Capitaine Sky et le Monde de demain (Kerry Conran, 2004) : dans des années 30 uchroniques, des scientifiques disparaissent mystérieusement alors que des robots géants attaquent New York. Sky Captain, célèbre pilote héroïque, et Polly Perkins, journaliste intrépide, mènent l'enquête.
En voilà un film unique. Littéralement déjà, puisque c'est le seul long-métrage de Kerry Conran. Il a auparavant réalisé
The World of Tomorrow, un court-métrage qui a servi de démonstration et de carte de visite jusqu'à trouver des producteurs assez fous pour financer le long.
Entièrement tourné sur fond bleu, l'intégralité des décors et des créatures non humaines ayant été ajoutés numériquement en post-production. La photographie est volontairement "artificielle", parfois désaturée et proche du noir et blanc, parfois avec des contrastes forts qui mettent en avant certains détails de l'image.
Unique ou presque pour sa proposition également. Le film est une lettre d'amour aux serials des années 30, aux comic books de SF et à la littérature pulp, mais n'est l'adaptation d'aucune œuvre précise, Conran a dû s'amuser comme un gosse à jouer avec tous les clichés du (des) genre(s). C'est bien simple, il y a tout : robots géants, savant fou, dinosaures, fusée spatiale, zeppelins, pilotes téméraires, reporter intrépide, cité cachée au Népal, porte-avions volants, avions bourrés de gadgets, femme fatale androïde, rayon de la mort, base secrète cachée sur une île, et j'en oublie sûrement. Alors que l'industrie du cinéma américain est généralement très amatrice de remakes, adaptations et autres reboots c'est surprenant de voir que toute cette culture-là a été plus ou moins oubliée, ou du moins laissée de côté. Bon, le film a fait un bide à sa sortie, ceci expliquant peut-être cela. Joe Johnston a su à deux reprises se rapprocher de cette ambiance avec
Les Aventures de Rocketeer et
Captain America : First Avenger mais les deux sont des adaptations de comic books. Non, vraiment, je vois aucun film comparable avec ce
Capitaine Sky.
Le film n'est pas non plus sans défauts, notamment une histoire un peu rushée, un scénario parfois nébuleux et certains effets visuels qui ont pris un vrai coup de vieux. Mais il vaut réellement la peine d'être vu, comme dit plus haut pour sa proposition unique.
Lisa Frankenstein (Zelda Williams, 2024) : 1989. Lisa, lycéenne impopulaire et marginale, est involontairement responsable de la résurrection d'un jeune homme mort plus d'un siècle avant. Leur rencontre va changer la vie de l'adolescente.
C'est le premier long-métrage réalisé par Zelda Williams (fille de Robin) et il est écrit par Diablo Cody, scénariste réputée pour par exemple
Jennifer's Body,
Juno et
Tully. Le film se déroule dans les années 80 et, s'il évite le
80's porn insupportable, est quand même hyper référentiel, mais pas seulement de cette décennie. C'est en gros la progéniture de
Frankenstein,
Edward aux mains d'argent,
Une créature de rêve,
Le Voyage dans la Lune et
Le Jour des morts-vivants, directement cité. À ce mélange bizarre on peut ajouter une DA pop, fluo et acidulée et la patte très reconnaissable de Diablo Cody.
Le film reste relativement inoffensif mais est plutôt agréable à regarder, je pense qu'ado (parce que c'est un vrai
teen movie) j'aurais encore plus aimé. L'actrice principale est top. Il vient d'être dispo sur Netflix, ce qui m'a permis de le revoir et de le faire découvrir à ma compagne, fan des scénarios de Cody. C'est une belle inspi pour
Monsterhearts également.
Jackie (Pablo Larraín, 2016) : novembre 1963. Un journaliste interviewe Jackie Kennedy peu de temps après l'assassinat de son mari John F. Kennedy, président des États-Unis.
Je l'avais pas revu depuis longtemps, j'aime toujours autant. Pablo Larraín a réalisé une incroyable trilogie informelle avec ce film,
Spencer et
Maria. Trois biopics uniques de femmes puissantes mais prisonnières de leur rôle et de leur image, Jackie Kennedy donc, puis Lady Di et Maria Callas.
Le film s'intéresse aux deux aspects de la vie de Jackie, la
first lady populaire qui fait la couverture de magazines et qui est la star d'émissions télé, et la femme derrière ce masque, perdue et rapidement mise de côté par le gouvernement après la mort de son mari. Malgré tout, elle continue désespérément à entretenir la "légende Kennedy", balayant sous le tapis, pour son bien et celui de sa famille, tout ce qui ne correspond pas au glamour officiel. Elle a activement participé à créer cette légende et des événements tragiques ne vont pas l'arrêter.
Natalie Portman est géniale dans le rôle-titre et le reste du casting est très bon également ; Greta Gerwig, Peter Sarsgaard, John Hurt, Billy Crudup, Richard E. Grant... Pour la petite anecdote, Caspar Phillipson, l'acteur qui incarne JFK, a repris le rôle dans
Maria du même réalisateur en 2024 et également en 2022 dans
Blonde d'Andrew Dominik, autre biopic décalé d'une icône mondiale.
