[CR][REIGN] A La Découverte d'un Nouveau Monde

[kharpeth]

sont à jour les CR là ?
si oui, il va falloir penser à jouer la suite... pour faire un nouveau CR.

c'est que ça fait faire des économies en achats de scénar

[Sammael99]

sont à jour les CR là ?
si oui, il va falloir penser à jouer la suite... pour faire un nouveau CR.

c'est que ça fait faire des économies en achats de scénar

Ah non. Sont pas à jour du tout, j'ai deux séances de retard.

Mais j'ai aussi du boulot et d'autres activités (et récemment, je me suis replongé dans Colonization, qui est, d'une certaine manière dans l'esprit, mais qui bouffe du temps!)

[kharpeth]

loin de moi l'idée de te presser.
ça viendra quand ça viendra, mais sache que c'est attendu

[Jiohn Guilliann]

Je ne parle pas du compte rendu de partie qui manque, mais...
D'après vous, quels sont les corps de métier qu'il faudrait qu'on embarque pour une deuxième expédition ? (En partant du principe qu'on veut établir une tête de pont sur le nouveau continent, et qu'on n'a pas beaucoup de place pour emmener tout le monde non plus).

Jiohn Guilliann

[Cédric Jeanneret]

charpentiers, fermiers/éleveurs, chasseurs/rangers, forgerons, tisserands, pécheurs, hommes d'armes, tanneurs, bucherons, médecin/rebouteux

ce sont les premières idées qui me viennent.

Maintenant selon le contexte et vos plans je dirais :

- prêtre(s), si la religion est un aspect important
- mineurs/orpailleurs/"gemmologue" si vous pensez qu'il y a des ressources intéressantes dans le domaine
- dresseurs si vous pensez qu'il y a des bêtes à dresser
- scientifiques (naturalistes par exemples)
- fabricants de bateau (le terme exacte m'échappe)
- marins capables de naviguer en eau douce (rivières)
- mages (un devin par exemple, si c'est qqchse de courant, pourrait sans doute être une bonne idée)

[Wenlock]

Si vous trouvez un dresseur audacieux, également, ça serait utile pour les Chokobo, et je recommande au moins un chimiste et un géologue (option minéralogie) pour vous aider à identifier les minerais précieux et leurs sources potentielles. Par ailleurs, je suis sans-doute parano mais je vus vos ennuis à Concorde, avec les pirates et les panous-panous de l'île de la Vasque, à votre place, je commencerai à augmenter nettement la sécurité et l'armement des expéditions en embauchant quelques combattants supplémentaires.

[Sammael99]

Ah ben merde, je m'étais fixé comme objectif de faire les MAJ quand le thread arriverait en page 2...

(Non, je rigole !!!)

[Jiohn Guilliann]

charpentiers, fermiers/éleveurs, chasseurs/rangers, forgerons, tisserands, pécheurs, hommes d'armes, tanneurs, bucherons, médecin/rebouteux

ce sont les premières idées qui me viennent.

Maintenant selon le contexte et vos plans je dirais :

- prêtre(s), si la religion est un aspect important
- mineurs/orpailleurs/"gemmologue" si vous pensez qu'il y a des ressources intéressantes dans le domaine
- dresseurs si vous pensez qu'il y a des bêtes à dresser
- scientifiques (naturalistes par exemples)
- fabricants de bateau (le terme exacte m'échappe)
- marins capables de naviguer en eau douce (rivières)
- mages (un devin par exemple, si c'est qqchse de courant, pourrait sans doute être une bonne idée)

Les prêtres sont un peu les enemis de Concorde... Et donc les notres. On a déjà un scientifique, un constructeur de bateau et un mage (c'est Pierre, Jehan et Henry). Tous les autres feront partie d'une troisième expédition. Car je pense que c'est plus dand l'optique d'une colonie. On en est encore à chercher la viabilisation de l'entreprise, ne serait-ce que pour pouvoir y retourner !

