voulaient c'était s'opposer à la progression du pole rival, et là c'est pareil. On voit le multipolarisme du monde se reconstituer, et la guerre en Ukraine n'est qu'un symptôme.
Le malheur c'est de voir comment l'Occident réagit (ce qui aboutit à la réédition de la ""drôle de guerre"" comme je le décrivais dans mon message précédemment)
Si la Russie s'en foutait de l'Ukraine, pourquoi a-t-elle cherché à la déstabiliser depuis au moins 2004 ?
Oui, j'ai dit ça un peu trop vite ; plusieurs raisons poussent les Russes à s'en prendre à l'Ukraine : c'est un voisin, donc une cible directe, il y a des populations russophones (donc une motivation surtout pour les tenants de la doctrine panslaviste), mais ça n'est qu'une des motivations parmi d'autres, et comme tu le dis ensuite, c'est aussi le ""grenier à blé"" de l'Est avec en plus des réserves pétrolières et gazières, donc plein de ressources qui intéressent l'oligarchie russe.
Mais ce que je voulais dire, c'est que le déclencheur des hostilités (le ""prétexte"" pourrait-on dire), depuis 2014 et la guerre de Crimée, c'est l'affaiblissement de l'Otan et la rivalité du couple sino-russe et de l'Occident.
C'est pour ça que je comparais à la guerre de Corée, mais j'ai trop synthétisé, je reconnais que c'et toujours plus complexe que ce qu'on peut en dire en dix lignes ; et puis c'est une comparaison un peu bancale, j'avoue, vu que l'histoire ne se répète jamais à l'identique..!
Orlov a écrit : ↑ven. mars 07, 2025 2:41 pm Mon opinion est qu'une analyse géopolitique qui ne s'intéresse qu'aux états rencontre ses limites très rapidement. Par exemple, la question du Donbass n'est pas seulement un conflit entre identités russe et ukrainienne, entre les deux états ou entre l'Occident et la Russie, il y a aussi une volonté des oligarques russes (forcés à faire un régime sous Poutine) d'évincer leurs collègues ukrainiens et de faire main basse sur leurs richesses, à la faveur de la crise politique consécutive au mouvement de Maidan et poussant leurs réseaux et leurs ramifications dans l'appareil de sécurité russe dans ce sens. Cela a autant avec les relations internationales qu'avec la manière dont l'élite russe fonctionne.
Tu parles également de "panslavisme", je me permets de te corriger. Il existe d'intéressants travaux sur l'idéologie poutinienne ou patrouchevo-poutinienne si l'on en croit Mark Galeotti, cela a plus à voir avec les nostalgies impériales et soviétiques, un darwinisme social tout droit sorti de l'époque de la "Guerre des Chiennes" et le nouvel eurasiatisme né dans les universités de province à l'époque soviétique (notamment l'école de Barnaul, étudiée notamment dans le livre beau, poétique et troublant de Sergei Oushakin, Patriotism of Despair, Nation, War and Loss in Russia).
La doctrine panslaviste n'a plus grand'chose à voir avec la nostalgie du soviétisme, en fait.
Donc je pense qu'on peut s'accorder là-dessus effectivement.