Episode 6 : Amok (deuxième partie)
Samedi 19 juin 1937, au soir.
Tandis que George Chen-Wang et Guus Van Diemen se rendent au restaurant, où ils ont rendez-vous avec le négociant Mizan Razak, le reste du groupe décident d'aller surveiller le bookmaker chinois
Lo Minh Shiu. Lorsque ce dernier sort du bar où il a passé la soirée, les PJ le prennent en filature, puis le coincent dans l'entrée de son immeuble. Le lieutenant Packard, qui essaie de le baratiner trop imprudemment, finit par se faire lacérer le bras d'un coup de rasoir-sabre. Le professeur Bolgenstein intervient, et maîtrise le bookmaker en le menaçant de son arme.
Interrogé, Lo Minh Shiu finit par avouer qu'il a ruiné aux courses quatre Malais, à la demande d'un Japonais proche de la pègre. Il ignore son nom, mais le décrit comme un petit homme en costume blanc, avec une fine moustache. Quand aux quatre victimes, si trois d'entre eux sont identifiés comme les agresseurs des officiers anglais, le dernier est inconnu : il s'agit d'un certain
Akmal, qui travaille comme groom au fameux hôtel Raffles, l'établissement le plus luxueux de la ville.
De leur côté, George Chen-Wang et Guus Van Diemen retrouvent
Mizan Razak dans un restaurant du quartier chinois, choisi par Chen-Wang, et fréquenté par des compatriotes aux mines patibulaires.
Tous trois conversent innocemment sur d'éventuels accords commerciaux concernant l'exportation d'hévéa. Jusqu'à ce que George Chen-Wang sorte un revolver, que lui a apporté discrètement une serveuse, et menace Razak. Le majordome indien de ce dernier tente de s'interposer, mais il est solidement maîtrisé par quatre Chinois, membre de la triade et amis de Chen-Wang.
Les PJ tentent de faire avouer à Mizan Razak qu'il est un
bomoh (un chaman malais), formé par le vieux
Anwar, et qu'il est impliqué dans les crimes contre des officiers anglais. Le négociant proteste de son innocence, et les PJ doivent bien reconnaître qu'ils n'ont pas de preuves contre lui. Il faut alors que George Chen-Wang donne l'ordre à l'un des jeunes truands de la bande de rendre au domicile de Razak, pour fouiller la mystérieuse pièce aux rideaux tirés. Deux heures plus tard, le jeune homme revient avec quelques talismans et onguents utilisés pour la magie noire.
En dévoilant ces preuves, et en donnant l'ordre dans le même temps de faire égorger le domestique indien (à la stupeur de Guus Van Diemen !), George Chen-Wang obtient des aveux de Mizan Razak : ce dernier a été employé par un Japonais,
M. Kuroda, pour ensorceler les kriss utilisés lors des attentats. Le bomoh a choisi la première victime de l'Amok, un prétendant éconduit de sa fille, mais il n'avait pas de lien avec les suivantes. Il se contentait de faire remettre les kriss , par son serviteur, à un complice de M. Kuroda, un jeune chinois qui fait des tours de cartes et de prestidigitation sur les quais. Ce soir même, un cinquième kriss magiquement préparé lui a été remis, ce qui suppose qu'un attentat devrait être perpétré dans les prochains jours.
Razak se dit alors prêt à collaborer avec les PJ, et à cesser de servir les Japonais, en échange de sa vie et de sa liberté.
Après une bien courte nuit, les PJ se séparent pour enquêter au plus vite dans trois quartiers différents de la ville :
- Miss Carpenter et Guus Van Diemen se rendent au prestigieux hôtel Raffles, où ils prennent une chambre. Ils relèvent que la célèbre aviatrice
Amelia Earhart doit y passer la nuit prochaine, au cours de son escale dans son tour du monde en avion. Les PJ considèrent qu'elle pourrait bien être la cible du prochain attentat.
Ils rencontrent aussi Akmal, garçon d'ascenseur qui devrait être la prochaine victime de l'Amok. Miss Carpenter trouve le moyen de l'éloigner de l'hôtel pour quelques jours, et de le faire remplacer par un marin malais de sa connaissance.
- George Chen-Wang et le professeur Bolgenstein se rendent sur le port, à la recherche du jeune Chinois qui servirait d'intermédiaire pour transmettre les kriss aux agresseurs. Ils le trouvent en train de plumer les passants au jeu du bonneteau. Ils essaient de l'aborder discrètement, comme de simples badauds venus tenter leur chance. Mais lorsque Chen-Wang tente de lui mettre la main dessus, le garçon lui glisse entre les doigts et file en direction des quais.