Des gemmologues, c'est une bonne idée. On ne s'est basé pour l'instant que sur notre instinct pour ramener une pierre précieuse (et sur le fait qu'elle était gardée par des poissons Gonzaguivores). Je retiens aussi le dresseur audacieux.

Concernant le renfort de troupes, c'est prévu. C'est le boulot de Martin d'organiser ça. Je ne sais plus où en est la narration, donc je ne vais pas parler des derniers développement de l'intrigue ;-) Mais oui, on va fortement renforcer notre sécurité.

@ Sammael : Le thread était déjà pasé en page 2. Je l'ai ramené en page 1 pour que tu n'oublies pas ta cohorte de fans. Au boulot !

Jiohn Guilliann

[Arkady]

Pensez vraiment à embaucher un deuxième médecin-chirurgien. Si le premier est grièvement blessé, il faudra bien une personne compétente pour lui sauver la vie !

Un cartographe ? Avec une petite chaloupe à voile, ça vous permettrait de visualiser des points d'accostage faciles, des endroits où poser une tour de guet...

[Sargrak]

Pensez vraiment à embaucher un deuxième médecin-chirurgien. Si le premier est grièvement blessé, il faudra bien une personne compétente pour lui sauver la vie !

Je ne fais pourtant jamais rien de dangereux!

Un cartographe ? Avec une petite chaloupe à voile, ça vous permettrait de visualiser des points d'accostage faciles, des endroits où poser une tour de guet...

Il me semble qu'on est déjà couvert de ce côté. Pour le moment, je pense qu'il faut surtout pas mal de force de travail brute : va falloir dégager de la jungle et construire des structures un peu plus solides (couvert côté ingénierie aussi). Il pourrait nous falloir quelques administrateurs/chefs d'équipe compétents, et des doublons de nos compétences pour pouvoir les laisser mariner en Terre Neuve pendant qu'on fait des aller-retours.

[Sammael99]

Les derniers jours de la traversée, ce ne sont plus les questions de navigation qui occupent nos explorateurs mais plutôt la manière d’organiser leur arrivée à Concorde. Le capitaine Gonzague est d’avis que la discrétion est de mise :

- « On est assis sur une mine d’or, mais faut pas que ça se sache… Comment on se débrouille pour que ça reste silencieux dans l’équipage ? »

- « C’est juste pas possible », répond Martin. « Les gars sont en mer ou en exploration depuis presque une année, ils attendent une solde replette, à la minute où ils seront à quai, ils vont envahir les bar à putes. Et crois moi, en plus de boire et de baiser, ça va jaser sec… »

- « On pourrait peut-être au moins leur expliquer de ne pas s’épancher sur les détails. Après tout, c’est dans leur intérêt autant que dans le nôtre de rester discret… » intervient Pierre.

- « Dans tous les cas » renchérit Jehan, « il nous faut quelques heures pour informer nos financiers et préparer le débarquement. On peut utiliser le prétexte de l’inspection de la capitainerie pour maintenir l’équipage à bord la première nuit. »

- « Dans ce cas », tranche Martin, « débarquons à la dernière heure possible. Je trouverais le moyen de quitter le bord pour ramener des filles et du vert-vin, et prévenir Salard à la même occasion. »

C’est donc ainsi que se déroule le débarquement de l’expédition de Terre-Neuve. Martin fait rentrer discrètement à bord des filles (et quelques fils) de joie pour l’équipage, et pendant que les hommes festoient et forniquent, Salard, Corme et Goudre se font exposer les résultats de l’expédition. Ils s’étonnent tout d’abord de l’absence d’Henri, mais Martin leur explique qu’il est resté à Terre-Neuve pour établir des contacts plus serrés avec les natifs, et qu’il a fondé Pierre de son pouvoir dans la compagnie pour l’ensemble des décisions concernant le retour.

Les financiers sont agréablement surpris par les marchandises ramenées, même si les quantités leur semblent un peu limitées. Goudre est particulièrement sensible à la mention d’un bois exotique imputrescible. Salard, quand à lui semble fasciné – au delà de l’intérêt économique – par les indigènes découverts à Terre-Neuve. Corme, elle, apprécie la variété des produits mais insiste sur le fait que pour continuer à financer le projet il va falloir ramener des quantités autrement plus conséquentes.

Le seul produit dont les membres de l’expédition avaient convenu de ne pas parler aux investisseurs est la racine aphrodisiaque. Lors de leurs discussions préalables, ils ont supputé que d’une part les financiers ne verraient peut-être pas le produit d’un très bon œil et que d’autre part il n’y avait aucune certitude sur sa valeur ou la manière de le revendre.

Au matin, lorsque les inspecteurs de la capitainerie viennent à bord, les financiers et les prostituées sont (discrètement) repartis et l’essentiel de l’équipage est ivre mort. C’est tant mieux car l’examen de la cargaison et de l’équipage dure presque deux jours ! La nature des produits étranges ramenés de Terre-Neuve suscite de nombreuses questions, et les inspecteurs en réfèrent à plusieurs reprises à leurs supérieurs qui finissent par venir en personne pour constater l’étrangeté des volatils vivants trouvés à bord.

C’est finalement au soir du second jour que l’autorisation administrative de débarquer est accordée. L’équipage est particulièrement remonté contre les « gratte-papiers » de la capitainerie, mais ils sont également impatients de toucher leur solde. La capitaine convoque l’ensemble de l’équipage sur le pont, et leur verse un acompte sur solde, leur expliquant que le reste de leur dû ne pourra être versé qu’une fois les marchandises revendues.

- « Je profite de l’occasion pour vous encourager à une certain discrétion concernant notre expédition. Je sais bien que tout Concorde saura demain, s’ils ne savent déjà, que nous avons découvert une nouvelle terre. Mais il est dans notre intérêt à tous que cette Terre-Neuve reste notre terrain d’exploration, au moins pendant quelques temps. N’allez pas donner trop de détails, de directions, d’informations et nous repartirons tous ensemble pour faire fructifier cette découverte… »

[Sammael99]

La priorité des premiers jours à terre, c’est de revendre les marchandises qui peuvent l’être. A la demande de Jehan et avec l’accord des financiers, seul le bois imputrescible n’est pas mis sur le marché. Jehan organise la mise en cale sèche de l’Archibald dans les locaux de la maison Goudre et supervise, avec l’assistance d’une équipe de charpentiers du célèbre armateur, la remise à neuf du navire.

Gonzague se charge de trouver un acheteur pour les pierres précieuses. Celles-ci s’avèrent effectivement être des émeraudes, mais leur éclat est particulier et inhabituel, virant légèrement vers le bleu. Gonzague en tire un bon prix en jouant plusieurs joaillers les uns contre les autres. Avec l’aide de Pierre, il organise ue sorte d’enchère pour les diverses épices. Leur idée est non seulement de maximiser les profits, mais également de faire savoir au maximum de clients potentiels que la Maison de Terre-Neuve dispose de produits uniques.

Martin s’occupe de trouver un débouché pour les racines aphrodisiaques. Il commence par aller rencontrer quelques apothicaires et finit par payer l’un d’entre eux pour fabriquer un distillat. Avec quelques échantillons de ce précieux liquide, il se rend à la Belle Simone où il a ses habitudes et propose à Lulu, la tenancière, de revendre ce produit à ses clients les moins fougueux et d’en tester les effets.