Rapide comme l'éclair, le fuyard atteint la flottille de
sampans (barques chinoises) qui forment un véritable village flottant dans le port. Il bondit d'une embarcation à l'autre avec agilité, et distance ses poursuivants, qui essaient maladroitement de l'imiter. Le professeur Bolgenstein ne tarde pas à perdre l'équilibre et tombe à l'eau. Quant à George Chen-Wang, lorsqu'il a la mauvaise idée de crier : "Au voleur !", il voit une main complice détacher l'amarre du sampan devant lui, qui commence à s'éloigner. Notre héros tente malgré tout de sauter à bord... et rejoint le professeur dans le port.
Les deux PJ, ruisselants et fulminants, retournent ensuite à leur hôtel pour se changer.
- De leur côté, les deux lieutenants américains, Beauregard et Packard, tentent de retrouver la trace de M. Kuroda à Bungis, qui est tout à la fois le quartier japonais et le quartier chaud de la ville. Ils tentent de se faire passer pour des mafieux de Chicago, de façon assez pathétique, mais ne parviennent pas à infiltrer la pègre locale.
Peu après, ils sont abordés par deux prostituées japonaises. Bien entendu, Beauregard est plutôt sensible à leurs charmes. Mais l'austère Packard, qui a remarqué des traces noires sur leurs doigts, craint qu'il ne s'agisse de poison, et ne tarde pas à les congédier.
(Dommage pour lui, les deux jeunes femmes avaient simplement les doigts tachés d'encre, car elles avaient imprimé les affiches de propagande placardées la veille, à la demande de leur souteneur, M. Kuroda).
Après s'être retrouvés, les PJ organisent la surveillance de l'hôtel Raffles. Stratégiquement placés dans le hall d'entrée, dans les couloirs et dans l'ascenseur, ils assistent à l'arrivée d'Amelia Earhart et de son navigateur,
Fred Noonan. Mais contrairement à leurs prévisions, les PJ ne voient pas apparaître le jeune Chinois supposé donner le kriss au futur assassin. En revanche, ils constatent que l'hôtel est fréquenté par de nombreux officiers britanniques, et Miss Carpenter apprend même que le
général Dobbie, commandant en chef des troupes anglaises de Malaisie, vient tous les matins y prendre son petit-déjeuner, dans le restaurant situé au premier étage. Finalement, il se pourrait bien que ce soit lui la future cible.
Ce soir-là, au bar de l'hôtel Raffles, le lieutenant-commandeur Beauregard parvient à engager la conversation avec Amelia Earhart. L'aviatrice, femme libre comme l'air, est sensible au charme de ce bel officier, d'autant qu'elle sait que leur rencontre n'est qu'éphémère. A la fin de la soirée, elle lui propose de la rejoindre avec une bouteille de champagne, dans sa chambre...
Le lendemain matin, tout le groupe des PJ surveille à nouveau le hall d'entrée et l'ascenseur de l'hôtel.
A huit heures, le général Dobbie et une partie de son état-major arrivent. C'est alors que Miss Carpenter remarque une femme de chambre chinoise, portant une corbeille de linge, qui s'approche de l'ascenseur. Non seulement elle n'a pas sa place dans cette partie de l'établissement réservé à la clientèle, mais il semble bien qu'elle porte une perruque. L'espionne donne alors le signal à ses compagnons, qui se jettent sur la domestique.
Vive comme une anguille, cette dernière glisse hors de sa robe, perdant au passage sa perruque, et les PJ reconnaissent bien évidemment le jeune fuyard du port. Il se faufile entre nos agents et les soldats escortant le général, et aurait réussi une fois de plus à s'enfuir, si Guus Van Diemen ne l'avait pas arrêté en bloquant la porte tambour du l'hôtel.
Dans son panier de linge, on retrouve le dernier kriss ensorcelé, qui devait être mis sous les yeux du garçon d'ascenseur Akmal, pour provoquer une crise d'Amok qui aurait pris pour cible le général Dobbie et son état-major.
Maintenant que la plupart des conjurés (le sorcier Mizan Razak, le bookmaker Lo Minh Shiu et le jeune commis chinois) ont été démasqués et arrêtés, il ne manque plus que celui qui a dirigé le complot : le Japonais Kuroda. Une opération de police d'envergure est lancée pour le retrouver dans le quartier de Bungis. Au bout de quelques jours, on apprend qu'il a été retrouvé, et s'est suicidé avant d'être capturé.