Pierre quant à lui passe l’essentiel de son temps à préparer une présentation à l’Académie des Sciences de Concorde sur ses découvertes en Terre-Neuve. Il est reçu par un aréopage de naturalistes dont il se demande bien depuis combien de temps ils ne sont pas partis en expédition (en supposant même qu’ils l’aient jamais fait). L’exposé semble les intéresser, mais Pierre ne reçoit pas les éloges escomptées :

- « Aucun parmi nous ne pourrait prétendre que les échantillons que vous ramenez ne sont pas dignes d’intérêt, jeune homme », lui déclare le doyen de la faculté à l’issue de son discours, « mais vous devez bien comprendre qu’on ne s’improvise pas homme de science. Vous êtes indéniablement un explorateur émérite, mais vous manquez de rigueur scientifique et d’esprit analytique pour que l’Académie puisse considérer vous mandater plus avant. Votre désinvolture à l’égard des nomenclatures établies est tout à fait symptomatique de ce fossé qui vous sépare de la science… Par contre, je suis sûr que nous trouverions au sein des esprits acérés de l’académie un vrai naturaliste tout à fait disposé à vous accompagner lors de vos explorations. »

Pierre est mortifié, mais n’est pas disposé à se laisser malmener :

- « Je comprends bien l’importance que vous attachez aux nomenclatures », répond-il sèchement. « Lorsque l’on n’a pas eu l’occasion ou l’inclination de se rendre sur le terrain pour examiner les phénomènes naturels de ses yeux plutôt que d’en scruter les gravures dans un livre, on s’attache à ce genre de détails. Quand à votre offre généreuse, je me vois contraint de la refuser : être accompagné par une vieille bedaine qui aurait peur de son ombre n’est pas vraiment compatible avec les réalités de la découverte de Terre-Neuve. Sur ce messieurs, je vous remercie de votre attention et je vous dis adieu… »

Ce soir là, nos amis se sont donnés rendez-vous dans une taverne du port pour manger un poisson grillé et boire quelques gobelets de vert-vin. En attendant Jehan qui est en retard, Martin explique à ses compagnons que les premiers échantillons de distillat de racine aphrodisiaque se sont vendus à bon prix et que l’apothicaire qu’il paye pour la fabriquer lance la production en plus grande quantité.

- « Je sais qu’on avait décidé qu’on donnerait plus de noms dérivés de notre propre noms à nos découvertes, mais là je crois que j’ai trouvé un nom génial pour la racine qui fait bander : la Martinique ! »

Le reste du groupe rit de bon cœur et tous acceptent cette dénomination.

- « Ce sera toujours mieux que Tuberus Physiocrassus ou une connerie académique de ce genre » ajoute Pierre d’un ton un peu amer.

Sur ce, Jehan déboule dans la taverne, l’air agité. Il vient s’asseoir à la table réservée pour les compagnons de Terre-Neuve et leur fait signe de se rapprocher. Chuchotant, il leur dit :

- « Quelqu’un a essayé de saboter l’Archibald. Un des gardes de Goudre et Fils a surpris un type qui venait juste de mettre le feu à la coque ce soir après la fermeture du chantier. Malheureusement, il a frappé un peu fort sur la caboche du gars, il ne parlera plus… »

- « C’est quoi les dégats ? » demande Gonzague, l’air inquiet.

- « Rien de trop grave. Un peu de coque noircie qu’il faudra reprendre, mais pas de dommages structurels. Le feu venait juste de prendre, ils ont réussi à l’éteindre malgré la poix qui l’alimentait. Ce qui m’inquiète plus, c’est que quelqu’un nous en veuille à ce point… »

- « Demain, je m’installe là-bas » déclare Gonzague. « Je propose qu’on paie un petit supplément au Cogneur pour qu’il reste sur place avec moi jour et nuit. Pas question que quelqu’un mette l’expédition en péril ! »

- « Anselme Goudre a tenu à m’assurer qu’il allait renforcer la garde de son côté », reprend Jehan, « mais il y a une chose qui est claire, il faut qu’on accélère pour pouvoir repartir au plus vite… »

[Sammael99]

Le lendemain, une autre nouvelle de mauvaise augure parvient aux oreilles des membres de la nouvellement constituée Compagnie de Terre-Neuve. La nouvelle arriva sous la fome d’une missive rédigée – visiblement à la hâte – par le Sénateur Ernest Salard.

« Messieurs,

Je vous écris ces quelques mots pour vous informer que votre retour et votre découverte de Terre-Neuve n’est pas sans créer des remous au sein du Sénat. Je ne peux pas nier avoir soupçonné que quelque événement de cette nature se produirait, mais je ne pensais pas que cela se ferait si rapidement. Cette missive a pour but de vous informer des implications politiques de ce qui se passe afin que vous puissiez être à même de répondre à la commission sénatoriale qui ne manquera pas de se constituer et de vous convoquer dans les prochains jours. Pour votre sécurité et pour la mienne, je vous conseille également de détruire ce message une fois que vous l’aurez lu.

Même si personne au Sénat à part moi ne connaît l’étendue de vos découvertes pour le moment, il me semble clair que la capitainerie n’a pas été d’une grande discrétion et qu’à tout le moins les produits que vous avez ramenés sont connus de certains. Mais ce n’est pas là l’essentiel. Votre découverte de Terre-Neuve attire certes les convoitises, mais elle s’inscrit surtout dans un contexte politique essentiellement dominé par un sentiment de déchéance de l’Etat Concordien.

Certes, la faction Pionnière prétend incarner le renouveau de notre République, et je ne suis pas loin pour ma part de me ranger à certaines de leurs vues, mais le fait est que sans événement extérieur ce renouveau a peu de chances de se produire. La République s’étiole, devient un état parmi tant d’autres, conservateur, prudent et voué à une lente désagrégation qui nous mettra sous la coupe renouvelée de l’Empire ou d’un des états dynamiques du Sud.

Votre découverte peut constituer cet événement. Les Sénateurs, déjà, spéculent et supposent non pas la petite bande de terre que vous avez pu explorer mais un vaste continent, riche et dépeuplé, qui permettrait l’émergence d’une Nouvelle Concorde. L’enjeu politique n’est pas tant de savoir si cet événement constitue le catalyseur escompté mais de savoir de quelle manière votre découverte pourra bénéficier au mieux à Concorde.

En un mot comme en cent, voici le danger : certains Sénateurs pensent que le meilleur moyen pour que votre découverte bénéficie à notre République est que le Sénat mette la main sur votre entreprise, qu’elle devienne une entreprise d’état. Je ne suis pas de ceux-là, mais je ne peux pas jouer de mes habituels réseaux sur cette affaire : je serais vu comme juge et partie et décrédibilisé. Sur cette affaire, vous êtes seuls.

Mon conseil est simplement celui-ci : lorsque les sénateurs vous interrogeront, dites leur la vérité, mais gardez les détails par devers vous. Plus important encore, nous devons tout faire pour que vous soyez prêts à quitter Concorde au plus vite. En cela, c’est une chance que le temps politique et le temps mercantile soient si mal alignés : si vous avez quitté la ville avant que le Sénat ne puisse prendre une décision sur ce sujet, le danger est, sinon écarté, du moins retardé.

Je vous souhaite courage et détermination dans cette nouvelle épreuve. Je souhaiterais pouvoir vous aider plus directement,

Ernest Salard. »

[Sammael99]

En effet, deux jours après l’installation de Gonzague sur le chantier de l’Archibald, la Compagnie de Terre-Neuve reçoit une convocation officielle pour une audience devant une commission du Sénat sobrement intitulée « De l’Importance des Activités d’Exploration pour l’Economie de Concorde ». La compagnie se doit de s’y rendre au grand-complet, mais Gonzague laisse des instructions très strictes à Michel le Cogneur sur la supervision du chantier…

Pierre, Jehan, Gonzague et Martin se mettent donc en route vers la colline du Sénat. Ils sont habillés sobrement mais proprement, encore que Martin ait tenu à garder à son apparence un air martial et baroudeur. Invités à s’asseoir devant un groupe d’une quinzaine de Sénateurs, on leur sert des rafraichissements, et le rapporteur de la commission, le Sénateur Othon Brume, prend la parole :

- « Messieurs, je n’irais pas par quatre chemins : vos exploits maritimes sont parvenus aux oreilles du Sénat qui a un intérêt marqué pour les découvertes de nouvelles terres. Il est bon de se rappeler que c’est la découverte du Gréland par Léonie Daventrue qui a fait de Concorde une grande puissance maritime. Le Sénat a donc souhaité vous rencontrer pour apprendre sans intermédiaires la vérité sur vos découvertes et pouvoir vous interroger sur leur nature. Nous espérons que vous soyez réceptifs à cette requête ? »

Nos amis avaient précédemment convenu que Gonzague essaierait autant que possible de ne pas intervenir, ses saillies étant par trop directes pour un auditoire de politiciens. C’est donc Jehan qui prend la parole pour répondre :

- « Nous sommes de bons et loyaux citoyens de Concorde, attachés à son indépendance et à sa prospérité. Nous n’avons rien à cacher, même si vous comprendre sans peine que comme toute compagnie commerciale nous devions garder par devers nous des informations qui permettraient à des concurrents - ou des nations étrangères - de nous spolier des bienfaits de nos découvertes… »

- « Bien entendu, bien entendu… Avant de laisser les sénateurs et sénatrices vous poser directement leurs questions, je souhaiterais vous demander de nous narrer de manière concise votre voyage et les découvertes qui s’en sont suivies. »

C’est Pierre qui prend alors la parole pour raconter le voyage. Ne connaissant pas l’origine de la carte du vieil Archibald puisqu’il n’est devenu un membre important de l’équipée qu’en cours de route, il est plus à même - sans mentir - de ne rien dévoiler de l’origine de l’expédition. Son exposé, bien qu’un peu verbeux, survole l’essentiel des évènements sans révéler de secrets majeurs ni sur les routes maritimes, ni sur Terre-Neuve. Comme convenu, Pierre ne mentionne pas le contact avec les indigènes.

C’est ensuite la séance des questions. Une sénatrice s’avance :

- « Sur le continent que vous avez exploré, avez-vous découvert des hommes ? »

- « D’abord, faut pas s’emballer », répond Martin dans son rôle d’explorateur en chef, « la bande de terre qu’on a exploré ne peut pas être appelée ‘continent’ pour le moment. Les reliefs nous empêchaient de voir au loin, et si ça se trouve il ne s’agit que d’une grosse île… Concernant d’éventuels indigènes, on en a pas rencontrés, mais on exclut pas qu’il y en aie, ou qu’il y en ait eu. On a trouvé des arbres ouvragés qui peuvent difficilement avoir été fabriqués par des animaux… »

- « Quelles denrées avez-vous identifié qui pourraient constituer des ressources importantes pour Concorde ? » demande un vieux sénateur replet.

- « Il est trop tôt pour que nous puissions faire la distinction entre une denrée trouvée accidentellement et un produit susceptible d’être récolté ou extrait et ramené à Concorde de manière récurrente », répond Pierre. « Toutefois, nous soupçonnons pouvoir exploiter plusieurs épices et des essences de bois sans trop de difficultés. Concernant les autres objets ou denrées que nous avons ramenés, ils peuvent avoir de la valeur mais nous ne savons pas si nous pourrons en trouver de nouveau. Gardez à l’esprit que nous ne connaissons pas la taille réelle des lieux, d’une part et que nous n’avons eu que quelques semaines pour explorer une jungle très dangereuse d’autre part… »

- « Combien de temps met la traversée ? »

Cette fois-ci, Gonzague n’y tient pas. C’est lui, le capitaine, qui prend la parole :

- « Nous sommes partis le 26 du mois de la Cueilleuse et revenus le 32 du mois du Faucheur. Faites vos calculs, ça fait presque une année. »

S’ensuive quelques questions de moindre intérêt, et finalement la séance de la commission est levée, et nos amis peuvent réintégrer leur pénates.

[Cédric Jeanneret]

merci pour cette suite que je lirais tranquillement une fois ma fille couchée